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10 octobre 2024 4 10 /10 /octobre /2024 11:42
Les souvenirs d'Edouard Bled "La Belle époque"

"J'avais un an en 1900.

Je me souviens d'une fillette en jupe gros bleu à motifs jaunes, en boléro noir qui écrivait : "Chocolat Menier. Méfiez-vous des contrefaçons. Elle avait posé près d'elle son grand parapluie bleu, son panier d'osier qui devait contenir son déjeuner, et son goûter avec les tablettes de chocolat qu'elle recommandait. Sur l'autre, un garçonnet coiffé d'un grand béret, sa gibecière accrochée dans le dos, regardait certainement avec convoitise l'inscription  "Petit-beurre Lu. Nantes. Lefèvre Utile." Ces deux enfants étaient si sympathiques, si vrais dans leurs attitude, qu'on s'attendait à les voir s'animer, descendre de leur affiche, nous sourire puis se donner la main comme un frère et une soeur qui prennent le chemin de l'école. 

Je me souviens de ma mère qui m'avait fait un tapioca au lait que j'aimais bien. Puis, elle m'avait couché, me bordant dans mon petit lit de fer contre la cheminée de sa chambre. Rassuré, je m'étais endormi. O mains douces, ô coeur sublime d'une mère qui panse toutes les blessures...

Au bistrot, l'apéritif était souvent coupé d'un sirop : Raphaël-citron, vermouth-cassis, Pinon-fraise, servi dans un grand verre, le patron apportait de l'eau de Seitz.

La bicyclette était à la mode. Les jeunes rêvaient d'en avoir une : c'était le dépaysement, les longues promenades, la chansonnette, la découverte d'une guinguette où l'on se reposait un instant, la griserie de l'air vif quand on se laisse aller en roue libre dans une descente.

 BSA, Alcyon, Peugeot.

Dans notre quartier où les moindres bruits, les moindres sons portaient loin, on entendait certains soirs d'été monter les notes langoureuses d'un piano. Elles semblaient suivre les ondulations d'une vague qui vient mourir sur le rivage ; puis une voix de femme s'élevait interprétant : Un poète m'a dit, Pensées d'automne, Chagrin d'amour..

Mon père ? Il était aussi bon que le bon pain de la belle boulangère.

Dans la rue, on chantait : "Viens Poupoule, viens Poupoule, viens..., "A la cabane bambou..." ou encore "C'est la danse nouvelle, Mademoiselle. La danse qui nous aguiche, c'est la matchiche..." 

Les adultes disaient à cette même époque :

- Voir Naples et mourir !

et rêvaient des gondoles de Venise.

J'ai gardé le souvenir que sur le chemin de l'école dans les premiers mois de ma scolarité, mes frères chantaient : "Quand refleuriront Les Lilas blancs..."

Il me semble entendre la voix du maître du cours élémentaire première année :

- Prenez votre cahier, écrivez la date et maintenant copiez la maxime morale qui est au tableau. Appliquez-vous pour bien la retenir.

Echos de paroles lointaines, image pâlies de scènes vécues, enregistrées dans la mémoire ! Je revois le génisse amené dans le préau, une fois par an, pour la vaccination anti-variolique et de nos sorties pour la récréation où j'entends nos cris "A fiot, à fiot !" ce qui, voulait dire : qui vient jouer à saute-mouton ?

Dans un silence impressionnant, je perçois encore la voix souple et expressive du maître quand il nous racontait La chèvre de Monsieur Seguin ou la Dernière Classe.

Qui n'a gardé en son coeur un petit coin de tendresse pour son école ? Là s'écoule un moment important de la vie.

 On imagine le poêle, on retrouve toutes les odeurs, on se revoit à la table où a été gravé de noms ou d'initiales et tâché de coulées d'encre violette, la plume au-dessus de l'encrier de porcelaine...

 A la maison, la gaieté ne cessait de régner. Mais dans la vie, il n'y a pas que des joies. Ma grand-mère relevait cette évidence :

- Notre vie est un mystère, un jour nous partons comme les leurs se fanent dans le jardin.

Puis-je oublier les matins de Noël où après avoir découvert nos jouets devant la cheminée de la chambre de mes parents, nous allions à la messe de neuf heures ? Le froid nous piquait le visage. Il avait neigé pendant la nuit, nos solides galoches s'enfonçaient dans la neige et formaient des sillons parallèles. Ensuite, nous revenions en hâte à la maison. Des fumées blanches s'échappaient des cheminées. Et nous retrouvions la maison chaleureuse et nos jouets et nos rêves d'enfant.

Une année s'achevait et avec elle le XIXème siècle, nous allons entrer dans le XXème. C'était pour tous un évènement d'une rare importance. Chacun était porteur de souvenirs et s'interrogeait sur l'avenir.

J'ai dix ans, je feuillète des numéros du Petit Journal Illustré. Ma mère me raconte :

"Cette année-là, on créa l'Aiglon d'Edmond Rostand. Cette pièce eut un grand succès. En 1900, une chanson que chante ton frère Georges fit fureur : l'Etoile d'amour de Paul Delmet, elle est considéré comme un chef d'oeuvre de la chanson populaire.

Je dégustais avec une évidente satisfaction mes bouillies de phosphatine Fallières et pourtant, je ne renonçais pas à tenter de déboutonner le corsage de ma mère. Ma grand-mère fit un peu vivement cette remarque :

- Celui-là ne va pas téter jusqu'à son départ au régiment. Mets de la moutarde.

Au bal, un chanteur connaissait un grand succès. Il mimait ses chansons alors que les femmes ne faisaient aucun geste et tenaient généralement entre leurs mains une partition de musique. Quand quelqu'un interprétait "La Chanson des blés d'or" :

 "Mignonne quand le soir descendra sur la terre

Et que le rossignol viendra chercher encore

Quand le vent soufflera sur la verte bruyère

Nous irons écouter la chanson des blés d'or...

rêveuse, ma mère ne manquait jamais de dire :

- C'est la chanson de l'année de mon mariage, 1882, comme c'est loin ! Mais aujourd'hui j'ai sept beaux et bons enfants...

Pour des riens, il nous arrivait parfois de nous quereller et d'échanger des mots vifs qui aujourd'hui n'écorcheraient pas les oreilles : tête de lard, bille de clown, gros bouffi, crâne de Piaf... Le ton s'élevait.

Une des ouvrières de ma mère est passée dans notre souvenir :

- Patronne, vous devez être enceinte, je vois pour vous un enfant avec un petit robinet.

Le tout avant de chanter avec sa voix agréable "Fascination" :

"Je t'ai rencontré simplement

Et tu n'as rien fait pour chercher à me plaire.

Je t'aime pourtant

D'un amour ardent

Dont rien, je le sens, ne pourra me défaire.

Tu seras toujours mon amant

Et je crois à toi comme au bonheur suprême...

Mes frères la chantaient, je la fredonne encore, on l'entend parfois à la radio, à la télévision, certaines chansons ne prennent pas de rides.

Ma tante, elle me racontait des histoires et m'entraînait à chanter des chansons enfantines : "Sur le pont d'Avignon ou Il était une bergère. De toutes celles que je préférais, c'était Le pont du Nord :

"Sur le pont du Nord un bal y est donné

Adel demand' à sa mère' d'y aller...

Non ma fille tu n'iras pas danser

Monte à sa chambre et se mit à pleurer..."

Au coin de la rue Emile et de notre rue, une petite épicerie à laquelle on accède par trois marches. L'épicière, madame Bricon, de taille moyenne, une opulente chevelure blanche, souriante, vous accueille. J'y vais assez souvent. Pour treize sous, j'achète un kilo de sucre Say dans sa boîte de carton marron et, pour quelques sous de plus, un paquet de chicorée A la cantinière dans son emballage bleu.

 Des mots de mon père : 

- Allez vous coucher, je ferai la vaisselle, je rangerai tout et je m'occuperai du chien.

 Le travail était sa loi.

- Si on veut améliorer sa situation, il faut travailler.

Une expression d'enfance : "J'ai gagné, tu me dois un roudoudou."

Nos 14-juillet sont liés à ces souvenirs patriotiques. Le soir dans la rue, le gramophone était installé sur une table avec un coffret contenant les rouleaux dont les airs de valse, de polka, de mazurka entraîneraient les danseurs.

 Des godets bleus, blancs, rouges éclairaient la rue. Nos amis du quartier se joignaient à nous. On lançait des fusées, on allumait des feux de Bengale. A une heure avancée de la nuit, tout le monde se séparait après avoir chanté en coeur l'hymne national.

Mayo venait de créer la matchiche et Théodore Botrel chantait La Paimpolaise et le Biniou de Cornouiller. Plus tard, j'irai au café-concert, je me souviens d'Yvette Guilbert gantée jusqu'aux coudes, j'entends encore la voix vive et souple d'Eugénie Buffet, chantant "La sérénade du pavé" :

Sois bonne ô ma chère inconnue

Pour qui j'ai si souvent chanté...

En rentrant de son travail, un de mes frères croisa un vendeur de La Presse, terrible catastrophe dans les mines de Courrières.La douleur fut vive dans toute la France et même à l'étranger. Des dons affluèrent de toute parts et dans les écoles, on organisa des quêtes. Alors que le pays minier venait d'enterrer ses morts, contre tout espoir, on découvrait quelques survivants. 

