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10 novembre 2014 1 10 /11 /novembre /2014 18:31

idh9byiw"Les années.

 

 Les restrictions étaient finies et les nouveautés arrivaient. Elles surgissaient comme dans les contes, inouïes, imprévisibles. 

Il y en avait pour tout le monde, les Stylo Bic, le shampoing en berlingot, le Bulgomme et le Gerflex, le Tampax et les crèmes pour duvets superflus, le plastique Gilac, le Tergal, les tubes au néon, le chocolat au lait noisettes, le Vélosolex et le dentifrice à la chlorophylle.

 On n'en revenait pas du temps gagné avec les potages express en sachet, la Cocotte-Minute et la mayonnaise en tube.

On s'émerveillait d'nventions qui effaçaient des siècles de gestes et d'efforts, inauguraient un temps où, disaient les gens, on n'aurait plus rien à faire.

 On les dénigrait : la machine à laver était accusée d'user le linge, la télévision d'abîmer les yeux. Mais on surveillait et on enviait chez ses voisins la possession de ces signes de progrès, marquant une supériorité sociale.

 Dans la ville, les grands garçons exhibaient leur Vespa et virevolataient autour des filles. Raide fiers sur leurs sièges, ils en emportaient une avec son foulard noué sous le menton, qui les enlaçait par-derrière pour ne pas tomber.

 On aurait voulu grandir de trois ans d'un coup quand on les voyait s'éloigner dans une pétarade au bout de la rue.

 

 La réclame martelait les qualités des objets avec un enthousiasme impérieux, les Meubles Levitan sont garantis pour longtemps ! Chantelle, la gaine qui ne remonte pas ! l'huile Lesieur trois fois meilleure !

 Elle les chantait joyeusement, dop dop dop, adoptez le Shampoing Dop, Colgate c'est la santé de vos dents, rêveusement, il y a du bonheur à la maison quand Elle est là, les roucoulait avec la voix de Luis Mariano, c'est le Soutien-gorge Lou qui habille la femme de goût.

 Pendant qu'on faisait ses devoirs sur la table de la cuisine, les réclames de Radio-Luxembourg, comme les chansons, apportaient la certitude du bonheur de l'avenir et l'on se sentait entouré de choses absentes qu'on aurait le droit d'acheter plus tard.

 En attendant d'être assez grande pour mettre du rouge Baiser et du parfum Bourjois avec un J comme joie, on collectionnait les animaux de plastique cachés dans les paquets de café, les vignettes des fables de La Fontaine dans l'emballage du Chocolat Meunier, qu'on échangeait à la récréation.

 

 On avait le temps de désirer les choses, la trousse en plastique, les chaussures à semelles de crêpe, la montre en or...

 

 Le progrès était l'horizon des existences. Il était dans le plastique et le Formica, les antibiotiques et les indemnités de la sécurité sociale, l'ea courante sur l'évier et le tout-à-l'égout, les colonies de vacances, la continuation des études de l'atome. Il faut être de son temps, disait-on à l'envi.

 

 L'exiguïté des logements obligeait les enfants et les parents, les frères et les soeurs, à dormir dans la même chambre, la toilette continuait de se faire dans une cuvette, les besoins dans des cabinets au-dehors, les cerviettes hygiéniques en tissu-éponge, dégorgeaient leur sang dans un seau d'eau froide.

 Les rhumes et les bronchites des enfants se dégageaient avec des cataplasmes à la farine de moutarde.

 Les parents soigneaient leur grippe à l'Aspro avec un grog.

 Les hommes pissaient en plein jour le long des murs. Des dents manquaient dans toutes les bouches. L'époque, disaient les gens, n'est pas la même pour tout le monde.

 Au printemps revenaient les communions, la fête de la jeunesse et la kermesse paroissiale, le cirque Pinder.

 En juillet le Tour de France qu'on écoutait à la radio, collant dans un dossier les photos de Geminiani, Darrigade et Coppi découpées dans le journal.

 A l'automne, les manèges et les baraques d'attractions de la fête forraine. On prenait pour un an d'autos tamponneuses dans le cliquetis et les étincelles des tiges métalliques, la voix qui tonitruait roulez jeunesse ! roulez petits bolides !

 Sur l'estrade de la loterie toujours le même garçon au nez maquillé de rouge imitait Bourvil, une femme décolletée dans le froid bonimentait et promettait un spectacle torride, les "Folies-Bergère entre minuit et deux heures du matin", interdit aux moins de seize ans.

 On guettait sur le visage de ceux qui avaient osé passer derrière le rideau et ressortaient rigolards des indices de ce qu'ils avaient vu. Dans l'odeur d'eau croupie, et de graillon on sentait la luxure.

 Plus tard, on aurait l'âge de soulever le rideau de la tente. Trois femmes en bikini dansaient sans musique, sur les planches. La lumière s'éteignait, se rallumait : les femmes se tenaient immobiles, les seins nus, face au public claircemé.

 Au dehors un haut parleur hurlait une chanson de Dario Moreno, Ey mambo, Mambo Italiano.

 

 On ne mangeait pas de viande le vendredi. La messe du dimanche demeurait une occassion de changer de linge, étrenner un vêtement, mettre un chapeau, un sac et des gants, voir des gens et être vu, suivre des yeux les enfants de choeur.

 La religion était à la source de la morale, conférait la dignité humaine sans laquelle la vie ressemblait à celle des chiens. "Les gens qui ne se marient pas à l'église ne sont pas vraiment mariés", déclarait le catéchisme. La religion catholique seulement, les autres étant erronées ou ridicules.

 Dans la cour de récréation, on braillait  :

"Mahomet était prophète

Du très grand Allah

Il vendait des cacahouètes

Au marché de Biskra

Si c'était des noisettes

Ce serait bien plus chouette

Mais il n'en vend pas

Alla Allah Allah.

 

 On attendait avc impatience la communion solennelle, préalable glorieux de tout ce qui allait arriver d'important, le certificat d'études ou l'entrée en sixième.

 Après avoir tonné d'une seule voix aux vêpres je renonce au démon et je m'attache à Jésus pour toujours, on pouvait se dispenser ensuite des pratiques religieuses et être certain qu'il y a sûrement quelque chose après la mort.Je me souviens aussi que les riches disaient alors des vendeuses et des dactylos trop bien vêtues "elle a toute sa fortune sur son dos".

 

 L'école, c'était la soumission absolue : porter une blouse, se mettre en rang à la cloche, se lever à l'entrée de la directrice mais non de la surveillante, se munir de cahiers, plumes et crayons réglementaires, ne pas répondre aux observations, ne pas mettre en hiver un pantalon sans une jupe par-dessus.

 Les programmes ne changeaient pas, Le médecin malgré lui en sixième, les Fourberies de Scapin, Les Plaideurs et Les Pauvres gens en cinquième, Le Cid en quatrième, etc., ni les manuels Malet-Isaac pour l'histoire, Demangeon la géographie, Carpentier-Fialip l'anglais.

 Et il fallait toujours chanter la Marseillaise pour l'oral du certificat.

 Le jour des prix, on recevait des livres exaltant l'héroïsme des pionniers de l'aviation, des généraux et des colonisateurs, Mermoz, Leclerc, de Lattre de tassigny, Lyautey.

 On lisait Vaillant et Ames Vaillantes.

 Il fallait préparer "des chics types" et "des filles bien, claires et droites", il était conseillé aux familles d'envoyer leurs enfants aux Louveteaux, Pionniers, Guides et Jeannettes, Croisés, Francs et Franches Camarades.

 Le soir auprès d'un feu de camp où à l'aube dans un sentier, derrière un fanion brandi martialement, aux accents de Youkaïdi, Yukaïda se réalisait l'union enchantée de la nature, l'ordre et la morale.

 Cette jeunesse saine, ces fils et filels de France, allaient prendre la relève de leurs aînés Résistants comme s'était écrié le président René Coty dans un discours vibrant en juillet 54 sur la place de la Gare.

 

 Au dessous de l'idéal : les filles mères, la traite des blanches, les affiches du film Caroline Chérie, les capotes anglaises, les mystérieuses publicités pour "l'hygiène intime, discrétion assurée", les couvertures du journal Guérir, "les femmes ne sont fécondes que trois jours par mois", les enfants de l'amour, les attentats à la pudeur, Janet Marshall étranglée avec son soutien-gorge dans un bois par Robert Avril, l'adultère, les mots lesbienne, pédéraste, la volupté, les fautes inavouables à confesse, les vilaines manières, les livres à l'index, Tout ça parce qu'au bois d'Chaville, l'union libre, à l'infini.

 Le reste ? Les décolletés, les jupes étroites, le vernis à ongles rouge, les sous-vêtements noirs, le bikini, la mixité, l'obscurité des salles de cinéma, les toilettes publiques, les muscles de Tarzan, les femmes qui fument et croisent les jambes, le geste de se toucher les cheveux en classe, ...

 La "cote de moralité"...

