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16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 16:31

Barque.jpg"Un souvenir de Florence.

 

 Il y avait le goûter : du chocolat en poudre étalé sur du beurre dans un morceau de pain. Le bateau gonflable rouge et jaune avec rame double en bois et les petites cabanes blanches où l'on pouvait se changer et où l'on ne se changeait jamais.

 L'herbe et la terre sous les pieds. Une eau vert foncé. Et l'odeur de l'eau : un parfum de poisson, de vase, de terre mouillée et de quelque chose en plus. La glace à la fraise du marchand ambulant parfois...

 La route, avec, de l'autre côté, l'étang à poissons, celui où l'on pêche. La bouteille en plastique que l'on prend pour attraper le poisson. Le bruit des conversations, les cris, les rires qu'on entend même pas : seulement nous. Tous les deux : dans l'eau, sur les bords, dans le bateau, à côté, avec nos brassières jaunes, sous l'eau, dessus. Assis sur la plage, juste le temps de goûter.

 Et l'envie, le désir ; jouer avec le poisson, jouer à chat... Jouer avec le soleil, avec le temps. Un temps long et tellement court à la fois. Pas de début, pas de fin, sauf celle donnée par les adultes, par maman brûlée de soleil, par els autres qui désertent doucement et la lumière qui s'estompe. "Les enfants, on rentre !"

 Et en rentrant, on passera à côté du verger abandonné, et on attrapera quelques fruits sauvages. Et à la maison, tonton René aura peut-être rapporté quelques écrevisses ou du poisson. Et peut-être même que, ce jour-là, tonton Pierre m'aura ramenée sur sa mobylette.

 On rentre, oui, mais demain, on recommence...

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Published by Régis IGLESIAS - dans Souvenirs d'enfance
16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 14:22

plaine.jpg"Un souvenir de Françoise.

 

 Le boulanger venait une fois par semaine, dans une camionnette grise, une Peugeot 203, tout en rondeurs. C'était comme un four à pain quand il ouvrait la grande porte à l'arrière : une bouffée chaude et croustillante, légèrement sucrée, mélangée à quelques vapeurs d'essence qui s'évanouissaient peu à peu. On achetait un ou deux gros pains et parfois - très rarement - un coquillage qu'il fallait lécher longtemps, longtemps, pour finir le bonbon acidulé qui le remplissait. La 203 s'éloignait, dans la brume bleutée de la fumée d'échappement. On l'entendait klaxonner dans le hameau voisin.

 Aux Briacs, il y avait ce grand champ pentu. Mémé apportait la panier, le jambon, une omelette aux oignons encore tiède et la pogne. On n'apportait pas l'eau, car il y avait ce coin de mousse sous les buis. Là, la terre humide noire, avec ce goût de champignon, cachait entre les pierres un mince filet clair, glacé, canalisé dans une petite gouttière de bois vermoulu. On y remplissait la gourde, et j'avais droit de boire cette eau rouge d'un peu de vin.

 Après déjeuner, la mémé me gardait contre son tablier aux grosses fleurs bleues. On faisait la sieste. Je me réveillais le nez enfoui dans ses cheveux, dans son cou moite.

 Au retour, je regardais s'allumer les premières étoiles, bercée apr les cahots du chemin et le grincement des roues cerclées de fer sur les cailloux.

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Published by Régis IGLESIAS - dans Souvenirs d'enfance
16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 13:25

Plage.jpg"Un souvenir de Bernard.

 

 Du premier juillet au premier octobre, une éternité, ce sont les grandes vacances et la plage. Avec mes parents et ma soeur, je marche en sandalettes short et chemisette, avec à la main ma pelle mon seau ma bouée, et sur la tête une casquette blanche à visière bleue.

 Nous nous installons dans "notre coin". Mon travail en arrivant consiste à faire à ma mère, en quelques coups de pelle, un fauteuil de sable où elle s'installe pour tricoter par exemple un maillot de bain en laine, qui mouillé et mélangé au sable, brûle l'entrecuisse et à souvent tendance à laisser échapper un testicule.

  Je construis ensuite une route pour mes coureurs du Tour de France avant d'édifier un château fort et ses remprats, qui finissent toujours par s'effondrer sous le coup des vagues montantes, malgré mes réparations multiples.

