"Les accordailles !
Qu’il est expressif et juste ce vieux mot ! Qu’est-ce que le mariage, sinon un accord parfait, parfois difficilement réalisable au milieu de mille convenances diverses et mille intérêts opposés ?
Au début du siècle, la première rencontre a lieu dans un bal de débutantes, à l’église, au concert, au théâtre, dans les ventes de charité, au tennis ou au patinage...
Si l’on veut donner suite au projet, l’aspirant est présenté aux proches de la jeune fille. La jeune fille doit se montrer réservée et manifester une tendresse contenue vis-à-vis de son prétendant afin que ne plane aucun doute sur sa pudeur. Elle ne lui écrit pas et et reçoit pas de lettre de lui sans passer par le chaperon.
Le père du jeune homme s’adresse au père de la jeune fille, le chiffre de la dot, celui des éventuels héritages sont dits avec franchise ; de même la situation exacte du jeune homme, sa carrière probable sont exposés loyalement. Lorsque l’on est tombé d’accord, le parent le plus proche ou un ami du jeune homme porte sa demande à la famille de la demoiselle. Le prétendant ne risquera la démarche définitive qu’assuré du plein succès.
Le jeune homme et ses parents sont alors invités à dîner chez la jeune fille : le prétendant devient le fiancé officiel ; on y arrête la date de la cérémonie officielle des fiançailles. C’est souvent ce soir-là que le fiancé offre la bague à la jeune fille. Elle est autorisée à lui en offrir une, huit jours plus tard, avant le dîner que les parents du jeune homme donneront en retour...
Dans les familles aisées, dès que le "oui" tremblant a répondu à la demande du jeune homme, la jeune fille recevra chaque jour jusqu’au mariage un petit bouquet de fleurs blanches qui rosiront peu à peu et deviendront pourpres, symbole d’amour ardent, la veille des noces.
Une tradition du XIXe siècle.
Le fiancé du XXe siècle, pour sceller ce grand moment, offre une somptueuse corbeille, par tradition blanche, enrubannée et ennuagée de roses, de marguerites, de lis, de lilas, d’oeillets, d’aubépine, de camélias et s’il veut faire grandement les choses, il n’oubliera pas sa future belle-mère !
Dans le midi, le 1er mai était le jour consacré aux demandes en mariage.
Dès l’aube, et bien avant le réveil de celle dont on aspirait à devenir l’époux, le fiancé accrochait à la fenêtre de l’objet de sa flamme un rameau de peuplier et une branche d’aubépine entrelacés et noués par des faveurs. Si la jeune fille détachait le bouquet, c’était signe d’acceptation et dès lors, le soupirant n’avait plus qu’à venir faire sa demande en mariage dans l’après-midi...
Rideau.