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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 02:57

Hortense.jpg"Une photo, là sous vos yeux...

 

"Petite sotte, est-ce que le coeur compte dans le mariage ? On ne te demande pas de l’aimer avant, mais de l’épouser. L’amour viendra plus tard.

 Puisque sa mère lui ordonnait, elle l’avait épousé... et l’amour n’était jamais venu.

 

 La "petite sotte" était mieux que jolie : elle avait du charme, elle était distinguée, élégante, langoureuse. Sa voix était vibrante, douce, claire, insinuante, son âme tendre et poétique. Elle se nommait Hortense de Beauharnais, et était la fille de la future impératrice Joséphine.

 Quant au mari, il était roi de Hollande mais au vrai, il n’était qu’un triste sire, atteint de perpétuelles suspicions à propos de tout et de rien.

 Il était en outre, à la suite d’une maladie galante mal soignée, un éternel malade allant déjà de médecin en médecin et de ville d’eau en ville d’eau.

La tendre Hortense a pleuré le soir de son mariage devant le peu d’enthousiasme témoigné par son morne mari.

 La naissance d’un fils neuf mois et cinq jours après le mariage, n’arrangea nullement les rapports entre les époux. Louis s’est mis en tête que sa femme conspire contre lui, la fait espionner par ses domestiques et erre dans la maison avec des allures de policier...

 Hortense se console en s’amusant le plus possible. Paris est alors atteint de dansomanie. La ville ressemble à une vaste guinguette. Un soir, alors qu’elle dansait à ravir on ne sait quelle valse ou boléro, elle tombe sous le charme du comte Charles de Flahaut, du nom du premier mari de Mme de Souza dont il n’était d’ailleurs point le fils.

 Charles le séducteur, voyant qu’il plaisait à Hortense, vint lui faire la cour - sans être d’ailleurs nullement amoureux d’elle... Mais lorsque l’on est chasseur - et il l’était - il n’est pas désagréable d’ajouter une pièce à un tableau. Et celui de Charles commençait à être bien fourni.

 Cependant ces roucoulades platoniques furent mal interprétées par Louis qui ferma la porte de son hôtel à Charles de Flahaut. Ce dernier n’en fut pas affecté. Il aimait alors une jeune Polonaise qui devait d’ailleurs regagner son pays.

Il se fit consoler par la belle-soeur d’Hortense, Caroline Murat. Charles trouva la belle-soeur de l’Empereur bien en chair et appétissante et ne se fit nullement prier pour consommer, tout en continuant de conter fleurette à Hortense quand il la rencontrait dans le monde. 

 En somme, il avait le goût pour la famille...

 Mais ces querelles on commencé à faire du bruit. Est-elle voir ailleurs ? On l'ignore. Mais on sait en revanche que Louis méritait d'être trompé - et il le fut peut-être dès 1807 puisque l'enfant qui sera un jour Napoléon III vint au monde le 20 avril 1808. Or, deux cent soixante-dix jours auparavant - le 14 juillet 1807 - Hortense se trouvait à Cauterets ayant près d'elle, non son triste mari, mais deux soupirants : Decazes et l'amiral hollandais Verhuel.

 Lequel fut le père du futur empereur ?

 Peut-être ni l'un ni l'autre puisque la reine retrouva son mari à Toulouse le 12 août. En ce cas, Napoléon III serait né dix-neuf jours avant terme... La jeune femme semblait avoir quelques doutes puisque le cardinal Fesch disait en souriant :

- Quand il s'agit des pères de ses enfants, la reine Hortense s'embrouille toujours dans ses calculs.

 

 La suite ? La séparation de Louis et d’Hortense. Il n’en fallait pas plus à Hortense pour être heureuse. Elle allait retrouver Flahaut et un Flahaut bien à elle, sans Caroline ou Polonaise dans les parages.

Charles et Hortense vont enfin s’aimer. 

"Le temps le plus heureux de ma vie", dira-t-elle. Hortense regardait avec adoration son Charles. Quand il n’était pas là, elle caressait le caché qu’il lui avait donné autrefois. On y voyait un aloès - dont la fleur ne s’épanouit qu’une fois par siècle - autour duquel s’enroulait une devise : "Un jour de bonheur est le prix d’un siècle d’attente".

 C’est plutôt elle qui avait attendu son bonheur.

 Hortense semblait de cet avis car elle avait fait graver sur l’autre face ces mots : "Soleil, je t’implore..." et le soleil se laissait aimer.

 - Si vous pouviez aimer une autre femme, soupirait-elle, je sens que j’en mourrais.

C’est beau, non ?

  Seulement voilà, beaucoup de dames semblaient s’occuper de M. de Flahaut. Elle s’en apercevait. Elle s’aperçut aussi qu’elle était enceinte. Ni une, ni d’eux, elle mis un plan en place pour pouvoir accoucher -  vers l’Italie - sans qu’on s’en aperçoive. Mais elle "s’embrouilla dans ses calculs" et c’est en chemin à Saint-Maurice-en-Valais qu’elle donna le jour à un garçon.

 L’enfant sera déclaré le mois suivant à la maison du IIIème arrondissement comme étant né la veille d’une certaine Emilie-Coralie Fleury et d’un "sieur Hyacinthe Demorny", vague personnage dont on ne sait pas grand-chose.

 Bref, la liaison continua comme une douce habitude pour lahaut, avec passion pour Hortense, jusqu’au moment où s’écroula l’empire.

 Charles lui offrit alors de devenir la comtesse de Flahaut. Mais Hortense - et le fait surprend - refusa. Elle préférait être ex-reine de Hollande plutôt que la femme de l’homme qu’elle aimait. Charles fut si étonné qu’il ne se gêna point pour enchaîner à son char Mlle Mars.

Là-dessus, Hortense tomba - par mégarde - sur une lettre de sa rivale adressée à Charles, lecture qui ne lui laissa aucun doute sur la "trahison" dont elle était victime.

 La liaison allait s’achever.

 Hortense mourut le 5 octobre 1837. Réaction du côté de Flahaut. Des pleurs mais pas un mot.

 

 Rideau.

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 01:03

sand.jpg"Une dessin, là, sous vos yeux.

 

 Un dessin de George Sand en personne. Souvenez-vous...

 

 Lorsque la gran-tante chanoinesse du jeune Alfred de Musset lut le premier recueil de vers publié en 1830 par son petit neveu, elle le déshérita : il ne parlait que d’amours, d’amoureux, de maîtresses, de passions et d’amants fous.

 Le fait que le petit Alfred était fait pour être amoureux.

 Il crut l’avoir trouvé à plusieurs reprises - bien sûr !... - mais ne le découvrit réellement qu’au mois de juin 1833. Il avait vingt-trois ans et "Elle" vingt neuf.

 Elle se nommait la baronne Armandine Dudevant mais comme elle était une femme de lettres, elle avait choisi un pseudonyme :

 George Sand

 

Entre eux, ce fut le coup de foudre. Ils s’étaient retrouvé à un dîner aux Frères Provençaux où ils étaient assis côte à côté. Elle l’écouta. Il la fit sourire, puis rire...

Très vite, elle se donne à lui.

Certes, George a déjà aimé - trop souvent pour Musset - mais elle n’a jamais été aussi heureuse. Elle a rajeuni, emportée par l’irrésistible jeunesse de son amant. Les rires fusent. Surtout quand elle assiste aux inventions de son poète qui un jour se déguise en servante du pays des Caux et l’autre, sert le dîner en dépit du bon sens.

 Georges est en extase devant "Monsieur mon gamin d’Alfred". Elle s’attache à lui chaque jour davantage. Surtout lorsqu’ils s’étendent sur la bruyère.

 Ils décident sur le champ de partir pour l’Italie. Rome ou Vensie ? On tire à pile ou face. C’est Venise qui gagne mais quand ils arrivent sur place, elle tombe malade comme un chien. Alfred fait la grimace :

 - C’est bien triste et bien ennuyeux une femme malade ! déclare-t-il avec humeur.

Alfred n’est pas homme à jouer les gardes-malades. Tandis que George grelote de fièvre, il visite Vensie, va boire du valpolicello ou du vin de Vérone dans les cabarets, rencontre des filles, les revoit, tant et si bien qu’un jour il traite sa maîtresse "d’ennui personnifié" et lui déclare :

- George, je m’étais trompé ; je t’en demande pardon, mais je ne t’aime pas.

 Inutile de dire que George eut infiniment de peine. Elle est blessée, affreusement blessée.

