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14 novembre 2012 3 14 /11 /novembre /2012 14:01

Henriette-Caillaux.jpg"Le Petit journal, là, sous vos yeux.


 16 mars 1914, 6 heures du soir.

 Dans le vaste cabinet de travail de Gaston Calmette, directeur du Figaro, il fait sombre. Il est là, Calmette, debout près du bureau, et regarde d'un air étonné la femme devant lui.

- Vous savez pourquoi je viens, dit cette femme.

 Précisément, non, Gaston Calmette ne le sait pas.

 Grande a été sa stupeur quand l'huissier lui a remis une enveloppe dans laquelle il a trouvé une carte de visite : Madame Joseph Caillaux. Une telle démarche, d'une telle femme ? Pourquoi ? Est-ce pour le savoir qu'il l'a fait introduire ? En tout cas, elle est devant lui. Et elle a dit :

- Vous savez pourquoi je viens.

 Calmette n'a pas à prendre la peine de chercher une réponse. Tout va très vite. Brusquement, Mme Caillaux sort sa main droite de son manchon. Cette main tient un revolver. Elle tire.

 Gaston Calmette va mourir dans la nuit.

 Un fait divers ? Non. Beaucoup plus qu'un fait divers.

L'histoire de Mme Caillaux met en scène des individus, des actes parfaitement contradictoires. Et elle va dévoiler d'inexpiables passions. Alors que se profile la menace qui aboutira à la Première Guerre mondiale, à l'arrière plan des cinq coups de revolver tirés par Mme Caillaux sur un journaliste, de formidables haines politiques vont s'affronter.

 Au travers de ce drame, c'est peut-être la guerre et la paix qui hésitent.

  Au centre de tout, ma Mamie m'a dit qu'il y a un personnage. Il faut aimer les personnages. Il faut s'attacher à ces hommes qui tout à coup bousculent le train-train de l'Histoire.

 Ici, le personnage s'appelle Joseph Caillaux. Le plus original, le plus fracassant des hommes politiques qui se soient illustrés sous la troisième république. L'un des plus admirés, sans doute.

L'un des plus détestés sûrement.

 

 Reçu brillamment à l'inspection des Finances, ambitieux, entreprenant, impatient, il ne s'est guère attardé dans la fonction publique. A trente-six ans, il était déjà ministre des Finances et très vite, il a manifesté une intelligence hors de pair.

 Un technicien, certes, mais allant bien au-delà de la technique.

 Ce petit homme mince, cambré, d'une élégance raffinée était très jeune devenu chauve, presque intégralement. Excellente façon de ne plus vieillir.

 Sur la jaquette de bon faiseur, un oeillet. A l'oeil, un monocle. Sur tout cela, de l'insolence.

 Ce politique reste un aristocrate. "Il a la classe, dit Chenu, témoin du procès de sa femme, il piaffe comme un cheval de pur sang et méprise en secret les lourdauds et les croquants, amis ou ennemis."

  Avec l'affaire d'Agadir, Caillaux a sauvé la paix pour trois ans. Cette affaire l'a consacré grand homme d'Etat mais elle a déchaîné contre lui des sentiments violents. Il se montrait si personnel, si cassant, qu'il iradiait aussi bien ses adversaires que ses amis.

 Il ne supportait pas la contradiction, éclatant sans cesse en colères et foucades. Il se montrait vaniteux, orgueilleux "jusqu'à l'enfantillage", dit Chastenet.

  Et puis sa vie privée était agitée. Il se voulait passionné en amour comme en politique.

 Il s'est marié en 1906 une première fois avec l'épouse divorcée d'un de ses collaborateurs, de son nom de jeune fille Mlle Gueydan, une très belle femme brune de beaucoup d'allure.

 Dès 1908, il a rencontré une jeune femme, Henriette Rainouard, épouse divorcée du journaliste Léo Clarétie, plus discrète que l'épouse légitime, l'air doux, un peu effacé, aussi blonde que l'autre était brune. Aussitôt, de nouveau, la passion. Henriette est devenue sa maîtresse, sa "Riri" quand il lui écrivait, cependant qu'il signait : "Ton Jo."

