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7 juillet 2012 6 07 /07 /juillet /2012 16:47

doisneauamants.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 Une photo où il fait beau. Très beau même, surtout dans la tête de Bertrand et Joséphine s'enlacent - et s'embrassent - comme si l'amour devait durer toujours. Pourtant, si on en croit Bertrand, ce ne fut pas toujours le cas...

 "Bien sûr, nous eûmes des orages. Qui n'en a pas eu après vingt ans d'amour ? Je ne compte pas les fois où elle pris son bagage. Ni les fois où je pris mon envol. C'est comme ça, avec le temps, elle a perdu le goût de l'eau et moi celui de la conquête.

 On s'est rencontré pendant la guerre. Quand elle a été terminé, on s'est installé ensemble. La boulette. N'est-ce pas le pire piège d'être en paix pour des amants ?

 Résultat des courses : Elle pleure un peu moins tôt et je me déchire un peu plus tard mais c´est toujours la tendre guerre


 Le mot de la fin claque comme une brise au petit matin :

"Oh, mon amour...
Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour
De l´aube claire jusqu´à la fin du jour
Je t´aime encore, tu sais, je t´aime.

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 23:08

doisneau.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

Tonton Kiko a quatre ans quand la famille s’agrandit. Toute la famille lui annonçait sa venue :

- Alors, mon Kiko, tu vas avoir une petite soeur ?

 

Il n’y tenait guère. Il préférait ne pas y penser. Une petite soeur tout de même...

 

Un jour, Papi l'embarque et l’amène devant un bâtiment inconnu pour lui. Au long des couloirs, les gens circulent vêtus de blancs. Dans la chambre ou Papi le fait entrer, il pousse un cri en découvrant Mamie allongé sur un lit, en peignoir rose. Il se jette dans ses bras et elle lui désigne deux berceaux accolés :

 - Va embrasser tes petits frères, mon chéri. Ils s’appellent Jacques et Georges.

 

Usant d’un mot totalement inconnu de mon oncle, elle précise : "des jumeaux". Et la petite soeur ? Pour la première fois de sa vie, tonton a douté de la parole des grandes personnes. Durant la grossesse de Mamie, le médecin accoucheur, professeur à la faculté de médecine d'Albi, n’y avait vu que du feu. Au cours des dernières semaines, il s’émerveillait :

- Quel enfant robuste ! Il y a une minute (montrant le point précis du ventre de sa patiente), il était là et maintenant (montrant l’opposé), il est ici ! 

 

C’est après avoir lui-même mis au monde Georges que, penaud - c’était le moins -, il avait murmuré :

- Je crois qu’il y en a un autre...

 

Ainsi ont pris place, dans la famille, les premiers jumeaux. Tonton Georges m’a toujours dit : 

- Je n’ai pas eu d’enfance personnelle. On ne parlait ni de Jacques, ni de Georges. On disait : les jumeaux.

 

 Compliqué les jumeaux, des bébés de quelques mois qui - alternance bien connue des parents de jumeaux - hurlent la nuit chacun leur tour.

 

 Compliqué les jumeaux, surtout pour leurs anniversaires. Infortunés bambins dont la famille équilibre quasi scientifiquement les cadeaux de l’un afin d’éviter toute jalousie de l’autre.

 

 Compliqué les jumeaux, surtout que comme dit Mamie, Georges est tellement narcissique qu'il n'arrête pas de regarder Jacques !

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 21:35

zizi.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 On voit Antoine et Charles en train de faire pleurer la fauvette. Mieux : en train de faire sangloter mignonne selon l'expression prostatée.

 La voisine de ma Mamie - en connaisseuse -, a décidé de mettre les points sur les "i" de leur bigoudi. On l'écoute tendrement : "Le petit Antoine n'aura pas un gros touflu comme celui de Gino le rital. Son p'tit joufflu ressemblera plus à celui de Tonio le corse. On sera - enfin, je pense - quand même loin du mont pelé du Gabonnais qui s'était pointé dans la sacristie la balette infernale en pogne. Comme disaient les bonnes soeur qui mataient l'engin comme des gardiens de phare : on dirait un vorasse qui tombe dans les godasses. Là, on se rapprochera quand même plus du grand ridé de Bobby les Manchettes.

