Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 13:08

mlm74102-1"Tombouctou !

 

 A l'horizon, le soleil se couche. Voici enfin, à portée du regard de René caillé, la ville fabuleuse.

 Sous ses yeux, sur le ciel devenu rouge, s'inscrivent les maisons dominées par des minarets. Depuis son enfance, il attend cela. Et il entre dans Tombouctou. De tous ses yeux, il regarde, il observe. De toute son âme, il ressent.

 La légende n'a pas menti : Tombouctou existe et lui, Renée Caillé, foule le sol de Tombouctou.

 

 Cependant il s'interroge. Où sont les palais ? Les toits d'or ? Il faut lire ce qu'il a écrit lui-même de sa déception : "Revenu de mon enthousiasme, je trouvai que le spectacle que j'avais sous les yeux ne répondait pas à mon attente. Je m'étais fait de la grandeur et de la richesse de cette ville une toute autre idée ; elle n'offre au premier aspect qu'un amas de maisons en terre mal construites.

 Ce n'est que cela, la merveille de ses rêves ?

 Consolation : il reçoit de Sidi Abdallahi un accueil chaleureux. Son hôte n'exprime pas la moindre méfiance. Il l'invite chez lui et lui offre, le soir même, un somptueux couscous.

 Lorsque, l'aube venue, il se promène dans la ville, les maisons lui semblent plus grande, les rues plus larges mais il semble à Caillé qu'une chape de tristesse se soit abattue sur une ville inconsolable de sa grandeur évanouie.

 

 Il prend alors quantité de notes puis ne songe plus qu'à partir, qu'à rentrer en France pour témoigner. Impossible de reprendre le même chemin, il retrouverait des gens qui ne comprendraient pas pourquoi le soi-disant Egyptien a rebroussé chemin. La seule solution, c'est le nord. Avec l'argent qui lui reste, il peut tout juste payer le loyer d'un chameau.

 Il est resté quatorze jours à Tombouctou.

 

 Ce qu'il va vivre - il ne le sait pas encore - c'est un martyre plus terrifiant encore que ce qu'il a connu jusque-là.

 Avec un mule, il ira jusqu'à Meknès. Il y parvient exténué, affamé, gravement malade. A bout.

 Son désespoir est devenu si grand qu'il sanglote sur lui-même. Il n'en repart pas moins pour Rabat. Finalement, l'aventure se finira bien. Caillé aura parcouru quatre mille cinq cents kilomètres en cinq cent trente-huit jours.

 

 Une commission va s'émerveiller des précisions, des détails que le vainqueur de Tombouctou va lui donner. Le 5 décembre 1828, la Société de Géographie fête solennellement Caillé.

Tout le Paris savant est accouru. Il monte à la tribune, vêtu d'un habit noir qu'égaye un jabot blanc. Aucun orgueil apparent dans son maintient et sur son visage. Seulement de la simplicité et de la modestie.

 

La suite ? Il se retire dans son pays, en Charente-Maritime, d'abord à Beurlay, puis à la Gripperie-Saint-Sainphorien où il achète une ferme. Il se mariera, deviendra père de quatre enfants.

 Les épreuves ont définitivement ruiné sa santé. Il meurt le 15 mai 1838, de tuberculose. il a trente-neuf ans.

 

 Comment douter que, jusqu'à son dernier instant, là, dans son pays natal, Tombouctou n'ait cessé de hanter René Caillé ? Tombouctou, rêve réalisé. Tombouctou qui, grâce à lui, avait cessé d'être mystérieuse.

 

La folle histoire du vainqueur de Tombouctou 

Mamie à Tombouctou

Le parapluie rouge de Caillé

Tombouctou la merveilleuse

Partager cet article
Repost0
Published by Régis IGLESIAS - dans Mamie explore le temps
8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 00:00

051"Au nom de Dieu...

 

 Le 13 mai 1425, un certain Durant Laxart pénètre chez Baudricourt. Il conduit avec lui une "robuste brunette", vêtue d’un jupon rouge. Elle n’est pas grande sans être petite.

 S’en rapportant à la longueur du tissu que l’on utilisa pour lui confectionner une robe après le siège d’Orléans, on a pu calculer qu’elle mesurait un mètre soixante.

 Autre détail : l’érudit Quicherat a pu voir un cheveu de Jeanne pris dans un sceau. Ce cheveu était noir. 

La fille qu’amène Durant Laxart est sa nièce. C’est Jeannette, la propre fille du bonhomme d’Arc. Elle a quelque chose à confier Baudricourt. Et elle le dit, sans se gêner. Un écuiller est là, qui écoute, bouche bée, et rapportera ce qu’il entendit :

"Elle lui disait qu’elle était venue à lui, Robert, de la part de son Seigneur, pour mander au dauphin qu’il se tienne bien, et qu’il ne fasse pas la guerre à ses ennemis, car le Seigneur lui donnerait du secours avant la mi-carême.

 Jeanne disait que son royaume ne regardait pas le dauphin, mais son Seigneur, et que son Seigneur voulait que le dauphin soit fait roi et qu’il tienne le royaume en commande, disant que, malgré les ennemis du dauphin, il serait fait roi, et qu’elle-même le conduirait pour le faire sacrer. Patiemment, le capitaine a écouté tout cela. Il ironise :

- Et quel est ton Seigneur ?

- Le roi du ciel !

Voilà un genre de réponse qu’un capitaine n’entend pas tous les jours, même au XVème siècle.

 Baudricourt qui apprécie les formes de la jouvencelle, hasarde une plaisanterie gaillarde : faite comme elle est, elle devrait plutôt penser à se choisir un bon mari qui lui ferait de beaux enfants ! Elle se moque à son tour :

- J’en aurais trois, l’un sera papa, l’autre empereur, le troisième sera roi !

Baudricourt, avec un sens tout militaire de la réplique, s’exclame qu’il se ferait volontiers le père de l’un d’eux.

Cette Jeannette jure donc entendre des voix. Beaucoup ricanent. D’autres rêvent.

 

 Charles VII a reçu comme un éblouissement la certitude que Jeanne lui était envoyé par Dieu, puisqu’elle connaissait la prière qu’il avait lui-même envoyé à Dieu. Quoi d’étonnant que la Pucelle ait alors reçu dès ce soir-là au château ? Quoi d’étonnant si, en quelques heures, elle est devenue, après le roi, la première personne de la cour ?

 Cela dit, beaucoup se méfient encore. Et si elle était une sorcière ?

 Il faut en avoir le coeur net.

 Déjà, on lui tend des pièges. Mais Jeanne ne tombe pas dans le panneau. On lui demande un signe qui prouve qu’elle doit bien sa mission à Dieu :

- En nom Dieu, je ne suis pas venue à Poitiers pour faire signes. Mais conduisez-moi à Orléans, je vous montrerai le signe pour lequel j’ai été envoyée !

 Elle annonce  que les Anglais seront vaincus, Orléans libérée, le roi sacré à Reims, Paris reconquis, et que le duc d’Orléans reviendra d’Angleterre.

 Du coup, les éminents experts s’inclinent. Elle est la plus forte. Charles VII va-t-il lui confier l’armée qu’elle demande sans trêve ni répit ? Non.

 Il reste à pratiquer l’examen de virginité, réclamé à grand cris par l’archevêque d’Embrun. Dans une lettre au roi, il a rappelé les maléfices par lesquels les femmes - créatures pernicieuses - ce sont si souvent emparées du coeur et de l’esprit des princes. Si Jeanne n’est que l’envoyé du démon, sûrement elle n’est pas vierge.

 Que l’on s’en assure !

 Ici intervient Yolande d’Aragon. L’examen de virginité ? Yolande s’en charge elle-même. Conclusion :

 "En elle, vous ne trouverez point de mal, fors que bien, humilité, virginité, dévotion, honnêteté, souplesse, et de sa vie plusieurs choses merveilleuses sont dites comme vraies..."

 Quel soulagement elle a du ressentir, Jeanne, quand enfin, elle a pu quitter Poitiers pour Tours. C’est à Tours qu’on lui confectionne son armure, pour cent livres tournois. Elle refuse l’épée qu’on lui propose.

 Qu’on aille plutôt, dit-elle, à Sainte-Catherine de Fierbois ! Qu’on cherche derrière le coeur de l’église : une épée y est enterrée. On obéit... et on trouve l’épée !

 "Je sus qu’elle était là par mes voix." Son étendard est peint : il figure une Annonciation. Elle le reçoit avec une joie sans égale. Elle l’aime plus, cet étendard, que son épée, "quarante fois plus !" s’écrie-t-elle. On lui présente les soldats.

