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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 11:03

Otero.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 Une photo prise à un bal. Oui, ok d'accord mais quel bal ?

 Un bal où Alexandre Dumas fils, baigné de tristesse, venait de prendre la résolution de quitter ce bal décevant, quand, soudain, il it s’approcher de lui une beauté fatale. Le coeur d’Alexandre se mit à battre au rythme des grandes espérances. Cela se vit sans doute sur son visage car la personne - masquée - le détrompa sur-le-champ :

"Je ne viens pas vous intriguer", dit une voix rieuse. Alexandre ne répondit rien. Il dévorait des yeux son interlocutrice. Le déguisement laissait deviner une fort jolie femme... Elle poursuivit :

"Je viens faire connaissance avec vous, somme si nous étions dans un salon. Je me nomme Mme de M. Me connaissez-vous ?

- De réputation, seulement.

- Et l’on vous a dit de moi ?

- Que vous êtes très jolie, très spirituelle et... très gaie.

- Voulez-vous vous assurer du fait ?

- Je ne demande pas mieux.

- Venez mardi, passer la soirée chez moi.

- A quelle heure commence la soirée chez vous ?

- Comme partout ; quand on arrive.

- Et elle finit ,

- Quand on s’en va."

L’entrée en matière était charmante. Mais qui est Madame de M. ?

 Elle avait été mariée fort jeune à un "étranger de distinction". Sept années s’étaient écoulées d’une union qui ressemblait à tant d’autres unions.

 Puis, un beau jour, le scandale avait éclaté, fracassant : M de M... chassait sa femme de la maison conjugale.

La raison ? La plus simple et la plus vieille du monde.

 Pénétrant à l’improviste dans la chambre de Mme de M..., son époux avait troublé sans le vouloir "une conférence" que le droit de réunion, proclamé tout récemment, n’autorisait pas encore".

Colère. Duel. Le mari blessé par l’amant. La femme répudiée.

 Il fallait s’y attendre : le monde avait fermé sa porte "au nez de la maladroite qui avait oublié de fermer la sienne".

 Mise à l’index, Mme de M... n’avait le choix qu’entre deux partis : se condamner à une retraite dont elle sortirait peut-être, absoute devant le monde, quelque dix ou quinze ans plus tard. Ou bien afficher sans hésitation "sa faute". Affronter ses contemporains le front haut. En un mot, vivre "en marge". Mme de M... n’était pas la femme des renoncements. Elle prit le second parti.

Le mardi suivant, Dumas fils sonnait chez Mme de M.

Le lieu ? Un salon Second empire. Des meubles lourds, des dentures pesantes. Du rouge et de l’or. 

 Ce qui frappa Dumas, c’est que tout le monde se tenait fort bien. Un observateur non averti se serait cru introduit dans une société du meilleur aloi. Un sourie de Mme de M... avait accueilli Dumas. Le sourire d’une femme qui a beaucoup pratiqué le monde et qui sait exactement ce qu’elle doit à ses hôtes.

Présentations. Conversation.

Puis la porte se referma sur la baronne et ses filles. Mme S... quitta brusquement le piano et s’écria, l’oeil soudain allumé :

"Dîtes-donc mes enfants, maintenant que la baronne et ses deux petites grues sont parties nous allons rire un peu, n’est-ce pas ? Ce n’est pas drôle ici !"

 Extraordinaire changement à vue. D’un salon guindé, Dumas se trouvait transporté dans un mauvais lieu. Ces femmes du monde se muaient - visages, regards, allures, paroles - en courtisanes.

 Tout contribua à imposer cette impression : "baccara, souper, anecdotes graveleuses, désinvoltures de toutes sortes et facilités en tout genres". La seule différence ? Le lendemain, nulle facture serait présenté à Dumas, "l’amour étant ici volontaire et gratuit".

Rideau.

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 11:01

Napoleon.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

Une photo de Napoléon III qu'on ne présente plus... Portrait :

Sa vie, depuis l'âge de raison, est ordonnée vers un but unique : le pouvoir.

 Ce rêveur est un volontaire. Défaut et qualité qui vont souvent de pair. Cet ambitieux n'est pas un ascète : plus sensuel que sentimental, la conquête des coeurs féminins l'a toujours agité.

 Ses préoccupations amoureuses, il les a traînées avec lui aux Tuileries. Elles ne l'abandonneront jamais. Aux derniers jours de son règne, malade, vieilli, il ne pourra se défendre de considérer avec attendrissement un beau visage, une jolie tournure. Lui-même a dit que son coeur il le lui fallait toujours plein.

Certes, il n'est pas beau. Petit - 1 m 66 à 1 m 68 selon les signalements - il est épais de corps et court de jambes".

Tel quel, plaît-il aux femmes ? A cette question, la baronne du Montet a répondu on ne peut plus favorablement : "Ni sa figure, ni sa tournure n'ont rien de distingué." Ma Mamie renchérit : "En toute passion, son physique a dû le géner beaucoup." Sa mère elle-même ne s'est pas laissé aveugler. Elle a dit :

"Louis n'est pas assez séduisant pour que les femmes courent après lui."

Mais la demoiselle d'honneur d'Hortense, Valérie Masuyez, proteste : "Il a un air bon, sentimental, mélancolique, qui intéresse beaucoup." Mais Stéphanie de tascher proclame : "Il plaît et plaira quand il voudra."

 Elle a raison. Depuis sa première adolescence, Louis-Napoléon a su se faire aimer des femmes. L'explication est double : d'abord il s'appelle Napoléon. Et son regard apparaît rempli de mystère.

 Ce regard ! Il a inspiré diversement les mémorialistes, les historiens et les pamphlétaires. "Des yeux d'émail", "éteints", "l'impression d'être fixé comme à travers une vitre", "d'un voile de rêverie et de langueur".

 C'est le point de vue masculin. Du côté féminin, on paraît ressentir des impressions très différentes, bien évidemment.

 Un témoin déjà cité, ma Mamie, a confirmé ce jugement : "J'ai entendu, dit-elle, beaucoup de femmes se pâmer de ce regard ; ce qui est mystérieux et inintelligible attire toujours les femmes."

 Mais lui, qu'en pense-t-il ? A son ancien précepteur - à ne pas confondre avec percepteur -, il écrivait : "Le vice du vin m'est entièrement étranger, car je ne bois que de l'eau, et, quant à l'amour, je ne le regarde que comme un goût, un passe-temps."

 A ce passe-temps avaient collaboré - sans trop de réticences - un certain nombre de jeunes femmes des environs. D'ailleurs, lorsque la reine voyait son fils se lever de table avant la fin du souper, elle murmurait : "Quand on laisse un dessert, c'est que l'on court à un autre..."

 Seulement voilà, les princesses ne voulaient pas de lui. Il fit alors le choix d’une bourgeoise. Elle était veuve, plus très jeune, mère de famille et ruinée. Mme Saunier serait devenue impératrice des Français si la reine Hortense n’eût mis le holà à ce projet saugrenu.