  Cette vie double s'est poursuivie jusqu'au moment où une lettre compromettante est venue tout apprendre à l'épouse. Il s'est excusé, à tergiversé, menti, avoué, promis de ne plus revoir Riri. Bien sûr, il n'en a rien fait. Tumultueuse, la liaison a continué.

  Un beau jour, ouvrant un tiroir de secrétaire avec la clef d'un autre meuble, Mme Caillaux a découvert une correspondance, des lettres, de Riri et deux lettres de son mari à Riri.

 C'était en 1910, année d'élections. Conjuguer une procédure de divorce et une campagne électorale était dangereux. Une fois élu, Caillaux a entamé lui-même le procès. Le divorce a été prononcé à ses torts. Sans tarder, Caillaux a épousé Henriette Rainouard, devenue la seconde Mme Caillaux. 

  Ce temps-là était celui de la menace allemande. Avec inquiétude, l'Europe voyait l'Allemagne augmenter ses effectifs militaires.

 Le kaiser Guillaume II voulait la guerre. Pourrait-on l'éviter ? Fallait-il l'éviter à tout prix ? Ma Mamie était trop jeune pour répondre à cette question.

  La volonté d'abattre Caillaux a redoublé quand le ministre des Finances a annoncé son intention d'équilibrer le budget de 1914 à l'aide d'un impôt progressif sur le capital.

 Un tollé !

Briand, Barthou et Poincaré n'en démordait pas. Il fallait l'abattre. L'abattre absolument.

 Oui, mais comment ?

 

 Ce qu'il fallait c'est attaquer Caillaux, l'attaquer sans cesse. Produire contre lui des documents qui l'accableraient. Le déconsidérer. Le déshonorer. Pour cela, il fallait trouver un journal. On le trouva, ce fut le Figaro.

 Le tirage du Figaro n'est pas comparable à celui du Petit Parisien, par exemple, qui, avec 1 600 000 exemplaires, peut à bon droit se réclamer du plus fort tirage du monde entier.

 Mais son influence est grande car ceux qui le lisent appartiennent à la grande et moyenne bourgeoisie. Qui s'est chargé d'approcher Gaston Calmette, directeur du Figaro ? Probablement Louis Barthou.

 En 1914, Calmette a cinquante-cinq ans. Le visage un peu rond, le ventre également, une épaisse moustache, des lorgnons, il est entré au Figaro à l'âge de vint-sept ans, est devenu le gendre du directeur - bonne façon de faire carrière - et un jour, en 1902, a succédé à son beau-père. Un homme courtois, doux, un peu timide.

 Le contraire d'un polémiste. Pourtant, cet homme discret va conduire en personne l'attaque contre Caillaux.

 Rarement a-t-on vu dans la presse une attaque d'une aussi grande envergure et menée avec autant de méthode. L'attaque infondée sur les jetons de présence que toucherait Caillaux et sur les ristournes, ce ne sont que des broutilles.

 Le Figaro continue de plus belle en dévoilant que le Comptoir d'escompte a versé 400 000 francs à la caisse de Caillaux. Or le Comptoir dément avec force.

 Seulement voilà, chaque jour les lecteurs du Figaro découvrent une nouvelle affaire, une nouvelle attaque, un nouveau "scandale".

 On accuse Caillaux de trafic d'influence, on dénonce ses coups de Bourse.

 Rien de décisif, certes, mais ces banderilles quotidiennes seraient venus à bout de l'épiderme le plus coriace.

 Chez les Caillaux, le climat est devenu très lourd. Chaque matin, Henriette ouvre Le Figaro l'angoisse au coeur. Fièvreusement, elle court à la découverte de nouvelles infamies, puis pose le journal sans mot dire sur la table. Caillaux, furieux, le crâne empourpré, jette à terre la feuille.

 Henriette souffre, profondément. C'est elle, bien plus que son mari, que la campagne atteint. Elle admire, elle aime Joseph Caillaux.

 Contre Calmette lui viennent des accès de fureur : pourquoi ? pourquoi ?

 Or le pire est à venir.

 

 Le 10 mars, Calmette attaque derechef. Il accuse Joseph Caillaux d'avoir fait pression sur le président de la Chambre des appels correctionnelle pour une remise en faveur d'un certain Rochette.

 Qui est ce Rochette ?