 Mais on déjouait la surveillance, on allait voir Manina la fille sans voiles, La rage au corps avec Françoise Arnoul.

On aurait voulu ressembler aux héroïnes, avec la liberté de se comporter comme elles. 

 Dans ces conditions, elles étaient interminables les années de masturbation avant la permission de faire l'amour dans le mariage. Il fallait vivre avec l'envie de cette jouissance qu'on croyait réservée aux adultes et qui réclamait d'être satisfaite coûte que coûte en dépit de toutes les tentatives de diversion, les prières, en portant secret qui rangeait parmi les pervers, les hystériques et les putains.

 Résultat des courses, dans le lit ou les vécés, on se masturbait sous le regard de la société entière.

 

 Les garçons étaient fiers de partir au régiment et on les trouvait beaux en soldats. Le soir du conseil de révision, ils faisaient la tournée des grands ducs pour célébrer la gloire d'être reconnus comme de vrais hommes. Après, ils n'étaient plus des gamins qui ne valaient rien sur le marché du travail et du mariage, ils pourraient enfin avoir une femme et des enfants.

 Sous l'immuabilité, les affiches du cirque de l'année dernière avec la photo de Roger Lanzac, les images de première communion distribuées aux camarades, Le club des chansonniers sur Radio Luxembourg, les jours se remplissaient de désirs nouveaux.

 Le dimanche après-midi, on s'agglutinait à la vitrine du magasin d'électricité générale devant la télévision. Des cafés investissaient dans l'achat d'un poste pour attirer la clientèle.

 Entre la fête foraine et la kermesse, la Quinzaine commerciale s'installait comme rite de printemps. Dans les rues du centre, les hauts-parleurs beuglaient des incitations à acheter, entrecouépes de chansons d'Annie Cordy et d'Eddie Constantine, pour gagner la Simca ou la salle à manger.

 Sur le podium, place de la Mairie, un animateur local faisait rire avec les blmagues de Roger Nicolas et de Jean Richard, rameutait des candidats pour le Crocher ou Quitte ou double, comme à la radio.

 Les gens disaient "ça change" ou "il ne faut pas s'encroûter, on s'abrutit à rester chez soi".

 

 Une joie diffuse parcourait les jeunes qui organisaient des surpats entre eux, inventaient un langage nouveau, disaient "c'est cloche", "formidable", "la vache" et "vachement" dans chaque phrase, s'amusaient à imiter l'accent de Marie-Chantal, jouaient au baby-foot et appelaient la génération des parents "les croulants".

 Yvette Horner, Tino Rossi et Bourvil les faisaient ricaner.

On s'enthousiasmait pour Gilbert Bécaud et les chaises cassées de son concert.Au poste, on écoutait Europe n°1 qui ne passait que de la musique, des chansons et de la réclame.

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Published by Régis IGLESIAS - dans Les souvenirs de ...
8 novembre 2014 6 08 /11 /novembre /2014 17:34

3ad9917b"Les années.

 

 C'est une photo sépia, ovale, collée à l'intérieur d'un livret bordé d'un liseré doré, protégée par une feuille gaufrée, transparente.

Au-dessous, Photo-Moderne, Ridel, Lillebonne (S.Inf.re).

 Chaque mebre de la famille a dû en recevoir un tirage et chercher aussitôt à déterminer de quel côté était l'enfant.

L'entrée dans le monde.

 

 Les jours de fête après la guerre, dans la lenteur interminable des repas, les voix mêlées des convives composaient le grand récit des évènements, ils n'en avaient jamais assez de raconter l'hiver 42, glacial, la faim et le rutabaga, le ravitaillement et les bons de tabac, les bombardements

 L'aurore boréale qui avait annoncé la guerre.

Les bicyclettes et les carrioles sur les routes à la Débâcle, les boutiques pillées.

Les sinistrés fouillant les décombres à la recherche de leurs photos et de leur argent.

 L'arrivée des Allemands - chacun situait précisément , dans quelle ville, les Anglais toujours corrects, les Américains sans-gêne, les collabos, le voisin dans la résistance, la fille qui a été tondue à la libération.

 Le Havre rasé, où il ne restait plus rien, le marché noir. La propagande.

 Les Boches en fuite traversant la Seine à Caudebec sur des chevaux crevés.

 La paysanne qui lâche un gros pet dans un compartiment de train où se trouvent des Allemands et proclame à la cantonade "si on peut pas leur dire on va leur faire sentir".

 

 Sur fonds commun de faim et de peur, tout se racontait sur le mode du "nous" et du "on".

 

 Ils parlaient de Pétain en haussant les épaules, trop vieux et déjà gaga quand on était allé le chercher faute de mieux.

Ils imitaient le vol et le grondement des V2, tournant dans le ciel, mimaient l'effroi passé, avc des feintes délibérations aux moments les plus dramatiques, qu'est-ce que je fais, pour tenir en haleine.

 

 C'était un récit plein de morts et de violence, narré avec jubilation que semblait vouloir démentir par intevalles un "il ne faut plus jamais revoir ça".

 Mais ils ne parlaient que de ce qu'ils avaient vu, qui pouvait se revivre en mangeant et en buvant. On ne aprlait pas des enfants juifs montant dans des trains pour Auscwitz, ni des morts de faim ramassés au matin dans le ghetto de varsovie, ni des 10 000 degrés à Hiroshima.

 Pour finir, ils chantaient Ah le petit vin blanc et Fleur de Paris, en hurlant les mots du refrain, bleu-blanc-rouge sont les couleurs de la patrie, dans un coeur assourdissant. Ils étiraient les bras et riaient, encore un que les Boches n'auront pas.

 

 Les enfants n'écoutaient pas et se dépêchaient de quitter la table dès qu'ils en avaient reçu la permission pour se livrer aux jeux interdits, sauter sur les lits et faire de la balançoire la tête en bas.

 Les médecinsenlevaient les amygdales des enfants délicats de la gorge qui se réveillaient de l'anesthésie à l'éther en hurlant et qu'on forçait à boire du lait bouillant.

 Sur des affiches délavées le général de Gaulle, de trois quarts, regardait au loin sous son képi.

Le dimanche après-midi on jouait aux petits chevaux et au mistigri.

 

 Tout ce qui constituait la première fois depuis la guerre provoquait la ruée, les bananes, les billets de la lotterie nationale, le feu d'artifice.

 Par quartiers entiers, de la grand-mère soutenue par ses filles au nourrisson en landau, les gens se précipitaient à la fête foraine, à la retraite aux flambeaux, au cirque Bouglione. Ils se portaient en foule priante et chantante sur la route pour accueillir la statue de Notre-Dame de Boulogne.

 Le dimanche soir, les cars revenaient de la mer avec de grands jeunes gens en short qui chantaient à tue-tête, grimpés sur le toit à bagages. Les chiens se promenaient en liberté et s'accouplaient au milieu de la rue.

 Ces temps même commençait à être souvenir de jours dorés dont on éprouvait la perte en entendant à la radio Je me souviens des beaux dimanches... Mais oui c'est loin c'est loin tout ça.

 

 On grandissait tranquillement "heureux d'être au monde et d'y voir clair" au milieu des recommandations de ne pas toucher aux objets inconnus et de la déploration incessante à propos du rationnement, des coupons d'hule et de sucre, du pain de maïs lourd à l'estomac, du coke qui ne chauffe pas, y aura-t-il du chocolat et de la confiture à Noël ?

 On commençait à aller à l'école avec une ardoise et un porte-mine. On jouait au mouchoir, à la bague d'or, à la ronde en chantant Bonjour Guillaume as-tu bien déjeuné, à la balle au mur sur Petite bohémienne toi qui voyages partout, on arpentait la cour de récréation en se tenant par les bras et en scandant qui est-ce qui joue à cache-cache.

 On attrapait la gale, des poux, asphyxiés sous une serviette à la Marie-Rose.

 On grimpait à la file dans le camion de la radio pour la tuberculose en gardant manteau et cache-nez.

 On passait la première visite médicale en riant de honte d'être juste en culotte dans une salle que ne réchauffait pas la flamme bleue courant dans un plat rempli d'alcool à brûler sur la table à côté de l'infirmière.

 Bientôt on défilerait tout en blanc dans les rues sous les acclamations lors de la première fête de la Jeunesse, jusqu'au champ de courses où, entre le ciel et l'herbe mouillée, on exécuterait sur la musique hurlante des hauts-parleurs le "mouvement d'ensemble" dans uen impression de grandeur et de solitude.

 Les discours disaient qu'on représentait l'avenir.

L'école était un bref âge d'or dont l'instituteur avait été le dieu rude avec sa règle en fer pour taper sur les doigts.

 Les voix transmettaient un héritage de pauvreté et de privation antérieur à la guerre et aux restrictions : habiter une maison en terre battue, porter des galoches, jouer avec une poupée de chiffon, laver le linge à la cendre de bois, accrocher à la chemise des enfants près du nombril un petit sac de tissu avec des gousses d'ail pour chasser les vers, obéir aux parents et recevoir des calottes, il aurait fait beau répondre.