 L’extraordinaire, c’est que, d’emblée, elle sache parler à ces soldats, rire avec eux, les comprendre et se faire comprendre. Surtout, elle se fait admettre, privilège essentiel du chef.

 Un soldat, en ce temps, ressemble d’assez près à un brigand.

 On imagine cette fille de 17 ans arrivant au camp, les regards qui pèsent sur elle, les trognes qui rougissent, les jurons qui s’étranglent, les quolibets qui s’arrêtent.

 Dunois le dira : "Ni moi ni les autres n’eurent jamais de mauvaises pensées : il y avait en elle quelque chose de divin." L’armée s’ébranle pour Orléans. La Pucelle est à sa tête.

 Il ne lui faudra que huit jours pour délivrer Orléans.

 Et partout au royaume de France la merveilleuse chronique courra les routes et les chemins, les villes et les villages.

 Et l’on saura comment les Français, lors des premières sorties, ont été battus, comment dès que la Pucelle a, de sa personne, donné l’assaut, tout a changé - comment celle-ci a été prise.

 Et l’on saura comment fut enlevée la bastide des Augustins qui couvrait celle des Tournelles.

 Comment, le lendemain, ces Tournelles furent touchées à leur tour. Comment Jeanne, au début de l’attaque, a dressé elle-même une échelle contre les remparts, comment un "trait de gros garriau" tiré sur elle, lui a traversé l’épaule, comment on l’a transportée non loin de là, comment elle a arraché la flèche et appliqué sur la plaie du lard et de l’huile d’olive.

 Comment, entendant sonner la retraite, elle a sauté sur ses pieds, couru, crié : 

- En nom Dieu ! Vous entrerez aux Tournelles !

 Comment les Français se sont rués sur les Tournelles ainsi que "jamais nuée d’oiseaux sur un buisson". Comment un quart d’heure plus tard, tous les Anglais étaient noyés ou prisonniers. Comment la victoire fut nôtre.

Par tout le royaume, on saura que, le lendemain, Talbot, chef des Anglais, jugeant la partie perdue, a levé le siège.

 Accomplie la prophétie de Jeanne : Orléans est délivré. 

 Avant de conduire le roi à Reims, elle s’écrie qu’il faut nettoyer la Loire. Charles VII hésite. Enfin, il se rend aux adjurations de la Pucelle.

 Partout les Anglais ploient, fuient. On prend Jargeau, Mung, Beaugency - cela en cinq jours.

 Le 18, grande bataille à Patay. Grande victoire : les Français n’ont que deux morts et les Anglais deux milles. Talbot est prisonnier. Falstaff n’a dû sa sauvegarde qu’à la fuite. Un mois plus tard, le duc de Bedford expliquera au roi d’Angleterre que ces défaites sont dues aux maléfices d’un disciple et limier du Malin, appelé la Pucelle.

 Le 29 juin, l’armée royale se met en marche. Le sacre de Charles VII est au bout de la route.

Il semble que les villes tombent devant Jeanne comme des fruits trop longtemps mûris au soleil. Isabeau puis Châlons puis Reimps.

Charles va recevoir dans la cathédrale "l’onction qui fait les rois". pour Jeanne, c’est l’apothéose.

Il lui reste à réaliser son rêve : bouter les Anglais hors de France.

 Elle en est sûre l’heure en va sonner après le sacre. Charles va, auprès d’elle, livrer les combats décisifs. Il ne nie pas la valeur des progrès accomplis.

 En trois mois, sa situation a changé de tout au tout. On le méprisait, on le prend au sérieux.

 La preuve ? Des envoyés bourguignons sont parvenus jusqu’à Reims le lendemain du sacre. On négocie secrètement. Mais Jeanne est tenue à l’écart. 

 Le drame est noué qui, définitivement, va éloigner l’un de l’autre Charles de Jeanne. Celle-ci veut se battre, aller de l’avant, jusqu’à l’extrême limite de ses forces - au grand soleil de sa foi conquérante. Charles croit à la vertu de la diplomatie.

 Il sent les Anglais ébranlés et le duc de Bourgogne prêt à chercher une autre alliance. Or, en l'occurrence, Charles n’a pas tort. Du moins, à longue échéance. La grande Yolande elle-même déconseille d’inutiles combats et penche pour de fructueuses négociations.

 Voyons les choses en face : pour le roi, pour la Cour, Jeanne est devenue, après le sacre, une gêneuse. Situation qui nous serre le coeur.

 Comment elle, si intuitive, ne l’aurait-elle point ressenti. D’autant plus qu’elle n’entend plus ses voix. Affreuse solitude intérieure. Naissance, peut-être, du doute.

 Qui a raison ? En apparence, Jeanne n’a point changé. Elle entraîne l’armée à Soissons, à Provins, à Crépy-en-Valois. Partout, la foule en délire, le peuple baise ses vêtements. Et elle - bouleversant paradoxe - mesure son abandon. Elle arrache à Charles - avec quelle peine ! - l’autorisation d’assiéger Paris.

 Le 8 septembre, Jeanne est blessée. Le roi, trop content, ordonne de faire retraite. Pourquoi cette Pucelle exige-t-elle toujours davantage ? Es-ce pour lui rogner les ailes que l’on accorde alors à Jeanne blason et lettres de noblesse ?

Jeanne se bat toujours. On ne lui confie plus qu’une petite armée, on l’autorise à guerroyer, mais en des opérations très secondaires. Elle garde toujours la même idée en tête : courir sus à l’Anglais.

 Au nom du duc de Bourgogne, Jean de Luxembourg menace Compiègne. Jeanne décide de ses jeter dans la ville en danger. Elle y pénètre par la forêt "à heure secrète du matin", le 23 mai 1430.

 Elle déclare à la foule inquiète qui l’assaille :

- Mes bons amis, mes chers enfants, je vous le dis avec assurance, il y a un homme qui m’a vendue. je suis trahie et bientôt serait livré à la mort. priez Dieu pour moi, je vous supplie, car je ne pourrai plus servir mon roi ni le noble royaume de France.

 Le même jour, elle tente une sortie et s’avance vers les Bourguignons de Jean de Luxembourg. Or, voici qu’accourent les Anglais de Montgomery, lui coupant toute retraite. Pris entre deux feux, les compagnons de Jeanne fléchissent. Guillaume de Flavy et ses soldats se frayent un chemin jusqu’à la porte de la ville, s’y engouffrent.

 Jeanne, à l’arrière-garde, les suit avec son frère. Quand elle parvient devant la porte, elle voit, affolée, le pont-levis se lever sous son nez. Déjà les Bourguignons la cernent dans l’angle du chemin de Noyon.

 Elle est tirée à terre par un archer du bâtard de Wandomme. Le poids de sa cuirasse - 60 à 70 livres - lui interdit de se relever.

 Les prisons de Jeanne ont commencé. Elle n’en sortira plus. Prisonnière, l’envoyée de Dieu.

 Chacun le sait, Jeanne sera livrée aux Anglais et conduite à Rouen. C’est là que le procès commence qui mêla délibérément religion et politique, théologie et intérêts terrestres.

 Ce procès que nul - croyant ou incroyant - ne peut relire sans se sentir jusqu’au fond de l’âme.

 Contre la meute, la petite paysanne fait face. Ces docteurs, ces savants racornis, ces clercs avides, elle leur cloue le bec, les domine, les écrase.

 Vingt-cinq ans plus tard, ceux qui en furent témoins en demeureront pantois : "Jamais ils n’avaient vu une femme de cet âge donner tant de mal à tous ceux qui l’examinaient."

 Seulement voilà, l’évidence a été décidé au premier jour : la mort.

 C’est sur la place du Vieux-Marché qu’elle doit mourir. On la lie au sommet des fagots assemblés, une vraie montagne. L’habitude est que le bourreau étrangle au dernier moment le condamné pour lui éviter l’abominable torture des flammes.

 L’amoncellements des fagots est si haut que le bourreau, désolé, s’aperçoit, une fois descendu, qu’il ne pourra plus le gravir.

 La dernière volonté de Jeanne : une croix. En courant, un clerc de l’église est allé quérir celle qui sert pour les processions. Le bourreau met le feu.

 Dès les premiers crépitements, Jeanne demande au frère qui brandit la croix de s’éloigner, elle ne veut pas qu’il coure le risque de brûlures - et elle veut voir la croix bien dressée. Voici les flammes qui la lèchent, l’enserrent, brûlent ses chairs, ses muscles, ses nerfs, bientôt font craquer ses os. La fumée l’étouffe. Un dernier cri :

- Jésus !

Elle n’est plus.