 Elle expédia Louis en Angleterre sans soucis des larmes répandues par le jeune homme quand la voiture quitta Arenenberg. Il emportait le portrait en médaillon de Mme saunier et l’embrassait à chaque tour de roue. Quand s’acheva le séjour de Londres et que sonna l’heure du retour en France, Louis oublia le médaillon dans un tiroir. Comme quoi.

 En quoi se confirmait la sagesse d’Hortense qui avait écrit à son fils : "L’amour est comme une maladie... Ce n’est pas la quinine qui la guérit, mais l’absence et la raison."

 De son propre aveu, Hortense désirait à son fils "une bonne petite femme, jeune, bien élevée qu’il pourrait former à son caractère". Alors qui ? La fille du duc de Padoue ? Trop tendre. Mathilde alors ? Mais qui est-elle cette cousine ?

 Elle a quinze ans, la fille du roi Jérôme - et il faut bien dire qu’elle est adorable. Elle le sait. Elle est fille et petite-fille de rois, nièces de deux empereurs. Elle le sait...

 Justement, Hortense et son fils accueillent l’oncle Jérôme. Un homme qui a consacré sa vie à bousculer les coeurs, à commencer par celui de son excellente épouse, Catherine de Wurtemberg, morte quelques mois auparavant en soupirant : "Ce que j’ai aimé le plus au monde, c’est toi, Jérôme." Bref, il confie à sa belle-soeur ses deux enfants.

 Les voici : le garçon, Napoléon, regard étincelant, mèche en bataille, menton romain, lèvre dédaigneuse. Déjà, on l’appelle Plonplon... Sa soeur, Mathilde, sourire et teint éclatants, taille souple, mince, élancée, épaules ployées très "mode", profond yeux noirs, admirables cheveux blond, en un mot : une bombe.

 Elle écrira d’elle-même, sans inutile modestie : "Quant à moi, je puis dire que j’étais certainement une belle fille. La fraîcheur de mon teint était extraordinaire ; en m’appliquant étroitement une feuille de rose sur la joue, il fallait, pour la décourvrir, chercher attentivement."

 Il y a plusieurs mois que Louis n’a vu Mathilde. Il ne saurait qu’être frappé par l’extraordinaire épanouissement d’une cousine parvenue à l’âge de Juliette.

 Alors ?

 En apercevant ce cousin, elle a le regard amusé de toute jeune fille sûre d’elle-même. Le premier jour, elle est déçue. Louis la snobe. Qu’à cela ne tienne ! Le soir elle descend à la salle à manger, si décolleté que Jérôme se fâche. C'est vrai quoi à la fin, à un moment donné, il faut arrêter les conneries.

 Valérie Masuyer, la demoiselle d’honneur, constate : "Il avait raison, c’était trop de nu. mais tout ce qu’elle montrait était si joli qu’il y avait plaisir à regarder. Aussi, le prince la dévorait des yeux. Chez lui la chair est faible."

 Jérôme parti, le flirt se poursuit de plus belle, observé attentivement par la perspicace Valérie Masuyer. C’est fait : Louis est amoureux et cette fois il semble que c’est la bonne.

 Mathilde ?

 Valérie s’avoue moins sûre des sentiments de la jeune fille. Ma Mamie n’y voit qu’une inconsciente jalousie. Elle en rajoute une couche : "Elle le poursuit dans tous les coins ; il faut qu’il s’occupe d’elle constamment."

 Jour après jour, Valérie note les progrès de la "passion" du prince. Hortense qui rêve à sa jeunesse enfuie observe, elle aussi - mais sans amertume -, le jeu très féminin de Mathilde.

 Les jours passent et ils ne se quittent plus. Il se met à genoux et fait près d’elle toutes les singeries d’un homme amoureux. Pour se donner l’air sentimental, elle affecte de ne pas manger, mais se bourre de gâteaux en cachette. Nos amoureux affectionnent les longues promenades qui vont bien avec les petits mots qui vont avec.

 On guette les symboles. Un soir d’orage, un arbre se brise devant Louis. Aussitôt, il voit là une marque : "Notre mariage sera rompu par le sort !"

 Le lendemain, le ciel est sans nuage, et le présage oublié.

 La suite ? Les fiançailles avant la séparation au retour de Jérôme. La veille du départ, Mathilde, les yeux brillants de larmes, tend à Louis une canne dont le pommeau d’or représente une tête de chien.

"Faites attention, murmure-t-elle, que c’est un symbole de fidélité..."

 Lui passe au doigt de sa "fiancée" une bague ornée de myosotis en turquoise : "Vergiss mein nicht. Ne m’oubliez pas..."

Tout est dit. Alors bien sûr, pour le mariage, il faudrait convaincre le roi Louis. On s’y emploierait... Donc, le 25 mai 1836, Mathilde et Louis, éplorés, se séparaient pour quelques semaines. Pourtant, ils ne se revirent que douze ans plus tard. Entre temps, elle épousa un prince russe.

 Un jour, seulement, il lui dira avec un peu de tristesse :

"Mathilde, si vous l’aviez bien voulu, vous seriez ici, maintenant."

Elle n’avait pas voulu...

 Elle n’eut jamais de remords, mais sûrement regretta son "erreur". Elle camoufla ses regrets en raillant son impérial cousin :

"Un homme qui ne se met jamais en colère. Mais moi, si j’avais épousé cet homme-là, il me semble que je lui aurais cassé la tête pour savoir ce qu’il y avait dedans !"

C’est alors que vint Eugénie...

 Elle va lui résister et ça, il ne peut pas le supporter.

 Les jours passent et elle se refuse toujours . elle hausse les épaules quand sa mère la chapitre sur ce point très précis.

 Faut-il croire un chroniqueur ? A Compiègne, Napoléon aurait été jusqu’à s’introduire, de nuit, dans la chambre de la jeune fille. L’architecte Lefuel aurait collaboré à cette entrée avec effraction, en perçant le mur de la chambre d’Eugénie. Celle-ci demeura très calme. Elle ramena sur elle les couvertures, et elle dit seulement :

"J’avais cru venir dans la maison d’un gentleman."

Tout penaud, l’Empereur des Français "reprit sa route mystérieuse, emportant sa courte honte et mordu par un amour qui ne le laissait plus son libre-arbitre".

 

 Mais les difficultés s'amoncelaient. Tous les proches soulignaient l’effet désastreux d’un mariage avec Eugénie de Montijo. Les jours passaient.

 Napoléon ne se décidait pas à trancher dans le vif. Epouser Eugénie coûtait à l’Empereur. Renoncer à elle coûtait à l’homme.

La suite ? Une demande en mariage avec une réponse positive à la clé. Et au diable les varices.