L'illustration coûtait un franc, ses articles étaient souvent accompagnés de photographies. Il faudra attendre la fin de l'année 1910 pour que le journal Excelsior fit apparaître des photos en pleine page. Je revois aussi la première page en couleurs du Petit Journal illustré paraissant tous les samedis et que mon père achetait pour dix centimes. je me souviens des réclames :

Samaritaine - Costume tailleur dame, serge, jupe, tunique, jaquette doublée... 65 frs

Le véritable corset Perxphane rend plus sveltes les plus sveltes Parisiennes

La meilleure voiture anglaise est la Daimler !

Les phares Blériot illuminent Paris, la Ville Lumière.

Rasoir de sûreté Gillette, en vente partout.

Blédine Jacquemaire, 2 frs la boîte

Pour votre toilette, employer la crème Simon unique pour la beauté de la peau

Cachou Lajaunie, toujours imité, jamais égalé

Les hommes aimaient les femmes aux formes généreuses et à la taille fine. D'une femme à la belle poitrine on disait :

- Il y a du monde au balcon !

Je me souviens d'une amie qu'on appelait Loulou. Le feu du plaisir brûlait en elle. Frivole et sensuelle. Gracile silhouette, gracieux souvenirs qui se fondent parmi d'autres silhouettes, d'autres souvenirs.

Le soir, après un goûter d'une large tartine de pain et d'un bâton de chocolat Menier, je me mettais à mes devoirs.

Le dimanche était vraiment un jour de fête ! A sept heures, mon père était allait à la boulangerie et avait acheté pour chacun de nous un croissant à un sou et une brioche du même prix.

ma grand-mère qui petite avait eu faim pendant le siège de Paris et la Commune disait :

- Tu ne peux pas savoir comme deux ou trois pommes de terre peuvent être plus précieuses que l'or.

Chez nous, un drame national avait laissé de profondes blessures. La situation était si grave que la troupe avait du intervenir. Les émeutiers, les soldats avaient levé la crosse en l'air. Partout en France on fredonna la chanson à la gloire des soldats du 17ème.

A ma première communion, un de mes frères avait chanté Plaisir d'amour. Ainsi cette chanson a aujourd'hui deux siècles et on la chante toujours.

Au dîner, mon père chante Frou-Frou, ma mère fredonne avec l'un de mes frères La chansons des blés d'or. Puis viennent Toute la vie de Bérard, Souvenir tendre de fragon, L'étoile d'amour de Paul Delmet qui depuis 1900 était sur toutes les lèvres et faisait chavirer tous les coeurs. je me lançai dans les vocalises haut perchées d'un tyrolienne, Minuit sonnait à Saint-Gilles..., que j'entendais au gramophone.

 On se sépare au petit matin après que mon frère Georges eut chanté :

- Femmes que vous êtes jolies !...

- Ninon qu'il est doux de danser avec vous...

Les chansons d'amour sont le plus beau langage du monde.

 Dans mon enfance, notre petit monde était partagé en deux clans : celui des filles, celui des garçons. les filles sautaient à la corde, s'occupaient de leurs poupées alors que nos jeux étaient plus virils, balle au chasseur, lance-pierres...

 Ma mère avait alors 48 ans et elle m'avait déjà dit depuis longtemps :

- Tu es le dernier, tu as fermé la porte.

Le dimanche, la maison chantait de haut en bas. Notre gaieté faisait la joie de ma mère. Nos chansons étaient langoureuses, débordantes d'amour et m'invitaient, m'entrainaient à l'aube de mes quinze ans à entrer dans le jeu. Je fredonnais souvent :

Fascination

Je t'ai rencontré simplement, tu n'as rien fait pour chercher à me plaire.

Je t'aime pourtant d'un amour ardent.

La voisine me tapa dans l'oeil. On marchait ensemble. Lorsqu'un passant nous croisais, je m'effaçais un peu et je la frôlais, ce qui m'enchantait. Si nous nous taisions, j'entendais le délicieux frou-frou de sa jupe. Réalité qui venait confirmer l'air à la mode que nous chantions à la maison :

Frou-frou, frou, frou, par son jupon, la femme,

Frou-frou, frou, frou de l'homme trouble l'âme

Une expression de ma mère :

- Nous allons faire un bon goûter, vous devez avoir une faim de loup.

Puis, ce fut la guerre.

Des trois années de guerre, 1916 fut la plus meurtrière.

Fin octobre 1918, la France avait retrouvé ses frontières, des rumeurs d'armistice circulaient. Le 11 novembre, les cloches, joyeuses cette fois, et les clairons nous annonçaient la fin des hostilités. Ceux qui ont vécu cette journée en ont gardé un souvenir inoubliable pour les émotions et les images qui les ont remués.

Le cauchemar était fini. On a participé à l'allégresse générale avec un bon dîner arrosé de bordeaux et de champagne. Après, il y a eu au village un grand concert, j'ai chanté plusieurs tyroliennes, L'Anneau d'argent, l'Océan, l'Angélus, Le crédo du paysan. Pour les copains, c'était des chansons de Mayol et de Dranem. Pour finir, tous debout, nous avons entonné La Marseillaise avant de regagner notre moulin, sous un ciel étoilé.

La suite prochainement.

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10 octobre 2024 4 10 /10 /octobre /2024 11:33

"J'avais un an en 1900.

Les chansons d'avant-guerre étaient toujours en vogue : la Valse brune, Sous les ponts de Paris, Ferme tes jolis yeux et une toute nouvelle faisait son chemin. La sérénade de Toselli. Après de longues années revenait Le Temps des cerises. Cette chanson de la jeunesse, de l'amour, de l'espérance marquait une résurrection.

 Et l'on était dans les Années folles,. On dansait, on se pressait dans les bals nègres qui attiraient les foules. On s'étourdissait, on se grisait dans les plaisirs les plus forts.

 En l'année 1923, un évènement littéraire important, la parution du Diable au corps de Raymond Radiguet, fit un bruit si grand qu'il toucha au scandale. En cette même année 1923, j'allais voir une opérette de Reynaldo Hana : Ciboulette. Elle connut un succès extraordinaire. Aujourd'hui encore son succès est inépuisable.

 t la scène perdit la voix de Sarah Bernhardt la divine.

Il y avait un nouveau-né, le poste radio à galène. A l'époque, on disait poste de TSF. On entendait parler, rire, chanter, jouer de la musique. Le progrès courait. Au début, il y avait deux postes émetteurs : Radio-Cité et le Poste Parisien.

1924, c'était les jeux Olympiques; C'est au cours de ces jeux que Rigoulot fut proclamé l'homme le plus fort du monde. Ce succès effaçait en partie la défaite de Georges Carpentier devant Dempsey en Amérique le 2 juillet 1921, ressentie comme un affront national.

 En cette année-là, on ne parlait pas que de sport. on s'enthousiasmait pour un ténor, Georges Thill qui interprétait la Damnation de Faust et Manon. Il triomphait à l'Opéra.

 Par instants, un phonographe ou une radions inondait de chansons : Ramona par la voix de saint-grenier, Valencia par celle de Mistinguett et aussi Chantez, chantez grand-mère... Il arrivait que le silence fut total, alors on entendait tomber les heures à la grosse horloge de l'église.

 Tous les samedis, la vie extérieure entrait dans la classe par une certaine actualité. Avec une coupure de journaux, nous faisions une revue des évènements valeureux, des prouesses sportives, des derniers films de la semaine.

 A ce moment-là, la France remporta  la coupe Davis et comme les Trois mousquetaires de Dumas, ils étaient quatre : Borotra, Lacoste, Cochet, Brugnon.

 Bien des évènements se produisirent en 1927 : le premier film parlant : Le chanteur de jazz avec Al Johnson, acteur blanc grimé en chanteur noir. Dans notre quartier, on vit apparaître les premiers passages cloutés.

Une phrase mnémotechnique de notre maître : "La Corneille sur la racine de La Bruyère,

Boileau de la Fontaine Molière."

En 1928 on entendait dire : "- Avez--vous vu Topaze ? Avez-vous vu Topaze ? Le théâtre des variétés ne désemplissait pas. Pendant des mois et des mois, la pièce de Marcel Pagnol connut un succès éclatant. Quelques années plus tôt, on disait : "Avez-vous lu Clochemerle ?

Les souvenirs de guerre s'éloignaient et la vie renouait avec l'espérance. Toute la France et le monde allaient chanter Parlez-moi d'amour de Lucienne Boyer.

 J'avais vu La douceur d'aimer, un film dont on disait le plus grand bien et où Arletty par son jeu, ses reparties gouailleuses teintées d'insolence, imprégnait le cinéma français d'une charmante et saine audace.

Mon père avec ma mère avaient construit pour nous un monde merveilleux dont les images et le souvenir vibrerait en nous toute notre vie. Mes parents avaient fait un mariage d'amour et cet amour, ils l'avaient irradié autour d'eux.

A la fin des vacances je revins cueillir les dernières roses de l'été.

Le chaland qui passe était sur toutes les lèvres. Ses accents nostalgiques me rappelaient un livre d'Emile Moselly : Terres lointaines et sur les boulevards la foule se bâtait pour voir Ben Hur un film à grand spectacle dont on ne peut oublier les courses de quadrige.

