"Le supermarché.
Au supermarché, les acheteurs découvrent de nouvelles règles. Les rayons regorgent de produits variés et l'abondance de choix tourne la tête. Les chariots se remplissent de viande, de poisson et de lait. Dans les premiers établissements, la cliente est encore souvent servie en personne par un employé. Au fil du temps, chacun apprendra à se servir soi-même.
Mais au début, cliente et clients doivent apprendre à se servir eux-mêmes (ce qu'ils ne souhaitent pas toujours) et à conduire un caddie (ce qui les impressionne) : quelle aventure !
"Un frigidaire, un jolie scooter, un atomixer et du Dunlopillo, une cuisinière avec un four en verre, des tats de couverts et des pelles à gâteaux. Une tourniquette pour faire la vinaigrette, un bel aérateur pour chasse les odeurs, des draps qui chauffent, un pistolet à gaufres, un avion pour deux et nous serons heureux" raille Boris Vian dans sa complainte du progrès.
Il faut aussi penser aux loisirs : les magasins regorgent d'électrophones, qui remplacent le vieux pick-up, transistors, appareils photos, caméras, projecteurs sont autant d'objets de tentation mais c'est surtout la télévision qui fait son entrée en force : de 37 000 récepteurs recensés en 50, on passe à 1 368 145 à la fin de la décennie ! Le couronnement de sa gracieuse majesté la reine Elizabeth d'Angleterre et un animateur de l'unique chaîne française, Léon Zitrone, est passé par là.
Bien entendu le progrès concerne aussi les hommes avec l'automobile. Les premières voitures populaires connaissent un succès considérable. Certes, il ne s'agit pas de Cadillac Eldorado mais tout de même.
Peugeot d'abord avec la 203, la 403 ensuite puis la Simca se met au diapason avec : les Vedettes, Versailles, Régence et Trianon. Et Renault lance la Dauphine et la Frégate tandis que Citroën se risque à nouveau dans l'innovation avec la DS 19. "Elle a dix ans d'avance", clame la publicité. Un soir, papi est rentré à la maison avec la fameuse DS 19. Il avait un quart d'heure de retard et dix ans d'avance donc. Du coup, Mamie l'a pardonné.
OMO (Old Mother Owl - la vieille mère hibou) est la première lessive de synthèse, dont la sortie en 52 éliminera rapidement les poudres de savon classiques.
Mais revenons à nos moutons, le chariot de supermarché est devenu un objet culte de notre vie quotidienne. Tout à commencé en 1934 où Raymond Joseph, patron d'un atelier qui fabriques des paniers à salade, fait un voyage aux Etats-Unis. Son rêve de toujours. A Chicago, il s'aperçoit que les clients des épiceries cessent d'attraper les articles en rayon, lorsque leur panier à provisions s'alourdit au bout du bras.
De retour en France, il dépose le premier brevet de chariot pour libre-service qu'il nomme caddie (caddie est une francisation du mot anglais caddy signifiant "commissionnaire"). Son entreprise va alors connaître une formidable expansion. Sous l'effet des Trente glorieuses et de la multiplication du niveau de vie des Français par cinq, la grande distribution va exploser.
Notre caddie va payer un lourd tribut à ce train d'enfer ! Durant ses sept à huit ans de vie active, il porte plus de 10 000 fois son poids de marchandises et parcourt 4 000 km par an... Cet engin va aussi faire les frais d'un Français roi de la bricole, du système D ou de l'incivisme ! A la campagne, on le retrouve aligné dans les granges en cages à lapins. Au bord de la mer et des étangs, il sert de casier à huîtres ou à homards. Combien de caddies se sont faits charcuter pour finir en grills à marrons ou à escargots...
Ecoutez, c'est bien simple, ma Mamie n'a jamais mis un pied dans un supermarché, pourtant il y avait plein de caddie à la maison...
Collection "Mamie est sortie"
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