 Le vieux Dupin ajouta : "L’empereur fait bien d’épouser qui lui plaît et de ne pas se laisser marchander quelque scrofuleuse princesse d’Allemagne aux pieds larges comme les miens. Du moins, lorsque l’Empereur baise sa femme, ce sera par plaisir et non par devoir."

Le peuple approuva.

La fin ? Des mauvaises langues ont dit que l’empereur couchait avec toutes les femmes sauf avec l’impératrice. C’est faux. Enfin, c’est pas tout à fait vrai.

 "L’impératrice, je lui ai été fidèle pendant les six premiers mois de notre union, dira plus tard Napoléon III à la princesse Mathilde, mais j’ai besoin de petites distractions, et je reviens toujours à elle avec plaisir."

Il faut dire aussi qu’Eugénie était froide comme un frigo. Elle avouait ne rien comprendre à l’amour physique. De l’incompréhension, on passe vite au dégoût ; un jour elle dit de l’amour : cette "saleté". On comprend que Napoléon ait cherché ailleurs la chaleur qu’il ne trouvait guère dans son lit conjugal.

 Peut-être avait-il sa part de responsabilité. S’il faut en croire certaines confidences, ce frénétique n’était pas un amant très satisfaisant. On peut même parler de très mauvais coup. L’une de ses belles amies que ne connaît pas ma Mamie en fit l’aveu, sous une forme originale :

"L’empereur ? dit-elle en faisant la moue, on sait tout de suite ce qu’il pense..."

 Eugénie apprit vite les "écarts" de son mari. Elle en souffrit.

 Elle choisit le plus mauvais parti : elle se montra jalouse, en privé et en public. Lui courbait la tête attendant que s’éloignât l’orage.

 Eugénie, à bout d’imagination, avoua :

"J’ai tout essayé, même de le rendre jaloux !"

 Pauvres ruses bien innocentes. Les liaisons de Napoléon apparaissent bien plus consistantes. Des femmes promptes à obéir à son désir, il en trouva dans toutes les classes, et en tous les lieux, mais d’abord à sa cour.

 Quant à Eugénie, on peut comprendre sa souffrance, ce règne qui s’est ouvert par un mariage d’amour s’est par trop fermé à l’amour. Il est triste que l’amour se soit surtout cantonné dans l’adultère. Mais l’amour supporte mal les barrières.

 Le jour vient - toujours - où il les rejette. Où il reprend dans la vie la seule place qu’il tolère et exige : la première. 

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 10:50

plonplon.jpeg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

Une photo de Plonplon qu'on ne présente plus. Tout a été dit sur lui. Pire : tout a été écrit. Mais connaissez-vous la rencontre insolite entre Anna Deslions et Plonplon ? Ma Mamie me l'a raconté il y a longtemps déjà. Magnéto Mamie :

 "Plonplon ne se résignait pas à vivre une vie sans attraits. Du coup, il cherchait ailleurs des "dérivatifs" à sa nostalgie. Il les trouvait chez de jolies femmes - nombreuses, accueillantes - qui successivement s’essayaient à retenir ce blasé.

Un jour "Plonplon" se mit en quête d’une maîtresse nouvelle. Les autres avaient cessé de lui plaire. Mme Arnould ne présidait plus les dîners de l’avenue Gambetta. Cora Pearl ? Une passade. Qui choisir ?

Le journaliste eut une idée soudaine :

"Votre Altesse connait-elle Anna Deslions ?"

 Sur la réponse négative de Plonplon, Girardin se récria. Il n’y avait point à tergiverser : c’est Deslions qu’il fallait à Plonplon !

L’entrevue se déroulerait chez une autre "lionne" fameuse : Esther Guimond.

 Girardin n’avait nullement exagéré. Anna Deslions était une créature superbe.

 Ses admirateurs vantaient "ses seins impertinents par leur fierté, ses épaules tombantes, sa chair de rose et de lait, ses hanches savoureuses".

 A la vérité, le front apparaissait bien un peu étroit, le nez se retroussait d’une façon plutôt canaille. Défauts mineurs, vite oubliés. 

Les raffinés critiquaient son langage, son allure. Les indulgents en souriaient, disaient : "Elle est nature."

Telle quelle, on la considérait comme l’une des trois ou quatre femmes de Paris les plus en vogue...

Esther Guimond chapitra Deslions :

"Je te ferai dîner avec Plonplon. Seulement, il faudra résister ; c’est un homme qui aime qu’on lui résiste.

- C’est bien difficile...

- Difficile peut-être mais indispensable."

 

 Au dîner, Anna se présenta vêtue d’une robe somptueuse laissant nus ses bras et ses épaules. Esther Guimond, avant de passer à table, lui souffla - ultime conseil : "Résiste !"

 Plonplon, visiblement, était enchanté. Dès le potage, il se montra empressé, gaillard.

 Au rôti, il ne s'embarrassait plus de préliminaires. Ses allusions se faisaient de plus en plus directes, ses plaisanteries de moins en moins voilées. Le naturel reprenant le dessus, Anna riait aux éclats. Esther Guimond multipliait les coups d’oeil furieux. En vain.

Avec des mimiques à rendre jalouse une actrice de l’Ambigu, elle répétait son avertissement si précieux :

"Résiste !" Alors Anna baissait les yeux, prenait l’air pudique d’une pensionnaire effarouchée. Puis, une minute plus tard, sur une polissonnerie bien appuyée de Plonplon, son rire éclatait, large, sensuel, sans retenue.

 Au fromage, Plonplon lui prit la taille. Elle s’abandonna avec un évident plaisir. C’en était trop ! Courroucée, Esther se dressa, glissa à l’oreille de sa protégée :

"Anna j’ai deux mot à te dire !"

 L’oreille basse, Deslions se leva, suivit la Guimond jusque dans al pièce voisine. Esther lui brandit le poing sous le nez :

"Ah çà ! veux-tu bien résister, petite malheureuse !"

 Bien plus tard, contant l’anecdote à ma Mamie, Esther Guimond ajoutait en souriant : "Tout ce que je pus obtenir, ce fut de la faire traîner jusqu’à onze heures."

 Il paraît que cela fut très suffisant : cette soirée marqua le début d’une longue liaison.

 La suite ? La suite n’est que littérature.

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 10:40

Paiva-copie-1.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 Une photo de la marquise de Païva, peut-être - sûrement même - la courtisane la plus connue du second empire. De loin.

 Pourquoi ? Comment ? Quel a été son destin ?

Voilà les questions que j'ai posé à ma Mamie pour en savoir plus. Ses réponses ont été sans concession. Extraits :

 Mais d’abord - avant de rentrer dans le vif du sujet -, une constatation d’ordre général. rarement les prostituées sordides des bas quartiers deviennent, sans secours extérieur, les élégantes soupeuses des restaurants lancés. Beaucoup ne le désirent pas. D’autres, plus ambitieuses, ne parviendraient jamais à "s’élever" sans l’ogresse.

 Et c’est un bien déroutant personnage l'ogresse.