 Recensaient les ignorances, tout l'inconnu et le jamais d'autrefois : manger de la viande rouge, des oranges, avoir la sécurité sociale, les allocations familiales et la retraite à soixante-cinq ans, partir en vacances.

 Rappelaient les fiertés : les grèves de 36, le Front populaire, avant, l'ouvrier n'était pas compté.

 

 Nous le petit monde, rassis pour le dessert, on restait à écouter les histoires que l'assemblée - oubliant les jeunes oreilles -, ne retenait plus, les chansons de la jeunesse des parents qui parlaient de Paris, de filles tombées au ruisseau, de gigolettes et de rôdeurs de barrrières, Le Grand Rouquin, L'Hirondelle du faubourg, Du gris que l'on prend dans ses doigts et que l'on roule, des romances de grande pitié et de passion auxquelles la chanteuse, les yeux fermés, se donnait de tout son corps et qui faisaient monter des larmes essuyées du coin de la serviette.

 A notre tour, nous avions le droit d'attendrir la tablée avec Etoile des neiges.

 

 Au sortir de la guerre, dans la table sans fin des jours de fête, au milieu des rires et des exclamations, on prendra bien le temps de mourir, allez ! la mémoire des autres nous plaçait dans le monde.

 

 Un répertoire d'habitudes, une somme de gestes façonnés par des enfances aux champs, des adolescences en atlier jusqu'à l'oubli : manger en faisant du bruit et en montrant les aliments dans la bouche ouverte, s'essuyer les lèvres avec un morceau de pain, saucer l'assiette si soigneusement qu'elle pourrait être rangée sans lavage, taper la cuillère dans le fond du bol, s'étirer à la fin du dîner.

 Se débarbouiller seulement la figure chaque jour et le reste selon le degré de saleté, les mains et les avant-bras après le travail, les jambes et les genoux des enfants les soirs d'été, le lavage en grand réservé aux fêtes.

 L'orgueil et la blessure, c'est pas parce qu'on est de la campagne qu'on est plus bête que d'autres.

 

 A la rentrée, on couvrait de papier bleu les livres d'occasion légués par les élèves de la classe d'avant. On apprenait des poésies de Maurice Rollinat, Jean Richepin, Emile Verharen, Rosemonde Gérard, des chants, Mon beau sapin roi des forêts, C'est lui le voilà le dimanche avec sa robe de mai nouveau.

 On s'appliquait à faire zéro faute aux dictées de Maurice Genevoix, La Varende, Emile Moselly, Ernest Pérochon.

 Et l'on récitait les règles de grammaire du bon français.

 Sitôt rentré, on retrouvait la langue originelle, celle qui tenait au corps, liée aux paires de claques, à l'odeur d'eau de Javel, aux bruits de pisse dans le seau et aux ronflements des parents.

 La mort des gens ne nous faisiat rien.

 

 Une photo où on posait comme les stars dans Cinémonde ou la publicité d'Ambre Solaire, d'échapper à son corps humiliant et sans importance de petite fille.

 La plage est déserte. Au dos de la photo : août 1949, Sotteville-sur-Mer.

Difficile de dire à quoi elle pense ou rêve, comment elle regarde les années qui la séparent de la libération, de quoi elle se souvient sans effort.

 Peut-être n'y a -t-il plus déjà d'autres images ques celles-ci, qui résisteront à la déperdition de la mémoire :

Le premier jour d'école à la rentrée de Pâques, elle ne connaît personne.

Pas si bête avec Bourvil.

Des jeux secrets, se pincer les lobes d'oreille avec les anneaux à dents des rideaux.

Peut-être voit-elle comme une immense étendue le temps de l'école derrière elle avec la disposition des pupitres et du bureau de la maîtresse, du tablea, les camarades :

 Françoise qu'elle envie de faire le clown et qui lui a demandé à la récréation de lui prêter son mouchoir, s'est mouchée gras dedans, l'a roulé en boule avant de lui rendre et de repartir en courant, son sentiment de souillure et de honte avec ce mouchoir sale dans la poche de son manteau toute la récréation.

 Evelyne à qu elle a mis la main dans la culotte sous le pupitre et touché la petite boule gluante.

 Fabienne à qui personne ne parlait, envoyée en aérium, qui portait à la visite médicale un caleçon de garçon bleu, taché de caca, et toutes les filles regardaient en riant.

 Les tés d'avant déjà lointains avec les citernes et les puits à sec, la file des gens du quartier montant jusqu'à la borne fontaine avec des brocs à la main, Robic avait gagné le Tour de France.

 

 A moins qu'elle n'ait préféré comme d'habitude les multiples combinaisons de l'imaginaire à partir des livres de la Bibliothèque Verte ou des histoires de La Semaine de Suzette, et le rêve de son avenir tel qu'elle le ressent en entendant des chansons d'amour à la radio.

 Sans doute rien dans sa pensée des évènements politiques et des faits divers, de tout ce qui sera reconnu plus tard comme ayant fait partie du paysage de l'enfance, Vincent Auriol, la guerre en Indochine, Marcel Cerdan champion du monde de boxe, Pierrot le fou et Marie Besnard l'empoisonneuse à l'arsenic.

 

 Les coureurs du Tour dont on suivait les étapes sur la carte Michelin punaisée au mur de la cuisine.

 Quand s'élevait à l'église le grondement vainqueur du cantique Chez nous soyez reine on savait que chez nous désignait là où l'on habitait.

 Paris représentait la beautée et la puissance, une totalité mystérieuse, effrayante, dont chaque rue figurant dans un journal ou citée par la réclame, boulevard Barbès, rue Gazan, Jean Mneur 116 avenue des Champs-Elysées, excitait l'imagination.

 

 Les soirs d'été, on allait à l'arrivée du train express regarder ceux qui étaient allés ailleurs et descendaient avec des valises, des sacs d'achats du Printemps, les pèlerins rentrant de Lourdes. Les chansons évoquant les régions inconnues, le Midi, les Pyrénées, les Fandango du pays basque, Montagnes d'Italie, Mexico, donnaient du désir.

 On se plaignait aux parents, "on ne va jamais nulle part !", ils répondaient avec étonnement "Où veux-tu aller, tu n'es pas bien là où tu es ?".

 

 Qu'on n'arrêtait pas de grandir désespérait les mères, obligées de rallonger les robes d'une bande de tissu, d'acheter des chaussures une pointure au-dessus, trop petites un an après.

 Tout devait faire de l'usage, le plumier, la boîte de peintures Lefranc et le paquet de petits-beurre Lu. Rien ne se jetait.

 Les sceaux de nuit servaient d'engrais au jardin, le crottin ramassé dans la rue après le passage d'un cheval à l'entretien des pots de fleurs, le journal à envelopper les légumes, sécher l'intérieur des chaussures mouillées, s'essuyer aux cabinets.

 

 On vivait dans la rareté de tout. Les enfants croyaient longtemps au Père Noêl et aux bébés trouvés dans une rose ou un chou.

 

 Les gens se déplaçaient à pied ou à bicyclette, d'un mouvement régulier, les hommes les genoux écartés, le bas du pantalon resserré par des pinces, les femmes les fesses contenues dans la jupe, traçant des lignes fluides dans la tranquillité des rues. Le silence était le fond des choses et le vélo mesurait la vitesse de la vie.

 

 Les garçons et les filles étaient partout séparés. Les garçons étaient bruyants, sans larmes, toujours prêts à lancer quelque chose, cailloux, marrons, pétards, boules de neige dure, disaient des gros mots, lisaient Tarzan et Bibi Fricotin.

 Les filles, qui en avaient peur, ne devaient pas les imiter, de préférer les jeux calmes, la ronde, la marelle, la bague d'or.

 Les jeudis en hiver, elles faisaient la classe à de vieux boutons ou des figurines découpées dans L'écho de la mode, disposés sur la table de la cuisine.

 Encouragées par les mères et l'école, elles étaient rapporteuses, "Je vais le dire !" constituait leur menace favorite. Elles s'interpellaient entre elles en disant hé machine !, écoutaient et répétaient avec des chuchotements, la main sur la bouche, des histoires malpolies, ricanaient sous cape à l'histoire de Maria Goretti qui avait préféré mourir plutôt que de faire un garçon ce qui leur tardait tant d'avoir le droit de faire, s'effrayaient de leur viciosité, insoupçonnée des adultes.

 Elles rêvaient d'avoir des seins et de spoils, une serviette avec du sang dans leur culotte.

 En attendant, elles lisaient les albums de Bécassine et Les Patins d'argent de P.-J. Stahl, En famille d'Hector Malot, elles allaient au cinéma avec l'école voir Monsieur Vincent, Le Grand Cirque et La Bataille du rail, qui élevaient l'âme et le courage, refoulaient les mauvaises pensées.

