"LE SOUVENIR EST UN POETE, N'EN FAITES PAS UN HISTORIEN."
- Recommandation de Mamie -
« Perso, mon premier Belmondo, c’est L’as des as. J’ai huit ans et j’ai adoré.
« Jo « Cavalier et les Rosenblum.
Le tout avant d’enchaîner par Le professionnel (« Rosen, je t’avais dis que je serai toujours derrière toi… »), Le Marginal (« Alors il paraît qu’on veut me fourrer à sec ? Et bien je suis d’accord, lequel commence ? »).
Sans oublier Peur sur la ville (« Minos ne sait pas que nous savons qu’il a un oeil de verre… », L’animal (« Mobiliser un type de ma classe pour ça »), Les Morfalous (« C'est bien la première fois qu'il fait des étincelles avec sa bite »,Hold-Up, Itinéraire d’un enfant gâté etc etc etc…
Mais la scène qui m’a le plus marqué c’est dans L’alpagueur, le face à face entre Belmondo et Bruno Crémer…
Coco.
"Ce long chemin pour arriver jusqu'à toi. Morceaux choisis des souvenirs de Marie-Christine Barrault :
Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs d'enfant, je me souviens que nous habitons Yerres, une commune voisine de Villeneuve-Saint-Georges, dont les petits pavillons de meulière débordent de chèvrefeuille et de Glycine au printemps.
C'est même l'une des premières images qu'enregistre ma mémoire - cette beauté de la glycine dans l'odeur chaude et sucrée des pivoines et du chèvrefeuille.
J'ai peut-être trois ans. Est-ce jour-là précisément, que j'ai ouvert les yeux sur le monde ?
Il se résume alors au jardin de ma grand-mère qui me semble immense et féérique avec ses grappes de fleurs mauves, ses massifs colorés, ses pommiers, son groseillier, et le sophora sous lequel on se tient à l'ombre pour le goûter.
Félicité nous aime plus que tout et c'est sans doute pourquoi elle nous garde jalousement auprès d'elle.
Le dimanche, c'est au tour de notre père de nous rendre visite. Il arrive au volant d'une petite Simca qu'il a surnommé "Titine", aussi entreprenant et joyeux que notre mère est réservée.
Pourtant, il lui faut affronter Félicité qui ne l'aime pas, qui n'aime aucun homme en vérité, les classant en deux catégories : les cons et les salauds.
Quand j'ai perdu mon père, le choc a été d'une violence inouï.
Je me revois cette nuit-là, sanglotant, éperdue de chagrin, incapable de surmonter l'idée que plus jamais, plus jamais, je ne croiserais le regard de mon père, ne tiendrais sa main.
Cinquante ans après, je n'ai rien oublié de ce qu'une amie m'a dit ce matin-là : "Les vivants ferment les yeux des morts, Marie-christine, mais ce sont les morts qui ouvrent les yeux des vivants."
Par sa mort, par le chagrin de sa mort, papa m'ouvrait une fenêtre sur l'au-delà. Il me contraignait à lever les yeux des plaisirs insouciants et ardents de la terre pour scruter les ténèbres, et il illuminait ces ténèbres d'une lumière dont on pouvait fort bien se détourner, mais qui nous élevait, nous enrichissait infiniment, si nous trouvions la force de contempler ce qu'elle nous donnait à voir.
"Je ne suis pas mort, j'ai seulement changé d'espace, écrit Michel-Ange dans un de ses Sonnets, je marche à travers vos rêves, là où, touchés par la métamorphose, nous demeurons unis. Vous me croyez mort mais je continue à vivre dans le cour de ceux qu m'aiment. Non, je je ne suis aps parti, l'immortalité m'a délivré de la mort."
"Et c'est une chance immense, me confie Mme Saint-Maurice, de tenir la main de quelqu'un qui est lui-même dans cet autre espace, invisible, et cependant bien vivant, enfin délivré de la mort, car il va désormais guider tes pas."
la mort est une terrible épreuve, mais la mort n'es pas l'anéantissement de l'être aimé, le croire reviendrait à effacer la force et la beauté de tout ce que nous avons vécu ensemble. commec ette relation continue d'exister secrètement en nous, nous ne devons jamais oublier que l'autre est bien là, qui nous aime et nous regarde, et nous devons nous montrer à la hauteur de ce que nous avons partagé avec lui au fil des années. Se dire que s'il revenait, il faudrait qu'il nous trouve meilleurs, encore plus digne d'être aimé que lorsqu'il a disparu.