Le 8 décembre 1932, on avait inauguré le Rex, le plus beau cinéma de Paris. On projetait les Trois mousquetaires pour quelques milliers de privilégiés.C'est dans ce climat assombri qu'Hitler, le 30 janvier 1933 - jour fatal pour l'humanité arriva au pouvoir par la voie légale.

Chaque jour, Léon Daudet signait dans L'action française, quotidien royaliste, des écrits d'une rare violence avec une plume trempée dans le vitriol. Des hebdomadaires, Guingoire, la Gerbe lui prêtaient main-forte. C'était des appels à l'émeute après l'affaire Stavisky.

 On entendit les pas des liqueurs marteler les pavés et les cris mille fois répétés : "A bas les voleurs, Daladier démission !" La poudrière allait sauter. La France était divisée et Hitler savait qu'à dater de ce jour, il pourrait nous abattre.

Le jeudi après-midi, nous allions au cinéma. De cette année troublée, j'ai gardé en mémoire quelques films : Angèle de Marcel Pagnol avec Fernandel au jeu émouvant ; Le bonheur avec Gaby Morlay et Charles Boyer, deux acteurs particulièrement aimés du public ; Crime et châtiment avec Pierre Blanchard. Nous verrions bientôt la Veuve joyeuse que Maurice Chevalier tournait en Amérique.

Nous avons passé nos vacances en Béarn. Nous chantions, nous chantions, laissant exploser notre joie de vivre. L'écho me renvoyait ma tyrolienne, le Betse de Pau et l'air passionné du Pays du sourire :

"Je t'ai donné mon coeur...

Tu tiens en moi, tout mon bonheur...

Au début de mai, le Front populaire gagnait les élections. Les français épris de liberté sentirent tout d'un coup que la chape de plomb qui pesait sur eux depuis février 34 avait disparu. On avait l'impression heureuse de respirer plus profondément.

Les grands-mères sont la mémoire du monde.

 Le gouvernement présidé par Léon Blum se mettait au travail dans un environnement difficile  de grèves interminables.

 On chantait "Tout va très bien, Madame la Marquise", on admirait Raimu dans le César de Pagnol.

 Je redécouvrais Le Canard Enchaîné que je lisais avec délices de la première à la dernière page.

Les Françaient étaient plus divisés que jamais alors que face à la montée des périls, ils auraient dû serrer les rangs. Face à la ligne Maginot, les Allemands construisaient une ligne fortifiée, la ligne Siegfried et s'affairaient à forger une armée ultra moderne pour conquérir leur "espace vital".

 Hitler refusait de serrer la main à Jesse Owens lors de la cérémonie d'ouverture des jeux Olympiques à Berlin. Edouard VII dut abdiquer pour épouser l'Américaine divorcée qu'il aimait.

 Deux grandes figures disparurent : Jean Mermoz dans l'Atlantique Sud à bord de son hydravion La Croix du Sud et le commandant Charcot, explorateur polaire de réputation mondiale avec le Trois-mâts le Pourquoi-Pas ? pris dans une tempête-ouragan d'une rare violence au large de l'Islande.

 1936 : Rose et noire, année des espérances réalisées et des inquiétudes les plus graves.

Le 29 septembre, Charmberlin proposa la réunion d'une conférence internationale. Elle se tient à Munich dans les premiers jours d'octobre. La suite ? Quand Daladier et Georges Bonnet rentrèrent à Paris, ils s'attendaient à être sifflés, à recevoir des projectiles divers. Ils furent acclamés comme des sauveurs de la paix.

 Daladier aurait dit :

"Pauvres cons, s'ils savaient !"

Et nous avons su.

Mais la vie était là pressante et nous invitait à profiter du présent immédiat, son cheminement pouvant être modifié à tous moments. Nous ne manquions pas de voir les derniers films dont Quai des brumes avec Jean Gabin et Michèle Morgan, une jeune vedette verts dont le regard étrange nous fascinait

En mars, les troupes allemandes entraient à Prague. J'ai encore en mémoire la photo parue dans les journaux et L'Illustration. Des soldats allemands casqués, le fusil à l'épaule, baïonnette au canon, défilent dans une rue. Sur un trottoir, des passants les regardent. Les visages sont graves, crispés, désolés. C'est un document poignant de vérité qui témoigne de la douleur d'un peuple qui vient de perdre sa liberté.

La Tchécoslovaquie n'existe plus.

1939 était le cent cinquantième anniversaire de la prise de la Bastille. Dans les premiers jours de juillet, des milliers d'enfants des écoles de Paris furent groupés sur la place de l'Hôtel-de-Ville agitant chacun un mouchoir remis par la municipalité, bleu, blanc ou rouge de façon à former un immense drapeau tricolore. La cérémonie s'est terminée par une vibrante Marseillaise. Et ce fut la distribution des prix dans la grande salle d'honneur de la Mairie. Nous avons voulu qu'en raison des circonstances elle restât dans la mémoire des enfants.

Dès le 15 juillet, nous étions à la plage.

Mais nos joies restaient fragiles car nous vivions des heures fiévreuses. Bien souvent en vacances, on ne lit que fort distraitement les journaux, là, on prêtait l'oreille à toutes les rumeurs et l'on ne manquait pas d'écouter la radio. Allait-on mourir pour Dantzig ?

Dantzig obtenu, Hitler démembrerait la Pologne.

D'un seul coup, la plage était à dem-désertei. La chanson de Rina Ketty J'attendrai ton retour, rendue plus émouvante par les intonations de sa voix et son léger accent résonnait jusqu'au plus profond de nous-mêmes. Cette promesse insistante d'une femme à un être aimé devenait celle de toutes les femmes qui attendraient pendant des mois et des mois le retour d'un fils, d'un mari, d'une fiancé, ou d'un amant.

 ce qui se passait en Pologne était dramatique. Après vingt-six jours de bombardement, les Allemands entrèrent à Varsovie.

​​​​​​​Mobilisation générale.

La suite prochainement.

Les souvenirs d'Edouard Bled "Les années folles"
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Published by Régis IGLESIAS - dans Les souvenirs de ...
9 octobre 2024 3 09 /10 /octobre /2024 09:56
Les souvenirs d'Edouard Bled "Les années bonheur"

"J'avais un an en 1900.

Pendant l'occupation, nous n'étions allés ni au théâtre, ni au cinéma. Nous renouerons avec la série de Madame Minniver. Nous verrons à cette même époque le film de Marcel Carné les Portes de la nuit où l'on entend par la voix d'Yves Montand l'émouvante chanson les Feuilles mortes de Prévert qui fera le tour du monde et traversera le temps.

Qu'allait-on voir au cinéma Autant en emporte le vent où Scarlett O'Hara nous séduit par sa rage de réussir à conserver ses terres. L'on retient une douloureuse histoire d'amour ou l'amour impossible ou l'amour manqué.

Nous sommes en 1952, Françoise Sagan fait paraître son roman : Bonjour tristesse. C'est un immense succès. A l'autre extrémité de la gloire, François Mauriac reçoit le prix Nobel de littérature.

Sur les écrans, on peut voir Trou normand dont les acteurs sont Bourvil qui s'était fait connaitre par sa chanson Elle vendait des crayons et des cartes postales une très belle jeune fille, Brigitte Bardot.

Odette m'a serré le bras et m'a dit :

- C'est beau la vie.

Odette a tourné le bouton de la radio. Jacqueline François de sa belle voix émouvante, après avoir chanté Mademoiselle de Paris, nous charmait par Quand les poètes ont disparu, le dernier succès de Charles Trenet, notre infatigable et trépidant troubadour.

Au début de mars, un grand souffle d'espérance souleva le monde. Il semblait que l'on respirait mieux. Le dictateur, le despote qui depuis trente ans gouvernait la Russie d'une poigne de fer, Staline, venait de mourir.

Un soir, nous avons pris le chemin de l'Olympia pour écouter Edith Piaf que nous entendions souvent à la radio. Cette chétive silhouette tenait toute la scène de son immense talent. Elle faisait corps avec ses chansons : la vie en rose, Milord, Mon Légionnaire, De l'autre côté de la rue.

Il y avait les opérettes aussi. Des chanteurs dont le plus aimé, le plus talentueux : Luis Mariano. On connaissait le Belle de Cadix, le Chanteur de Mexico. Ses admiratrices se comptaient par milliers.

 Si les chevaux ne piaffaient plus dans nos cités, les films les rappelaient à notre souvenir. Dans les Grandes manoeuvres de René Clair, Gérard Philippe faisait battre le coeur de Michèle Morgan... Sa mort sera douloureusement ressentie et considérée comme une impardonnable injustice du sort et d'une perte irréparable pour l'art dramatique.

Je me souviens d'un déjeuner à bord du Liberté, ancien paquebot allemand Europa.

La suite prochainement.

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5 février 2024 1 05 /02 /février /2024 18:49
Les souvenirs de Pascal Praud

"Mille raisons d'autant aimer la vie ...

Avoir de la chance. Allumer des bougies. Dire "Bonne nuit mon amour". Dîner avec des amis de trente ans. La neige en ville.la mousse au chocolat. Passer un dimanche dans le Bouchonnois. Le prénom Morgane. Les Uns et les autres de Claude Lelouch. Les galettes des rois à la frangipane. La voix de Michel Sardou en 1975. la plage de la Baule les soirs d'été à 20 heures. Les souvenirs.

