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4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 17:13

CP-Monesties-3.jpg"Le temps des cerises.

 

 Ne vous détrompez-pas, ma Mamie n’a pas décidé du jour au lendemain de devenir moine. Encore moins de rentrer au couvent. Monastère n’est ni plus, ni moins que la traduction catalane de Monestiés, un petit village charmant situé à dix minutes de Carmaux (en roulant bien). 

 Sur la placette il faut s’arrêter l’été et boire un verre sur la terrasse. Le temps ici s’est figé. Tout y est apaisant, même l’angélus y est plus lent qu’ailleurs.

 Ici les tragédies s’enfuient à tire-d’aile avec leurs compagnons, les vacarmes et les furies. Pas de drames, le paysage n’est pas fait pour ça.

 Dracula ici aurait fabriqué du fromage de chèvre, Landru et le docteur Petiot auraient passé des journées étirées à de longues belotes, et Hanibal Lecter serait devenu végétarien...

 Pourquoi ce village me produit-il toujours cet effet ? Peut-être parce que ma Mamie venait flâner ici quand elle était petite.

 Elle partait de bon matin. Avec les copains. 

A bicyclette. 

Ses copains ? Il y avait Fernand. Il y avait Firmin. Il y avait Francis et Sébastien.

Et puis Paulette.

 Sur les petits chemins de terre, elle a souvent vécu l’enfer pour ne pas mettre pied à terre. Devant Firmin. Il faut dire qu’il y mettait du coeur. C’était le fils du facteur. 

 A l’époque, quand ils approchaient la rivière, ils déposaient dans les fougères leurs bicyclettes avant de ses rouler dans les champs faisant naître un bouquet changeant de sauterelles, de paillons et de rainettes. 

 Du coup, on était content de faire une représentation dans ce village. Mais nous on a pas eu le temps de flâner ni de se baigner dans la rivière parce qu’on était à la bourre à cause des bouchons.

 Et puis, de toute façon, même si on avait voulu, on aurait pas pu, il n’y a pas de vélib à Monestiés.

Dommage, après tout.

 Mais revenons à nos moutons, on a vraiment bien fait de passer l’après-midi avec les résidents de domaine Monestiésain. Et puis, au domaine, il y a Josefa Ruiz.

 Alors, se dira le lecteur, quel besoin de parler de Josefa Ruiz ?

 On ne sait pas grand chose sur elle. Juste que dans les années 50, elle fut la maîtresse d'Andrea Forbesci, un des tueurs en série les plus célèbres de Roumanie. On sait aussi que depuis deux mois, Josefa s'était enfermée dans un profond mutisme et n'avait pas prononcé un seul mot.

 D'ailleurs, dès le début, elle s’est tenue derrière et c’est là que, masquée par les feuilles, les branches et les fruits, j’ai pu me rendre compte qu’elle avait des yeux étonnants, de la couleur du soleil, de la couleur des citrons.

 Ce n’est pas suffisant pour connaître une femme, mais c’est très suffisant pour en rêver.

 Josefa a commencé à fredonner sur Le temps des cerises. Dans la foulée, elle s'est mise à pousser la chansonnette - la larme à l'oeil - sur les refrains de la vie d’autrefois, avant de chanter - à tue-tête - La chanson des vieux amants. Josefa a retrouvé - le temps d’une chanson - sa mémoire vive.

 Ma Mamie a raison quand elle dit qu'une chanson est une caresse sur la joue.

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Published by Régis IGLESIAS - dans Le Tour de Gaule
4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 16:49

CP-Cournonsec.jpg"Cournonsec.

 

 Cournonsec est une bourgade situés à trois heures de Carmaux (en roulant sans dépasser les limites autorisées). C'est là qu'on a enchaîné en douceur en compagnie de M. Lopez.

Qui est M. Lopez ?

Alain Lopez est animateur d'une résidence pour personnes âgées. Un animateur contrarié parce qu'il n'arrivent pas à intéresser ses résidents. Du coup, il a fait appel à nous.

 je ne sais pas pourquoi mais j'avais décidé de leur faire un peu de lecture, une petite nouvelle assez joyeuse qui - j'avais mes sources - avait fait pleurer dans les chaumières pendant les années 50. Une valeur sûre. J'étais tout content de mon idée et ça changeait toujours un peu le paysage. Bref, ça se passait le mercredi.

