"Une photo, là, sous vos yeux.
Une photo de Martin Bormann, l'ombre d'Hitler...
Ma Mamie m'a dit que chaque fois qu'elle le voyait aux actualités, il lui "faisait froid dans le dos". Mais qui était Bormann ?
Un homme patient. C'était sa qualité la plus évidente. Pour parvenir, en Allemagne, à l'autorité suprême, il s'était gardé de ne jamais relâché un effort d'infatigable persévérance.
Peu à peu, il s'était insinué dans la confiance de Hitler ; il avait supplanté, l"un après l'autre, les fidèles les plus appréciées du Führer littéralement, il s'était rendu indispensable. Tout ce qui se faisait, ou défaisait dans le Grand Reich Allemand passait entre ses mains.
Intelligent ? Non. Intuitif ? Non ? Cultivé ? Il n'était resté au collège que jusqu'à la seconde. Bon stratège ? Au vrai, ce n'était qu'un rustre.
Comment était-il alors monté si haut ?
Parce qu'il s'était voulu l'unique reflet de Hitler. Il s'était identifier à lui au point d'annihilé sa propre personnalité.
Il était né le 17 juin 1900 à Hanberstadt. Comme pour tant d'autres jeunes Allemands, la fin de la guerre (il avait été simple canonnier), la défaite, l'avaient laissé amer, déçu, à la recherche de "responsables".
En 1923, il participe à l'exécution de Walter Kadow, soupçonné d'avoir livré un "patriote" à l'armée d'occupation française.
Le malheureux, traîné dans une forêt, est d'abord roué de coups de bâton, puis on lui tranche la gorge, et on tire par deux fois sur ce corps pantelant. Pour ce haut fait, Bormann est condamné à un an de prison.
A sa sortie, c'est la grande, la sainte révélation : il prend contact avec le Parti National Socialiste Ouvrier Allemand, qu'un certain Adolf Hitler galvanise par ses discours, aussi bien que par son magnétisme. Martin Bormann vient de découvrir son chemin de Damas : désormais sa vie sera consacrée à Hitler et au national-socialisme.
Pendant la conquête du pouvoir, il est de toutes les besognes, il n'en refuse aucune. De Hitler, il se montre le chien fidèle, l'exécutant aveugle - et terriblement efficace.
Il en sera récompensé en se voyant nommé chef d'état major de Hess. Fonction considérable. Seulement voilà, Rudolf Hess se révélait incapable d'un effort prolongé, d'une présence sans relâche, d'un labeur quotidien.
Plutôt que de rester jour et nuit à attendre un appel du Führer, il préférait piloter un avion ou entreprendre en montagne de longues courses à ski.
Bormann, lui, était là.
Toujours.