  Quant à la petite chose et aux deux orphelines de Charles, c'est une autre histoire. Quand je vois sa bistouquette, je ne peux pas m'empêcher de penser au p'tit chapeau violet de Paulo les P'tits pieds. Ou au gros col roulet de Riton Gueule en or. On sent un impulsif qui monte dans le calcif comme la zigounette de Dédé le Morphale."


 Ceci étant écrit, les zizis de Charlot et de Tonio deviendront-ils comme le zizi tout propre du blanchisseur qui amidonne la main de ma soeur ? La question est sur toutes les lèvres.

 La réponse de ma Mamie me stupéfait encore aujourd'hui, elle a dit, je ne fais que citer :

 - Ô gué, Ô gué !

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 21:11

velo.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

Une photo de Paulette quand elle partait de bon matin. Avec les copains. 

  Ses copains ? Il y avait Fernand. Il y avait Firmin. Il y avait Francis et Sébastien.

  Et puis Mamie.

 

 De mémoire - vive -, sur les petits chemins de terre, ma Mamie a souvent vécu l’enfer pour ne pas mettre pied à terre. Surtout devant Firmin. Il faut dire qu’il y mettait du coeur.

 C’était le fils du facteur. 


A l’époque, quand ils approchaient la rivière, ils déposaient dans les fougères leurs bicyclettes avant de ses rouler dans les champs faisant naître un bouquet changeant de sauterelles, de papillons et de rainettes.

 

Sur la photo, on voit Marcel pousser Paulette. En secret, il espère toujours prendre furtivement sa main, oubliant un peu les copains. En cachette, il se dit que c'est pour demain avant d'en rajouter une couche : "J'oserai, j'oserai demain, quand on ira sur les chemins...

A bicyclette".

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 21:01

bal2.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 Une photo légendée par Antoine qu'on lit religieusement :

"A mon premier baiser, la fille qui me "reluquait" depuis le début du bal faisait partie de ces mignonnes dont on dit volontiers, lorsqu’on en voit une danser : "Celle-là, si elle me disait oui, je ne lui dirais pas non !" 

Ou comme tu dis : "Si elle était dans mon lit, je n’irais pas dormir dans la baignoire."

C'est kif kif bourricot. 

En plus, mon papa n’était plus là pour veiller sur ma vertu. Une aubaine. Tu rajoutes là-dessus la chevelure châtain clair de la belle, ses grands yeux verts aux longs cils et la magnifique "avant-scène" qu’elle arborait avaient de quoi convaincre.

En tout cas, elle m’a convaincu.

 

 Elle me souriait dès que je croisais son regard et semblait se divertir plutôt de mon air embarrassé chaque fois qu’elle me faisait signe de la main de venir danser avec elle. Les copains me disaient : "Tu attends quoi... qu’elle vienne te violer ?"

 

 Ni une, ni deux, je lui ai proposé un verre. Là, à ce moment très précis, elle m’a dit : "Je n’ai pas soif, je préfère aller me promener avec toi dans les peupliers."

 Bref, ce fut elle qui prit ma bouche d’assaut, à peine arrivés dans l’obscurité des peupliers. Elle était ardente à l’ouvrage. Ses mains pétrissaient ma nuque pendant que je lui rendais - maladroitement -, ses fougueux baisers.

 De mon côté - et même si elle était plus délurée que moi -, je ne restais pas inactif et j’arrivais à tirer mon épingle du jeu (si je peux me permettre l’expression). Je lui caressais alors voluptueusement un sein tout en l’embrassant, c’est à peu près la seule hardiesse que je m’étais permise.

 Je faisais le tour de ce rond et ferme mamelon avec une application qui avait déjà porté mon désir au plus haut lorsque, interrompant notre baiser torride, elle dit soudain, tout en déplaçant ma main vers la droite de sa poitrine : "Tu sais, il y en a un autre !"...

 

 Elle a ajouté dans un murmure : "Il ne faudrait pas qu’il soit jaloux."

