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4 octobre 2011 2 04 /10 /octobre /2011 15:16

Radio47"Le passé supplémentaire.

 

 Je me souviens de mon grand-père qui me disait toujours : "Méfie-toi du progrès, des curés et des femmes."

 C'est lui qui m'a découvrir l'amour sous Mlle Anita un après-midi à cinq heures :

- Anita, ma fille, voilà la relève, lui avait-il dit en me présentant. C'est un enfant, à toi d'en faire un homme.

- Comptez sur moi, monsieur le comte.

 Mon grand-père était comte, et ça lui suffisait. Moi, j'ai cru longtemps que c'était un métier.

- Allez, va petit, va.

 Il a bu du champagne en m'attendant. Je n'ai pas été long.

 Je n'étais pas parvenu à contrôler ma fougue, aussi me jugeait-elle sévèrement. "En amour, bébé, me disait-elle, il faut savoir être gourmet. Tu te goinfre avec les hors d'oeuvres et tu n'es plus capable, après, d'apprécier le plat de résistance."

 C'est loin tout ça... Fréhel était belle, et, rue Boissy d'Anglas, Cocteau baladait Pierre Drieu la Rochelle s'abîmait le coeur, déjà, et Picasso n'était pas mort, pas riche, et pas communiste.

- Moi, déclarait-il, moi Pablo, je veux faire des enfants et des tableaux, mais pas avec le même pinceau.

 Je me souviens de théâtre de ma jeunesse qui était peuplé de gens riches et célèbres, que je croyais être nés pour rire et pour chanter, pour amuser le monde ou pour le gouverner.

 Lorsque j'ai compris que tous n'étaient pas heureux, j'ai dit ma déception à Cocteau, qui m'a répondu en se moquant de moi : "Il vaut mieux être riche, célèbre et pas heureux, que pauvre, inconnu et malheureux."

 Lorsque j'ai voulu savoir comment on fait les enfants Maurice Sachs a éludé ma question :

- C'est très compliqué ! Le mieux est de ne pas en faire, m'a-t-il affirmé, péremptoire.

 Qu'il soit remercié ici de m'avoir épargné l'histoire du chou et de la rose, très en vogue à cette époque.

 

 Je me souviens du Vel d'Hiv, où, dans une odeur de frites, de sueur et de bière, le peuple de Paris se défoulait au son de l'accordéon.

- Ecoute battre le coeur de la France, me dit Sachs. Ecoute-le vibrer et met le tien à l'unisson. Il n'y a pas de place ici pour les petits-fils de comte.

 Abasourdi de musique et de cris j'écarquillai les yeux.

 Sur une piste ronde, en forme de cuvette, des hommes coursaient à vélo. La foule en tête ne dissimulait pas sa joie.

 Sur les gradins, des ouvriers en bras de chemise embrassaient goulument des filles en jupe à fleurs.

 Je découvrais, ravi, ceux dont mon grand-père dira avec dédain : "Ils sont les fils de Léon Jouhaux."

 Je me souviens de mon cousin qui me disait régulièrement des évidences de ce genre :

"C'est en forgeant qu'on devient forgeron."

"Le bonheur ne se conjugue qu'au passé."

"Ce n'est pas le canotier qui a fait Maurice Chevalier, mais Maurice Chevalier qui a fait le canotier."

 Je me souviens de Lucien qui aimait les films de Charlot. Lucien, mon premier copain... Tout nous séparait. Il aimait les chats, les pucelles et Tino Rossi.

 Démodé déjà ; je collais mes cheveux, façon Rudolph Valentino. Je m'achetais des chaussures Italiennes et des disques de Lys Gauty.

 Je me souviens de Valentine quand elle fredonnait sur un air de Tango :

 

 'Allez vava, remets-nous ça

Encore un verre et ça ira

Vas-y Vava, n'hésite pas

Remets-nous ça..


 Des quatre coins du monde, le bruit des bottes résonne à l'unisson. Je ne l'entends pas. Il fait beau sur Paris et je suis amoureux.

 Au pied d'une tribune dressée place de la Nation, avec mon frère et près d'un million de Parisiens, j'acclame ce Léon Blum dont Daudet prétend méchamment qu'il est un juif de la pire espèce.

 Sa voix vole. Ses mains fines dansent devant ses yeux. Il a l'air doux. Il chante presque.

 Sur les murs de l'église Saint-Eustache, je lis : les curés espagnols font le lit de Franco.