 Le moment de la baignade arrive deux heures plus tard après le repas. Il faut respecter scrupuleusement le temps de la digestion. J'ai peur de l'eau. Mon père qui vient d'apprendre à nager, m'y pousse en riant. Je crie. Pourtant ma bouée pourrait soutenir la famille entière, car c'est une chambre à air de camion récupérée dans un garage. Elle est noire, avec partout des rustines rouges. Quand on la met dans l'eau, elle pétille par endroits. Entre la gare et la plage, dans une station-service, un employé me la gonfle pour la pièce de cent sous que je lui donne.

 Après le bain, Jokari ou jeu de ballon pour se réchauffer. Après le ballon, les billes...

 Il y a les billes en terreaux couleurs pures ou passées, celles en verre, transparentes et multicolores, et les grosses, les calots. le but, c'est de les gagner, et pour ça, il y a toute sorte de jeux. Quand on est vainqueur, on contemple un long moment en silence son trésor, avant de s'en servir comme monnaie d'échange.

 Il y a aussi les billes de course, en bois, pour le Tour de France. Il faut d'abord creuser une piste dans le sable mouillée de la plage. Ensuite, d'une pichenette, on fait rouler la bille et on place un coureur là où elle s'arrête. Les coureurs sont en fer. Ils ont leur maillot national peint sur le dos, par exemple celui des Suisses est rouge avec une croix blanche. Il y a aussi les équipes régionales de France. Moi, je suis bien sûr pour celle de l'Ouest, de la Bretagne. 

 J'ai aussi une moto et des autos miniatures qui forment la caravane publicitaire. 

 Les cow-boys et les Indiens, eux, sont en plastique. Cavaliers et fantassins combattent autour de mon lit, les jours de pluie.

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16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 13:11

train.jpg"Un souvenir de Pascal.

 

 Je n'avais pas école le jeudi. ma grande distraction avec mes camarades, c'était d'aller jouer sur la voie ferrée ; celle-là même qu'il empruntait chaque jour. Notre place privilégiée était une grande ligne droite d'où on pouvait surveiller l'arrivée des trains... et des cheminots.

 Le jeu favori consistait à disposer sur les rails toutes sortes d'objets que le train écraserait. Souvent, on alignait des pièces de dix centimes, des cailloux, des morceaux de bois, des bouteilles en plastique...

 Dès qu'un  train apparaissait à l'horizon, on courrait se cacher dans les fourrés à l'abri d'éventuelles projections. Aussitôt le train passé, on se précipitait pour admirer le résultat : les pièces étaient aplaties et illisibles, et les cailloux réduits en poudre. Une telle puissance nous impressionnait, et tout cela nous faisait beaucoup rire.

 Ce que j'aimais sur ces voies ferrées, c'était l'odeur du ballast et du goudron des traverses surchauffées par les soleil. Il y avait aussi quantité de lézards et de serpents trouvant en ces endroits arides un environnement de prédilection.

 Je passais ainsi des journées entières en compagnie des trains et de leur univers, à la fois dangereux et rassurant, mécanique et naturel, petit et grandiose.

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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 21:00

Zan.jpg"Un souvenir de Monique.

 

 Le temps de l'enfance, c'est le temps parfumé, le temps du goût des premières découvertes, des sensations nouvelles, des premiers émois, le temps des gourmandises, le temps des senteurs et des saveurs indélébiles, de celles qui deviendront des réminiscences et des petites madeleines.

 Odeurs de lessive, de repassage, de confitures ou de pain grillé ; odeurs de caves ou de grenier. Magie olfactive des pique-niques et des goûters, des nappes ou des serviettes à carreaux et du pain qui croustille. saveur chimique des roudoudous, du Mistral gagnant, des caramels à un centime, de la réglisse, de la guimauve, de la grenadine ou du Zan...

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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 20:29

mines.jpg"Un souvenir de Laure.

 

 Nous habitions une cité ouvrière, maisons bien alignées avec jardin à l'arrière où mon père cultivait poireaux, pommes de terre et carottes dont maman faisait des soupes bien épaisses. le poêle à charbon de la cuisine chauffait la maison toute entière. Pour cela nous laissions les portes bien ouvertes, et, dans les deux chambres aux gros édredons blancs couvrant les lits d'hiver, la chameur était bien présente.

 Dans le four de ce poêle, maman mettait mes pantoufles à chauffer et quand je rentrais de l'école les pieds trempés, après avoir bien joué et glissé sur la neige, avec des cartons en guise de luge, je les enfilais avec de grosses chaussettes en laine que ma grand-mère qui vivait avec nous me tricotait.

