"Oui !"
Les demoiselles et garçons d’honneur : Le jour de la cérémonie, les garçons d’honneur font parvenir un bouquet aux demoiselles d’honneur.
Leur rôle est actif : ils organisent le cortège d’après un protocole rigoureux, ils indiquent à chacun des messieurs présents la dame qu’il devra conduire.
Les demoiselles d’honneur ont des petits bouquets non pas ronds mais pointus, composés de fleurs d’oranger ou de fleurs blanches, entourés d’une dentelle blanche, ornés de rubans flottants.
Elles demeurent attentives et empressées auprès de la jeune mariée ; elles aident sa maman à recevoir ses invités ; elles servent d’escorte à la mariée et quêtent à l’église lors de la célébration du mariage. On n’accepte plus d’être demoiselle d’honneur quand on a attaché la première épingle à la coiffe de Sainte Catherine, cérémonie qui s’accomplit à vingt cinq ans sonnés.
Le cortège : Plusieurs jours avant le mariage, on prend soin de dresser la liste des personnes destinées à former le cortège des mariées. La mariée monte en voiture avec ses parents qui occupent les places du fond.
La mariée donne le bras droit à son père et se gardera de distribuer à droite à gauche des regards et des sourires, ce qui est le comble du mauvais goût, elle doit être digne pendant toute la durée de la messe !
Avant de prononcer le oui sacramental, la jeune fille tourne la tête vers sa mère, comme pour lui demander son assentiment.
Après la cérémonie, les félicitations se reçoivent à la sacristie. puis le cortège se reforme pour traverser l’église. Les demoiselles d’honneur donnent le bras aux garçons d’honneur et ferment la marche.
Le repas de noces : Les viandes froides, les terrines de gibier, les pâtés de foie gras ou de volaille, les tartelettes, les salades russes, les petits fours, les boissons chaudes et froides, les vins, surtout les vins de Champagne y sont abondamment disposés. Souvent chez la mère de la mariée, le lunch sera de plus en plus servi dans une salle louée à un traiteur ou dans un restaurant ; il devient somptueux :
Consommé
Sandwichs au jambon, à la volaille, à la langue - Pains au foie gras
Petites croustades - Tartelettes volaille - Barquettes d’alouettes
Homard à la Française - Galantine truffée - jambon d’York
Salade russe
Brioche mousseline - Baba glacé
Petits plombs - Petits fours
Fruits farcis Fruits pralinés Fruits glacés
Petites glaces - Biscuits glacés - Sorbets granités
Thé et crème
Orangeade
Café glacé - Chocolat chaud
Punch - Sirop de café - Limonade
Champagne
Les retours de noces : La crise des appartements oblige la plupart des nouveaux ménages, surtout au début de leur union et en pleine lune de miel, à demander l’hospitalité à la mère de madame ou à la mère de monsieur. Les gendres et les brus gémissent et accusent la tyrannie des belles-mères, très rarement des beaux-pères.
Les noces villageoises se font pompeusement et bruyamment. Tous les amis et parents du voisinage y sont conviés et, dans la maison de la jeune mariée on se rue en cuisine au moins une semaine à l’avance. Au besoin on démonte les portes qui peuvent gêner la circulation.
L’atmosphère est à l’abondance : abondance de mets et abondance de chansons et de grivoiseries...
On compte jusqu’à six ou sept plats de viande et de volaille ; viande en daube et oies rôties y abondent. On sort les nappes blanches "du trousseau" et la belle vaisselle que l’on emprunte à la famille.
Les noces de Cornouailles rassemblent parfois plus de mille cinq cents personnes. Pour ces agapes, on cuisine jusqu’à quinze boeufs, dix vaches, trente veaux, un millier de volailles et de lapins, sans compter les tripes et les andouilles, les mille deux cents miches de quatre livres et les soixante-quinze barriques de vin et de cidre...
A Plougastel-Daoulas, les mariages ont tous lieu, une fois l’an, le premier mardi qui suit le dimanche des rois : vingt-trois couples se sont présentés devant "Monsieur le Recteur" en 1904 pour recevoir la bénédiction nuptiale. Au moment du grand jour, Plougastel a été envahi !
Ces intermédiaires matrimoniaux existent dans bien d’autres régions. Dans la Loire, on les appelle les barendro.
Suivant une vieille coutume provençale, après le mariage à l’église, on faisait franchir, en sautant, à tout le cortège, mariés en tête, une barre fleurie posée entre deux chaises. Plus la jeune fille était considérée, plus on plaçait des barres sur son passage.
"Cette barre vous invite à la sauter gais et unis : vous trouverez tant d’obstacles dans la vie !"
Mais courage, union, solidarité et amour seront dans votre avenir..."
Dans le Poitou, la mariée sortant de la maison familiale au bras de son père, rencontre au seuil de sa maison un obstacle prévu : un ruban de soie blanche tendu par une dame âgée et un très jeune enfant, amis de la famille. Armée de ciseaux, la future mariée coupe la fragile barrière symbolisant le cordon ombilical sécurisant qui la reliait encore à sa famille.
Après quoi, souriante, elle part vers sa nouvelle destinée pour fonder sa propre famille.
L’Auvergne est favorable aux mariages entres hommes et femmes un peu plus âgés que la moyenne selon le proverbe "Vieille viande, bonne soupe" mais les mariages entre jeunes et vieux restent bien vus comme en atteste cet autre proverbe "A vieux chat, jeune rat !"
