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4 juillet 2012 3 04 /07 /juillet /2012 13:16

windsors1.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 Dans ses Mémoires, le duc de Windsor a situé à l’automne de 1931 cette première rencontre avec Wallis Simpson. Dans les siens, la duchesse la date de la fin de l’automne 1930.

 Fragilité du genre : ils ont tort tous les deux. Une lettre de Wallis à sa tante nous livre le jour exact de la rencontre : le samedi 10 janvier.

 Au milieu du grand salon, regardons-les tous les deux.

 David - trente-sept ans - porte un costume de gros tweed quadrillé. Wallis - trente-quatre ans - un ensemble de tweed bleu ardoise. La première surprise de Wallis ? Découvrir un prince plus petit qu’elle ne l’imaginait d’après ses photographies.

 L’élégance d’un Anglais, disait Proust, "réside moins dans les vêtements que dans le corps et le corps semble l’avoir reçue de l’âme".

 David se tient très droit, comme les hommes qui ne veulent pas céder un centimètre de leur taille.

Wallis, elle, ne présente ni l’attrait de la jeunesse, ni celui d’une réelle beauté.

Son instruction laisse même à désirer. Pourtant, elle séduit. Dès qu’on la rencontre, on souhaite la revoir, on la recherche, on l’invite.

 Bientôt l’héritier de la couronne lui-même va prendre  rang parmi ses adulateurs.

Ce que Wallis ne saura que bien plus tard, c’est que le prince de Galles avait été - de son propre aveu - "frappé de la grâce de son maintien et de la dignité naturelle de ses mouvements."

 Comme écrit Wallis dans ses mémoires : Et c’est ainsi que tout commença.

 Wallis aime-t-elle toujours Ernest ? L’a-t-elle jamais aimé ? Le certain est qu’elle se sent toujours bien en sa compagnie : elle n’échappe pas à cette nécessité d’être rassurée, vers quoi elle a couru toute sa vie.

L’anniversaire du prince suit de quatre jours celui de Wallis. Quand ils le découvrent, ils s’en amusent.

Un jour elle l’interroge sur les responsabilités d’un prince héritier, et même sur l’emploi du temps de ses journées. Jamais, au grand jamais, une femme de ses amis ne lui a posé de telles questions. Le duc de Windsor dira : "Malgré le bruit de l’orchestre, je fis mon possible pour le lui expliquer également".

Il ajoute : "Je n’ai jamais oublié cette soirée."

 Elle non plus.

 

Ils ne se quittent plus.

Même en vacances. Wallis e souviendra : "Peut-être est-ce au cours de ces soirées au large de la côte d’Espagne que nous franchîmes cette frontière indéfinissable qui sépare l’amitié de l’amour ? Peut-être au contraire fut-ce un soir où nous flânions sur une plage de Majorque ? Comment une femme pourrait-elle le savoir, et surtout comment pourrait-elle l’affirmer ?" 

 Ici une photographie qui a frappé ma Mamie. Elle a tenu à ce qu’elle figure en haut de l'article. Elle a été prise au téléobjectif sur la plage de Biarritz. Regardez-là : le prince court en riant à la poursuite de Wallis, tout aussi joyeuse que lui.

 Si ce ne sont pas là des gens amoureux... 

 Le lecteur imagine, devant ce prince déjà amoureux, une femme étonnée, touchée mais loin pourtant de partager les sentiments de ce prince.

Une lettre d’Ernest prouve tout autre chose.

 Certains déchirements, certaines souffrances sont éclairant. Wallis a fait plus que vaciller.

 Ernest le sent. Il ne veut pas la perdre. Il lui demande de prier Dieu avec lui afin, après avoir "beaucoup construit", qu’il les aide à ne rien détruire.

 C’est à la fin de 1934 - sans plus de précision - que Leonard Hills, second valet du fort situe une scène que les beaux esprits traiteront peut-être par le mépris.

 L’ayant entendue de sa  bouche, l’histoire a paru sonner juste à ma Mamie.

 Mr Mills est chargé, chaque matin, d’apporter au prince son petit déjeuner. Ce jour-là, un mardi, vers 10 heures, muni d’un plateau sur lequel il a rangé une brioche, une pomme et un jus de fruits, il frappe à la porte de Son Altesse. Il n’attend pas le entrez d’usage car, la plupart du temps, profondément endormi, le prince ne répond pas. Mr Hills entre.

 Il s’aperçoit alors que le lit est vide et - détail qui ne peut échapper à un serviteur zélé - que le couverture n’a pas été défaite.

 Or il sait pertinemment que le prince n’a pas quitté le Fort. C’est donc dans une autre chambre qu’il a passé la nuit. 

Hésitation, dilemme : emporter le plateau ou le laisser ? Il se résout à le laisser près du lit. Faute inexcusable : il s’avoue ainsi le témoin de l’escapade princière.

 Quand il raconta l’épisode  à ma Mamie en 1980, qui demeure un grand évènement de son existence, il s’en montrait encore surpris :

- Pourquoi je n’ai pas été viré, c’est ce que je n’ai jamais compris !

Ma Mamie est ensuite tombée sur une lettre du prince qui ne laisse pas de place au doute :

 "Ma bien-aimée Wallis à moi,

Oh ! ma chérie, combien je vous aime et plus, et plus. C’est si merveilleux de penser à toutes les choses qu’on va faire ensemble quand on va se retrouver. Je veux que vous lisiez que votre très, très a à vous David vous aime et que vous lui manquez."

 

 Mamie est ainsi faite : pour qu’elle soit assurée d’un évènement ou d’un sentiment, il faut qu’elle en lise l’expression écrite, noir sur blanc.

La voici donc satisfaite.

 Dans les archives du duc de Windsor figure également une lettre de Wallis datant plus que probablement de la même époque. Nous pouvons lire :

"Avec tout mon amour et tous mes rêves d’enfant qui sont devenus réalité grâce à vous et j’ose espérer que c’est peut-être la meilleure chose de ce nouvel-an."

Rideau.

 

L'histoire vraie de l'attachement passionné qui unit Edward VIII et Wallis Simpson :

Le Duc de Windsor

Wallis va voir un astrologue

La destinée

L'amour fou

Elle et lui

L'abdication

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4 juillet 2012 3 04 /07 /juillet /2012 13:09

WallisSimpson.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 Que fera-t-elle après son divorce la Wallis ? Elle songe à travailler. Elle raffole de tout ce qui touche à la mode. Elle postule pour un emploi de chroniqueuse dans un journal mais on l’éconduit.

 Elle pense à imiter certaines de ses amies et à devenir vendeuse dans une maison de haute couture. Velléité.

 L’inquiétude, peut-être l’angoisse la gagnent. Elle consulte un astrologue qui lui prédit que "son pouvoir sera considérable et qu’elle deviendra une femme célèbre."

 - Vous vous marierez, vous divorcerez, vous vous remarierez et vous vous trouverez placée en face de graves problèmes sentimentaux. Quant à votre pouvoir, c’est sur un homme que vous l’exercerez.

Bien sûr, elle n’en croit pas un mot.


 Un peu plus tard, Ernest Simpson passe à l’attaque et insiste avec une ferveur qui la touche : épousez-moi Wallis !  Elle hésite. Que produira le mélange du flegme de ce Britannique et de sa pétulance de fille de la Virginie ?

 Malgré tout, elle ne dit pas non. Mais ils sont si différents. Elle, si spontanée, souvent imprévisible, gaie surtout ; lui, prudent, un peu lent, un peu lourd, pompeux pour tout dire.

 Elle va pourtant accepter "en prévision d’une vieillesse paisible".

 Elle va alors se laisser gagner par un sentiment qu’elle s’épuise à chercher depuis sa petite enfance : la sécurité.

 

 Un courtier maritime épouse une Américaine qui ne connaît rien des Anglais.

 Nul en Grande-Bretagne ne porte intérêt à Mr. et Mrs. Simpson, personnages parfaitement obscurs. Trois ans plus tard, Wallis sera devenue la coqueluche de la Society.

 Comment ? Pourquoi ?

Au vrai, ils ont bénéficié d’un enchaînement de circonstances favorables. Leur seconde chance? La soeur aînée d’Ernest, Maud Kerr-Smiley, petite, jolie, séparée de son mari.

 Ici, le lecteur se souvient de ce nom et ne sait plus pourquoi. Vous le saurez plus tard.

 Les Anglaises de ce temps-là se donnent pour devoir d’être le reflet de leur mari et se gardent d’exprimer des opinions tranchées.

 Nous savons, nous, que Wallis a toujours eu son franc-parler.

Avec sa gaieté sûre et seine, elle clame bien haut ses opinions.

 Les hommes, il faut le dire, vont raffoler de cette originalité, étayée par un charme qui, au témoignage de tous, est grand.

 

La mère de Wallis n’avait-elle pas dit à Ernest : 

- N’oubliez jamais que Wallis est une enfant unique et que, comme les explosifs, elle doit être maniée avec précaution.   

Il n’en a cure. Il a enfin trouver l’entente parfaite dans l’amour. Il ne se doute pas qu’une rencontre va bouleverser cette tranquillité. La rencontre avec le prince.

Un week-end en compagnie du prince de Galles ? Voilà qui n’enchante pas Wallis : un énorme rhume l’accable. Et puis, elle ignore tout de la façon de faire une révérence.

 C’est dans un compartiment dans un train, entre les deux banquettes qu’un ami va lui donner la leçon. A Burrough Court, ils sont les premiers arrivés. On les conduit dans le grand salon. Le brouillard a retardé les deux princes. La contrariété de Wallis grandit. Son rhume ne lui laisse pas de répit, elle se sent fiévreuse, le trac la taraude.

 Que diable est-elle venue faire ici ?

 La porte du salon s’ouvre enfin. Thelma paraît avec en compagnie du prince de Galles et du prince Georges.

Wallis se lance dans une première révérence : réussie. Elle ose la deuxième : réussie. Elle respire.

 Alors, elle regarde le prince de Galles.

Bien en face.

 

 

L'histoire vraie de l'attachement passionné qui unit Edward VIII et Wallis Simpson :

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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 14:14

cuba.jpg"Les missiles.