 Un gros poste TSF trônait sur le buffet dans la cuisine, et mon père écoutait tous les jours cette radio grésillante en lisant son journal.

 A heures régulières, la sirène de l'usine en face de chez nous "libérait" une colonne d'ouvriers.

 J'aimais aller attendre mon père à la sortie du grand portail et lui donner la main tout le long du mur qui nous ramenait à la maison. j'aimais écouter ses histoires le soir à la veillée - moitié français, moitié patois -, où les animaux parlaient aux chasseurs.

 L'été, sans quitter le village, nous passions de belles grandes vacances, mon père m'apprenait à pêcher la truite dans les rivières, et, avec nos cousins et cousines, nous nous baignons en petites culottes blanches dans ces cours d'eau toujours froids, au milieu des près de jonquille. Ensuite, après avoir étendu de grandes couvertures grises sur l'herbe, nous regardions, allongés, la course des nuages dans le ciel.

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Published by Régis IGLESIAS - dans Souvenirs d'enfance
13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 20:11

rintintin.jpg"Un souvenir de Nadine.

 

 C'est l'époque de la chaîne unique. Nos parents viennent de se payer une télé. ils ont cassé la tirelire prévue à l'origine pour une voiture. Il y a Zorro, il y a La piste aux étoiles de Roger Lanzac : ma mère achète des bouchées praliné pour l'entracte, comme au cinéma. Et puis surtout, bien avant Bonanza et Rintintin, il y a la petite Claire. Elle présente le jeudi midi La Séquence du jeune spectateur.

 Mon frère et moi, on est rivés devant l'écran. J'adore déjà le cinéma, et les extraits des films que je vois défiler me font rêver. Le petit générique nous rend muets, nous partons vers d'autres mondes, loin, loin de l'appartement exigu où nous avons été si heureux - sans le savoir comme on dit !

 S'en souvient-il, mon frère, qui dit parfois que je m'invente des souvenirs comme ces pots de yaourts en carton au chocolat apportés par le laitier qui accompagnaient avec douceur notre Séquence du jeune spectateur.

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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 17:49

Marilyn.jpg"Un souvenir de Claude.

 

 Comme si cela ne suffisait pas, depuis peu, papa s'est improvisé projectionniste de cinéma. Ainsi, tous les samedis soir, il va au Gloria, le seul cinéma du canton, et les séances se font souvent à guichet fermé.

 Là, papa, technicien néophyte, y manipule seul des dizaines de bobines de films numérotées. Quelquefois, le ruban se déchire, les lumières de la salle s'allument, et il lui faut réparer alors le bout de film, le plus rapidement possible avec tout le stress provoqué par la bronca des spectateurs, qui s'impatientent trop vite à son goût.

 Ce nouveau métier permet à toute la famille d'assister gratuitement à certaines séances, de temps en temps, quand il n'y a pas trop de monde. 

 C'est bien le cinéma ! Déjà, quand tu arrives dans la rue, tu es mis en condition par l'exposition des affiches des films de la semaine. C'est très ressemblant ces dessins : tu reconnais bien Kirk Douglas, Charlton Heston et les belles Marilyn Monroe ou Elisabeth Taylor.

 La porte d'entrée est toujours grande ouverte de ses deux grands battants, comme pour t'inviter à franchir le pas.

 Dès le hall d'entrée, tu es imprégnée de l'ambiance, tu sens que c'est la fête ici, il y a de l'activité, ça fourmille... Sur les murs latéraux, dans des cadres vitrés suspendus, les photos significatives extraites des films projetés prochainement sont exposées, pour te donner envie de revenir.

 Quelques spectateurs arpentent ce grand hall ; ils finissent rapidement leur cigarette avant d'aller prendre place. Deux tarifs sont possibles ici : l'orchestre, c'est la grande salle du bas et le balcon à l'étage. Là-haut, c'est un peu plus cher mais tu domines toute la salle et tu as une bonne vue sur le grand écran, au loin. 