 Les courts de tennis en terre battue. L'encens dans la maison. Le rire de Cathy.Johann Cruyff. Le café sans sucre. Faire des câlins.Columbo; Imiter Claude François. "Pourquoi voulez-vous qu'à 67 ans, je commence une carrière de dictateur ?" Paris le dimanche matin avant 10 heures. Les pistes vertes à Courchevel. "L'hiver" dans les quatre saisons de Vivaldi. "Week-end à Rome, tous les deux sans personne." Chanter dans un karaoké. Le plus-que-parfait du subjonctif. la règle, c'est qu'il n'y a pas de règle. la désinvolture de Jacques Dutronc. Le prénom Tiphaine. "Quelle nouvelle ? le petit chat est mort." Les frites de L'Entrecôte.

les 504 coupés. Brosser ses dents. Le prénom Faustine; Le hachis Parmentier. Le maillot Europe 1 du FC Nantes en 1977. D'Allemagne chantée par Patricia Kaas, composée par Didier Barbelivien. Les tongs l'été. Avec mon meilleur souvenir de Françoise Sagan. La place Saint-Jacques à Metz. Les sapins de Noël. "Je crois aux forces de l'esprit". Dîner seul. Faire du vélo. Sea, sex and Sun. Le prénom Lou-Elise; Dormir sur la plage. Les langoustines de la Voile d'Or au Pouliquen. Luis Mariano. pour la millième fois César et Rosalie. lire Voici. la volée de John Mc Enroe. me réveiller sans réveil. L'extraordinaire Didier Bourdon. Mon enfance.

Un pour tous, tous pour un. Tout Sinatra. "Souffrir pour toi n'est pas souffrir".  Les pailles d'or de Lu. "Un jour j'irai à New-York avec toi". 28° à l'ombre. La pluie à Nantes. Nager dans l'océan Atlantique. "Elle s'appelait Sarah, elle n'avait pas huit ans". Les slows. Les lunettes de soleil. Baiser. Maritie et Gilbert Carpentier. L'adagietto dans dans la symphonie n)5 de Gustav Malher. L'ami de mon ex-femme. Les coups francs de Michel Platini. "Mais toi c'est pas pareil. C'est du soleil; C'est l'océan quand les vagues déferlent. Toi c'est différent". Ecrire le matin. "Vergeat, il est à Montpellier Vergeat !" Pleurer devant Kramer contre Kramer. Choisir sa place au cinéma.

Marcher pieds nus. Des photos sur le réfrigérateur. Aller à la messe de minuit. Textoter avec mes enfants. Jadis, autrefois et naguère. Dire : "Je t'aime". Rire tout seul. Le pain de campagne. Le blanc du poulet. Henri Leconte face à Pete Sampras le 29 novembre 1991 à Lyon.Voyager la nuit. "Demain dès l'aube à l'heure où blanchit la campagne". "Dans l'île aux enfants c'est tus les jours le printemps". Les yaourts nature. Diego Armando Maradona. Les crêpes beurre sucre. Les pennes à la sauce arrabiata. Thérèse Desqueyroux. "Je crois qu'après avoir vu ça, on peut mourir tranquille." Diner côte à côte avec mon amoureuse.

Souvenirs, attention danger, Garçon s'il vous plaît... Champagne !

 

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27 octobre 2023 5 27 /10 /octobre /2023 18:11
Les souvenirs de Gilbert Lhubac

"Chroniques villageoises.

Nous n'étions en vacances qu'après la cérémonie du 14 juillet.

En hiver, notre mission était d'allumer le poêle. "Ceux de service" amenaient eux-mêmes un fagot de sarments et un seau de charbon. En baillant, les deux "victimes" bourraient le poêle de vieux journaux, peu importait l'opinion politique du papier, on trouvait aussi bien des feuilles de l'hebdomadaire Gringoire, du quotidien Le petit Méridional, ou du Chasseur Français, le mensuel de la Manufacture d'Armes et de Cycles de Saint-Etienne, que les pages du Petit Echo de la Mode.

L'institutrice entrait, vérifiait d'un coup d'oeil que tout était en place, poêle allumé, tableau effacé, encrier rempli d'encre violette, aucun papier par terre.

Au signal de la maîtresse, on entonnait l'inévitable Maréchal nous voilà !

Cet "hymne" à la gloire du maréchal Pétain était obligatoirement vociféré par tous les petits élèves du pays à peine entrée en classe. Après cette joyeuse mise en train, commençait la distribution des biscuits caséinés.

Ces biscuits provenaient de la biscuiterie LU. Les écoliers les grignotèrent jusqu'à 1945.  LU luttait ainsi contre l'occupation refusant de travailler pour les Allemands. Leur production fut également envoyée dans les camps de prisonniers.

- Marcel, distribue les cahiers de composition ! J'veux entendre voler une mouche.

On parlait de restrictions. I y avait le sucre du raisin, c'était nourrissant. Et puis une salade du jardin, quelques haricots secs, qui restaient, un os de jambon pour leur donner du goût. Quant à après-demain... On verrait aussi. On trouverait bien une aubergine ou deux, pareil pour les tomates.

La vie était rude, mais on avait l'habitude. Personne ne pouvait vous aider et surtout pas le gouvernement de l'Etat Français. A chacun de se débrouiller. Demain les enfants iraient à l'école, comme d'habitude, chanteraint, à peine arrivé, Maréchal nous voilà ! Et passeraient ensuite à la dictée et à la grammaire. Le soir, avant de se coucher, il leur faudrait dire une prière pour le Papa prisonnier, qu'ils ne connaissaient pas. C'était la vie. Celle de tous les jours.

1949.

- Tu vas aller chercher un pain, il te faut prendre les tickets, sinon la boulangère ne te donnera rien.

Cette demi-miche, que j'allais ramener triomphalement était farcie de brins de paille jaune qui se fichaient entre les dents. Il arrivait souvent qu'une fois planté devant la porte de la boulangerie, nous trouvions une affiche : "Plus de pain."

Maman fouillait dans la réserve pour trouver une ou deux pommes de terre que le Papéavait réussi à faire pousser dans le jardin, et nous mangions une patate bouillie en guise de pain.

Les Allemands n'étaient plus là, mais oui, nous étions encore en guerre !

Nous avions besoin de distraction. Heureusement, il y avait le cinéma. Les films à la gloire des combattants alliés passaient et repassaient sur les écrans. RAF, US AIR FORCE, Skyblazers et bien d'autres films, programmés le samedi soir, jusque dans notre petit village. Ensuite, ce furent de grands films, La bataille du Rail, Jeux interdits, Nuit et brouillard,  puis d'autres encore Un condamné à mort s'est échappé, L'armée des ombres, Au revoir les enfants, Le dernier métro. La guerre était en nous et pour longtemps.

Mes parents m'avaient acheté à Montpellier un opuscule en couleur qui célébrait les exploits des chefs de cette grande guerre, Montgomery, Leclerc, De Gaulle, Eisenhower, Churchill... A chaque page, le drapeau français et la Croix de Lorraine.

Ensuite on a vu Le chagrin et la pitié, Paris brûle-t-il, Uranus, tant et tant d'oeuvres qui nous rappelaient les représentations du Viné-Palace un soir de l'an 1947.

Encore de nos jours, le cinéma et la télévision nous propose des films qui font revivre cette époque, et en nous renaissent les images d'une enfance habitée de fantômes qui jamais ne nous quitteront...

Le dernier jour d'école c'est demain. 14 juillet 1947.

Une bombe. Le garde-champêtre venait d"annoncer ainsi par la première bombe de la journée

main, la Fête Nationale.

Un dernier mot : "Attendez, un instant !Je vous souhaite à tous de bonnes vacances, et revenez bien reposés le 1er octobre. Profitez bien dit l'institutrice mais les enfants étaient déjà partis !

 Une fois dehors, ils chantèrent "Vive les vacances, point de pénitences, les cahiers au feu et les maîtres au milieu !

Claude retourna vers le centre du village, les cafetiers avaient installés leurs terrasses. Il savait qu'il trouverait là son père, sa mère, leurs amis attablés devant un apéritif. C'était traditionnel, chaque année, il en était ainsi : on buvait l'apéro du 14 juillet, dehors,  l'ombre des platanes centenaires de l'Esplanade. Ils attaquaient le Bhyrr, le Dubonnet, le Saint-Raphaël, le Picon mais surtout dans le Midi le Pastis, le "jaune" que fabriquait en cachette le cafetier en utilisant de petites fioles d'anéthol. Sur demande, le patron vous servait aussi une Suze, accompagnée d'un siphon d'eau de Seltz.

- Papa, des sous, s'il te plait, je vais acheter des pétards !

Le soir, tout le village se retrouverait aux terrasses des cafés dans l'attente des feux d'artifice...

Le Loto, c'était quelque chose. Des hauts-parleurs sonorisaient toutes les pièces. La plupart des numéros appelaient un commentaire humoristique : 22, les flics. Quatorze, l'homme fort. Treize, ma grand-mère. Il est tout seul : Un. Quatre, le fauteuil. Sept, port de mer. 88, les deux poulettes. Le vieux grand-père : 90 ! Les chandelles : 36. La queue en bas : neuf. La queue en l'air : six ! ...

