"Féria de Béziers.
Je crois que ma Mamie va péter un plomb. Remarquez, je l'a comprends, qu'est-ce ce qu'il y a de pire que d'être verbalisé alors qu'on est de bonne foi ? Bref rappel des faits : Mamie a été flashé mi-août pour avoir franchi, à petite vitesse et au volant de sa 4L, un feu rouge en plein centre de Béziers sur l'invitation - énergique -, d'un agent de sécurité de la féria. Inutile de préciser que la ville était alors en état de siège, que la circulation était bloquée et les rues neutralisées par les barrières. Mamie l'affirme et le prouve à tout un chacun en montrant les photos qu'elle a prise avec son i-Phone. Bref, elle n'a pas vu la malice à franchir le carrefour puisqu'une personne compétente la poussait.
L'erreur de débutante.
Elle a été flashé par la machine et a reçu - dans la foulée -, une notification de sa contravention : 90 €, 135 € en cas de contestation, à payer rapidement.
Excusez du peu.
On rajoute par dessus les quatre points perdus et le compte est bon. L'affaire aurait pu s'arrêter là. Mamie aurait pu fermer les yeux, après tout. Mais les lecteurs qui le pensent ne connaissent pas ma Mamie. Elle a commencé à frapper à toutes les portes pour trouver une issue à cette situation qu'elle trouve - à raison -, ubuesque. Elle est alors rentrée dans le commissariat de police de Béziers où elle est tombée nez à nez sur l'inspecteur Bondelet. Présentation :
Théramène Bondelet était imberbe depuis toujours. A cinquante-six ans, il aurait dû y être habitué, or il se surprenait encore certains matins à vérifier si quelque pilosité ne lui était pas advenue durant la nuit. Cette absence l'avait durement traumatisé, autant que son prénom imbécile donné par son père, un artiste tragique, interprète du rôle de Thésée au théâtre paroissial de Chatillon-Coligny, souriante localité du Loiret spécialisée dans la culture de la pomme de terre-purée.
C'est vers vingt-cinq ans, après des études fadasses et un service militaire débilitant, que Théramène décida d'entrer dans la police. Il combattit l'aspect rosé et enfantin de sa carnation par un froncement de sourcils quasiment perpétuel, faisant de lui un personnage sévère qui terrorisa deux générations de loubards. On sut en haut lieu que Théramène faisait même parler les malfrats.
Il devint donc inspecteur.
Un inspecteur inspecte.
Après avoir informé ma Mamie qu'elle devait d'abord payer les 135 € et saisir le centre national des PV de Rennes, il lui demanda alors ce qu'elle faisait et dans la vie et tout le toin toin. Les questions de routine, en somme.
Mamie - sous le choc - s'est entendu dire, je ne fais que citer : "Je suis à la retraite et je ne m'en sors pas du tout. Je suis obligée de jardiner six heures par jour pour aller au marché vendre mes légumes. Cela me rapporte 30 € par semaine, une misère."
C'est là, à ce moment très précis, que Théramène Bondelet - qui se sentait pourtant inexplicablement de bonne humeur - a lâché cette phrase lapidaire :
- Madame, il faut travailler plus pour gagner plus.
Après avoir entendue cette phrase sans queue ni tête, ma Mamie est restée bouche bée. Comme elle dit, l'important dans la vie c'est de réussir sa vie et de donner de l'amour à celles et ceux qu'on aime. Ça ne sert à rien de finir la plus riche du cimetière.
Rideau.
Collection "Comédie"
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