 Une femme sans âge qui, reconnaissant en telle biche, en telle lorette quelque beauté, jette les yeux sur elle. Il s’agit de lui insuffler d’abord de l’ambition, si elle en a déjà. Il faut la décrasser, lui donner le goût de la toilette.

 L’ogresse procurera tout : bagues, bijoux, robes et châles, montres et colliers. Tout cela elle le louera. Tel est le secret, le bénéfice de l’opération.

 Le lancement d’une lorette, sa promotion éventuelle au rang de lionne, c’est une spéculation qui devra lui rapporter cent fois sa valeur. Tout se loue, jusqu’à des billets de banque nécessaires pour prouver que l’on a pas besoin d’argent ! C’est ainsi qu’à débuté, dans la carrière, la plus fameuse des courtisanes du second Empire Thérèse Lachman, marquise de Païva.

 Ma Mamie raconte la suite :

"Elle laissait entendre qu’elle était fille d’un grand-duc. A la vérité, elle était née aux confins de la Russie polonaise, d’une famille juive très misérable. Très tôt, on la maria à un petit tailleur de Moscou. Elle s’enfuit, laissant à son mari un enfant trop encombrant. Ses ambitions allaient bien au-delà.

 Etait-elle belle ? Elle s’en persuadait et parvenait à en convaincre les hommes. Surtout, elle était bien roulé, un corps  vraiment splendide. Le visage l’était moins : un nez épaté, de gros yeux, une bouche brutale aux lèvres épaisses".

Mais les yeux "brillaient d’une flamme conquérante". 

Elle accourut à Paris. Après quelques aventures obscures, elle apparut soudain au grand jour - grâce au compositeur Herz qui lui donnait des leçons de piano - dans les milieux artistiques. On l’admira.

Elle se vit lancée. Las ! En 1848, Herz, ruiné, l’abandonnait. 

Elle tomba malade dans la foulée.

 Un jour, elle le suppliait de venir la voir. Il pénétra dans une chambre dénudée, trouva une femme à demi-morte. Il s’assit à côté d’elle. Elle lui dit :

 - "Tu vois où j’en suis... Il se peut que j’en revienne pas... Alors tout est dit... Mais si j’en reviens, je ne suis pas femme à gagner ma vie avec de la confection, et je veux avoir un jour, à deux pas d’ici, tu entends bien, le plus bel hôtel de Paris. Rappelle-toi ça."

 Thérèse se rétablit. Alors intervint l’"ogresse". En l'occurrence, une marchande de modes, nommé Camille. D’un regard, celle-ci avait jaugé la nouvelle lorette et ses ambitions. Sans hésitation, elle lui fournit un "arsenal de toilettes pour son grand coup".

Elle réussit son grand coup.

 Dans son lit passa entre autres le duc de Guiche, plus tard, le duc de Gramont, l’un des amants de Marie Duplessis, la dame aux camélias... Une véritable consécration pour Thérèse Lachman.

 Une chose l’agaçait : son nom. Il ne convenait pas au genre de vie qu’elle s’était choisi. Elle aurait pu adopter un pseudo. Ainsi Emma Cruch était-elle devenu Cora Pearl.

 Thérèse n’était pas femme à se contenter de ces subterfuges. Un Portugais, à demi ruiné, le marquis Ajauro de Païva lui faisait la cour. Elle se refusa à lui. Puis, comme il s’avouait "dévoré d’une passion ardente", elle lui proposa, comme une grâce, de l’épouser.

 Fou de joie, il accepta.

 Le lendemain du mariage, s’il faut en croire ma Mamie, la nouvelle marquise de Païva tint à peu près ce langage à son amoureux satisfait :

"Vous avez voulu coucher avec moi et vous y êtes parvenu en faisant de moi votre femme. Vous m’avez donné votre nom, je me suis acquittée cette nuit. J’ai agi en honnête femme, je voulais une position, je la tiens, mais vous, monsieur de Païva, vous n’avez pour femme qu’une putain, vous ne pouvez la présenter nulle part, vous ne pouvez recevoir personne : il est donc nécessaire de nous séparer, retournez au Portugal, moi je demeure ici avec votre nom et je demeure putain."

 Il y eut séparation de corps et de biens. Plus tard, définitivement ruiné par les femmes et par les chevaux, Païva se fit sauter la cervelle.

 Thérèse, restée Mme de Païva, augmenta naturellement ses tarifs.

 Dans sa chambre, elle avait fait placer - quel symbole ! - deux coffres-forts, l’un pour l’argent, l’autre au pied du lit pour les bijoux.

 Certaines de ses aventures ne se déroulèrent pas sans étrangeté. Ainsi en fut-il avec l’un de ses soupirants que, par caprice, elle laissait depuis des semaines sur son désir.

Un matin, elle lui dit :

"Vous voulez absolument coucher avec moi, vous y tenez, c’est votre idée fixe, il faut donc en finir avec votre idée fixe, il faut donc en finir pour vivre en paix avec vous. Que pouvez-vous m’offrir ? Je veux vous faire acheter la faveur que vous sollicitez. Avez-vous dix-mille francs ?"

 Le "solliciteur" ouvrit des yeux étonnés ; il répondit négativement. La Païva sourit, de ce sourire cruel qui, entre les lèvres épaisses, laissait voir ses dents parfaites, acérées.

"Vous avez bien répondu, dit-elle, car si vous aviez avoué posséder dix mille francs, je vous en demandais vingt mill. Puisque vous n’avez pas dix mille francs, apportez-les moi, nous les brûlerons, et je serai à vous aussi longtemps que durera ce feu de dix mille francs."

Le jeune homme salua et dit :

"A demain, marquise."

 Le lendemain, quand ce soupirant trop empressé pénétra dans son boudoir, la Païva lui décrocha l’un de ces regards d’ironie qui eussent glacé un homme moins aveuglé.

Lui ne pensait qu’au but - très précis - de sa visite.

 Il sortit de son portefeuille les billets et sans mot dire les tendit à la femme. Douze billets ! Deux de plus qu’il n’avait été prévu : le sacrifice était plus complet, mais ces deux billets de mille francs représentaient quelques précieuses secondes...

 La Païva prit les billets, les disposa en cercle sur le guéridon de marbre. Ainsi placés, ils ne pouvaient brûler que les uns après les autres. Elle mit le feu au premier. Puis allongée sur le divan, elle attendit.

 Il n’était pas question de préliminaires. le jeune homme vola dans les bras de la courtisane et profita de sa bonne fortune, "en homme qui connaît le prix du temps".

 Quand il se releva, la Païva, goguenarde, le regardait.

 Sur le guéridon, un petit tas de cendres demeurait, seul témoin de ces épanchements contre la montre. Tranquillement, le jeune homme se réajustait.

"Alors s’enquit, moqueuse, l’ex-Thérèse Lachmann.

