"La beauté d'Ava Gardner.
Alain Souchon l'a choisie comme incarnation de la mélancolie, dans une de ses chansons les plus émouvantes, en étant sûr de ne pas se tromper. La beauté d'Ava ne reviendra pas. On peut cloner Marilyn et Jayne Mansfield mais pas un mix sacré de sexe et de sacré.
La brune Ava Gardner va devenir, alors que les blondes sont partout à l'honneur, la plus belle femme du monde. Ni plus, ni moins. Le metteur en scène George Cukor disait d'elle : "Ava est est un vrai mec." Elle a pris ça comme un compliment. Elle avait raison.
Née en 1922 en Caroline du Nord, elle aime jouer pieds nus dans les champs de tabac. Elle est la dernière de sept enfants. Ses premières années sont heureuses, choyée par ses parents, mais marquées par des drames qui laisseront des traces.
Ava Gardner a tout pris de son père. Elle est sauvage et silencieuse. Un garçon manqué tête en bois, doublé d'une beauté à couper le souffle. C'est bien simple, les hommes se dévissent la tête sur son passage.
Après avoir accumulé les petits rôles, elle va se tailler une sale réputation. Elle sort, fume, boit, drague, couche. C'est bien simple, elle fait tout ce qu'il ne faut pas faire et est tout ce qu'il ne faut pas être : paresseuse-gaffeuse-rieuse. Elle se marie avec l'acteur Mickey Rooney en 42 puis avec le musicien Artie Shaw en 45. Résultat des courses : deux divorces en trois ans.
Le milliardaire Howard Hugues se traîne à ses pieds mais elle reste de marbre et refuse toutes ses avances. Dans la foulée elle fait la connaissance de Franck Sinatra. C'est le coup de foudre. Ils se marient en 51 avant de connaître des années de passion dont ni l'un ni l'autre ne se remettront vraiment.
Elles e battra toutes griffes dehors pour qu'il obtienne un rôle dans Tant qu'il y aura des hommes ; elle le trompera au vu et au su de tous ; elle avortera deux fois. La suite ? Ils divorcent en 57 mais resteront liés jusqu'au bout. Ava Gardner lui donnera la plus belle des preuves d'amour : le silence.
Elle refusera de livrer son témoignage aux biographes et fera brûler leur correspondance.
La fin ? Elle continuera à rouler les mécaniques et à croquer les hommes.
C'est bien simple, elle faisait peur aux hommes et honte aux femmes. On voyait en elle une voleuse de maris, une célibataire sans instinct maternel, une féministe sans discours sur le féminisme. On murmurait sur sa bisexualité, son alcoolisme, sa nymphomanie. Morale le jour et amorale la nuit, elle se battait avec ses amants comme une chiffonnière. A la fin, ses amours furent de plus en plus pitoyables.
Alcool et bastons.
Ava savait se faire détester (ce qui est un art) et adorer (ce qui est un art moindre) avant de multiplier les crises de paranoïa et d'hystérie. Elle eut sans doute le temps d'écouter, avant de s'éteindre, La beauté d'Ava Gardner de Souchon. Elle voulait mourir une coupe de champagne à la main. Elle ne prenait rien au sérieux.
Même pas la mort.