 Et puis, soudain - justice divine - Alfred tombe malade. Il a le délire. Il court dans sa chambre en hurlant. A poil ! Le docteur Pagello le soigne avec George qui, bien entendu, s’est installé au chevet de celui qu’elle aime toujours. Mais elle voit Pagello. Elle le voit trop. Pourquoi ne se vengerait-elle pas avec lui ? Pourquoi pas, après tout.

"Et toi, poète, belle fleur, j’ai voulu boire ta rosée. Elle m’a enivrée, elle m’a empoisonnée et, dans un jour de colère, j’ai cherché un autre poison, qui m’a achevée..."

 Pagello - l’autre posin - n’avait pas l’air de comprendre. Aussi, elle se jeta sur une feuille de papier, écrit durant une heure et lui tendit la page.

Le malheureux lit :

"Je suis auprès de toi comme une pâle statue. Je te regarde avec étonnement, avec désir, avec inquiétude... Serais-tu pour moi un appui ou un maître ? Es-tu un homme ? Qui y-a-t-il dans cette mâle poitrine, dans cet oeil de lion, dans ce front superbe ? Serais-je ta compagne ou ton esclave ? Me désires-tu ou m’aimes-tu ? Quand ta passion sera satisfaite, sauras-tu me remercier ? Les plaisirs de l’amour te laissent-ils haletant ou abruti, où te jettent-ils dans une extase divine ? Ton âme survit-elle à ton corps, quand tu quittes le sein de celle que tu aimes ? ..."

 Il y avait de quoi prendre la fuite ! Pagello reste et, en faisant les cent pas place Saint-Marc, répond au brûlant questionnaire de manière si satisfaisante que George se donne à lui.

 Musset, qui va mieux, devine la chute... et retombe amoureux - amoureux fou.

  Il veut faire un carnage, provoquer Pagello en duel, tuer George... Celle-ci seconde ce projet en essayant d’avaler un flacon de laudanaum. Enfin - foutu pour foutu - Musset prend le parti de fuir.

 Bien sûr les deux amants s’écrivent. Ca fusent de partout. Il faut bien régler les comptes du passé pour revivre au présent.

 Et "à présent", elle est toute à Pagello qui "est un ange de vertu", "mériterait d’être heureux" etc etc...

 Musset souffre comme un damné. Il va errer au 19 quai Malaquais, fume les cigarettes de Georges et emporte un petit peigne cassé qui a démêlé, après l’amour, les cheveux aux reflets de jais.

 Au mois d’août 1834, George revient à Paris avec le malheureux Pagello. Bien sûr, Alfred et George se revoit, redeviennent amants et Pagello, complètement dépassé par les évènements, prend le sage parti d’abandonner cette femme "à l’oeil de lynx". Il est triste comme une porte de prison, malheureux comme les pierres mais comme l’a dit très justement ma Mamie, il est le moins malheureux des trois. Il laisse derrière lui deux amants qui se déchirent, s’adorent, se séparent, renouent, se torturent, se reprennent, hurlent, veulent mourir. Un jour george a le courage de fuir pour Nohant et Alfred de Musset ne part pas la retrouver. Il ne la rappela même pas...

 Mais leurs amours - et leur haine devinrent immortelles sous la plume du poète :

Honte à toi la première

M’a appris la trahison...

Honte à toi, femme à l’oeil sombre,

Dont les funestes amours

Ont enseveli dans l’ombre

Mon printemps et mes plus beaux jours...

 

 Et la Muse répond :

 

Poète, c’est assez. Auprès d’une infidèle

Quand son illusion n’aurait duré qu’un jour,

N’outrage pas ce jour lorsque tu parles d’elle ;

Si tu veux être aimé, respecte ton amour

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 00:56

lincoln.jpg"Un portrait, là, sous vos yeux.

 

 Un portrait de Lincoln qu'on ne présente plus. Portrait :

 

 Une grande animation régnait sur la place de la cité : c’était jour de marché, de marché humain. On vendait et on achetait les esclaves. Les clients les faisaient déshabiller, palpaient les muscles, tâtaient les bras et les épaules, regardaient et soupesaient les seins pour voir si les femmes avaient eu des enfants. Certains acheteurs passaient derrière un paravent avec leur future emplette. Afin de déceler une éventuelle maladie vénérienne, ils avaient le droit de procéder à un examen intime.

 La vente aux enchères approchait. L’ordre fut donné aux esclaves de courir afin qu’on appréciât leur souplesse et l’on pouvait voir des jeunes filles sangloter de devoir ainsi s'exhiber sans aucun voile aux yeux de tous.

 Bien rare étaient ceux, parmi le bétail humain, qui demeuraient impassibles. Dans quelques instants, les malheureux allaient être séparés de leurs parents et de tous ceux qu’ils aimaient et connaissaient. Seuls les enfants au-dessous de dix ans - des enfants vendus au poids - demeureraient encore quelque temps avec leur mère, tel des poulains avec les juments...

 

 Les enchères commencèrent.

 - On met en vente un mâle vigoureux au prix de 1200 dollars.

Car on ne se trouvait point dans l’antiquité, mais dans un Etat du sud des Etats-Unis, il y a un peu plus d’un siècle...

 

Les hommes du sud, tout en aimant leur femme, ne considéraient nullement la tromper avec une jolie noire de la plantation, "de même une épouse se fût avilie en se montrant jalouse d’une esclave". Etait-ce un être humain ?

 L’Anglaise, Mrs Trollope, qui visitait les Etats-Unis, demeura abasourdie en apprenant de la bouche d’un Virginian Gentleman, nouvellement marié, qu’une femme de chambre couchait chaque nuit dans la chambre conjugale.

- Et pourquoi faire, mon Dieu ?

- Mais si j’avais besoin d’un verre d’eau, répondit le gentleman tout aussi ahuri, qu’est-ce que je deviendrais si elle n’étais pas là ?

 

Même dans les Etats libre où l’esclavage était interdit, la condition d’homme de couleur n’était guère enviable. Une loi de la Louisiane résumait le problème en ces termes :

"Les gens de couleur, libres, ne doivent ni insulter ni frapper un Blanc, ni avoir l’audace de se croire les égaux de celui-ci. Tout au contraire, leur devoir est de s’effacer devant lui en toute occasion, de ne jamais lui parler ou lui répondre qu’avec respect, sous peine d’emprisonnement."

 

Les Etats-Unis trouvaient cette situation parfaitement normale. Si l’on supprimait l’esclavage, qui cultiverait le coton ? Le Nord, lui, trouvait la situation moins naturelle et trouvait que le sud filait du mauvais coton, si je peux me permettre l’expression. Les abolitionnistes gagnaient du terrain et le Nord et le Sud commençait à s’affronter dans une lutte qui allait bientôt devenir une guerre civile.

 Lincoln qui était alors presque un inconnu, faisait passer le sort de l’Union avant celui de l’esclavage. En voulant aller trop vite. Celui qui refuse la liberté à un autre n’est pas digne d’en jouir lui-même. Il me semble que le mot homme, selon la déclaration d’indépendance, comprend également le nègre.

 Il disait aussi, non sans humour :

- Je n’épouserai pas une femme noire, mais je n’empêcherai jamais un homme blanc de le faire, bien entendu si la négresse veut bien de lui...

 

Pendant ce temps, la situation empirait - rixes et meurtres se succédèrent. Certains esprits clairvoyants se rendaient compte que seul Lincoln pourrait peut-être apporter une solution au problème.

 La candidature de Lincoln à la présidence prenait du poids.

 

 Détail : pendant sa campagne, une petite fille de onze ans écrivit à Lincoln pour lui demander de laisser pousser sa barbe : "Puisque toutes les dames aiment maintenant les barbes, elles forceraient leur mari à voter pour vous." Et Lincoln laissa pousser sa barbe.

 Le 6 novembre 1860, il devenait président des Etats-Unis.

 Dès lors, il recevait chaque jour des lettres anonymes prédisant sa mort prochaine.

- Mettez tout cela dans une enveloppe, déclara paisiblement Ab à ses secrétaires.

- Sous quelle rubrique ?

- Lettre d’assassinat.

 

La guerre de Sécession ? Ils se battirent jusqu’au 9 avril 1865 où l’on vit le général sudiste Lee, vêtu comme à la parade, son épée au côté, se rendre au général nordiste Grant, des taches de boue maculant son uniforme de simple soldat.

 

Le 15 avril, Lincoln alla au théâtre Ford où l’attendait son meurtrier.

 Il fut ainsi le dernier mort de cette tuerie qui avait fait plus de deux cent milles victimes.