 - Alors ? Ma pauvre enfant, je me suis foutu de toi. les billets avaient été si admirablement photographiés par mon ami Aguado que tu y a été trompée."

"A ces mots, dit ma Mamie, la Païva bondit comme une panthère vers l’impudent. La courtisane bafouée aurait voulu poignarder, étrangler l’insolent, mais il y a des cours d’assises.

 Elle se contenta des coups de poignard que la langue peut porter ; elle les prodigua, elle accabla de termes de mépris le satisfait qui n’était plus amoureux et qui partit en époussetant ses genoux."

Il paraît peu probable qu’elle ait pris pour devise celle que Paris lui attribuait ironiquement : "Qui paye y va."

Mais elle la méritait. 

 Sa chance ultime, ce fut la rencontre du comte, futur prince de Donnersmarck. Ce Silésien, l’un des hommes les plus riches d’Europe, propriétaire de mines de zinc d’une valeur incalculable, la vit et l’aima.

 Donnersmarck ne vit rien : de cette prostituée, plus âgée que lui de plusieurs années, il tomba amoureux, sans retenue, follement. Elle joua le jeu éternel, se fit désirer, résista. Il prit au sérieux ce qui n’était qu’une tactique. Il quitta Paris.

 Elle en demeura stupéfaite, dépitée. Perdre le comte de Donnersmarck : c’était trop fort ! Renoncer ? Elle, la Païva ? Elle partit pour Berlin où commença son entreprise de séduction, où elle mit toute sa ruse, qui était profonde, et tous ses moyens qui étaient grands. Elle usa de ces flatteries légères qui enchantent l’âme, de ces rebuffades apparentes qui ne blessent pas l’amour propre. Il s’impatientait, piaffait, mais toujours revenait. Il pria, supplia tant qu’un soir elle se donna.

 Parce qu’il n’y avait dans la vie de Mme de païva qu’un seul dieu : l’argent. Sa nouvelle liaison allait lui permettre de rendre à cette idole le culte le plus étendu et le mieux avoué.

 Elle acheta sur le champ un terrain aux Champs-Elysées.

Les petits journaux annonçaient l’état des travaux. Un jour, Aurélien Scholl s’en revenait des Champs-Elysées. On lui demanda s’il était passé devant l’hôtel en construction de Mme de Païva.

"Où en sont les travaux ?

- Ça va, répondit Scholl. Le principal est fait. On a posé le trottoir."

 

Cet hôtel deviendra le temple de l’amour vénal. Raffinement extraordinaire : l’escalier avec ses marches, sa rampe, ses balustres et son revêtement mural, tout était taillé dans l’onyx.

"Je veux avoir un jour, à deux pas d’ici, tu entends bien, le plus bel hôtel de Paris. Rappelle-toi ça..."

Thérèse Lachmann avait tenu parole.

 

 La fin ? Lefuel lui constuisit un palais à Neudeck. Elle n’en jouit - le mot est mal choisi - pas longtemps. elle avait abandonné Paris très malade. Son exil n’était pas fait pour la remettre. Elle s’alita. Précisément, Donnersmarck venait d’être créé prince.

 Ainsi, Thérèse Lachmann connut-elle cette consécration suprême : mourir princesse.

 

Le temps des courtisanes : Anna Deslions Esther Guimond ; Mme M. ; Napoléon III Plonplon ; La marquise de Païva ; Adèle Courtois ; Cora Pearl ; Mme de Pompadour ; Lola Montès ; La contesse du Barry ; M. de Persigny ; Rosalie Léon ; La reine Hortense 

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Published by Régis IGLESIAS - dans Une photo - là - sous vos yeux
6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 10:17

Adele-Courtois.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 Une photo d'Adèle, la jolie, une des courtisanes qui a le plus défrayé la chronique.

 Parce qu'il faut appeler un chat un chat, Adèle Courtois, elle, sut donner à son âge mûr l'aspect édifiant qui complète le tableau. Sa vie aurait dû constituer pour ses "consoeurs" un exemple d'ordre et d'économie.

 De sorte qu'à l'heure de la vieillesse, elle jouissait fort tranquillement de cent mille livres de rente.

 Doucement, comme par une transition naturelle, les amants avaient disparu, et les prêtres les avaient succédé. Elle habitait le plus bourgeoisement du monde un luxueux appartement de la rue Pierre-Charron. Chaque matin, son cocher la déposait à la messe basse de Notre-Dame-des-Victoires.

 Exemple contagieux : pendant que le valet de pied gardait la voiture, le cocher allait aussi s'agenouiller devant la statue de Saint-Antoine de Padoue...

Comprenne qui pourra.

 Adèle Courtois, ses dévotions achevées, l'apercevait immanquablement. Elle questionnait sa femme de chambre, personne austère s'il en fut :

"N'est-ce pas Jean qui prie là-bas devant l'autel consacré au bon saint Antoine de Padoue ?

- Oui, madame, c'est Jean."

 Le plus pieux des cochers pouvait escompter une gratification en fin de mois...

 La table d'Adèle ne recevait que des religieuses ou des ecclésiastiques. Elle se plaisait à renvoyer le maître d'hôtel, à les servir elle-même.

Elle répétait "sur un ton touchant" : "O mon Dieu, je suis prête. Prenez-moi quand vous voudrez."

 Elle nourrissait neuf pères blancs...

Ni plus, ni moins.

Rideau.

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 10:14

edward.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 Edward VII en personne. Il pose seul, une fois n'est pas coutume. Bref rappel de son pedigree :

 

 Mistinguett d'abord. Le "palmarès" sentimental de la petite reine de l’Eldo comptera des rois, des princes, des milliardaires, et même un maharaja qui, parait-il, la poursuivait avec une cassette remplie de pierreries...

  Ainsi, comment Mistinguett aurait-elle pu échapper à Edouard VII ?

 

 Ce sexagénaire, toujours prétendant au trône d’Angleterre, met en joie les humoristes qui le dessinent chauve, bedonnant, mis au coin par la sévère reine Victoria dénommée "la mère éternelle". loin des affaires du royaume d’Angleterre, et très souvent en France, ce jouisseur pratique le tennis, le patin, le hockey, l’équitation, la conduite automobile... Il apprécie la mer, les bateaux et les femmes, qu’il emmène en croisière.

 

 Toujours tiré à quatre épingles, le prince aime les beaux costumes, les gants, les chapeaux et les élégantes. Il lance à Paris des modes vestimentaires : il oublie un jour de boutonner le dernier bouton de son gilet, et tous les hommes l’imitent. Une autre fois, il retrousse le bas de son pantalon qui est mouillé, aussitôt, les pantalons des hommes s’enrichissent d’un revers. Le futur roi adore la vie parisienne, les restaurants, les spectacles et... les actrices qui montent sur les planches. Alors inévitablement, il murmure un soir à l’oreille de Mistinguett : "Vous êtes l’incarnation même de la Parisienne."

