"L'homme porte un costume de vieux tweed poché aux épaules, aux coudes et aux genoux. Le fessier énorme, les genoux cagneux et les pieds en dedans : le genre de type que les metteurs en scène cherchent lorsqu'ils ont un rôle de clochard.
C'est la seule photo où il a l'air sympa. Sur les autres, ça se voit qu'il est méchant comme la gale.
Il n'était pas comme ça avant. Mais il est rentré dans le rang. Il s'était vu trop beau. Il fut un temps où il arrivait encore à sortir son épingle du jeu mais il a vieillis c'est évident.
Mal vieillis. Et depuis il s'est laissé aller.
Maintenant il est complètement à côté de la plaque.
Si on fait un rapide état des lieux, le diagnostic est accablant, je vous épargne les détails mais il faut que le lecteur sache que son ventre a gonflé. Un ventre de femme enceinte jusqu'à la gueule (c'est une expression). Du sept mois à s'y méprendre. Ses fesses tombent. Ses pieds puent. Peut-on encore parler de cheveux ? Ils sont partis à mesure que les rides pointaient le bout de son nez. Un nez gros, soit dit au passage, ce qui a l'avantage de pouvoir accueillir du monde.
Le reste est du même tonneau, jugez plutôt : un sexe qui ne bande pas ou mou. Et qui ne sert que pour pisser une pisse jaunâtre qui manque cruellement de puissance. Quant à son caca, il faut pas s'étonner avec ce qu'il bouffe que ça fouette. Il n'y a pas de fumée sans feu.
Sinon, je suis toujours surpris par la noirceur de ses ongles. Quant à son haleine, imaginez des kilos d'échalotes ayant macéré dans un baril de pétrole, et vous serez encore loin du compte.
La faute à qui ?
A une femme bien sûr. Mais pas n'importe laquelle. Lucien Malroux a eu le malheur de croiser sur sa route Josiane Berthelot. Et vous le savez aussi bien que moi : quand Josiane passe, l'herbe ne repousse pas !
Et ce pauvre Lulu s'est alors senti victime, persécuteur puis percuté. On ne se remet pas facilement du triangle dramatique.
Le fameux triangle de Karpman.