 

 Il fallait que Lincoln disparaisse pour que l’on se rendit compte de ce qu’il représentait. En mourant, il trouva l’immortalité et une immortalité toutes les frontières. Tolstoï raconte qu’il questionna des tribus fort arriérées du Caucase et leur parla de césar, de Napoléon et d’autres "personnages fabuleux de l’histoire". Ce fut le nom de Lincoln qui revint sur toutes les lèvres. "C’est le merveilleux héros de l’Amérique. Il est pour les illettrés un personnage de légende."

 

 Ainsi en emporte le vent où plutôt la folie des hommes...

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 00:54

Lucrece.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

Un portrait de la petite Borgia réalisé au Vatican.

Le Vatican.

 Ce Vatican où vit le cardinal César Borgia, bâtard de Sa Sainteté, frère de Lucrèce et qui sème, lui aussi des bâtards à tout vents ; ce Vatican où ont lieu des banquets de prince de l'Église au cours desquels se sont donnés des divertissements que des maisons closes n’oseraient représenter ; ce Vatican des Borgia qui nous horrifie scandalisait infiniment moins les chrétiens du XVème siècle...

 L'Église avait les reins solides et en avait vu bien d’autres !

Là, Lucrèce se lave les cheveux. Elle s’admire dans un miroir. A quoi lui sert sa beauté ? Son mari, Jean Sforza n’est pas pour elle un époux. Selon certains, il ne l’aurait pas encore rendue femme. Il est méprisé par son beau-père et par son beau frère. Ce petit con ne peut servir la politique des Borgia ! Il faut rompre ce mariage inutile afin que Lucrèce puisse se remarier ! Mais Sforza refuse de s’effacer. Que faire ?

On décide de lui faire peur. César annonce tranquillement à Lucrèce que l’ordre a été donné d’assassiner son mari. Cette nouvelle ne fit pas peur à Jean Sforza : elle l’affola.

 Au lieu d'accepter le divorce, il sauta à cheval et galopa jusqu’à son château où son cheval tomba mort en arrivant.

L’histoire des Borgia va alors sombrer en plein mystère. Jugez plutôt :

 Lucrèce s’enferme dans un couvent; dans la foulée, Juan, frère de César et de Lucrèce est assassinée ; l’annulation du mariage de Lucrèce avec Sforza est ensuite prononcée pour cause de «non consommation» et Lucrèce est déclarée vierge - ce qui fait rire les Romains ; le 14 février 1498 (jour de la Saint-Valentin), on découvre dans le Tibre le corps d’un certain Perotto, amant - dit-on - de Lucrèce ; enfin, au mois de mars, Lucrèce met au monde un petit garçon, dit Jean de Borgia, que l’on appellera l’infans romanus.

Avec ces différents éléments, les historiens, selon leur humeur, les romanciers et cinéastes, selon le goût du public, ont échafaudé toutes les combinaisons possibles, basées sur la jalousie de césar Borgia, amant de sa soeur, affirme-t-on sans preuve, une jalousie qui devait le conduire au crime.

 On a fait de l’infans romanus à la fois de fils de César, le fils du pape Alexandre (qui serait alors le père de son petit-fils...), le fils de Perroto ou celui du duc de Gandie, assassiné quelques jours avant la conception. Un seul fait est certain, il n’était pas le fils de l’ex-mari Sforza.

 Quoi qu’il soit, c’était le bordel chez les Borgia.

 

Cependant, un peu d’air frais va passer sur le Vatican et dissiper - momentanément - ces miasmes qui donnent la nausée. Le pape offre sa fille Lucrèce en mariage à Alphonse d’Aragon, bâtard du défunt roi Alphonse de Naples. Le bâtard de Naples est, en effet, le jeune frère de Sancia, épouse de Geoffroy Borgia, frère de Lucrèce et de César.

 Les fiançailles ont lieu le 20 juin 1498.

 Détail pour le moins étrange, le fiancé est représenté par le cardinal Sforza, tonton du premier mari de Lucrèce.

 Le mois suivant, don Alphonse arrive à Rome et est ébloui par la beauté de Lucrèce. Qu’elle semble douce, belle et pure ! Quel calme, quelle pudeur à côté de sa terrible grande soeur qui plante son regard de braise dans les yeux de tous les hommes !

 

 Dès la première rencontre, c’est - de part et d’autre - le coup de foudre. Ils sont si heureux qu’ils n’aperçoivent pas le regard aigu de César. A nouveau le cardinal César sent la jalousie lui griffer le coeur...

 Puis commencent pour Lucrèce ses deux années de bonheur. Elle essaye de rendre heureux son mari - et elle y parvient.

 Mais, soudain, Alphonse de Bisceglia s’enfuit de Rome, tel autrefois Sforza. Lui a-t-on fait croire que sa vie était menacée ? Peut-être.

 Lucrèce, elle, sanglote. Le départ de son mari lui a fait une peine immense. Sa situation est affreuse. Elle est enceinte, son mari la supplie de venir le rejoindre et le pape lui défend de quitter la ville éternelle.

La suite ? une tentative d’assassinat sur Alphonse alors qu’il s’était raccommodé avec Lucrèce. Par qui ? On l’ignore. On sait juste que personne n’est dupe et tout le monde à Rome est persuadé que César est dans le coup.

 Le blessé commence alors à se rétablir. César vient lui rendre visite sans cacher sa mauvaise humeur en constatant que son beau-frère va entrer en convalescence... et l’ambassadeur de Venise l’entend murmurer en quittant la pièce :

- Ce qui n’est pas fait au dîner peut se faire au souper.

 Est-il exact que le 19 août le mari de Lucrèce, voyant de ses fenêtres César se promener dans les jardins, aurait tiré sur lui un coup d’arbalète ? Le fait a été sérieusement contesté. Tragédie - hélas ! - plus certaine, le soir de ce même 19 août, César Borgia retourne voir Alphonse. Lucrèce et Sancia poussent des cris. César hausse les épaules et les chasse. César appelle alors son fidèle Miguel Corella qui passe une cordelette autour du cou d’Alphonse et l’étrangle.

 C’est un cadavre que, quelques instants plus tard, la belle Lucrèce serra dans ses bras avant de s’évanouir.

 Le pape Alexandre fait tout pour étouffer l’affaire mais personne ne se fit d’illusion. Tous désignèrent César.

 Lucrèce sanglotait dans son palais où chaque meuble, chaque pièce lui rappelaient le souvenir de son amour, "quoi qu’elle fût fort accoutumée à changer de mari selon le caprice où l’intérêt des siens", ainsi que le dit un chroniqueur.

 

 La fin ? C’est loin de César que Lucrèce ira demeurer et elle gardera pour elle son troisième mari : Alphonse d’Este. Elle régnera un jour - en 1505 - sur la cour d’Este. Le pape Alexandre était alors mort depuis un an et demi et César, banni et ruiné par le nouveau souverain pontife, s’était réfugié à la "Courette" de Navarre où il mourut, en 1507, modeste condottiere au service d’un roitelet.

 Lucrèce aimera sans doute encore, mais don Alphonse, règnera sur son coeur jusqu’à ce matin du mois de juin 1519 où Lucrèce, aveugle et à demi paralysée, rendit son âme à Dieu.

Rideau.

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 00:51

Lamartine.jpg"Un dessin, là, sous vos yeux.

 

 Un dessin d'une scène qui se passe le 10 octobre 1816. Retenez cette date, une date capitale dans l’histoire de la littérature, puisque d’elle naquirent des poèmes qui comptent parmi les plus beaux de notre langue. 

 Ce jour-là, Lamartine fait une promenade sur le lac. Sa barque est tirée par quatre marins lorsque l’embarcation croise celle de Mme Charles. Soudain, la brise s’élève, une brise qui devient vite un vent violent, puis une véritable tornade. La barque de Julie est prise dans un tourbillon et se trouve bientôt en perdition. Lamartine fonce - ou plutôt ses rameurs - et arrive au rivage à l’instant précis ou une vague jette le corps inanimé de la jeune femme, un corps - nous dit Lamartine - qui possède «cette beauté surnaturelle que le dernier soupir laisse sur le visage des jeunes filles mortes».

 Durant toute la nuit, Lamartine demeure penché sur Julie endormie, un visage "suspendu entre la mort et l’amour", bien sûr... Le lendemain matin - s’il faut en croire le poète - dès que la naufragée a ouvert les yeux, elle murmure avec un sourire d’ange  : Mon frère, mon frère de l’âme !