 La suite ? Lorsque le couple a besoin d’un peu d’intimité, il se rend dans l’appartement d’une amie de la Miss, place des Ternes. Jusqu’au jour où le mari de l’amie trouve un chapeau oublié par le prince, se méprend et accable de reproches son épouse innocente.

L’idylle s’arrêtera là. Miss sera séduite par le souverain d’Espagne. Fin de l’histoire pour la subtile Mistinguett.

 

 Mais la subtilité n’est pas le fort de la Belle Otéro.

Sauvageonne à la mode espagnole, Esmeralda des nuits parisiennes, la brune courtisane ensorcelle la gent masculine par ses charmes endiablées. Elle vient de loin. De la misère et de la faim. Ce qui débouche sur un amour fou des bijoux, du jeu et de la "folle vie"... En vingt années d’étreintes hautement tarifées, elle collectionne les têtes couronnées présentes et à venir, les princes et les célébrités : Nicolas II, tsar de toutes les Russies, l’empereur Guillaume II, Alphonse XIII, plus des grands-ducs et des lords à la pelle. Aristide Briand lui-même figure au palmarès... Sans oublier Edouard VII, cela va de soit.

 

 La Belle Otéro jongle avec des fortunes incroyables qu’elle dilapide aussi sec sur le tapis vert, mène un train d’enfer que même ses plus riches amants ne peuvent suivre très longtemps. On se tue pour elle, mais "la sirène du suicide" - c’est ainsi que l’ont surnommée les Américains - n’en a cure. Son cynisme est total.


 Emilienne d’Alençon, de son vrai nom Emilienne André, ce qui correspond plus à son état de fille de concierge, n’a pas le profil racé de Liane de Pougy, ni le charme érotico-exotique de Caroline Otéro. Elle ferait plutôt dans l’audace vestimentaire et de comportement. lancée dans le demi-monde dès l’âge de quinze ans, lors d’une soirée privée et par la grâce d’un streap-tease échevelé, elle séduit le jeune duc d’Uzès qui a le bon goût de mourir avant de se retrouver complètement sur la paille. La suite n’est qu’une longue liste d’"amis" très éclectique : Léopold, le roi des Belges ; Jacques Hennessy, le cognac ; Polin, le comique-troupier : Alec Carter, le jockey... sans oublier évidemment l’incontournable Edouard VII.

Liane de Pougy, elle, quitta la "folle vie" en épousant un prince authentique, le prince Ghika. A la mort de celui-ci, l’ancienne courtisane se retirera dans un couvent et deviendra soeur Anne-Marie-Madeleine. Elle décèdera en 1950, le jour de Noël.

 

 La Belle Otéro s’est retirée de la scène à l’âge de quarante-cinq ans. Avant de mourir dans l’incendie de son très modeste meublé qu’elle occupait à Nice, elle jeta sa fortune colossale sur les tapis verts jusqu’au dernier centime. Pour preuve, cette rente mensuelle que lui versa la Société des jeux de Monte-Carlo jusqu’à la fin de sa vie.

 

 Emilienne d’Alençon quant à elle se maria à un jockey célèbre qui fut tué pendant la première guerre mondiale. A la fin de sa vie, elle sombra dans la drogue.

 

Rideau.

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 09:27

CoraPearl.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 Une photo de Cora Pearl, en chair et en os.

 Elle s'appelait de son vrai nom Emma Cruch. On comprend qu'elle en ait changé.

 Elle était anglaise et nullement jolie. Elle inaugura le visage contrasté : cheveux teints éclatants, lèvres ensanglantées de pourpre pour donner des idées et joues vernissées au blanc d'argent.

 Le prince Gortschakoff jurait qu'elle était "le dernier mot de la luxure". Elle aussi "gagna" des millions et ne sut pas les conserver. elle n'avait pour elle que de monter superbement à cheval. Un jeune homme éconduit par elle se tira un coup de revilver. Bien des années plus tard, il la revit dans une loge de yhéâtre. Il dit à ma Mamie :

 "Quand je pense que je suis resté trois mois entre la vie et la mort à cause de cette ignoble rosse, que je ne toucherais pas aujourd'hui avec des pincettes, je me demande où j'avais la tête..."

 Un autre ne se rata pas. Il s'appelait Alexandre Duval. les journaux précisèrent qu'il était "fils de M. Duval, dont le nom est fort connu dans le commerce de la boucherie". Il se tua dans l'appartement même de Cora. Il avait dépensé pour elle une fortune - qui ne lui appartenait pas. Il avait vingt six ans.

 Le 24 et 25 mai 1877, Cora Pearl vendait ses meubles pour désintéresser des créanciers devenus sans pitié. Elle vivait encore en 1885, dans un petit appartement où demeurait, de son ancienne glire, un seul vestige : son portrait en amazone. Sous le cadre, on lisait ces vers de Musset :

 

... Et la riche Angleterre

Plus d'une fois dans l'eau jettera son filet

Avant d'y retrouver une perle si chère.

 

 Elle partageait sa solitude avec une ancienne amie de plaisirs : Eugénie Laforêt. Celle-ci se chargeait, aux heures d'impécuniosité, de faire le tour des anciens admirateurs devenus grands-pères...

 Toute une époque.

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 08:48

comtesse_Du_Barry.jpg"Une photo, là, sous vos yeux...

 

Dans la boutique, tous les clients viennent voir Jeanne, la plus ravissante des vendeuses. Son prénom est plus joli que son nom : Bécu.

 La future Mme du Barry - car c’est d’elle dont il s’agit - est née à Vaucouleurs le 10 août 1743. Elle est la fille d'une couturière de moeurs aussi légères que son aiguille et d’un moine, J.B Gomard de Vaubernier, en religion Frère Ange... mais on n’avait jamais vu un ange d’aussi peu de vertu !

 

 Jeanne, après avoir reçu une bonne éducation dans un couvent parisien était devenue demoiselle de compagnie chez une noble veuve qui acheva d’en faire une exquise jeune fille qui pouvait parfaitement faire illusion sur son origine.

 Seule ombre au tableau, ses parents lui ont légué le goût de l’amour libre - si libre que la noble veuve met sa jeune dame de compagnie à la porte. C’est alors que Jeanne entre chez Labille, où, tout en folâtrant entre les rubans, elle sème des passions...

Il faut dire à son excuse qu’on ne pouvait - même dans les plus beaux rêves - imaginer plus jolie blondeur de dix-huit ans. Et puis, par dessus le marché, elle est sensuelle.

Quant à la grâce de son corps, que l’on devine même lorsqu’on est doué de peu d’imagination, c’est la perfection, une perfection que Jeanne, point égoïste, ne tient nullement à garder pour elle et pour son miroir. Nombreux, dit-on, sont ceux qui ont pu serrer ce corps dans leur bras. On conte même - et ce n’est pas impossible - qu’elle devint pensionnaire d’une de ces maisons de jeu où l’on ne jouait pas seulement aux cartes...