Par contre, on insiste sur la nécessité de se marier avec ceux et celles que l’on connaît bien ; il n’est nullement nécessaire de prendre femme au loin.
"Qui prend la fille du voisin en connaît tous les défauts".
C’était de plus une bonne méthode pour garder au village les biens apportés par la dot ou la corbeille de mariage...
Le cortège est sérieux et ordonné jusqu’à la célébration mais après, il arrive que le chahut s’installe : on chante, on rit, on danse au son de l'accordéon ou du violon, on embrasse toutes les dames, les vieilles comme les jeunes, les laides comme les jolies... et on s’arrête dans les petits cafés... (que Dieu les pardonne !)
Au dessert, monsieur le curé se lève et parle : "Mes enfants, vivez honnêtement, aimez-vous bien et vous serez heureux..."
Puis l’un des notables présents porte la santé de la mariée et souvent chante une chanson du vieux temps. C’est le signal d’une sorte d’intermède musical, où, tour à tour, les garçons d’honneur et les jeunes filles chantent des romances sentimentales.
Puis tout à coup, deux ou trois vieilles femmes entonnent "la chanson de la mariée", grave et mélancolique :
"Vous n’irez plus au bal, madam’la mariée,
Vous voilà donc liée
Avec un long fil d’or
Qui ne rompt qu’à la mort.
Acceptez ce bouquet que ma main vous présente. C’est pour vous faire entendre
Que tous ces beaux honneurs
Passeront comme fleur..."
Beaucoup de traditions et de superstitions à l'époque, jugez plutôt :
- Pour que le mari n’ait pas toute autorité dans le ménage, elle devra, en montant les marches de l’église, commencer l’ascension en levant le pied droit. De même, elle devra légèrement replier l’annulaire gauche où son seigneur et maître y passera l’anneau : s’il s’enfonçait facilement, il serait tyran et l’épouse esclave.
- Enfin, si le jour du mariage, la jeune épousée porte les bas de noces d’une personne ayant été heureuse en ménage, elle sera à son tour assurée du même bonheur.
Et que l’on ne se désole pas si la pluie assombrit le ciel en ce jour heureux, elle est signe d’argent et de prospérité pour les jeunes époux et leurs futurs enfants...
Le bal commence. Il va se prolonger fort avant dans la nuit. Les mariés n’attendent pas qu’il finisse. Ils s’esquivent dès onze heures et vont en catimini se retirer dans quelque maison lointaine où ils espèrent passé en paix leur nuit de noce. Mais en vain !
Le secret de leur fuite est éventé : on se met à la recherche du lieu où ils se sont claquemurés et on les trouve toujours.
Vers une heure du matin, un coup de fusil (simuler le coup) leur apprend qu’ils sont découverts : toute la noce assaille la chambre à coucher et offre aux époux la soupe blanche.
En Auvergne, c’est le rôti des mariés. De toute façon, c’est presque toujours un affreux breuvage au lait ou au vin rouge avec un mélange de gâteaux secs, de bouchons, d’épices, d’ail, le tout présenté avec beaucoup de goût... dans un pot de chambre !
Beau papa a parlé de Mamie en ces termes fort élogieux : "Ah ! ce sera une bonne épouse notre Hélène, elle travaille plus fort que deux chevaux !" C’était le plus bel éloge qu’un beau-père pouvait faire de cette jeune épousée ! Inutile de dire que beau papa était cultivateur...
Dans certaines régions, les cadeaux de mariage sont modestes et utiles. Dans le marais vendéen, on offre des ustensiles de cuisine, le pot de chambre, le sceau à charbon.
OMELETTE DE LA JEUNE MARIEE
- Faire blanchir 30 grammes de pistaches
- Pelez-les, hachez-les avec un quartier d’orange confite
- Ecrasez 8 macarons
Mettez le tout dans un saladier
- Mêlez bien avec quatre cuillerées de sucre en poudre
- Cassez 8 à 10 oeufs
battez-les et mélangez bien le tout
- Faites l’omelette avec du beurre frais, en lui donnant une belle forme
- Saupoudrez d’un peu de sucre et glacez-la avec une pelle rougie au feu
Recette lorraine
Seules les noces de bois (5 ans), d’argent (25 ans), d’or (50 ans) et de diamant (60 ans) se célèbrent avec la famille et les amis. Pour les noces de bois, on réunit tous ceux qui ont fait partie du premier cortège. Une messe et un dîner composent la cérémonie.
Les noces d’argent rassemblent les mêmes personnes ainsi que les amis dont le couple s’est entouré pendant ces 25 ans de vie commune. La mariée revêt à cette occasion une robe de soie grise. Pour la noce d’or, le marié est en costume, la mariée porte une robe en lainage violet, un bouquet de pensées au corsage...
On appellent aussi noces de cristal celles qui ont lieu lorsque, après avoir divorcé, les deux époux "reconvolent"...
A partir de 1884, année où il a été rétabli en France, le nombre de divorces n’a cessé d’augmenter.
Si on compte beaucoup de mariages entre cousins germains. La société moderne a prohibé les mariages consanguins par suite de dégénérescence des populations avec parfois des tares constatées dans leurs descendances. N’oublions pas qu’au début du siècle on comptait les mariages entre neveux et tantes, entre oncles et nièces et entre cousins germains par centaine comme les magnolias de Cloclo.
Rideau.