 Je me dis alors là dis-donc tu vas les souffler, les esclaffer, d'un coup d'un seul, ils vont retrouver l'enthousiasme de leurs tendres années et au diable les varices.

 Oui mais non.

 J'avais choisi une histoire de veillée sur le paysan et la bûche.

 Le paysan qui dit qu'il est fort, qu'il va  casser la bûche et "crac... Il se cassa la jambe."

 Oh évidemment, c'est pas Buster Keaton, mais tout de même, c'est bien raconté, ça frappe, les gens se marrent tout de même à l'ordinaire.

 Pas eux.

 C'est tombé comme dans un trou. Sans écho.

 "crac... Il se cassa la jambe."

 Rien. Silence.

 Je me suis alors souvenu des propos de l'infirmière : Ils ne sont pas méchants mais ils sont tristes. D'emblée, je devais me rendre à l'évidence. J'avais visé un peu haut.

 La suite ? Malgré une volonté évidente de leur réveiller la mémoire, pas un son, pas un sourire, pas un souvenir ému. Rien à se mettre sous la dent et autant l'avouer, ça ne prends pas du tout, ils vont sortir de la salle, plus voûtés qu'avant...

 Navrant.

 Et puis tout de même, je ne peux pas faire le clown pour leur faire plaisir, c'est pas un but de les voir se marrer, je vais pas faire des grimaces, raconter des blagues Carambar et puis, je ne suis pas Laurel et Hardy, ils auraient pu me dire :

 Ecoutez rappelez-nous des souvenirs, mais si on est pas fendus, ça nous regarde, c'est pas marqué sur le règlement qu'il faille être de bonne humeur, la bonne tenue, vous l'avez, et on ne vous casse pas la gueule alors il ne faut pas vous plaindre.

 Juste très juste, mais je m'acharnais, ça me ravageait, j'avais fini par penser que justement mon rôle, ce n'était plus de réveiller la mémoire mais les sourires, je me définissais comme le jardinier des risettes, celui qui fait naître les occasions, les éclosions, qui entretient.

 Montrez-moi les sourires obtenus pendant le spectacle.

 Bon, c'est bien, vous n'avez pas perdu complètement votre temps.

 Enfin, en un mot, c'était mon idée fixe.

J'en vois un au fond qui parle à sa voisine, je lis sur sa bouche un cinglant :

 "Je m'ennuie."

 Ça m'a tué, comme dirait Salinger.

 Il reste un bon quart d'heure.

 J'aimerai bien avoir une histoire toute prête, une chanson, j'inventaire... Je me trifouille les tréfonds : rien à leur dire. Le courant n'a pas pris.

 Je tousse un peu, je dis :

"Vous pouvez parler si vous voulez. Si vous avez un souvenir à raconter."

 C'est maladroit, je ne sais que faire, je me tais.

 Ils se taisent.

 La pluie.

 Et puis d'un coup d'un seul, au bout d'un taux trop grand de mélancolie, ça pète en rire comme lorsque l'on se fait tellement chier qu'on en rigole à la fin, pour ne pas mourir totalement.

 On ne rit bien que lorsque l'on se sait pas bien pourquoi et eux ne savent pas bien, bien sûr, alors ils vont aux larmes. Je les vois bien, ils avaient craqué par un après-midi d'intense et maximum désespérance et ils s'en souviendraient de ce moment, j'en étais remué. A la fin du spectacle, ils se sont levés gaiement, on avait encore les coins des lèvres remontés.

 "Au revoir, Monsieur."

 "Au revoir et à bientôt, j'espère."

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4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 16:35

CP-Launaguet.JPG"Launaguet.

 

 Launaguet est un joli patelin situé à vingt minutes de Toulouse (en roulant bien).

 Une seule représentation, l'occasion de souhaiter la bonne année aux résidents, de revisiter la vie d'autrefois, de se raconter des histoires de ferronniers ou de gardes champêtres, de se souvenir du tambour qui annonçait les nouvelles dans la rue.

 Sans oublier les ricochets dans l'eau, l'odeur d'amande du pot de colle, la craie dans l'encrier, la plume sergent-major, le cartable neuf, le dancing du 14 juillet, la fanfare, les bateaux en allumettes, les vélos de femme, le raisin fondé aux pieds, la batteuse, les communions, les mariages... et de rencontrer André Theuriet.

Nous y sommes.