La suite ? J'allais avoir quarante ans et je me croyais trop vieille pour l'amour.
Puis Vadim est arrivé.
Ce n'est pas seulement qu'il est beau, c'est aussi que dès qu'il ouvre la bouche on tombe sous son charme. Il est tout ce que j'attends d'un homme : intelligent, sensible, cultivé, drôle... Un humour invraisablable, l'air de ne pas y toucher, à la fois raffiné et bon.
Je m'arrange pour me rapprocher de lui aux repas. Est-ce que je pense déjà, si tôt, q'il est l'homme de ma vie ? En tout cas, j'en ai l'intuition, attirée par lui comme par un aimant.
Mais au début je ne aprvenais pas à croire qu'un tel homme, un tel "miracle" puisse m'être destiné.
Qu'avais-je en moi de si exceptionnel pour le mériter ? Non, j'exagère, car dès le troisième jour je vois bien que je ne lui suis pas indifférente. Mais je sais que je suis prête à tout donner à l'homme que m'envoie le ciel.
Alors je ne sais pas si je lui fait le même effet, mais sa présence si proche me fait aussitôt bondir le coeur, je crois que dans ces moments-là je ne m'appartiens plus vraiment, à la fois tremblante et prête à toutes les audaces.
Le dernier jour arrive, que va-t-il se passer ? Il me semble que nous sommes reliés l'un à l'autre par un fil, mais en même temps rien n'a été dit. Allons-nous nous séparer sur le quai de gare ? "Non, c'est impossible, me dis-je. Je ne me le pardonnerai jamais et je ne m'en remettrai pas, de toute façon."
C'est ce qui me donne la force d'oser cette chose invraisemblable alors que nous sommes en train de nous écharper gentiment pour désigner le lauréat du festival :
Je prends une feuille blanche sur le petit tas qui est devant moi, et j'écris :
"A Roger Vadim : êtes-vous obliger de rentrer directement à Paris demain ?
Si oui : tant pis !
Si non : pourriez-vous m'accompagner à Agen où je dois rejoindre ma tournée de théâtre ?
Rayez la mention inutile et renvoyez-moi le papier."
Je plie la feuille en huit et je la lui fias passer discrètement. J'aperçois les regards autour de nous : ici et là on pense que je suis en train de tricher, mais je m'en fiche.
Trente secondes plus tard, la feuille me revient :
"Oui ! oui ! Je vous accompagne !"
La suite ? Nous sommes seuls pour la première fois et pourtant nous ne nous jetons pas l'un sur l'autre. Non, on dirait que nous avons conscience, dès à présent, d'avoir l'éternité devant nous.
J'ai conscience d'assister au basculement de ma vie. au fil des heures, j'ai ouvert grand la porte à cet homme, et bientôt nous allons dîner en tête à tête, avant de nous retrouver dans la même chambre...
J'ai 44 ans, Vadim en a 60, et il me semble que je renais à la vie, que tout recommence. MonDieu, comme ma vie avec Michel me smeble loin, soudain, et fanée, ennuyeuse... Michel qui m'aime, qui m'a tout donné, l'amour, ja sécurité, la quiétude familiale pour élever mes enfants, et que je suis en train de trahir, le sourire aux lèvres, emportée par une passion dont je devine qu'elle va tout emporter sur son passage...
L'amour est cruel, assassin, et cependant, je ne peux aps m'empêcher de sourire...
Déjà je cherche les mots que je vais devoir employer pour ménager Michel. "mais rien ne presse", me dis-je encore, consciente du mal que je vais lui faire...
D'ailleurs nous arrivons à Langon, et j'oublie aussitôt Michel pour revenir à Vadim, à l'ivresse délicieuse du moment, à l'excitation qui nous tient en haleine depuis le matin.
Ensuite, je rejoins Michel et tous nos enfants à Ménerbes. j'ai conscience de vivre mon dernier Noël avec Michel, dans cette ambiance sereine et joyeuse qui aura permis aux enfants de bien grandir, et cependant je ne regrette rien, je ne suis aps triste. Je sais parfaitement où je vais, sûre de mon amour pour Vadim, et acceptant déjà d'en payer le prix, quelqu'il soit.