 Mais elles savaient que la réalité et l'avenir se trouvaient dans les films de Martine Carol, les journaux dont les titres, Nous deux, Confidences et Intimité, annonçaient la désirable et interdite impudicité.

 

 La suite prochainement.

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Published by Régis IGLESIAS - dans Les souvenirs de ...
7 novembre 2014 5 07 /11 /novembre /2014 13:51

63645c78"Les années.

 

 Nous n'avons qu'une histoire et elle n'est pas à nous. De cette histoire, toutes les images disparaîtront.

 

 La femme accroupie qu urinait en plein jour derrière un baraquement servant de café, en bordure des ruines, à Yvetot, après la guerre, se reculottait debout, jupe relevée, et s'en retournait au café.

 

 La figure pleine de larmes d'Alida Valli dansant avec Georges Wilson dans le film Une aussi longue absence.

 

 L'homme croisé sur un trottoir de Padoue, l'été 90, avec des mains attachées aux épaules, évoquant aussitôt le souvenir de la thalidomide prescrite aux femmes enceintes contre les nausées trente ans plus tôt et du même coup l'histoire drôle qui se racontait ensuite : une future mère tricote de la layette en avalant régulièrement de la thalidomide, un rang, un cachet.

 Une amie horrifiée lui dit, tu ne sais donc pas que ton bébé risque de naître sans bras, et elle répond, oui je sais bien mais je ne sais pas tricoter les manches.

 

 Claude Piéplu en tête d'un régiment de légionnaires, le drapeau dans une main, de l'autre tirant une chèvre, dans un film des Charlots.

 

 Le visage de Simone Signoret sur l'affiche de Térèse Raquin

 

 La chaussure tournant sur un socle dans un magasin André rue du Gros-Horloge à Rouen, et autour la même phrase défilant continuellement : "avec Babybotte bébé trotte et pousse bien"

 

 Le type dans une publicité au cinéma, qui cassait allègrement les assiettes salles au lieu de les laver. Une voix off disait sévèrement "ce n'est pas la solution !" et le type regardait avec désespoir les spectateurs, "mais quelle est la solution ?"

 

 La silhouette sémillante de l'acteur Philippe Lemaire, marié à Juliette Gréco.

 

 Dans une publicité à la télé, le père essayant vainement, en douce derrière son journal, de lancer en l'air une Picorette et de la rattraper avec la bouche, comme sa petite fille.

 

 Toutes les images crépusculaires des premières années, avec les flaques lumineuses d'un dimanche d'été, celles des rêves où les parents morts ressuscitent, où l'on marche sur des routes indéfinissables.

 

 Celle de Scarlett O'hara traînant dans l'escalier le soldat yankee qu'elle vient de tuer - courant dans les rues d'Atlanta à la recherche d'un médecin pour Mélanie qui va accoucher.

 

 De Molly Bloom couchée à côté de son mari et se souvenant de la première fois où un garçon l'a embrassée et elle dit oui oui oui.

 

 D'Elisabeth Drummond tuée avec ses parents sur une route à Lurs, en 1952.

 

 Les images réelles ou imaginaires, celles qui suivent jusque dans le sommeil. Les images d'un moment baignées d'une lumière qui n'appartient qu'à elles.

 

 Elles s'évanouiront toutes d'un seul coup comme l'ont fait des millions d'images qui étaient derrière les fronts des grands-parents morts il y a un demi-siècle, des parents morts eux aussi. Des images où l'on figurait une gamine au milieu d'autres êtres déjà disparus avant qu'on soit né, de même que dans notre mémoire sont présents nos enfants petits aux côtés de nos parents et de nos camarades d'école. Et l'on sera un jour dans le souvenir de nos enfants au milieu des petits-enfants et de gens qui ne sont pas encore nés.

 

 Les slogans, les grafitis sur les murs des rues et des vécés, les poèmes et les histoires sales, les titres.

 

 Les phrases des hommes dans le lit la nuit,

Fais de moi ce que tu veux, je suis ton objet

Exister c'est se boire sans soif

que faisiez-vous le 11 septembre 2001 ?

in illo tempore le dimanche à la messe

 

 Comme le désir sexuel, la mémoire ne s'arrête jamais. Elle apparie les morts aux vivants, les êtres réels aux imaginaires, le rêve à l'histoire.

 

 Les paroles attachées pour toujours à des individus comme une devise - à un endroit précis de la nationale 14, parce qu'un passager les a dites juste quand on y passait en voiture et on ne peut pas y repasser sans que ces mêmes paroles sautent de nouveau à la figure, comme les jets d'eau enterrés du palais d'Eté de pierre le Grand qui jaillissent quand on pose le pied dessus

 

 Les exemples de grammaire, les citations, les insultes, les chansons, les phrases recopiées sur des carnet à l'adolescence.

 

 Je suis le meilleur, qu'est-ce qui dit que je ne suis pas le meilleur, si tu es gai ris donc, ça se corse, chef-lieu Ajaccio, bref, comme disait, sauvé ! disait Jonas en sortant du ventre de la baleine, c'est assez je cache à l'eau mon dauphin, ces jeux de mots entendus mille fois, ni étonnants ni drôles depuis longtemps, irritants de platitude, qui ne servaient plus qu'à assurer la complicité familiale et qui avaient disparu dans l'éclatement du couple mais revenaient parfois aux lèvres, déplacés, incongrus hors de la tribu ancienne, après des années de séparation c'était au fond tout ce qu'il restait de lui.

 

 L'abbé trublet compilait, compilait, compilait.

 

 Les marques de produits anciens, de durée brève, dont le souvenir ravissait plus que celui d'une amrque connue, les shampoing Dulsol, le chocolat Cardon, le café Nadi, comme un souvenir intime, impossible à partager.

 

 Quand passent les cigognes

 Marianne de ma jeunesse

 Madame Soleil est encore parmi nous

 

 La gloire pour une femme est le deuil éclatant du bonheur.

 

 Est-ce que l'on peut mettre le schmilblick dans le biberon des enfants ?

 

 Pédaler à côté du vélo devenu pédaler dans la choucroute puis dans la semoule puis rien, les expressions datées.

 

 Les mots d'homme qu'on n'aimait pas, jouir, branler.

 

 Ceux appris durant les études. L'examen passé, ils aprtaient de soi plus vite qu'ils n'y étaient entrés.

 

 Les phrases répétées, énervantes, des grands-parents, des aprents, après leur mort elles étaient plus vivantes que leur visage, t'occupe pas du chapeau de la gamine.

 

 S'annuleront subitement les milliers de mots qui ont servi à nommer les choses, les visages des gens, les actes et les sentiments, ordonné le monde, fait battre le coeur et mouiller le sexe. 

 

 Tout s'effacera en une seconde. le dictionnaire accumulé du berceau au dernier lit s'éliminera. Ce sera le silence et aucun mot pour le dire. De la bouche ouverte il ne sortira rien. Ni je ni moi. Dans les conversations autour d'une table de fête on ne sera qu'un prénom, de plus en plus sans visage, jusqu'à disparaître dans la masse anonyme d'une lointaine génération.

 

 Le petit bal de Bazoches-sur-Hoêne avec les auto tamponneuses.

 

 La chambre d'hôtel rue Beauvoisine, à Rouen, non loin de la librairie Van Moé où Cayatte avait tourné une scène de Mourir d'aimer.

 

 La tireuse de vin au Carrefour de la rue du Parmelan, Annecy.

 

 Je me suis appuyée à la beauté du monde. Et j'ai tenu l'odeur des saisons dans mes mains

 

 Le manège du parc thermal de Saint-Honoré-les-Bains.

 

 Le film Des gens sans importance

 

 L'affiche à demi déchirée 3615 Ulla au bas de la côte de Fleury-sur-Andelle

 

 Un bar et un juke-box qui jouait Apache, à Telly O Corner, Finchley

 

 Une maison au fond du jardin, 35 avenue Edmond Rostand à Villiers-le-Bel.

 

 Le regard de la chatte noire et blanche au moment de s'endormir sous la piqûre.

 

 La femme de la photo du massacre de Hocine, Algérie, qui ressemblait à une pietà.

 

 L'éblouissant soleil sur les murs de San Michele de puis l'ombre des Fondamenta Nuove.

 

 Sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais.

 

 Mon histoire c'est l'histoire d'un amour.

 

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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 23:05

Germaine.jpg"Ami, entends-tu...

 

 Avertissement : "Les résistants de 1945 sont, parmi les combattants, ceux qui méritent le plus d’estime et le plus de respect parce que, pendant plus de quatre ans, ils ont courageusement et héroïquement résisté à leur ardent et fervent désir de faire de la résistance."

 

"Ici Londres, 1231 ème jour de la lutte du peuple français pour sa libération... Les Français parlent aux Français... Ici Jacques Duchesnes... Dans un instant vous allez entendre Pierre Dac."

 Les innombrables auditeurs qui écoutent le programme français de la BBC n’en croient pas leurs oreilles.

