"Bals d'autrefois.
Les bals ont tenus une grande importance dans la jeunesse de Mamie. Souvenirs de moments passés entre amis, de rires partagés et de premiers émois amoureux... On l'écoute religieusement :
"Rares sont celles d’entre-nous qui ne savent pas danser. Cependant, il ne faut pas oublier que lors de nos jeunes années le travail était très important et qu’à la campagne on ne prenait guère le temps de s’amuser.
Lorsque nous avions envie de nous divertir, nos parents nous ramenaient à la raison en nous disant : "au lieu de penser à t’amuser, il y a du travail". Nous participions à nos premiers bals dès l’âge de 14-15 ans, bien entendu accompagnées de notre mère qui veillait attentivement à ce que nous nous tenions bien, comme l’avait fait sa mère pour elle auparavant.
Certaines d’entre-nous se souviennent avoir été accompagnées par une maman ayant pris soin de se munir d’une chaufferette dans laquelle elle glissait ses pieds pour ne pas avoir froid tout en discutant avec les autres mères. Nous apprenions vite à à danser, motivées par l’effet de groupe.
De toutes façons, avec un bon cavalier tout le monde sait danser ; il suffit de se laisser mener... Nous nous souvenons toutes du "plus beau de tous les tangos du monde", musique où nous nous serrions dans les bras de charmants cavaliers. Les slows n’existaient pas encore, mais notre maladresse pouvait justifier que nous nous rapprochions, en tout bien tout honneur, de notre cavalier.
Il arrivait que nous nous mettions dans une situation délicate en acceptant de danser deux fois dans la soirée avec le même garçon ; il fallait alors nous justifier et trouver une bonne raison pour calmer la colère de notre mère qui craignait pour notre vertu ; une idylle serait-elle en train de naître ?
Pendant l'occupation, Pétain avait interdit les bals. C’est une période où les réjouissances étaient rares. Nous trouvions d’ailleurs tout à fait normal de ne pas nous amuser alors que certains se faisaient tuer à la guerre où risquaient leur peau dans la résistance.
Parfois, un voisin attrapait un accordéon et un bal s’improvisait. Un bal qui pouvait être interrompu par les gendarmes qui réalisait alors une opération d’éclat peu risquée.
Chaque quartier avait sa fête et son bal ; moment de convivialité, de rencontre pour toute la jeunesse des alentours. La musique était parfois de piètre qualité mais cela nous importait peu. Les "zin boum boum" étaient prétexte aux rencontres, au rapprochement des garçons et des filles.
Les bals de Saint-Projet sont ceux qui nous ont le plus marqués, les manèges étaient installés au bord de la route et nous dansions au milieu du chemin. Le mariage et la venue des enfants sonnaient la fin de ce divertissement. Nous ne retournerions au bal que pour chaperonner nos propres filles et les surveiller avec nostalgie qu’elles ne s’approchent pas trop de leur cavalier...
En 1946, Mamie entre dans sa 17ème année... Voici que la fillette s’épanouit, une jeune fille à marier vient d’éclore ; commence le rêve d’être jolie et fêtée et l’espoir du triomphe ! Les "bals blancs" sont donnés exclusivement en l’honneur des garçons et des filles à marier.
Pour ce soir unique, point de papa qui, si économe soit-il, ne consente à délier les cordons de la bourse ; point de maman, même à cheval sur les principes, qui ne relâche les rênes de la sévérité ; point de grand-maman non plus, qui ne découvre au fond de sa cassette la perle d’un précieux orient qui embellira l’incomparable fraîcheur de cet éclatant trésor de famille !
Il est de tradition que la "débutante" soit vêtue d’un joli taffetas, d’un crêpe de chine et de tulle point d’esprit d’un blanc bien pur, symbole d’innocence et de virginité. Le corsage est discrètement décolleté, souvent orné de deux volants formants berthe ; la jupe à un ou trois volants est ceinturée de liberty blanc à pans noués de quatre ou cinq noeuds ornés de fleurs, beaucoup de fleurs en touffes : pâquerettes ou roses pompon...
Ma Mamie a été briefé, elle sait qu'il faut peu de bijoux, des souliers bas et des gants blancs. La couleur de la robe doit être claire et ne fasse pas de tache sombre sur la gaieté de l’ensemble : le blanc-ivoire, le gris-argent, le vert d’eau, le rosé et le bleuté sont parfaits.
Le carnet de bal conserve le souvenir des cavaliers qui ont dansé avec la jeune fille pendant la soirée. Les bals ponctuent la danse de la vie.
Organisés au sein des entreprises ou par les municipalités, ils rassemblent autour de musiques variées tous ceux qui ont décidé de s'amuser. Tandis que les jeunes à la mode dansent le rock ou le mambo, d'autres dansent bien françaises ont encore le vent en poupe : on fait la chenille et on s'embrasse gentiment pendant la danse du tapis.
Mamie aimait faire la fête. Partie de campagne organisée par l'entreprise, fête de village, kermesse des écoles ou de la paroisse, elle a toujours eu plaisir à se retrouver en famille, entre amis ou entre collègues. Elle n'a jamais hésité à s'asseoir sur l'herbe fraîche pour profiter de moments simples et conviviaux. Une vraie épicurienne, en somme.
A la fête foraine, la grande roue emmène au-delà des toits et les montagnes russes soulèvent le coeur, le train fantôme fait frémir et les auto tamponneuses permettent de draguer les filles, au stand on gagnera peut-être une peluche... Comme aujourd'hui, les fêtes foraines ont le goût sucré des barbes à papa, des crèpes et des gaufres au sucre.
Mon Papi m'a dit que le bal et le cinéma étaient le meilleur moyen de rencontrer sa future.
"On allait au bal à partir de 16 / 17 ans. On travaillait le samedi après-midi. Le bal, c'était le dimanche. On buvait du vin blanc. Avec l'argent qu'on avait, on pouvait pas boire autre chose. Des fois, on revenait à 3 heures du matin et à 4 h 30 il fallait aller travailler, il n'était pas question de dormir.
C'est au bal que j'ai rencontré ta Mamie. Sa mère l'accompagnait. On était à la même table. Il y avait de la neige, j'ai été la reconduire chez elle vers 2 heures du matin. Pendant un an on se voyait et je la ramenais comme ça. On se retrouvait au moins cinq coups par semaine. Sauf le vendredi, normalement on disait aux fiancés de ne pas aller voir leur copine. C'était le jour du ménage..."
Collection "Mamie est sortie"
Au cimetière - Mamie à Plougastel - Mamie part en vacances - Mamie à la foire aux bestiaux - Mamie à la fête de la Rosière - Le bal du 14 juillet - Au camping - Mamie au camping - Au Tour de France - Mamie au Salon de l'auto - Mamie part en colo - Mamie à la poste - Mamie va à l'école - Mamie pique-nique !