 

La suite ? Les amoureux reviennent en barque vers Aix, "le coeur plein, la bouche muette, les yeux dans les yeux".

- Nous nous aimons, soupire-t-elle.

- Oh dites-le encore, répond-il, redites-le mille fois !

 

Et de joie, il fait de tels sauts dans la barque qu’ils évitent de peu une noyade générale...

 Et ce fut le grand amour du siècle.

 

 Leurs premiers baisers eurent comme cadre le bout de "l’allée des petits peupliers"... Et ces premiers baisers ne furent point - on s’en doute - platoniques.

- Mes bras, dira Lamartine, ne se sont pas refermés sur du vide.

 

 Ils furent amant et maîtresse. Une maîtresse qu’il a baptise Elvire. Avec peu de délicatesse, d’ailleurs, puisqu’il a donné ce même prénom à sa précédente maîtresse... Il est certain que lorsque certains moments font perdre la tête, c’est là une sage précaution... 

 

Et chaque jour, leurs pas les conduiront au bord du lac qui a assisté à leur premier aveu.

 

"Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,

Que les parfums légers de ton air embaumé,

Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire

Tout dise : Ils ont aimé !

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 00:49

Henry-Dunant.jpeg"Une photo, là, sous vos yeux...

 

 Au lieu de devenir pasteur, ainsi que le prédisposaient sa sévère éducation protestante, ses études et ses goûts, Dunant s’était lancé dans les affaires. Là-dessus, il se laissa enthousiasmer par l’idée de créer des moulins à Mons-Djémila. Pourquoi pas, après tout.

  Dunant vit grand, trop grand. Il acheta des meules gigantesques et construisit une route afin de permettre aux caravanes de joindre plus facilement les moulins. les caravanes ? On ne les vit jamais... à peine de temps à autre un âne qui supportait un ou deux sacs.

 La Société Anonyme des Moulins de Djémila commença à péricliter. Comment la renflouer ? 

 

 Dunant l’utopiste décida de voir Napoléon III, afin de l’intéresser aux projets de la société. Il partit à la poursuite de l’Empereur qui est alors en pleine bataille de Solferino. Ni une, ni deux, voici Henry Dunant lancé en plein combat alors que la cavalerie française fond sur la cavalerie autrichienne : uhlans et hussards se transpercent et se déchirent ; partout les hommes tombent par milliers, mutilés, éventrés, troués de balles..."

 

La suite ? Toute la nuit, "on entend des gémissements, des soupirs étouffés pleins d’angoisse et de souffrance, et des voix déchirantes qui appellent au secours". Henry Dunant assiste à la tragédie. Les services sanitaires, absolument débordés, ne peuvent faire face à l’effroyable hécatombe.

Le soleil du 25 juin se lève. La chaleur s’abat, telle une chape de plomb, sur les blessés. Faute de soins, les plaies s’enveniment avec une rapidité qui tient du cauchemar. Déjà, les vers grouillent...

 

La gorge serrée par l’émotion, Dunant essaye de suppléer à la carence des infirmiers. Quelques touristes se joignent à l’homme en blanc coiffé de son casque colonial, à cet homme qui, subitement, est devenu un apôtre.

 

 Sur les dalles de l’église de Castiglione, Français, Autrichiens, Italiens et soldats d’Afrique, sont déposés pêle-mêle. Dunant les soigne indifféremment. Un blessé n’a plus de nationalité : c’est un homme qui souffre.

 

Il envoie dans la foulée son cocher à Brescia pour acheter des provisions, des éponges, des bandes de toile, du tabac, de l’eau de mauve pour laver les plaies, des oranges, des citrons et du sucre pour faire de la limonade.

 

Les officiers sont stupéfaits lorsque Dunant vient leur demander :

- Il y a des médecins autrichiens prisonniers et qui restent sous la garde des sentinelles, les bras croisés. Donnez-les-moi ! Qu’ils fassent leur métier de médecins ! Qu’ils soignent nos blessés et les leurs !

 

 L’homme en blanc se fait si persuasif qu’on lui offre quatre médecins. 

 

 Résultat des courses : Dunant ne s’occupe plus de Djémila ; il laisse ses moulins péricliter et s’enfoncer vers la catastrophe. Une seule chose compte désormais pour lui : créer des sociétés de secours pour les blessés. il met une année pour rédiger les quarante pages de son Souvenir de Solferino - Une année ! Il n’est pas Genevois pour rien... L’appel qui termine la brochure fit sensation :

"N’y aurait-il pas moyen de fonder, dans tous les pays d’Europe, des sociétés de secours qui auraient pour but de faire donner, en temps de guerre, par des volontaires, des soins aux blessés sans distinction de nationalité ? ..."

 

Puisque l’on ose déclarer - comme l’affirmait le comte J. de Maistre - que "la guerre est divine", puisque l’on invente chaque jour, "avec une persévérance incroyable des moyens de destruction toujours plus efficaces et que les inventeurs de ces engins de mort sont encouragés dans tous les Etats de l’Europe, où l’on arme à qui mieux mieux ; pourquoi ne profiterait-on pas d’un temspd e tranquillité relative et calme pour résoudre la question que nous venons de poser ? ..."

- Ces pages nous transportent d’émotion, s’exclament les Goncourt.

- Vous servez la cause de l’humanité,é crit à Dunant Victor-Hugo sur son rocher de Guernesey.

- Avez-vous songé à la réalisation de votre idée ? demande un compatriote à Dunant.

- Je suis un semeur d’idées... c’est tout !

- Vous semez et bien je crois que vos graines sont tombées sur la bonne terre. La bonne terre, c’est tout simplement notre Société d’utilité publique. Elle est prête à tâter l’opinion, à ouvrir une route.

 

Dunant hocha la tête, surpris. Il n’eût jamais pensé que Genève, la petite Genève, pourrait jamais rien faire pour le succès de son idée. Paris oui... mais Genève !

 

C’est pourtant de Genève que tout va partir, de Genève où va se créer la Croix-Rouge Internationale.

 

Mais Moynier nommé président de la nouvelle association a des buts moins vastes que Dunant - qui a seulement accepté le titre de secrétaire général - et qui veut taper un grand coup auprès des rois et des empereurs.

Parlons-en justement de l’empereur Napoléon III qui entraîne plus tard Dunant vers l’embrasure de sa fenêtre et dit :

- Je vous félicite. Vous avez osé écrire des choses que tropd e gens pensent mais taisent. On ne dira jamais trop de mal de la guerre... Allez de l’avant. Je vous aiderai. Gardez-vous de certains militaires qui chercheront à vous décourager.

 

 Se laisser décourager ? C’est là un mot incompatible avec la nature, la foi, le caractère d’Henry Dunant. Il voit toujours les images du champ de bataille de Solferino ; il lui semble encore entendre les cris des blessés, il a sans cesse présent à l’esprit le visage de ce mourant dont un coup de sabre avait enlevé le nez, les lèvres et le menton et dont personne ne s’occupait... personne, sauf lui - l’homme en blanc - qui faisait doucement couler sur ce visage sans nom un peu d’eau pure...

 

Dunant a la force du visionnaire ! Cette foi qui ne peut se laisser abattre ! Et le "semeur d’idées" va gagner.

 

Seulement voilà, c’est le début de la fin pour lui. Il vient d’être condamné par le tribunal civil pour sa gestion des Moulins à Mons-Djémila. Il a 30 000 francs suisses de découvert à sa banque ! Fait plus grave : en dissimulant l’ampleur de la catastrophe, il a entraîné ses associés vers la faillite. Et à l’époque, faillite était synonyme de déshonneur.

 

"L’homme en blanc" n’a pu demeurer secrétaire général de la Croix-Rouge. Il lui a fallu démissionner, se réfugier à Paris et se loger dans une misérable chambre de bonne à Passy. Il n’a plus que des dettes ! Quand il ne peut payer son terme, n’osant affronter sa terrible concierge, il va coucher aux Halles, mêlé aux clochards...

Mais lorsque la guerre de 70 éclate, le malheureux s’exclame :

- Mon rôle devient beau !

 

Là, arrivé devant un wagon réservé aux hospitaliers, Dunant avise l’un des brancardiers et s’exclame :

- Eh ! Qu’est-ce donc ? Vous avez un pistolet ? Mais cela est contraire à la convention.

 

Le brancardier hausse les épaules et précise qu’il ne tiens pas à se faire descendre par un prussien sans pouvoir se defendre avant de monter dans le train.

Henry Dunant est devenu pâle.

- Mais vous n’avez rien compris malheureux ! Allons, passez-moi votre arme, passez-la-moi !