Comme tous les soirs, après avoir tourné le bouton de leur poste tout en cherchant une fréquence qui échappe au brouillages, ils ont entendu le générique composé des premiers motifs de la Cinquième Symphonie de Beethoven et du célèbre Radio-Paris ment, Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand, écrit par le dessinateur Jean Oberlé sur l’air de la Cucaracha et tombent sur le Roi des Loufoques qui est au micro.

  A l’autre bout des ondes, quelque part dans Paris occupé, une jeune femme blonde manque de s’évanouir.

"Il a réussi ! Mon Dieu comme il a du souffrir !" soupire-t-elle.

Elle s’appelle Raymonde Faure.

A Paris où elle est montée en 1930, on la connaît sous une autre identité, son nom de comédienne, Dynah Gervyl.

 Depuis 1934, elle est la compagne du roi des loufoques.

Dès leur première rencontre, Pierre est tombé amoureux d’elle.

Les approches effectuées avec sa timidité habituelle ne se sont guère révélées concluantes. Il n’ose pas lui avouer combien il l’a trouve belle.

 Et puis, s’il y parvenait, ça n’arrangerait rien, bien au contraire.

En effet, le 8 janvier 1929, il a épousé Marie-Thérèse Lopez, une Espagnole qui n’est pas vraiment à prendre avec des castagnettes.

 Les deux ex tourtereaux ne se parlent plus depuis le lendemain de leur mariage.

Les psychologues appellent cela une erreur de jeunesse.

En septembre 34, voici Pierre et Dynah à nouveau réunis à la Lune rousse où la complicité est totale entre les deux partenaires. Héla, elle s’achève lorsque le rideau est tombé.

 "Jamais je n’osera lui dire que je l’aime", se dit Pierre.

"S’il ne me dit rien, c’est que je ne lui plais pas", soupire Dynah. 


 Quelques jours avant Noël, Pierre n’y tient plus.

Il se décide à écrire à la belle la plus tendre et la plus sincère des déclarations d’amour. Dès réception de la lettre, elle se rend dans sa loge, et le billet doux encore dans sa main droite, elle répond "oui" avec un sourire épanoui.

 Surpris par cette extraordinaire nouvelle, l’heureux élu ne parvient à murmurer qu’un seul mot :

"Ah !"

 

 Leur liaison va se développer dans la clandestinité à l’insu d’une Marie-Thérèse dont le seul prénom terrifie le chansonnier.

 Un soir de 1937, elle le surprend en train diner avec Dinah dans une brasserie.

Elle l’a suivie dans Paris afin de le surprendre en flagrant délit !

Sa réaction est aussi violente qu’immédiate : elle brise toutes les assiettes et les verres qui lui tombent sous la main.

 Les maîtres d'hôtel parviennent à la maîtriser et lui demandent de se calmer ou de sortir.

 Elle choisit la seconde solution et claque la porte. 

Pierre qui n’a pas sourcillé depuis le début de la scène, demande que l’on mette les dégâts sur sa note et ajoute, à l’attention des autres convives : "Mesdames et messieurs, c’était une répétition générale. Demain, ce sera la première !"

 Fin de l’histoire.

Quelques semaines plus tard, la procédure de divorce étant officiellement engagée, Pierre s’installe avec Dynah dans un charmant appartement, au 49 de l’avenue Junot.

La suite ? La guerre. 

La capitulation puis l’affrontement sur les ondes où à partir des mélodies les plus populaires, Maurice Van Moppès trousse des couplets qui exaspèrent radio-Paris...

 

Sur l’pont de Londres,

Un bal y est donné (bis)

Hitler demande

A Goering d’y aller (bis)

Le Pas d’calais, c’est dur

A traverser (bis)

C’est difficile à Londres

D’arriver.

 

Sur l’air de J’ai du bon tabac, il fredonne gaiement :

Il n’y a plus d’tabac

Dans la France entière

Il n’y a plus d’tabac

Le Boch’ n’en manquent pas

 

Sur le thème bien connu de La plus Bath des javas, il s’exclame un peu plus tard :

Ah, ah, ah, ah, voyez ce que fait Churchill

Ah, ah, ah, ah, c’est la plus bath des javas.

 

Puis il décide de pasticher successivement Paul Misraki et Charles Trenet :


Laval pens’ que l’Allemagne

Comm’ de bien entendu

C’est plus facile qu’elle gagne

Comm’ de bien entendu

Il essaye d’ s’en sortir

Comm’ de bien entendu

Mais l’Allemagne et Laval sont deux bien pendus

Comm’ de bien entendu

 

Mais Boum ! C’est en Allemagne que, Boum !

Hambourg, Berlin font Boum !

C’est la RAF qui passe !

Boum ! Jour et nuit badaboum !

Au rythme de ces Boum !

Dans la Ruhr, il y a d’la casse.

 

Un autre refrain, immortalisé par Maurice Chevalier, n’échappe pas non plus à sa plume au vitriol :

 

Hitler et Hop la boum

V’là ton prestig’ qui s’entame,

Hitler et yop la boum

Tu vas t’fout’ sur l’macadam

 

 En écoutant ses émissions, Pierre dac n’a plus qu’un désir : trouver le moyen de gagner Londres et se mettre au service de cette équipe exceptionnelle. Il y arrivera. Un jour dans les Pyrénées, il sera au bord d’abandonner quand son ami lui glissera à l’oreille : "Penses à Dynah."

Il repartira de plus belle.

 

 A Londres, il passe à l’attaque et donne même des noms.

 "Darnand, Joseph. Obersturmfuhrer de Waffen SS. Modèle parfait du nazi accompli. N’a pas hésité à s’intégrer corps et âme aux armées d’occupation pour mieux servir l’Allemagne."

 "Pétain Philippe. Maréchal de France. Excellent serviteur de l’Allemagne. A couvert de son autorité et de son nom toutes les attaques contre l’honneur, la dignité et le patrimoine français."

 "Laval, Pierre, Gauleiter d’élite, s’est fait remarquer par son dévouement absolu et de tous les instants aux intérêts du Fûhrer."

 

 Au début du mois de mai 44, Jacques Duschene demande à Pierre de diriger ses flèches vers Philippe Henriot.

 Ce militant d’extrême droite qui a été un des premiers à prôner la collaboration. Il a effectué sur Radio-Paris des interventions hebdomadaires puis quotidiennes. Ses cibles favorites sont les juifs, les résistants et les francs-maçons. "Merci du cadeau", réplique le chansonnier qui demande un quart d ‘heure de réflexion.

 Le dilemme est presque cornélien. S’il échoue, il passe pour un imbécile mais s’il réussit, à tous les coups, on arrête sa femme...

 

 Trois minutes plus tard, il a pris sa décision : il accepte cette mission.

Parce que c’est son devoir...

 Dès le lendemain, il s’en prend directement à l’éditorialiste de Radio-Paris. Extrait :

"J’ai écouté le discours que M. Philippe Henriot vient de prononcer et où il touche du doigt le péril qui nous guette au moment où le bolchevisme plante partout son drapeau rouge. Si j’ai bien compris, voici comment - d’après M. Henriot - va se dérouler le processus des prochains évènements.

 L’armée rouge va envahir la France et l’occuper, par moitié d’abord, en établissant une ligne de démarcation ; en totalité par la suite. Pas d’objection, monsieur Henriot ? Nous sommes bien d’accord ? Rien de similaire à signaler en ce qui concerne les Allemands. Bon. Etc Etc...

 

La réplique d’Henriot est sanglante :

"Cet Isaac André était bien entendu prédisposé à fuir la France. Mais là où nous atteignons les cimes du comique, c’est quand il prend la défense de la France. Et s’il s’insurge contre les Allemands, ce n’est pas parce que ceux-ci occupent la France dont il se moque, c’est parce qu’ils ont décidé d’éliminer le parasite juif de l’Europe".

 

 La réponse de Pierre Dac est éblouissante, morceau choisi :

 "Monsieur Henriot, puisque vous avez si complaisamment cité les prénoms de mon père et de ma mère, laissez-moi vous signaler que vous en avez oublié un : celui de mon frère. Je vais vous dire où vous pouvez le trouver ; si d’aventure, vos pas vous conduisent du côté du cimetière Montparnasse, entrez par la porte de la rue Froidevaux ; tournez à gauche dans l’allée et, à la 6ème rangée, arrêtez-vous devant la huitième ou la dixième tombe.

 C’est là que reposent les restes de ce qui fut un beau, brave et joyeux garçon, fauché apr les obus allemands, le 8 octobre 1915, aux attaques de Champagne.

C’était mon frère.

Sur la simple pierre, sous ses noms, prénoms et le numéro de son régiment, on lit cette simple inscription :

 "Mort pour la France, à l’âge de vingt huit ans."

Voilà, monsieur Henriot, ce qui signifie pour moi, la France.

 Sur votre tombe, si toutefois vous en avez une, il y aura aussi une inscription ; elle sera ainsi libellée :

Philippe Henriot

"Mort pour Hitler

Fusillé par les Français..."

