"Une "une" là, sous vos yeux.
Elle est dédiée à l'homme aux cinq cents enfants...
"Je ne veux pas exagérer, disait Dumas à Mathilde Shaw - qu'on ne présente plus -, je crois bien que j'ai de part le monde plus de cinq cents enfants." Ma Mamie qui a suivi - de loin - ses ébats en rajoute une couche :
- La vie sentimentale et sexuelle de Dumas décourage tout recensement."
Debrieffing :
Sa première maîtresse se nomme Aglaé - étrange prénom - Tellier.
Lingère, elle a dix-neuf ans quand ils se rencontrent. Lui en a quinze. Il la voit "rose et blonde" s'extasie de ses cheveux dorés et son charmant sourire".
On peut envier la chance d'Alexandre, mais on ne saurait méconnaître celle d'Aglaé, première à découvrir l'incomparable libido d'Alexandre dont s'émerveilleront tant d'autres.
Leurs rapports durent trois ans. Constatant tardivement la liaison de leur fille, les parents finissent par s'en alarmer. Elle risque d'être bientôt considérée comme une vieille fille. Comme telle, elle ne trouvera plus de mari. Elle rompt.
Pour rencontrer Louise Brézette qui arrive dans la foulée, le mieux est de consulter les Mémoires de Dumas : "Elle était une vigoureuse fleur de quinze ans. Oh ! la belle, la fraîche brune, avec sa chair ferme et dorée comme celle du brugnon, avec ses dents de perle qui éclairaient son visage entre deux lèvres de corail ! Comme on sentait la vie et l'amour bouillir là-dessous ! Comme on sentait qu'à la première flamme tout déborderait !"
Cette première flamme n'a jailli qu'un seul soir, la veille de départ d'Alexandre pour Paris. Mais trente ans plus tard, il en parlait encore le sourire aux lèvres.
Sacré Louisette.
Une autre Cotterézienne, Marie-Anne Thierry, dite Manette (pour les intimes), entre en scène au même moment : "Une pomme d'api, toujours chantant pour faire entendre sa voix, toujours riant pour montrer ses dents, toujours courant pour laisser voir son pied, sa cheville, ses mollets même." Il ne la perdra jamais de vue.
Vers 1825, il la retrouve à Paris, la suite se passe commentaire : "Elle était toujours gentille ; le charme des souvenirs nous a rapprochés et, tout en parlant, chacun de notre côté, de nos anciennes amours, ma foi !... La chair est faible et le diable est malin."
Encore un cas typique de retrosexualité.
La suite ? Tout s'accélère. Lors de sa première installation à Paris, le jeune Dumas loue une chambre dans un immeuble de la place des Italiens. Sur le même palier, demeure Catherine-Laure Labay, une femme à la tête d'un petit atelier de couture. Ils se plaisent et décident de vivre ensemble. De leur liaison naîtra un fils prénommé Alexandre qui, lui aussi deviendra célèbre.
Mélanie Waldor est de celles auxquelles Alexandre s'est à ce point attaché qu'elle mérite une mention particulière. Alexandre et Mélanie, c'est toute une histoire.
Belle Krelsamer lui succède. Dumas se charge des présentations : "Elle avait des cheveux noirs de jais, des yeux azurés et profonds, un nez droit comme celui de la Vénus de Milo et des perles au lieu de dents". Elle lui cède trois semaines plus tard et, le 5 mars 1831, accouche d'une fille, Marie, native donc sous le signe du Poissons.
Dès lors Belle Krelsamer ne quitte plus son amant et s'installe chez lui avant de le suivre au cours de son long voyage en Suisse et, au retour, accueille les invités de Dumas lors du grand bal qu'il offre. Sans le savoir, elle vit son apothéose. Ida Ferrier va prendre sa place.
Ma Mamie est formelle, c'est à ce moment-là très précis que Dumas est passé à la vitesse supérieure :
Virginie Bourbier, comédienne, a participé au triomphe d'Henri III et sa cour et bénéficié en même temps des faveurs de Dumas.
Marie Dorval, l'une des plus grandes actrices de son temps.
Hyacinthe Meinie, actrice.
Caroline Ungher, cantatrice célèbre.
Léocadie-Aimée Doze, actrice dont une seule phrase résume la façon d'aimer : "J'ai une passion dans le coeur, passion plus forte que moi ; c'est pour Alexandre Dumas ; c'est un homme dont je veux "goûter", ne fut-ce qu'une fois dans ma vie."