Il faudra quatre heures pour la réduire en cendres. Malgré le soufre, le charbon, l’huile, les entrailles et le coeur n’ont pas voulu brûler. Le cardinal Winchester ordonna :

- Qu’on jette le tout en Seine !

S’il ne reste point de reliques, ce qui demeurera éternellement, c’est la parole fameuse prononcée par l’Anglais Tressard, secrétaire d’Henri IV : "Nous sommes perdus, nous avons brûlé une sainte."

 Quand nous parlons d’elle, nous l’appelons la pucelle d’Orléans. Cette expression n’apparaît pour la première fois que dans un ouvrage publié en 1555 ! 

 "La France perdue par une femme sera sauvée par une femme" : la vieille prophétie n’avait pas menti.

 Au prix de sa mort, Jeanne a donné le grand élan qui devait aboutir à la libération de la France.

 Elle a fait mieux : elle est devenue l’incarnation de la patrie française.

 Devant son image on a vu défiler de jeunes communistes et de jeunes royalistes. Elles réconcilient les croyants et incroyants.

 Elle est à jamais celle qu’à si bien chantée Michelet : "Elle aima tant la France, et la France touchée se mit à s’aimer elle-même... Souvenons-nous toujours, Français, que la patrie bien aimée est née du coeur d’une femme, de sa tendresse et de ses larmes, du sang qu’elle a donné pour nous..."

Partager cet article
Repost0
Published by Régis IGLESIAS - dans Mamie explore le temps
7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 23:49

81.jpg"Le Petit Journal, là, sous vos yeux.


Le 22 avril, Moulia reçoit l’ordre d’aller visiter une tranchée allemande qui n’a pas été nettoyée la veille. Il demande des volontaires. Les gars ne sont pas chauds. Alors, Moulia remplit ses poches de grenades et dit :

- Tant pis, j’irais seul.

  Les autres le regardent, ils ne bougent pas. Enfin, l’un d’eux se décide. C’est Bachacou, un de Saint-André- de-Seignanx, à quinze kilomètres de Bayonne.

 Presque un du "pays"...

- Je viens avec toi, caporal.

Un jeune à son tour, dit qu’il les accompagnera. 

 Tous les trois, ils partent, arrivent sans encombre jusqu’à la tranchée allemande. Moulia le premier, se laisse glisser dans le boyau ennemi. Bachacou et le jeune le rejoignent. Prudemment, ils avancent. Bientôt, ils se retrouvent devant une sentinelle allemande qui se rend sans difficulté. Il faut dire que Moulia s’est retourné, comme s’il commandait une troupe nombreuse :

- Tous, baïonnette au canon ! Par ici !

 Dans la foulée, ils trouvent un premier officier qui était en train de se raser. Ecoutons encore Vincent Moulia :

- Il s’est rendu. Il montrait sa photo de famille : "Trois enfants, ne me tuez pas !" Puis sept autres officiers qui s’étaient réunis pour manger un beau gâteau et boire du vin blanc. Ils se sont rendus à leur tour. Quand on est rentrés avec nos prisonniers, le capitaine m’a dit : "Moulia, vous avez accompli une action d’éclat."

 Bon, j’avais accompli une action d’éclat. Mais, Bachacou et moi, on est retournés à la casemate boche, on a bouffé le gâteau et on a bu le vin blanc !

Le lendemain, le caporal Vincent Moulia est décoré de la croix de guerre sur le champ de bataille.

 L’offensive Nivelle continue. Une défaite écrasante. Les assauts ont pourtant continué. Sans résultat.

 L’hécatombe prend des proportions effrayantes. Nivelle va-t-il faire massacrer toute l’armée française ?

Le climat est créé pour les mutineries. nous y voilà.

 Les soldats sont désabusés. Certains renoncent. Une seule idée peut les consoler, les réconforter : l’espoir d’un cantonnement tranquille où l’on puisse dormir, se laver, manger à sa faim.

 Or, le 20, l’ordre arrive de remonter en ligne. Bien mieux, à 15 heures, le colonel fait savoir que les hommes ne conserveront qu’un équipement léger et laisseront leurs sacs. Pas un soldat qui ne sache ce que cela veut dire : le régiment va attaquer. Ils remettaient ça !

 En un instant, les protestation fusent, les hommes rompent les rangs.

 Effarés, les officiers. Le général de Cadoudal déboule. Il mêle abilement exhortations et menaces. Le 128ème régiment retrouve son calme.

 Mais un groupe d’hommes refuse de marcher : cinquante-cinq environ. Ils passent la nuit sous la surveillance des gendarmes.

 Au matin - la nuit porte conseil - ils se résignent à rejoindre leur régiment. La mutinerie avorte. Mais comme dit Mamie, ce qui est grave, c’est qu’elle ait pu commencer.

 A la veille de remonter en ligne, des éléments des 109ème, 111ème, 258ème et 298ème R.I manifestent avec violence. Les hommes se forment en cortège, chantent L’Internationale, crient :

- On ne marchera pas ! Permission ! Permission ! 

 On croise un médecin militaire dont la dureté est connue : on l’entoure, on l’insulte, on le frappe.

 Trois gendarmes essaient de le dégager, revolver au poing. Ils sont maîtrisés, assommés, traînés au pied d’un arbre et pendus

 Au milieu de cette tempête, comment le régiment de Vincent Moulia aurait-il pu rester à l’écart du mouvement ?

 La bataillon a maugréé puis c’est parti en vrille. Les officiers ont parlé de permissions. On a même dit : 25% de permissions. Pas mal, 25%. Un peu plus tard, on a su que le pourcentage tombait à 13 et même à 9%. l’amertume a grandi. Pas de doute : l’insuffisance des permissions a été pour beaucoup dans les mutineries.

 Le 27 mai, on a fêté la Pentecôte au café du village. Dans la journée, le bruit a commencé à courir que la 162ème refusait de marcher et que le 18ème allait monter en ligne à sa place. Dans ces sortes d’affaires, les choses vont vite. Voilà les hommes dans la rue, furieux, criant que ça ne se passerait pas comme ça.

"La pagaille", raconte Mamie.

 Elle se souvient que des civils marchaient avec les militaires. Et des femmes aussi. Bientôt c’est tout un village qui est en état d’insurrection.

 Et Vincent Moulia ? Que fait-il ? Que dit-il ? Que pense-t-il ? Tout cela ne lui plaît pas.

 Il continue à penser que la discipline fait la force principale des armées. Remonter en ligne, il n’en a pas plus envie que les copains. Il a souffert autant qu’eux. Quand même on nous l’a imposé cette guerre et on va pas laisser le kaiser aller parader à Paris. Alors, non, Vincent Moulia n’est pas d’accord. Il n’a pas défilé, il n’a pas participé à la révolte.

 Pourtant, le lendemain, il sera fait prisonnier. Le surlendemain, le général Paquette s’approche de lui :

- Caporal Moulia, je vous ai cité. Vous avez souillé votre drapeau. Vous avez déshonoré votre patrie. Je vous plains.

Ahuri, Moulia. Naturellement, on ne lui donne pas l’occasion de s’expliquer.

 

 Pour succéder à Nivelle, définitivement disqualifié, le gouvernement a désigné le général Pétain.

 Pour le nouveau commandant en chef, une double tâche : rétablir la situation militaire et mettre fin à la crise du moral. Pétain juge que "le mal est profond" mais qu’"il n’est pas sans remède".

- Il faut faire des exemples dans les régiments qui se sont mutinés et renoncer au droit de grâce pour les condamnations à la peine capitale dans tous les cas de désobéissance collective.

 C’est sur ces bases que va commencer la répression. Il faut qu’elle soit sévère pour être limitée. Parallèlement, il améliorera le rythme des permissions, la rotation des régiments en ligne, le confort des cantonnements à l’arrière, l’ordinaire, etc.

 Donc, l’état-major doit sévir. Là commence la difficulté. Pratiquement, tout le régiment de Maizy s’est mutiné. On ne peut quand même pas traduire un régiment tout entier devant un Conseil de guerre. Douze feront un bon compte. Reste à savoir comment on les choisira. Quelqu’un trouve : il n’y a qu’à rechercher ceux qui ont le plus de jours de prison.

 On dresse la liste. Le dernier nom est celui du caporal Crouau. Tout le monde est d’accord : il faut un caporal. Malheureusement, Cruau prouve qu’il n’était pas là au moment de la mutinerie. On raye le nom de Cruau et on le remplace par celui de Moulia.

 Un autre caporal.  

 

La grande guerre :

Mamie et les poilus

Mamie et la mutinerie

Mamie et le condamné pour l'exemple

Partager cet article
Repost0
Published by Régis IGLESIAS - dans Mamie explore le temps
7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 23:48

ii3t3hnb"Vincent Moulia, condamné pour l'exemple.