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 21:00

Bal-4.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 Une photo prise dans un bal. Les scènes de jalousie, les disputes, les pleurs et même les bagarres faisaient parti du paysage. Cela n'empêchait pas les gens de revenir au bal. Bien au contraire. C'est au bal d'ailleurs que Jacques a eu son premier bisous d'amour. On l'écoute religieusement :

 "Ce petit bal devait bien accueillir trois ou quatre cents danseurs agglutinés les uns aux autres. On ne pouvait oublier bien sûr, assises tout autour les mères venues veiller sur la vertu de leurs filles. 


 Je connaissais bien le chanteur. Un sacré virtuose et aussi un sacré chaud lapin ! Ce cavaleur impénitent emmenait parfois - entre deux danses -, une jolie conquête derrière le café, à l’abri des regards indiscrets des passants et surtout du regard jaloux de sa compagne... 

Il prodiquait ses caresses sur un épais matelas de sacs de patates en jute. Ce dernier devait logiquement adoucir les tendres élans de ces fugaces amours quis e déroulaient sur la terre battue. Mon rôle à moi, dans ces galants et périlleux rendez-vous, était celui du larron qui surveille les alentours durant le délit.


- Si ma femme arrive, m’avait-il dit, tu te mettras à siffler Fleur de Paris.

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 16:54

sissi.jpg"Une illustration, là, sous vos yeux.

 

 La belle Sissi qui a tant fait rêver ma Mamie... Jugez plutôt :

 

 L’empereur François-Joseph arrive. Il toise Hélène, sa promise. Elle lui paraît possible... sans plus. Autant celle-là qu’une autre, après tout. Il lui ferait des archiducs et des archiduchesses. Sa mère serait heureuse, et c’était là le principal.

Oui mais non.

Soudain, son regard tombe sur Sissi. Il est ébloui.

IIl suffit, aujourd’hui, de regarder les photographies d’Elisabeth pour comprendre l’éblouissement de l’empereur devant cette beauté royale.

Les cheveux de Sissi tombent en boucles fauves jusqu’à ses genoux. Son nez est droit comme celui d’une statue grecque. Le front délicatement bondé. La bouche est faite pour le sourire... Grande, souple, flexible, mince avec de délicieuses rondeurs bien placées, Elisabeth est faite à ravir.

- C’est Diane chasseresse ! murmure l’empereur.

Sissi sourit, et lorsqu’elle sourit, deux adorables fossettes se dessinent sur ses joues nacrées.

Ni une ni deux, l’empereur veut l’épouser. Seul problème, Sissi n’a que seize ans. Cela n’a pas d’importance, on la laissera vieillir un peu !

Sa décision est prise. Oublié Hélène sa promise. C’est la seconde fille qu’il veut. Et il l’aura ! Le soir, au dîner, l’empereur ne regarde qu’Elisabeth, délicieuse dans sa robe "couleur pêche". Il ne danse qu’avec elle et il lui fait offrir toutes les fleurs du coin. Hélène n’aura même pas une rose...

 

 François-Joseph est follement amoureux. Quand il voit la jeune fille pour la première fois à cheval, il fond. Quelle souveraine ! Il l’admirera durant quarante-cinq années - comme au premier jour.

 Et elle ?

 Après être demeurée sans voix à la pensée de régner à seize ans sur l’un des plus beaux empires du monde, elle s’est mise à aimer de toute son âme cet homme de conte de fées.

Elle quitte son château pour le rejoindre. Le soir, Elisabeth et François-Joseph sont enfin seuls...

 Et c’est le drame. L’empereur a été habitué aux amours faciles prodiguées par les comtesses hygiéniques de la cour - l’expression est de ma Mamie.

 S’il faut en croire le bien renseigné ambassadeur Maurice Paléologue, l’empereur amoureux "n’a pas su ménager les pudeurs, les ignorances, les délicatesses morales et physique de la jeune épouse. Dès le premier soir, il l’a possédée avec une fougueuse ardeur. Et cette brusque initiation l’a laissée, pour longtemps, meurtrie, méfiante, rétive, désenchantée."

