"Sondage.
Il y a quelques années, un sondage réalisé par la revue "L'Histoire" posait la question suivante : "Être Français, pour vous, c'est quoi ?". La réponse "aimer le bon vin" est venue en tête devant des évidences comme "être né en France" ou "parler français" ! Le verre de vin apparaît clairement à nos compatriotes en général et à Mamie en particulier comme un élément fondateur de la nation française.
Au cours de l'histoire, ce verre de vin a d'ailleurs été celui de toutes les soifs, prenant diverses formes. Au XIXe siècle, c'est la gourde du "vin-aliment" où s'abreuvent à la régalade le monde agricole ou les ouvriers de la révolution industrielle. Un bon faucheur écluse 5 à 6 litres par jour de cette boisson aux vertus énergétiques. Excusez du peu !
Il faut aussi compter sur le quart de vin des poilus qui boivent pour oublier la barbarie de la guerre. C'est également la fiole du médecin qui soigne à petites doses avec la boisson de Dionysos, le calice du prêtre où le vin sacré est devenu le sang du Christ. Peut-on enfin passer à côté du fameux "verre de l'amitié" qui clôt toute inauguration, discours ou départ à la retraite ?
On pourrait multiplier à l'envie les exemples montrant que le verre de vin a pris une place omniprésente en France. Une France qui trinque pourtant depuis un demi-siècle... La consommation est passée de 100 litres par an et par habitant au début des années soixante à 53 litres aujourd'hui. Au grand dam de Mamie et de Papi qui continuent d'être de bons français, avec un comportement patriotique irréprochable.
De nombreuses études à grande échelle ont pourtant montré que le vin consommé à doses modérées réduit de façon considérable les risques d'accidents cardio-vasculaires.
Donnerions-nous raison à Mamie qui aimait s'attarder dans les caves de Nuits-Saint-Georges ? Ecoutons-là un instant: "Autour de nous règnent les sons amortis, le calme et ce luxe suprême, bientôt inaccessible à notre existence : la lenteur réfléchie, la mesure. Au-dehors, la bise elle-même galope, la route se couvre d'automobiles, le téléphone grelotte sans trêve. Mais au chevet du vin cloîtré, le temps s'endort et peut-être que nous cessons, un moment, de vieillir".
C'est joliment dit.
Collection "Comédie"
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