"LE SOUVENIR EST UN POETE, N'EN FAITES PAS UN HISTORIEN."
- Recommandation de Mamie -
1930 - 39 : Le jazz occupe un vaste terrain. Ray Ventura aussi est de la partie, son orchestre s'éloignera du jazz pour aller de plus en plus vers la chanson populaire ("Le refrain des chevaux de bois", "Les chemises de l'Archiduchesse", "Comme tout le monde").
Fred Adison suivra cet exemple ("Quand un gendarme rit"), Jo Bouillon ("Au Lycée Papillon")
Le cinéma parlant devient le nouveau moyen de transformer les chansons en succès. Georges Milton devient le héros d'une série de films très populaires, où son personnage de Bouboule illustre à merveille le parisien rigolard et frondeur à la philosophie simpliste ("J'ai ma combine").
La radio a le vent en poupe. Radio-cité en 35 marquera le début de la radio moderne. Dès 36, "Le crochet téléphonique", "Le music-Hall des jeunes" ou "Le micro de la redoute" lanceront la môme Piaf, André Claveau, Trenet, ...
L'année suivante Radio 37 proposera "Le bar des vedettes".
Le registre des chansons de charme est aussi à la mode. Tino Rossi atteint l'idolâtrie auprès du public féminin. Les ventes colossales de ses disques sont bientôt relayées par le succès de ses films ("Marinella", "Au son des guitares", "Naples au baiser de feu") qui sont autant d'occasions de le voir chanter.
La chanson pénètre dans les appartements et la vie quotidienne des auditeurs.
Marie Dubas crée l'évènement en intégrant dans le tour de chant de l'Empire "Le doux caboulot", suivi par "Couchés dans les foins" de Pills et Tabet.
Les refrains bucoliques deviennent tendance.
Trenet deviendra ensuite le porte-parole de sa génération avec Je chante", "J'ai ta main", "Fleur bleue", Boom", etc...
Les échos du Front Populaire
"Le chant des chomeurs" est un hymne qui connaîtra une certaine postérité.
De même qu'"Au devant de la vie" qui sera repris en 36 dans le film militant de jean renoir "La vie est à nous". La crise n'est pas fini et la chanson va avoir des préoccupations sociales "Fermé le lundi", "La java d'un sou", "La Belle France", "Tout va très bien Madame la Marquise" affiche un désespoir souriant.
Cette ritournelle restera comme comme une chanson symbole de la décennie.
La victoire électorale du Front populaire en 36 entraîne une euphorie à laquelle participe la chanson avec une explosion de refrains d'évasion comme "Aimez-vous les moules marinières", "quand on s'promène au bord de l'eau" ou des chansons sur les congés payés comme "Prends la route", "L'hotel au clair de lune", "La grève de l'orchestre", Jeanne Aubert entonne "Sur la commode", suivi de "Ca c'est d'la bagnole" de Georgius" ou un "Un avion tout blanc" de Damia. Bulle artificielle dont Trenet pourrait être la parfaite incarnation avec "Y a d'la joie". Raymond Asso lance dès 36 un cri prémonitoire "Tout fout le camp", on pourra entendre ensuite sur les ondes "Homme 40... chevaux 8" évoquant les transports de troupes vers le front.
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux" et "La route enchantée" permettent un temps soit peu de s'évader.
Si peu.
"Mariano, Moreno et compagnie...
Avec son physique d'hidalgo et sa voix suave, Luis Mariano est l'exemple parfait du chanteur d'opérette, un genre tombé en désuétude depuis bien longtemps.
Sauf pour ma Mamie.
A l'époque, Mariano faisait salle pleine. De La belle de Cadix à La caravelle d'or, en passant par Le chanteur de Mexico ou Violettes impériales, le bel ibère n'aura fait que ça, avec un succès immense.
En 54, il avait déjà vendu un million de disques !
Rien que ça.
Autre latin lover qui fera lui aussi carrière dans l'opérette, l'étonnant Georges Guétary avec Un Américain à Paris. Un garçon bien de chez nous triomphera aussi dans le genre, le sympathique Henri Genès.
Il enchaînera dans un genre moins charmeur que déconneur des succès aux titres typiques : La tantina de Burgos, Le facteur de Santa Cruz ou Fatigués de naissance.