Est-ce là, est-ce dans la boutique de Labille qu’elle est remarquée par ce fripon, ce cynique de Jean du Barry ?

On ne sait au juste.

On sait en revanche qu’il est devenu son amant et qu’il avait des vues sur le trône.

 

On sait aussi que le roi a éconduit Mme de la Popelinière alors que cette dernière s’était - un peu gênée et dans le plus simple appareil - glissée entre les draps de soie du roi.

La suite ? Quand Louis XV la rejoint... Il y a un silence... Puis :

- Madame, soupire le roi, il faut m’excuser, je ne suis plus jeune ; je suis sur que votre personne mérite tous les hommages, mais un roi n’est pas plus un homme comme un autre, malgré la meilleure volonté... Habillez-vous, je vais vous raccompagner.

 

 L’amant de Jeanne était certain que sa maîtresse possédait plus d’imagination que Mme de La Popelinière... Comment le comte du Barry parvint-il exactement à ses fins ? On l’ignore. Mais ma Mamie a son idée derrière la tête...

Il a invité Lebel à dîner chez lui et lui a présenté Jeanne... La-dessus, le valet du chambre fait le récit au roi qui s'enflamme. Il désire voir la merveille annoncée et est ébloui dès le premier regard. Le maréchal Richelieu, cette vieille machine a galanterie, en fut quelque peu étonné :

- Un nouvel astre va-t-il se lever à Versailles ?

- Attendez d’abord qu’il se couche, lui répondit du Barry.

 

Ainsi fut fait... Et "l’astre" contenta le roi au delà du possible.

- Mais en quoi, Sire, Mme de Barry est-elle capable de vous émouvoir ainsi ? demanda Richelieu.

- Mon cher maréchal, vous ne connaissez pas ses charmes ; c’est la seule femme de France qui ait trouvé le secret de me faire oublier que je suis sexagénaire.

 

Quant à l’ex petite grisette, elle trouva le roi à son goût. Et d’une parce que c’était le roi et de deux parce que, même à cinquante-neuf ans, Louis XV avait plus de charme que bien des jeunes gens.

Bref, la merveilleuse aventure de Jeanne Bécu, baptisée pour la circonstance comtesse du Barry, commençait... 

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 07:28

300px-Persigny.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 Une photo de M. de Persigny. En personne.

 Soyons honnête, ma Mamie le connaît peu. En revanche, elle a beaucoup entendu parler de sa femme. Morceau choisi :

"Eglé - joli prénom - appartenait à l’espèce, odieuse entre toutes, des femmes qui "font des scènes".

 Un jour, chez Lord Malmesbury, elle arrive "rouge et furieuse", accablant son mari de reproches acerbes. Pourtant - sitôt le repas terminé -, ils ne s’attardent guère. Un attaché d’ambassade, M. de Jeaucourt, les accompagne à leur voiture. C’est en riant qu’il regagne le salon. Il explique :

"Vous serez bien aise de savoir que, dans le vestibule, M. et Mme de Persigny se sont embrassés."

 Brouilles. Réconciliations. Scènes.

 "Par son humeur vindicative et son caractère capricieux, note ma Mamie, Mme de Persigny rendait la vie intolérable à son mari en dépit du grand amour que celui-ci lui témoignait."


 Eglé jetait l’argent par les fenêtres quand il s’agissait de ses toilettes. Mais "sur le reste", dit un témoin, elle économisait les bouts de chandelle. Surtout, elle faisait de son compagnon, l’un des maris les plus évidemment trompés de l’Empire.

 Les indulgents rappelaient que sa mère avait la raison dérangée. Elle-même n’était certes pas normale. Elle battait ses gens, puis leur demandait pardon en sanglotant.

 On pourrait difficilement  dénombrer ses amants. Ma Mamie note qu’elle "fait l’amour avec plusieurs cocodès à la fois". Elle avait toutes les inconsciences. Un jour, elle osa présenter l’un de ses amants au très sévère président Troplong :

- Monsieur le président, je vous amène mon "darling"

Troplong, qui ne savait pas l’anglais, répondit :

"Je suis très heureux de faire la connaissance de M. Darling."

 L’un des "darlings" fut le duc de Gramont-Caderousse, chef avoué de la haute-noce. Avec lui, Mme de Persigny s’affichait. Elle allait le relancer au château des fleurs, un "bastringue" des Champs-Elysées, et lui faire des scènes en public.

 Pour la petite histoire, Caderousse paria de laisser sur l’épaule de la duchesse "la trace visible d’un baiser". Le lendemain, grand dîner, où paraît Eglé en robe décolleté. Marque rouge sur la peau blanche, la trace promise est bien là.

 Naïvement, Persigny se plaignit à Caderousse de l’inconduite de sa femme. On prétend que l’autre, avec une suprême impertinence, aurait répondu :

"Monsieur le duc, je ne vous permets pas de dire du mal de ma maîtresse."

Rideau.

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 06:47

rosalie-leon.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 Vous avez reconnu Rosalie, évidemment.

Rosa.

 Il serait vain et naïf de chercher à tout prix une morale dans un passé qui est la vie. Si Caroline Letessier - la spécialiste des grands-ducs - mourut dans une quasi-misère ; si Pauline d'Angeville, atteinte de folie érotique, finit dans un asile ; si Jeanne Desproches décéda à vingt-cinq ans de phtisie galopante ; quelques-une, en revanche, surent choisir une porte de sortie qui laisse perplexe sur les goûts et les sentiments de l'aristocratie du temps.

 Celle qu'on appelait la Madone épousa le prince Soltikof et mourut dans un palais. Juliette Beau s'unit à l'un des plus grands seigneurs d'Europe ; elle agréa "son nom, ses titres et ses trésors".

 Le destin de Rosalie Léon est plus incroyable encore. Elle était né à Guipavas, près de Brest. A seize ans, elle était fille d 'auberge. Un acteur en tournée l'enleva, la conduisit à Paris. Un an plus tard, elle était "à la mode".

 Elle connut tous les lions de Paris, jusqu'au jour où la remarqua le prince Pierre de Wittchtenstein, général de division et aide de camp de l'empereur de Russie. Il lui offrit "sa main et ses quarante-cinq millions".

 Le tsar l'avertit qu'il lui faudrait choisir entre ses fonctions officielles et ce mariage insensé.

 Il choisit Rosalie Léon.

 Devenue princesse de Wittchtenstein, on aurait pu la croire comblée. Erreur. Elle s'ennuyait. La dignité de sa nouvelle vie l'accablait. Elle se mit à boire de l'éther. A ce régime, elle mourut tôt.

 Accablé de chagrin, le prince s'exila dans son château de Bretagne et le suivit de près dans la tombe.

 Rideau.