 Le 16 octobre 1962, Kennedy fut averti que les Soviétiques avaient l'intention d'installer des missiles sur le sol cubain : un avion espion avait photographié les rampes de lancement que les Russes construisaient dans la partie occidentale de l'île.

 Toute la stratégie des Soviétiques reposait sur l'hypothèse qu'ils pourraient installer les missiles sans que les Américains puissent les en empêcher.

 Après tout, Kennedy n'était-il pas un jeune président inexpérimenté ?

  L'échec cuisant de la baie des cochons ne devait-il pas l'inciter à la plus grande prudence ? Oserait-il s'opposer à la volonté des Soviétiques au risque de déclencher une guerre nucléaire ?

 Mamie se posait toutes ces questions.

Elle n'était pas la seule.

 

De tous ces jours où se décida le destin du monde, Robert Kennedy laissera un écrit poignant qui ne sera publié qu'après son assassinat. Il avait noté : "Le monde était au bord de l'abîme : la destruction nucléaire et la fin de l'humanité." Son frère John demande à tous ses membres le secret absolu :

- "Pas un mot à vos femmes, pas une allusion à vos secrétaires."

La consigne a été suivie.

Malgré l'extraordinaire pression des médias, rien n'a transpiré.

 

Kennedy veut détruire les missiles. Stevenson confiera qu'il a été "consterné de voir que Kennedy avait songé d'emblée à une attaque aérienne".

 Alors bombardement ou blocus ?

Assis dans son fauteuil à bascule dont la forme apaise parfois ses douleurs dorsales, Kennedy, après avoir écouté Dean Acheson, dira à mi-voix :

- J'ai l'impression que, cette semaine, je vais vraiment mériter mon salaire.

Le général David M. Shoup, qui commande les Marines, se permet alors une exclamation toute militaire :

- Vous êtes dans un sale pétrin, monsieur le président !

Réplique de JFK :

- Vous y êtes avec moi !


 On rit ce qui soulage les nerfs de tout le monde, mais on a encore rien décidé. Ce qui a frappé les acteurs de la crise, c'est le calme du président. Il écoute plus qu'il ne parle. Signe de tension nerveuse plus aiguë qu'à l'accoutumée, il se tapote parfois les dents avec l'ongle de l'index.

 

Chacun attend alors la visite de Gromyko, le ministre soviétique des affaires étrangères afin de le faire parler pour en savoir plus.

 Sera-t-il dupe ?

 Il n'en est rien. Gromyko demeure ce qu'il a toujours été : une tombe !


Alors, les Etats-Unis, pourtant, réagirent. Kennedy rejeta l'idée d'une frappe militaire contre Cuba pour détruire les missiles. Cela aurait, à coup sûr, déclenché la guerre avec l'URSS. Ce sera donc le blocus. Il faut avertir les alliés.

 Le plus coriace sera - comme il le démontre depuis des années - Charles de Gaulle. Kennedy admire le vieux chef d'Etat. il a fait de ses Mémoires de guerre son livre de chevet.

 Dean Acheson fonce vers Paris. Quand il montre les photos des missiles prises par les U-2, le Général ne songe pas à dissimuler son admiration pour la technique utilisée :

- C'est formidable !


Il interroge :

- A votre avis, qu'est-ce qui a pu inciter les Soviétiques à mettre en place leurs fusées à Cuba ?

- Je pense, répond Acheson, que Khrouchtchev a tenté un coup de poker.

De Gaulle opine énergiquement du chef. Quand Acheson développe en détail les dispositions qui vont être prises pour établir un blocus autour de Cuba, l'homme du 18 juin déclare :

- C'est exactement ce que j'aurais fait.


Khrouchtchev ne comprendra pas l'attitude de Kennedy. Déjà qu'il avait rencontré beaucoup de difficulté avec Eisenhower. Pourtant, c'était un homme de sa propre génération :

- Comment pourrais-je m'entendre avec un homme qui est plus jeune que mon fils ?

 

Le pape Jean XXIII supplie les nations de sauver la paix. Des signes, pourtant. Un diplomate russe rencontre un journaliste américain. Il fait connaître le désir de son pays de trouver une porte de sortie.

 Que faut-il penser de ce genre de contact ?

 

 On en est là quand le vendredi 27 octobre, Kennedy reçoit un message de Khrouchtchev. Un très long et très véhément message. Les spécialistes reconnaissent le style si personnel du premier soviétique. Cette lettre, celui-ci n'a laissé à personne le soin de l'écrire.

 Elle apparaît "comme le cri d'épouvante d'un homme prisonnier d'un cauchemar". Khrouchtchev adjure Kennedy d'arrêter la course à l'abîme. Longuement, il évoque les horreurs de la guerre. De toute façon, Kennedy doit bien savoir que des fusées à elles seules ne peuvent représenter un potentiel d'attaque.

 Derrière, il faut des troupes.

Où sont-elles, ces troupes ?


 La conclusion de Khrouchtchev ressemble à une adjuration : "Si vous n'avez pas perdu votre sang-froid, si sous vous rendez vraiment compte où cette affaire risque de nous entraîner, alors, monsieur le président, vous et moi devrions éviter de tirer sur les extrémités de la corde dans laquelle vous avez noué la guerre. Vous-même connaissez les moyens terrifiants dont dispose nos deux pays."

 

 A la Maison-Blanche, on respire. Cet optimisme ne dure pas. Le 27 octobre, Khrouchtchev, dans un style plus froid, fait savoir qu'il enlèvera ses missiles de Cuba si les Américains ôtent les leurs de Turquie. Une vague de colère secoue Kennedy.

 Contre l'horreur nucléaire un seul barrage va s'élever : celui de l'intelligence. Robert Kennedy propose de répondre non pas au second message mais au premier qui reste, lui, parfaitement acceptable.

 Les Etats-Unis s'engageront à faire cesser le blocus et à ne jamais envahir Cuba. En revanche, l'URSS retirera ses fusées de l'île. JFK se saisit de l'idée. Sa réponse à Khrouchtchev vole sur les ondes.

 

Tout est désormais une question d'heure. La nuit qui vient sera la plus longue. Ce dimanche dont l'aube se lève verra des foules de toute origine, de tout âge, en prière dans les églises et les temples.

 Ne reste-t-il plus que cela, la prière ?

 

La paix va finalement triompher. Ici et là, dans le monde, les boutefeux ont crié victoire et salué sans ménagement la défaite de Khrouchtchev.

 On peut, avec Mamie, se réjouir que Kennedy, ayant gagné au points, se soit gardé "contre la tentation de transformer son succès en KO".

 

A l'horloge de l'histoire, il était moins cinq.

 Si la paix s'est en définitive trouvée sauvegardée, c'est parce que, aux leviers de commande des blocs antagonistes, se tenaient, vigilants mais lucides, deux hommes de bonne volonté.

 

Quand bien même, ma Mamie m'a dit qu'on avait eu chaud aux fesses...

 

 

Collection "Mamie explore le temps"

Lee Harvey Oswald -  Stavisky - Sarajevo ou la fatalité - Jeanne d'Arc -  Seul pour tuer Hitler -  Leclerc - Sacco et Vanzetti - La nuit des longs couteaux - Jaurès - Landru - Adolf Eichmann - Nobile - Mr et Mme Blériot - Les Rosenberg - Mamie embarque sur le Potemkine -  L'horreur à Courrières - Lindbergh - Mamie au pays des Soviets - Jean Moulin face à son destin - Mamie est dos au mur - L'assassinat du chancelier Dolfuss - L'honneur de Mme Caillaux - Mamie au pays des pieds noirs - La Gestapo française - Auschwitz - Le discours d'un Général - Mamie à Cuba - Le discours d'un Maréchal  

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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 14:06

Algerie.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 La guerre d'Algérie dure depuis bientôt deux ans. Le 1er novembre 1954, jour de la Toussaint, quand l'insurrection a éclaté, on a cru d'abord à une flambée sans lendemain, comme on en avait déjà connu depuis la conquête de 1830. L'insurrection est devenue une guerre.

  Certes, un tel mouvement s'inscrit au sein de l'élan d'indépendance qui disloque tous les empires coloniaux du monde. Pourtant, le cas de l'Algérie semblait différent.

 Au milieu de 9 millions de musulmans, près de 1 million de Français de souche, souvent présents depuis plusieurs générations, vivent en Algérie. Les cimetières sont peuplés de leurs ancêtres. Ils se sentent tout autant Algériens que Français et n'imaginent pas de vivre ailleurs.

  Dans les villages, les enfants chrétiens et musulmans jouent ensemble. A Marnia, le village où a grandi Ahmed Ben Bella, il n'a guère senti la différence entre Français et Algériens.

 "Juifs, Français et Algériens ne formaient qu'une seule équipe de football. Et le coude à coude à l'intérieur d'une même équipe favorisait notre amitié."

 A l'école de Marmia, dira encore Ben Bella, "il n'y avait aucune discrimination."

 

 Aucune discrimination ? Pas à Tlemcen en tout cas où pour la première fois "je sentis que j'appartenais à une communauté tenue pour être inférieure. Pour la première fois, je compris que j'étais un étranger dans mon propre pays."

  Presque toujours, les vocations à l'indépendance sont nées d'amours-propres blessés, d'humiliations devenues peu à peu insupportables. Le fait est que depuis 1830, les Algériens musulmans ne sont que des sujets.

 Pas de reconnaissance.

C'est en tant que Français qu'ils se sont battus au cours de deux guerres. On leur reconnaissait le droit de verser leur sang, pas celui de déposer dans l'urne un bulletin de vote.

 

A l'école de Tlemcen, Ahmed Ben Bella découvre le nationalisme. Le jeune Ahmed y adhère. Il se battra ensuite pour la France et sera même décoré par de Gaulle.

 Mais re-belote à son retour, il se sent bridé, contre-carré.

Ben Bella s'en persuade alors : seule l'action paiera. Il sera l'un des neufs "chefs historiques de la révolution" : ainsi les Algériens désignent-ils ceux qui ont préparé l'insurrection du 1er novembre 1954.

 Ferhat Abbas a énuméré ces Neuf en rappelant ce qu'ils sont devenus.

Un palmarès qui fait froid dans le dos.