 André Theuriet - qu'on ne présente plus -, est l’artiste de la maison. Artiste lyrique, aime-t-il à préciser. Il joua dans Faust où il interpréta le Diable à Mont-de-Marsan en matinée scolaire, avant d'enchaîner dans Tosca de Pucini qu’il joua trois saisons de suite à la maison de la culture de Ramonville.

 C’est là qu’il rencontra Irenne la douce qui devint sa maîtresse en janvier 1934 et comme il se l’avoua huit mois plus tard : "Dans la longue et quasi interminable série de conneries que j’ai effectuées dans ma déjà longue carrière, elle est de loin, et même de très loin, la plus gigantesque, et lorsque j’emploie le mot gigantesque, je pèse mes mots."

 Jugez plutôt : Au cours d’une de leurs (nombreuses) disputes, il eut le malheur d’employer le terme, peu usité d’ailleurs, de nympho. Elle tenta le soir même de le poignarder non pas avec une arme de théâtre à lame rentrante, mais avec un authentique couteau de boucher emprunté à la boucherie de la rue Maréchal-Foch dont le patron Gérard Nohlier était devenu son amant.

La suite appartient aux faits divers.


 Quoi qu'il en soit, André Theuriet a déclaré avoir passé une belle après-midi et a même avoué avoir ressenti une émotion certaine sur la chanson des blés d'or. Une chanson qui - de son propre aveu - a réveillé en lui le doux souvenir d'une nuit coquine passée avec Irenne la douce le 1er juillet 1934 à Cagnac-Les-Mines chez des amis communs.

 Renseignement pris, c'est cette même nuit et pratiquement au même moment que survint à des milliers de km, l'évènement qui allait changer la face du monde et marquer l'acte fondateur de la folie Hitlérienne. Un évènement qui allait être baptisé dans la foulée comme "opération colibri" mais qui rentrera dans l'histoire comme étant la nuit des longs couteaux ...

 

Rideau.

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4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 15:27

CP-Toulouse2-copie-1.jpg"Le château de ma Mamie.

 

 Le temps passe et fait tourner la roue de la vie comme l’eau celle des moulins. Après une enfance passée dans un château à travailler au service d’une famille aisée, ma Mamie a perdu Charles - son premier amour -, en 1939 dans une forêt du nord.

 Une balle en plein front avait tranché sa jeune vie. Il était tombé sur des touffes de plantes froides dont il ignorait les noms.

 
Puis ce fut le tour de ses parents, de ses amis puis de son mari... Telle est la vie des hommes, quelques joies très vite effacées par d’inoubliables chagrins. Il n’est pas nécessaire de le dire aux enfants.


Les jours, les mois puis les années passèrent avant qu’elle puisse à son tour rejoindre les étoiles de sa vie.


 Beaucoup d’eau a coulé sous le pont avant de pouvoir raconter sa vie dans le château qui avait bercé ses rêves d’enfant. Sans savoir la raison, tout juste arrivée sur les lieux, je m’élançais dans une course folle à travers la prairie, le ruisseau de son enfance et le temps.

 Je refis lentement le chemin où elle marchait les pieds nus depuis le début du printemps jusqu’à la fin de l’automne avant d’escalader jusqu’au sommet de la colline où elle contemplait les crépuscules.


 Mais de l’autre côté du temps, il y avait depuis des années une très jeune femme qui serrait toujours sur son coeur fragile des roses blanches. Blême et inconsolable, elle ne savait pas qu’elle reviendrait un jour.


Ma Mamie avait raison quand elle disait - après avoir chanté la Java bleue, la java éternelle, celle qui ensorcelle - :

- Quand on est dans le coeur de celles et ceux qui nous aiment, on a la vie devant nous.

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4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 15:12

CP-Mirandol.jpg"2013.

 

 Mirandol est une bourgade située à vingt minutes de Carmaux (en roulant bien). C'est là, à deux pas, qu'on a démarré l'année en douceur en compagnie de M. Lombard.

 Qui est M. Lombard ?

 Demandez à vos grands-parents s'ils s'en souviennent encore. Il s'empara du titre très envié d'ennemi public N°1 dans les années soixante. Un superbe palmarès composé uniquement d'attaques de succursales bancaires. La première eut lieu à Montirat (un patelin au nord de Mirandol) et est resté célèbre : Lombard entra, se dirigea directement vers le directeur et montra une affichette sur laquelle on lisait : "Le personnel n'a pas accès au système d'ouverture des distributeurs."

- C'est vrai ça ? Demanda Lombard.