 

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Livre d'or

Première affiche

 

  "MA MAMIE M'A DIT"  

Spectacle nostalgique 

 

"On nous avait promis la magie, promesse tenue : un spectacle plein de féérie de souvenirs où chacun se retrouvait. Une belle énergie. Les résidents ont adoré. Merci." Marie ("La Clairière de Luci" - Bordeaux)
 
"Formidable ! Nous sommes tous remontés dans le temps, nous avons vingt ans, on a ri, on a presque pleuré et surtout on a chanté. Merci." Cathy (Arles)
 
"Un véritable petit chef d'oeuvre" ; "La légion d'honneur pour la créativité" "Un véritable artiste" ; "Après-midi formidable" ; "Absolument parfait" ; "Une rétrospective originale" ; "Un très bon moment d'évasion". Propos recueillis à la résidence Emera d'Angoulême  
 
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux... C'était magnifique. Nous avons revu toute notre jeunesse et notre enfance. Et c'est beau de redevenir jeune dans l'ambiance d'autrefois." Aimée et Janine
 
"Les chansons, les réclames et les anecdotes ont transporté les résidents dans leur enfance. Une après-midi de nostalgie mais aussi de chansons et de rires. Merci encore pour ce magnifique spectacle." Sandrine
 
"Spectacle complet, tellement agréable et thérapeutique pour nos personnes âgées, encore félicitations !" Docteur Souque
 
"Un choix extraordinaire de chansons, des moments magiques, des photos magnifiques, vous nous avez mis de la joie dans le coeur. Et retrouver sa jeunesse avec tous ces souvenirs, ça fait plaisir et j'espère que vous reviendrez nous voir." Mme Lorenzi (Juan-Les-Pins)
 
"Pour ma fête, par un pur hasard je me suis retrouvé dans un club de personnes âgées où j'ai pu assister à votre spectacle sur le passé. Cela m'a rappelé mes grands-parents et mes parents et c'était vraiment un moment magique." Josette, La Roque d'Antheron
 
"Bravo bravo bravo Regis, c'est le meilleur spectacle que j'ai vu depuis que je fais le métier d'animatrice." Bénédicte La Salette-Montval (Marseille)
 
"Je n'imaginais pas lorsque je vous ai accordé un rendez-vous que vous enchanteriez pendant 1 h 1/4 les personnes âgées d'une telle façon. Merci pour votre prestation qui a fait revivre les moments publicitaires, évènementiels et musicaux de leurs vies." Michelle, CCAS de Toulouse
 
"Un super voyage dans le temps pour le plus grand plaisir des résidents. Merci à Régis pour cette magie et à bientôt." Brigitte (Lunel)
 
"Enfin un retour à notre "époque". Quel bonheur, que de souvenirs, quelle belle époque ou l'amitié était de mise. Merci pour cette très belle après-midi, on s'est régalé avec ce très très beau spectacle". Danielle (Mirandol)
 
"Super - divinement bien -  tout le monde était enchanté même que M. Benaben a dit : "Vous nous avez donné l'envie de revivre notre vie"." Sylvie (Sainte Barthe)
 
"Un grand merci pour ce bon moment et je crois, je suis sûre, qu'il a été partagé par mon mari." Mme Delbreil
 
"Une féérie de l'instant." Christian
 
"Beaucoup d'émotion dans ce spectacle plein de chaleur et d'humanité." Sylvie
 
"Une soirée inoubliable. Continuez à nous émerveiller et faites un long chemin." Claude
 
"Le meilleur spectacle que j'ai jamais vu. De loin." Tonton Kiko
 
"C'est bien simple, je n'ai plus de Rimmel !" Claudine (seconde femme de Tonton Kiko)
 
"A ma grande surprise, j'ai versé ma larme. Tu as atteint mon coeur. Bravo pour ces sentiments, ces émotions fortes, j'ai eu des frissons par moment." Ta couse Céline
 
"Redge, encore un bon moment passé en ta présence. On était venu plus pour toi que pour le spectacle, mais quelle agréable surprise ! On est fier de toi, continues d'oser, de vivre !" Pascale
 
"J'avais froid, un peu hagard, l'humeur moribonde et puis voilà, il y a toi avec toute ta générosité, l'intérêt, l'affection que tu as toujours su apporter aux autres, à moi aussi et Dieu sait si tu m'as rendu la vie belle depuis qu'on se connaît comme tu as su le faire une fois de plus." Jérôme
 
"Ce spectacle est nul à chier et je pèse mes mots." Gérard
 
memoria.viva@live.fr

Ma Mamie m'a dit...

Madka Regis 3-copie-1

 

COLLECTION "COMEDIE"

Mamie est sur Tweeter

Mamie n'a jamais été Zlatanée !

Mamie doit travailler plus pour gagner plus

Mamie, tu l'aimes ou tu la quittes

"Casse-toi pauvre Régis !"

Papi a été pris pour un Rom

Mamie est sur Facebook

Papi est sur Meetic

Il y a quelqu'un dans le ventre de Mamie

Mamie n'a pas la grippe A

La petite maison close dans la prairie

 

COLLECTION "THRILLER"

Landru a invité Mamie à la campagne...

Sacco et Vanzetti

Mamie a rendez-vous chez le docteur Petiot

La Gestapo française

Hiroshima

 

COLLECTION "SAGA"

Les Windsor

Mamie et les cigares du pharaon

Champollion, l'homme qui fit parler l'Egypte

Mamie à Tombouctou

 

COLLECTION "LES CHOSES DE MAMIE"

Mamie boit dans un verre Duralex

Le cadeau Bonux

Le bol de chocolat chaud

Super Cocotte

Mamie ne mange que des cachous Lajaunie

 

COLLECTION "COUP DE COEUR"

Mamie la gauloise

Mamie roule en DS

Mamie ne rate jamais un apéro

Mamie et le trésor de Rackham le Rouge

 

COLLECTION "DECOUVERTE"

Mamie va au bal

La fête de la Rosière

Mamie au music-hall

Mamie au Salon de l'auto

 

COLLECTION "SUR LA ROUTE DE MAMIE"

Quand Papi rencontre Mamie

Un Papi et une Mamie

Mamie fait de la résistance

Mamie au cimetière

24 heures dans la vie de Mamie

 

COLLECTION "MAMIE EXPLORE LE TEMPS"

Jaurès

Mamie embarque sur le Potemkine

Mamie et les poilus

Auschwitz

 

COLLECTION "FRISSONS"

Le regard de Guynemer

Mr et Mme Blériot

Lindbergh décroche la timbale

Nobile prend des risques

 

COLLECTION "MAMIE EN BALLADE"

Mamie chez les Bretons

Mamie voulait revoir sa Normandie !

La fouace Normande

La campagne, ça vous gagne...

Mamie à la salle des fêtes

Launaguet

La semaine bleue

Le monastère

 

COLLECTION "MAMIE AU TEMPS DES COURTISANES"

Lola Montès

Les lorettes

Mme M.

Napoléon III

Plonplon

La marquise de Païva

Mme de Pompadour

Générique de fin