Dario Moreno incarne parfaitement cette excentricité outrée chère aux années cinquante. Personnage attachant de charmeur rondouillard, il passe de l'opérette (La vie parisienne) à divers styles latino-américains (cha-cha-cha, mambo, samba) pour quelques tubes amusants ("Si tu vas à Rio", "Brigitte Bardot").
Marcel Amont pratique pour sa part une chansonnette fantaisiste assez datée aujourd'hui mais très populaire à l'époque avec notamment Bleu, blanc, blond ou Un Mexicain.
Eddie Constantine va lui aussi devenir une véritable idole. Son personnage de séducteur nonchalant à l'accent yankee fait merveille au cinéma où il incarne le fameux détective Lemmy Caution ; ainsi que dans la chanson, avec des titres comme Et bâiller et dormir, Ah les femmes ! ou l'inoubliable Cigarettes, whisky et p'tites pépées...
La chanson préférée de Mamie...
"La miss.
Le 11 novembre 1918, jour d’armistice, c’est un ballet de rires, de chants et d’étreintes qui frappe le pavé parisien.
Au Casino de Paris, un tandem interprète La madelon de la victoire pour un public qui se levant comme un seul homme, reprend en coeur. Mistinguett et Maurice Chevalier !
Ils devront bisser six fois tant la ferveur des aficionados enfle dans la salle.
"C’est la fin du cauchemar, la fête recommence..." brandit, gouailleuse, la Miss.
Mistinguett, c’est tout un poème, l’histoire ahurissante d’une fille de rien qu’une énergie sans pareil hisse au sommet, une "propriété nationale" dira Colette.
Elle vend ses petits bouquets devant le casino d’Enghien-les-Bains avant de tâter du caf’conc. Non pas qu’elle ait de la voix, du jeu de jambe ni même qu’elle soit belle.
Elle n’a rien de cela mais bien davantage : le bagout, l’entrain, la folie, la fantaisie, la drôlerie...
Sur les planches, elle apprend peu à peu à canaliser son énergie et à composer son personnage.
Elle joue les comiques, les gigolettes et les épileptiques , ainsi que l’on nomme les artistes quelque peu remuants.
Elle fait son bonhomme de chemin. Le public adore sa dégaine avec ses petites jupettes et ses socquettes.
Jean Cocteau plus que quiconque ! Il n’a pas encore le sou mais économise pour voir son idole sur les planches et la fleurir de petits bouquets de violettes.
Après le Moulin-Rouge dans La valse chaloupée, elle débarque aux Folies-Bergère en 1911, au bras de Maurice Chevalier. Il a quitté Fréhel pour ses beaux yeux : une idylle qui les liera dix ans.
Le couple propose La Valse renversante. Il y a de quoi...
Une danse plus proche de la roulade que de la chorégraphie ! Les deux, en pleine étreinte, doivent faire chavirer quelques meubles, se projeter sur un sofa avant de se rouler sur le tapis sans s’être déliés : de quoi s’aimer à la folie pendant une décennie !
Et que n’aurait pas tenté la Miss pour libérer son homme fait prisonnier dans un camp allemand ? ... Jusqu’à quérir l’aide du roi d’Espagne, l’un de ses plus fervents admirateurs !
Leur folle romance est un chapelet de scènes et de provocations. Toujours prompte à jeter de l’huile sur le feu de leur amour et à aiguiser la jalousie de son homme, elle célèbre même à grand renfort de tambour son faux mariage avec Mayol, pourtant inverti notoire.
La guerre achevée, s’ouvre une époque nouvelles, de folles années...
Les chansons deviennent alors bien guillerettes, ainsi C’est une gamine charmante extrait de Phi-Phi, ou encore Dédé. L’Amérique fait alors rêver, son charleston, son fox-trot, son blues et son ragtime.
C’est le temps du grand escalier bordé de nymphes à paillettes et à plumes et des "L’ai-je bien entendu ?" et guirlandes de gambettes gainées...
Mistinguett entre dans la danse. Parée de ses trucs en plumes et d’une fortune colossale en bijoux, sans oublier ses maigrelettes gambettes que l’on dit assurées pour cinq cent mille francs, elle met le feu au Casino de Paris.