Puis son tournage au zaïre est notre première véritable séparation. jusqu'ici, il ne s'écoulait pas un jour sans que nous nous parlions au téléphone. Cette fois, c'est impossible. Et je craque. J'écris :
"Je n'imaginais pas à quel point cette épreuve serait pénible. Je me croyais plus forte que je ne le suis. Moins amoureuse ? Oh non ! Mais je me disais que les chosesmatérielles n'étaient que secondaires à côté de l'essentiel, et l'essentiel, j'en étais sûre, étais que je garderais en moi, que tu me garderais en toi. Mais tout n'est pas si facile. Toi, tu me manques affreusement. mais ta voix, mais tes mots, n'avoir rien de toi est trop dur.
Dans le silence qui nous réunit, j'ai quelquefois des images affolantes qui m'envahissent. Peut-être m'oublie-t-il ? Peut-être ne m'aime-t-il plus ? Peut-être commence-t-il à regarder autour de lui les babouines avec désir ?
Oh non, mon amour, pas ça !
Je me réveille avec toi, je me couche avec toi. je joue, tu es sur scène avec moi tous les soirs, je parle aux gens de toi sans qu'ils s'en aperçoivent. J'ai envie de pleurer souvent, et puis soudain de rire et d'éclater de joie parce que j'ai la certitude que tu existes, que tes bras me recevront bientôt, que ton regard me fera fondre, que ta présence me guérira de toutes mes maladies. Et j'en ai beaucoup quand tu es loin.
Un an déjà.
Et nous n'avons pas vu passer le temps. Au lieu de ses consummer, de s'épuiser à l'épreuve du quotidien, mon histoire avec Vadim n'a pas cessé de me transporter, de m'élever, m'enflammant le coeur et l'âme et me faisant reconsidérer toute ma vie à la lumière d'un amour que je n'avais jamais connu jusqu'à présent.
Qui est donc cet homme et de quoi est faite notre relation, notre attirance mutuelle pour que je puisse envisager non seulement de bouleverser toute ma vie pour lui, mais de m'installer avec lui ?
Et comment fait-il pour faire de chaque jour une fête ?
Je ne me pose pas la question. Je me laisse éblouir, étourdir par son inventivité. on diraît que plus je me rapproche, plus il s'enflamme, au contraire de ces hommes qui, la conquête achevée, s'endorment petit à petit, laissant se déliter les beaux sentiments qu'ils avaient su éveiller.
Invraisemblable Vadim qui, même dans la vie courante, parvient à transformer la petite tuile qui vous plombe la journée en une espèce de kermesse, ou de garden-party.
Un jour il perd son trousseau de clés (Vadim perd tout, ses clés, son argent, ses gants, ses lunettes, mais curieusement jamais sa distracion - son incorrigible distraction - ne m'agacera).
Au bout d'une heure, entend-on partout d'un bout à l'autre de la rue : "Vadim a perdu ses clés", "Vadim a perdu ses clés"
- Alors j'appelle les pompiers ! tranche le charcutier, qui prend l'affaire en main.
A la fin, on se congratule, le cafetier du coin veut offrir sa tournée tandis que les pompiers sortent l'échelle... et quand enfin il est dans la place et salue, la foule applaudit.
Après ça, il paie une tournée à tout le quartier.
Mais je ne retombe pas sur terre et avant de m'envoler pour je ne sais où j'ai le temps de lui écrire ces quelques mots :
"Je suis prise - et je suis là, en face de toi, consentante - que dis-je consentante : ouverte, désirante, nue...
"Depuis que je t'ai rencontré il y a comme une peur en moi - et j'aime cette peur - elle me relie à toi - c'est elle qui m'empêche de dormir, elle est comme le cheval une fois entré dans la ville de troie - et moi je me sens, je me sens envahie - c'est le bonheur absolu et la souffarnce absolue - c'est la vie même."
Et c'est ce matin-là alors que je ne lui ai pas donné la lettre, debout devant nos cafés, quelques minutes avant de nous séparer, qu'il me fait cette déclaration impossible : "Moi, quand j'aime une femme, je veux tout partager avec elle. Je veux les bonnes choses et les moins bonnes. Je veux tout. Je veux m'occuper d'elle chaque jour. Je veux faire de la vie à deux une fête quotidienne.
Mais moi j'ai toujours distingué la passion de ma vie de couple, de ma vie de tous les jours, et je n'attends pas de mon amant qu'il m'apporte la sécurité, au contraire, j'aime la clandestinité et l'improvisation qui entourent l'ivresse amoureuse."