Un homme d'affaires aux larges ambitions, habile à drainer l'épargne au profit d'affaires d'envergure. Tantôt il réussit, tantôt il échoue. Le certain, c'est que Rochette était, en 1911, sous le coup d'une inculpation. C'est alors que Caillaux aurait exigé une remise qui aurait fait acquérir à Rochette le bénéfice de la prescription et lui aurait permis de soutirer 60 nouveaux millions à l'épargne.

Voilà la plus redoutable attaque à laquelle Caillaux ait eu à faire face.

 Il se souvient très bien de l'affaire Rochette. Pour lui, une certitude : si Calmette connaît aussi bien l'affaire Rochette, c'est par ce que le document Fabre qui dévoile tout lui a été communiqué, soit par Briand le garde des ceaux, soit par son successeur Barthou. Va-t-il le publier ?

 Comment réagirait l'opinion si on dévoilait tout cela sur la place publique ? Logiquement, il ne devrait pas publier ces rapports, dits "documents verts". Ce serait signaler aux Allemands que notre espionnage connaît leur propre chiffre

 Caillaux pense maintenant que Calmette ne reculera devant rien.

 Pourtant, à la chambre, Jaurès prend sa défense. L'admirable orateur, index pointé en avant, s'écrie :

- Les attaques de Calmette, c'est contre M. Caillaux seul qu'elles sont dirigées, parce qu'il est l'homme qui incarne la justice fiscale !

 

 Pour Henriette, l'existence quotidienne est devenue un cauchemar. Physiquement, il lui semble que l'étau se resserre. Elle plonge dans un état nerveux inquiétant.

Caillaux s'en aperçoit peu.

 Toutes ses forces, il les tend pour se battre, pour répondre, se défendre, attaquer. Il n'imagine pas que la femme qui vit près de lui n'a peut-être pas reçu en partage la même force de caractère.

 Quand elle entre dans un salon, elle croît qu'on la dévisage. Elle affirme qu'elle a entendu dans un magasin, au moment où elle payait, une vendeuse dire tout bas à une autre :

- Avec l'argent de l'Allemagne...

 

 Le vendredi 13 mars, le Figaro paraît avec, en première page, ce titre : "La preuve des machinations secrètes de M. Caillaux."

 Sur toute la page, on peut découvrir la reproduction d'une lettre de Caillaux adressée à sa première femme, en 1901, et qui contient cette phrase : "J'ai écrasé l'impôt sur le revenu en ayant l'air de le défendre..."

 Selon Calmette, cette lettre découvre le fond de la pensée de Caillaux. Elle montre à l'évidence que Caillaux ment à ses électeurs, à l'opinion, à la France.

 Dans Paris, on s'arrache le journal. Un véritable coup de théâtre !

 Aux yeux des ennemis de Caillaux, le document apparaît foufdroyant. Il l'est moins qu'il n'y paraît. Une simple manoeuvre politique, c'est tout. Mais ce qui inquiète Caillaux, c'est qu'une telle lettre ait pu être connue de Calmette.

Ainsi donc, Mme Gueydan s'est rangée dans les rangs de ses adversaires ! Il avait tout imaginé, sauf cela. Quant à Henriette, elle tremble. Si Mme Gueydan a communiqué cette lettre-là, que fera-t-elle pour les autres ?

 Après avoir eu au téléphone Mme Gueydan jurant qu'elle n'est pour rien dans la publication, Henriette ne désarme point. Cette Mme Gueydan est capable de tout. Et Calmette donc !

 Caillaux apprend alors que Calmette publiera mardi le document Fabre. Fou de rage, il hurle à l'adresse d'Henriette :

- Tu entends, mardi !

 Elle entend, oui, mais ne pense qu'aux lettres. A ses lettres. A celles que l'autre va donner en pâture au public. Et ces mots, ces phrases, où il est question d'instants enivrants, de baisers, de "ton corps tenu entre mes bras", ces phrases seront connus de tous et c'en sera fait d'elle-même, Henriette Caillaux. Son honneur sera mort.

 De même, de son premier mariage, Henriette a une fille. Celle-ci va-t-elle découvrir qu'une liaison a précédé le mariage de sa mère avec Joseph ? Cette seule idée, Riri ne peut la supporter.