Mais le trains ‘ébranle... Et l’homme en blanc court le long de la voie en criant :

- Jetez ! Jetez !

Jusqu’à ce que finalement le brancardier lance son arme sur le quai...

 

La fin ? La faim. Encore et toujours. les poches toujours aussi vides il va trouver refuge dans le village de Heiden où un journaliste le découvrira et fera connaîtrea u monde l’épave qu’est devenu le fondateur de la Croix-Rouge.

 L’article est reproduit dans les journaux suisses. Du monde entier les lettres et les dons affluent vers heidden. Comment, "il" vivait encore ! On le croyait mort depuis longtemps ! La reine Wihelmine et l’impératrice de Russie décident de faire une pension à Henry Dunant. Enfin, après le prix Binet offert par la Suisse, il reçoit le prix Nobel de cent milles francs. Mais l’homme en blanc refuse de toucher ce pactole. 

- C’est pour mes créanciers dira-t-il.

Toujours les Moulins de Djémila...

 

Il entre en agonie le matin du 30 octobre 1910. A la fenêtre de sa chambre, l’instituteur suspendit le drapeau à la Croix-Rouge. Le soir, il attacha un crêpe à la hampe. henru Dunant, le visionnaire, avait cessé de vivre.

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 00:39

astrid.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 Il était une fois en Suède une jeune fille brune aux yeux clairs et belle comme une princesse de conte de fées. Elle était princesse, d’ailleurs, et se nommait Astrid-Sophie-Thyre.

Le plus clair de l’enfance et de la jeunesse d’Astrid s’était déroulé dans une île situé au sud de Stockholm : Friedhem. Là, la jeune princesse rêvait à l’amour...

 

 Ses parents avaient été presque ruinés par le krach d’une banque danoise et Astrid pensait bien ne pas faire un "beau mariage". En attendant, elle rêvait.

 

 Un soir, la petite Suédoise fut invitée à aller danser au château royal d’Amalienborg. Un jeune homme blond aux yeux bleus inclina sa haute taille devant elle puis l’emporta dans une valse tourbillonnante.  Elle osait à peine tourner les yeux vers son danseur, car elle sentait sa gorge se nouer. Lui aussi, regardait à peine sa cavalière, car il était également timide et ému. Le coup de foudre venait de faire battre deux coeurs.

 Revenue à sa place, Astrid apprit que son cavalier se nommait le prince Léopold et qu’il était le prince héritier de Belgique. Les deux jeunes gens dansèrent de nouveau ensemble et lorsqu’ils se séparèrent, ils sentirent que désormais, ils seraient tout l’un pour l’autre.

 

  Le 4 novembre, tout Stockholm est en liesse. Les souverains de Belgique, Suède, Norvège et Danemark assiste à un mariage d’amour !

 Et on le vit bien lors de l’arrivée d’Astrid à Anvers, tandis que les cloches sonnaient et que tonnaient les canons, les deux fiancés coururent presque à la rencontre l’un de l’autre et c’est au milieu de la passerelle qu’il se rejoignirent et s’embrassèrent sur les lèvres...

 Ensemble, ils firent de longs voyages, visitant les Philippines, les Indes, le Congo, mais n’étaient jamais aussi heureux qu’en regagnant le château de leurs fiançailles.

 Là, ils pêchaient tous deux la truite dans la Lesse. Ils aimaient encore se retrouver seul au Zoute ; ils y avaient fait construire une petite maison d’où l’on entendait les vagues rouler et se briser sur la plage.

 ils eurent deux garçons. Le prince Baudoin le 7 septembre 1930 ; et le prince Albert le 6 juin 1934.

 Astrid n’eut plus désormais qu’une pensée en tête : faire le bien. Ainsi que l’a dit ma Mamie : «Chaque geste, chaque sourire d’elle avait l’air de dire : «je suis heureuse, que puis-je faire mon Dieu, pour que tout le monde soit heureux  et pour faire disparaître le plus de souffrance possible.»

 Ma Mamie m’a même affirmé que Astrid, selon les étymologistes, était un mot formé de «Ast» qui signifie «Amour» dans le sens de charité et de «rid» : prête à donner. En somme, le prénom de la princesse des Neiges signifiait prête à donner son coeur.

 

Léopold savait qu’il ne pouvait faire plus plaisir à Astrid que lorsqu’il disait à des mineurs, au lendemain d’une catastrophe :

- Ma femme viendra vous voir et vous aider.

 

Un jour, la reine reçut cette lettre :

"Mon mari au chômage n’a plus rien à se mettre sur le dos. Comme il est de la même taille que le roi, j’ai pensé qu’il pourrait utiliser ses vieux habits."

 Cette fois le roi trouva que sa "femme" exagérait en voyant sa garde-robe vidée en une heure...

 

 A Bruxelles, on l’avait vite baptisé notre Astrideke - notre petite Astrid.

 Le jeudi 29 août 1936, un roadster de marque américaine sortait de la villa Hasliborn et prenait la route de Kussnacht, cette route admirable, l’une des plus belles de Suisse - mais étroite et sinueuse, et ce matin-là assez glissante - qui longe le lac des quatre-Cantons. A bord se trouvaient Astrid et Léopold. Tous deux étaient en tenue d’alpinistes et avaient l’intention de faire une longue excursion. Leurs vacances s’achevaient. La voiture s’approchait de Kussnacht lorsque Astrid, qui regarda la carte, désigna à son mari un détail de l’itinéraire projeté. Léopold se pencha, quitta la route des yeux et ce fut la catastrophe.

La voiture dérapa et s’en alla se renverser dans la petite prairie plantée de poiriers qui, en contrebas, sépare la route du lac.

 Astrid, éjectée hors du roadster, gisait inanimée dans l’herbe. Elle n’avait pas l’air de souffrir et semblait dormir...

 On entendit le cri du roi qui hurlait :

- Astrid !

 

 Mais la reine ne devait pas reprendre connaissance. Elle n’avait pas encore trente ans et leur bonheur n’avait même pas duré dix ans...

 Lorsque la nouvelle de la tragédie de Klissnacht parvint à Bruxelles, la vie s’arrêta. Tout le monde, dans la rue, se parlait et pleurait.

 Lors des funérailles Léopold refusa de monter en carosse. Bien que blessé à la suite de l’accident, il voulut suivre à pied - et seul - le corps de sa femme, durant le long trajet séparant Bruxelles de la crypte de Laeken. De lourdes larmes roulaient sur ses joues. Tandis qu’il marchait derrière le corbillard empanaché, on l’entendit murmurer :

- Nous étions si heureux.

 

Ainsi - en tragédie - s’achevait le conte de fées... Ce conte de fées d’un roi et d’une petite reine qui s’étaient mariés par amour...

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 00:38

Germaine de Stael"Une portrait, là, sous vos yeux.

 

 Un portrait de Germaine de Staël, le grand amour de Benjamin Constant.

 

 Benjamin était le type de l’amant passionné, torturé de jalousie, s’ébrouant "dans un état de douleur inexprimable", manquant s’évanouir... mais, fort heureusement - pour lui - les flammes s’éteignaient lorsqu’il n’avait plus à lutter pour conquérir la belle. C’était alors au tour de la belle à souffrir...

 

Le 19 septembre 1794, M. Benjamin Constant aurait mieux fait de prendre n’importe quelle direction que celle de Genève... Il avait, en effet, formé le projet d’aller rendre visite à la baronne de Staël et cette rencontre allait déclencher pour lui d’épouvantables orages et une servitude dont il lui faudra des années pour s’évader.

 La connaissance fut bientôt faite. Alors ?

"Son esprit m’éblouit, racontera-t-il, sa gaieté m’enchanta, ses louanges me firent tourner la tête. Au bout d’une heure, elle prit sur moi l’empire le plus illimité qu’une femme ait peut-être jamais exercé."

 

 Benjamin vit Germaine durant tout l’hiver et lui parla de son amour. Elle s’était refusé à se donner - non que le baron de Staël comptât pour elle, il avait d’ailleurs la délicatesse d’être presque toujours absent... - mais Germaine estimait que parler,é couter et philosopher, c’était déjà pas mal.

 Benjamin désirait davantage. Du coup, il estima qu’il fallait jouer le grand jeu. Il se suicida ! 

 On se précipita à son chevet, il eut la force de montrer sur la table de nuit une fiole d’opium en suppliant que l’on veuille bien aller chercher Mme de Staël pour qu’il lui dise un éternel adieu. Elle se précipita et aux battements de son coeur, sentit qu’elle aussi aimait l’homme qui avait voulu se donner la mort pour la punir de sa cruauté. Un contrepoison administré rendit la vie à l’agonisant... qui s’était d’ailleurs bien gardé d’avaler toute la fiole du poison... 