Son nom brille en lettres de feu à l’affiche de En douce, de Ça c’est Paris... Ou encore de La java de Doudoune avec comme jeune premier Jean Gabin, de Paris qui jazz avec pour chanson vedette Mon homme. N’est-elle pas tordante lorsqu’elle entonne de sa voix maladroite :
"Il m’a vue nue ? Il m’a vu nue. Toute nue
Sans cache-truc, ni soutien-machins
J’en ai rougi jusqu’aux vaccins...
Elle prête son image aux plus grands couturiers, à des parfums, à des automobiles symbolisant alors le luxe dans toute sa splendeur. Elle incarne si brillamment Paris que l’Amérique la réclame.
Et notre Miss s’installe à Broadway et Mon homme, dont on murmure qu’elle s’adresse alors à Maurice Chevalier, transformé en My man y est un succès colossal.
Mistinguett est alors une telle légende qu’elle se permet même de se mettre en scène dans un de ses refrains, C’est vrai.
"On dit que j’ai de grandes quenottes
Que je n’ai que trois notes
C’est vrai !
Mais j’s’rais pas Mistinguett
Si j’étais pas comme ça !
Elle tire sa révérence à 81 ans. Et si l’on donne aujourd’hui l’âge de la Miss, il fut longtemps secret d’état.
Celle-ci refusait en effet de le dévoiler, si bien que la chose ne manquait pas d’être tournée en dérision...
Le chansonnier Marcel Achard en fera un texte hilarant : "On prend la date de naissance de la Miss, on soustrait le chiffre de lui-même et on brûle ensuite le papier sur lequel on a fait le calcul. Puis on additionne le nombre de lettres que la Miss a reçues pendant les douze derniers jours et on multiplie par le nombre de ses toilettes d’été, on retranche son dernier cachet, on ajoute le nombre de ses mariages vrais ou faux, on enlève trois mois par enfant, on retranche dix ans par galanterie..."
Finalement, l'un dans l'autre, de Chevalier, ne restera plus que l'amitié.
Et Mistinguett constate :
"Nous nous sommes revus... J'avais toujours de la peine. mais il existe des choses plus importantes que les choses sans remède, les revues succédaient au voyage et il fallait que je fasse ma vie."
... analyse :
"La présence de Chevalier ne m'a jamais apporté grand-chose. Mais son absence a dominé le reste de ma vie. peut-être est-ce ma faute s'il m'a quittée..."
... vise juste :
"Peut-être est-ce parce que je n'ai jamais pu oublier le garçon qui essayait son premier smoking en chaloupant sur le boulevard pour faire distingué, si gonflé de sa nouvelle importance, que l'on n'aurait pas pu glisser une feuille de papier à cigarette entre son fond de culotte et ses fesses.
... et enfin avoue :
"En ce qui me concerne, Maurice n'est jamais vraiment parti ni revenu. En amour, je me passe de géographie/ Le souvenir de ce que fut notre amour me tient lieu, toute ma vie, d'état d'âme. Grâce à lui les paroles les plus anodines prennent du paysage... En cachette, je songeais encore à lui... Maurice Chevalier, c'est un chapitre à part dans ma vie, sans grand rapport avec les dates, sans grand rapport même avec la vie que nous avons menée. Notre histoire n'est peut-être pas fini..."
La miss écrit ces lignes en 1954. Elle a soixante-dix-neuf ans.
Rideau.
"Sombre dimanche.
Rockeuse avant l’heure, avec sa façon furieuse de cracher les cruautés du monde, Damia figure aussi en bonne place.
Née en 1889 sous le nom de Marie-Louise Damien, elle quitte ses parents à quinze ans pour faire une figuration au théâtre du Châtelet. Sa rencontre avec Doherty, le mari de Fréhel, lui permet de prendre ses premières leçons de chant puis d’enchaîner dans des caf’conc’.
Après que Sacha Guitry a trouvé a redire à ses tenues de scènes, Marie-Louise adopte un fourreau noir aussi sobre qu’un étui. On murmure à ce propos qu’aux premières heures de la guerre, elle aurait en signe de deuil décousu le col de dentelle de sa robe pour ainsi se produire toute de noir vêtue.
Un uniforme inédit alors.
Entre-temps, elle est devenue Damia, qui est aussi le nom d’une divinité grecque personnifiant la nature sauvage.