Le 7 juin, à Maizy, à la place d'un autre, Moulia comparaît devant le Conseil de guerre. 

Identité, nom, prénoms, matricule...

- Caporal Moulia Vincent, mon colonel.

Le commandant Robert dépose :

- Je n'ai que des éloges à faire du caporal Moulia.

¨Plusieurs officiers confirment :

- Aux combats les plus violents, Moulia a toujours su encourager les siens.

Intérieurement, Moulia jubile : "Ça va bien."

 Paraît le capitaine Lasserre, Moulia serre les poings. Qu'est-ce qu'il va encore raconter celui-là ? Au vrai, le capitaine paraît mal à l'aise. Il va pourtant vouloir le défendre.

 L'attaque viendra de quelqu'un d'autre, une personne dont ma Mamie a préféré taire le nom et qui a dit : "Moulia, avec toute votre bravoure et vos décorations, vous auriez dû montrer l'exemple et ramener vos camarades dans le droit chemin. Vous ne l'avez pas fait, vous êtes coupable et méritez le poteau d'exécution."

  "Verdict du Conseil de guerre : cinq condamnés à mort, travaux forcés pour les autres. Vous les cinq condamnés, fûtent conduits sous le préau de l'école. Une nouvelle scène déchirante devait se produire, le plus jeune d'entre vous tomba en syncope.

 Est-ce que je me trompe en disant que c'est bien vous, Moulia, qui, en le relevant, l'avez pris dans vos bras, lui parlant ou l'embrassant ? Je ne sais plus, car à ce moment, tous les yeux de mes camarades et de moi-même se noyèrent de larmes en faisant demi-tour pour ne plus voir. Quelle affreuse tristesse !"

 Il a fait ce qu'il a pu, le lieutenant Vivien. "Mais il n'y avait rien à faire, dira plus tard Moulia. Le verdict était fixé d'avance. Il en fallez cinq, vous comprenez. On appelez ça condamner pour l'exemple. Et j'étais dans le lot."

 Après le jugement, on a conduit les cinq condamnés à la ferme Duchainay. On les a poussés dans l'une des réserves à betteraves.

 De là, Mounia va s'évader.

 Quand la sentinelle s'en rends compte, il court à travers la prairie. On lui tire dessus. Il n'en court que plus vite.

 Dans la nuit, il n'aperçoit que le haut grillage qui, au fond du pré, forme clôture. Littéralement, il s'écrase sur ce grillage. Il rebondit, "comme un ballon", se souviendra-t-il. Il prend son élan. Un bon comme il n'en accomplira plus jamais. Il est passé.

- Jamais je n'ai sauté si haut, dira-t-il.

 Il pourrait ajouter qu'il n'a jamais couru aussi vite. Il contourne le village. Il y a là un pont, non gardé. Il le franchit.Toute cette course, il l'a faite en chaussettes, se meurtrissant les pieds.

 Il n'a pas le temps de sentir la douleur. Au-delà, il le sait, c'est l'Aisne. Le pont est gardé. Et il sent les autres à ses troupes.

 Entre le canal et l'Aisne, dans une sorte de marécage, poussent des roseaux. Il s'enfonce dans l'eau, se glisse au milieu, s'accroupit. Il entend arriver la patrouille. En courant, les hommes passent devant lui. Ni vu, ni connu, Vincent Moulia.

 L'aube. Soudain, une salve, au loin. Puis deux autres. Une immense tristesse. Une lassitude extrême. Ils y sont passés, les copains. Mais pourquoi trois détonations seulement ? Moulia saura plus tard que Cordonnier a été gracié au dernier moment.

 Comment se tirer de là ? Impossible de partir avant la nuit. A midi, Moulia a tellement faim qu'il mange une touffe de roseaux. Puis de l'oseille. Une nuit encore puis une deuxième. Pas de lune. Pas d'étoiles. Aux deux extrémités du pont, les sentinelles veillent sur chaque côté, dans leurs guérites.

 Il s'approche. Incroyable : elle ronfle, la première sentinelle. Moulia passe. Arrivé à la moitié du pont, il aperçoit l'autre guérite, où brûle une bougie.

 Il a prévu que si cette sentinelle-là tirait, il s'enfuirait en zigzag. Non ! Ce n'est pas vrai ? La seconde sentinelle dort aussi ! Ça y est Moulia est passé.

 Sa première étape le conduira à Pargnan. Mamie y est allée. Pargnan est un des plus jolies villages qu'elle a vu. Il domine la vallée. Elle a cherché à s'imaginer Moulia, arrivant en pleine nuit, les pieds en sang, vêtu seulement d'une chemise et d'un pantalon, et venant frappé chez des gens qu'il connaît, les Charpentiers.

 Une femme lui ouvre. C'est Mme Charpentier. Elle le reconnaît et l'embrasse. Elle va cacher Moulia après l'avoir nourri. Il devra partir le lendemain. A Pargan, il y a beaucoup de soldats. Tout le pays parle de son évasion. C'est trop dangereux.

 Où aller ? Pourquoi pas à Paris ? Moulia a une tante, concierge avenue de Breteuil. Seulement, il faut encore franchir le canal de l'Oise et de l'Aisne. Cette fois, les sentinelles ne dormiront pas. Devant Moulia, un camion, puis deux, puis trois. Ils reviennent du front et sont vides. La solution, la voilà. Moulia saute dans un camion. Le Camion franchit le pont. Tout va bien.

 Quand il arrive à Paris, il crève de faim. Il va chez sa tante mais celle-ci a disparu. S'il n'a plus de tante, qu'est-ce qu'il va devenir, Moulia ? Il ne connaît qu'un seul pays, le sien. Dans les Landes, il est sûr qu'on l'aidera.

 Quand il arrive chez sa mère, il frappe à la porte. La mère Moulia croit qu'il s'agit de son autre fils, Joseph :

- C'est toi, Joseph ?

- Oui, c'est moi.

 La mère Moulia a ouvert la porte. Elle a regardé ce garçon qui attend, dans l'ombre. Ce n'est pas Joseph. C'est Vincent. Alors, elle tombe, comme une masse, sur le carreau.

 Bien sûr, la mère Moulia a caché son fils. Trop heureuse qu'il soit vivant. Cela dure des semaines. Souvent, à la nuit tombé, Berthe vient retrouver son Vincent. Des voisins la voient. Certains commencent à chuchoter.

 Décidément, le village, c'est trop dangereux. Vincent va s'installer dans les bois. Il se construit une cabane, se fabrique des meubles, s'installe un jardin potager, un lavoir. Jamais peut-être un proscrit n'a connu au fond des bois autant de confort. Mais un beau jour, quelqu'un le surprend. A son air Moulia sait tout de suite que l'autre va le dénoncer.

 Il avertit Berthe qui, sur le champ, court prévenir l'abbé Verdier. Le curé n'hésite pas. Il faut que Moulia parte pour l'Espagne. C'est lui, le bon curé qui a arrangé ça. Le mois de mai 1918 se termine. Un an plus tôt, exactement, avait lieu la mutinerie de Maizy.

 Vincent Moulia a refait sa vie en Espagne, à San Sebastien. Berthe l'a rejoint, suivie de l'abbé Verdier qui a tenu à ce que personne d'autre que lui ne les marie. Les Moulia ont eu des enfants. Le travail ne manquait pas. Pourtant, ils n'oubliaient pas le pays.

 Souvent, Vincent parlait de son histoire. Avoir été traité de mutin, lui ! Avoir été condamné à mort à la place d'un autre ! Il trouvait ça trop injuste. Les années passaient, et il ne s'y faisait pas.

 En 1933, le Parlement français a voté l'amnistie pour les condamnés de la guerre 14-18. A Nassiet, on les a bien accueillis. Un voisin, rencontrant Moulia, lui a dit simplement :

- C'est moche la guerre, hein, Moulia ?

D'une voix étranglée, il a répondu :

- Oui, c'est moche, la guerre.

 

 

La grande guerre :

Mamie et les poilus

Mamie et la mutinerie

Mamie et le condamné pour l'exemple 

Partager cet article
Repost0
Published by Régis IGLESIAS - dans Mamie explore le temps
7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 18:34

78dd059a"28 juin 1914,


 Un soleil éclatant, une foule pressée, avide, qui se bouscule pour mieux apercevoir la longue voiture découverte de l'archiduc François-Ferdinand, héritier présomptif de l'empire austro-hongrois. Soudain des coups de feu jaillissent de cette foule. L'archiduc, dans sa belle automobile, s'effondre. Assassiné.

  L'acte d'un fou ?