"Une guêpe !

- Attention qu'elle ne vous pique pas, ça fait très mal !

 Branle-bas de combat ! Chacun s'emparait alors qui d'un torchon, qui d'un journal, ou, dernier recours, de la petite pompe à réservoir de liquide insecticide, le Fly-Tox, et l'insecte était poursuivi jusqu'à ce que mort s'ensuive.

La vendange, l'automne, l'école, le premier octobre... Bientôt Noël...

La toilette ? Nous faisions appel au savon Cadum dont la publicité s'étalait sur les murs du village, tout autant que dans les pages des journaux et des revues. Pour être bien peigné, nous enduisons nos cheveux de brillantine où nous avions le choix entre la brillantine Forvil et la brillantine Roja ("la brillantine qui ne graisse pas" selon la réclame) avant que les marques Vitapointe ou Pento ne remplacent la "domina" de nos pères.

Pour bien se nourrir, au petit déjeuner, il y avait le fameux Caobel. Puis ce fut Banania ("Banania, disaient les pavés publicitaires, la suralimentation intensive"). Cette réclame parut pour la première fois dans la revue Excelcior.

Depuis 1941, des "bonbons vitaminés" étaient distribués dans les écoles, avant d'être remplacés par des biscuits casernés à base d'albumine de lait. Ces biscuits prenaient de la biscuiterie LU.

- Il faut te purger aujourd'hui, c'est jeudi. C'est pour ton bien. Le docteur le recommande "Il faut se purger une fis par mois". Tiens, avale ça et sans faire de grimace ! Allons, pas de comédie !

 Elle me tendait un demi-bol fumant empli d'un liquide nauséabond, du lait, du café, et de l'huile de ricin ! D'avance j'avais envie de vomir et ensuite j'étais prêt à faire dans le lit avant de m'installer, muni de mon journal Coeur Vaillant, "sur le trône". Passons les détails.

Complément incontournable de cette maudite médication, la fameuse Huile de foie de Morue ! Une cuillerée à midi, une cuillerée le soir.

- Tu croqueras un bonbon ou un carré de chocolat. Vite avale !

​​​​​​​Le dimanche au bureau tabac, nous nous offrions le fameux Coco Boër. Un vrai régal.

​​​​​​​Je me souviens aussi des pistolets de la marque Solido pour jouer aux cow-boys, d'un cycle de marque Alcyon, un autre de marque Terrot, Motobécane et le vieux Vélosolex et des "choses de la vie quotidienne" : je pense au Néocide Mural, le Fly-Tox.

Ma mère, le matin, rentrant de commissions, annonçait : "Je vais passer l'Océdar...

Autre produit indispensable à cette époque-là le Bleu d'azur. C'était une sorte de boule-chaud qui apportait une blancheur irréprochable au "linge blanc".

Le défilé de tous ces noms d'objet de notre prime jeunesse. réveille une certaine nostalgie et fait revivre un passé que nous sentons très proche. Le temps qui passe reste très présent dans les mémoires des gens âgées que nous sommes devenus. L'évocation du bleu azur ou de l'Océdar restitue à notre  mémoire des moments, de instants, tout en ressuscitant surtout la présence et l'activité de ceux que nous avons aimés qui demeurent à jamais dans nos coeurs.

La suite prochainement.

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31 mars 2023 5 31 /03 /mars /2023 12:03
Les souvenirs de Pierre Pitiot

"Pendant les années noires, privé de tout par les uniformes verts, je ne cessai de regretter le chewing-gum, les bananes et le chocolat, ainsi que mon hebdomadaire favori, Le journal de Mickey, qui arrêta sa parution dès l’armistice 1940.

Au rez de chaussée de ces immeubles meublant les quais, on trouvait différents commerces : la boulangerie Bonnafous et les bistrots et leur terrasse : Le Petit Mousse, Chez Borie, Adélaïde (on ignorait son patronyme exact et on ne l’appelait que comme ça). C’est là que mon arrière grand-mère venait siroter son apéritif quotidien, un quint (comprenez un « Saint-Raphaël Quinquina », habitude qu’elle conserva jusque’à ce qu’elle devienne grabataire. Quand je me trouvais en sa compagnie, elle ne manquait jamais de me faire servir « un bébé », ce qui dans le vocabulaire bistrotier, signifiait du sirop de grenadine étendu d’eau ; j’étais friand de cette boisson jusqu’à ce que, sous l’occupation, le sucre du sirop soit remplacé par de la saccharine, ce qui m’orienta provisoirement vers d’autres saveurs.

Chez Borie, je ne m’y rendais que pour les séances de cinéma et pour les bals - costumés ou pas - du carnaval.

Dans une chanson extraite d’une opérette marseillaise, on trouve ce refrain : « Ah qu’il est doux le plaisir de la pêche, c’est lek régal parfait

Je me souviens aussi d’un air très célèbre alors, mais bien oublié aujourd’hui’hui, d’une valse de Franz Léhar : « Heure exquise-Qui nous grise…

Au loto, le « tireur du sac » sortant les pions numérotés et les annonçant aux joueurs, agrémentait sa diffusion d’un simple commentaire, souvent traditionnel et parfois… hasardeux ; ainsi le numéro 22 était toujours suivi de la mention « les deux poulettes », le 7 de « petit port de mer »… Souvent les joueurs s’impatientaient et apostrophaient le meneur du jeu par : « Bolet lus », il fallait « bouleguer ». Chaque partie était close lorsque fusait le cri de la victoire : « Quine » ; et la partie se terminait alors par la phrase, traditionnelle elle aussi : « La quine est bonne, vous pouvez démarquer ! » On venait alors remettre au vainqueur son butin, la plupart du temps un « panier garni » empli à ras bord de boustifaille.

Je me souviens des champions de France en titre de Beach volley. Demotte, Delousteau, Brioude, Claparède, Dulon, leur capitaine incontesté, et un de leurs co-équipiers qui devait rester célèbre pour d’autres raisons, Jacques Vabre ; oui, ce Vabre qui devait donner son nom à une des marques de café des plus réputées, représentée publicitairement par « le gringo » qui savait détecter des arômes subtils.

Je me souviens de la projection du  Blanche-neige de Disney qui fut l'évènement cinématographique de l'an 37.

La cuisine ? N'allez pas vous imaginer que l'ordinaire palavasien n'était que bouillabaisse ou langouste à l'américaine, on mangeait des petits poissons plats, sorte de soles naines appelées "palanques" qui se dégustaient avec les doigts. Le plat principal que je prisais le moins, c'était la préparation de poissons, d'étangs pour la plupart, dite à l'"aga eau", sorte de cuisson en court-bouillon ; on assaisonnait ensuite les filets de poisson dans son assiette avec de l'huile et du vinaigre.

Après avoir joué, exténués par l’effort consenti, encore enivrés de cette participation toujours trop brève, le corps couvert d’un sable soudé par la transpiration, tels de jeunes athlètes en croûte au sel, nous courrions nous jeter dans les flots revigorants de cette « mer, toujours recommencée… »

Le 2 septembre 1939, je me trouvais chez mes grands-parents qui habitaient tout près de l’église ; passant devant celle-ci, je remarquai des affiches sur les murs, chose inhabituelle. Elles avaient pour titre en caractère gras : « Mobilisation générale ».

Mon grand-père n’avait pas la larme facile ; pourtant, je l’ai vu pleurer deux fois pendant la triste période qui a suivi la déclarations des hostilités. La première fois, ce fut lorsque la voix chevrotante de Pétain annonça l’armistice ; la seconde fois, toujours à l’écoute de la radio, ce fut lorsque’il appris en novembre 1942, que la flotte française venait de se saborder en rade de Toulon.

L’information qui ne le fit pas pleurer mais qui le propulsa dans une rage folle fut une information de juillet 1940 : les Anglais avait envoyé par le fond tous nos navires de guerre en rade de Mers-el-Kébir, près d’oral. Il vaut mieux qu’aucun sujet de sa gracieuse majesté ne se soit pas trouvé à porté de ses mains : il l’aurait étranglé séance tenante. Il se contenta de fracasser une chaise qui manqua de justesse le poste de radio. Ma grand-mère lui reprocha la destruction de la chaise pendant plusieurs années.

Les plages, désormais minées, étaient devenus un domaine interdit à nos jeux. Nous nous rattrapions en jouant à "bistre" ou à la "ringarangue" ou encore à "la balle en peilhe" variété locale du football où la sphère de cuir était remplacée par un amalgame de chiffons arrondi au mieux : on a les ersatz qu'on peut.

 On a aussi les stades qu'on peut : celui de Palavas se nommait en toute simplicité "le terrain du Toc". Il se trouvait  sur une partie desséchée de l'étang du Grec et ses installations se résumaient aux trois barres de bois formant chacun des buts.

Le mot de la fin ? Au milieu de cette vague de souvenance, reste le plus précieux : comment oublier ces moments qui me portaient vers l'ataraxie : assis sur le sable, tourné vers ce sud qui demeure mon vrai pôle d'orientation, me reste une impression qui me revient souvent en mémoire et règne en maîtresse sur mon corps et mon esprit, enfin confondus.