 La suite ? Deux filles, un garçon puis durant des mois et des mois, elle va sillonner le monde. Toujours par monts et par vaux. Lorsqu’elle revient enfin à Vienne n’ayant qu’une seule idée en tête : repartir, elle se rend compte que son "pauvre petit" ne peut continuer à vivre seul. Elle a remarqué que l’empereur regardait complaisamment une jeune comédienne. Elle se nomme Catherine Schratt. Sissi la fait venir, la trouve jolie, vive, enjouée et lui propose de distraire l’empereur et de l’entourer de "douceur, de la grâce, et du parfum d’une présence féminine".

Elle ajoute : "Nous serons maintenant des amies et vous vous occuperez de l’empereur".

 Catherine, stupéfaite, accepte. 

 Désormais, on put voir l’empereur se faire conduire, dès six heures du matin chez Mlle Schratt. Il prenait son café au lait avec elle, lui parlait de Sissi, son grand amour, toujours au loin, mais qui lui écrivait des lettres adorables.

 Il semble que Sissi, devenue une demi-déséquilibrée, une grande malade des nerfs, après avoir fui le despotisme de sa belle-mère et voulu s’évader des pénibles servitudes de son rang, se mit à se fuir elle-même.

- Je sais que je vais vers un but effrayant qui m’est assigné par le destin.

 Ce "but effrayant", elle le trouvera le 10 septembre 1898. Ce matin-là, à Genève, l’Italien Luigi Luccheni - un paranoïaque - lui enfonça dans le coeur une lime de dix centimètres.

 A la même heure, à Schoenbrunn, François-Joseph écrivait à celle qui était toujours pour lui la Sissi d’autrefois :

"Que Dieu te garde, mon ange ! Je te presse dans mes bras de tout mon coeur."

"Ton petit"

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 13:44

bassine.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 Une douche en plein air chez Mémé.

 Mémé m’achetait toujours toutes sortes de petits cadeaux tels que des kaléidoscopes, des canifs ou encore ce petit appareil tout nouveau que l’on plaçait devant ses yeux pour y voir la tour Eiffel ou l’Arc de Triomphe en faisant défiler les photos protégées par du mica.

 Presque tous les mercredi - jour sans école en ce temps-là, elle sollicitait de maman ce morceau de bonheur à vivre avec son petit-fils. Chez mémé, il n’y avait pas d’électricité, pas d’eau courante, pas de chauffage. C’est dans un cagibi qu’on "faisait ses besoins". Quand nous allions cueillir des asperges sauvages, des champignons de rosée ou des pissenlits, mémé, lorsqu’elle était prise d’un besoin pressant, se soulageait debout, les jambes écartées sous son jupon de coton écru, à la lisière dentelée. Sans s’isoler le moins du monde et sans la moindre vergogne, elle écartait les cuisses en compas et arrosait copieusement le gazon à travers sa culotte fendue avec un air d’évidente satisfaction.

 

 "Ah ! ba pla aro !" (traduisez : ça va bien maintenant !) Que ce soit pour faire la soupe ou pour laver ses vêtements, elle charriait plusieurs fois par jour de lourds seaux en fer galvanisé qu’elle remplissait d’eau à la pompe de sa rue. Elle a refusé l’électricité et l’eau à la maison, elle était réfractaire à toute innovation et refusait même d’absorber le moindre médicament.

 "J’ai toujours guéri avec les herbes." Avec Jeanne, sa voisine, elle passaient le plus clair de leur temps à se disputer, voire à s’insulter avec une méthodique détermination.  Des digressions sucrées venaient tout aussi bien fleurir leurs lèvres à propos de leur bonne mine ou de leur dernière tenue vestimentaire.

- Eh bé ! es pla poulit aquel tablier... (Il est bien joli ce tablier). Mais cal abé d’argèn per crumpa aco ! Toutis l’abem pass ! (traduisez : mais il faut avoir de l’argent pour acheter ça, tout le monde n’en a pas).Tout en tricotant chacune devant chez soi, elles rapprochaient leurs chaises de temps en temps, histoire de dispenser à mi-voix quelques coups de patte à une étrangère au quartier qui passait dans la rue."Adiou pitchou ! ba pla ?"