 Sur l'instant, le 28 juin 1914, on a pu le croire. Or les coups de feu de Sarajevo vont se trouver à l'origine de l'une des plus effroyables tragédies de tous les temps. C'est de la première guerre mondiale que notre destin est issu. Sans elle et les conditions qu'elle a créées, l'Histoire n'aurait pas changé de visage. Hitler et Staline n'auraient jamais conquis le pouvoir.

 Tout cela parce qu'un patriote bosniaque a tiré sur un archiduc.

 En 1914 régnait sur l'Autriche-Hongrie un empereur de 84 ans, François-Joseph. Ce long, trop long règne, avait été semé de drames familiaux dont l'accumulation ne peut, aujourd'hui encore, que nous troubler.

 Son frère Maximilien avait été fusillé au Mexique. A l'annonce de sa mort, Charlotte, sa femme, avait perdu la raison.

 Le fils unique de l'empereur, Rodolphe, s'était donné la mort à Mayerling. La belle-soeur de François-Joseph, duchesse d'Alençon, avait été brûlée vive dans l'incendie du Bazar de la Charité. Son épouse, Elisabeth - Sissi - avait péri sous le poignard d'un assassin. Son neveu, Louis II de Bavière était devenu fou. Et lui - lui seul, l'empereur - survivait.

 Depuis  1896, l'archiduc François-Ferdinand était l'héritier du trône. A vrai dire, on n'avait guère préparé ce neveu à une telle éventualité : il avait si peu de chance d'acéder au trône !

 Il était grand, ford, lourd d'aspect, avec des cheveux foncés, d'épaisses moustaches et des yeux plus gris que bleus. Il parlait peu et riait moins encore.

A trente ans, on le citait comme un célibataire endurci.

 En 1895, alors qu'on avait détecté chez lui une liaison tuberculeuse assez étendue, il s'était enfin décidé à prendre femme : la princesse Mary, fille aimée du futur Edouard VII d'Angleterre.

 Pour l'héritier d'un trône impérial, un tel mariage était logique. Or, la même année, à un bal, François-Ferdinand avait rencontré Sophie Chotek - et tout avait changé. 

 Qui était cette Sophie ? Elle faisait partie de la petite aristocratie tchèque, ayant le malheur d'appartenir à une famille ruinée, elle avait sollicitée - et obtenue - le poste de dame d'honneur de l'archiduchesse Isabelle.

 Grande, un peu forte, non sans charme - de beaux yeux gris et un teint que beaucoup de femmes auraient pu lui envier -, elle avait 27 ans et se résignait à rester vieille fille. Qui aurait pu jeter le moindre regard sur une fille pauvre et reléguée dans une condition parfaitement subalterne ?

 Dame d'honneur, cela voulait dire femme de charge. Ni plus, ni moins.

 Alors l'inattendu arriva. L'archiduc François-Ferdinand s'éprit de Sophie.

 On le vit de plus en plus chez Isabelle. Celle-ci croyait que son cousin était tombé amoureux de l'une de ses filles et s'en réjouissait. Un jour de 1898, l'archiduchesse aperçut chez elle la montre qu'avait oubliée François-Ferdinand. Elle ouvrit le boîtier. Elle n'y découvrit pas, comme elle l'espérait, la photo de sa fille aînée, mais celle de Sophie Chotek.

 Courroucée, Isabelle congédia la dame d'honneur.

 Mais François-Ferdinand s'obstinait. Finalement, François-Josephe accepta le mariage. En 1900, François-Ferdinand épousa la femme qu'il aimait depuis cinq ans. Elle avait trente-deux ans, lui trente-sept.

 Seulement voilà, la pauvre Sophie va se heurter à chaque instant aux règles du protocole.

 Elle est l'épouse de l'héritier du trône, la mère de ses enfants, mais par elle-même elle n'est rien. Le rang qu'on lui assigne dans les cérémonies officielles est toujours humiliant. Sans cesse, elle se sent offensée, voire insultée. A cepoint qu'elle renoncera à paraître à la cour. Une telle situation aurait pu distendre les liens qui unissaient François-Ferdinand et Sophie. Le contraire se produisit.

 Le pape Pie X disait en souriant : "L'archiduc ne voit que par les yeux de sa femme."

 En politique, François-Ferdinand répète sans se lasser qu'il déteste le libéralisme, la franc-maçonnerie et les juifs. l'un de ses meilleurs amis n'est autre que le maire de Vienne, Karl Lueger, lequel proclame volontiers qu'il faut embarquer tous les juifs sur un immense bateau que l'on coulera en haute mer.

 On comprend assez bien que, plus tard, un certain Adolf Hitler ait pu déclarer que Lueger avait été "le plus grand maire allemand de tous les temps".

 En 1913, François-Ferdinand devient inspecteur général des Forces-Armées. Qui s'étonnerait qu'il ait pris sa tâche extrêmement au sérieux ? En ce temps-là, l'archiduc se révèle en conflit avec tout le monde : avec François-Joseph, avec les archiducs, avec le gouvernement, avec la cour. Aussi avec les magyars et les groupes nationaux des Slaves du Sud.

Voilà prononcée l'expression clé.

 S'il n'avait pas existé de Slaves du Sud et, à leur propos, un problème aigu, nul n'aurait tiré de coups de feu à Sarajevo.

 Pour tenter de comprendre ce problème, il nous faut quitter l'archiduc et mettre nos pas dans ceux de l'homme qui deviendra son assassin, Gavrilo Princip. Car ce Princip est originaire de Bosnie.

La Bosnie ? Qui est capable de la situer sur une carte ?

 Pour les écoliers et les lycéens, la question balkanique s'est toujours révélée un casse-tête quasiment insoluble.

 Il faut savoir qu'il existait un royaume en Serbie. Que l'on avait sacré un empereur des Serbes et des Grecs. La Bosnie formait également un royaume. Après quoi les Turcs avaient occupé les balkans.  Plus tard, la Serbie a conquis son indépendance.

 Comment les Bosniaques, toujours asservis, n'auraient-ils pas regardé vers elle avec envie ? C'était le cas des Princip. Ils avaient dû se réfugier en Autriche-Hongrie, suite à la répression des Turcs et avaient reconstruit leur maison. Un fils leur était venu en 1894. Né le jour de la Saint-Gabriel, on l'avait appelé Gavrilo.

 Un enfant sérieux, ce Gavrilo, mais bagarreur.

 Il quitte la vallée pour entrer à l'Ecole de commerce de Sarajevo. L'été, il travaille aux champs. Il est tout petit - ce qui fait naître chez lui un évident complexe -, mince avec des épaules étroites, une tête toute ronde et des yeux tristes. Il adore la lecture. Ses professeurs le notent comme très sensible, voire instable.

 En 1911, il devient révolutionnaire et adhère à un groupe secret de jeunes Bosniaques.

 Mais que sont ces jeunes  Bosniaques ? Avant tout des intellectuels qui ont résolu de consacrer tous leurs efforts à libérer la Bosnie des Autrichiens. Car l'occupant haï, maintenant, c'est l'Autrichien. Et les Austro-Hongrois ne valent pas mieux que les Turcs. Un sentiment unanime s'est levé la grève des ouvriers et la révolte paysanne : il faut libérer le peuple bosniaque du joug de l'Autriche. jeunes et vieux partagent cette volonté. Avec une différence toutefois : les vieux tiennent à user de moyens légaux. Les jeunes sont prêts s'il le faut à utiliser la violence.

 Gavrilo Princip est jeune.

 Le meilleur ami de Gavrilo s'appelle Danilo Ilitch, un instituteur. Comme Danilo est membre des Jeunes Bosniaques, Princip a suivi son exemple. Au printemps de 1912, Princip se lance dans des manifestations véhémentes organisées contre les autorités de Sarajevo. on le renvoie du lycée.

 Ce jour-là, son destin est scellé.

Il décide de gagner Belgrade. A pied.

 Belgrade, pour lui, c'est la liberté. Il voit cette ville comme la capitale de la future Yougoslavie qui regroupera un jour les Croates, les Bosniaques, les Serbes. Un signe : quand Princip traverse la frontière, il embrasse la terre de Serbie.

 A Belgrade, il végète. Il a faim.

 Il rate ses examens et sollicite son engagement dans l'armée qui part en guerre contre la Turquie. Il est refusé à cause de sa petite taille. Encore ces centimètres qui lui manquent si cruellement !

 Il en souffre de plus en plus. L'idée peu à peu s'impose à lui d'entreprendre un jour quelque chose d'héroïque pour montrer aux autres qu'il est leur égal, sinon par la taille, du moins par le courage. 