"Il y avait Didouche Mourad tombé au champ d'honneur ; Ben M'hidi Larbi tombé au champ d'honneur ; Benboulaïd Mustapha tombé au champ d'honneur ; Khider Mohammed lâchement assassiné ; Boudiaf Mohammed, Aït Ahmed, tous deux vivent aujourd'hui en exil ; Ben Bella Ahmed, chef d'Etat, arrêté et emprisonné par son ministre de la Défense nationale, et Rabah Bitat."

 Elle dure cette guerre. La France s'y enlise. Dès le 31 mars 1955, on a proclamé "l'état d'urgence". On tente d'accélérer une politique d'intégration. En vain. Les insurgés n'en veulent plus. Toute l'année 1955 est marquée par un durcissement de la rébellion, des combats sans pitié, des attentats féroces suscitants une répression de plus en plus cruelle.

 

 400 000 soldats métropolitains stationnent désormais en Algérie. L'opinion française comprend mal. Si tant est qu'elle l'ait jamais été, la guerre d'Algérie se révèle de moins en moins populaire.

 Quand Mitterrand alors garde des sceaux s'est écrié : "l'Algérie c'est la France" ; quand Pierre Mendès-France a confirmé "les départements d'Algérie font parti de la République, ils sont français depuis longtemps, les Français ont admiré, certes, mais sont restés sceptiques.

 Depuis que l'indépendance a été accordée au Maroc et à la Tunisie, le sens du combat en Algérie commence à leur échapper.

 

Ce que ne comprend pas davantage la population métropolitaine, ce sont les positions des Français d'Algérie. Littéralement cramponnés à leurs droits, ceux-ci n'admettent aucune évolution, aucun changement qui permettrait de rapprocher les deux communautés.

Quand Guy Mollet décide d'affronter Alger, une volée de vociférations jaillit de toutes parts, vite muée en leitmotiv :

- AL-GE-RIE FRAN-CAI-SE, AL-GE-RIE FRAN-CAI-SE !

Cela se mêle avec :

- L'armée avec nous !

- Chevallier au poteau !

Et surtout :

- Catroux à la mer !

En même temps, jaillissent vers le cortège officiel des tomates, des pommes, des mottes de terre arrachées aux plates-bandes voisines, voire des pots de fleur et même des drapeaux !

 Mais ma Mamie m'a dit qu'il y avait surtout des tomates...

 Les hurleurs tentent de rompre les barrages. Mollet - que les tomates épargnent mais de peu - dépose sa gerbe. Le service d'ordre l'entraîne au moment où une tomate s'écrase sur le manteau gris de Max Lejeune.

 Les voitures officielles s'arrachent à cette foule enragée et foncent vers le palais d'Eté où Guy Mollet et sa suite se claquemurent. Autour du mouvement au mort, un nouveau cri s'est élevé - et c'est un ordre :

- Au palais d'Eté !

Parvenue au but, la foule se met en devoir de prendre d'assaut le palais. Les CRS, les spahis en armes résistent efficacement. L'image restera toujours dans les mémoires de ces Algérois en furie face aux mousquetons braqués. Partout on s'en prend aux CRS. On chante La Marseillaise. Bagarres. Horions. partout le même cri :

- Catroux dehors !


 Du Palais d'Eté, c'est un Mollet totalement désemparé qui appelle le président de la République. Justement ce Catroux honni se trouve à l'Elysée auprès de René Cotty. Le général offre sa démission. Aussitôt on diffuse dans Alger un communiqué signé Mollet : "Soucieux de ne pas ajouter au drame qui divise déjà l'Algérie, j'ai accepté cette démission..." La nouvelle court la ville. La joie succède à la colère : l'Algérie française a gagné !

 

Amer, Guy Mollet constate le résultat et répète : "Je n'aurais pas dû céder." Qui va remplacer Catroux au ministère de l'Algérie ? Cette question obsède Mollet. Tout se passe par téléphone. Il s'adresse à Gaston Defferre - qui refuse. Puis à Robert Lacoste - qui accepte malgré les conseils unanimes de ses amis - "Tu vas tomber dans un de ces merdiers !". 

 Député de la Dordogne, plutôt petit, le ventre rond, équilibré et bon vivant, fort amateur de la cuisine du Sud-Ouest, Lacoste voit la République en danger.

 Il rejoint au Palais d'Eté un Guy Mollet qui lui cède aussitôt la place. Il trouvera alors sur son bureau des rapports plus que préoccupants. Le préfet de Bône signale "l'intensité croissante de l'action des rebelles dans le département", précisant que ceux-ci "sont pratiquement aux portes de la ville".

 Aux yeux du préfet de Constantine, "la situation continue à se dégrader... et risque de devenir rapidement périlleuse". Quant au préfet d'Alger, il fait savoir que "la situation actuelle est mauvaise et tend à se dégrader chaque jour davantage."

 

 Voilà pour l'administration. Qu'en est-il de l'armée ?

Le général Lorillot estime que "la situation générale en Algérie est très médiocre. La situation militaire y est préoccupante. Le général Parlange insiste "sur la détérioration extrêmement rapide de la situation" et considère que "la cote d'alerte est actuellement atteinte". Il faut lire son rapport comme "un véritable cri d'alarme".

 C'est donc que les insurgés triomphent ? Nullement. Le ravitaillement, tant en vivres qu'en armes est devenu extrêmement difficile". Qui plus est, "le terrorisme urbain est devenu lui aussi extrêmement difficile. Chaque attentat provoque, de la part des Européens, une réaction telle que les populations musulmanes, absolument terrorisées, arrivent à souhaiter presque ouvertement la fin de ces actions."

 Quand deux adversaires doutent en même temps, et chacun pour sa part, d'une possibilité de succès, ils sont prêts à négocier.

 C'est à Tripoli qu'Hamed Ben Bella reçoit communication de la décision qui écarte ses amis et lui-même de la direction véritable de la révolution algérienne. Il s'indigne : on veut donc liquider les chefs historiques . En 1956, Ben Bella a quarante ans. Il se sent dans la plénitude de ses moyens. Et il n'accepte pas du tout cette situation. On ira donc négocier à Rabat.

 Ce n'est un secret pour personne, que Ben Balla ambitionne d'exercer le premier rôle dans la révolution algérienne, mais devant une ambition qu'il n'a pas su dissimuler, ses propres compagnons ont manifesté une réticence grandissante. 

 Ben Balla se retrouve alors avec les "cinq" pour s'envoler vers Tunis à la table des négociations.

Il ne sent pas le coup. Quand sur son siège du DC3, Ben Balla boucle sa ceinture, il ressent une crainte qu'il ne peut se defendre de confier à Khider.

L'instinct ?

 

 Khider, lui n'est pas inquiet. Il se met à rire. Il lance :

- Oh toi tu te méfies toujours !

 Les militaires, avec le seul accord de Max Lejeune vont alors donner l'ordre d'arraisonner l'avion.

 

- Le commandant Grellier et son équipage vous souhaitent la bienvenue à bord. l'avion à bord duquel vous vous trouvez est un DC3 de la compagnie Air Atlas. Nous volerons à 2500 mètres. Nous atteindrons Tunis vers 21 heures.

 La voix stéréotypée de toutes les hôtesses de l'air du monde. Celle-ci est française, mince et blonde. Elle se nomme Michelle Lambert.

Bien sur le commandant Grelier est français, comme le mécanicien Benauges et le radio Dubos. Un équipage qui va transporter des passagers d'exception.

Avant le décollage, Mohammed Douiri, ministre marocain des Travaux Publics, s'est adressé aux "cinq" :

- L'avion évite les eaux territoriales françaises.

Rassurant. Pourquoi le malaise de Ben Bella ne se dissipe-t-il pas ?

 Il sursaute quand il voit l'hôtesse placer la main sur le siège qui se trouve devant le sien. Là, ou il a placé son revolver. Il faut dire aussi qu'en général Ben Balla aime voyager en avion. Là seulement il se sent en sécurité. Il ne peut oublier que l'on a voulu à deux reprises au moins, attenter à sa vie.

 Au Caire, un chauffeur de taxi lui a apporté un paquet. Méfiant, il l'a refusé. Quelques centaines de mètres plus loin, le taxi et le chauffeur se sont volatilisés.

 A Tripoli, un certain Jean David, colon tunisien, a voulu lui écraser le crâne d'un coup de matraque.

Un mouvement de côté l'a sauvé. La matraque n'a fait que glisser le long de se tête.

 Logiquement, dans ce DC3 il ne risque rien.

Logiquement.

 

16 heures : l'équipage du DC3 s'apprête à se mettre en rapport avec la tour de contrôle de Séville. Tout à coup, dans les écouteurs, la voix d'un tiers. Une voix française :

- Prétextez une panne. Venez vous poser à Oran.

Réaction stupéfaite de l'équipage :

- Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

- Vous avez cinq salopards à bord. Il nous les faut.

- Qui transmet l'ordre ?

- Le ministère de la défense nationale.

 

 Finalement, ce sera cap sur Alger où depuis 18 h 30 des forces imposantes quadrillent l'aérodrome de Maison-Blanche. "Plusieurs escadrons de gendarmes et CRS me furent envoyés, dit Roger Détrie, beaucoup plus qu'il n'en fallait."

Des hommes armés jusqu'aux yeux.

Cinq généraux, dont le général Lorillot.

la voix de l'hôtesse se veut toujours rassurante :

- Vous êtes priés de ne pas quitter vos sièges avant l'arrêt complet de l'appareil.

En tout cas, en ce qui la concerne, elle a disparu dans le poste de pilotage. L'équipage a bloqué la porte de communication.

Du commandant à l'hôtesse, tous sautent par l'ouverture de secours. La pauvre Mlle Lambert se foule une cheville.

 

 Dans l'appareil, voici que les lumières s'éteignent, d'un seul coup. Dehors, s'allument des projecteurs aveuglants. On aperçoit des soldats casqués qui foncent sur le DC3.

 Déjà le colonel Andrès surgit dans la carlingue, mitraillette au poing, avec ses hommes : "Haut les mains !" Ben Balla plonge la main dans la poche du siège où il a placé son revolver. Ses camarades lui crient de laisser son arme où elle est, de ne pas leur donner ce beau prétexte.

- Je ne croyais pas les Français capables de cela, dira plus tard Ben Bella.