Bonne nuit, monsieur henriot. Et dormez bien. Si vous le pouvez..."

 

 Le chansonnier ne se croyait pas si bon prophète.

Le 28 juin, des résistants parviennent à abattre Philippe Henriot. 

 

 Le 22 août, à l’heure où la rumeur de la libération de Paris se propage, le chansonnier quitte Londres et, le 23 au matin, pose le pied sur les côtes d’Arromanches.

 Il affirmera alors : "J’aime les pays où, lorsque l’on sonne chez vous à 7 heures du matin, ce n’est que le laitier..."

 Il arrive devant chez lui, jette un coup d’oeil angoissé vers la fenêtre du quatrième étage.

 La concierge prononce alors les paroles toutes simples, mais qu’il n’oubliera jamais : "Ne vous en faites pas, elle est en face chez des amis, je vais la chercher..."

 Trois minutes plus tard, il l’aperçoit enfin, "non pas toujours aussi jolie, mais toujours aussi belle que le jour où je l’avais quittée", avouera-t-il ensuite.

Larmes de joie et étreintes passionnées : l’hebdomadaire France-Dimanche décrira plus tard ainsi, ces retrouvailles tant attendues :

 "Et comme il l’avait espéré, Pierre Dac a retrouvé sa femme sur le trottoir..."

 

Les vieux refrains sont alors obsoletes...

 

Ah ! ah ! ah ! ah !

C’est la défense élastique

Ah ! ah ! ah ! ah !

Y a rien d’plus chouett’ que c’truc-là.

 

Voilà les gars de la vermine

Chevaliers de la bassess’

Voilà les Waffen SS

Voyez comme ils ont fière mine

C’est dans le genr’ crapuleux

Ce qui s’fait d’mieux

 

 Au lendemain de la fin des hostilités, Radio-Luxembourg prend la relève de Radio-Cité et du Poste parisien. Louis Merlin, génie des ondes, programme à nouveau Le crocher radiophonique, Sur le banc et les Incollables, le triomphe est immédiat et c’est reparti comme en quarante.

 

 Rencontre ensuite avec Pierre Cour et Francis Blanche. Le premier est journaliste, le second est un fantaisiste qui promet. Il a  débuté à Paris à la veille de la débâcle, en disant des fables de sa composition dans un cabaret. Il a ensuite écrit quelques chansons avec Gérard Calvi et Charles Trenet. Il est également le jeune et heureux auteur de On chante dans mon quartier, indicatif de Ploum Ploum Tralala, l’émission de radio la plus populaire de France, crée juste après la Libération et diffusée chaque jour à 12 h 30 par la Radiodiffusion française.

Ensemble, ils relancent L'Os Libre avec des petites annonces savoureuses :

"Mlle Yvonne R... de Suresne : La vie m’a douloureusement blessée... Il y a quinze ans de cela, mais la plaie est encore ouverte... Mon coeur saigne... Que faire ?"

 "C’est très simple... Nettoyez d’abord la plaie avec de l’eau oxygénée... Puis faites un petit pansement avec un petit pansement et de la gaze... Quand il y a de l’eau dans la gaze, changez de pansement. Et si, malgré tout, votre coeur continue à saigner, alors voyez le pharmacien".

 

"Pâquerette oublié : Depuis quelques temps, mon mari semble m’ignorer... Il rentre le soir sans m’adresser la parole et son regard passe sur moi sans s’arrêter. Je ne compte plus pour lui... Je me sens seule et perdue..."

 "Votre cas est sérieux, Pâquerette oubliés... Nous y voyons les premiers symptômes de l’oubli dans le coeur de votre époux.

 Essayez d’attirer son attention par tous les moyens : jouez de la trompette quand il rentre, mettez un casque de pompier et une fausse barbe pour servir le potage, poussez des cris gutturaux et faites des claquettes sur la table avant de vous mettre au lit... Si malgré tout, il persiste à ne pas vous voir, alors... essayez le plastic et la dynamite, mais avec la plus grande prudence ! Attention à la vaisselle !"

 

 Une rubrique que les auteurs concluent par un appel aux lecteurs ainsi libellé :

"Pour nous écrire, une seule adresse, la nôtre."

 

Mais les lendemains déchantent, on a plus envie de chanter la défense élastique. Et les chansonniers ne sont plus à la mode. En une décennie, l’argent est passé des mains des bourgeois à celles des commerçants débrouillards, surnommés les BOF (Beurre oeuf Fromage) parce qu’ils se sont créé leur capital en vendant des produits de première nécessité, pendant des années de marché aussi noir que la situation de la France.

 Pierre va mal, il constate avec amertume que les notions de solidarité, voire de reconnaissance par ses amis intimes,  se trouvent déjà rangés dans l’armoire aux souvenirs. "J’ai tiré une leçon de cette expérience, avoue-t-il. Je sais maintenant que je peux totalement compter sur mes amis lorsque je n’ai absolument besoin de rien..."

Il rédige alors sa biographie :

"Pierre Dac : Né à l’âge de quatre ans et demi par 25° de latitude sud-ouest. Titulaire du permis de conduire les bennes basculantes. Membre d’honneur de l’Amicale des pèlerines roulées. Fils de ses oeuvres et père des siennes. Signe particulier : cicatrice consécutive à l’opération du bouton de col incarné.

Fernand Rauzena : Est-ce qu’on appelle un enfant de la balle. Agé de vingt-sept ans, il compte maintenant quarante et un an de métier. Signe particulier : porte des chaussures de pointure différentes.

 

 Les loufoques snt enfin de retour pour le plaisir des nostalgiques de L’Os a moelle qui se pressent chaque soir afin de vérifier la réalité du slogan imprimé en bas de l’affiche : "On pleure de rire de 21 h 17 à 23 h 58." Il n’est pas homme à avoir des regrets ; il est et demeure avant tout un créateur comme l’affirmera Roger Pierre alors jeune auteur d’une émission de Radio-Luxembourg parrainée par la Brillantine Roja.

 

Et c’est reparti pour un tour : "parti d’en rire... Parti d’en rire... C’est le parti de tous ceux qui n’ont pas pris de parti..." Il lance ensuite Chronique de la délation : "Si vous ne prenez pas contact avec nous, on dira pourquoi vous vous promenez dans une DS noire avec deux gardes du corps, on dira..."

 

Naîtra aussi radar Moustache. Le titre a été inspiré par un hebdomadaire spécialisé dans les faits divers et les affaires à scandales, dont le slogan est célèbre : "Radar était là."

 

Sur Radio-Luxembourg, c’est le temps de l’Académie joyeuse, Cent francs par seconde, Central 21-53, sans oublier Quitte ou double de Zappy Max.

 

Le Schmilblick : C’est dans la nuit du 21 novembre au 18 juillet dde la même année que les frères Fauderche ont jeté les bases de cette géniale invention : Le Schmilblick. Furax : Le succès dépasse tous les espoirs des responsables d’Europe 1.

 Le feuilleton est programmé sept jours sur sept, le dimanche étant consacré au résumé des péripéties de la semaine. Pierre et Francis sont désormais les vedettes de la station au même titre que les meneurs de jeu, Pierre Bellemare, Maurice Gardett et Maurice Biraud.

 Sur Radio-Luxembourg, les feuilletons comme ça va bouillir avec zappy Max, 42, rue courte, Tancarville et L’homme à la voiture rouge ont du succès, mais Furax bat tous les records de popularité. Peu après 13 heures, la France entière s’arrête pour écouter ses fabuleux exploits.

 La consécration absolue se produit un jour de janvier 1957, quand Guy Mollet, alors président du conseil, interrompt un débat de l’Assemblée nationale en annonçant au micro : "Messieurs les députés ; continuez sans moi. Je vous quitte, je vais écouter Furax..."

La formule du générique va entrer dans l’histoire : "Signé Furax !"

 

Propos recueillis par son ami Jacques Plessis.

 

Pour les amateurs :  Les souvenirs d'avant-guerre de Pierre Dac ;  Les souvenirs de guerre de Pierre Dac

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Published by Régis IGLESIAS - dans Les souvenirs de ...
20 octobre 2014 1 20 /10 /octobre /2014 14:27

9e270c57"Un roman de Grégoire Delacourt. Morceaux choisis :

 

"J'étais une sorte de Candide. Un enfant sauvage qui n'avait pas vu L'épouvantail, Le Parrain, Que la fête commence, Monsieur Klein. Qui ne fut pas au courant du suicide de Mike Brant. Qui avait raté la naissance de U2, The Clash et Jake Shimabukuro, futur virtuose de l'ukulélé. Qui jamais ne verrait les Beatles ensemble.

 Mais revenons à 1978. Cet été 78 plane avec le bondissant Plastic Bertrand. Village People chante Y.M.C.A, Boney M., Raspoutine, les Bee Gees, Saturday Night Fever et The Scorpions, Tokyo Tapes.