Elle devient cette ligne, ardemment scrutée, jusqu'à plonger mon regard dans une totale béatitude, cette ligne de lumière sombre, au contraire de celle qui embrase le zénith ; elle délimite l'horizon, là où la mer cherche à joindre le ciel, mais sans jamais l'atteindre.

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22 mars 2023 3 22 /03 /mars /2023 16:25
Les souvenirs de Philippe Labro

"J'emporterai.

Le sourire radieux de l'enfant lorsqu'il voit votre visage par la fenêtre de sa salle de classe, il sait que vous êtes venu le chercher ; les cris de joie un soir de juillet 1998.

Le goût des mûres cueillies dans les ronces des chemins de Beausoleil sur les hauteurs de Montauban.

J'emporterai l'histoire du petit matin en Afrique. La gazelle se réveille et sait que si elle ne court pas plus vite que le lion, elle sera tuée. Le lion se réveille et sait que s'il ne court pas plus vite que la plus lente des gazelles, il mourra de faim. Moralité : être lion ou gazelle importe peu. Ce qui compte, c'est que, dès le petit matin, à peine es-tu réveillé, commence à courir !

J'emporterai la Route 66 et les cheveux blonds de Françoise qui épousent le mouvement de son visage lorsqu'elle se penche au balcon du Théâtre des Champs-Elisées quand on a vu Leonard Cohen pour la première fois et qu'il a chanté "Suzanne", cette jeune femme à laquelle ressemble l'amour de ma vie.

J'emporterai les platanes le long du canal du Midi ; le moment où on goûtait la première eau de la première plage qui s'offrait à nous, le premier concert de David Bowie ; le premier concert des Rolling Stones ; le dernier concert de Brel ; le dernier concert de Piaf ; les premiers pas de Biolay ; la première apparition de Stromaé ; les apparitions d'Abbado à Salzbourg, Paris, Milan ou ailleurs, avec cette transcendance qui était la sienne ; Trenet au Châtelet, Dylan partout, Cohen et son "Everybody knows". Duke Ellington et son formidable "Take the A train". La Callas qui a "perdu son Eurydice" ; le choc de la première vision de Citizen Kane, Orson Welles, ce génie qui s'est perdu...

J'emporterai la grappa dans les restaurants italiens ; la queue du dimanche matin devant les boulangeries ; les femmes en jupe assises aux terrasses quand revient le mois d'avril ; l'harmonica qu'Henry Fonda fiche dans la mâchoire du frère ainé de Charles Bronson dans  Il était une fois dans l'Ouest ; Ventura qui gifle Adjani, Cotillard qui devient la Môme ; les héros de l'écran désormais ignorés, Tyronne Power, Errol Flynn, Georges Marchal, Lucien Coëdel ; Bourvil qui monte sur les épaule de de Funès ; Paul Meurisse qui regarde Signoret avant qu'on l'exécute dans L'armée des ombres ; Gabin aux cheveux blancs qui donne un pyjama à son copain, René Dary, dans l'immortel Touchez pas au grisby ; Françoise Dorléac quand toute une génération, les larmes aux yeux, l'accompagna au cimetière ; Steve McQueen dans Guet-apens , le fusil à pompe à la main ; la fin des Quatre cent coups avec le visage du petit Léaud qui se fige, Delon, Belmondo les deux fauves, la panthère et le lion. Le prince inégalé, Gérard Philippe.

J'emporterai la bière et la pizza devant la télé pour suivre un Classico ; les ouvreuses de cinéma qui proposaient des esquimaux et des bonbons au caramel ; les doigts qui sentent les moules dans les brasseries où l'on crie "Chaud devant !", Fernandel et Raimu, les comédiens géants d'une autre époques phrases de tous les jours, celles qui disent les choses fortes, celles qui viennent du coeur :

 Ne rentre pas trop tard.

 J'emporterai les manèges qui tournent dans les squares ; Louis Prima chantant "Just a gigolo" ; les athlètes du 800 mètres qui accélèrent à la cloche du dernier virage ; les calamars et les haricots ; les "c'est plus comme avant" ; les "et avec ça ?" demandés par les commerçants ou bien les "ça a été ?" des serveurs ou serveuses.

Les "c'est ma faute", les "je n'ai pas fait exprès, les "clous pourriez au moins vous excuser" ; les brèves de comptoir ; le pénalty raté ; le penalty réussi ; la troisième mi-temps des rugbymen.

Les choses de la vie. Les chansons de la vie :

Les "ne me quitte pas" ; "tombe la neige" ; "pourtant que la montagne est belle" ; "let it be", "j'me suis fait tout petit"; "avec ma gueule de métèque" ; "I can't cet no satisfaction ; "tu la voyais pas comme ça ta vie" ; "Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers"; "avec le temps va tout s'en va"; "qui c'est le plus ballez c'est tonton mayonnaise" ; "Ave Maria" ; "amis entends-tu le vol noir des corbeaux" ; "qu'on est bien dans les bras d'une personne du sexe opposé" ; "ce soir nous allons danser sans chemise sans pantalon" ; "c'est une chanson qui nous ressemble" ; "que reste-t-il de nos amours ; "toute la musique que j'aime, elle vient de là, elle vient du blues".

Il n’y a pas d’efforts inutiles. Sisyphe se faisait les muscles.

Roger Caillois

On disait de Bill Clinton, quarante-deuxième président des Etats-Unis : « Il voudrait être le marié à chaque mariage et le défunt à chaque enterrement. »

« Pardonner, c’est chrétien, oublier c’est couillon. »

Nietzsche : « Il faut avoir du chaos en soi

Pour accoucher d’une étoile qui danse. »

J’emporterai,

L’insatisfaction des Rolling Stones, le dernier concert de Brel, il revient en peignoir pour saluer les gens qui refusent de le voir partir (« Faut aller voir » disait-il) ; la première dent qui tombe, on attend la petite souris, le retour des déportés dans les salons du Lutetia ; l’éphémère splendeur d’un vol d’oies sauvages au-dessus des étangs ; toutes les larmes versées, tous les remords, tous les rires ; Aimé Jacquet qui dit à Pirès de muscler son jeu ; Fernand Raynaud qui raconte « Y a comme un défaut » ; le choc à la primevère vision de Quai des orfèvres de Clouzot ; prendre un enfant par la main ; les couleurs du monde.

Les rencontres sont les cadeaux de la vie.

Paul Eluard :

« Dans la vie, il n’y pas de hasard. Il n’y a que des rendez-vous.

J’emporterai,

L’angoisse des lycéennes et des lycéens devant les tableaux de résultat du bac ; t’es cap ou t’es pas cap (les mots des cours d’école) ; la caissière du supermarché qui trouve encore la force de vous sourire ; le coup de tête de Zidane ; méfiez-vous des filles aux lèvres minces et des garçons aux mentons fuyants ...

Rainer Maria Rilke :

Il ne suffit pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent.

Epitaphe sur la tombe d’un hypocondriaque :

Je vous l’avais bien dit.

La vieille dame distinguée dans un salon du Titanic :

J’avais demandé de la glace. Mais ceci est ridicule.

Georges Brassens, quand on lui suggère l’Académie française, répond :

Trente, d’abord.

Gary provoquait envie, jalousie, éveillant l’aigreur de ceux qui ne connaitraient jamais les grands rendez-vous de l’aventure et de la vie. Je tremble d’émotion chaque fois que je relis la lettre laissée par Romain, rédigée au stylo, de sa lisible et belle écriture :

On peut mettre cela évidemment au compte d’une dépression nerveuse. Mais alors il faut admettre que celle-ci dure depuis que j’ai l’âge d’homme et m’a permis de mener à bien mon oeuvre littéraire.

Il avait écrit auparavant : « Je me suis bien amusé. Au revoir et merci. »

J’emporterai,

Les chefs d’oeuvre de Milan Kundera, Georges Brassens qui suait en grattant sa guitare égrenant sa supplique pour être enterré au cimetière de Sète :

Pauvres rois pharaons

Pauvre Napoléon !

Pauvres grands disparus gisant au Panthéon

Pauvres cendres de conséquence...

Les cris des enfants sous les préaux des écoles ; le coeur et le sourire de Mireille Darc ; les tours de Notre-Dame.

Les bons Américains, Lincoln, Rosa Parks, Luther King, John Glenn.

Les vilains Américains, Cheney, Rumsfeld, Trump, Nixon, McCarthy, Lindbergh.

Le mot de la fin :

Nous nous rencontrerons à nouveau,

Je ne sais où, je ne sais quand, mais nous nous reverrons.

Sans oublier :

« Si je devais revivre ma vie,

J’aimerais faire encore plus d’erreurs,

J’irais cueillir plus de marguerites

J’irais grimper plus de montagnes

J’irais nager dans plus de rivières

J’irais danser plus de danses 

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12 décembre 2019 4 12 /12 /décembre /2019 17:05
Les suggestions de Jacques Attali

"Faire de sa vie un roman, il n'y a que ça de bon."

(Katia, Tolstoï, 1859)

 

LES FILMS

 

 Le dictateur de Chaplin, Citizen Kane d'Orson Welles, Les enfants du paradis de Carné, Le voleur de bicyclette de Vttorio De Sica, Mort à Venise de Luchino Visconti, Voyage au bout de l'enfer De Michael Cimino...

