"Les tombeaux.
Les premiers rois d'Egypte avaient voulu protéger leur sépulture en la recouvrant de pyramides. Erreur : c'était la désigner aux voleurs qui accoururent en foule.
Les tombeaux édifiés près des temples n'eurent pas un sort meilleur. C'est alors que Thoutmôsis Ier chercha un site désert, si ingrat que nul ne songerait à le visiter. Ainsi fut creusé dans le roc un tombeau sans nulle ostentation apparente. Ses successeurs l'imitèrent.
Pour les tombes de ces morts illustrent, une règle d'or : surtout, rien à l'extérieur qui attirât l'attention.
En revanche, une fois la porte franchie, que des merveilles ! Ce qu'il y a de plus rare, de plus riche, de plus éclatant. Les peintres les plus talentueux ornaient les murs de fresques admirables. Des sculpteurs renommés fondaient dans l'or l'effigie du disparu.
On usait des matériaux les plus précieux parmi lesquels l'or surabondait aussi bien que des joyaux de toute provenance.
L'essentiel, pour tous ces Égyptiens, était que l'on ne vînt pas violer leur sépulture. Ni qu'on leur ôtât les objets nécessaires à leur voyage pour l'éternité. Et nul n'ignorait l'existence des trésors que l'on enfermait avec leur dépouille.
On savait que rien n'arrêterait les voleurs. Alors, on multipliait les précautions. On choisissait un lieu prétendu inaccessible. On dissimulait l'entrée de la tombe. On creusait des couloirs dissuasifs qui ne conduisaient nulle part. Las ! presque toujours, la tombe était violée peu de temps après qu'elle eut été refermée.
Il suffisait de quelques années, voire de quelques mois, mêmes de quelques jours ! La subtilité, l'ingéniosité des voleurs dépassaient toute imagination.
Quelque précaution que l'on prît, ils en venaient à bout. Ce qui les intéressait en premier chef, on s'en doute, c'était l'or.
Ainsi en fut-il pendant des siècles et pendant des millénaires. Des dynasties naquirent et s'éteignirent. Trois cent cinquante pharaons se succédèrent. L'Egypte devint grecque, romaine, arabe et les voleurs continuaient leur pillage. Chercher des tombes - et les découvrir - demeure une industrie traditionnelle autant que rémunératrice.
Après la redécouverte de l'Egypte par l'expédition de Bonaparte et les géniales découvertes de Champollion, naquit une véritable égyptomanie.
Tous les musées d'Europe et d'Amérique recherchèrent des objets égyptiens. Des centaines de collectionneurs à travers le monde les convoitèrent aussi. Les pillards redoublèrent d'activité. Pour un peu on les eût reconnus d'utilité publique.
Vint heureusement le temps où les archéologues prirent la relève des voleurs. Ils commencèrent à accourir, bataillons toujours plus serrés, au cours du XIX ème siècle. Cette irruption se mua ensuite en évasion. Ils venaient surtout d'Angleterre et de France, riches ou pauvres.
L'archéologie est une passion. On peut l'assimiler à la fièvre que fait naître le jeu chez certains. L'archéologue découvrira quelquefois des trésors d'une valeur immense, mais ce n'est pas la valeur marchande de ces objets qui le fascinera. Il ressentira, dans la seule découverte, une ivresse qui le payera de tout.
Ces archéologues étaient loin d'être tous des professionnels. Disons même que, parmi eux, l'amateurisme dominait. Il faut retenir ce terme.
Même à notre époque, ce sont des amateurs qui se révèlent souvent à l'origine de découvertes archéologiques capitales.
Mais comme dit ma Mamie, dans le mot amateur, il y a le verbe aimer.
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