 Les membres de l'équipage vont être conduits à la villa Les Oliviers. Le lendemain, ils y verront arriver leurs femmes et leurs enfants, littéralement enlevé de chez eux au Maroc et mis à l'abri.

 La préoccupation qu'avait exprimé l'équipage quant à leurs familles était légitime. A la nouvelle de la capture de "Ben Bella et consorts", une effroyable émeute va se déchaîner dans la ville marocaine de Meknès et ses environs.

 En représailles, d'affreux massacres dans la colonie française de la ville.

Une centaine de morts dont certains dans des conditions effroyables. Des agents de police français eurent la tête tranchée et les arabes promenèrent leurs têtes au bout d'un bâton...

En ville "nouvelle", il écrasèrent des têtes à coups de pavé, violèrent puis tuèrent. Le retentissement dans tout le Maroc de ces massacres a été considérable et a entraîné l'exode massif et brutal de la quasi-totalité des Français.

 A Tunis, Mohammed V est à la fois furieux et désespéré, il appelle René Coty.

Sa voix tremble de colère :

- Les Algériens étaient placés sous ma protection... Mon hospitalité a été violée... Vous connaissez l'âme musulmane... C'est une question d'honneur... Je suis prêt à donner mes fils en otages...

Guy Mollet et Max Lejeune file à l'Elysée. Ils trouvent René Cotty en robe de chambre... et d'une humeur massacrante. A l'adresse de Max Lejeune, une phrase glaciale :

- Bonsoir, monsieur le secrétaire d'Etat !

Accablé, le président ajoute :

- Nous sommes déshonorés !

 Le gouvernement ne peut plus revenir en arrière. Il va donc entériner le fait accompli. L'opération, sur le plan de la guerre, s'est révélée totalement négative. Loin de se laisser émouvoir, la résistance intérieure va raidir son action. Un peu plus tard éclatera la bataille d'Alger.

 Il n'est plus question de négocier. Marocains et Tunisiens se déchaînent contre la France. En revanche, la presse française de l'époque exprime, quant à cette opération, un consensus quasi général.

On approuve, on exulte.

Seul François Mauriac annonce les conséquences à venir de l'évènement.

L'avenir vérifiera ses alarmes.

Donc, la guerre continuera. De part et d'autres, les hommes tomberont. En 1956, il était encore temps pour les deux communautés de vivre sous le même ciel : réconciliées.

 En 1963, l'heure aura passé.

 Ma Mamie se pose encore et toujours la même question : Vraiment, fallait-il détourner l'avion de Ben Bella ?

 

 

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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 18:15

bormann.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 Une photo de Martin Bormann, l'ombre d'Hitler...

 Ma Mamie m'a dit que chaque fois qu'elle le voyait aux actualités, il lui "faisait froid dans le dos". Mais qui était Bormann ?

 Un homme patient. C'était sa qualité la plus évidente. Pour parvenir, en Allemagne, à l'autorité suprême, il s'était gardé de ne jamais relâché un effort d'infatigable persévérance.

 Peu à peu, il s'était insinué dans la confiance de Hitler ; il avait supplanté, l"un après l'autre, les fidèles les plus appréciées du Führer littéralement, il s'était rendu indispensable. Tout ce qui se faisait, ou défaisait dans le Grand Reich Allemand passait entre ses mains.

Intelligent ? Non. Intuitif ? Non ? Cultivé ? Il n'était resté au collège que jusqu'à la seconde. Bon stratège ? Au vrai, ce n'était qu'un rustre.

 Comment était-il alors monté si haut ?

Parce qu'il s'était voulu l'unique reflet de Hitler. Il s'était identifier à lui au point d'annihilé sa propre personnalité.


 Il était né le 17 juin 1900 à Hanberstadt. Comme pour tant d'autres jeunes Allemands, la fin de la guerre (il avait été simple canonnier), la défaite, l'avaient laissé amer, déçu, à la recherche de "responsables".

 En 1923, il participe à l'exécution de Walter Kadow, soupçonné d'avoir livré un "patriote" à l'armée d'occupation française.

 Le malheureux, traîné dans une forêt, est d'abord roué de coups de bâton, puis on lui tranche la gorge, et on tire par deux fois sur ce corps pantelant. Pour ce haut fait, Bormann est condamné à un an de prison.

 A sa sortie, c'est la grande, la sainte révélation : il prend contact avec le Parti National Socialiste Ouvrier Allemand, qu'un certain Adolf Hitler galvanise par ses discours, aussi bien que par son magnétisme. Martin Bormann vient de découvrir son chemin de Damas : désormais sa vie sera consacrée à Hitler et au national-socialisme.

 Pendant la conquête du pouvoir, il est de toutes les besognes, il n'en refuse aucune. De Hitler, il se montre le chien fidèle, l'exécutant aveugle - et terriblement efficace.

 Il en sera récompensé en se voyant nommé chef d'état major de Hess. Fonction considérable. Seulement voilà, Rudolf Hess se révélait incapable d'un effort prolongé, d'une présence sans relâche, d'un labeur quotidien.

 Plutôt que de rester jour et nuit à attendre un appel du Führer, il préférait piloter un avion ou entreprendre en montagne de longues courses à ski.

Bormann, lui, était là.

Toujours.

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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 14:24

Eichman.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.


 Dans la salle du tribunal de Jerusalem, cinq cents journalistes venus du monde entier subissent la fascination de cette cage de verre étrangement érigée auprès de l'estrade où les juges vont prendre place. Elle demeure encore vide mais chacun sait que ce cube translucide est à l'épreuve des balles.

 Tout à coup, l'accusé entre. Il s'assied. Sans hâte. Il fixe les écouteurs à ses oreilles.

Quoi ! C'est donc là Eichmann l'Exterminateur ! Cinq cents hommes et femmes considèrent avec stupeur ce personnage falot, image du fonctionnaire discret, semblant créé et mis au monde pour passer inaperçu.

  Ils le découvrent maigre, frêle, à demi chauve, portant des lunettes.

Un témoin l'écrira : il avait l'air d'un comptable effrayé à l'idée de demander une augmentation".

 D'évidence, il cherche à se donner une contenance. Il s'applique à ne pas rencontrer le regard des journalistes.

Il tapote ses écouteurs.

 Ce que chacun sait dans cette salle, c'est que le costume bleu sombre qu'il porte a été coupé par un tailleur juif. Comme les magistrats qui vont le juger, juifs les gardes qui surveillent les issues de la salle, les sentinelles qui campent sur le toit...

 La vie de l'homme qui a mis au point la plus prodigieuse machine à anéantir les juifs qu'ait enregistrée l'histoire est tout entière à la merci des Juifs.

 L'appariteur donne de la voix. Eichmann se dresse en même temps et, tourné vers les trois hommes vêtus de noir qui viennent d'entrer, se fige au garde-à-vous. Un témoin croira même discerner dans son regard quelque chose qui ressemble à de la vénération. Avec un peu moins de chance, tous les trois auraient dû prendre place dans l'un de ces milliers de trains acheminés par Adolf Eichmann vers les camps où la mort était scientifiquement calculée.

Au lieu d'avoir été réduits en cendres, comme quelques millions d'autres, ils sont là. Le président Landau porte les écouteurs à ses oreilles et ouvre son dossier. Le procès Eichmann commence.

 

 Seize ans plus tôt, à Joël Brand qui lui demandait s'il n'éprouvait pas de craintes pour l'avenir, Eichmann avait répliqué :

- Nous perdrons peut-être la guerre. Mais moi et ma famille, vous ne nous aurez pas. j'ai pris mes précautions.

 On a jugé à Nuremberg les grands criminels de guerre. Les plus coupables sont morts pendus. Pendant ce procès, quand il était question de la "solution finale" du problème juif, un nom est revenu, comme un leitmotiv : Eichmann.

 On ne l'a pas jugé à Nuremberg : il avait disparu.

 

 L'homme de l'ombre qui a marqué de son zèle effrayant l'organisation de la mort scientifique, n'est jamais sorti de son humilité. Il reconnaîtra à son procès avoir été présent à la conférence de Wannsee mais "assis à côté de la dactylographe".

 Certes l'inspirateur numéro 1 fut Hitler. Goering, Himmler et Heydrich ont mis en oeuvre, au plus haut niveau, le projet démoniaque.

 Que, dans la mémoire collective, le nom d'Eichmann ait fini par se mêler à ceux de ces derniers et devenir presque aussi célèbre qu'eux a dû laisser stupéfait le principal intéressé. Ce vedettariat imprévisible a dû heurter sa modestie originelle.

 

 Pendant seize années, nul n'a su si Eichmann était vivant ou mort. De temps à autre, on reparlait de lui. On affirmait qu'il avait été vu en Autriche, en Italie, ou même en Egypte. D'autres se déclaraient convaincus qu'il s'était, comme bien d'autres nazis, réfugié en Amérique du Sud.

 Sur Eichmann, le silence s'est établi et, peu à peu, l'oubli.

 Or quelques-uns n'oubliaient pas. ils ne pardonnaient pas. Ils savaient non seulement qu'Eichmann était vivant, mais connaissaient toutes les étapes de son existence et l'ampleur de ses crimes.

 

 Eichmann est né, le 19 mars 1906, à Solingen d'un père comptable qui est devenu directeur commercial à Linz. C'est là que le petit Adolf, dès 1914, a grandi et poursuivi des études médiocres, quatre ans d'études primaires et quatre ans de lycée technique. Son père a estimé que mieux valait s'en tenir là. On a vu alors Eichmann travailler quelques temps dans les mines. Il y reste pendant cinq ans et demi.

 Au cours de cette période, s'est produit l'évènement capital de sa vie : il est devenu nazi.

 Cela s'est fait curieusement. Un de ses amis avait adhéré au groupe "jeunes" de l'Association des anciens combattants austro-allemands. Adolf l'y a suivi. Que de nouveaux camarades souhaitassent le retour de la monarchie était le cadet des soucis du jeune homme.

 C'est le temps où sont apparus à Linz les premiers fidèles de Hitler. Dans les rues défilent les groupes de SA ou de SS. Ces nationaux-soacialistes cherchent logiquement à attirer vers eux les garçons motivés. Quand, d'information, Adolf Eichmann s'y rend. Pour voir. Il y rencontre un certain Kaltenbrunner, fils d'un avocat. Leurs pères sont amis. A l'issue de la réunion, le jeune nazi s'approche de lui :

- C'est bien entendu, tu viens chez nous !