 

 Pour Benjamin et germaine, les quatre mois qui suivirent ne furent qu’un enivrement. Ils s’étaient voués leurs vies. Mais le retour à paris les dégrisa un peu. Benjamin s’empressa de tromper Germaine avec la politique. Les disputes furent nombreuses.

 Mais bon, vous savez ce que c’est, on se dispute puis on se réconcilie...

 Une petite fille - que le baron de Staël endossa galamment - naquit au moins de juin et ce «lien», selon l’expression de Benjamin, resserra leur amour "sans les rendre heureux".

D’ailleurs - tout en ne cessant pas de voir et d’aimer Germaine, Benjamin avait noué une liaison avec Julie Talma, de onze ans plus âgée que lui et épouse séparée du grand Talma.

 Elle acceptait le partage avec Germaine. Mais quelques mois plus tard, tout était terminé. La passion s’était transformé en amitié. Il faut dire aussi que Benjamin commençait un autre chapitre amoureux avec une belle irlandaise, Anna Lindsay qui, dès la première visite de l’écrivain, l’aima «d’un amour sans bornes», affirmait-elle à qui voulait l’entendre.

 Le sentiment avait pourtant des bornes, car elle se refusait à lui...

 Il prit sa plume : «Vous m’aimez, vous avez besoin de moi, vos lèvres se pressent avec volupté contre les miennes ; amie à moi, donnez-vous. Je ne puis répondre de ma raison, ni de ma vie.»

 Elle finit par céder.

 - Je vous consacrerai toute ma vie, lui déclara Benjamin.

 

Oui mais non.

Mme de Staël qui avait le génie des scènes - et devant lesquelles Benjamin tremblait - ne l’entendait pas de cette oreille. 

 Et Anna Lindsay, moins accommodante que Julie Talma, exigeait la rupture et n’admettait pas cette liaison de l’esprit qui commençait peut-être au salon mais ne s’en achevait pas moins parfois dans la chambre à coucher.

 Bien il essaya de la réconforter. Et il l’a rassura. Croyant l’avoir convaincu, il alla passer trois jours avec Germaine.

"Mortellement blessée" Anna préféra fuir et clamer son immense chagrin :

"Trois jours passé avec elle, au mépris de ma douleur, connaissant mon caractère, ayant eu tant de preuves d’un amour aussi délicat que sans bornes ! Je meurs, je ne guérirai jamais. Je le méprise et je l’adore..."

Et elle disparut de la vie de Benjamin.

 

 Voici Benjamin seul face à mme de Staël qu’il aime maintenant sans enthousiasme. Que faire ? Il réfléchit puis conclut :

"Il faut me marier."

 Mais avec qui ?

Fort heureusement, la jolie Charlotte de Hardenberg se trouvait libre... En recevant une lettre d’elle, l’éternel passionné eut un "battement de coeur assez fort, en reconnaissant l’écriture".

 Charlotte fut à la lui et à sa stupéfaction, elle fut une «étonnante et merveilleuse partenaire». Il ajoute : "C’était trop fou !»"

Ni une, ni deux, il décide de l’épouser.

 Oublié Mme de Staël. Il décide quand même de la prévenir. Et là, ce fut l’orage, un orage, nous dit l’écrivain, "qui dura sans interruption tout le jour et toute la nuit." Mme de Staël avait, pour mener une scène, une résistance à toute épreuve. A l’aube, vaincu, exsangue, à bout d’argument, Benjamin promit de ne pas poursuivre ses projets... mais n’en continua pas moins à s'enivrer auprès de Charlotte.

 

 Finalement - et malgré les menaces de Mme de Staël -, il épousa Charlotte à huit clos. Elle vivra cachée dans les environs. Son mari venait faire à sa femme des visites dans le plus profond secret, tremblant de peur que Germaine n’apprenne ses "trahisons".

 

 L’année suivante, Benjamin et Charlotte ayant pris des forces pendant l’hiver, décidèrent d’en finir. Benjamin alla se cacher tandis que sa femme envoyait à Mme de Staël un billet signé innocemment  Charlotte Constant. Elle le confia à un homme à cheval qui partit dans la nuit. Charlotte pensait être tranquille jusqu’au lendemain matin - et elle prit un bain de pieds. Au beau milieu de l’opération, la porte s’ouvrit : c’était Germaine. Aussi élégamment que lui permettait le bain de pieds, Charlotte accueillit sa rivale et lui déclara qu’elle était devenue "l’épouse très légitime de monsieur Constant".

 La scène dura six heures.

 Une scène effroyable. Au matin, la baronne meurtrie, blessée, souffrant plus dans son orgueil que dans son coeur, se retira, laissant Charlotte poursuivre à sa guise son bain de pied froid. Durant tout l’orage, elle avait été admirable de douceur et de patience.

 Puisque le premier choc avait eu lieu, Benjamin revint courageusement au bercail. 

 

 La fin ? Benjamin dut souscrire à un étrange traité exigé par la terrible baronne : le mariage serait encore tenu secret et Benjamin reprendrait sa place de meneur de jeu au salon durant l’été. Charlotte crut pouvoir supporter ces exigences et s’inclina. Elle avait trop présumé de ses forces. Elle voulut se suicider. Benjamin, flanqué de l’insupportable Germaine, accourut en sanglotant. Fort heureusement, "l’épouse de M. Constant" n’avait pris - elle aussi - que la dose de Coppet, selon le mot de Sainte-Beuve, et fut vite hors de danger.

La baronne n’en exigea pas moins l’exécution du traité et le malheureux Benjamin dut attendre l’automne pour retrouver sa femme !

 Germaine de Staêl finit par se résigner, tandis que Benjamin - bien sûr - s’apprêtait à tomber amoureux à en perdre l’esprit de Mme Récamier qui, à elle seule, vengea toutes les délaissées...

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 00:31

nelson-hamilton.jpg"Une photo, là, sous vos yeux...

 

 Lady Hamilton en chair et en os. A la gauche - votre droite - de l'amiral Nelson. Récit d'une vie racontée par ma Mamie :

 

 "Elle possédait un corps digne d’une statue grecque, une petite bouche charnue et sensuelle à souhait, un sourire de petite fille se rendant au catéchisme et des yeux d’un bleu à vouloir s’y baigner...

Lorsque les hommes la contemplaient , ils avaient bien sûr des envies infiniment moins platoniques que la ravissante et peu farouche Emma Lyon - telle était le nom de cette merveille - se hâtait de satisfaire... surtout si le postulant était fortuné.

 Nous sommes alors à Londres au début du XVIIIème siècle, un siècle fait pour l’amour, c’est à dire que les adorateurs ne lui manquait point.

 

 Toute petite, la beauté grecque d’Emma lui avait procuré une étrange situation chez le "docteur" Graham, un guérisseur qui plaçait ses malades sur un "lit d’apollon" où - il l’affirmait - passaient des courants magiques.

 Au chevet se tenait Emma dont la beauté était plus ou moins voilée - plutôt moins que plus... Et cette vision digne de l’Olympe aidait beaucoup, parait-il, au rétablissement des malades.

 On dit même - les mauvaises langues sans doute - qu’Emma savait prouver aux patients qu’ils possédaient toutes leurs facultés...

 Et puis, un jour, l’amour fit battre le coeur de la déesse. elle rencontra sir Charles Greville et tomba amoureuse de lui.

 Lui ne l’aimait point, mais il avait pour elle tant de désirs que cela lui tenait lieu de sentiment... Il décida de faire l’instruction de sa maîtresse en engageant des professeurs qui apprirent à Emma la musique, le chant, l’orthographe et les belles-lettres.

 Sur ces entrefaites, l’oncle de Charles - sir William Hamilton - un oncle à héritage, vient passer quelques jours à Londres et trouve sa "nièce" belle à lui couper le souffle.

 Durant quelques mois, il va s’occuper d’elle...

 Ni une, ni deux, ils se retrouvent à Naples. Et au cours de l’été 1791, Emma devint lady Hamilton, ce nom sous lequel elle demeurera dans l’histoire.