- C'est parfaitement exact, dit le directeur.

- Dommage, dit Lombard.

Il sortit de sous sa parka un pistolet à balles traçantes et fit feu sur l'employé le plus proche qui tournoya, libérant une écharpe de sang qui gifla les murs.

- Et maintenant, demanda Lombard ?

 Le directeur sortit les clés de son bureau, vomit sur son pantalon le cassoulet de la veille et dit :

- On peut toujours s'arranger.

 Lombard eut un léger ricanement.

- Menteur comme un banquier, hein ? 

 Il ramassa le pognon et sortit sans remercier.

 L'employé blessé s'en tira avec quatre jours d'hosto, et, on se demande bien pourquoi, les félicitations de la direction.

 Durant l'année qui suivit Lombard attaqua de la même manière sept agences coup sur coup. Lorsqu'il eut réalisé son bas de laine, il abandonna fausses barbes, moustaches postiches, perruques diverses, prothèses dentaires, colorants et lentilles de couleur pour se payer une chirurgie esthétique qui le rendit méconnaissable, et arès un petit tour aux Galàpagos, il s'installa à Mirandol-Bourgougnac.

 Mais revenons à nos moutons, à la fin du spectacle, Lombard s'est laissé allé à raconter ses souvenirs, sa mémoire vive avant de s'attarder sur sa réussite financière : ne jamais confier son pognon à une banque. Lorsque l'on a bien compris cela, l'essentiel est fait, le reste est question de sang-froid et de choix d'un bon flingue. Il a ajouté dans un sourire :

- Après avoir assisté à ce spectacle, il revient à ma mémoire des souvenirs familiers. Je revois ma blouse noire lorsque j'étais écolier. Sur le chemin de l'école, je chantais à pleine voix des romances sans paroles, vieilles chansons d'autrefois. Il revient aussi à ma mémoire des souvenirs amoureux. C'est comme ça, avec le temps, la mémoire devient le juge d'instruction de l'amour.

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4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 14:57

CP-albi.jpg"Albi.

 

 Albi est une bourgade très charmante située à un quart d'heure de Carmaux (en roulant bien).

 Le chemin est balisé, difficile de se tromper. Il suffit de remonter vers la cathédrale pour tomber tour à tour sur les amis de Mamie. La famille Andrieu, les cousins, les voisins.

  Et voici un peu plus loin les Poldeve. Ce n'est pas leur nationalité, c'est leur nom.

 Pendant trente-cinq ans, ils ont tenu une charcuterie dans le Gers.

 Colette et Antonin Poldeve. Difficile de leur donner un âge. Mais la secrétaire de la résidence qui a vu leurs papiers raconte qu'ils ont passé les 80 ans. A la louche.


 A Auch, les Poldeve, ils vivaient dans un immeuble, au sixième. Inutile de préciser que chaque panne d'ascenseur était une tragédie, surtout pour lui avec sa patte raide. 

 Un ménage bien assorti, reconnaissent les résidents. Jamais une dispute. Un couple heureux, en somme.

 Mais quand on gratte un peu et lorsqu'on parle avec Antonin, on sent que la charcuterie lui manque, car, attention, il insiste beaucoup là-dessus, il ne se contentait pas de vendre, c'est lui qui faisait tout : le boudin noir ou blanc, les andouillettes, les saucisses à cuire ou à pas cuire, et surtout sa grande spécialité : la salade de museau.

 Il m'a d'ailleurs demandé pendant le spectacle si ma mamie aimait la salade de museau. Comme je n'étais pas au courant, j'ai dit non. Alors que jusqu'à présent il chantait à tue-tête, il s'est barré sur le champ.

 Pour lui, le monde se divise en deux catégories : ceux qui aiment la tête de museau et les autres. Ma Mamie se trouvait du mauvais côté.

 

 De son côté, Maryse est plus causante. Elle avait un rêve secret : participer à "Questions pour un champion".

 Les caméras, les lumières, le maquillage... Sans compter que cela aurait fait un peu de pub au magasin. "On vous a vue à la télé madame Poldeve !"

 Seulement voilà, elle s'est rendue à la sélection et elle n'a pas été reçue. Les boules ! Depuis, ceux qui la connaissent disent qu'un ressort s'est brisé. Ils ont vendu la charcuterie quelques mois plus tard. Bien vendue, d'ailleurs, c'est ce qu'ils ont dit à leurs nouveaux voisins.

 Depuis, ils sont là.