Sans songer à discuter, Adolf répond :

- Oui, c'est bon.

 Simple détail : Kaltenbrunner, au parti national-socialiste, milite dans la SS. Par voie de conséquence, Eichmann va devenir SS.

 

 La crise sévit en Autriche. Il est licencié. En désespoir de cause, il préfère regagner l'Allemagne. il emporte une lettre de recommandation, signée Kaltenbrunner, pour la SS allemande.

 Sa vie change de tout au tout.

 Nous sommes en 1934, Eichmann a vingt-huit ans. Jusqu'en 1945, il ne quittera plus l'uniforme noir à tête de mort.

Pour le moment, il n'est que sergent. on lui réserve un poste au Service des affaire juives de la SS.

 Aussi consciencieux que scrupuleux, il estime que, pour accomplir sa mission, il doit apprendre l'hébreu et le yiddish. Il demande une bourse pour recevoir les leçons d'un rabbin.

 On le lui refuse.

 Il décide d'apprendre seul la langue de ses adversaires. Bientôt il en sera assez pour lire les journaux imprimés en yiddish.

Il est envoyé en Palestine. Au retour, il rédige un rapport aussi violemment antisioniste qu'antisémite. 

Il a trouvé sa voie.

 L'antisémitisme est à la source même du nazisme.

 Au lendemain de l'arrivée de Hitler au pouvoir, la chasse aux Juifs a commencé en Allemagne. Eichmann saisit des biens immenses tout en poussant la grande majorité des Juifs autrichiens hors des frontières.

 A Berlin, on s'émerveille. Décidément, on dispose d'un homme précieux. Ses qualités d'organisateur se confirment si exceptionnelles que l'historien britannique Trevor-Roper n'hésitera pas à employer à son propos le mot "génie".

 On le choisit alors pour rejoindre les rangs de la Gestapo. En 1940, Heydrich lui donne la haute main sur un service baptisé IV B 4. autrement dit : la "sécurité raciale". Il va y démontrer toute son efficacité.

 La donne change. Plus question que les Juifs immigrent. Les massacres commencent. Le regroupement des Juifs dans les ghettos confirment les dons d'Eichmann.

 Lentement, mais sûrement, il progresse dans la hiérarchie.

  Le plus curieux est qu'il ne dépassera pas le grade de lieutenant-colonel. Doté de ce grade, il va figurer dans toutes les réunions où se retrouvent les hauts dignitaires du régime et au cours desquelles seront prises, à l'encontre des Juifs, des mesures impitoyables.

 Si, le 20 janvier 1942 à Wansee, Heydrich anime la conférence, c'est Heichmann qui a préparé les notes dont il s'inspire. L'heure est venue d'une solution radicale du problème juif.

 Ce jour-là, on désigne le responsable de toutes "les nécessités administratives, techniques et matérielles" de ce programme : c'est le chef de service Adolf Eichmann.

Heichmann n'est pas un homme de terrain mais sa conscience professionnelle le conduit à vérifier, sur les lieux même, les résultats tangibles de son activité.

 Pour déporter des millions d'hommes, de femmes, d'enfants vers l'Est - terme mystérieux qui signifie la mort -, l'organisation des transports se révèle essentielle. Dans ce domaine, Eichmann excelle. Les trains deviennent ses trains.

Ils partent et arrivent à l'heure fixée.

 Dans les wagons soigneusement répertoriés, s'entassent des êtres humains qui n'existent pour Eichmann qu'en tant que numéros. Les couples qui hurlent parce qu'on les sépare, les mères qui supplient qu'on leur laisse leurs enfants, les petits qui sanglotent parce qu'ils ne comprennent pas : tout cela Eichmann veut l'ignorer.

 Il doit transporter tant de juifs par jour. Il le fait et en est fier.

 Quand il lui faudra assister à des exécutions de masse, il détestera ce contact avec la réalité. Il en reviendra écoeuré, physiquement malade. Il retrouvera sa joie de vivre en se remettant à ses organigrammes.

Un jour, à Bordeaux, on ne parvient pas à remplir entièrement le train prévu. Prévenu aussitôt, Eichmann hurle, trépigne : c'est une trahison, un gaspillage inouï ! Les trains d'Eichmann doivent toujours rouler pleins. Terrorisées, les autorités de Bordeaux jurent que cela ne se reproduira plus. Jamais !

 Et voici le "chef d'oeuvre" d'Eichmann : en 1944, il va pratiquement vider entièrement la Hongrie de ses Juifs. Plus de quatre millions sont acheminés vers les camps. Il a droit au titre que lui a décerné Simon Wiesenthal : le Grand Exterminateur.

 

 Avec cela, bon mari, bon père.

 Son épouse sait seulement que son mari travaille beaucoup, qu'il est rarement à la maison, qu'il voyage.Elle voit en lui un fonctionnaire sérieux, ponctuel. Elle le donne en exemple à ses fils.

 Pour lui-même, il faut reconnaître que Eichmann n'a jamais rien réclamé. Il n'est pas de ses dignitaires nazis, comme Goering, qui ont réalisés d'immenses fortunes par leurs exactions, leurs trafics ou pots-de-vin. Toujours Heichmann s'est contenté de sa solde d'officier SS.

 Ce qui fait que, chez les Eichmann, on est plutôt à l'aise, mais que l'on ne roule pas sur l'or.

 A mesure que les années passent, les amis d'Eichmann remarquent seulement qu'il boit davantage. Surtout du cognac. Et qu'il fume beaucoup trop. A Budapest l'exemplaire Eichmann se laisse même aller à nouer une liaison avec une jeune femme de la noblesse.

A Budapest, il déclare devant témoins :

- Cent morts, c'est une catastrophe. Cinq millions, c'est une statistique.

 Et puis, un jour, l'empire de Hitler s'effondre. On calcule que 5 à 6 millions de Juifs ont péri. Ce qui amènera Eichmann à cette réflexion recueillie par un Hollandais Nazi, Willem Sassen :

- Pour être tout à fait franc avec vous, je vous avouerai que si nous avions tué tout le monde, les 10 300 000 juifs, je serais heureux et je dirais : "Mission accomplie : l'ennemi n'est plus."

Il soupirera :

- Beaucoup de juifs ont survécu...

 Il se posait des questions : sans doute n'avait-il pas travaillé assez. Les hommes et les évènements avaient élevé trop d'obstacles sur la route.

Ces incroyables confidences ont été conservées, il les a exprimées en 1957, alors que la guerre était terminée depuis douze ans. Pour échapper à ceux qui le poursuivaient, il avait mis l'Océan entre eux et lui. Avant de se faire prendre...

 Adolf Eichmann va se révéler un prisonnier modèle. Discipliné au-delà de toute expression. Dans sa prison ou au cours de sa promenade quotidienne, dès qu'il aperçoit un officier, il se fige au garde-à-vous.

 Son appétit reste excellent.

 Sa thèse ne changera pas, il la soutiendra durant tout le procès : il a exécuté les ordres ; il était un soldat, il lui appartenait d'obéir, a-t-on intenté un procès aux aviateurs qui ont largué la bombe atomique sur Hiroshima ? 

 Ce qu'il ne comprend pas c'est que lui, Eichmann, est allé au-delà de l'obéissance. Il a innové, inventé, cherché toujours la perfection de l'efficacité. Il a fait en sorte que la Solution finale aille jusqu'à son aboutissement extrême. Il a transmué un ordre abstrait en une réalité en forme d'apocalypse.

 Une centaine de témoins à charge. A la barre, l'horreur. On voit un écrivain polonais, survivant de l'enfer d'Auschwitz, s'évanouir au cours de sa propre déposition et s'abattre sur le sol.

 Ces dépositions, Eichmann les écoute avec attention.

Il prend des notes.

 Quelquefois, il ergote mais toujours sur des points de détail, jamais sur l'essentiel. Une fois pourtant - une seule - le 95ème jour du procès, il se lève sans être interrogé et, pesant d'évidence les mots, s'exprime ainsi :

- Je dois admettre que je considère aujourd'hui l'extermination des Juifs comme l'un des pires crimes de l'Histoire. Mais elle a eu lieu et nous devons tout faire pour qu'elle ne se reproduise pas.

Quand le juge annonce le verdict, Eichmann ne manifeste aucune émotion.

L'avant-veille de sa mort, il reçoit des journalistes français. Ni eux, ni lui ne savent qu'il n'a plus que deux jours à vivre. Eichmann redit que, seuls, ses chefs étaient responsables de la Solution finale et qu'il n'a été qu'un agent d'exécution.

C'était le 29 mai 1962. Le surlendemain, c'en est fait d'Adolf Eichmann. Il est prêt de minuit.

 

Après m'avoir raconté la vie du Grand Exterminateur, ma Mamie m'a alors dit, je cite : "Tu vois mon petit, parfois il faut désobéir".

Et elle a ajouté : "Et parfois, ce n'est pas bon de trop bien travailler."

 

 

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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 14:27

Toutankhamon.gif"Une photo, là, sous vos yeux.


 Un pharaon qui a grandi à la cour d'Amarna et qui est devenu roi à l'âge de neuf ans.

 Il a épousé la troisième fille d'Akhenaton - sa nièce. Quand il règne, il est encore enfant. Marié mais enfant.

 Ce que l'on attende de ce très jeune roi, c'est qu'il remette de l'ordre en Egypte et la rende au culte du dieu Amon. Il se attelle à la tâche.

 Est-ce un grand règne qui attend Tout Ankh Amon ? Il a dix-huit ans. Tout à coup la maladie fond sur lui. Il meurt.

  Ainsi a-t-il traversé la vie, le successeur d'Akhenaton, d'un bref coup d'ailes.

 Il restait un des moins importants - et des plus inconnus - parmi les pharaons de l'ancienne Egypte. Or le destin allait faire de lui le plus illustre des anciens rois de la vallée du Nil.

 Celui dont des millions d'hommes et de femmes répéteront le nom à travers le monde.