 Là-dessus, elle tombe amoureuse de l’Amiral Nelson ! Pourquoi ? Parce que ce dernier a anéantit la flotte française à Aboukir. La nouvelle est accueillie à Naples avec délire. Emma qui, à chaque visite de Nelson, sent son coeur battre, exulte de joie :

"Grand Dieu ! Quelle victoire ! Quand j’ai appris la nouvelle, je me suis évanouie et me suis blessée, mais maintenant je suis guérie. Je considérais comme glorieux de mourir en pareille circonstance. mais non, je ne voudrais pas mourir avant d’avoir vu et embrassé le vainqueur du Nil..."

 Nelson qui, à la suite d’un précédent combat, a dû être amputé du bras droit, a perdu un oeil pendant la bataille. Forcément - véritablement "envouté" par Emma,  il a peur des retrouvailles.

Oui mais non. Comme l’a dit ma Mamie, les "débris" de Nelson satisferont entièrement l’ambassadrice. Quand il arrive à Naples, l’enthousiasme est à son comble ; lady Hamilton ne peut cacher son émotion. La scène a été contée par Nelson lui-même dans une lettre à sa femme :

"Lady Hamilton tomba dans mon bras plus morte que vive. Les armes néanmoins arrangèrent les choses..."

 Et le candide marin croit bon de préciser à sa digne épouse : "J’espère avoir un jour le plaisir de vous présenter à lady Hamilton ; c’est vraiment une des meilleures femmes qui soient au monde : elle est l’honneur de son sexe."

 N’ayons pas peut des mots - il faut appeler un chat un chat : Nelson et lady Hamilton s’aiment à la folie. 

 Mais les Français marchent vers Gênes. Il faut fuir. Nelson recueille lady Hamilton et son mari à son bord et partent vers l’Angleterre.

 A Londres, la présence de Fanny Nelson complique un peu les choses. Elle somme son mari de rompre.

- Je suis résolue, lui dit-elle, à vous voir choisir entre elle ou moi.

C’est la rupture et Nelson peut n’être plus qu’à Emma. Pour le remercier, lady Hamilton lui annonce une grande nouvelle : elle est enceinte.

 Bien sûr son mari n’est pour rien dans l’affaire et Nelson nage en plein bonheur. Malheureusement, il est en mer lorsque naît une petite fille, baptisée Horatia, afin qu’il n’y ait aucune équivoque possible. N’oublions pas que l’Amiral Nelson s’appelle Horatio...

 

De son côté le mari est parfait, il fait semblant de ne pas remarquer la présence de la sage-femme sous son toit. Aveugle, il joue également à l’homme sourd lorsque le nouveau-né pousse des hurlements...

 

 A son retour, il apprend que la chère Emma a acheté pour lui une charmante maison de campagne où ils s’installent tous les trois. On y mène joyeuse vie aux frais du mari qui témoigne maintenant de quelque mauvaises humeurs.

 Il envisage même de prendre une fâcheuse décision - le divorce - avant de mourir le 6 avril 1803, après avoir béni l’amiral "le plus loyal ami qui ait jamais existé". On ne peut être cocu avec plus d’allure !

 Cependant son testament réserve une mauvaise surprise : c’est le neveu qui hérite...

 

Nelson, pour consoler sa maîtresse, lui offre la maison de campagne mais ne lui donne pas d’argent. Et puis, peut-être Fanny acceptera-t-elle le divorce et pourra-t-il vivre heureux avec sa chère Emma ?

 A la fin de 1805, Horatio Nelson est devant le cap Trafalgar où il guette la flotte franco-espagnole. Au moment où va commencer la bataille, il descend dans sa cabine, fait son testament et trace ces lignes :

"A tout évènement, je veux faire en sorte que mon nom vous devienne encore plus cher, à vous et à Horatia, les deux êtres que j’aime plus que ma vie, et comme ma dernière lettre avant la bataille sera pour vous, j’ai espoir en Dieu que je vivrai assez pour la finir après la bataille."

 

 L’amiral remonte sur le pont, ordonne la manoeuvre qui doit, en scindant la flotte ennemie en deux tronçons, lui donner la victoire... mais au même instant une balle lui traverse les reins. Il s’écroule. On le transporte au poste des blessés.

 Horatio sait qu’il est mortellement frappé... mais il ne pense qu’à Emma et à leur petite fille.

 Au moment où on vient lui annoncer la victoire - la victoire de Trafalgar - on l’entend encore murmurer :

- Dieu merci, j’ai fait mon devoir.

 

La douleur d’Emma fut immense. Effondrée, elle ne put même pas assister aux obsèques d’Horatio.

 

Maintenant, tout le monde tourne le dos à «la concubine» de Nelson. Lady Hamilton n’est plus reçue nulle part. Elle va sombrer dans la misère.

 En 1814, la paix lui permet de fuir ses créanciers et de partir avec Horatia pour le continent. Elles s’installèrent dans une pauvre ferme de Calais. C’est là qu’Emma - la plus belle femme de son temps - rendit son dernier soupir. Au dessus de son lit se trouvait le portrait - en grande tenue - de l’amiral Horatio Nelson.

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 00:30

guillotin.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 Une photo de ce bon vieux Guillotin. Né à Saintes, le 28 mai 1738, il portait le nom d’Ignace et ce prénom paisible - charmant même - se mariait fort bien avec son inépuisable bonté et sa gentillesse un peu naïve. Mais une grande idée animait notre bon docteur : faire mourir tous les condamnés à la peine capitale de la même façon et sans douleur.

  Un noble condamné avait le droit de réclamer la mort par l’épée ou la hache tandis que l’homme sorti du peuple agonisait sur la roue, après avoir été "rompu vif", à moins qu’il ne soit condamné à être suspendu à une potence. Encore heureux lorsqu’on ne vous écartelait pas à quatre chevaux comme le malheureux Damiens, après vous avoir versé du plomb fondu sur toutes vos jointures. Sans parler de ceux qui trépassaient pendant la terrible question infligée souvent après le jugement et en guise de hors d’oeuvre à la peine de mort.

 Certains récits d’exécutions hantaient les nuits du cher Guillotin, tel celui que nous a rapporté ma Mamie : "Il s’agissait de mettre à mort une fille de vingt-deux ans, Hélène Gillet, convaincue d’infanticide. Le bourreau  assène un premier coup, si maladroitement appliqué que la patiente en a la mâchoire brisée ; le peuple hue ; on lance des pierres au bourreau, qui jette son arme et demande de mourir à la place de sa cliente.

 Mais une femme saute sur l’échafaud, c’est la bourrelle : elle ramasse le glaive, exhorte son mari à continuer. Il y consent, frappe un nouveau coup, qui renverse la patiente en lui brisant l’épaule.

 Nouvelle huées, nouvelle grêle le cailloux ; le bourreau dégringole de l’estrade et se sauve ; sa femme le remplace ; elle essaie d’achever à coup de pied la fille Gillet ; n’y parvenant pas, elle lui noue une corde au cou et la tire au bas de l'échafaud où à l’aide d’une paire de ciseaux, elle tente de lui couper la tête ; les jésuites et les capucins prennent la fuite ; la foule arrache à la bourrelle sa victime.

 On la retira à moitié déchiquetée des griffes de la mégère. Je ne sait si elle eut la vie sauve, ce qui est sûr, c’est que le bourreau et sa femme furent massacrés au pied de l’échafaud."

 

 Déjà le peuple s’était insurgé contre l’atroce supplice de la roue. Du coup, Louis XVI s’était hâté de la faire supprimer.

 S’il faut en croire l’excellent historien Robert Christophe, c’est à cette époque que l’exécuteur aurait été reçu par Louis XVI et que, conquis par la bonhomie du roi, il aurait déclaré :

- Il a une tête qui me revient.

 

Certes, en cette époque novatrice, mieux aurait valu supprimer purement et simplement la peine de mort, mais Ignace Guillotin n’avait pas al hardiesse de ses jeunes collègues. Il rassembla tout son courage et monta à la tribune pour décrire l’horreur qu’inspirent ces êtres connus sous le nom de bourreaux. Et ce jour-là, il obtint une chose, l’égalité devant la mort.

 

 Désormais, on se contenterait de pendre les condamnés. Il n’y aurait désormais pas plus d’»homme rouge» que de roue ou de billot, mais ce serait mal connaître Ignace que d’imaginer qu’il allait se contenter de ce demi-succès. Il voulait beaucoup trop de bien à son prochain pour s’arrêter en cours de route. Or, il y avait en 1790 à Paris un théâtre de Marionnettes qui jouait un pantomime intitulée Les quatre fils Aymon au cours de laquelle une machine coupait fort proprement la tête de l’une des pupazzi. La tradition que que Ignace s’y rendit avec son épouse. vous devinez la suite : en quittant la foire, Guillotin avait découvert la guillotine...

