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3 septembre 2022 6 03 /09 /septembre /2022 11:41
"Le Supplément" du 7 Août

"Un certain jeune homme, les souvenirs de Bruno Cremer.

 

 ... il était grand... l'oeil bleu...

Je ne connais pas bien son regard. Celui des derniers jours seulement, épuisé, abandonné, disponible face à la mort, empreint d'une grande douceur. J'ai pu le regarder mourir et regrette de n'avoir pas su le regarder vivre. Il était mon père.

 Il sut choisir sa femme. La rendit-il heureuse ?

Elle était assez indépendante pour se suffire à elle-même et à ses enfants. Artiste dans l'âme, elle nous fit pleinement le don de soi.

 Si je repense à mon enfance, j'ai le souvenir d'une grande solitude et je me revois tel un jouet rangé dans un coin, trop difficile à manipuler et dont on aurait perdu le mode d'emploi.

Mais dans les fins fonds de ma mémoire, tout a commencé par un regard. Je revois ce visage : celui de mon grand-père qui me souriait à travers les barreaux de mon berceau. Je m'y revois, hurlant de peur, seul dans la pièce obscure, avec la crainte d'être oublié. Mais ce vieil homme était venu avec son sourire complice quis avait si bien me consoler et me rassurer.

  A peine trois ou quatre ans, ils sont presque éteints, les trop rares souvenirs de cet âge. Je nous revois pourtant, mon grand-père et moi, faisant les cent pas, ma petite main dans la sienne, à travers le salon et la salle à manger. Il me gardait. Enfin, la dernière fois que je vis mon grand-père, étendu sur son lit, il se sentait mal et m'avait fait demander. Il put seulement, un très court instant, me serrer fort contre lui avant qu'on ne me fît sortir. Le lendemain, je ne distinguais que du noir à travers la porte vitrée de la chambre désormais interdite.

 

 Nous habitions un grand appartement au quatrième étage d'un bel immeuble en pierre. Avec les beaux jours, à l'occasion de la foire du Trône, je traînais devant le balcon et regardait le spectacle captivant de la construction de tous ces manèges qui retrouvaient, chaque année, leurs mêmes places réservées.

 La grande roue, les auto tamponneuses et l'imposante barque rouge et jaune dont la balançoire irrésistible allait empourprer mes joues. Par bonheur, sa place était juste devant mes fenêtres. Bien sûr, ce n'était pas son seul mouvement qui me transportait à ce point, mais bien les magnifiques créatures pulpeuses qui s'agrippaient au bastingage. Elles poussaient des cris hystériques chaque fois qu'elles étaient élancées vers les hauteurs ou précipitées vers le bas, me permettant de découvrir leurs longues et rondes cuisses roses sous leurs robes printanières qui se soulevaient au vent, laissant même deviner la petite culotte blanche.

 Ces jambes me rendaient fous, c'était mon premier spectacle érotique qui conditionnera peut-être une part de ma libido, car je suis toujours resté très sensible aux jambes féminines. Et à la poitrine aussi. 

 La poitrine, je l'ai découverte un ou deux ans plus tard juste avant de rentrer dans le secondaire. Nous avions comme professeur d'histoire-géo une femme douce et jolie. Si la géo ne m'intéressait pas du tout, peut-être était-ce dû aux reliefs arrondis de mon professeur. J'attendais sa venue avec autant d'impatience  que la balançoire de la foire, car elle avait une façon provocante et bien particulière de se tenir : je n'en croyais pas mes yeux.

 Tout en faisant son cours, les coudes appuyés sur son bureau et les bras croisés sur sa poitrine, elle se caressait négligemment les seins, prenant parfois leur rondeur à pleine main ou les palpant doucement devant nous, avec l'air de ne pas y toucher.

 J'étais hypnotisé par la caresse presque innocente. Mon désir était à son comble et je ne sais ce qui me retenait de me précipiter sur elle, de lui déchirer son corsage et d'écraser mes lèvres sur cette poitrine irrésistible.

 Mais il me restait à découvrir l'essentiel. Etrangement, c'est un rêve qui me le révéla. Un rêve avec une superbe noire, je me précipitait en elle de plus en plus vite, de plus en plus fort, jusqu'à ce dernier instant où, dans une décharge insoupçonnée, la vie pût enfin s'échapper de moi, pour la première fois.

 Je me réveillais avec, sur mes draps, la preuve que je n'avais pas rêvé...

 

 Si j'étais fier de ces traces de ma virilité nouvelle, je les vivais aussi comme une provocation à l'égard de ma mère qui serait secrètement choquée par leur découverte. Ce matin-là, je ne fis pas mon lit et les draps furent changés, sans commentaire.