 Cela uniquement parce que Howard Carter aura découvert sa tombe. Il avait dressé une liste des découvertes et avait constaté qu'on n'avait trouvé ni le tombeau ni la momie de Tout Ankh Amon. Il en avait déduit que son tombeau existait toujours. Si l'on gardait une chance de trouver intacte une tombe de roi, c'était bien celle-là.

 Mais où ?

 Récit de Howard Carter : "Nous savions qu'un travail titanesque nous attendait. Mais nous étions prêts à tenter l'aventure. Nous avions même un but précis : trouver la tombe de Tout Ankh Amon."

 Ce fut la première saison de fouilles. Carter parvint jusqu'à l'entrée du tombeau de Ramsès II. Surprise : on distinguait là toute une série de huttes d'ouvriers. En général, ces huttes indiquaient la proximité d'une tombe.

 La seconde saison de fouille permit la découverte de treize vases d'albâtre portant les noms de Ramsès II et Meremptah.

Un bon signe mais rien de plus.

 On en vint à une troisième, une quatrième, une cinquième saison de fouilles. Aucune trace de la fameuse tombe. Fallait-il renoncer ?

 Tout cela avait coûté cher, très cher.

Carnarvon commença à renâcler.

 Carter lui jurait que 'tant qu'il resterait une seule parcelle de terrain non exploré, cela valait la peine de persévérer". Mais le lord était à bout de souffle. De plus, il n'allait pas bien. Il annonça alors à Carter qu'il abandonnait. 

 Pour Carter, c'était une catastrophe. On peut imaginer la stupéfaction de Carnarvon quand il entendit son associé lui déclarer froidement qu'il continuerait les recherches à ses frais. Qu'il y mettrait toutes ses économies qu'il avait pu amasser pendant des années de travail acharné.

 Carnarvon fut ému au-delà de toute expression.

Spontanément, il promit à Carter d'assurer pendant toute une année encore le financement des fouilles.

 Il s'agissait de la saison de la dernière chance.

 Le 4 novembre 1922, lorsque Carter arrive sur le chantier, un silence inhabituel lui fit comprendre que quelque chose venait de ses passer.

 Les ouvriers venaient de mettre au jour une marche taillée dans le roc.

C'était trop beau pour être vrai.

 Une tombe ! Mais était-ce la tombe ?

 On continua à travailler, avec une fièvre qui peu à peu gagnait tous les ouvriers. Ensuite, ils aperçurent la partie supérieure d'une porte scellée. Aucun doute maintenant : c'était l'entrée d'un tombeau.

 Carter distinguait, sur la porte de la tombe, les sceaux distinctifs d'une nécropole royale.

 Son émotion était à son paroxysme.

 Malgré le désir violent qu'il en ressentait, Carter s'interdit d'ouvrir cette porte, ni le lendemain, ni les jours suivants. On était probablement à la veille d'une découverte considérable. Il jugeait peu convenable de ne pas y associer lord Carnarvon alors en Angleterre.

 Il lui câble : "Merveilleuse découverte dans la vallée. Tombe superbe avec sceaux intacts. Attend votre arrivée pour ouvrir. Félicitations." Aussitôt le message reçu, lord Carnarvon répondit qu'il serait à Alexandrie le 20 novembre. Sa fille, lady Evelyn Herbert, l'accompagnerait.

 Ils arrivent le 23. Lord Carnarvon affiche un air heureux mais il semble marqué par la fatigue.

 En revanche, que de beauté et de fraîcheur chez la jeune Evelyn ! Elle a vingt ans, elle rayonne de bonheur et porte entre ses bras un bouquet de fleurs. Juchés sur des ânes, ils vont se rendre à la vallée des Rois.

 Le 26 novembre, "le plus beau jour de ma vie", écrira Carter, voilà entièrement dégagée la seconde porte.

 Howard prend une barre de fer. Howard tremble un peu - il le confiera - lorsqu'il pratique une petite ouverture. Il allume alors une bougie...

 "D'abord, je ne vis rien. Puis à mesure que mes yeux s'habituèrent à l'obscurité, des formes se dessinèrent lentement : d'étranges animaux, des statues et partout le scintillement de l'or.

Je restai muet.

 Et lorsque lord Carnarvon demanda enfin : "Vous voyez quelque chose ?", je ne pus que répondre : "Oui, des merveilles !" Alors j'élargis encore l'ouverture pour que nous puissions voir tous les deux."

 Un trésor sans égal en vérité. mais aucun sarcophage.

 Nulle momie. Juste une cachette. La plus riche des cachettes certes mais rien d'autre.

 C'est alors - alors seulement - qu'ils discernent une autre porte scellée. Dans l'instant, ils ont compris. Et maintenant, ils n'en doutent plus : dans l'une de ces chambres, ils découvriront un pharaon.

 Le lendemain, en rampant, Carter se glisse dans la pièce voisine.

Fantastique ! Il vient de pénétrer dans la chambre funéraire du pharaon ! Lors Carnarvon va le suivre. Et sa fille evelyn.

Pour Callender, impossible : il est trop gros.

 Vont-ils ouvrir ? Déjà, à plusieurs reprises, ils ont enfreint la loi égyptienne, celle-ci est formelle, un fonctionnaire du service des Antiquités doit être présent.

 Alors, ils hésitent.

 Et puis, ils n'y tiennent plus. Il faut, il faut absolument qu'ils sachent.

 L'ouverture officielle du tombeau aura lieu le 29 novembre. En quelques heures, la nouvelle de la découverte s'est propagée à travers le monde.

 Les journalistes vont accourir de la terre entière.

Rarement aura-t-on vu l'existence de deux hommes aussi profondément modifiée en si peu de temps. Plus de paix pour Carnarvon et Carter !

 Des milliers de lettres, de télégrammes leur parviennent jusque dans la vallée des Rois. Des parents ignorés, des amis oubliés, des inconnus implorent l'autorisation de visiter la tombe.

 Dès six heures du matin, la vallée grouille de curieux avides de contempler, ne serait-ce qu'un instant, les archéologues au travail ou espérant voir un objet sortir de la tombe. Moment exaltant que celui où un ouvrier surgit de la tombe portant sur un plateau le buste grandeur nature du pharaon.

 Soudain, dans la foule, ce fut le silence.

 Il semblait que Tout Ankh Amon lui-même apparaissait, dans sa jeunesse et sa beauté, paré des couleurs mêmes de la vie.

 Et le trône d'or ! Et toutes les reliques évoquant l'épouse du pharaon, comme aussi les liens si tendres qui l'unissaient à son mari !

 Entre Carter et son mécène, les rapports se sont tendus. Pourquoi ? En fait, Evelyne, la fille du noble lord, s'était peu à peu éprise de Carter, et Carnavon jugeait scandaleuse une telle situation.

 Or Carter n'avait nullement encouragé Evelyn ni répondu à cette passion, mais au contraire tenter de faire entendre raison à la jeune fille. Les deux hommes s'étaient donc brouillés !

 Plus tard, Carnarvon adressait à Carter une touchante lettre d'excuses :

- "J'ai vu Eve et elle m'a tout raconté. Je suis sûr que j'ai fait bien des sottises et j'en suis vraiment désolé. Il y a une chose que je tiens à vous dire et que je vous prie de ne jamais oublier : quels que soient vos sentiments pour moi, présents ou à venir, mon affection pour vous ne se démentira jamais."

Il mourut peu de temps après.

 

La momie ?

Elle est là, "nette et soignée. Sur son visage un admirable masque d'or évoque les traits du pharaon. Une paix immense, mêlée de tristesse, plane sur cette image d'un tout jeune homme saisi par la mort.

 La momie se révèle en assez mauvais état. N'importe, ce sont là les restes mortels de ce pharaon tant convoité, tant recherché, enfin découvert.

 Tout Ankh Amon a livré ses derniers secrets.

 

La malédiction ?

Ma Mamie m'a dit que c'était que des conneries...

 

Tout Ankh Amon : découverte d'un trésor

Mamie et les cigares du pharaon

Mamie, l'archéologue !

Howard Carter et le conte de Carnarvon

Tout Ankh Amon 

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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 14:02

berlin.jpg"Une photo, là, sous vos yeux. 

 

 Assis sagement sur une estrade, Walter Ulbicht répond avec une bienveillance marquée aux questions des journalistes des deux Allemagne.

 Ce jour-là, le 15 juin 1961, il y a quarante ans que Walter est communiste. Est-ce pour proclamer son ancienneté dans le parti qu'il porte la même barbiche que Lénine ?

 Cet attribut pileux lui a valu, de la part des Berlinois connus pour leur sens de l'humour, un surnom qui lui est fort peu agréable : "Vieille barbe à pointe".

 Avec son ventre rebondi, son gilet, ses besicles, ce révolutionnaire semble paradoxalement incarner les apparences traditionnelles du petit bourgeois allemand. Il n'en a pas moins passé toutes les années du nazisme en exil à Moscou. Il n'en est revenu que pour prendre le pouvoir dans la zone conquise par les Soviétiques, cette RDA.

 

 A la conférence de presse retransmise par la télévision, les journalistes sont venus nombreux. On va traiter en effet de l'épineuse question de Berlin.

 En effet, dans les zones occidentales de cette ville se glisse chaque jour le flot ininterrompu des réfugiés en provenance de la RDA. Depuis la fin de la guerre, près de quatre millions d'Allemands de l'Est sont passés à l'Ouest : une population équivalent à celle de la Norvège.

 Résultat : en six mois, la région de Halle a vu sa production industrielle baisser de 55%. A Weissenfels, la construction immobilière a diminué de 70%.

 

 Aussi derrière les tables couvertes de nappes blanches, de verres et de bouteille d'eau gazeuse, les journalistes savent que Walter Ulbricht a participé à une conférence des pays signataires du pacte de Varsovie et qu'il a nettement posé la question : devait-on empêcher, fût-ce par la force, le passage à Berlin-Ouest de citoyens de la RDA ?

 On croit savoir que les participants se sont montrés hostiles à toute mesure de coercition.

 Mais maintenant ?

 

 Anamarie Doherr, du Frankfurter Rundschau, décide de brusquer les choses. Jusque-là on a plutôt tourné autour du pot. Ulbricht vient d'affirmer avec force qu'il se refuse à envisager la réunion de Berlin-Ouest et de Berlin-Est en une ville libre. Anamarie Doherr lève la main. D'un signe de tête favorable, Ulbricht lui donne la parole.