C’est dire le tempérament de la dame... En effet, l’artiste à l’art du geste dramatique. Elle va créé une atmosphère inquiétante avec les projecteurs et ses fonds de scène. Une tragédienne née. Quant à son répertoire proprement dit, on touche là à ce que la chanson à de plus lacrymal. Ainsi son plus grand succès, Les goélands, une vieille chanson qu’elle exhume avec génie :
Les marins qui meurent en mer
Et que l’on jette au gouffre amer
Roulent d’écueil en écueil
Dans l’épouvantable cercueil.
Ce n’est qu’un extrait, pour situer...
Elle chante aussi La suppliante, La veuve, Celui qui s’en va, La malédiction, J’ai l’cafard... Et que dire de Sombre Dimanche qui tirerait des larmes au plus sanguinaire des bourreaux.
Si bien qu’on diffuse de la diffuser le jour du Seigneur... et qu’on observe même, dit-on, une augmentation des suicides !
Elle meurt le 30 janvier 1978 sans jamais avoir cédé aux sirènes du progrès qui imposaient que l’on chante dans un microphone.
Rideau.
"Destin brisé.
Les temps changent...
Dans les années 30, le soufflet des Années folles est retombé et la chanson "lacrymale" peut se répandre à gros bouillons.
Les pierreuses début du siècle façon Yvette Guilbert renaissent de leur cendres et il est alors rien de mieux que de faire pleurer dans les chaumières. Car ce sont les femmes qui parlent le mieux de la misère...
N’ont-elles pas enduré du malheur pendant la guerre tandis qu’elles remplaçaient leurs hommes au foyer, aux champs et à l’usine ?
Et les femmes raffolent de ces rangaines pathétiques égrenant coeurs brisés, corps roués, dignités ravagées, beautés déchues et autres ventres salis et affamés.
Dans le genre, Fréhel excelle.
Nul romancier, pas même Zola, n’aurait pu imaginer pareille destinée.
Ses parents - de bons bretons - son venues tenter leur chance à Paris.
Pour M. Boulc’h, ce sera ouvrier aux chemins de fer, pour madame, des petits emplois de boniche et un peu de tapin pour arrondir les fins de mois.
Marguerite Boulc’h, née en 1891, n’est pas une fleur de pavé mais elle traîne pourtant ses guêtres dès la petite enfance, dans des souliers trop grands pour elle, poussant la chansonnette à un coin de rue pour rapporter trois sous à la maison.
Dire que la famille Boulc’h souffre de malchance est un euphémisme... Entre la grand-mère tuée par une vache en Bretagne, le grand-père foudroyé par une tornade et le père grièvement blessé par une locomotive, il y a de quoi se lamenter.
Marguerite aura sa part...
Elle est haute comme trois pommes quand elle se retrouve face à la Belle Otero, reine du music-hall, à tenter de lui vendre un "rénovateur facial" pour le compte d’un pharmacien.
La Belle Otero est si estomaquée par le culot et l’allant de la petite qu’elle la fait engager au Café de l’Univers où elle interprétera les refrains de Montéhus. Sous le nom de Pervenche, elle fait un malheur, avec ses grands yeux clairs, sa voix gouailleuse, ses mauvaises manières et son sens de la repartie...
Bientôt, on parle partout de celle qui a emprunté son nom de scène au cap Fréhel, de la Bretagne de ses origines.
A peine sortie de l’enfance, la voici vedette, mariée et maman.
L’enfant meurt en bas âge et son homme la quitte pour la grande Damia, cette même Damia qui lui présente celui qui devient le grand amour de sa vie, Maurice Chevalier.
Fréhel brûle sa vie, tente d’y mettre fin, explore des paradis artificiels, l’alcool, l’éther, la cocaïne...
Des excès qui font fuir son amant.
Sa course folle l’éloigne de France. Elle n’a que 22 ans lorsqu’elle trouve exil à Saint-Pétersbourg, puis à Bucarest et à Constantinople. Elle est tellement brisée que l’ambassadeur de France la fait rapatrier à Paris !
Le public retrouve une femme de trente et un ans aussi bouffi que méconnaissable.