 Valentine, elle, de souvenir en souvenir, elle réveillait des fous rires et des larmes oubliées avec une complice.

 Mon neveu breton m'énervait. C'était un jeune marin, il portait son pompon rouge comme le symbole d'une virilité irrésistible. Bien des femmes pouvaient en parler.

 C'était un con. La preuve, il disait toujours, à propos de tout et de rien : "On n'arrête pas le progrès..." S'il tient une petite place dans mon souvenir, c'est à cette exclamation imbécile qu'il la doit. 

 Valentine encore : "Ne les écoute pas. ce sont ceux qui criaient en 36 : "Plutôt Hitler que le front populaire." Ils l'ont maintenant, alors qu'ils crèvent. 

 J'aurai aimé qu'elle me raconte tout... Me faire des souvenirs sur des chevaux de bois et me laisser grandir avec de l'encre aux doigts.

 Je me souviens aussi de Pélagie penchée sur sa TSF, elle écoutait une chanson triste que diffusait Radio-Paris. J'ai pu en apprécier les dernières mesures, quand elle m'a ouvert alors que je réussissais à improviser de mémoire les accords de La Cumparsita...

- On se verra demain, me dit-elle, y'a Léo Marjane qui chante dans le poste... 

 Pour fêter mon retour, Pélagi m'a préparé un repas de crêpes bretonnes au beurre cuit. En moins d'une heure, je savais tous les potins du quartier : les fausses couches, les concubinages, les morts et les mariages, tout sur la mauvaise conduite des femmes de nos pauvres soldats.

Ses préoccupations m'en disaient long ; elles répondaient en écho au discours de Paul Reynaud et aux chansons de Maurice Chevalier.

 Rideau.

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Published by Régis IGLESIAS - dans Les souvenirs de ...

Livre d'or

Première affiche

 

  "MA MAMIE M'A DIT"  

Spectacle nostalgique 

 

"On nous avait promis la magie, promesse tenue : un spectacle plein de féérie de souvenirs où chacun se retrouvait. Une belle énergie. Les résidents ont adoré. Merci." Marie ("La Clairière de Luci" - Bordeaux)
 
"Formidable ! Nous sommes tous remontés dans le temps, nous avons vingt ans, on a ri, on a presque pleuré et surtout on a chanté. Merci." Cathy (Arles)
 
"Un véritable petit chef d'oeuvre" ; "La légion d'honneur pour la créativité" "Un véritable artiste" ; "Après-midi formidable" ; "Absolument parfait" ; "Une rétrospective originale" ; "Un très bon moment d'évasion". Propos recueillis à la résidence Emera d'Angoulême  
 
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux... C'était magnifique. Nous avons revu toute notre jeunesse et notre enfance. Et c'est beau de redevenir jeune dans l'ambiance d'autrefois." Aimée et Janine
 
"Les chansons, les réclames et les anecdotes ont transporté les résidents dans leur enfance. Une après-midi de nostalgie mais aussi de chansons et de rires. Merci encore pour ce magnifique spectacle." Sandrine
 
"Spectacle complet, tellement agréable et thérapeutique pour nos personnes âgées, encore félicitations !" Docteur Souque
 
"Un choix extraordinaire de chansons, des moments magiques, des photos magnifiques, vous nous avez mis de la joie dans le coeur. Et retrouver sa jeunesse avec tous ces souvenirs, ça fait plaisir et j'espère que vous reviendrez nous voir." Mme Lorenzi (Juan-Les-Pins)
 
"Pour ma fête, par un pur hasard je me suis retrouvé dans un club de personnes âgées où j'ai pu assister à votre spectacle sur le passé. Cela m'a rappelé mes grands-parents et mes parents et c'était vraiment un moment magique." Josette, La Roque d'Antheron
 
"Bravo bravo bravo Regis, c'est le meilleur spectacle que j'ai vu depuis que je fais le métier d'animatrice." Bénédicte La Salette-Montval (Marseille)
 
"Je n'imaginais pas lorsque je vous ai accordé un rendez-vous que vous enchanteriez pendant 1 h 1/4 les personnes âgées d'une telle façon. Merci pour votre prestation qui a fait revivre les moments publicitaires, évènementiels et musicaux de leurs vies." Michelle, CCAS de Toulouse
 
"Un super voyage dans le temps pour le plus grand plaisir des résidents. Merci à Régis pour cette magie et à bientôt." Brigitte (Lunel)
 