 

 Le 16, à midi, les Caillaux déjeunent. Ils sont là, à table, tous les deux. On apporte des côtelettes. Elles sont brûlées. Cette cuisinière, décidément...

 Caillaux s'empourpre :

- Fous-là dehors tout de suite !

Henriette lui demande ce qu'il va faire.

- Casser la gueule à Calmette !

- Mais quand ?

- A son heure !

Il est reparti. Elle est seule. Elle médite.

 Casser la gueule à Calmette ? Est-ce que cela suffira pour l'intimider ? Et puis comment ? Jamais on ne laissera Caillaux entrer au Figaro !

 Mais elle, peut-être...

 Un psychiatre, plus tard, parlera d'elle en évoquant un dédoublement de la personnalité. C'est très exactement ce que suggère son emploi du temps dans les heures qui suivent.

 D'une part, elle gère les affaires courantes et continue à vivre comme a toujours vécu Mme Caillaux. Mais, d'autre part, elle passe chez le célèbre armurier Gastine-Renette et demande à acquérir un revolver. On lui en montre un, il est trop lourd. Un autre lui convient parfaitement. Le vendeur suggère :

- Madame fera un carton ?

 Elle accepte, descend dans le stand de tir. Il y a là une cible de 1,62 mètre, taille d'un homme moyen. Elle tire, amuse le vendeur parce qu'elle a tiré trop vite. Pourtant, elle a touché trois fois la silhouette. Elle rentre ensuite chez elle et écrit :

Mon mari bien aimé,

Tu m'as dit que tu voulais casser la gueule à l'ignoble Calmette. J'ai compris que ta décision était irrévocable. Mon parti à moi fut alors pris : c'est moi qui ferai justice. La France et la République ont besoin de toi. C'est moi qui commettrai l'acte.

 Pardonne-moi, mais ma patience est finie.

 Je t'aime et je t'embrasse du plus profond de mon coeur.

Ton Henriette.


 Elle demande la voiture, y prend place, fait enlever la cocarde tricolore et ordonne :

- Au Figaro, rue Drouot.

Il est 5 heures quand elle entre dans le salon du journal. A l'huissier, elle demande M. Calmette qui l'infome qu'il n'est pas là et que de toute façon, s'il vient...

 Péremptoirement, Henriette rétorque :

- Il me recevra.

Elle s'assoit, attend. L'horloge sonne 5 heures et quart. Elle sonne 5 heures et demi. Puis 5 heures trois quarts. Puis 6 heures. Et Calmette survient. L'huissier l'informe : une dame est là. Calmette a un geste de dénégation, mais l'huissier lui tend l'enveloppe, qu'il déchire : cette dame est Mme Caillaux ! Il annonce alors qu'il ne peux pas fermer la porte à une dame. Dans la pénombre, il la regarde avancer.

- Vous savez pourquoi je viens.

 

 Henriette ne cessera de tirer qu'une fois le chargeur vide.

 Calmette, touché par la première balle s'est affaissé. La police retrouvera les impacts de deux balles dans la bibliothèque. Calmette en a reçu quatre en plein corps.

 Au bruit, l'huissier est accouru. Il voit son patron à terre et désarme Mme Caillaux. Très digne, elle lance :

- Ne me touchez pas, je suis une dame !

Toujours la Belle Epoque.


On relève Calmette, on l'assied dans un fauteuil. Il esquisse un sourire, murmure :

- Je vous prie de m'excuser.

Puis :

- Je ne suis pas très bien.

Mme Caillaux lance :

- Puisqu'il n'y a pas de justice en France...

On l'emmène à la clinique Hartmann à Neuilly, où l'on hésitera de longues heures avant de l'opérer. Cette hésitation lui sera fatale. Il mourra sur la table d'opération sans avoir repris connaissance.

Quand Mr Caillaux arrive, il aborde sa femme, lance :

- Qu'as-tu fait ?

Elle répond :

- On m'a introduite dans un bureau obscur, j'ai perdu la tête et j'ai tiré.

Au commissaire de police, M. Carpin, Henriette a déclaré :

- Je regrette profondément mon acte. Je ne voulais pas donner la mort.

Déjà le commissariat est assiégé. On devra sortir Henriette par une porte de derrière et l'emmener en taxi.