 Au même moment, la Main noire décide de passer à l'action. A cet égard, le sceau de la Main noire apparaît éloquent : il représente une tête de mort au-dessus d'os croisés, flanquée d'un poignard, d'une bombe et d'une fiole de poison.

 Le plus zèlé animateur de la Main noire, c'est le colonel Dimitriévitch. Un dur à cuire.

 Princip a-t-il prêté le serment de la main noire ? C'est loin d'être sûr. Il semble plutôt avoir adhéré à une autre société secrète : La mort ou la Vie. Un de ses amis a même évoqué le serment que Princip avait prêté au fond d'une cave. Princip nourrit l'idée de mettre à mort un Habsbourg.

 Nous y sommes.

 Il retrouve d'abord Chabrinovitch et lui révèle qu'il est décidé à tuer l'archiduc. Comme il leur est apparu nécessaire de recruter un troisième homme, Princip s'adresse à Grabez, bosniaque lui aussi. Et Grabez accepte.

 Le 4 juin, les trois conjurés se retrouvent à Sarajevo, armés jusqu'aux dents. Alors, Chabrinovitch révèle que François-Ferdinand sera dans la ville le 28 juin.

 Le choix de cette date est à lui seul une provocation : le 28 juin, c'est l'anniversaire de l'assassinat à Kosovo du sultan Mourad par Obilitch. C'est très exactement comme si, en 1917, le roi d'Angleterre s'était rendu à Dublin le jour de la Saint-Patrick.

 François-Ferdinand le sait-il ? Assurément. Les avertissements lui sont venus de tous côtés. Mais l'archiduc est brave. Et aussi fataliste. Deux mois avant sa mort, il a déclaré :

- Des précautions ? Je n'en ai que faire. Nous sommes partout dans la main de Dieu.

 Les craintes et les précautions paralysent la vie d'un homme. La peur est toujours dangereuse. 

 Le jour J, les meurtriers, eux, sont prêts. C'est entre une véritable haie d'assassins que l'archiduc va défiler. En voyant approcher la voiture, le premier volontaire hésite car il aperçoit tout à coup un gendarme qui s'est planté derrière lui.

 Sauvé, l'archiduc ! Le second hésite lui aussi ; on ne lui a pas dit que la duchesse serait là. A-t-il le droit de tuer une femme ? Sauvé une seconde fois, l'archiduc ! Personne n'a tiré, personne n'a lancé sa bombe. l'un des volontaires dira :

- Au dernier moment, je n'ai pas pu.

 Princip a raté son coup.

 Quelques heures plus tard, le cortège quitte l'hôtel de ville. Brutalement, le chauffeur freine. Il arrête la voiture en face d'une boucherie, près du trottoir où une petite foule est encore amassée. Or, dans cette foule, il y a Princip. Il s'avance puis appuie sur la détente.

 La duchesse a été frappée d'une balle qui a pénétré dans son côté droit. Quant à l'archiduc, la balle a tranché la veine jugulaire, pour aller se loger dans la colonne vertébrale.

 Et Princip ? La foule furieuse s'est ruée sur lui, l'a rossé, jeté à terre, piétiné. Des policiers l'ont frappé à coup de sabre. Il est blessé - grièvement. Il perd son sang en abondance. Ceux qui l'entourent sont persuadés qu'il ne survivra pas.

 Ils se trompent.

 Tous les conjurés - sauf un - seront arrêtés. Princip, Chabrinovitch et Grabez n'ont pas vingt ans. A cause de leur âge, ils ne seront condamnés qu'à vingt ans de prison.

 Cinq de leurs complices, en revanche, sont promis à la pendaison. C'est dans une forteresse que l'on va jeter Princip, Chabrinovitch et Grabez. Ils sont chargés de chaînes, ils subissent un froid intense, on les nourrit à peine. Chabrinovitch mourra le premier en 1916. Deux ans plus tard, Grabez et Princip, rongés par la tuberculose, le suivront dans la tombe.

 Quand, dans l'Europe nouvelle, la Yougoslavie sera constituée - le rêve de leur vie - on cherchera leurs corps, on les retrouvera et, célébrés comme des héros de l'unité nationale, on les inhumera en grande pompe.

 Aujourd'hui encore, à Sarajevo, une dalle incluse dans le trottoir, là même où se tenait Princip quand il a tiré, porte, gravées dans le granit, les empreintes des chaussures de l'assassin. Une plaque évoque les circonstances de l'attentat.

  Certes, ils ont réussis. Mais comme dit Mamie, à quel prix ?

 Aussitôt qu'elle a connu l'évènement, l'Autriche a adressé un ultimatum à la Serbie. La Serbie est entrée en guerre. Et puis s'est engagé le jeu des alliances : la Russie contre l'Autriche, l'Allemagne contre la Russie, la France et l'Angleterre contre l'Autriche et l'Allemagne.

 Vont en découler quatre années de guerre. Et d'abominables souffrances.

 La conséquence la plus directe de l'attentat de Princip, Grabez, Chabrinovitch et Ilitch ?

Dix millions de morts.

 

Collection "Mamie explore le temps"

Partager cet article
Repost0
Published by Régis IGLESIAS - dans Mamie explore le temps
6 avril 2010 2 06 /04 /avril /2010 08:30

4918ed2d"Vie et mort d'un pharaon.


 Le 26 novembre 1922, trois hommes et une jeune fille, au comble de l'émotion, contemplent une porte fermée par plusieurs sceaux. Pour ces archéologues rompus à la connaissance de l'Egypte ancienne, aucun doute ne peut exister : ce sont ceux d'un pharaon de la XIII ème dynastie.

  Son nom ? Tout Ankh Amon.

  Bientôt l'annonce de la plus prodigieuse découverte archéologique du XXème siècle va courir le monde. On apprendra que Lord Carnarvon, un mécène britannique, et Howard Carter, un archéologue, ont, dans la vallée des Rois, exhumé un trésor dont il n'existe aucun exemple.

 Certes, jusque-là, on a retrouvé un grand nombre de sépultures de pharaons : presque toutes, elles avaient été pillées et vidées de leur contenu.

  La tombe de Tout Ankh Amon, elle, est intacte.

 

 A la mi-mars 1923, lord Carnarvon fut piqué par un moustique. Très vite la fièvre monta. Son état s'aggravait de jour en jour. Par télégraphe, on fit appeler son fils, lord Porchester. Quand il arriva, on lui annonça que son père était perdu. En toute lucidité, celui-ci avait dit :

- C'est fini. J'ai entendu l'appel et je me prépare.

On révéla aussi à lord Porchester que, lors de l'entrée dans la tombe, un fellah avait prédit :

- Ces hommes vont découvrir de l'or mais aussi la mort.

 Lord Carnarvon rendit l'âme le 5 avril, à 1 h 55 du matin.

 A ce moment précis, les lumières de l'hôtel s'éteignirent. On eut beau s'acharner sur les fusibles, sur le compteur, rien n'y fit.

 Le lendemain, on apprenait que la panne n'avait pas affecté seulement l'hôtel mais toutes les lumières du Caire.

 Une enquête approfondie ne permit pas de découvrir d'explication technique à cette défaillance.

  Ce n'est pas tout. Lord Carnarvon possédait un chien qui lui était très attaché. L'animal était resté en Angleterre. A l'heure même où mourait son maître, le chien se mit à hurler.

 Un instant plus tard, il tombait foudroyé.

 Les deux évènements ont été rapportés par Lord Porchester à Mme Christiane Desroches-Noblecourt. Celle-ci les donne comme authentiques.

 Ce n'était qu'un début.

 Le conservateur en chef du département des Antiquités égyptiennes au musée du Louvre, Georges Bénédite, ayant à son tour visité la tombe de Tout Ankh Amon, allait succomber peu après.

 Artur C. Mace, conservateur adjoint du département des Antiquités égyptiennes du Metropolitan Museum of Art de New-York, le suivit rapidement dans la tombe.

 Six moix après la mort de lord Carnarvon, on annonça celle de son frère.

 Puis celle de l'infirmière qui l'avait soigné.

 De décès en décès, on en vint à une liste de vingt-sept morts mystérieuses.


 Conan Doyle parla le premier de la malédiction du pharaon. La formule devait faire fortune.

 Hasard ? Coïncidence ? Réelle malédiction ? Ma Mamie a voulu en avoir le coeur net.

 La première fois qu'elle s'est rendue en Egypte, elle a ressenti le même choc qu'ont éprouvé des millions de visiteurs.

 Le Nil, d'abord, le Nil en majesté où glissent des felouques de pêcheurs toutes semblables à celles dont le vent gonflait la voile au temps de Ramsès II. Lorsqu'elle a quitté le Nil pour s'enfoncer vers la vallée des Rois, ce qui l'a frappé d'abord, c'est la totale modification du paysage.

