"L'école.
Au début des années 1960, les écoles mixtes sont rares. Filles et garçons vivent dans deux mondes séparés et s'observent à la fois timidement et avec curiosité. Le port de la blouse est obligatoire. Peinture, sport et matières d'éveil entrent au programme. Alors que la leçon quotidienne de morale est supprimée.
Filles et garçons restent séparés jusqu'au lycée, dans les écoles privées comme dans les écoles publiques. De nombreuses écoles publiques deviendront mixtes dans les années 60, et plus particulièrement après les évènements de mai 68. De même, les activités sont codifiées selon les sexes. Aux hommes, le travail, la conduite de l'autorité familiale. Aux femmes, les travaux domestiques et la gestion des enfants.
A l'école, les jeunes filles apprennent à devenir de parfaites petites ménagères. Parmi les compétences qu'on attend d'elles, les jeunes filles doivent être expertes en couture et en tricot.
La machine à coudre est un cadeaux de mariage de choix.
Les cahiers d'écolière de Mamie sont des modèles du genre qui pourraient laisser rêveurs certains parents d'aujourd'hui. L'écriture est soignée, la calligraphie délie les lettres en arrondis quasiment parfaits. Les dessins et frises sont exécutés avec soin. Mamie a d'ailleurs reçu beaucoup de bons points pour récompenser son application.
Utilisés par des générations d'écoliers, les buvards accompagnent les progrès scolaires. Lorsqu'on écrit à la plume, ils sont indispensables pour limiter les pâtés et taches d'encre qui viendraient ternir l'éclat des cahiers. Ils deviennent de vrais supports publicitaires : tous les secteurs de l'industrie et du commerce l'utilisent pour leur promotion. Les buvards font même la promotion du stylo à bille... qui les rendra bientôt totalement inutiles.
Dans les années 50, de petits films à images fixes sont montrés aux élèves des écoles. Ils permettent de promouvoir auprès des enfants des messages de tous ordres : ils informent sur les dangers de la route, participent aux campagnes sur l'hygiène, rappellent les règles de morale... Des images sponsorisées par des marques qui véhiculent également des messages publicitaires...
Lorsque les élèves sont tous punis, ils doivent garder les mains sur la tête quelques minutes... Sitôt fait, sitôt oublié.
Comme dit Mamie : "Les enfants n'ont ni passé ni avenir et, ce qui ne nous arrive guère, ils jouissent du présent."
A l'école, on apprend aussi aux enfants les mouvements de la natation... dans les cours de récréation, à sec ! Comme les piscines où ils pourraient s'ébattre font défaut, les enfants répètent inlassablement les mouvements en l'absence d'eau.
En classe, le tablier est de rigueur et sa couleur est imposée par l'école : gris, bleu ou rose. Les enfants apprennent à écrire avec un porte-plume qu'ils trempent dans un encrier à encre bleue. La pause scolaire de la semaine est le jeudi. Afin de mieux équilibrer le travail scolaire, elle sera déplacée au mercredi en 1972. Mamie a passé le certificat d'étude avant de quitter le collège pour la vie professionnelle. L'examen, qui comprend des épreuves dans toutes les matières, marque un véritable passage dans la vie des adolescents.
L'année scolaire s'achève par la remise des prix. Un grand moment d'émotion auquel écoliers et les parents se préparent avec plaisir. Les prix sont légions afin de récompenser tous les enfants : prix d'excellence, de poésie, de lecture, de mathématiques, d'orthographe, de rédaction, de camaraderie... Les enfants repartent chez eux avec plusieurs livres sous le bras. Les plus jeunes reçoivent des billets de satisfaction ou des images.
Et la distri... On a sorti chaises et bancs de classe et on les a mis en rang sous les platanes, comme pour un spectacle. Et c’est bien une sorte de spectacle, la distribution des prix. Pour une fois, enfants et parents (il y a plus de mères que de pères, ces derniers étant au travail) sont réunis. Les premiers ont du mal à cacher leur impatience. Pour les cancres, c’est vraiment la journée de trop. De toute manière, ils repartiront les mains libres. En face, entouré du principal, de professeurs et d’un membre des "corps constitués", le surveillant générale grène les prix de chaque classe.
D’abord par matières ("Prix de géographie, Hélène Suarez"), puis pour l’ensemble ("Prix d’excellence Hélène Suarez". Remplie de fierté, la maman de ma Mamie - mon arrière grand-mère -, la regarde se diriger vers l’estrade, où on lui remet une pille de livres enveloppée d’un ruban. La sélection correspond souvent plus à l’idée que le donateur anonyme se fait de l’élève qu’aux propres goûts de celui-ci.
Mais une bonne élève n’est-il pas supposé s’intéresser à tout ? Bons ou mauvais, quand se termine la cérémonie, tous s’égaillent vers la sortie. les vacances, enfin !
Fini les tableaux noirs et les craies de couleur, fini les pupitres tailladés au canif et maculés d’encre violette, fini le crissement laborieux de la plume Sergent-Major sur le cahier quadrillé, fini les "piquets" ou les "colles", fini les compositions trimestrielles, fini tout ça !
Ma Mamie m'a dit qu'à l'école elle raflait tous les prix. Je crois qu'elle était un peu faillotte sur les bords.
Collection "Mamie est sortie"
Au cimetière - Mamie à Plougastel - Mamie part en vacances - Mamie à la foire aux bestiaux - Mamie à la fête de la Rosière - Le bal du 14 juillet - Au camping - Mamie au camping - Au Tour de France - Mamie au Salon de l'auto - Mamie part en colo - Mamie à la poste - Mamie va à l'école - Mamie pique-nique !