 Elle va se voir attribuer la plus belle cellule - dénommée "pistole de la comtesse" -  de la prison Saint-Lazare. Aux cent coups, le directeur l'a fait astiquer par quatre détenues et pour le lit il lui a fait apporter la couverture de sa propre épouse. Tout de même, il refusera les fleurs que l'on commence à envoyer.

 Plus de dix mille personnes suivront les obsèques de Calmette en scandant le même cri :

- Assassins ! Assassins !

On conspue Caillaux, sa femme, le régime.

Caillaux a démissionné. Pour une grande partie du personnel politique, il n'existe aucun doute : sa carrière est achevée. Un mot court Paris : les balles de Mme Caillaux ont fait deux morts, Calmette et Caillaux.

 Redressant sa petite taille, vrillant son monocle dans l'arcade sourcilière, Caillaux réplique :

- Ils disent ça ? Eh bien, ils verront. Ils verront aux élections.

En rentrant en campagne, il fait face, une fois de plus. Et il est élu. Triomphalement. Après quoi, il se paie le luxe de provoquer en duel un adversaire qui l'a insulté pendant la campagne.

 Deux balles sans résultat.

 Au procès, elle s'explique, Henriette. Elle raconte toute l'affaire, elle parle de son long calvaire, de sa peur panique quand elle a vu paraître un fragment d'une lettre intime que Caillaux, alors son amant, lui adressait.

 Elle rappelle qu'elle a une fille. Voir sa liaison mise à nue, c'était une perspective qu'elle ne pouvait pas supporter. Doucement, elle dit :

- C'est vrai, je n'en rougis pas, je suis une bourgeoise.

N'importe, elle affirme qu'elle ne voulait pas tuer Calmette, qu'elle voulait mettre son directeur devant ses responsabilités et qu'elle avait longtemps hésité :

- Je ne savais pas encore si j'irais à un thé ou au Figaro.

Le revolver ? C'est une habitude que lui avait inculquée son père : porter toujours un revolver sur soi dans les circonstances graves. Elle jure qu'elle n'avait pas l'intention de s'en servir :

- C'est effrayant, un revolver comme ça. Ça part tout seul.

Elle déclare encore : 

- C'est la fatalité. Je déclare ici que j'aurais préféré laisser publier n'importe quoi plutôt que d'être la cause de ce qui est arrivé.

 En fait, le procès est tout entier dominé par Caillaux. A toutes les audiences, il est là. On dirait qu'il surveille tout. A chaque instant, il se dresse, darde un regard foudroyant sur le président, les avocats, les témoins. 

 Dans la salle, l'émotion monte. Va-t-on connaître la vérité ? Non. On ne lira pas le document vert qui menace la France. Tumulte. Embarras des magistrats et des avocats. Et Caillaux marque un point. Sans modestie, il triomphe.

 Le 23 juillet, Mme Gueydan est à la barre. Sensation. Le président la malmène, parle de la correspondance dont elle s'est emparée. Très brune, très belle, elle répond :

- J'en avait le droit.

 Le président la somme de dire où sont les lettres.

- Elles sont là, dans mon sac.

Maître Chenu insiste : il faut lire ces lettres.

Le lendemain, on en lira deux à l'audience. Le public se montrera très déçu. Ce sont des lettres sans éclat, très simples. On attendait des révélations croustillantes. On reste sur sa faim. 

 Certains moments dépassent les limites de la décence. Caillaux est ainsi, il ne sait jamais jusqu'où il ne faut pas aller trop loin. Il quitte la barre, s'élance vers le banc des accusés, prend les mains de sa femme entre les siennes, les embrasse longuement.

 Quand il quitte la salle, il a l'air d'avoir lui-même levé l'audience. A ce point que le président Albanel, décontenancé, n'a plus qu'à confirmer. Mme Caillaux sanglote. Mme Gueydan est acclamée.

 Mais depuis la déposition de Mme Gueydan, on s'endort un peu. Soudain, on va vivre un réveil éclatant.

Henry Bernstein lance : 

- Je suis artilleur, je pars le 4ème jour de la mobilisation. Je ne sais pas quel jour part Caillaux, mais je dois le prévenir qu'à la guerre on ne peut pas se faire remplacer par une femme et qu'il faut tirer soi-même...

