"Le Petit Journal, là, sous vos yeux.
Une petit journal acheté le 20 novembre 1963. A Dallas...
Ma Mamie est sur place.
Dans le Texas. Elle n'aurait manqué ce voyage pour rien au monde.
A l'aéroport, elle s'est donc retrouvée devant des formulaires qui comprenaient plus de vingt questions auxquelles on lui demandait de répondre en son âme et conscience.
Elle m'a dit qu'il faut beaucoup de mémoire pour se rappeler tous les endroits où on a pu séjourner au cours des vingt dernières années, et toutes les maladies qu'on a pas eus.
Beaucoup d'humour pour convenir qu'on a pas l'intention d'assassiner qui que ce soit pendant le séjour. Et pas beaucoup d'amour-propre pour accepter qu'on vous pose la question : "Vous êtes-vous déjà livrée à la prostitution ?"
Et puis venait la question n°20 : "Etes-vous ou avez-vous été membre du parti communiste, ou membre d'une organisation qui elle-même aurait été associée à des activités communes à celles du parti communiste ?"
Ma Mamie a été touchée, ben oui, elle avait participé à des manifs quand elle était gamine.
La question n°21 était la suivante : "Avez-vous bien compris le sens de la question n°20 ?" Mamie avait parfaitement compris. Cet intéressant curriculum vitae fut remis au service des visas de l'ambassade des USA et elle pu ainsi assister à l'arrivée de Kennedy dans le Texas, extrait :
Le trajet est court. L'heure est venue d'affronter la ville redoutée. Le roman de dallas apparaît à la mesure de l'épopée américaine. Avant 1940, ce n'était qu'une petite cité. La découverte du pétrole a tout changé.
On y cultive un mythe aussi commode que dangereux : celui du vieux Texas, "de ces hommes virils, hardis cavaliers, tireurs redoutables, appliquant eux-mêmes la loi".
Ce pittoresque cache parfois mal certaines réalités : on tue plus à Dallas que dans l'Angleterre entière. Dallas, "ville de violence et d'hystérie", dit Schlesinger ; "un univers impitoyable", rajoute J.R Ewing.
La veille de l'arrivée du président, un chroniqueur sportif a suggéré que JFK ne parlât que de navigation à voile. "S'il choisit ce sujet, il sera entouré de chaleureux admirateurs.
S'il parle de Cuba, des droits civiques, des impôts ou du Vietnam, il y en aura sûrement un pour lâcher une bordée de mitraille dans le gréement présidentiel." Seulement voilà, John F. Kennedy n'a nullement l'intention de parler de navigation à voile à Dallas :
- Un homme fait ce qu'il doit, en dépit des circonstances personnelles..."
Il a prévenu Jackie :
- Il y aura au déjeuner toutes les riches matrones avec visons et diamants. Tu seras la plus merveilleuse, mais dans la simplicité. Tu montreras à tous les Texans ce qu'est le bon goût.
Pour rejoindre le Trade Mart, on traversera toute la ville. Les services de sécurité ont estimé que cela prendrait 45 minutes.
La Lincoln roule vers le viaduc. Il fait chaud.
Très chaud.
Jackie se souviendra avoir pensé : "Comme la fraîcheur du tunnel va être agréable..."
Elle se tourne vers la gauche pour répondre aux applaudissements. Sur la droite, un petit garçon de cinq ans lève la main pour saluer le président. John F. Kennedy lui sourit et lève aussi la main pour lui répondre.
Il est exactement 12 h 30.
C'est à ce moment-là que le président John Fitzgerald Kennedy va être assasiné.
Ma Mamie m'a dit qu'elle était chez sa soeur lorsqu'elle a appris la nouvelle. Et qu'elle avait pleuré à chaudes larmes. Elle a ajouté : "Même ma soeur qui était pourtant une dure à cuire était ébranlée par la nouvelle".
Tout a été dit sur sa mort. Rien n'a été démontré.
Seul Oswald aurait pu désigner ses complices. Ruby, qui a assassiné Oswald, a agi quand il le fallait et comme on le lui a sans doute ordonné. La dépouille de JFK a été portée, sur un affût de canon, dans la rotonde du Capitole.
Devant le cortège, s'avançait un cheval sans cavalier. Sa présence évoquait une tradition remontant à Gengis Khan, aux temps où l'on croyait que le cheval devait franchir avant son maître la "Grande Porte du ciel".
Plus de 250 000 personnes allaient défiler, dix-huit heures durant, devant le corps du président assassiné. Ce même dimanche, on vit Jacqueline Kennedy, tenant par la main Caroline et le petit John, gravir les trente-six marches de marbre qui conduisent à la rotonde.
Point de larmes sur le beau visage encadré d'une mantille de dentelle noire, mais une pâleur extrême.
Et un regard qui apparentait cette jeune femme à un long cortège du passé, celui de la tragédie.
Incarnant la piété d'une nation, des centaines de milliers d'hommes et de femmes se sont portés sur le passage du cortège jusqu'à Arlington, le cimetière national américain, où repose le soldat inconnu. C'est là, dans le périmètre réservé aux héros tombés au camp d'honneur, que John Fitzgerald Kennedy sera inhumé.
Autour de cette tombe, s'élèvera la douleur du monde.
Collection "Mamie explore le temps"
Lee Harvey Oswald - Stavisky ou la corruption - Sarajevo ou la fatalité - Jeanne d'Arc - Seul pour tuer Hitler - Leclerc - Sacco et Vanzetti - La nuit des longs couteaux - Jaurès - Landru - Adolf Eichmann - Nobile - Mr et Mme Blériot - Les Rosenberg - Mamie embarque sur le Potemkine - L'horreur à Courrières - Lindbergh - Mamie au pays des Soviets - Jean Moulin face à son destin - Mamie est dos au mur - L'assassinat du chancelier Dolfuss - L'honneur de Mme Caillaux - Mamie au pays des pieds noirs - La Gestapo française