 La grande illusion de jean Renoir, Autant en emporte le vent de Victor Fleming, Casablanca de Michael Curtiz, Elle et Lui de Léo McCarey, 2001 L'Odyssée de l'espace, Le Parrain de Francis Ford Coppola, Annie Hall et Manhattan de Woody Allen, ET l'Extraterrestre et Duel de Steven Spielberg...

 La vie est belle de Frank Capra, Les sept samouraïs d'Akira Kurosawa, Certains l'aiment chauds de Billy Wilder ("Nobody is perfect"), Mon oncle de Jaques Tati, Lamort aux trousses d'Hitchcock, Les quatre cents coups et La nuit américaine de François Truffaut, Les Tontons flinguer de Georges laugher ("Il n'y a pas que de la pomme", "Ventilé façon puzzle"), Un homme et une femme de Claude Lelouch...

 Le guépard de Visconti, La grande vadrouille de Gérard Oury, Barry Lindon de Kubrick, Vol au dessus d'un nid de coucou de Milos Forman, Taxi Driver de Scorcese, La guerre des étoiles de Georges Lucas...

 Midnight Express d'Alan Parker, Elephant Man de david Lynch, Blade Runner de Ridley Scott, Le cercle des poètes disparus de Peter Weir, Quatre mariages et un enterrement de Mike Newell, Forest Gump de Robert Zemeckis, Pulp Fiction de Tarantino, Usual Suspects de Bryan Singer ...

 

LES ROMANS

 

L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche de Miguel de Cervantes ("Garde toujours dans ta main la main de l'enfant que tu as été"), Le Comte de Monte-Cristo et Les Trois mousquetaires d'Alexandre Dumas, Moby Dick d'Herman Melville...

 Madame Bovary et L'éducation sentimentale de Flaubert, Guerre et paix de Léon Tolstoï, Voyage au bout de la nuit de Céline, Cent abs de solitude de Gabriel Garcia Marquez, Belle du Seigneur d'Albert Cohen, Le rouge et le noir de Stendhal, A l'ombre des jeunes filles en fleur de Marcel Proust, La confusion des sentiments et Lettre d'une inconnue de Stefan Zweig...

 L'étranger de Camus, La dernière lettre de Vassili Grosslman ("Je suis sûre, Vitia, que cette lettre te parviendra, bien que je sois derrière la ligne de front et derrière les barbelés du ghetto juif. Je ne recevra pas ta réponse car je ne serai plus de ce monde."), La Modification de Michel Butor, Ne tuez pas sur l'oiseau moqueur d'Harper Lee, Le K de Dino Buzzati...

 L'Amant de Marguerite Duras ("Et puis il n'avait plus su quoi lui dire. Et puis il le lui avait dit que c'était comme avant, qu'il l'aimait encore, qu'il ne pourrait jamais cesser de l'aimer, qu'il l'aimerait jusqu'à sa mort."), Opération Shylock : une confession et Potnoy et son complexe de Philip Roth, Le Lys dans la vallée de Balzac ("Oui, la première femme que l'on rencontre avec les illusions de la jeunesse est quelque chose de saint et de sacré.")

 Les Aventures d'Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, Crime et châtiment de Dostoïevski, Le Tour du monde en 80 jours de Jules Verne, Le portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde, Effi Briest de Theodor Fontane,  Le procès de Franz Kafpa ("Comme un chien, dit-il, comme si la honte dût lui survivre.")

 Les Misérables et Le dernier jour d'un condamné de Victor Hugo, Dix petits nègres d'Agatha Christie, Le petit prince de Saint-Exupéry, Aurélien de Louis Aragon, La Peste de Camus, Lolita de Vladimir Nabokov, La promesse de l'aube de Romain Gary, De sang-froid de Truman Capote...

 L'Insoutenable légèreté de l'être de Milan Kundera ("On a tous tendance à voir dans la force un coupable et dans la faiblesse une innocente victime."), L'ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon... 

 

LA MUSIQUE

 

Jean-Sébastien Bach, Les variations Goldberg, Mozart, Ave verum, Beethoven, le 14ème Quatuor, Vincenzo Bellini "Casta Diva", The Beatles White Album...

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3 septembre 2019 2 03 /09 /septembre /2019 10:13
Ls souvenirs de Léa

"Le Diable en rit encore" de Régine Deforges.

A la TSF, on entend :

"Parisiens, réjouissez-vous ! Nous sommes venus vous donner la nouvelle de la délivrance... La division Leclerc entre dans Paris ! ... Elle va être dans quelques minutes à l'Hotel de Ville ! Ne quittez pas l'écoute...

Léa s'est levée et s'est approchée de Franck. Fougueusement, il l'enlace.

"Ici, Schaeffer, je suis dûment mandaté par le secrétaire général de l'information du Gouvernement provisoire de la République pour parler à messieurs les curés qui peuvent m'entendre et qui peuvent être avertis immédiatement. Je leur dis... de faire sonner immédiatement les cloches à toute volée pour annoncer l'entrée des Alliés dans Paris..."

Franck et Léa sont dans les bras l'un de l'autre, riant et pleurant. Ils se précipitent à la fenêtre. Sur toute la place Saint-Michel, les volets ont claqué, une à une les lumières s'allument ! Oublié le camouflage, oublié la défense passive ! L'heure est à la clarté et à la joie ! Sur la place, les gens accourent de toutes parts, se jettent dans les bras les uns des autres. Des radios poussées au maximum de leur puissance jaillit le Marseillaise, sur la place tous se sont immobilisés et repreenneent en coeur :

- Aux armes citoyens ! ...

Soudain, une première cloche, timide d'abord, s'enhardit dans les ciel où se couche, morose, le dernier jour de l'Occupation de Paris... celles de Saint-Séverin lui répondent puis celles de Saint-Julien-le-Pauvre, de Saint-Germain-des-Près, du Sacré-Coeur, de Saint-Etienne-du-Mont, de Saint-Germain-l'Auxerrois, de Saint-Sulpice, de Sainte-Geneviève, de Saint-Eustache et puis, c'est le gros bourdon de Notre-Dame qui se joint à elles, entrainant la ville dans une elle allégresse.

Devant l'Hotel de Ville, le speaker bouleversé déclame des verts de Victor-Hugo :

"Réveillez-vous ! assez de honte ;

Redevenez La grandee France !

Redevenez le grand Paris !"

 

Vers huit heures du matin, Laure entra ben coup de vent dans la chambre où dormait Léa.

- Ils arrivent ! Ils arrivent !

- Qui ?

- Les Leclerc ! Ils arrivent ! Ils sont portées d'Orléans ! Lève-toi, on y va...

 

 Il faisait un temps magnifique. Il y avait dans l'air comme une atmosphère de fête. 

 

Un mélodrame se jouait en haut des marches de l'église. Une feuille de papier blanc sur lequel coulait l'encre noire des mots : "ICI L'ON COIFFEE GRATIS".

 Sur la scène improvisée, les "coiffeur" surgissait armé de grands ciseaux de tailleur qu'il faisait tourner et claquer au dessus de sa tête avec des contorsions à la Maurice Chevalier chantant :

"Avez-vous vu le nouveau chapeau de Zozo,

C'est un chapeau un chapeau rigolo

Sur les devant on a mis une petite plume de paon

Sur le côté un amour d'perroquet"

La suite prochainement.

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Published by Régis IGLESIAS - dans Les souvenirs de ...
30 août 2019 5 30 /08 /août /2019 10:48
Les souvenirs de Michel Fugain

"Des rires et une larme.

Ma première leçon de la vie ? Je pleurais et ma mère m'a filé un aller-retour avec un gant de toilette mouillé d'eau froide : "Tiens ! si tu le savais pas avant, maintenant tu sais pourquoi tu pleure !" Par la suite, j'ai veillé à ne pleurer qu'en sachant exactement pourquoi.

 A la maison, il y avait Ulla et Blitz, tous deux bergers allemands, et une dynastie de Piteau. Piteau I, PIteau 2 et PIteau III, les chats. La question était : Pourquoi Piteau ? Parce que "chat Piteau !" répondaient mes parents, fiers du jeu de mots. La guerre venait de se terminer, il n'y avait pas encore la télé et on riait encore de peu et de bon coeur.

En contrebas de la place, sous des marronniers, s'étalaient les jeux de boules où, le dimanche, les hommes venaient se mesurer à la lyonnaise et s'arsouiller au pastis. Lorsqu'une équipe était "fanny", on sortait la plaque émaillée sur laquelle figurait une pin-up au sourire provocant qui soulevait sa jupette et montrait ses fesses que les battus devaient embrasser. Nous, les gosses, on aimait bien voir les hommes "baiser Fanny".

​​​​​​​ C'est au parc d'à côté que j'ai fumé mes premières et dernières immondes cigarettes à l'eucalyptus. On se cachait beaucoup. Dans le foin, les greniers, les granges. Dans tout le village, on allait de planque de l'un en planque de l'autre. On n'avait pourtant pas grand chose à cacher, si ce n'étaient quelques jeux interdits avec les sauvageonnes que l'on connaissait depuis la maternelle.

​​​​​​​ Le 6 mars 1953, consternation générale. Joseph Staline vient de mourir. Un choc à la maison.