 Aussitôt que tu pousses la lourde porte capitonnée de la grande salle, une belle dame qui sent très bon récupère ton ticket, en enlève une partie avant de te le rendre et te demande de la suivre. Elle a pour mission de te placer dans les rangs des fauteuils, c'est l'ouvreuse.Pour se déplacer dans l'obscurité, elle s'aide d'une petite lampe de poche. Parfois, je vois des gens lui donner discrètement une petite pièce de monnaie. Moi, j'ai toujours un peu honte de ne jamais rien avoir à lui donner, c'est pourquoi, comme une sorte de futile compensation, je la remercie longuement et chaleureusement à chaque fois - presque trop à en croire son regard agacé.

Je m'installe entre deux personnes adultes dans le fauteuil que m'a désigné l'ouvreuse. Déjà, je sais qu'aujourd'hui je ne pourrai pas appuyer mes bras sur les accoudoirs communs, c'est trop gênant à partager, tant pis... En plus devant moi, la tête d'un homme trop grand m'obstrue une grosse partie de l'écran et jamais je n'oserai lui dire qu'il me gêne.Trop timide.

Je vais devoir me pencher d'un côté ou de l'autre pour bien tout voir.

 C'est rapidement le noir et le silence total. Le spectacle peut commencer. On nous propose tout de suite des reportages d'actualité sans intérêt : des visites de chef d'Etats, des exploits sportifs ou des expéditions scientifiques, toujours commentés par cette voix bizarre, gênante, faussement enjouée, trop aiguë et d'un débit trop rapide. Ensuite, le traditionnel dessin animé américain, avec ses musiques, voix et bruitages délirants, je rigole surtout de ces effets de son. Tout un art. Pour finir cette première partie, la réclame : des petits sketches comiques relatifs à la vie courante d'une famille moderne, interprétés apr des acteurs quelque fois connus.

 Ces minipièces de théâtre commerciales sont précédées d'un court dessin animé. Un petit bonhomme, un mineur en tenue de travail, projette son piolet sur une cible au loin. Après une dizaine de tours en l'air, l'outil se plante, en plein dans le mille : tchac ! Les chiffres tombent, se renversent, et une voix t'annonce, posément : "Jean Mineur publicité, Balzac, zéro, zézo, zéro, un." Tout le monde connaît par coeur maintenant. Même que j'entends quelques spectateurs dans la salle réciter cette phrase à l'unisson, comme par réflexe, hypnotisés. C'est quand même bien conçu cette publicité, ça pénètre vite et loin dans les profondeurs de ta tête. Beaucoup plus loin que tu ne l'imagines.

 Dès la fin de la réclame, toutes les lumières se rallument, tu entends des gens s'étirer, bouger, changer de position, certains se lèvent pour vite regagner le hall et fumer leur indispensable cigarette, en cercle, avec d'autres fumeurs, comme une congrégation solidaire et secrète.

 Un grand panneau de toile lesté descend et recouvre l'écran. Tu peux y lire des dizaines de noms et d'adresses, dans des rectangles de dimensions diverses. Ce sont les commerçants et artisans de la ville et des environs qui font la promotion de leur activité. L'ouvreuse refait son apparition - on m'a dit un jour que c'était la femme du patron. Elle trimbale devant elle, maintenu par une courroie en cuir passée autour de son cou, un grand panier rectangulaire en osier. Elle vend des sucreries et des glaces, pendant l'entracte. D'abord, elle traverse la salle rapidement, en regardant bien droit devant elle, jusque vers l'écran, puis elle se retourne et apostrophe méthodiquement chacun des clients avec cette phrase : "Bonbons Krema, Esquimau, chocolats glacés ?"

La vendeuse rend la monnaie, finit de ramasser ses paquets discrètement et s'éclipse en secouant la tête. L'entracte au cinéma, ça dure... un certain temps. Très exactement le temps que toutes les personnes qui veulent acheter des confiseries soient servies. Ensuite, même cérémonial qu'au début, les lumières s'éteignent, la grosse tenture publicitaire se relève et les rideaux s'écartent sur l'écran. Maintenant, c'est du sérieux qui arrive, du Technicolor grand format, de la grosse image, il y a besoin de toute la largeur de l'écran... Tu te fais prendre presque tout de suite par l'histoire, tu rentres dans le film, tu en fais partie, la musique et les sons te pénètrent, physiquement. Quand il y a de l'action, c'est un feu d'artifice de sensations visuelles et auditives. Là, tu es vraiment ailleurs, tu oublies tout, les accoudoirs à partager, la tête du bonhomme devant, les bruits de mastication des voisins et même l'odeur des pieds du goujat qui s'est déchaussé juste derrière toi. 