 La suite ? Maryse s'est souvenu pendant le spectacle qu'Antonin - lors du pique-nique dominical - mettait une bouteille de vin blanc dans le ruisseau pour qu'elle soit bien fraîche pendant le dîner. C'est pas grand-chose, c'est même presque rien mais il n'en fallait pas plus pour que Maryse soit émue.

Emue aux larmes.

 D'un coup d'un seul, elle se souvenait de la fraîcheur du vin blanc sur sa langue et du bouquet de saveurs qu'il formait avec la salade de museau de son mari.

 Aussi, avant de partir retrouver Antonin qui boudait devant Question pour un champion, Maryse a lancé cette phrase lapidaire :

- Les meilleurs souvenirs sont ceux que l'on a oubliés.

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4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 13:29

CP-Monesties.jpg"Les odeurs d'une vie.

 

 Mamie est formelle. La mémoire olfactive est la seule qui ne se délite jamais. Les visages de ceux qu'on a le plus aimés s'effacent avec le temps, les voix s'oublient, mais les senteurs, elles, restent intactes.

 Vous qui êtes gourmand, que resurgisse l'arôme d'un plat de votre enfance et vous verrez tout renaître, chaque détail.

 Fermez les yeux et souvenez-vous de ces odeurs d'enfance, le cuir de votre cartable, les odeurs de craie, celle du chocolat au lait que votre maman mitonnait dans la cuisine.


  Chez Mamie, dès qu'elle cuisinait, cela sentait la cannelle, elle en mettait dans presque tous les desserts : me revient aussi dans le souvenir de mes hivers, l'odeur du petit bois que Papi ramassait en forêt et qu'il brûlait dans la cheminée avant d'y poser une brique pour réchauffer le lit ; dans le souvenir des jours de printemps, le parfum des peaux de mandarines qu'il posait sur les radiateurs et qui embaumait dans le salon.

 Je voudrais pouvoir recréer des moments disparus, réveiller des lieux endormis. Les rues de chez nous ont leur propre odeur, celle des matins comme celle des soirs ; chaque saison, chaque jour, chaque minute qui compte dans nos vies a son odeur particulière.

 Quant au parfum de l'amour, il subsiste tant aux outrages du temps qu'il a plus d'une fois laissé mon papi pantois.

 Papi a raison quand il dit que le foin n'a pas la même odeur pour les chevaux et pour les amoureux.

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4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 10:54

CP-Toulouse-9.jpg"Service gériatrie.

 

 L'aventure se poursuit à l'Hôpital. Un hôpital Toulousain. Pourquoi pas, après tout. Comme dit Mamie : "Qu'on est loin de son pays natal quand on se retrouve à l'hôpital." C'était donc l'occasion de voyager, un temps soit peu, dans son pays natal justement. Apporter un peu de chez soi, en quelque sorte.

  On a bien fait de venir. Rien de tel qu'un spectacle sur la mémoire pour des gens qui la perdent justement. Et puis, on peut parler de réussite. En effet, d'après nos informations, le lendemain de la représentation, certains patients auraient demandé - au cuistot médusé -, si on pouvait rajouter au menu des rutabagas et des topinambours ! On a donc bien fait de venir.

 Et puis, on a revu Solange.


 Mamie l'appelle Solange la Recup. Elle avait fait partie de la génération 68. Les barricades. Elle n'avait rien loupé : compagnons hirsutes, granges pourries, marijuana, guitare merdique, robe indienne et après quelques meetings pour libérer le Larzac, elle avait épouser Antonio Barontelli (cousin d'Auguste Barontelli), colonel de gendarmerie et proche de Gérard Pelletier.

 Alors qu'elle l'avait bombardé de pommes de terre au cours d'une manifestation Peace and Love, il l'avait arrêté, mise en garde à vue et ils s'étaient fiancés dans la foulée. Solange abandonna les robes indiennes et les colliers de fleurs pour les tailleurs Chanel et les montres Rolex.

 Elle cessa de jouer Jeux Interdits sur une gratte cabossée et se mit au piano où elle tenta d'apprivoiser Rachmanikov. Elle eut deux enfants et oublia tout ce qu'elle devait appeler les années bécasses.

 Rien, absolument rien ne restait chez elle de 68 sauf une chose : la récup.