 Que me disait jeanne quand je la croisais."Restoté aquiou ; cas plus parl à ma quello puto ! Aquello garço à la narri pouyrito !" (Reste ici ; il ne faut plus parler avec cette pute. Cette garce, qui a la narrine pourrie !) que disait mémé quand je croisais Jeanne alors qu'elle lui faisait la gueule...

 

 Sans oublier : "Allez, baï ten, saloupario !" que mémé lançait au chien de Jeanne, toujours quand elle lui faisait la gueule...Je me souviens qu'elle rajoutait au cabécou, creusé en son milieu, une demi-cuillerée à café de Rhum - juste pour parfumer ! Cette saveur-là, non plus, je ne l’ai pas oubliée, pas plus que le rituel de l’assiette retournée au terme du repas, afin d’économiser la vaisselle. On "soupait" de bonne heure le soir chez mémé. Elle posait une grosse soupière fumante et odorante dès qu’on en enlevait le couvercle.

 Il y avait un petit morceau de lard au milieu de trois ou quatre pommes de terre, la moitié d’un chou frisé et parfois même quelques jeunes fèves toutes tendres, cuites dans leur cosse. Ce bouillon avait un fumet incomparable.Mémé dépliait alors un gros torchon écru et en sortait une imposante miche de pain. De la pointe de son gros couteau à manche noir, elle traçait un signe de croix sur la face plate de pain quand ce dernier n’était pas entamé.

 Puis d’un geste sûr et franc, elle prélevait deux larges tranches découpées en sifflet qu’elle couchait au creux des assiettes calottes ornées d’une tulipe rose, elle versait dessus l’odorant bouillon. A la fin, la belle tulipe rose était propre comme un sou neuf. Il ne restait plus rien.

 

 "Si tu viens la semaine prochaine, on ira aux pradélets" ou "Je te ferai une millassine ou des crêpes" ou "J’te ferais un touraing". Ah le touraing à l’ail de Mémé ! Ce blanc d’oeuf durci et le jaune cru qui avait auparavant lié son délicieux bouillon, avec cette pointe de divin vinaigre que mémé seule possédait. Comment résister ? Heureux tous ceux qui n’ont pas connu le touraing de mémé, ils n’ont jamais eu à le regretter...- Eh bé !.. on a bien mangé, eh mon pitchou.

- Tu n’as pas fait une millassine ? 

 La délicate touche de fleur oranger, son attirante couleur jaune-brun, l’inégalable onctuosité de ce bouquet de saveurs au sucre vanillé et à l’imperceptible parfum de rhum ambré me faisaient littéralement saliver à l’avance. Dès l’instant de la première bouchée, le temps s’arrêtait. Mémé, sans un mot, suivait du coin de l’oeil la moindre de mes réactions gustative. L’indispensable petit signe de jubilation qu’elle décelait chez moi était sa récompense suprême.

 

 Après que nous avions avalé l’incontournable bol de tilleul pour mieux dormir, mémé disparaissait dans la souillarde pour y enfiler son costume de nuit avant de libérer la somptueuse crinière soyeuse qu’elle avait nouée en chignon. "Je les ai ai jamais lavés qu’une fois par semaine avec du savon de Marseille et rincés avec du vinaigre. C’est ça qui les garde souples...

 Le matin, très tôt, après avoir englouti une dernière tartine de confiture de quetsches, que, le panier à la main, nous partions aux champignons. Une cueillette de cèpes, de  girolles, d’oronges, de rosés ou de trompettes-de-la-mort. Quand sur le chemin du retour, on croisait des promeneurs, elle lançait - immanquablement -, je cite : "Tu les vois ces couillons, après nous, ils ne trouveront rien !" 

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 11:52

duglere5"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 Une photo d'Anna Deslions, au temps de sa splendeur.

 A son sujet, une question est sur toute les lèvres : Est-ce cette Anna Deslions là qui fournit à Zola le modèle de sa Nana ? On l'a affirmé. Les destinées sont parallèles. Comme Nana, Anna Deslions est venue de très bas. Ma Mamie prétendait que la Deslions avait commencé sa carrière dans une maison close.

