"Avertissement : Cet article fait parti de la collection Mamie à la recherche du malheur, si vous êtes en quête du bonheur et que vous le lisez, ce sera à vos risques et périls, vous serez brûlé sur le champ comme Jeanne D'Arc la pucelle d'Orléans.
C'est l'histoire de Mamie qui veut accrocher un tableau. Elle possède un clou mais pas de marteau. Le voisin en a un, Mamie décide d'emprunter. Mais voila que d'un coup d'un seul, un doute le saisit. Et si le voisin s'avisait de le lui refuser ? Mettons-nous dans sa tête :
"Hier c'est tout juste s'il a répondu d'un vague signe de tête quand je l'ai salué. Peut-être était-il pressé ? Mais peut-être a-t-il fait semblant d'être pressé parce qu'il ne m'aime pas. C'est ça, il ne peut pas m'encadrer ce con. Et pourquoi ne m'aimerait-il pas ? J'ai toujours été sympa avec lui, il doit s'imaginer des choses.
Si quelqu'un désirait emprunter un de mes outils à moi, je le prêterais volontiers. Pourquoi refuse-t-il de me prêter son marteau, hein ? Comment peut-on refuser un petit service de cette nature ? Ce sont les gens comme lui qui empoisonnent la vie de tout un chacun !
Il s'imagine sans doute que j'ai besoin de lui. Tout ça parce que Mossieur possède un marteau. Je m'en vais lui dire ma façon de penser, moi ! Et Mamie se précipite chez le voisin, sonne à la porte et, sans laisser le temps de dire un mot au malheureux qui lui ouvre la porte, s'écrie, furibond : "Et gardez-le votre sale marteau. espèce de malotrus !"
Cette technique permet d'obtenir des résultats étonnants. Il suffit juste de la mettre au service du malheur. Peu de mécanismes pourraient produire un effet aussi dévastateur que celui qui consiste à affronter brusquement un partenaire qui ne se doute de rien en lui assénant la conclusion d'une longue réflexion fondée sur des postulats imaginaires et dans laquelle il joue un rôle - négatif certes mais fondamental.
Effarement, colère, prétendue incompréhension, refus désespéré de toute culpabilité - autant de preuves concluantes du fait qu'on avait vu juste. On avait accordé sa confiance et ses faveurs à quelqu'un qui n'en était pas digne. Une fois encore, on s'est fait avoir, on s'est montré trop bon - une poire.
Mais cette technique fait aussi courir le risque de tomber sur plus fort que soi. Le sociologue Howard Higman a découvert que les épouses ont ainsi tendance a faire passer leur conjoint d'une pièce a l'autre du foyer en vociférant des questions du genre de : "Qu'est-ce que c'est que ces machins-la ?" Elles s'attendent que leur époux vienne se rendre compte par lui-même de ce dont elles peuvent bien parler. Leur attente est rarement déçue.
Mais un mari décida toutefois de se défendre. Sa femme, rentrant à la maison lui cria : "Est-ce qu'ils sont arrivés ?" Sans avoir la moindre idée de ce dont il s'agissait, il s'aventura à répondre : "Oui !"
"Et où les as-tu mis ?"
"Avec les autres !"
Pour la première fois depuis des années, le reste de sa journée s'écoula sans aucune interruption de la part de son épouse.
Méfiance donc...*
* Référence : "Faites vous-même votre malheur" de l'excellent Paul Watzlawick (pour les amateurs)
Pour en savoir plus sur Mamie à la recherche du malheur :
Mamie à la recherche du malheur ; Quatre façons de jouer avec le passé ; Si tu m'aimais vraiment, tu aimerais l'ail ; Pour une poignée de haricots ; Une histoire de marteau ; La poudre anti-éléphants ; Je vous l'avez bien dit ! ; Gardez-vous d'arriver ; Sois spontané ! ; Pourquoi m'aimerait-on ?