"Enfin un retour à notre "époque". Quel bonheur, que de souvenirs, quelle belle époque ou l'amitié était de mise. Merci pour cette très belle après-midi, on s'est régalé avec ce très très beau spectacle". Danielle (Mirandol)
 
"Super - divinement bien -  tout le monde était enchanté même que M. Benaben a dit : "Vous nous avez donné l'envie de revivre notre vie"." Sylvie (Sainte Barthe)
 
"Un grand merci pour ce bon moment et je crois, je suis sûre, qu'il a été partagé par mon mari." Mme Delbreil
 
"Une féérie de l'instant." Christian
 
"Beaucoup d'émotion dans ce spectacle plein de chaleur et d'humanité." Sylvie
 
"Une soirée inoubliable. Continuez à nous émerveiller et faites un long chemin." Claude
 
"Le meilleur spectacle que j'ai jamais vu. De loin." Tonton Kiko
 
"C'est bien simple, je n'ai plus de Rimmel !" Claudine (seconde femme de Tonton Kiko)
 
"A ma grande surprise, j'ai versé ma larme. Tu as atteint mon coeur. Bravo pour ces sentiments, ces émotions fortes, j'ai eu des frissons par moment." Ta couse Céline
 
"Redge, encore un bon moment passé en ta présence. On était venu plus pour toi que pour le spectacle, mais quelle agréable surprise ! On est fier de toi, continues d'oser, de vivre !" Pascale
 
"J'avais froid, un peu hagard, l'humeur moribonde et puis voilà, il y a toi avec toute ta générosité, l'intérêt, l'affection que tu as toujours su apporter aux autres, à moi aussi et Dieu sait si tu m'as rendu la vie belle depuis qu'on se connaît comme tu as su le faire une fois de plus." Jérôme
 
"Ce spectacle est nul à chier et je pèse mes mots." Gérard
 
memoria.viva@live.fr

Ma Mamie m'a dit...

Madka Regis 3-copie-1

 

COLLECTION "COMEDIE"

Mamie est sur Tweeter

Mamie n'a jamais été Zlatanée !

Mamie doit travailler plus pour gagner plus

Mamie, tu l'aimes ou tu la quittes

"Casse-toi pauvre Régis !"

Papi a été pris pour un Rom

Mamie est sur Facebook

Papi est sur Meetic

Il y a quelqu'un dans le ventre de Mamie

Mamie n'a pas la grippe A

La petite maison close dans la prairie

 

COLLECTION "THRILLER"

Landru a invité Mamie à la campagne...

Sacco et Vanzetti

Mamie a rendez-vous chez le docteur Petiot

La Gestapo française

Hiroshima

 

COLLECTION "SAGA"

Les Windsor

Mamie et les cigares du pharaon

Champollion, l'homme qui fit parler l'Egypte

Mamie à Tombouctou

 

COLLECTION "LES CHOSES DE MAMIE"

Mamie boit dans un verre Duralex

Le cadeau Bonux

Le bol de chocolat chaud

Super Cocotte

Mamie ne mange que des cachous Lajaunie

 

COLLECTION "COUP DE COEUR"

Mamie la gauloise

Mamie roule en DS

Mamie ne rate jamais un apéro

Mamie et le trésor de Rackham le Rouge

 

COLLECTION "DECOUVERTE"

Mamie va au bal

La fête de la Rosière

Mamie au music-hall

Mamie au Salon de l'auto

 

COLLECTION "SUR LA ROUTE DE MAMIE"

Quand Papi rencontre Mamie

Un Papi et une Mamie

Mamie fait de la résistance

Mamie au cimetière

24 heures dans la vie de Mamie

 

COLLECTION "MAMIE EXPLORE LE TEMPS"

Jaurès

Mamie embarque sur le Potemkine

Mamie et les poilus

Auschwitz

 

COLLECTION "FRISSONS"

Le regard de Guynemer

Mr et Mme Blériot

Lindbergh décroche la timbale

Nobile prend des risques

 

COLLECTION "MAMIE EN BALLADE"

Mamie chez les Bretons

Mamie voulait revoir sa Normandie !

La fouace Normande

La campagne, ça vous gagne...

Mamie à la salle des fêtes

Launaguet

La semaine bleue

Le monastère

 

COLLECTION "MAMIE AU TEMPS DES COURTISANES"

Lola Montès

Les lorettes

Mme M.

Napoléon III

Plonplon

La marquise de Païva

Mme de Pompadour

Générique de fin