 Avec cela, un appétit de luxe à quoi elle était prête à sacrifier tout.

 Les Goncourt - qui dans leur journal ne l'ont pas ménagée - racontent que, lorette débutante, elle priait leur domestique, comme d'une grâce, de lui laisser faire le tour de la table servie, avant le retour des maîtres, "pour se régaler les yeux..."

 Comme Nana, Deslions était vulgaire sans rémission. D'ailleurs ses allures canailles ne lui allaient pas mal. Elle traversait des heures de spleen, rêvait tristement à son père - un honnête ouvrier - et au petit logement où elle avait grandi. Là-dessus, elle dépensait quatre à cinq milles francs par mois pour le blanchissage de ses toilettes. Une femme comme une autre, en somme.

 Un peu lourde de corps - comme Nana - dès la tombée du jour, elle aspirait à retrouver son lit.

"Si j'étais riche, disait-elle, je pourrais dormir le soir."

 Malheureusement, les nécessités du métier la contraignaient aux nuits blanches. Quand le prince Napoléon la "lança", elle ne changea rien à ses habitudes.

 Elle ignorait le sens du mot fidélité, même s'il correspondait à ses intérêts. Elle trompa le prince avec le vaudevilliste Lambert Thiboust. Plonplon et lui se rencontrèrent un beau jour dans l'escalier. On se salua sans colère.

"Trompé par un homme d'esprit, dit Plonplon, c'est encore du bonheur.

- Déshonoré par une altesse, répliqua le vaudevilliste, c'est encore de l'honneur."

Toute une époque.

 Ce fut, durant des années, une frénésie de richesses, d'or et de bijoux. On disait qu'elle avait une toilette pour chacun de ses amants, à leur couleurs préférées.

 Elle avait son hôtel rue Lord-Byron. Elle y recevait les hommes de Paris les plus en vue. Chaque nuit, on y jouait gros jeu. Chaque jour, c'était mille fantaisies - plus coûteuses les unes que les autres. Elle ruinait son monde avec une facilité dont elle était la première à s'ébahir.

 Des millions envolés des mains paradoxalement immaculées des Deslions, il ne restait rien. Plonplon la lâcha. On parla moins d'elle. Elle n'était plus à la mode. Elle pluma - pour la forme - encore quelques millionnaires. Mais elle ne vivait plus que de sa réputation passée. Avec l'âge mûr, sa vogue s'acheva. Elle vendit ses dentelles, ses équipages, ses bijoux, ses meubles.

 Elle dut à l'un de ceux qu'elle avait ruinés, un Espagnol du nom de Perez, de ne pas mourir à l'hôpital. Avec ses dernières ressources, il lui loua un petit appartement obscur de la rue Taitbout. Devenu pauvre, il l'aidait à vivre - pauvrement. Puis ce fut la fin.

 Rideau.

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 11:42

Esther.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 Une photo d'Esther Guimond, une des courtisanes les plus en vue du second Empire. Elle était très "à la mode".

 Esther - jolie prénom - savait à peine écrire. Elle ne manquait pas d'un certain esprit populacier qui plaisait à ses clients habituels : Plonplon - encore lui ! - Emile de Girardin, Roqueplan, Dumas fils... Elle ne rougissait nullement de son "état". Un jour, débarquant à Naples, elle s'entend demander sa profession par les douaniers :

Sa réponse fuse : "Rentière.

On ne la comprend pas. De nouveau, on s'encquiert. Alors d'une voix éclatante, elle lance :

"Putain ! Et retenez-le bien pour le dire à l'Anglais qui est là-bas."

 Elle prenait plaisir à susciter les jalousies de ses amants, les rivalités de ses amies. Elle était méchante comme la galle. C'est à cause d'elle, affirme-t-on, que se tua Mme Bazaine.

 Frédéric Loliée a tracé d'elle un portrait accablant : "Elle employa un génie infernal à brouiller les gens, à jeter le doute où la colère dans les âmes, à susciter la discorde à travers les unions régulières ou irrégulières... Elle jouissait avec une inconscience parfaite des discordes qu'elle avait causées."