 Le vert cru des champs et le vert sombre des palmeraies disparaît. Il n'y a plus ici que sable et roc, aridité et solitude. Nous sommes dans cette vallée où, depuis Thoutmôsis Ier, tant de pharaons puissants ont cherché l'oubli.

 

Déjà, ma Mami savait qu'elle n'était pas au bout de ses surprises...


 

Tout Ankh Amon : découverte d'un trésor

Mamie et les cigares du pharaon

Mamie, l'archéologue !

Howard Carter et le conte de Carnarvon

Tout Ankh Amon

Partager cet article
Repost0
Published by Régis IGLESIAS - dans Mamie explore le temps
6 avril 2010 2 06 /04 /avril /2010 08:15

63645c78"Les tombeaux.


 Les premiers rois d'Egypte avaient voulu protéger leur sépulture en la recouvrant de pyramides. Erreur : c'était la désigner aux voleurs qui accoururent en foule.

 Les tombeaux édifiés près des temples n'eurent pas un sort meilleur. C'est alors que Thoutmôsis Ier chercha un site désert, si ingrat que nul ne songerait à le visiter. Ainsi fut creusé dans le roc un tombeau sans nulle ostentation apparente. Ses successeurs l'imitèrent. 

  Pour les tombes de ces morts illustrent, une règle d'or : surtout, rien à l'extérieur qui attirât l'attention.

 En revanche, une fois la porte franchie, que des merveilles ! Ce qu'il y a de plus rare, de plus riche, de plus éclatant. Les peintres les plus talentueux ornaient les murs de fresques admirables. Des sculpteurs renommés fondaient dans l'or l'effigie du disparu.

 On usait des matériaux les plus précieux parmi lesquels l'or surabondait aussi bien que des joyaux de toute provenance.

 L'essentiel, pour tous ces Égyptiens, était que l'on ne vînt pas violer leur sépulture. Ni qu'on leur ôtât les objets nécessaires à leur voyage pour l'éternité. Et nul n'ignorait l'existence des trésors que l'on enfermait avec leur dépouille.

 On savait que rien n'arrêterait les voleurs. Alors, on multipliait les précautions. On choisissait un lieu prétendu inaccessible. On dissimulait l'entrée de la tombe. On creusait des couloirs dissuasifs qui ne conduisaient nulle part. Las ! presque toujours, la tombe était violée peu de temps après qu'elle eut été refermée.

 Il suffisait de quelques années, voire de quelques mois, mêmes de quelques jours !  La subtilité, l'ingéniosité des voleurs dépassaient toute imagination.

 Quelque précaution que l'on prît, ils en venaient à bout. Ce qui les intéressait en premier chef, on s'en doute, c'était l'or.

 Ainsi en fut-il pendant des siècles et pendant des millénaires. Des dynasties naquirent et s'éteignirent. Trois cent cinquante pharaons se succédèrent. L'Egypte devint grecque, romaine, arabe et les voleurs continuaient leur pillage. Chercher des tombes - et les découvrir - demeure une industrie traditionnelle autant que rémunératrice.

 Après la redécouverte de l'Egypte par l'expédition de Bonaparte et les géniales découvertes de Champollion, naquit une véritable égyptomanie.

 Tous les musées d'Europe et d'Amérique recherchèrent des objets égyptiens. Des centaines de collectionneurs à travers le monde les convoitèrent aussi. Les pillards redoublèrent d'activité. Pour un peu on les eût reconnus d'utilité publique.

 Vint heureusement le temps où les archéologues prirent la relève des voleurs. Ils commencèrent à accourir, bataillons toujours plus serrés, au cours du XIX ème siècle. Cette irruption se mua ensuite en évasion. Ils venaient surtout d'Angleterre et de France, riches ou pauvres.

 L'archéologie est une passion. On peut l'assimiler à la fièvre que fait naître le jeu chez certains. L'archéologue découvrira quelquefois des trésors d'une valeur immense, mais ce n'est pas la valeur marchande de ces objets qui le fascinera. Il ressentira, dans la seule découverte, une ivresse qui le payera de tout.

 Ces archéologues étaient loin d'être tous des professionnels. Disons même que, parmi eux, l'amateurisme dominait. Il faut retenir ce terme.

 Même à notre époque, ce sont des amateurs qui se révèlent souvent à l'origine de découvertes archéologiques capitales. 

 Mais comme dit ma Mamie, dans le mot amateur, il y a le verbe aimer.

 

Tout Ankh Amon : découverte d'un trésor

Mamie et les cigares du pharaon

Mamie, l'archéologue !

Howard Carter et le conte de Carnarvon

Tout Ankh Amon 

Partager cet article
Repost0
Published by Régis IGLESIAS - dans Mamie explore le temps
6 avril 2010 2 06 /04 /avril /2010 08:02

dde3276d"Messieurs rêvent...

 

 Lorsqu'il arriva au Caire, Carter débordait d'enthousiasme. il n'avait que vingt ans. Il eût été incapable d'exhiber le moindre diplôme en archéologie. On reçut donc avec quelque condescendance ce personnage falot.

 Il en débarquait tant, armés comme lui de leurs seules illusions ! Or ce même Howard Carter allait découvrir un jour le tombeau de Tout Ankh Amon.

 

 Il devint - chance extraordinaire -  l'assistant de sir William Flinders Petrie.

 A un témoin peu perspicace, Howard Carter apparaissait comme le plus effacé des collaborateurs de Petrie.

 Paralysé par la timidité, il n'ouvrait la bouche que si on l'en priait à plusieurs reprises.

 Rien ne l'enchantait davantage que de passer inaperçu. Un simple tâcheron ? Quelle erreur !

Bientôt, les hiéroglyphes n'eurent plus de secret pour lui, non plus que la langue des pharaons. Il avait tout appris des méthodes de fouille et des analyses historiques qui devaient en découler. L'autodidacte deviendra alors archéologue officiel. Cela ne dura pas.

 Étant intervenu pour mettre fin à une obscure bagarre au cours de laquelle un voyageur français avait été molesté, Carter se vit exiger des excuses. Il refusa tout net, manifestant déjà ce caractère ombrageux dont le monde entier parlera un jour.

 A regret, Maspéro dut le relever de ses fonctions.

Tristes années que celles qui suivirent.

 Pendant quatre ans, Carter dut, pour survivre, vendre des aquarelles aux touristes, voire se faire guide. Son seul plaisir était de traverser le Nil et d'aller visiter cette vallée des Rois qui, comme Mamie, le fascinait.

 Les pharaons s'étaient fait enterrer dans la vallée des Rois pendant cinq siècles. Cinq siècles ! "Dans toute l'histoire du monde, écrira Carter, il n'est certainement pas un autre coin de terre qui ait à raconter un demi-millénaire plus riche en évènements pittoresques."

 En apparence, toutes les tombes avaient été retrouvées et pillées. Existait-il quelques apparence que l'une d'elles eût échappé à la vigilance des pillards et des archéologues ? C'était bien improbable.

 Carter n'en continuait pas moins de rêver.

 De temps à autre, Maspéro demandait des nouvelles de Carter.

 Il s'attristait de le savoir toujours pauvre et surtout, inutilisé. Un jour il le fit venir dans son bureau. Là, se trouvait un homme distingué. A l'instant, Howard Carter sut qu'il avait affaire au comte de Carnarvon.

 Ce qu'il ne savait pas en revanche, c'est que cette présentation venait de sceller son destin.

 Carnarvon appartenait à l'une des plus notables familles d'Angleterre. A l'âge de vingt-neuf ans, il s'était marié. Lady Carnarvon lui avait donné deux enfants, un fils et une fille.  Dès que l'automobile fit son apparition, il en acquit une.

 Il trouvait cela d'une suprême élégance.

 Un très grave accident vint très vite le détromper. Il en sortit la cage thoracique enfoncée, les jambes cruellement brûlées, les maxillaires facturées et les bras démis. Il resta aveugle pendant un laps de temps qui plongea son entourage dans l'angoisse.

 Sa convalescence s'éternisant dans les brouillards anglais, son médecin lui conseilla d'aller se refaire une santé en Egypte. Il s'embarqua en 1903.

 Comme dit Mamie : lui aussi venait de choisir son destin...

 A peine arrivé, il se prit de passion pour les sites et monuments égyptiens. Il voulut tout savoir de cette civilisation disparue et fascinante. Après trois ans de curiosité un peu désordonnée, il résolut de passer à l'action.