 Elle ne l'abandonna jamais. Mamie m'a dit que faire le marché avec elle était une entreprise très particulière : alors que le commun des mortels revient avec des carottes, des tomates et des aubergines, suivant la saison, elle remplit son cabas de bouts de ficelle, de cageots cachés, de papier d'emballage, de bouteilles vides et tout un fracas de saloperies apparemment inutilisables.

 Je dis bien apparemment parce que c'est là qu'intervient le talent de Solange. Elle a offert à Mamie il y a deux ans un dessous de plat confectionné avec des boutons de liège et du fil de fer. Ce n'est là qu'une composition assez anodine. 

 Pour situer, alors qu'elle pourrait rouler en Porsche, elle s'est confectionné avec des tôles ondulées et du contre-plaqué  une sorte de side-car à pédales qui lui permet, dans les fortes descentes, d'atteindre le cinq kilomètres-heures chrono.

 Je ne sais pas ce qu'elle faisait à l'hôpital, une visite sans doute, la seule chose que je sais c'est qu'elle s'y est rendu avec son side-car.

 Rideau.

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4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 09:59

Graulhet.jpg"Graulhet.

 

 Le spectacle commence par l'air du deuxième acte du Pays du sourire, opérette dont la musique est de Franz Lehar, les paroles d'André Mauprey et Jean Marietti d'après Victor Leon sur un livret de Ludwig Herzen et Franz Lohner.

 A la surprise générale, Lucien dit "Lulu", se campa plus fermement sur ses jambes et lança les premières notes.

- Je t'ai donné mon coeur..."

 A dix mètres de là, l'un de ses collègues alluma sa cigarette.

- Écoute, dit son copain, il chante.

Ils tendirent l'oreille.

- On ne chante plus comme ça, dit le fumeur.

L'autre hocha la tête.

- Ça vaut peut-être mieux.

 Lucien attaqua bravement le deuxième couplet, il savait qu'il n'atteindrait pas la note finale, trop haute pour lui, il n'y était jamais parvenu, ce n'était pas aujourd'hui qu'il y arriverait, cela n'avait pas d'importance, il sentait que les larmes coulaient enfin.

 Ces gouttes chaudes, qui venaient du coeur de sa peine.

Il se lança bravement. Comme chaque fois, il était parti trop haut, son cou se gonfla sous l'effort, il se haussa sur la pointe de ses bottines et jeta un cri de coq égosillé. Ça n'avait jamais été aussi lamentable.

 Ses collègues se regardèrent, navrés.


 Mais Lucien était heureux et avait le sourire. L'explication ? Il nous l'a donné à la fin du spectacle. On l'écoute religieusement :

"Cette chanson était associé à un souvenir amer. Très amer même. Pendant des années, j'ai refusé d'écouter ne serait-ce que les premières notes de peur que mes mauvais souvenirs reviennent à ma mémoire. Pourtant, là, j'ai passé en la chantant un merveilleux moment bercé par de jolis souvenirs".

 Avant de partir, Lucien  s'est retourné vers nous et nous a lancé - en suspens -, cette question essentielle :

- Qui peut prédire l'avenir de nos souvenirs ?

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4 février 2013 1 04 /02 /février /2013 09:19

CP-Graulhet-3.jpg"Le plus doux souvenir de ma vie.

 

 Si vous êtes surpris qu'on se soit arrêté à Graulhet à l'occasion de la Saint-Valentin, c'est que vous ne connaissez pas ma Mamie. C'est là, à deux pas de la grande place, qu'elle a vécu le plus doux souvenir de sa vie. On l'écoute tendrement :

 "Graulhet, cela représente pour moi des souvenirs lumineux. Tout s'y mélait, l'amour de ma maman aussi tendre qu'aux premiers jours, l'amour d'un jeune homme qui faisait battre mon coeur d'une fièvre inconnue et l'amour de soi. Les bals de Graulhet ont tenus une grande importance dans ma jeunesse.

 Souvenirs de moments passés entre amis, de rires partagés, de premiers émois amoureux... Et puis ces moments étaient rares. Lorsque nous avions envie de nous divertir, nos parents nous ramenaient à la raison en nous disant : "au lieu de penser à t’amuser, il y a du travail".

 Au bal, nous étions accompagnées de nos mamans qui veillaient attentivement à ce que nous nous tenions bien. Je me souviens qu'une maman avait pris soin de se munir d’une chaufferette  dans laquelle elle glissait ses pieds pour ne pas avoir froid tout en discutant avec les autres mères.