 Au contraire d'Anna Deslions qui semait autour d'elle des tragédies sans le vouloir - tout en restant "bonne fille" - Esther Guimond, femme redoutable, les sucitait, en parfaite connaissance de cause.

 Il y a une justice immanente, même pour les courtisanes. Cette femme qui avait tant fait le mal mourut d'un cancer, dans des souffrances atroces. Le comte de Lagrené, qui connaissait dans le détail ses malfaisances passées, vient lui rendre une dernière visite. Il la trouva "comprimant ses entrailles de ses mains crispées."

"J'ai là, soufflait-elle, comme un chacal qui me dévore. Oh ! Pourquoi dois-je souffrir ainsi !"Et elle ajouta dans un murmure :"Moi qui n'ait fait de mal à personne !"

 Lagréné la quitta. Dans l'antichambre, attendaient les domestiques effarés. Lagréné leur jeta :"Allez chercher le médecin : elle a le délire !"

Rideau.

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Livre d'or

Première affiche

 

  "MA MAMIE M'A DIT"  

Spectacle nostalgique 

 

"On nous avait promis la magie, promesse tenue : un spectacle plein de féérie de souvenirs où chacun se retrouvait. Une belle énergie. Les résidents ont adoré. Merci." Marie ("La Clairière de Luci" - Bordeaux)
 
"Formidable ! Nous sommes tous remontés dans le temps, nous avons vingt ans, on a ri, on a presque pleuré et surtout on a chanté. Merci." Cathy (Arles)
 
"Un véritable petit chef d'oeuvre" ; "La légion d'honneur pour la créativité" "Un véritable artiste" ; "Après-midi formidable" ; "Absolument parfait" ; "Une rétrospective originale" ; "Un très bon moment d'évasion". Propos recueillis à la résidence Emera d'Angoulême  
 
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux... C'était magnifique. Nous avons revu toute notre jeunesse et notre enfance. Et c'est beau de redevenir jeune dans l'ambiance d'autrefois." Aimée et Janine
 
"Les chansons, les réclames et les anecdotes ont transporté les résidents dans leur enfance. Une après-midi de nostalgie mais aussi de chansons et de rires. Merci encore pour ce magnifique spectacle." Sandrine
 
"Spectacle complet, tellement agréable et thérapeutique pour nos personnes âgées, encore félicitations !" Docteur Souque
 
"Un choix extraordinaire de chansons, des moments magiques, des photos magnifiques, vous nous avez mis de la joie dans le coeur. Et retrouver sa jeunesse avec tous ces souvenirs, ça fait plaisir et j'espère que vous reviendrez nous voir." Mme Lorenzi (Juan-Les-Pins)
 
"Pour ma fête, par un pur hasard je me suis retrouvé dans un club de personnes âgées où j'ai pu assister à votre spectacle sur le passé. Cela m'a rappelé mes grands-parents et mes parents et c'était vraiment un moment magique." Josette, La Roque d'Antheron
 
"Bravo bravo bravo Regis, c'est le meilleur spectacle que j'ai vu depuis que je fais le métier d'animatrice." Bénédicte La Salette-Montval (Marseille)
 
"Je n'imaginais pas lorsque je vous ai accordé un rendez-vous que vous enchanteriez pendant 1 h 1/4 les personnes âgées d'une telle façon. Merci pour votre prestation qui a fait revivre les moments publicitaires, évènementiels et musicaux de leurs vies." Michelle, CCAS de Toulouse
 
"Un super voyage dans le temps pour le plus grand plaisir des résidents. Merci à Régis pour cette magie et à bientôt." Brigitte (Lunel)
 
"Enfin un retour à notre "époque". Quel bonheur, que de souvenirs, quelle belle époque ou l'amitié était de mise. Merci pour cette très belle après-midi, on s'est régalé avec ce très très beau spectacle". Danielle (Mirandol)
 
"Super - divinement bien -  tout le monde était enchanté même que M. Benaben a dit : "Vous nous avez donné l'envie de revivre notre vie"." Sylvie (Sainte Barthe)
 