 Du public monte une longue acclamation. Les bravos crépitent. Albanel, dans un état proche du coma, doit précipitamment lever l'audience.

 Après une heure de délibération, le 28 juillet au soir, les douze jurés rentrent en séance.

 A la question : "Mme Caillaux, est-elle coupable d'avoir commis un homicide volontaire sur la personne de Gaston Calmette ?, le chef du jury répond :

- Sur mon honneur et ma conscience, devant Dieu et devant les hommes, la déclaration du jury est : non.

 D'abord, des applaudissements. Et puis une clameur inouïe, redoutable. Des injures, on entend :

- Vive Caillaux ! Vive Laborie ! Vive la France !

- Vive la France ! A bas Caillaux ! A bas les traîtres !

 Impossible de se faire entendre, impossible de prononcer le verdict d'acquittement. Le président Albanel se lève, s'enfuit, suivi par les autres magistrats. Le tumulte est tel qu'il faudra expulser le public.

 Albanel reviendra sur son siège et Mme Caillaux, sera déclarée acquittée. Elle glisse dans les bras de Maître Laborie. Son chapeau roule à terre.

Ma Mamie m'a dit que c'était fini. Pour elle, du moins. Il reste quatre jours de paix au monde.

 

Devant les mécanismes qui s'emballent, il n'est plus au pouvoir de personne de barrer la route à la guerre. Il n'y aura jamais de ministère Caillaux-Jaurès : Jaurès lui même va mourir...

 

 

Collection "Mamie explore le temps"

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Published by Régis IGLESIAS - dans Mamie explore le temps

Livre d'or

Première affiche

 

  "MA MAMIE M'A DIT"  

Spectacle nostalgique 

 

"On nous avait promis la magie, promesse tenue : un spectacle plein de féérie de souvenirs où chacun se retrouvait. Une belle énergie. Les résidents ont adoré. Merci." Marie ("La Clairière de Luci" - Bordeaux)
 
"Formidable ! Nous sommes tous remontés dans le temps, nous avons vingt ans, on a ri, on a presque pleuré et surtout on a chanté. Merci." Cathy (Arles)
 
"Un véritable petit chef d'oeuvre" ; "La légion d'honneur pour la créativité" "Un véritable artiste" ; "Après-midi formidable" ; "Absolument parfait" ; "Une rétrospective originale" ; "Un très bon moment d'évasion". Propos recueillis à la résidence Emera d'Angoulême  
 
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux... C'était magnifique. Nous avons revu toute notre jeunesse et notre enfance. Et c'est beau de redevenir jeune dans l'ambiance d'autrefois." Aimée et Janine
 
"Les chansons, les réclames et les anecdotes ont transporté les résidents dans leur enfance. Une après-midi de nostalgie mais aussi de chansons et de rires. Merci encore pour ce magnifique spectacle." Sandrine
 
"Spectacle complet, tellement agréable et thérapeutique pour nos personnes âgées, encore félicitations !" Docteur Souque
 
"Un choix extraordinaire de chansons, des moments magiques, des photos magnifiques, vous nous avez mis de la joie dans le coeur. Et retrouver sa jeunesse avec tous ces souvenirs, ça fait plaisir et j'espère que vous reviendrez nous voir." Mme Lorenzi (Juan-Les-Pins)
 
"Pour ma fête, par un pur hasard je me suis retrouvé dans un club de personnes âgées où j'ai pu assister à votre spectacle sur le passé. Cela m'a rappelé mes grands-parents et mes parents et c'était vraiment un moment magique." Josette, La Roque d'Antheron
 
"Bravo bravo bravo Regis, c'est le meilleur spectacle que j'ai vu depuis que je fais le métier d'animatrice." Bénédicte La Salette-Montval (Marseille)
 
"Je n'imaginais pas lorsque je vous ai accordé un rendez-vous que vous enchanteriez pendant 1 h 1/4 les personnes âgées d'une telle façon. Merci pour votre prestation qui a fait revivre les moments publicitaires, évènementiels et musicaux de leurs vies." Michelle, CCAS de Toulouse
 
"Un super voyage dans le temps pour le plus grand plaisir des résidents. Merci à Régis pour cette magie et à bientôt." Brigitte (Lunel)
 