Henriette Laurence, apprentie comédienne.
Anaïs Aubert, actrice.
Eugénie Scriwaneck, actrice considérée par Alexandre Fils comme une "horrible femme".
Béatrix-Martine Person, lingère puis actrice.
Marguerite-Véronique Guidi, représentante officieuse de Dumas pendant son exil à Bruxelles. Elle l'accueille chez elle et à chacun de ses retours à paris. Jalouse d'Isabelle Constant.
Isabelle Constant, actrice, longtemps favorite d'Alexandre.
Marie X, pâtissière à Bruxelles.
Emma Mannoury-Lacour, abonnée au Mousquetaire de Dumas, elle engage une correspondance avec Alexandre qui la conduit à se donner à lui.
Emilie Cordier, actrice de vingt ans en recherche de rôle avant d'être engagé par Dumas et de s'installer chez lui. Après avoir accouché chez ses parents d'une petite Micaëlla, native du signe du Bélier.
Le temps de placer celle-ci en nourrice et Dumas rejoint Naples. En mai, Emilie vient l'y retrouver. A-t-elle entre temps trompé Dumas ? Une lettre qu'elle lui adresse permet de l'imaginer : "Je te pardonne. Il est arrivé dans notre vie un accident, voilà tout. Cet accident n'a pas tué mon amour. Je t'aime tout autant, seulement je t'aime à la façon dont j'aimerais une chose perdue, une chose morte, une ombre".
La séparation est inéluctable. La rupture sera consommée dans la foulée. Emilie remontera sur scène, rencontrera un certain Edwards qu'elle épousera et dont elle aura cinq enfants. En décembre 1870, apprenant la mort d'Alexandre, elle vêt de noir sa fille Micaëlla.
Fanny Gordosa, chanteuse noire, entre dans la vie de Dumas avant sa rupture avec Emilie. Il l'a rencontré en Italie, arrachée à son mari qui la voit partir avec un certain soulagement : son ardeur au lit était si vive - en Rut du matin au soir -, que "ce mari, épuisé, lui avait fait porter autour des reins des serviettes humides."
Dumas la délivre des bandelettes et satisfait l'ardeur ci-dessus signalée.
Il dit d'elle : "Fanny est un peu bizarre, mais elle a un coeur excellent."
Elle lui manifeste une passion "furibonde" jusqu'au jour où elle le surprend dans une loge de théâtre en conversation très intime avec une dame. "Elle a ameuté la salle par ses hurlements. Une jalousie maladive." The end.
Olympe Audouard, née à Marseille, auteur de plusieurs ouvrages féministes. Dumas la rencontre à Aix-les-Bains. Selon Victor Hugo (Carnets), elle conçoit pour les vieillards, pourvu qu'ils soient célèbres, d'étranges complaisances érotiques.
Elle appelle Dumas "mon vieux grand-père". ; il lui répond "ma petite amie chérie". Quand elle lui annonce son départ pour les Etats-Unis, il la recommande au directeur du Sun :
- Je vous présente ma meilleure, ma plus grande et ma plus belle amie. Recevez-la, comme je recevrais la vôtre s'il vous plaisait de faire échange.
Adah Menken, actrice, modèle pour sculpteur, conférencière et poète, trouve sa voie aux Etats-Unis en se présentant sur scène ligotée à un cheval et vêtue "d'un maillot de couleur chair".
Elle épouse un musicien, un boxeur, son imprésario puis un certain James Barklay dont elle a un enfant. Son numéro plus ou moins érotique ayant séduit l'amérique, elle entend l'offrir à l'Europe. Cadeau.
Après un réel succès à Londres, elle le propose à Paris en décembre 1866. Dumas entrant dans sa loge pour la féliciter, elle lui saute au coup au sens figuré, avant de lui sauter dessus au sens propre.
Dumas posera ensuite avec sa maîtresse sur ses genoux habillée en maillot collant. Faisant le tour de Paris, ces photos déclenchent un scandale. Comment un grand homme a-t-il pu en arriver là ? Simple curiosité ? Un Fantasme ? La recherche du plaisir ? Ma Mamie l'ignore.
Le privilège de Dumas est de bien se connaître. On peut le croire sur parole quand il affirme :
- C'est par humanité que j'ai des maîtresses ; si je n'en avais qu'une, elle serait morte avant huit jours.