 

L’histoire est-elle authentique ? Quoi qu’il en soit, Ignace monta quelques jours plus tard à la tribune et énonça en ces termes le sixième article d’une loi qu’il espérait voir accepter par ses collègues :

- Dans tous les cas où la loi prononcera la peine de mort, le supplice sera le même, le criminel sera décapité ; il le sera par l’effet d’une simple mécanique.

 

Certains affirmaient même que Guillotin avait déclaré naïvement à des collègues - pour une bonne part futurs guillotinés :

- Avec ma machine, je vous fais sauter la tête d’un clin d’oeil et vous ne souffrirez point !

 

Une simple mécanique ! En prononçant ces trois mots le cher Ignace Guillotin ne se rendait certes point que grâce à la révolution son nom servirait non seulement à baptiser la future machine à tuer, mais que ce même nom allait donner naissance à un verbe - guillotiner - et à des injures telles que guillotineur ou lécheuse de guillotine.

 

La suite ? Louis XVI - ironie de l’histoire - apposait les cinq lettres de son nom au bas de la loi relative "à la peine de mort", et au mode d’exécution qui sera suivi à l’avenir.

 

la fin ? Guillotin n’assista à une exécution capitale. Jamais nous dit ma Mamie, il ne supporta qu’on prononçât devant lui le nom adopté par la sinistre machine. Toujours il protesta - mais en vain. sans relâche il nia cette fille qu’il n’avait point "inventée" et qui lui avait été injustement attribuée.

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Livre d'or

Première affiche

 

  "MA MAMIE M'A DIT"  

Spectacle nostalgique 

 

"On nous avait promis la magie, promesse tenue : un spectacle plein de féérie de souvenirs où chacun se retrouvait. Une belle énergie. Les résidents ont adoré. Merci." Marie ("La Clairière de Luci" - Bordeaux)
 
"Formidable ! Nous sommes tous remontés dans le temps, nous avons vingt ans, on a ri, on a presque pleuré et surtout on a chanté. Merci." Cathy (Arles)
 
"Un véritable petit chef d'oeuvre" ; "La légion d'honneur pour la créativité" "Un véritable artiste" ; "Après-midi formidable" ; "Absolument parfait" ; "Une rétrospective originale" ; "Un très bon moment d'évasion". Propos recueillis à la résidence Emera d'Angoulême  
 
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux... C'était magnifique. Nous avons revu toute notre jeunesse et notre enfance. Et c'est beau de redevenir jeune dans l'ambiance d'autrefois." Aimée et Janine
 
"Les chansons, les réclames et les anecdotes ont transporté les résidents dans leur enfance. Une après-midi de nostalgie mais aussi de chansons et de rires. Merci encore pour ce magnifique spectacle." Sandrine
 
"Spectacle complet, tellement agréable et thérapeutique pour nos personnes âgées, encore félicitations !" Docteur Souque
 
"Un choix extraordinaire de chansons, des moments magiques, des photos magnifiques, vous nous avez mis de la joie dans le coeur. Et retrouver sa jeunesse avec tous ces souvenirs, ça fait plaisir et j'espère que vous reviendrez nous voir." Mme Lorenzi (Juan-Les-Pins)
 
"Pour ma fête, par un pur hasard je me suis retrouvé dans un club de personnes âgées où j'ai pu assister à votre spectacle sur le passé. Cela m'a rappelé mes grands-parents et mes parents et c'était vraiment un moment magique." Josette, La Roque d'Antheron
 
"Bravo bravo bravo Regis, c'est le meilleur spectacle que j'ai vu depuis que je fais le métier d'animatrice." Bénédicte La Salette-Montval (Marseille)
 
"Je n'imaginais pas lorsque je vous ai accordé un rendez-vous que vous enchanteriez pendant 1 h 1/4 les personnes âgées d'une telle façon. Merci pour votre prestation qui a fait revivre les moments publicitaires, évènementiels et musicaux de leurs vies." Michelle, CCAS de Toulouse
 
"Un super voyage dans le temps pour le plus grand plaisir des résidents. Merci à Régis pour cette magie et à bientôt." Brigitte (Lunel)
 
"Enfin un retour à notre "époque". Quel bonheur, que de souvenirs, quelle belle époque ou l'amitié était de mise. Merci pour cette très belle après-midi, on s'est régalé avec ce très très beau spectacle". Danielle (Mirandol)
 
"Super - divinement bien -  tout le monde était enchanté même que M. Benaben a dit : "Vous nous avez donné l'envie de revivre notre vie"." Sylvie (Sainte Barthe)
 
"Un grand merci pour ce bon moment et je crois, je suis sûre, qu'il a été partagé par mon mari." Mme Delbreil
 
"Une féérie de l'instant." Christian
 
"Beaucoup d'émotion dans ce spectacle plein de chaleur et d'humanité." Sylvie
 
"Une soirée inoubliable. Continuez à nous émerveiller et faites un long chemin." Claude
 
"Le meilleur spectacle que j'ai jamais vu. De loin." Tonton Kiko
 
"C'est bien simple, je n'ai plus de Rimmel !" Claudine (seconde femme de Tonton Kiko)
 
"A ma grande surprise, j'ai versé ma larme. Tu as atteint mon coeur. Bravo pour ces sentiments, ces émotions fortes, j'ai eu des frissons par moment." Ta couse Céline
 
"Redge, encore un bon moment passé en ta présence. On était venu plus pour toi que pour le spectacle, mais quelle agréable surprise ! On est fier de toi, continues d'oser, de vivre !" Pascale
 
"J'avais froid, un peu hagard, l'humeur moribonde et puis voilà, il y a toi avec toute ta générosité, l'intérêt, l'affection que tu as toujours su apporter aux autres, à moi aussi et Dieu sait si tu m'as rendu la vie belle depuis qu'on se connaît comme tu as su le faire une fois de plus." Jérôme
 
"Ce spectacle est nul à chier et je pèse mes mots." Gérard
 
memoria.viva@live.fr

Ma Mamie m'a dit...

Madka Regis 3-copie-1

 

COLLECTION "COMEDIE"

Mamie est sur Tweeter

Mamie n'a jamais été Zlatanée !

Mamie doit travailler plus pour gagner plus

Mamie, tu l'aimes ou tu la quittes

"Casse-toi pauvre Régis !"

Papi a été pris pour un Rom

Mamie est sur Facebook

Papi est sur Meetic

Il y a quelqu'un dans le ventre de Mamie

Mamie n'a pas la grippe A

La petite maison close dans la prairie

 

COLLECTION "THRILLER"

Landru a invité Mamie à la campagne...

Sacco et Vanzetti

Mamie a rendez-vous chez le docteur Petiot

La Gestapo française

Hiroshima

 

COLLECTION "SAGA"

Les Windsor

Mamie et les cigares du pharaon

Champollion, l'homme qui fit parler l'Egypte

Mamie à Tombouctou

 

COLLECTION "LES CHOSES DE MAMIE"

Mamie boit dans un verre Duralex

Le cadeau Bonux

Le bol de chocolat chaud

Super Cocotte

Mamie ne mange que des cachous Lajaunie

 

COLLECTION "COUP DE COEUR"

Mamie la gauloise

Mamie roule en DS

Mamie ne rate jamais un apéro

Mamie et le trésor de Rackham le Rouge

 

COLLECTION "DECOUVERTE"

Mamie va au bal

La fête de la Rosière

Mamie au music-hall

Mamie au Salon de l'auto

 

COLLECTION "SUR LA ROUTE DE MAMIE"

Quand Papi rencontre Mamie

Un Papi et une Mamie

Mamie fait de la résistance

Mamie au cimetière

24 heures dans la vie de Mamie

 

COLLECTION "MAMIE EXPLORE LE TEMPS"

Jaurès

Mamie embarque sur le Potemkine

Mamie et les poilus

Auschwitz

 

COLLECTION "FRISSONS"

Le regard de Guynemer

Mr et Mme Blériot

Lindbergh décroche la timbale

Nobile prend des risques

 

COLLECTION "MAMIE EN BALLADE"

Mamie chez les Bretons

Mamie voulait revoir sa Normandie !

La fouace Normande

La campagne, ça vous gagne...

Mamie à la salle des fêtes

Launaguet

La semaine bleue

Le monastère

 

COLLECTION "MAMIE AU TEMPS DES COURTISANES"

Lola Montès

Les lorettes

Mme M.

Napoléon III

Plonplon

La marquise de Païva

Mme de Pompadour

Générique de fin