 Tu reviens à la réalité une ou deux minutes avant la fin du film, quand s'allume la sortie de secours, petite loupiote verdâtre vacillante, sur le côté de la salle. Dès le début de l'indigeste et interminable générique, tu te retrouves dehors, sans savoir comment, un peu hagard, les jambes en coton et la tête pas très claire, porté par le flot de spectateurs pressés, qui s'en vont bruyamment et s'éparpillent par grappes dans toutes les directions. L'aspect, la couleur du ciel ont changé.

 Alors tu réalises que beaucoup de temps est passé, il a déroulé son fil régulier, sans t'attendre. Inexorable.

 

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Published by Régis IGLESIAS - dans Souvenirs d'enfance
13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 17:18

CP-Paris-.jpg"Un souvenir de Bernard.

 

 Il y a les cris de la rue. Le matin, c'est Raymond, le marchand de journaux, qui de sa voix chevrotante lance : Ouest Matin ! L'humanité !"

 "Peau de lapin ! Peau ! Papa sort du couloir et appelle l'acheteur. Ils vont dans le cellier tâter les peaux qui sont à sécher sur des croisillons en bois. Après une plaisanterie ou deux, ils se mettent d'accord sur le prix. "Peau de lapin ! Peau !" Il est reparti sur son vélo qui tire une carriole pleine de fourrures. Les jours de grande marée, lé pêcheur du vivier arrive à bicyclette en poussant un cri comme une plainte : "A la crevette !" Maman lui fait signe. Les crevettes grises palpitent dans la corbeille en osier fixer sur le porte-bagages avant. Il en remplit une boîte de conserve qui lui sert de mesure et demande à voix basse combien elle en veut.

 "Couteaux ! Ciseaux ! Rasoirs !" Voilà le rémouleur qui pousse sa petite voiture à bras. Il s'arrêtera au bout de la rue, se perchera sur son tabouret devant sa meule, commencera à pédaler pour la mettre en action, en attendant ses clients qui ne tarderont pas à arriver avec leurs ustensiles de cuisine aux lames fatiguées.

 Un qui ne fait pas de bruit, c'est "le Joseph", un colporteur. On l'appelle aussi "le Sidi mon z'ami". Il vend des carpettes en grosse laine, des ceintures en cuir, des portefeuilles en peau de crocodile et plein d'autres choses. Il interpelle le passant en le nommant "Joseph", la passante "Marie", c'est pour ça qu'on l'appelle le Joseph. Il sourit tout le temps.

 Ginette joue à la marelle sur le trottoir. Elle saute d'un pied sur l'autre dans les carrées dessinés à la craie. Elle arrive au ciel, au paradis, elle se penche pour prendre le palet quand soudain un roulement de tambour la paralyse : c'est le garde champêtre.

 Il s'apprête, au coin de la rue, à faire une annonce. Les fenêtres s'ouvrent, les passants s'immobilisent, bras ballants, seules les voitures continuent timidement à rouler. "Avisss à la population."

 Le tambour de ville déplie solennellement son papier, déclame le texte, puis termine sur la formule consacrée : "Qu'on se le dise." Nouveau mouvement de baguettes. C'est fini, il part vers un autre quartier. Sur le trottoir, les commentaires vont maintenant bon train pendant que je regarde Ginette revenir sur "terre" avec son palet.

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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 16:49

Vallee-heureuse.jpg"Un souvenir de Dominique.

 

 Notre voiture était une 404 familiale Peugeot diesel bleu ciel. Mon père était allé l'acheter à Montbéliard parce qu'il disait qu'aller la chercher directement à l'usine, c'était moins cher.

 La banquette arrière, plus étroite, était réservée à mes trois petits-frères, qui rouspétaient parce qu'ils n'avaient pas de vrais fenêtres. Mon frère aîné et moi étions sur les sièges derrières mes parents, avec de vraies fenêtres à manivelle qu'on n'avait pas le droit d'ouvrir.

 Devant, mon père, le conducteur, et ma mère, co-pilote, avec le dernier sur les genoux. La ceinture de sécurité ? On en voyait dans le Paris-Match chez le coiffeur, mais c'était sur les photos des fous qui faisaient les 24 Heures du Mans.