- Monsieur le président, dit-elle, si Berlin-ouest était déclaré ville libre, cela signifierait-il d'après vous que la frontière d'Etat de la RDA serait établie à la porte de Brandebourg ? Et s'il en était ainsi, êtes-vous décidé à en supporter toutes les conséquences ?


A l'instant, toute nuance de bienveillance disparaît du visage ridé d'Ulbricht. Il devient écarlate. Sa voix se durcit, s'enfle pour répondre à un journaliste de Francfort : D'après votre question, je comprends qu'il y a des gens, en Allemagne de l'Ouest, qui souhaitent la mobilisation des maçons de la RDA pour ériger un mur.

 A ma connaissance, personne n'a cette intention. Les maçons de notre capitale sont occupés à la construction des maisons et sont employés à plein temps. Je l'ai déjà dit et je le répète : nous tenons à régulariser par un accord écrit les relations entre Berlin-Ouest et le gouvernement de la RDA.

 

 Martelant ses mots, Ulbricht répète :

- Personne n'a l'intention d'ériger un mur.

C'est ainsi que pour la première fois, le mur de Berlin est entré dans l'histoire. Deux mois avant d'exister. Précisément parce que Walter Ulbricht, piqué au vif, venait de jurer qu'il n'existerait jamais.

 

Pendant ving-huit ans et quatorze jours, ceux qui ont habité Berlin, ceux qui l'ont visité, ont été confrontés au mur.

 Ma Mamie n'y a pas échappé et n'a pas oublié. Impossible de rouler longtemps en voiture sans, tout à coup, l'avoir vu surgir devant soi, monstrueux.

 

De loin en loin, en haut des miradors, se tenaient en permanence des Vopos armés et munis de jumelles. Des patrouilles sans cesse en éveil. Deux cent soixante-dix chenil d'où, à la moindre alerte, surgissaient des chiens spécialement dressés pour sauter à la gorge de possibles évadés. des tourelles à tir automatique déclenchées électriquement.

 

 Le mur.

Son omniprésence se muait très vite en obsession. l'homme obligé de vivre à Berlin-Ouest s'agitait comme dans une nasse, une souricière, dont il était impossible de s'évader.

 Qu'il marchât vers le nord, vers l'est, vers le sud, vers l'ouest, toujours il se heurtait au Mur et à ses insurmontables interdits. Encore l'Allemand de l'Ouest pouvait-il, muni d'un permis en règle - et à condition de payer 25 marks - passer une journée en RDA, voire des vacances auprès de sa famille.

  L'Allemand de l'Est, lui, devait oublier de caresser un tel rêve. Nul espoir pour lui d'entrer jamais dans Berlin-Ouest, paradis tant convoité. N'obtenaient de s'établir en zone occidentale que les citoyens de RDA parvenus à l'âge de la retraite. Les autorités de la RDA ne voyaient aucun inconvénient à ce que celle-ci fût versée aux titulaires par les caisses de la République fédérale allemande.

  A l'image des condamnés de l'enfer de Dante, les Allemands de l'Est pouvaient écrire en lettres de feu : Vous qui voyez le mur, perdez toute espérance.

 

 Il a fallu attendre plus de vingt-huit ans pour que la direction du parti ouvre le mur. Les images courent alors le monde de cette muraille d'Allemagne où s'élargissent les premières brèches.

 Les plus audacieux de l'Est s'y engouffrent. Ceux de l'Ouest, accourus de tous les secteurs, de tous les quartiers, les applaudissent frénétiquement, se jettent sur eux, les embrassent. Les sanglots se mêlent aux cris de joie. très vite, les bulldozers interviennent, des pans entiers du Mur haï s'effondrent.

 La nuit tombée n'arrête rien.

D'énormes foules passent à l'Ouest. d'autres foules, non moins considérables, les saluent de leur enthousiasme.

 

 Les jours suivants, la rencontre des deux villes se mue en folie.

Un flot ininterrompu d'hommes et de femmes se ruent dans la ville qu'ils désespéraient de revoir ou de découvrir jamais.

 Les cabas se remplissent de marchandises qui n'existaient pour eux qu'à l'état de rêve. L'Ouest et l'Est fraternisent dans les débits de boisson.

 Jamais à Berlin, on n'aura bu autant de bière.

 

 Mamie est formelle : "La plus grande fête de rue de l'histoire du monde." 

Dans les cafés, on ne fait que rire, pleurer ou s'enivrer. Des dialogues s'engagent. On compare les niveaux de vie, le pouvoir d'achat des deux marks. Songeur, un de l'ouest laisse échapper : "M'étonnerait que Kohl soit réélu après tout ça..." Un de l'Est plaide à mi-voix : "On n'est pas des sous-hommes..."

 L'aube venue, on se sépare. Chacun rentre chez soi. On répudie les ombres pour garder l'espoir. Trois jours plus tôt, aurait-on pu croire qu'adviendrait l'impossible ? 

 

 "C'est dans les moments de ce genre, a dit ma Mamie, qu'on a la sensation que, quelque part, un ange a déployé ses ailes."

 

 

Collection "Mamie explore le temps"

Lee Harvey Oswald -  Stavisky ou la corruption - Sarajevo ou la fatalité - Jeanne d'Arc -  Seul pour tuer Hitler -  Leclerc - Sacco et Vanzetti - La nuit des longs couteaux - Jaurès - Landru - Adolf Eichmann - Nobile - Mr et Mme Blériot - Les Rosenberg - Mamie embarque sur le Potemkine -  L'horreur à Courrières - Lindbergh - Mamie au pays des Soviets - Jean Moulin face à son destin - Mamie est dos au mur - L'assassinat du chancelier Dolfuss - L'honneur de Mme Caillaux - Mamie au pays des pieds noirs - La Gestapo française 

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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 13:54

PICASSO-GUERNICA.jpg"Un tableau célèbre, là, sous vos yeux.


 26 avril 1937. Soudain, à 4 heures et demi de l'après-midi, toutes les cloches de Guernica se mettent à sonner.

 Les entendre à une heure qui n'est celle ni de la messe, ni d'un salut, les habitants de cette petite ville basque savent ce que cela signifie : une alerte aérienne.

 

 Ce jour-là, un marché se tient comme chaque lundi à Guernica. Aux paysans venus pour vendre et acheter, s'ajoutent de nombreux réfugiés : cela fait bien trois mille personnes supplémentaires accueillis dans la petite ville.

 Trois mille qui, dès les premières volées de cloches, se sont avec les autochtones acheminées en bon ordre vers les caves et les abris. Un prêtre énergique canalise la foule vers les refuges.

 De tels réflexes, en temps de guerre, les civils les acquièrent très vite. Les impudents, les négligents, les curieux vont bientôt regretter de ne pas avoir suivi le mouvement.

 

 Cinq minutes se sont à peine écoulées que, dans le ciel, on entend le grondement d'un avion. D'évidence, un avion lourd. Ceux qui sont restés dehors le voient, à basse altitude, s'approcher. Il est seul.

 Apparemment sûr de l'impunité, le pilote ne prend aucune précaution. Il se met à décrire un cercle autour de la ville.

 Tout à coup, l'enfer se déchaîne.

 On voit distinctement la soute du bombardier s'ouvrir et un chapelet de bombes glisser vers le sol. Certains les comptent : six. "Elles étaient grosses", diront les survivants. Des grenades viennent "compléter" le travail.

 

On a cru d'abord que le bombardier viserait la gare. Or, les bombes s'écrasent sur le lycée, sur les maisons, sur les rues voisines. Les murs s'abattent, des cratères se creusent. Les flammes, en quelques secondes, se tordent. Le bombardier a rempli sa mission. Il s'éloigne.

 

 Ceux qui n'ont pas été touchés s'élancent vers les rues et les maisons bombardées. Des gens se trouvent peut-être emmurés ! Ce geste secourable est brisé sur-le-champ. Dans le ciel, gronde déjà un autre moteur.

 De nouveau, la soute s'ouvre. De nouveau, des bombes descendent vers le sol. Le même nombre : 6. Des grenades, une fois encore sèment la mort et l'épouvante. Le bombardier, comme son prédécesseur, s'éloigne.

 Cinq minutes s'écoulent : on attend. Dix minutes : on espère. Un quart d'heure : on se rassure.

 

A la recherche des emmurés, on entame des fouilles hâtives. On tente d'éteindre les brasiers. Alors, trois nouveaux avions surgissent dans le ciel. Les premiers, on les avait aussitôt reconnus : c'étaient des bombardiers Heinkel 111, des allemands.

 Ceux-ci, à n'en pas douter, sont des Junkers 52, d'autres allemands. Les hommes qui se sont battus en Espagne les connaissent bien. Les civils aussi.

 

Dès lors, Heinkel et Junkers vont alterner. Le bombardement ne s'interrompra plus, cependant que son intensité augmentera sans cesse. Il a commencé à 16 H 40. Il ne cessera qu'à 19 H 45.

 Quand les derniers appareils allemands disparaissent, Guernica n'existe plus.

 

 Un matin, ouvrant son journal, ma Mamie découvre le massacre impitoyable d'une petite ville de son pays, l'anéantissement délibéré d'une population dans le seul but de terroriser. Elle n'est pas la seule. Pablo Picasso fait la même découverte.

 Quoique vivant depuis de nombreuses années en France - où il a trouvé la gloire -, Picasso demeure profondément espagnol.

 A l'instant, il a saisi ses pinceaux.

 En peignant, il s'est lui-même senti soulevé d'épouvante. Sa toile va en devenir l'admirable reflet.

 

 Comme dit Mamie : Nul, depuis Goya, n'a si puissamment, si douloureusement évoqué les douleurs de la guerre.

 

 Une question est alors sur toutes les lèvres : Qui est responsable des bombardements sanglants de Guernica ?

Nous avons un début de réponse quand, en septembre 1945, deux américains s'entretiennent avec Goering dans sa prison de Nuremberg. Ils se nomment Maier et Sander. Ils lui parlent de Guernica. Réponse : la ville a été utilisée comme "banc d'essai".