 On attendait toutes avec impatience le "plus beau de tous les tangos du monde", musique où nous nous serrions dans les bras de charmants cavaliers. Les slows n’existaient pas encore, mais notre maladresse pouvait justifier que nous nous rapprochions, en tout bien tout honneur, de notre cavalier. Pour me souvenir, il me suffit de fermer les yeux...

 

Près de la grève, souvenez-vous

Des voix de rêve chantaient pour nous

Minute brève d'un cher passé

Pas encore effacé

Le plus beau de tous les Tangos du monde c'est celui que j'ai dansé dans vos bras

Son souvenir me poursuit jour et nuit et partout je ne pense qu'à lui

Car il m'a fait connaître l'amour

Pour toujours

 

 A Graulhet, chaque quartier avait sa fête et son bal ; la musique était parfois de piètre qualité mais cela nous importait peu. Les "zin boum boum" étaient prétexte aux rencontres, au rapprochement des garçons et des filles

 Les bals de Saint-Projet sont ceux qui nous ont le plus marqués, les manèges étaient installés au bord de la route et nous dansions au milieu du chemin. Je me souviens d'une nuit étoilée où - en rentrant du bal - on avait chanté à tue-tête et le coeur léger :

 

Lundi matin, l'empereur, sa femme et le p'tit prince

Sont venus chez moi, pour me serrer la pince

Comm' je n'étais pas là, le p'tit princ' a dit

Puisque c'est comme ça nous reviendrons mardi

Mardi matin...

 

 Le mariage et la venue des enfants sonnaient la fin de ce divertissement. Nous ne retournerions au bal que pour chaperonner nos propres filles et les surveiller avec nostalgie qu’elles ne s’approchent pas trop de leur cavalier..."

 

Rideau.

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Livre d'or

Première affiche

 

  "MA MAMIE M'A DIT"  

Spectacle nostalgique 

 

"On nous avait promis la magie, promesse tenue : un spectacle plein de féérie de souvenirs où chacun se retrouvait. Une belle énergie. Les résidents ont adoré. Merci." Marie ("La Clairière de Luci" - Bordeaux)
 
"Formidable ! Nous sommes tous remontés dans le temps, nous avons vingt ans, on a ri, on a presque pleuré et surtout on a chanté. Merci." Cathy (Arles)
 
"Un véritable petit chef d'oeuvre" ; "La légion d'honneur pour la créativité" "Un véritable artiste" ; "Après-midi formidable" ; "Absolument parfait" ; "Une rétrospective originale" ; "Un très bon moment d'évasion". Propos recueillis à la résidence Emera d'Angoulême  
 
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux... C'était magnifique. Nous avons revu toute notre jeunesse et notre enfance. Et c'est beau de redevenir jeune dans l'ambiance d'autrefois." Aimée et Janine
 
"Les chansons, les réclames et les anecdotes ont transporté les résidents dans leur enfance. Une après-midi de nostalgie mais aussi de chansons et de rires. Merci encore pour ce magnifique spectacle." Sandrine
 
"Spectacle complet, tellement agréable et thérapeutique pour nos personnes âgées, encore félicitations !" Docteur Souque
 
"Un choix extraordinaire de chansons, des moments magiques, des photos magnifiques, vous nous avez mis de la joie dans le coeur. Et retrouver sa jeunesse avec tous ces souvenirs, ça fait plaisir et j'espère que vous reviendrez nous voir." Mme Lorenzi (Juan-Les-Pins)
 
"Pour ma fête, par un pur hasard je me suis retrouvé dans un club de personnes âgées où j'ai pu assister à votre spectacle sur le passé. Cela m'a rappelé mes grands-parents et mes parents et c'était vraiment un moment magique." Josette, La Roque d'Antheron
 
"Bravo bravo bravo Regis, c'est le meilleur spectacle que j'ai vu depuis que je fais le métier d'animatrice." Bénédicte La Salette-Montval (Marseille)
 
"Je n'imaginais pas lorsque je vous ai accordé un rendez-vous que vous enchanteriez pendant 1 h 1/4 les personnes âgées d'une telle façon. Merci pour votre prestation qui a fait revivre les moments publicitaires, évènementiels et musicaux de leurs vies." Michelle, CCAS de Toulouse
 
"Un super voyage dans le temps pour le plus grand plaisir des résidents. Merci à Régis pour cette magie et à bientôt." Brigitte (Lunel)
 