"Enfin un retour à notre "époque". Quel bonheur, que de souvenirs, quelle belle époque ou l'amitié était de mise. Merci pour cette très belle après-midi, on s'est régalé avec ce très très beau spectacle". Danielle (Mirandol)
 
"Super - divinement bien -  tout le monde était enchanté même que M. Benaben a dit : "Vous nous avez donné l'envie de revivre notre vie"." Sylvie (Sainte Barthe)
 
"Un grand merci pour ce bon moment et je crois, je suis sûre, qu'il a été partagé par mon mari." Mme Delbreil
 
"Une féérie de l'instant." Christian
 
"Beaucoup d'émotion dans ce spectacle plein de chaleur et d'humanité." Sylvie
 
"Une soirée inoubliable. Continuez à nous émerveiller et faites un long chemin." Claude
 
"Le meilleur spectacle que j'ai jamais vu. De loin." Tonton Kiko
 
"C'est bien simple, je n'ai plus de Rimmel !" Claudine (seconde femme de Tonton Kiko)
 
"A ma grande surprise, j'ai versé ma larme. Tu as atteint mon coeur. Bravo pour ces sentiments, ces émotions fortes, j'ai eu des frissons par moment." Ta couse Céline
 
"Redge, encore un bon moment passé en ta présence. On était venu plus pour toi que pour le spectacle, mais quelle agréable surprise ! On est fier de toi, continues d'oser, de vivre !" Pascale
 
"J'avais froid, un peu hagard, l'humeur moribonde et puis voilà, il y a toi avec toute ta générosité, l'intérêt, l'affection que tu as toujours su apporter aux autres, à moi aussi et Dieu sait si tu m'as rendu la vie belle depuis qu'on se connaît comme tu as su le faire une fois de plus." Jérôme
 
"Ce spectacle est nul à chier et je pèse mes mots." Gérard
 
memoria.viva@live.fr

Ma Mamie m'a dit...

Madka Regis 3-copie-1

 

COLLECTION "COMEDIE"

Mamie est sur Tweeter

Mamie n'a jamais été Zlatanée !

Mamie doit travailler plus pour gagner plus

Mamie, tu l'aimes ou tu la quittes

"Casse-toi pauvre Régis !"

Papi a été pris pour un Rom

Mamie est sur Facebook

Papi est sur Meetic

Il y a quelqu'un dans le ventre de Mamie

Mamie n'a pas la grippe A

La petite maison close dans la prairie

 

COLLECTION "THRILLER"

Landru a invité Mamie à la campagne...

Sacco et Vanzetti

Mamie a rendez-vous chez le docteur Petiot

La Gestapo française

Hiroshima

 

COLLECTION "SAGA"

Les Windsor

Mamie et les cigares du pharaon

Champollion, l'homme qui fit parler l'Egypte

Mamie à Tombouctou

 

COLLECTION "LES CHOSES DE MAMIE"

Mamie boit dans un verre Duralex

Le cadeau Bonux

Le bol de chocolat chaud

Super Cocotte

Mamie ne mange que des cachous Lajaunie

 

COLLECTION "COUP DE COEUR"

Mamie la gauloise

Mamie roule en DS

Mamie ne rate jamais un apéro

Mamie et le trésor de Rackham le Rouge

 

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Mamie va au bal

La fête de la Rosière

Mamie au music-hall

Mamie au Salon de l'auto

 

COLLECTION "SUR LA ROUTE DE MAMIE"

Quand Papi rencontre Mamie

Un Papi et une Mamie

Mamie fait de la résistance

Mamie au cimetière

24 heures dans la vie de Mamie

 

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Jaurès

Mamie embarque sur le Potemkine

Mamie et les poilus

Auschwitz

 

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Le regard de Guynemer

Mr et Mme Blériot

Lindbergh décroche la timbale

Nobile prend des risques

 

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Mamie chez les Bretons

Mamie voulait revoir sa Normandie !

La fouace Normande

La campagne, ça vous gagne...

Mamie à la salle des fêtes

Launaguet

La semaine bleue

Le monastère

 

COLLECTION "MAMIE AU TEMPS DES COURTISANES"

Lola Montès

Les lorettes

Mme M.

Napoléon III

Plonplon

La marquise de Païva

Mme de Pompadour

Générique de fin