"Aujourd'hui, "Tennis Magazine" m'a contacté pour une interview exclusive. Morceaux choisis :
"Quel est votre premier souvenir avec la balle jaune ?
- J'ai neuf ans, après l'école, je file chez ma grand-mère pour gouter ses fameuses tartines à l'espagnole à la tomate et à l'ail. La bise à Pépé devant la télé avant de tomber nez-à-nez sur Yannick Noah à Roland-Garros qui bat - à l'arrache - Tarik Benhabilès en plongeant partout. Le lendemain, j'achetais ma première raquette.
"Vos plus beaux souvenirs ?
- Le service à la cuillère de Michael Chang face à Lendl, les larmes d'Agassi après sa victoire à Roland, Federer / Nadal à Wimbledon, la finale France / Etats-Unis en coupe Davis quand Guy Forget - Guitou - terrasse Sampras. "Jeu, set et match France"...
J'en tremble encore.
"Les plus érotiques ?
- Les jambes de Steffi Graf, la culotte rose de Monica Seles, les seins en poire de Chris Evert et - surtout surtout - la belle Gabriella Sabatini. "Gabriella, tu brûles mon esprit, ton amour étrangle ma vie..."
"Le souvenir que vous n'avez jamais osé raconter ?
- Le tournoi de l'USSPA m'avait programmé un samedi pour un match à 8 h du matin.
Problème : à sept heures, j'étais encore avec les potes sur la piste tournante de l'Orkis - une discothèque malfamée - en train de liquider une dernière bouteille de Ballantine's.
Résultat : Au premier jeu, sur un smash, tout est remonté et avant que le point ne soit terminé j'ai couru aux toilettes pour vomir mes tripes devant un public interloqué. Quand je suis retourné sur le terrain, je n'en menais pas large...
"Votre dernière défaite ?
- Face à Jérémy Chardy au Tennis Club d'Albi. Il avait quinze ans et était déjà au pôle espoir de Pau. J'avais annoncé à tout le monde : "Ce gamin, si j'appuie sur son nez, il va sortir du lait, je vais lui donner une leçon de Tennis..." Résultat : il m'a mis une branlée...
Un peu plus tard, on se retrouve à la buvette, j'entame ma troisième bière - avec les cigarettes qui vont avec -, lui, il finit son jus d'orange avant de me glisser a l'oreille, l'air de rien, la tactique qu'il a utilisé pour me ridiculiser. Inutile d'écrire que j'ai mis un terme à ma carrière dans la foulée pour me consacrer à la peinture à l'huile...
"Le moment où vous vous êtes senti le plus nul ?
- On joue la montée avec Nico, Eric, Poulpi, la Plane et Bibi à Rabastens-Coufouleux. Double décisif avec Yonel. Au troisième set, on est mené 6/5 0/40 trois balles de match contre nous et je rate tout. J'annonce à Yonel qui était au service : "Je ne mets plus une balle, ne compte plus sur moi et prend les choses en main." Il a mis alors cinq ace d'affilés et on a gagné le Tie-break qu'il a survolé. Je n'étais même pas étonné. C'est le seul mec que j'ai connu qui pouvait gagner 6/0 5/0 et perdre ou perdre 6/0 5/0 et gagner.
Merci Yoyo.
"Le moment où vous vous êtes senti le plus fort ?
- A l'USSPA encore, je gagne contre un 3/6 puis je me retrouve contre un - 15. Là, on est sur le haut niveau. Le mec, c'est Djoko, je vois pas la balle et je prend 6/0 en un quart d'heure. Les spectateurs sont morts de rire quand soudain une spectatrice s'assoie en tribune - une blonde avec de gros nichons - et je commence à jouer le tennis de ma vie...
La suite ? J'ai eu une balle de set - raté - et l'Argentin s'en est sorti miraculeusement au Tie-break mais il était tellement dégoûté d'avoir été accroché par un rigolo qu'iil ne m'a pas serré la main, ni payé à boire.
Du coup, j'ai fini au bar avec la blondasse.
Foutu pour foutu.
"Un dernier souvenir ?
- Les mots de Yannick Noah pour son grand-père - pour boucler la boucle - : "Tu es venu ce matin, me dire le chemin et pour me dire que l'amour c'est donner chaque jour..."*
* Propos recueillis par Poulpi, ancien espoir Carmausin, actuellement au chômage partiel.
Bon dimanche à tous et restez chez vous.