Près de chez nous, il y avait un bistrot qui avait peut-être un autre nom mais qui restait pour tous "chez Simone". Simone chez qui on entrait en étant  sûr d'avoir notre grenadine qui nous laissait des moustaches rouges sur les babines. Simone qui, telle la Madelon, apportait l'été des boissons fraîches  dans la salle d'attente de on papa pleine à craquer.

Notre génération est celle des Tricheurs. Nous avions dix-sept ans en 59 lorsque sortit le film de Marcel Carné. Dès lors, plus une boom ne s'est terminé sans son jeu de la vérité, dont la question finale était forcément : "Est-ce que tu veux coucher avec un tel ou une telle ? La bande originale du film était exclusivement composée de jazz. Du coup, nous écoutions du jazz. 

 On ne se lassait pas des chorus de Parker. Ascenseur pour l'échafaud était un de nos disques de chevet. NOs discothèques étaient faites de Miles Davis, Gillepsie, Coltrane, Parker, Thelonius Mon, Charlie Mingus, les Jazz Messengers, Art Blakey, Max Roach et out ce qui bopait.

L'arrivée du rock and roll et les yéyés ? On s'en foutait. Et puis on s'y est fait.

Toutes les occasions étaient bonnes pour aller chez les uns et les autres. Cela se passait en général l'après-midi. On dansait bops, slows et cha-chas. Gainsbourg chantait L'eau à la bouche et on transpirait sur Tequila.

 Nos rares escapades consistaient à descendre boire un verre en ville, et être, malheureusement, obligés d'écouter Pour une amourette de Leny Escudero, le tubes des juke-boxes de cet été-là.

 On se jetait sur la collection des Cahiers du cinéma avec avec Aznavour en fond sonore. On dévorait les articles sur Welles, Cocteau, Bresson, Trufaut, Godard, Chabrol en fumant des Celtiques, grosses cigarettes immondes très en vogue dans la Nouvelle Vague.

 Le 12 mai 1963, j'ai eu vingt et un ans. Je devenais majeur.

Fin novembre, le 23, Oswald et quelques autres ont choisi d'assassiner John Kennedy à Dallas. On l'a appris par la radio. Il n'y avait pas de télévision à la maison.

​​​​​​​La suite prochainement.

 

 

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Livre d'or

Première affiche

 

  "MA MAMIE M'A DIT"  

Spectacle nostalgique 

 

"On nous avait promis la magie, promesse tenue : un spectacle plein de féérie de souvenirs où chacun se retrouvait. Une belle énergie. Les résidents ont adoré. Merci." Marie ("La Clairière de Luci" - Bordeaux)
 
"Formidable ! Nous sommes tous remontés dans le temps, nous avons vingt ans, on a ri, on a presque pleuré et surtout on a chanté. Merci." Cathy (Arles)
 
"Un véritable petit chef d'oeuvre" ; "La légion d'honneur pour la créativité" "Un véritable artiste" ; "Après-midi formidable" ; "Absolument parfait" ; "Une rétrospective originale" ; "Un très bon moment d'évasion". Propos recueillis à la résidence Emera d'Angoulême  
 
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux... C'était magnifique. Nous avons revu toute notre jeunesse et notre enfance. Et c'est beau de redevenir jeune dans l'ambiance d'autrefois." Aimée et Janine
 
"Les chansons, les réclames et les anecdotes ont transporté les résidents dans leur enfance. Une après-midi de nostalgie mais aussi de chansons et de rires. Merci encore pour ce magnifique spectacle." Sandrine
 
"Spectacle complet, tellement agréable et thérapeutique pour nos personnes âgées, encore félicitations !" Docteur Souque
 
"Un choix extraordinaire de chansons, des moments magiques, des photos magnifiques, vous nous avez mis de la joie dans le coeur. Et retrouver sa jeunesse avec tous ces souvenirs, ça fait plaisir et j'espère que vous reviendrez nous voir." Mme Lorenzi (Juan-Les-Pins)
 
"Pour ma fête, par un pur hasard je me suis retrouvé dans un club de personnes âgées où j'ai pu assister à votre spectacle sur le passé. Cela m'a rappelé mes grands-parents et mes parents et c'était vraiment un moment magique." Josette, La Roque d'Antheron
 
"Bravo bravo bravo Regis, c'est le meilleur spectacle que j'ai vu depuis que je fais le métier d'animatrice." Bénédicte La Salette-Montval (Marseille)
 
"Je n'imaginais pas lorsque je vous ai accordé un rendez-vous que vous enchanteriez pendant 1 h 1/4 les personnes âgées d'une telle façon. Merci pour votre prestation qui a fait revivre les moments publicitaires, évènementiels et musicaux de leurs vies." Michelle, CCAS de Toulouse
 
"Un super voyage dans le temps pour le plus grand plaisir des résidents. Merci à Régis pour cette magie et à bientôt." Brigitte (Lunel)
 
"Enfin un retour à notre "époque". Quel bonheur, que de souvenirs, quelle belle époque ou l'amitié était de mise. Merci pour cette très belle après-midi, on s'est régalé avec ce très très beau spectacle". Danielle (Mirandol)
 
"Super - divinement bien -  tout le monde était enchanté même que M. Benaben a dit : "Vous nous avez donné l'envie de revivre notre vie"." Sylvie (Sainte Barthe)
 
"Un grand merci pour ce bon moment et je crois, je suis sûre, qu'il a été partagé par mon mari." Mme Delbreil
 
"Une féérie de l'instant." Christian
 
"Beaucoup d'émotion dans ce spectacle plein de chaleur et d'humanité." Sylvie
 
"Une soirée inoubliable. Continuez à nous émerveiller et faites un long chemin." Claude
 
"Le meilleur spectacle que j'ai jamais vu. De loin." Tonton Kiko
 
"C'est bien simple, je n'ai plus de Rimmel !" Claudine (seconde femme de Tonton Kiko)
 
"A ma grande surprise, j'ai versé ma larme. Tu as atteint mon coeur. Bravo pour ces sentiments, ces émotions fortes, j'ai eu des frissons par moment." Ta couse Céline
 
"Redge, encore un bon moment passé en ta présence. On était venu plus pour toi que pour le spectacle, mais quelle agréable surprise ! On est fier de toi, continues d'oser, de vivre !" Pascale
 
"J'avais froid, un peu hagard, l'humeur moribonde et puis voilà, il y a toi avec toute ta générosité, l'intérêt, l'affection que tu as toujours su apporter aux autres, à moi aussi et Dieu sait si tu m'as rendu la vie belle depuis qu'on se connaît comme tu as su le faire une fois de plus." Jérôme
 
"Ce spectacle est nul à chier et je pèse mes mots." Gérard
 
memoria.viva@live.fr

Ma Mamie m'a dit...

Madka Regis 3-copie-1

 

COLLECTION "COMEDIE"

Mamie est sur Tweeter

Mamie n'a jamais été Zlatanée !

Mamie doit travailler plus pour gagner plus

Mamie, tu l'aimes ou tu la quittes

"Casse-toi pauvre Régis !"

Papi a été pris pour un Rom

Mamie est sur Facebook

Papi est sur Meetic

Il y a quelqu'un dans le ventre de Mamie

Mamie n'a pas la grippe A

La petite maison close dans la prairie

 

COLLECTION "THRILLER"

Landru a invité Mamie à la campagne...

Sacco et Vanzetti

Mamie a rendez-vous chez le docteur Petiot

La Gestapo française

Hiroshima

 

COLLECTION "SAGA"

Les Windsor

Mamie et les cigares du pharaon

Champollion, l'homme qui fit parler l'Egypte

Mamie à Tombouctou

 

COLLECTION "LES CHOSES DE MAMIE"

Mamie boit dans un verre Duralex

Le cadeau Bonux

Le bol de chocolat chaud

Super Cocotte

Mamie ne mange que des cachous Lajaunie

 

COLLECTION "COUP DE COEUR"

Mamie la gauloise

Mamie roule en DS

Mamie ne rate jamais un apéro

Mamie et le trésor de Rackham le Rouge

 

COLLECTION "DECOUVERTE"

Mamie va au bal

La fête de la Rosière

Mamie au music-hall

Mamie au Salon de l'auto

 

COLLECTION "SUR LA ROUTE DE MAMIE"

Quand Papi rencontre Mamie

Un Papi et une Mamie

Mamie fait de la résistance

Mamie au cimetière

24 heures dans la vie de Mamie

 

COLLECTION "MAMIE EXPLORE LE TEMPS"

Jaurès

Mamie embarque sur le Potemkine

Mamie et les poilus

Auschwitz

 

COLLECTION "FRISSONS"

Le regard de Guynemer

Mr et Mme Blériot

Lindbergh décroche la timbale

Nobile prend des risques

 

COLLECTION "MAMIE EN BALLADE"

Mamie chez les Bretons

Mamie voulait revoir sa Normandie !

La fouace Normande

La campagne, ça vous gagne...

Mamie à la salle des fêtes

Launaguet

La semaine bleue

Le monastère

 

COLLECTION "MAMIE AU TEMPS DES COURTISANES"

Lola Montès

Les lorettes

Mme M.

Napoléon III

Plonplon

La marquise de Païva

Mme de Pompadour

Générique de fin