 

 Pour mes parents, ma naissance avait fait d'eux un père et une mère. Ils avaient été fiers. fait risette. Areuh. Guiliguili. Goulougoulou. Ils avaient trouvé l'enfant parfait. Ils avaient fait des milliers de photos. Ils s'étaient réveillés la nuit pour s'embrasser, bénir la chance qu'ils avaient ; ils avaient pensé un peu honteux mais non sans déplaisir à la cousine Mado qui ne pouvait pas en avoir.

Plus tard, je montai rejoindre ma soeur dans sa chambre rose. Du musicassette on entendait Sheila chanter Hotel de la Plage. Claire était allongée sur le lit, elle lisait dans Marie-Claire  les témoignages de femmes désabusées par les hommes.

 Dans le silence qui suivit, sa voix s'éleva, haute, claire, aérienne ; l'ange chantait :


 "L'ombre s'enfuit, adieu beau rêve

Où les baisers s'offraient comme des fleurs

La nuit fut brève

Hélas pourquoi si tôt fermer nos coeurs

A l'appel du bonheur ?"*

* Chanté par Tino Rossi (1939). Paroles Jean Loysel. Musique Chopin, Opus 10 n°3

 

La suite ? Je m'étais retrouvé en comptabilité, faisant partie de ces pauvres types qui a dix-huit ans renonçaient aux rêves de leur âge. Pour les garçons : un métier fabuleux, une copine belle comme Linda Evangelista, une 911 targa, beaucoup d'argent pour tout ça et pleins d'amis envieux.

 Pour les filles : un corps etd es seins fabuleux comme ceux de Linda, des types qui nous désirent et bavent et parmi eux un poli, riche, un bien élevé qui nous ouvre la portière de sa Porsche et nous aprle mariage et plein de copines jalouses.

 Je me souvins alors des paroles de cette chanson à la mode quelques années plus tôt de Gérard Lenorman :


"Je revois les yeux tendres et les visages tristes

Qui autour de moi écoutaient

Et pendant les leçons dans mon coin je rêvais *

* Les Matins d'Hiver

... et je sus que l'enfant dont il fredonnait la mélancolie, c'était moi.

 

 Deux mois passèrent avant de rencontrer Monique. Ce n'était aps drôle d'avoir les dix-huit ans jolis et de se prénommer Monique quand on avait entendu le sketch de Coluche, vous savez comment on l'appelle dans mon quartier ? Monique deux qui la tiennent trois qui la niquent.

 Mais ce n'est pas pour ça que Monique changea de prénom dix ans plus tard. C'est parce qu'elle n'aimera pas ce que nous serons devenus et qu'elle aussi voudra en guérir.

 

 Premier émoi ? "Ses lèvres se refermèrent doucement, comme des jambes qui se croisent. Tu s jeune encore, tu verras, tu me mettras dans un de tes livres. Comme un regret.

Elle s'éloigna, je compris. Mais trop tard. Une femme peut pardonner une maladresse, jmais d'avoir laissé passer une occasion.

 

 Quand je l'ai vu, je ne pus m'empêcher de penser aux paroles de La Bohème d'Aznavour.

"Dans les cafés voisins. Nous étions quelques-uns qui attendions la gloire.

Et bien que miséreux, avec le ventre creux, nous ne cessions d'y croire..."

 

Je commençai.

Notre mauvais mariage. Mon désamour. Nptre couple qui n'en fut jamais un. Nos routes séparées. Son studio. Ma chambre d'hôtel. Les promesses de scène et de bohème, encore des mots, toujours des mots chantait Dalida.

Je ne m'arrêtai plus.

Ce fut elle qui m'arrêta.Avec trois mots. Trois balles.

- Je suis enceinte. 

 

 Quatre mois que Monique était revenue.

Une nuit, elle entra dans ma chambre et s'allongeat sur le lit. Nos doigts ne se frôlèrent pas. Nos jambes ne se s'effleurèrent pas. Nos corps morts. lourds. Puis plus tard, sa voix, comme un filet d'eau.

- Mais qu'est-ce qui nous est arrivé ?

 Me revinrent alors les paroles d'une chanson à succès des années 70 de Daniel Guichard :

La tendresse, c'est quelquefois ne plus s'aimer mais être heureux

De se trouver à nouveau deux.

 

 Cette année-là, deux millions de Français rirent end écouvrant Trois hommes et un Couffin et plus à l'est des millions de gens ne rirent plus du tout à cause de l'explosion du réacteur de Tchernobyl dont les méchants effets s'arrêtèrent miraculeusement à notre frontière.

 La suite ? Vous vous retrouvez au Carré des Feuillants où l'on vous propose un salaire d'un million de francs entre le dessert et le café. Et une Mercedes pendant le café.

 La gâterie de la stagiaire. La standardiste troussée. Les amis formidables. Le million. La Mercedes 420. Et le cigare après le café.

 

 Alzheimer ? On n'a plus de souvenirs tu te rends compte, plus rien, plus d'intimité, plus de chair, plus d'odeur, plus de peau.

"Vous pouvez luyi parler vous savez, il ne réagira peut-être aps à ce que vous dites mais votre voix est comme une musique et parfois, quand on entend de la musique, il y a des choses, des images qui refont surface, et puis ça vous fera du bien de lui parler croyez-moi."

 Elle m'avait ça sur le parking.

 C'est là, sur ce parking, que m'attendra un jour la fille assise sur la voiture.

 

 Il fit beau ce jour-là. L'autoroute était dégagée. Peu de poids lourds.

De l'autoradio résonnaient les derniers tubes, Remember the Time de Michael Jackson, Don't Let The Sun Go Down On Me d'Elton John et George Michael ou Petite Marie de Francis Cabrel et puis un flash spécial. Jean Poiret était mort. Le Renato Baldi de la Cage aux folles ne babillerait plus. L'inspecteur Lavardin venait de succomber à une crise cardiaque. J'éteignis la radio. Je ne voulait pas de mort à mes côtés.

 

 Merci.

 Mon père regardait ma mère et il luyi dit merci. Ma mère porta une main à sa bouche, étouffa un sanglot puis elle contourna le lit qui les séparait, elle vint s'y asseoir, face à lui, pris ses mains. Et mon père qui ne parlait plus parla à nouveau et répéta,

 Merci.

 

 Dumbo s'était trompé. Les enfants sont capables de miracles. Ils peuvent unir. Ils peuvent réunir.

 Puis ma mère cria mon nom.

 Je me laissais aussitôt glisser du capot jusqu'à ce que mes pieds touchassent le sol et la fille assise sur la voiture tourna gracieusement la tête vers moi et sourit et ce fut le début de tout.

 

 Ma mère sortit de la voiture puis se pencha vers moi.

- Je ne sais pas où tu en es avec tes romans Edouard, mais tu viens de nous écrire quelque chose de plus beau qu'un livre.

 

Rideau.

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Published by Régis IGLESIAS - dans Les souvenirs de ...
27 juin 2014 5 27 /06 /juin /2014 20:37

559 001"Les années 50.

 

 Enfant, élevé dans un monde protégé, Jean-Loup raconte avoir néanmoins perçu l'écho de ce monde merveilleux des années 1950 à travers les actualités :


 "Moustaches de Staline sur son lit de mort, couronne de la nouvelle reine d'Angleterre Elisabeth II, caramels à un franc, odeur d'une 4 CV Renault neuve, voix de Juliette greco, petites lunettes de pie XII...

 Cigare de Winston Churchill, bouteille bleue du Parfum Coty, Genviève de Galard en treillis à Dien Bien Phu, verre de lait quotidien de Mendès france, premier Philishave à deux têtes, muscles de l'adepte du Dynam Institut, gilet tricoté sur la soutane de l'abbé Pierre, chapeau-melon des Frères jacques, "Pour toi cher ange, Pschitt orange"...

 Robic et Louison Bobet, exécutuion des Rosenberg, Boris Vian, les Scopitone, Audrey hepburn, l'Apiserum, képi multi-étoilé du maréchal Juin, chapeau à plumes de Mamie Eisenhower...

 Jupes longues à mi-mollet des mannequins Christian Dior, poêles Mirrus dont le mica s'ébréchait, mort d'Evita Peron, Lemmy caution alias Eddie Constantine, Le Corbusier, calder et ses mobiles."


 La France change à toute allure et le garçon se souviendra longtemps avec émotion de ces évènements petits ou grands qui ont traversé son enfance.

 Rideau.

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Published by Régis IGLESIAS - dans Les souvenirs de ...
26 juin 2014 4 26 /06 /juin /2014 20:35

78314b0d"Dans la France de Georges pompidou.

 

 Ils sont trois garçons et une fille. leur enfance dans les années 70, est consignée dans son journal personnel par leur père.

Paul gaillardot.

 Sur des feuilles quadrillées et perforées qu'il archive soigneusement dans sa bibliothèque après les avoir étiquetés, il note jour après jour les faits et gestes de la famille, colle les photos, découpe les articles de presse, commente l'actualité.