"Un grand merci pour ce bon moment et je crois, je suis sûre, qu'il a été partagé par mon mari." Mme Delbreil
 
"Une féérie de l'instant." Christian
 
"Beaucoup d'émotion dans ce spectacle plein de chaleur et d'humanité." Sylvie
 
"Une soirée inoubliable. Continuez à nous émerveiller et faites un long chemin." Claude
 
"Le meilleur spectacle que j'ai jamais vu. De loin." Tonton Kiko
 
"C'est bien simple, je n'ai plus de Rimmel !" Claudine (seconde femme de Tonton Kiko)
 
"A ma grande surprise, j'ai versé ma larme. Tu as atteint mon coeur. Bravo pour ces sentiments, ces émotions fortes, j'ai eu des frissons par moment." Ta couse Céline
 
"Redge, encore un bon moment passé en ta présence. On était venu plus pour toi que pour le spectacle, mais quelle agréable surprise ! On est fier de toi, continues d'oser, de vivre !" Pascale
 
"J'avais froid, un peu hagard, l'humeur moribonde et puis voilà, il y a toi avec toute ta générosité, l'intérêt, l'affection que tu as toujours su apporter aux autres, à moi aussi et Dieu sait si tu m'as rendu la vie belle depuis qu'on se connaît comme tu as su le faire une fois de plus." Jérôme
 
"Ce spectacle est nul à chier et je pèse mes mots." Gérard
 
memoria.viva@live.fr

Ma Mamie m'a dit...

Madka Regis 3-copie-1

 

COLLECTION "COMEDIE"

Mamie est sur Tweeter

Mamie n'a jamais été Zlatanée !

Mamie doit travailler plus pour gagner plus

Mamie, tu l'aimes ou tu la quittes

"Casse-toi pauvre Régis !"

Papi a été pris pour un Rom

Mamie est sur Facebook

Papi est sur Meetic

Il y a quelqu'un dans le ventre de Mamie

Mamie n'a pas la grippe A

La petite maison close dans la prairie

 

COLLECTION "THRILLER"

Landru a invité Mamie à la campagne...

Sacco et Vanzetti

Mamie a rendez-vous chez le docteur Petiot

La Gestapo française

Hiroshima

 

COLLECTION "SAGA"

Les Windsor

Mamie et les cigares du pharaon

Champollion, l'homme qui fit parler l'Egypte

Mamie à Tombouctou

 

COLLECTION "LES CHOSES DE MAMIE"

Mamie boit dans un verre Duralex

Le cadeau Bonux

Le bol de chocolat chaud

Super Cocotte

Mamie ne mange que des cachous Lajaunie

 

COLLECTION "COUP DE COEUR"

Mamie la gauloise

Mamie roule en DS

Mamie ne rate jamais un apéro

Mamie et le trésor de Rackham le Rouge

 

COLLECTION "DECOUVERTE"

Mamie va au bal

La fête de la Rosière

Mamie au music-hall

Mamie au Salon de l'auto

 

COLLECTION "SUR LA ROUTE DE MAMIE"

Quand Papi rencontre Mamie

Un Papi et une Mamie

Mamie fait de la résistance

Mamie au cimetière

24 heures dans la vie de Mamie

 

COLLECTION "MAMIE EXPLORE LE TEMPS"

Jaurès

Mamie embarque sur le Potemkine

Mamie et les poilus

Auschwitz

 

COLLECTION "FRISSONS"

Le regard de Guynemer

Mr et Mme Blériot

Lindbergh décroche la timbale

Nobile prend des risques

 

COLLECTION "MAMIE EN BALLADE"

Mamie chez les Bretons

Mamie voulait revoir sa Normandie !

La fouace Normande

La campagne, ça vous gagne...

Mamie à la salle des fêtes

Launaguet

La semaine bleue

Le monastère

 

COLLECTION "MAMIE AU TEMPS DES COURTISANES"

Lola Montès

Les lorettes

Mme M.

Napoléon III

Plonplon

La marquise de Païva

Mme de Pompadour

Générique de fin