De notre premier printemps, je conserve le souvenir incandescent de rencontres clandestines entre deux avions, de moments volés au temps qui semble filer soudain de plus en plus vite, de nuits d'amour dans des hôtels à peine entrevus d'où nous échappons au matin pour courir chacun vers notre destin, épuisés mais le coeur en feu, encore essouflés de tant d'amour, de tant de bonheur, et nous demandant déjà dans quelle ville nous nous retrouverons la prochaine fois.
Il est d'un côté, moi de l'autre. Et j'adore vivre comme ça, un oeil sur mon agenda, l'autre sur les horaires des avions ou des trains, calculant à toute allure si je ne peux pas être la nuit à Rome, et à dix heures le lendemain matin de nouvau sur mon tournage. "Oh ! mon Dieu, oui, à condition d'attraper cet avion... Pourvu qu'il reste une place !..."
Je me souviens de mon excitation, apprenant que Vadim aura toute une journée de libre, à Rome, et de la négociation que j'engage aussitôt avec le premier assistant pour m'enfuir au milieu de l'après-midi et revenir le surlendemain.
Conversation de marchands de tapis dont je sors toujours gagnante, comme si l'amour avait cette vertu mystérieuse de lever tous les obstacles.
Puis nos obligations nous empêchent de nous voir pendant six semaines. Nous passons alors nos soirées au téléphone. Il m'appelle "Z'yeux bleus", je lui réponds "mon amour". 3Je suis fou de toi, heureux de toi, tu es une femme unique", souffle-t-il. Il trouve des mots, en invente aussi, parfois, et moi je l'écoute, abasourdie de me découvrir amoureuse, de plus en plus amoureuse.
Et je ne me lasse quand je le retrouve de l'écouter, de le regarder, de l'embrasser. Et il est vrai qu'on a le sentiment que l'éternité ne nous suffirait pas.
"J'aimerais avoir une vision de nous dans cinq ans pour être bien certaine que nous serons toujours dans ce même éblouissement."
"Onze semaines et trois jours", me dis-je. Et c'est ce jour-là que je prends conscience de cette chose bizarre qui ne va plus me lâcher durant nos douze années de vie commune : ma capacité à comptabiliser au jour près le temps que nous avons déjà partagé.
Lorsqu'on me demandera à l'improviste : "Tu le connais depuis quand Vadim ?" Je m'entendrais chaque fois rétorquer du tact au tac : "Cinq ans, trois mois et vingt-quatre jours", ou : "Six ans, un mois et huit jours", comme si un petit déliurge, perché quelque part au dessus de ma tête et tenant à jour les comptes me soufflait la réponse.
Ais-je l'intuition que le temps nous est infiniment précieux, et j'allais écrire décompté ?
Oui, sans doute, puisque aucun homme ne m'avait jamais donné ce sentiment d'urgence.
J'avais toujours pensé qu'on ne pouvait pas allier l'amour fou avec la vie de tous les jours, et Vadim me fait découvrir qu'une telle chose est possible. On peut donc être amriés et demeurer amants ; vivre sous le même toit et être impatients de s'aimer, de s'étreindre.
Le mariage. C'est lui qui lance le premier l'idée, dans ce petit mot envoyé d''orly, ce petit mot que j'ai longtemps gardé sur mon bureau :
"Orly. Barouchka, j'ai beaucoup lu, j'ai pas mal vécu, je n'avais jamais connu la bonne aorthographe du mot amour avant de t'avoir rencontrée. l'orthographe du mot bonheur est en prime. si on s'épousait ?"
Après tous ces mariages ratés, j'ai l'intuition que le nôtre, venant après tant de désillusions - et parce que ces désillusions nous ont énormément appris sur l'amour -, que le nôtre, donc, sera une réussite.
Et là, à un moment, et comme par miracle, nous nous retrouvons seuls dans u petit salon. Vadim me prend dans ses bras, et c'est alors que me revient à l'esprit cette phrase que Robert Bresson fait dire à son éhros à la fin de Pickpocket :
- Mon amour, quel long chemin il m'a fallu parcourir pour arriver jusqu'à toi !
Et Vadim :
- Ila fallu que nous nous perdions pour nous trouver. pourquoi la vie a-t-elle été si cruelle ?
- La vie n'est pas cruelle, mon chéri. Je crois simplement qu'elle donne beaucoup à ceux qui risquent beaucoup. Et nous avons beaucoup risqué.
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