 La voiture avalait les kilomètres, et mon père avalait les gauloises. Ma mère allumait la cigarette et lui glissait entre les lèvres. J'adorais l'odeur de souffre de l'allumette et celle de la première bouffée. Après c'était un peu écoeurant. On avait des sacs à vomi, parce que mes frères vomissaient souvent et qu'on ne pouvait quand même pas s'arrêter tout le temps. Je crois que c'étais l'odeur qui faisait ça, celle des cigarettes.

 L'habitacle baignait dans une fumée bleue comme le matérield es vacances. Quand un de mes frères disaient : "J'ai envie de vomir", ma mère faisait passer un sac en papier enduit. Le vomisseur hoquetait, vidait son estomac. Le sac repassait devant avec une grande prudence parce que ça puait très fort. ma mère plaiait le bord, ouvrait sa fenêtre et d'un geste ample, le balançait dans le fossé. On ne connaissait pas l'écologie et l'environnement. Hop ! dehors le sac en papier, et la route continuait.

 Mon père disait : "On attaque le massif central", et les virages se succédaient. Cette partie du trajet était encore plus vomitive. Mon père avait pitié et s'arrêtait pour manger. maman sortait la glacière, le pain et le jambon, le saucisson et les oeufs durs. On devait s'asseoir sur l'herbe roussit au bord de route qui nous piquait les fesses tandis que mon père mangeait en marchant pour se dégourdir les jambes. Après une rasade d'eau parfumée à l'Antésite, on repartait, fallait pas traîner.

 Après des heures et des heures de route, nous arrivions à destination : la vallée Heureuse, dans les Pyrénées.

 Depuis les premières voitures "64", ma mère chantait sa chanson : "Bet céou de Paou..." ça parlait du beau ciel de Pau, là où elle était née. Mon père sifflait en même temps.

 Bonheur, nous arrivions...

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Livre d'or

Première affiche

 

  "MA MAMIE M'A DIT"  

Spectacle nostalgique 

 

"On nous avait promis la magie, promesse tenue : un spectacle plein de féérie de souvenirs où chacun se retrouvait. Une belle énergie. Les résidents ont adoré. Merci." Marie ("La Clairière de Luci" - Bordeaux)
 
"Formidable ! Nous sommes tous remontés dans le temps, nous avons vingt ans, on a ri, on a presque pleuré et surtout on a chanté. Merci." Cathy (Arles)
 
"Un véritable petit chef d'oeuvre" ; "La légion d'honneur pour la créativité" "Un véritable artiste" ; "Après-midi formidable" ; "Absolument parfait" ; "Une rétrospective originale" ; "Un très bon moment d'évasion". Propos recueillis à la résidence Emera d'Angoulême  
 
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux... C'était magnifique. Nous avons revu toute notre jeunesse et notre enfance. Et c'est beau de redevenir jeune dans l'ambiance d'autrefois." Aimée et Janine
 
"Les chansons, les réclames et les anecdotes ont transporté les résidents dans leur enfance. Une après-midi de nostalgie mais aussi de chansons et de rires. Merci encore pour ce magnifique spectacle." Sandrine
 
"Spectacle complet, tellement agréable et thérapeutique pour nos personnes âgées, encore félicitations !" Docteur Souque
 
"Un choix extraordinaire de chansons, des moments magiques, des photos magnifiques, vous nous avez mis de la joie dans le coeur. Et retrouver sa jeunesse avec tous ces souvenirs, ça fait plaisir et j'espère que vous reviendrez nous voir." Mme Lorenzi (Juan-Les-Pins)
 
"Pour ma fête, par un pur hasard je me suis retrouvé dans un club de personnes âgées où j'ai pu assister à votre spectacle sur le passé. Cela m'a rappelé mes grands-parents et mes parents et c'était vraiment un moment magique." Josette, La Roque d'Antheron
 
"Bravo bravo bravo Regis, c'est le meilleur spectacle que j'ai vu depuis que je fais le métier d'animatrice." Bénédicte La Salette-Montval (Marseille)
 
"Je n'imaginais pas lorsque je vous ai accordé un rendez-vous que vous enchanteriez pendant 1 h 1/4 les personnes âgées d'une telle façon. Merci pour votre prestation qui a fait revivre les moments publicitaires, évènementiels et musicaux de leurs vies." Michelle, CCAS de Toulouse
 
"Un super voyage dans le temps pour le plus grand plaisir des résidents. Merci à Régis pour cette magie et à bientôt." Brigitte (Lunel)
 
