"Quand les Turcs ont attaqué Smyrne, personne ne se doutait de ce qu'ils allaient faire.
En une nuit, ils ont détruit tous les quartiers. Ils ont incendié toutes les maisons. Ils ont massacré tout le monde. Hommes. Femmes. Enfants.
- Et ta famille ?
- Déportée. Emprisonnée. Tuée. Je suis seul à m'être enfui. j'avais trouvé une bonne cachette et je suis sorti au bon moment et j'ai réussi à fuir cet enfer.
- Tu n'étais encore qu'un enfant, tu voulais aller où ?
- Je voulais devenir bon pour les autres. Mon père était en prison, ma mère et mes soeurs dans un camp de réfugiés. J'étais leur seul espoir.
- C'est terrible.
-Oui. Et une chose plus horrible encore. Pendant que les Turcs nous massacraient comme des chiens dans le port de Smyrne, il y avait des dizaines de bateaux, des américains, des français, des anglais, ils étaient là juste pour observer, uniquement pour informer leur gouvernement.
-Ils n'ont rien fait pour vous aider ?
- Ils n'ont pas bougé le petit doigt. Alors les orchestres se sont mis à jouer plus fort pour couvrir les hurlements, les ... (silence). J'ai vu des familles se jeter à la mer, implorer de l'aide et mourir sous leurs yeux de monstres. Alors ce soir-là, j'ai fait un voeu. Je me suis dit plus jamais personne désormais ne fera semblant de ne pas me voir. Jamais."
Les témoins de la scène racontent qu'à ce moment-là Maria aurait alors posé sa main gauche sur la joue droite d'Onassis avec un regard qui en disait long...
Imperturbable, Aristote lança la dernière banderille :
"Tu sais Maria, si je te raconte tout ça c'est parce que cette nuit-là, il s'est passé quelque chose qui te concerne. Cette nuit-là, l'enfant que j'étais est mort, je suis devenu un homme. Aristote Onassis. Je sais que ta mère t'a fait beaucoup souffrir Maria mais cette blessure t'a grandi, comme moi, sans cette souffrance tu ne serais pas la femme que tu es devenu, c'est à dire la femme que j'aime, que je veux pour moi..."
Imparable.
La suite ? Dans un bois, contre un arbre à se bécoter avec des bisous dans le cou et sur les lèvres avant de tenter de faire pousser la petite graine.
Oui. Le reste n'est qu'agriculture...