 Il ajoute : "Lamentable évènement ! Mais nous ne pouvions pas faire autrement. A l'époque, de telles expériences ne pouvaient pas être menées ailleurs."

 

 Serait-ce donc que la responsabilité de l'anéantissement de la ville doive être attribuée à la légion Condor exclusivement ? Non point.

 Un document apporte la preuve d'une connivence totale entre Allemands et Franquistes. Il montre que ce raid a été engagé à la demande du commandement nationaliste.

  Il fallait s'y attendre. 

 

 

Collection "Mamie explore le temps"

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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 13:39

Staline.jpg"Il faisait froid...

 

 Jamais peut-être il n’avait tant neigé sur Moscou : du moins, c’était l’avis de Mamie.

Pendant tout le mois de février 1953, il avait neigé. Une neige drue, insistante, insidieuse, s’accumulant peu à peu en couche énormes.

 Puis le vent s’était levé, la pourga, le vent glacé de la Sibérie, un vent qui balayait tout. Sous son souffle, la neige s’était prise et transformée en verglas. Circuler dans Moscou devenait une aventure. Seul, de rares trains précédés de leur chasse-neige, quittaient la ville ou y rentraient.

 Le 4 mars, les auditeurs tôt levés qui se rasaient en écoutant Radio-Moscou entendirent soudain à 6 heures 19, un simple flash : le speaker annonçait que Staline était gravement malade.

A 6 h 21, Radio-Moscou précisait que le généralissime était atteint d’une hémorragie cérébrale.

A 6 h 25, l’agence Tass annonçait que Staline souffrait de troubles cardiaques, qu’il respirait avec peine et que des bulletins de santé seraient diffusés à intervalles rapprochés.

A 6 h 36, Radio-Moscou annonçait que l’état du Maréchal ne s’était pas amélioré.

A 6 h 38, l’agence Tass communiquait : "Le pouls de Staline est de 120 et son rythme respiratoire de 38 à la minute".

A 6 heures 55, c’était un communiqué officiel : "Le comité central et le conseil des ministres de l’URSS annoncent qu’un grand malheur vient de fondre sur notre parti et notre peuple : la grave maladie du camarade Staline".

 Suivait un bulletin de santé officiel. Le premier. "Dans la nuit du 2 mars, le camarade Staline a été frappé d’une hémorragie cérébrale atteignant les régions vitales du cerveau.

 Le camarade Staline a perdu connaissance. Le bras droit et la jambe droite ont été paralysés. L’usage de la parole a été perdu". Après quoi, venaient plusieurs paragraphes de pleurs lyriques et d’officiels dithyrambes...

 C’est ainsi que ma Mamie apprit que le plus grand dictateur qui ait régné sur la Russie, depuis Ivan le terrible venait d’être frappé par l’aile de la mort.


 Or tous les éloges éplorés qui courait sur les ondes ne dissimulaient qu’un mensonge.

Là-dessus, Mamie est formelle : tout ce qu’on "dévoilait" sur la mort de Staline était faux.

Les dirigeants de l’Union Soviétique, simulant un désespoir de circonstance, affolés par une réalité qui les libérait mais faisait peser sur eux d’effroyables responsabilités, avaient choisi d’imaginer pour Staline une fin forgée de toutes pièces.

 

 La suite prochainement.

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Livre d'or

Première affiche

 

  "MA MAMIE M'A DIT"  

Spectacle nostalgique 

 

"On nous avait promis la magie, promesse tenue : un spectacle plein de féérie de souvenirs où chacun se retrouvait. Une belle énergie. Les résidents ont adoré. Merci." Marie ("La Clairière de Luci" - Bordeaux)
 
"Formidable ! Nous sommes tous remontés dans le temps, nous avons vingt ans, on a ri, on a presque pleuré et surtout on a chanté. Merci." Cathy (Arles)
 
"Un véritable petit chef d'oeuvre" ; "La légion d'honneur pour la créativité" "Un véritable artiste" ; "Après-midi formidable" ; "Absolument parfait" ; "Une rétrospective originale" ; "Un très bon moment d'évasion". Propos recueillis à la résidence Emera d'Angoulême  
 
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux... C'était magnifique. Nous avons revu toute notre jeunesse et notre enfance. Et c'est beau de redevenir jeune dans l'ambiance d'autrefois." Aimée et Janine
 
"Les chansons, les réclames et les anecdotes ont transporté les résidents dans leur enfance. Une après-midi de nostalgie mais aussi de chansons et de rires. Merci encore pour ce magnifique spectacle." Sandrine
 
"Spectacle complet, tellement agréable et thérapeutique pour nos personnes âgées, encore félicitations !" Docteur Souque
 
"Un choix extraordinaire de chansons, des moments magiques, des photos magnifiques, vous nous avez mis de la joie dans le coeur. Et retrouver sa jeunesse avec tous ces souvenirs, ça fait plaisir et j'espère que vous reviendrez nous voir." Mme Lorenzi (Juan-Les-Pins)
 
"Pour ma fête, par un pur hasard je me suis retrouvé dans un club de personnes âgées où j'ai pu assister à votre spectacle sur le passé. Cela m'a rappelé mes grands-parents et mes parents et c'était vraiment un moment magique." Josette, La Roque d'Antheron
 
"Bravo bravo bravo Regis, c'est le meilleur spectacle que j'ai vu depuis que je fais le métier d'animatrice." Bénédicte La Salette-Montval (Marseille)
 
"Je n'imaginais pas lorsque je vous ai accordé un rendez-vous que vous enchanteriez pendant 1 h 1/4 les personnes âgées d'une telle façon. Merci pour votre prestation qui a fait revivre les moments publicitaires, évènementiels et musicaux de leurs vies." Michelle, CCAS de Toulouse
 
"Un super voyage dans le temps pour le plus grand plaisir des résidents. Merci à Régis pour cette magie et à bientôt." Brigitte (Lunel)
 
"Enfin un retour à notre "époque". Quel bonheur, que de souvenirs, quelle belle époque ou l'amitié était de mise. Merci pour cette très belle après-midi, on s'est régalé avec ce très très beau spectacle". Danielle (Mirandol)
 
"Super - divinement bien -  tout le monde était enchanté même que M. Benaben a dit : "Vous nous avez donné l'envie de revivre notre vie"." Sylvie (Sainte Barthe)
 
"Un grand merci pour ce bon moment et je crois, je suis sûre, qu'il a été partagé par mon mari." Mme Delbreil
 
"Une féérie de l'instant." Christian
 
"Beaucoup d'émotion dans ce spectacle plein de chaleur et d'humanité." Sylvie
 
"Une soirée inoubliable. Continuez à nous émerveiller et faites un long chemin." Claude
 
"Le meilleur spectacle que j'ai jamais vu. De loin." Tonton Kiko
 
"C'est bien simple, je n'ai plus de Rimmel !" Claudine (seconde femme de Tonton Kiko)
 
"A ma grande surprise, j'ai versé ma larme. Tu as atteint mon coeur. Bravo pour ces sentiments, ces émotions fortes, j'ai eu des frissons par moment." Ta couse Céline
 
"Redge, encore un bon moment passé en ta présence. On était venu plus pour toi que pour le spectacle, mais quelle agréable surprise ! On est fier de toi, continues d'oser, de vivre !" Pascale
 
"J'avais froid, un peu hagard, l'humeur moribonde et puis voilà, il y a toi avec toute ta générosité, l'intérêt, l'affection que tu as toujours su apporter aux autres, à moi aussi et Dieu sait si tu m'as rendu la vie belle depuis qu'on se connaît comme tu as su le faire une fois de plus." Jérôme
 
"Ce spectacle est nul à chier et je pèse mes mots." Gérard
 
memoria.viva@live.fr

Ma Mamie m'a dit...

Madka Regis 3-copie-1

 

COLLECTION "COMEDIE"

Mamie est sur Tweeter

Mamie n'a jamais été Zlatanée !

Mamie doit travailler plus pour gagner plus

Mamie, tu l'aimes ou tu la quittes

"Casse-toi pauvre Régis !"

Papi a été pris pour un Rom

Mamie est sur Facebook

Papi est sur Meetic

Il y a quelqu'un dans le ventre de Mamie

Mamie n'a pas la grippe A

La petite maison close dans la prairie

 

COLLECTION "THRILLER"

Landru a invité Mamie à la campagne...

Sacco et Vanzetti

Mamie a rendez-vous chez le docteur Petiot

La Gestapo française

Hiroshima

 

COLLECTION "SAGA"

Les Windsor

Mamie et les cigares du pharaon

Champollion, l'homme qui fit parler l'Egypte

Mamie à Tombouctou

 

COLLECTION "LES CHOSES DE MAMIE"

Mamie boit dans un verre Duralex

Le cadeau Bonux

Le bol de chocolat chaud

Super Cocotte

Mamie ne mange que des cachous Lajaunie

 

COLLECTION "COUP DE COEUR"

Mamie la gauloise

Mamie roule en DS

Mamie ne rate jamais un apéro

Mamie et le trésor de Rackham le Rouge

 

COLLECTION "DECOUVERTE"

Mamie va au bal

La fête de la Rosière

Mamie au music-hall

Mamie au Salon de l'auto

 

COLLECTION "SUR LA ROUTE DE MAMIE"

Quand Papi rencontre Mamie

Un Papi et une Mamie

Mamie fait de la résistance

Mamie au cimetière

24 heures dans la vie de Mamie

 

COLLECTION "MAMIE EXPLORE LE TEMPS"

Jaurès

Mamie embarque sur le Potemkine

Mamie et les poilus

Auschwitz

 

COLLECTION "FRISSONS"

Le regard de Guynemer

Mr et Mme Blériot

Lindbergh décroche la timbale

Nobile prend des risques

 

COLLECTION "MAMIE EN BALLADE"

Mamie chez les Bretons

Mamie voulait revoir sa Normandie !

La fouace Normande

La campagne, ça vous gagne...

Mamie à la salle des fêtes

Launaguet

La semaine bleue

Le monastère

 

COLLECTION "MAMIE AU TEMPS DES COURTISANES"

Lola Montès

Les lorettes

Mme M.

Napoléon III

Plonplon

La marquise de Païva

Mme de Pompadour

Générique de fin