"Enfin un retour à notre "époque". Quel bonheur, que de souvenirs, quelle belle époque ou l'amitié était de mise. Merci pour cette très belle après-midi, on s'est régalé avec ce très très beau spectacle". Danielle (Mirandol)
 
"Super - divinement bien -  tout le monde était enchanté même que M. Benaben a dit : "Vous nous avez donné l'envie de revivre notre vie"." Sylvie (Sainte Barthe)
 
"Un grand merci pour ce bon moment et je crois, je suis sûre, qu'il a été partagé par mon mari." Mme Delbreil
 
"Une féérie de l'instant." Christian
 
"Beaucoup d'émotion dans ce spectacle plein de chaleur et d'humanité." Sylvie
 
"Une soirée inoubliable. Continuez à nous émerveiller et faites un long chemin." Claude
 
"Le meilleur spectacle que j'ai jamais vu. De loin." Tonton Kiko
 
"C'est bien simple, je n'ai plus de Rimmel !" Claudine (seconde femme de Tonton Kiko)
 
"A ma grande surprise, j'ai versé ma larme. Tu as atteint mon coeur. Bravo pour ces sentiments, ces émotions fortes, j'ai eu des frissons par moment." Ta couse Céline
 
"Redge, encore un bon moment passé en ta présence. On était venu plus pour toi que pour le spectacle, mais quelle agréable surprise ! On est fier de toi, continues d'oser, de vivre !" Pascale
 
"J'avais froid, un peu hagard, l'humeur moribonde et puis voilà, il y a toi avec toute ta générosité, l'intérêt, l'affection que tu as toujours su apporter aux autres, à moi aussi et Dieu sait si tu m'as rendu la vie belle depuis qu'on se connaît comme tu as su le faire une fois de plus." Jérôme
 
"Ce spectacle est nul à chier et je pèse mes mots." Gérard
 
memoria.viva@live.fr

Ma Mamie m'a dit...

Madka Regis 3-copie-1

 

COLLECTION "COMEDIE"

Mamie est sur Tweeter

Mamie n'a jamais été Zlatanée !

Mamie doit travailler plus pour gagner plus

Mamie, tu l'aimes ou tu la quittes

"Casse-toi pauvre Régis !"

Papi a été pris pour un Rom

Mamie est sur Facebook

Papi est sur Meetic

Il y a quelqu'un dans le ventre de Mamie

Mamie n'a pas la grippe A

La petite maison close dans la prairie

 

COLLECTION "THRILLER"

Landru a invité Mamie à la campagne...

Sacco et Vanzetti

Mamie a rendez-vous chez le docteur Petiot

La Gestapo française

Hiroshima

 

COLLECTION "SAGA"

Les Windsor

Mamie et les cigares du pharaon

Champollion, l'homme qui fit parler l'Egypte

Mamie à Tombouctou

 

COLLECTION "LES CHOSES DE MAMIE"

Mamie boit dans un verre Duralex

Le cadeau Bonux

Le bol de chocolat chaud

Super Cocotte

Mamie ne mange que des cachous Lajaunie

 

COLLECTION "COUP DE COEUR"

Mamie la gauloise

Mamie roule en DS

Mamie ne rate jamais un apéro

Mamie et le trésor de Rackham le Rouge

 

COLLECTION "DECOUVERTE"

Mamie va au bal

La fête de la Rosière

Mamie au music-hall

Mamie au Salon de l'auto

 

COLLECTION "SUR LA ROUTE DE MAMIE"

Quand Papi rencontre Mamie

Un Papi et une Mamie

Mamie fait de la résistance

Mamie au cimetière

24 heures dans la vie de Mamie

 

COLLECTION "MAMIE EXPLORE LE TEMPS"

Jaurès

Mamie embarque sur le Potemkine

Mamie et les poilus

Auschwitz

 

COLLECTION "FRISSONS"

Le regard de Guynemer

Mr et Mme Blériot

Lindbergh décroche la timbale

Nobile prend des risques

 

COLLECTION "MAMIE EN BALLADE"

Mamie chez les Bretons

Mamie voulait revoir sa Normandie !

La fouace Normande

La campagne, ça vous gagne...

Mamie à la salle des fêtes

Launaguet

La semaine bleue

Le monastère

 

COLLECTION "MAMIE AU TEMPS DES COURTISANES"

Lola Montès

Les lorettes

Mme M.

Napoléon III

Plonplon

La marquise de Païva

Mme de Pompadour

Générique de fin