 Cette apparition nocturne fut suivie de beaucoup d'autres qui, bientôt, n'eurent plus besoin de mon sommeil pour me rejoindre. Mon imagination les faisait surgir à ma guise. C'était le plaisir à la carte. Toutes y passaient : les amis de ma mère, les copines de ma soeur, des femmes croisées dans la rue, toutes, un jour ou l'autre, à leur insu, allaient offrir leurs images à mes caresses.

 Elles changeaient de forme et de personnalité et, bientôt, pour corser le jeu, je me transformais aussi. Soldat ou prêtre, Peau-Roue ou Buffalo-Bill, je m'inventais des rencontres amoureuses dans des pays lointains. Ma chambre devenait un décor. Le lit, au milieu de la pièce, me servait d'embarcation ou de char d'assaut ; les rideaux, décrochés, prenaient la forme de la tente du chef indien, l'armoire cachait les trésors des Milles et une nuits, la table, recouverte du tapis, faisait office de prison ou de refuge où j'enfermais mes femmes pour les punir ou les protéger.

 Les dimanches et les jeudis quand je n'avais pas classe, ils duraient toute la journée, et se terminaient, enfin, dans les bras d'une esclave enlevée ou reconquise de haute lutte, sous le regard apitoyé de mon père qui avait fait irruption sans prévenir.

 

 Puis par un après-midi d'été, comme par miracle, ma vie, en un éclair, allait basculer dans l'évidence.

 Alors que l'armée française campait encore dans les parages, j'avais servi de chaperon à ma soeur qui avait osé rejoindre sous sa tente un jeune et beau maréchal des logis. Qu'avaient-ils fait ? "Mais rien... On discutait... me répondit-elle songeuse. Enfin... Il m'a dit qu'avec mon physique je devais être actrice à Hollywood."

 A ces mots, je demeurai muet, stupéfait. Dans ma tête, un nuage noir se déchirait, un frisson parcourut tout mon corps, je regardais ma soeur sans la voir ; j'avais envie d'exploser de joie. Comment n'y avais-je pas pensé ? Acteur ! Voilà ce que je voulais devenir.

 Voilà ce que j'étais !

 Le temps pouvait passer maintenant. J'avais un secret dessein. Bien sûr, il faudrait encore donner le change, faire semblant de grandir, traverser cette adolescence tourmentée, subir ou affronter, sans maquillage, tous ces regards qui, plus tard, ne me reconnaîtraient plus dans mon exil doré de l'art dramatique, sous mes masques.

Rideau.

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Published by Régis IGLESIAS - dans L'Almanach

Livre d'or

Première affiche

 

  "MA MAMIE M'A DIT"  

Spectacle nostalgique 

 

"On nous avait promis la magie, promesse tenue : un spectacle plein de féérie de souvenirs où chacun se retrouvait. Une belle énergie. Les résidents ont adoré. Merci." Marie ("La Clairière de Luci" - Bordeaux)
 
"Formidable ! Nous sommes tous remontés dans le temps, nous avons vingt ans, on a ri, on a presque pleuré et surtout on a chanté. Merci." Cathy (Arles)
 
"Un véritable petit chef d'oeuvre" ; "La légion d'honneur pour la créativité" "Un véritable artiste" ; "Après-midi formidable" ; "Absolument parfait" ; "Une rétrospective originale" ; "Un très bon moment d'évasion". Propos recueillis à la résidence Emera d'Angoulême  
 
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux... C'était magnifique. Nous avons revu toute notre jeunesse et notre enfance. Et c'est beau de redevenir jeune dans l'ambiance d'autrefois." Aimée et Janine
 
"Les chansons, les réclames et les anecdotes ont transporté les résidents dans leur enfance. Une après-midi de nostalgie mais aussi de chansons et de rires. Merci encore pour ce magnifique spectacle." Sandrine
 
"Spectacle complet, tellement agréable et thérapeutique pour nos personnes âgées, encore félicitations !" Docteur Souque
 
"Un choix extraordinaire de chansons, des moments magiques, des photos magnifiques, vous nous avez mis de la joie dans le coeur. Et retrouver sa jeunesse avec tous ces souvenirs, ça fait plaisir et j'espère que vous reviendrez nous voir." Mme Lorenzi (Juan-Les-Pins)
 
"Pour ma fête, par un pur hasard je me suis retrouvé dans un club de personnes âgées où j'ai pu assister à votre spectacle sur le passé. Cela m'a rappelé mes grands-parents et mes parents et c'était vraiment un moment magique." Josette, La Roque d'Antheron
 
"Bravo bravo bravo Regis, c'est le meilleur spectacle que j'ai vu depuis que je fais le métier d'animatrice." Bénédicte La Salette-Montval (Marseille)
 