"Enfin un retour à notre "époque". Quel bonheur, que de souvenirs, quelle belle époque ou l'amitié était de mise. Merci pour cette très belle après-midi, on s'est régalé avec ce très très beau spectacle". Danielle (Mirandol)
 
"Super - divinement bien -  tout le monde était enchanté même que M. Benaben a dit : "Vous nous avez donné l'envie de revivre notre vie"." Sylvie (Sainte Barthe)
 
"Un grand merci pour ce bon moment et je crois, je suis sûre, qu'il a été partagé par mon mari." Mme Delbreil
 
"Une féérie de l'instant." Christian
 
"Beaucoup d'émotion dans ce spectacle plein de chaleur et d'humanité." Sylvie
 
"Une soirée inoubliable. Continuez à nous émerveiller et faites un long chemin." Claude
 
"Le meilleur spectacle que j'ai jamais vu. De loin." Tonton Kiko
 
"C'est bien simple, je n'ai plus de Rimmel !" Claudine (seconde femme de Tonton Kiko)
 
"A ma grande surprise, j'ai versé ma larme. Tu as atteint mon coeur. Bravo pour ces sentiments, ces émotions fortes, j'ai eu des frissons par moment." Ta couse Céline
 
"Redge, encore un bon moment passé en ta présence. On était venu plus pour toi que pour le spectacle, mais quelle agréable surprise ! On est fier de toi, continues d'oser, de vivre !" Pascale
 
"J'avais froid, un peu hagard, l'humeur moribonde et puis voilà, il y a toi avec toute ta générosité, l'intérêt, l'affection que tu as toujours su apporter aux autres, à moi aussi et Dieu sait si tu m'as rendu la vie belle depuis qu'on se connaît comme tu as su le faire une fois de plus." Jérôme
 
"Ce spectacle est nul à chier et je pèse mes mots." Gérard
 
memoria.viva@live.fr

Ma Mamie m'a dit...

Madka Regis 3-copie-1

 

COLLECTION "COMEDIE"

Mamie est sur Tweeter

Mamie n'a jamais été Zlatanée !

Mamie doit travailler plus pour gagner plus

Mamie, tu l'aimes ou tu la quittes

"Casse-toi pauvre Régis !"

Papi a été pris pour un Rom

Mamie est sur Facebook

Papi est sur Meetic

Il y a quelqu'un dans le ventre de Mamie

Mamie n'a pas la grippe A

La petite maison close dans la prairie

 

COLLECTION "THRILLER"

Landru a invité Mamie à la campagne...

Sacco et Vanzetti

Mamie a rendez-vous chez le docteur Petiot

La Gestapo française

Hiroshima

 

COLLECTION "SAGA"

Les Windsor

Mamie et les cigares du pharaon

Champollion, l'homme qui fit parler l'Egypte

Mamie à Tombouctou

 

COLLECTION "LES CHOSES DE MAMIE"

Mamie boit dans un verre Duralex

Le cadeau Bonux

Le bol de chocolat chaud

Super Cocotte

Mamie ne mange que des cachous Lajaunie

 

COLLECTION "COUP DE COEUR"

Mamie la gauloise

Mamie roule en DS

Mamie ne rate jamais un apéro

Mamie et le trésor de Rackham le Rouge

 

COLLECTION "DECOUVERTE"

Mamie va au bal

La fête de la Rosière

Mamie au music-hall

Mamie au Salon de l'auto

 

COLLECTION "SUR LA ROUTE DE MAMIE"

Quand Papi rencontre Mamie

Un Papi et une Mamie

Mamie fait de la résistance

Mamie au cimetière

24 heures dans la vie de Mamie

 

COLLECTION "MAMIE EXPLORE LE TEMPS"

Jaurès

Mamie embarque sur le Potemkine

Mamie et les poilus

Auschwitz

 

COLLECTION "FRISSONS"

Le regard de Guynemer

Mr et Mme Blériot

Lindbergh décroche la timbale

Nobile prend des risques

 

COLLECTION "MAMIE EN BALLADE"

Mamie chez les Bretons

Mamie voulait revoir sa Normandie !

La fouace Normande

La campagne, ça vous gagne...

Mamie à la salle des fêtes

Launaguet

La semaine bleue

Le monastère

 

COLLECTION "MAMIE AU TEMPS DES COURTISANES"

Lola Montès

Les lorettes

Mme M.

Napoléon III

Plonplon

La marquise de Païva

Mme de Pompadour

Générique de fin