 Il engagea une équipe et pendant des semaines creusa un peu au hasard. Son mérite ? S'être rendu compte qu'il n'arriverait à rien sans l'aide d'un spécialiste. Maspéro lui conseilla Howard Carter.

 Pour Lord Carnarvon, un avis de Maspéro était un ordre. Il obtempéra.

 Ce qui les unissait : la passion de la recherche. Ce qui les opposait : la dépendance où ils aller se trouver l'un de l'autre.

 Carter aurait voulu fouiller seul mais il avait besoin de l'argent de Carnarvon. Le noble lord aurait voulu s'attribuer seul le mérite des découvertes, mais il savait qu'il ne pouvait se passer de la science de Carter.

 Ils fient quelques découvertes. Mais rien de bien méchant.

 Le tombeau d'un certain Teta-Ky avec quelques babioles. Pas grand chose mais la preuve était faite néanmoins de la compétence de Carter.

 Désormais, Carnarvon lui accorda une confiance presque absolue.

 Or la véritable obsession de Carter était la tombe de Tout Ankh Amon...

 

Tout Ankh Amon : découverte d'un trésor

Mamie et les cigares du pharaon

Mamie, l'archéologue !

Howard Carter et le conte de Carnarvon

Tout Ankh Amon 

 

Partager cet article
Repost0
Published by Régis IGLESIAS - dans Mamie explore le temps
17 décembre 2005 6 17 /12 /décembre /2005 00:11

bof.jpg

Partager cet article
Repost0
Published by Régis IGLESIAS - dans Mamie explore le temps
16 décembre 2003 2 16 /12 /décembre /2003 23:52

Signe-Furax.jpg

Partager cet article
Repost0
Published by Régis IGLESIAS - dans Mamie explore le temps

Livre d'or

Première affiche

 

  "MA MAMIE M'A DIT"  

Spectacle nostalgique 

 

"On nous avait promis la magie, promesse tenue : un spectacle plein de féérie de souvenirs où chacun se retrouvait. Une belle énergie. Les résidents ont adoré. Merci." Marie ("La Clairière de Luci" - Bordeaux)
 
"Formidable ! Nous sommes tous remontés dans le temps, nous avons vingt ans, on a ri, on a presque pleuré et surtout on a chanté. Merci." Cathy (Arles)
 
"Un véritable petit chef d'oeuvre" ; "La légion d'honneur pour la créativité" "Un véritable artiste" ; "Après-midi formidable" ; "Absolument parfait" ; "Une rétrospective originale" ; "Un très bon moment d'évasion". Propos recueillis à la résidence Emera d'Angoulême  
 
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux... C'était magnifique. Nous avons revu toute notre jeunesse et notre enfance. Et c'est beau de redevenir jeune dans l'ambiance d'autrefois." Aimée et Janine
 
"Les chansons, les réclames et les anecdotes ont transporté les résidents dans leur enfance. Une après-midi de nostalgie mais aussi de chansons et de rires. Merci encore pour ce magnifique spectacle." Sandrine
 
"Spectacle complet, tellement agréable et thérapeutique pour nos personnes âgées, encore félicitations !" Docteur Souque
 
"Un choix extraordinaire de chansons, des moments magiques, des photos magnifiques, vous nous avez mis de la joie dans le coeur. Et retrouver sa jeunesse avec tous ces souvenirs, ça fait plaisir et j'espère que vous reviendrez nous voir." Mme Lorenzi (Juan-Les-Pins)
 
"Pour ma fête, par un pur hasard je me suis retrouvé dans un club de personnes âgées où j'ai pu assister à votre spectacle sur le passé. Cela m'a rappelé mes grands-parents et mes parents et c'était vraiment un moment magique." Josette, La Roque d'Antheron
 
"Bravo bravo bravo Regis, c'est le meilleur spectacle que j'ai vu depuis que je fais le métier d'animatrice." Bénédicte La Salette-Montval (Marseille)
 
"Je n'imaginais pas lorsque je vous ai accordé un rendez-vous que vous enchanteriez pendant 1 h 1/4 les personnes âgées d'une telle façon. Merci pour votre prestation qui a fait revivre les moments publicitaires, évènementiels et musicaux de leurs vies." Michelle, CCAS de Toulouse
 
"Un super voyage dans le temps pour le plus grand plaisir des résidents. Merci à Régis pour cette magie et à bientôt." Brigitte (Lunel)
 
"Enfin un retour à notre "époque". Quel bonheur, que de souvenirs, quelle belle époque ou l'amitié était de mise. Merci pour cette très belle après-midi, on s'est régalé avec ce très très beau spectacle". Danielle (Mirandol)
 
"Super - divinement bien -  tout le monde était enchanté même que M. Benaben a dit : "Vous nous avez donné l'envie de revivre notre vie"." Sylvie (Sainte Barthe)
 
"Un grand merci pour ce bon moment et je crois, je suis sûre, qu'il a été partagé par mon mari." Mme Delbreil
 
"Une féérie de l'instant." Christian
 
"Beaucoup d'émotion dans ce spectacle plein de chaleur et d'humanité." Sylvie
 
"Une soirée inoubliable. Continuez à nous émerveiller et faites un long chemin." Claude
 
"Le meilleur spectacle que j'ai jamais vu. De loin." Tonton Kiko
 
"C'est bien simple, je n'ai plus de Rimmel !" Claudine (seconde femme de Tonton Kiko)
 
"A ma grande surprise, j'ai versé ma larme. Tu as atteint mon coeur. Bravo pour ces sentiments, ces émotions fortes, j'ai eu des frissons par moment." Ta couse Céline
 
"Redge, encore un bon moment passé en ta présence. On était venu plus pour toi que pour le spectacle, mais quelle agréable surprise ! On est fier de toi, continues d'oser, de vivre !" Pascale
 
"J'avais froid, un peu hagard, l'humeur moribonde et puis voilà, il y a toi avec toute ta générosité, l'intérêt, l'affection que tu as toujours su apporter aux autres, à moi aussi et Dieu sait si tu m'as rendu la vie belle depuis qu'on se connaît comme tu as su le faire une fois de plus." Jérôme
 
"Ce spectacle est nul à chier et je pèse mes mots." Gérard
 
memoria.viva@live.fr

Ma Mamie m'a dit...

Madka Regis 3-copie-1

 

COLLECTION "COMEDIE"

Mamie est sur Tweeter

Mamie n'a jamais été Zlatanée !

Mamie doit travailler plus pour gagner plus

Mamie, tu l'aimes ou tu la quittes

"Casse-toi pauvre Régis !"

Papi a été pris pour un Rom

Mamie est sur Facebook

Papi est sur Meetic

Il y a quelqu'un dans le ventre de Mamie

Mamie n'a pas la grippe A

La petite maison close dans la prairie

 

COLLECTION "THRILLER"

Landru a invité Mamie à la campagne...

Sacco et Vanzetti

Mamie a rendez-vous chez le docteur Petiot

La Gestapo française

Hiroshima

 

COLLECTION "SAGA"

Les Windsor

Mamie et les cigares du pharaon

Champollion, l'homme qui fit parler l'Egypte

Mamie à Tombouctou

 

COLLECTION "LES CHOSES DE MAMIE"

Mamie boit dans un verre Duralex

Le cadeau Bonux

Le bol de chocolat chaud

Super Cocotte

Mamie ne mange que des cachous Lajaunie

 

COLLECTION "COUP DE COEUR"

Mamie la gauloise

Mamie roule en DS

Mamie ne rate jamais un apéro

Mamie et le trésor de Rackham le Rouge

 

COLLECTION "DECOUVERTE"

Mamie va au bal

La fête de la Rosière

Mamie au music-hall

Mamie au Salon de l'auto

 

COLLECTION "SUR LA ROUTE DE MAMIE"

Quand Papi rencontre Mamie

Un Papi et une Mamie

Mamie fait de la résistance

Mamie au cimetière

24 heures dans la vie de Mamie

 

COLLECTION "MAMIE EXPLORE LE TEMPS"

Jaurès

Mamie embarque sur le Potemkine

Mamie et les poilus

Auschwitz

 

COLLECTION "FRISSONS"

Le regard de Guynemer

Mr et Mme Blériot

Lindbergh décroche la timbale

Nobile prend des risques

 

COLLECTION "MAMIE EN BALLADE"

Mamie chez les Bretons

Mamie voulait revoir sa Normandie !

La fouace Normande

La campagne, ça vous gagne...

Mamie à la salle des fêtes

Launaguet

La semaine bleue

Le monastère

 

COLLECTION "MAMIE AU TEMPS DES COURTISANES"

Lola Montès

Les lorettes

Mme M.

Napoléon III

Plonplon

La marquise de Païva

Mme de Pompadour

Générique de fin