"Sacha, Henri, Boby et les autres...
Rien ne prédisposait le jeune Sacha à devenir chanteur. Dès l'après-guerre, grâce à son oncle Ray Ventura, il tombe amoureux du jazz, apprend la guitare avec un certain Henri Salvador et devient un excellent instrumentiste, au point d'être sacré meilleur guitariste de jazz français au milieu des années 50.
En 57, il enregistre un premier album, Sacha Distel Chante, sans succès, avant de voir l'année suivante sa carrière totalement chamboulée par son Scoubidou. Il enchaîne alors les tubes, dont le superbe La belle vie, repris par la terre entière, de Frank Sinatra à Sarah Vaughan. Il devient dans la foulée le french lover par excellence, son aventure avec Brigitte Bardot n'y étant pas pour rien. A partir de 63, il anime des émissions de variété très populaires en France et en Angleterre, dans lesquelles il ressort parfois sa guitare...
Sacha appartient à cette race de chanteurs sympathiques et comiques qui plaisait beaucoup à ma Mamie.
Henri Salvador est de la même veine. Un musicien et chanteur immensément doué qui a passé une grande partie de sa vie à faire le guignol, parce que c'est ainsi que le grand public l'aimait. C'est au début des années 60 qu'il écrit son chef d'oeuvre Syracuse. Il interprètera ensuite des tubes fantaisistes : Zorro est arrivé, Faut rigoler, Juanita Banana, Le travail c'est la santé, C'est pas la joie, etc. Il va alors se retirer pour se consacrer à la pétanque avant de connaître un succès unanime en 2000 avec le très bel album nostalgique Chambre avec vue.
Et que dire des Frères Jacques... Une gestuelles proche du mime et un look immédiatement identifiable, à la fois désuet et intemporel : collants, justaucorps, gants, chapeaux et moustaches... Ils obtiennent le Grand Prix du disque en 1950 avec L'inventaire, puis un immense succès l'année suivante avec La Marie-Joseph. Leur répertoire, tour à tour humoristique, poétique, paillard ou satirique, leur permettra de traverser les époques, jusqu'à leurs adieux en 1979.
Dans un style plus populaire et bon enfant, nous avons aussi Les Compagnons de la chanson. Tout au long des années 50, ils seront dans tous les coups : Les trois cloches, Le galérien, Gondolier et Le marchand de bonheur. Avec à la clé d'incessantes tournées.
Bourvil n'est pas en reste avec un personnage d'idiot du village qui lui collera longtemps aux basques. Ses premiers succès discographiques sont d'ailleurs dans cette veine avec notamment Les crayons et La tactique du gendarme. A la fin des années 50, après sa fameuse Salade de fruits, il va se tourner à la surprise générale vers un répertoire tendre et nostalgique avec des petites perles comme La ballade irlandaise ou La tendresse.
Il y a aussi le chouchou de Mamie, le génial Boby Lapointe qui sera malheureusement pas reconnu à sa juste valeur de son vivant. Il monte à Paris au début des années 50 mais son premier recueil de textes fera un bide. Tout comme sa tentative de les faire interprêter par les Frères Jacques qui trouvent que c'est "trop difficile à chanter". C'est finalement Bourvil qui s'y colle en chantant Aragon et Castille dans le film Poisson d'avril.
Il va poursuivre durant toute la décennie une carrière totalement libre, n'en faisant qu'à sa tête, ce qui lui ferme la porte d'un succès plus large et entièrement mérité même s'il est reconnu et admiré par Aznavour, Brassens, Pierre Perret, Joe Dassin et par Mamie. Il va mourir trop jeune d'un cancer, dans sa ville natale, Pézenas, où il bénéficie aujourd'hui d'une véritable stature de héros. Comme à Carmaux d'ailleurs. Il nous laissera quelques titres ahurissants comme Marcelle, Le poisson fa ou Ta Katie t'a quitté...
Rideau.