A l’Olympia, il fait un triomphe à celle qui ne compose pas la déchéance mais l’incarne totalement. On s’émeut qu’elle porte en creux de son visage les cicatrices du chagrins, que son corps lourd porte le poids de ses malheurs, si bien que le cinéma l’accueille.
Elle incarne des tenancières, des chanteuses de cabaret, des catins, ou des Mme Tout-le-monde. Elle est magistrale dans Pépé le Moko en 1936 aux côtés de Jean Gabin.
Hormis le succès La java bleue, ses chansons ne font plus dans la dentelle : La coco, Quand on a trop de coeur, A la dérive, La peur, Il encaisse tout, Sans lendemain, La môme catch-catch qui lui fais dire "Je bois du gros qui tache"... Sa gouaille aussi porte à rire notamment quand elle chante Tel qu’il est :
Il n’a pas un seul poil sur la tête
Mais il en a plein sur les gambettes
Et celui qu’il a dans la main
C’est pas du poil c’est du crin
Tel qu’il est il me plaît...
Une fin d’après-midi de 1938, sur un trottoir du 9ème arrondissement, une femme épaisse croise un gamin. Il s’en revient de l’école le petit Lucien, la croix d’honneur fièrement agrafée à sa blouse en récompense de ses bons résultats.
La passante, connue de tous dans le quartier, félicite l’élève et lui offre à la terrasse d’un café tout proche un diabolo grenadine et une tarte aux cerises. Fréhel et Serge Gainsbourg viennent de se croiser...
On retrouvera le corps éteint de l’artiste dans la chambre sordide d’un hotel de passe du 45 de la rue Pigalle. Elle allait avoir soixante ans. Au cimetière de Pantin, une foule innombrable, se masse tandis qu’on la porte en terre.
Rideau.
"La fin tragique de "Coeur d'or".
Dans les années 30, le marché du disque explose.
Dans cette course au disque, Berthe Sylva est en première ligne avec plus de 250 titres gravés dont Le raccommodeur de faïence écoulé à plus de deux cent mille exemplaires, un record fabuleux pour l’époque.
Si bien que des décennies plus tard, le chant désespéré de celle que l’on surnomme "Coeur d’or" nous est heureusement parvenu. Qui n’aura pas au moins une fois dans sa vie entendu ses Roses blanches ?
"C’est aujourd’hui dimanche, tiens ma jolie maman
Voici des roses blanches, toi qui les aimes tant
Va quand je serai grand, j’achèterai au marchand
Toutes ces roses blanches, pour toi jolie maman
Ce ne serait là qu’une comptine enfantine si à son arrivée à l’hôpital, l’adorable enfant ne se retrouvait pas face au corps sans vie de sa jolie maman.
Berthe Sylva, Faquet pour l’état civil, née en Bretagne entre 1885 et 1886 - les détails de sa naissance se seraient égarés... - n’a rencontré le succès qu’à plus de 40 ans, mais celui-ci fut immense.
Ses accents déchirants, les sanglots profonds qui brisent sa voix sur Rends-moi mon papa ou l’éternel On a pas tous les jours vingt ans sont des sommets dans l’art douloureux du mélodrame. Au point que l’artiste suscite les passions les plus folles...
En 1935, ses fans auraient lacérés les banquettes de l’Alcazar et enfoncé les portes de sa loge. Et l’un de ses passages sur Radio-Toulouse lui aurait valu de recevoir 16 000 lettres d’admiration ! Ni plus, ni moins.
16 000 !
Son art du mélodrame ne serait parfait si elle n’avait rencontré à la ville les affres qu’elle a tant chantées à la scène.
Ainsi, en 1940, acculée à la pauvreté et ravagée par la boisson, elle s’installe à Marseille où elle meurt l’année suivante. La maison de disques règle l’ardoise de ses obsèques mais quelques années plus tard, personne n’ayant renouvelé la concession funéraire, la dépouille de cette idole du peuple rejoint la fosse commune.
Fred Gouin, l’inoubliable interprète de La chanson des blés d’or, qui fut l’amant de la chanteuse ne se remettra jamais de sa disparition, si bien que par dépit, il lâchera le métier et sillonnera la France jusqu’à sa mort en 59 - non plus en semant des refrains - mais en vendant des frites !
Rideau.
"MA MAMIE M'A DIT"
Spectacle nostalgique
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