"Je n'imaginais pas lorsque je vous ai accordé un rendez-vous que vous enchanteriez pendant 1 h 1/4 les personnes âgées d'une telle façon. Merci pour votre prestation qui a fait revivre les moments publicitaires, évènementiels et musicaux de leurs vies." Michelle, CCAS de Toulouse
 
"Un super voyage dans le temps pour le plus grand plaisir des résidents. Merci à Régis pour cette magie et à bientôt." Brigitte (Lunel)
 
"Enfin un retour à notre "époque". Quel bonheur, que de souvenirs, quelle belle époque ou l'amitié était de mise. Merci pour cette très belle après-midi, on s'est régalé avec ce très très beau spectacle". Danielle (Mirandol)
 
"Super - divinement bien -  tout le monde était enchanté même que M. Benaben a dit : "Vous nous avez donné l'envie de revivre notre vie"." Sylvie (Sainte Barthe)
 
"Un grand merci pour ce bon moment et je crois, je suis sûre, qu'il a été partagé par mon mari." Mme Delbreil
 
"Une féérie de l'instant." Christian
 
"Beaucoup d'émotion dans ce spectacle plein de chaleur et d'humanité." Sylvie
 
"Une soirée inoubliable. Continuez à nous émerveiller et faites un long chemin." Claude
 
"Le meilleur spectacle que j'ai jamais vu. De loin." Tonton Kiko
 
"C'est bien simple, je n'ai plus de Rimmel !" Claudine (seconde femme de Tonton Kiko)
 
"A ma grande surprise, j'ai versé ma larme. Tu as atteint mon coeur. Bravo pour ces sentiments, ces émotions fortes, j'ai eu des frissons par moment." Ta couse Céline
 
"Redge, encore un bon moment passé en ta présence. On était venu plus pour toi que pour le spectacle, mais quelle agréable surprise ! On est fier de toi, continues d'oser, de vivre !" Pascale
 
"J'avais froid, un peu hagard, l'humeur moribonde et puis voilà, il y a toi avec toute ta générosité, l'intérêt, l'affection que tu as toujours su apporter aux autres, à moi aussi et Dieu sait si tu m'as rendu la vie belle depuis qu'on se connaît comme tu as su le faire une fois de plus." Jérôme
 
"Ce spectacle est nul à chier et je pèse mes mots." Gérard
 
memoria.viva@live.fr

Ma Mamie m'a dit...

Madka Regis 3-copie-1

 

COLLECTION "COMEDIE"

Mamie est sur Tweeter

Mamie n'a jamais été Zlatanée !

Mamie doit travailler plus pour gagner plus

Mamie, tu l'aimes ou tu la quittes

"Casse-toi pauvre Régis !"

Papi a été pris pour un Rom

Mamie est sur Facebook

Papi est sur Meetic

Il y a quelqu'un dans le ventre de Mamie

Mamie n'a pas la grippe A

La petite maison close dans la prairie

 

COLLECTION "THRILLER"

Landru a invité Mamie à la campagne...

Sacco et Vanzetti

Mamie a rendez-vous chez le docteur Petiot

La Gestapo française

Hiroshima

 

COLLECTION "SAGA"

Les Windsor

Mamie et les cigares du pharaon

Champollion, l'homme qui fit parler l'Egypte

Mamie à Tombouctou

 

COLLECTION "LES CHOSES DE MAMIE"

Mamie boit dans un verre Duralex

Le cadeau Bonux

Le bol de chocolat chaud

Super Cocotte

Mamie ne mange que des cachous Lajaunie

 

COLLECTION "COUP DE COEUR"

Mamie la gauloise

Mamie roule en DS

Mamie ne rate jamais un apéro

Mamie et le trésor de Rackham le Rouge

 

COLLECTION "DECOUVERTE"

Mamie va au bal

La fête de la Rosière

Mamie au music-hall

Mamie au Salon de l'auto

 

COLLECTION "SUR LA ROUTE DE MAMIE"

Quand Papi rencontre Mamie

Un Papi et une Mamie

Mamie fait de la résistance

Mamie au cimetière

24 heures dans la vie de Mamie

 

COLLECTION "MAMIE EXPLORE LE TEMPS"

Jaurès

Mamie embarque sur le Potemkine

Mamie et les poilus

Auschwitz

 

COLLECTION "FRISSONS"

Le regard de Guynemer

Mr et Mme Blériot

Lindbergh décroche la timbale

Nobile prend des risques

 

COLLECTION "MAMIE EN BALLADE"

Mamie chez les Bretons

Mamie voulait revoir sa Normandie !

La fouace Normande

La campagne, ça vous gagne...

Mamie à la salle des fêtes

Launaguet

La semaine bleue

Le monastère

 

COLLECTION "MAMIE AU TEMPS DES COURTISANES"

Lola Montès

Les lorettes

Mme M.

Napoléon III

Plonplon

La marquise de Païva

Mme de Pompadour

Générique de fin