"Existe-t-il une volonté supérieure...
Existe-t-il une volonté supérieure à la mienne qui guiderait mes pas sur un chemin tracé d'avance ? Peut-on échapper à ce que la sorcière appelle le destin ?
Qu'est-ce que le libre-arbitre ?
La communion des saints, cela signifie que tous les humains sont reliés entre eux par un destin commun et que des fils invisibles nous relient les uns aux autres.
N'est-il pas contradictoire d'affirmer d'un côté que l'homme est libre de créer sa vie, et de l'autre qu'il est soumis au déterminisme astral ?
Ce dont je suis sûr, c'est que les astres ne déterminent pas. Pour Ptolémée, l'influence astrale, qui donnait le caractère de l'individu, s'ajoutait au conditionnement familial et l'homme conservait toujours une part de libre-arbitre face à toutes ces influences. Il n'y a donc aucun déterminisme absolu, aucune fatalité.
On n'échappe jamais totalement à son conditionnement, qu'il soit familial, collectif ou astral. L'homme reste marqué toute sa vie par sa langue, son éducation, son caractère inné, que sais-je encore !
Mais par l'exercice de son libre arbitre qui réside dans la partie la plus spirituelle de son âme, c'est à dire son intelligence et sa volonté, l'homme peut faire des choix qui orientent son existence, ses pensées et ses actions dans une direction qui n'est pas uniquement le fruit de son caractère, de ses désirs, de ses instincts, ou bien encore des préjugés de la tradition qu'il a reçue.
"On ne naît pas libre, on le devient."
- Mais tous les évènements du destin proviennent-ils seulement du caractère ? N'existe-t-il pas certaines rencontres, certaines épreuves ou certains évènements heureux qui sont écrits depuis toujours ?
Bien sûr ! Je crois en effet aussi que la Providence divine a voulu mettre certains évènements heureux ou malheureux, sur notre route.
Nous n'y échapperons pas. L'un aura un grave souci de santé, tel autre rencontrera un maître spirituel à un moment important de sa vie, un troisième tombera amoureux d'une femme bien précise. Mais chacun pourra réagir librement face à ces évènements programmés par le destin.
L'homme malade pourra se plaindre contre son sort et gémir toute sa vie ou bien sortir intérieurement fortifié et grandi par cette épreuve ; le jeune homme pourra suivre on maître spirituel ou bien continuer son chemin; et celui qui est amoureux pourra épouser cette femme ou bien en choisir une autre.
Les astres sont des signes que la Providence a posés pour nous permettre de mieux nous connaître et de déchiffrer les arcanes de notre destiné, mais nullement pour nous orienter de manière absolue. Il faut les regarder comme des phares qui nous éclairent et non comme des causes qui nous aliènent.
Pour Platon, l'âme humaine, tant spirituelle que psychique, transmigre de vie en vie et choisit de nouvelles existences en fonction de ce qu'elle a déjà accumulé comme expériences dans ses vies intérieures. Elle possède déjà un caractère qui va se mêler à l'atavisme du nouveau corps qu'elle choisit de prendre.
Mais elle possède aussi des connaissances, des émotions, des dispositions spirituelles plus ou moins élevées, acquises lors d'autres vies.
C'est ce qui fera que tel enfant à une peur inexpliquée de l'eau parce qu'il est mort noyé dans une vie précédente, ou bien une disposition étonnante pour la musique ou la science, car il avait déjà accumulé des connaissances en ces domaines.
Quoi qu'il en soit, je suis entièrement convaincu de trois choses. La première, c'est que nous naissons avec un bagage psychique important qui nous conditionne au moins autant que les conditions matérielles de notre naissance, comme notre famille ou notre pays.
La deuxième est que notre existence n'est pas que le fruit du hasard et contient déjà en germe, dès la conception et la naissance, ce que nous sommes appelés à devenir.
La troisième enfin, c'est que la vie est une sorte d'école dont le seul but est d'apprendre à connaître et à aimer. Pour cela, nous traversons toutes sortes d'expériences, agréables ou douloureuses, qui nous permettent de progresser. Un parcours initiatique en somme, semé de rencontres, d'obstacles et de coups de pouce du destin.
Vient enfin la question du libre arbitre. Il ne réside pas dans le choix de son caractère et dans la manière dont il va répondre aux évènements de sa vie. Représente-toi l'homme tel un acteur sur une scène de théatre qui doit jouer un rôle précis, écrit à l'avance par quelqu'un d'autre. La marge de manoeuvre de l'acteur ne consiste pas à changer ce rôle, mais à l'interpréter à sa manière, du mieux qu'il peut.
Ainsi ne reconnaît-on pas un grand acteur à ce qu'il joue un prince ou un valet, mais à la manière dont, prince ou valet, il joue son rôle.
Peu importe dès lors d'être né riche ou pauvre, d'avoir une destinée humble ou glorieuse, d'être homme ou femme, de mourir jeune ou vieux, seul compte le fait d'investir sa vie de manière lucide, profonde, juste. La liberté humaine réside davantage dans la manière de vivre que dans les modalités de vie, qui nous sont en grande partie dictées par une force supérieure.
L'humanité entière progresse lentement vers un mystérieux accomplissement collectif. Certes, elle n'en maîtrise ni les paramètres de base, ni l'échéance. Mais elle demeure libre de tracer la direction et la forme de cette marche commune, à travers des choix collectifs et les choix personnels de tous les individus qui la composent.
Qu'on le veuille ou non, nous sommes tous reliés et solidaires les uns des autres.
Toute action ou pensée positive d'un seul homme élève et aide l'humanité toute entière, alors que l'action ou la pensée négative d'un seul homme abaisse et affaiblit toute l'humanité."