 Il y joint les dessins de ses enfants, leurs rédactions, leurs lettres, quans ils partent en colonie de vacances.

 

 En feuilletant aujourd'hui ces classeurs, on voit défiler la vie d'une famille nombreuse, catholique et pratiquante. Dans la France des "seventies", ces années charnières, où les jupes raccourcissent, où les vacances rallongent, la famille écoute France Musique.

 La mère, Jacqueline, s'occupe de ses enfants. Sa corbeille à ouvrage  est toujours à portée de main. Son mari paul, n'aime pas être dérangé quand il est assis à son bureau pour étudier ses dossiers. les enfants le savent, et se tiennent tranquilles.

 Les anniversaires et fêtes religieuses rythment l'année et sont prétextes à de grandes réunions familiales.

Quatres enfants, quatre anniversaires, un gâteau et des cadeaux à chaque fois. On souffle les bougies sous l'oeil embué des parents, grands-parents, oncles et tantes qui offrent livres, petites voitures, crayons de couleur ou tubes de peinture.

 Les enfants ne manquent jamais la fêted es mères ni celle des pères. ces jours-là, ils récitent un compliment appris à l'école et répété en secret, et offrent un cadeau réalisé en classe.

 

 Le jour de Noël conserve chez les Gaillardot un caractère sacré. la crèche dans la cheminée s'impose, et pour rien au monde la famille ne manquerait la messe de minuit, suivi d'un festin dans le chalet fzmiliale du Vercors.

 Pendant l'année scolaire, les enfants sont autorisés à regarder la télévision quand passent leurs feuilletons préférés, Zorro et Thierry la Fronde.

 

 Entre les devoirs, le catéchisme, la messe tous les dimanches matins, les séances diapos et les promenades dans la forêt, les enfants sortent peu du cercle familial.

 Pendant que les parents lisent le journal de la paroisse, les enfants se repassent Okapi avec les idées pour bricoler dans la rubrique "Mercridées".

 La famille Gaillardot adopte les 404 intérieur cuir noir, la télévision en couleur, les vacances en Italie, et la cuisine équipée avec les derniers gadgets.

 Ils vivent de plain-pied dans une France qui se modernise à toute allure : la France de Georges Pompidou.

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Published by Régis IGLESIAS - dans Les souvenirs de ...
20 juin 2014 5 20 /06 /juin /2014 19:52

7efedc79"Enfance en Algérie.

 

 Jean-Jacques, c'est un petit garçon heureux qui aime se baigner et monter sur la moto de son père.

 Les images que jean-Jacquers gardera de son enfance modeste seront celles d'un pays magnifique d'une douceur de vie incroyable. L'ocre de la terre battue, les façades blanches des maisons, le sirocco, l'"agua limon", la corniche, sont autant de souvenirs heureux.

 A proximité, la mer "terriblement salée", les baignades, le sable chaud, les jeux, et la voiture de son oncle, une Ariane, pour l'y emener.

 Avec les arabes, on ne se mélange pas, on se côtoie.

A l'école, le garçon n'apprend rien de l'Algérie, mais tout de cette France qui'il connaît mal. Cette enfance oranaise, pleine de couleurs, de senteurs et de mets savoureux va prendre fin quand éclate une guerre qui, trop longtemps, n'a pas dit son nom. Puis...

On écoute jean-Jacques religieusement : "Un matin, sans que rien ne se soit passé, on annonça que la guerre était perdue et quil fallait partir. C'est ce jour-là, que mon père comprit qu'il faisait partie des vaincus et qu'il devait fuir. Car, lui a-t-on fait comprendre, jamais, il ne pourra revenir."

 

 19 mars 1962. Les accords d'Evian sont signés et sonnent le départ des pieds-noirs.

Et la "vie s'est refaite dans un bout de la banlieue parsienne", une vie à jamais marquée par un double exil, celui qui a fait de lui un étranger en Algérie, puis un étranger à son arrivée en France.

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Published by Régis IGLESIAS - dans Les souvenirs de ...
19 juin 2014 4 19 /06 /juin /2014 18:58

0dfeea55"Belleville, années 1950.

 

 Le jeudi, quand certains de ses copains vont au patronage Saint-Pierre faire des génuflexions, Gérard s'adonne aux patins à toulettes dans les rues de son quartier.

 Et le dimanche, tandis que les cathos se rendent à la messe, gérard s'imprègne de l'air du temps en rêvant et en flânant. La règle familiale est claire : "ni flic, ni curé".

 Au prêtre chantant "Gloria in excelsis Déo", Gérard préfèrera toujours le credo de l'ouvreuse de cinéma installé au 373 rue des Pyrénées : "Bonbons, caramels, esquimaux, chocolats. Sucer les mamelles à Lolo Brigida." 

 A la sortie des classes, gérard et les autres filent chez Marie-la-Folle, acheter des bonbecs à un franc, des malabars avec tatouages et décalcomanies, des colliers en sucre, des boules de coco, des roudoudous, les caramels La Martiniquaise, des plaques de zan et des Mistral gagnant.

 Pour l'élégance, aucune chance de ses faire remarquer. gérard est habillé sans soin et à la hâte, à la "six-quatre-deux", comme tous les enfants d'ouvriers de l'époque.

 Sa mère et sa tante lui tricotent vaillament des pulls bordeaux ou gris. Même ses slips de bain sont en laine. Ils pèsent une tonne et tombent aux chevilles au premier plongeon.

 

 Dans le quartier, le coiffeur coupe "court devant, ras derrière, à la hauteur d'un peigne à plat".

Pendant qu'il se fait tondre, gérard a le droit de lire la presse du Parti Surtout le 4 octobre 1957, quand les soviétiques lancent le premier satellite, le bin nommé Spoutnik, "compagnon" en russe.

C'est le temps de la guerre froide.

 Le 3 novembre 1957, un second satellite est lancée dans la foulée pour célébrer le 40ème anniversaire de la révolution de 1917, avec à son bord une petite chienne, Laïka, qui mourra dans l'espace.

 Gérard encore peu sensible aux espérances révolutionnaires, pleure toutes les larmes de son corps à la nouvelle de sa disparition.

 

 Une fois par an, Gérard passe à la visite médicale. On le mesure, on le pèse, on lui inspecte le blanc des yeux et le trou des oreilles. Patatras !

 

 A son retour à la maison, une drôle de surprise l'attend : une télévision trône au-dessus de la radio et du pick-up, sur un guéridon, coincé entre le buffet henri II et la desserte Empire.

 A lui désormais, Sports Dimanche, Le Palmarès des chansons, Cinq colonnes à la une et les disputes de ses parents "pour savoir s'il fallait, oui ou non, couper la télé dès que le grand Charles apparaissait".

 Le dimanche, il scande avec son oncle : "La girafe au zoo, Debré au poteau !"

 

 Si sa vie est un film, Gérard se souviendra sans doute jusqu'à ce que la lumière s'éteigne de son bol sur la table de sa cuisine, des tartines beurrées au goût de savon, de la cafetière brune du petit-déjeuner, et de sa mère qui chantait :

"Debout les damnés de la terre !

Debout les forçats de la faim !"

 

 C'est juste avant l'époque où l'on aime les téléphones orange, les sous-pulls en symthétique et les meubles aux formes rondes tandis que le K-way opère une percée aux côtés des jeans Levi's ou Lee Cooper.

 Juste avant que dans le Petit Rapporteur on entende "La pêche aux moules". la Caméra invisible est plébiscitée par les enfants, de même que La Petite Maison dans la prairie. Au cinéma, Le Gendarme de Saint-Tropez continue ses aventures et Peau d'âne, avec Catherine Deneuve, fait rêver les petites filles.

Rideau.

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19 juin 2014 4 19 /06 /juin /2014 18:02

023 001"21 août 1944, Limoges est libéré.

 

C'est un soulagement intense, et tandis quela fête à Châteauneuf-la-Forêt bat son plein, les enfants du village posent pour immortaliser cet instant.

Partout des défilés, des bals - le régime de Vichy les avait interdits -, des fêtes célèbrent ce jour tant attendu.

Les enfanst e ux-aussi se sententlibérés. Sur la photo prise ce jour-là, Nicole Daugéras, une des plus grandes, a les mains posées sur les épaules de Françoise qui semble faire un peu la tête.

 Elle est furieuse car seuls les garçons ont eu le droit de brandir des fanions et des drapeaux américains.

 La liesse s'accompagne souvent d'une volonté de revanche sur les années d'humiliation, de peur et de deuils. la traque des "collabos", des femmes que l'on veut tondre pour leurs liaisons avec l'ennemi, donne lieu à des scènes de violence.

 Mais nombres de correspondants de guerre seront frappés par cette atmosphère heureuse, ce sentiment inoubliable, partagé par tout un peuple, de vivre un moment unique, celui de la liberté retrouvée.

 

 La suite ? A l'automne 1944, la maîtresse de l'école de filles de la rue Durouchoux donne comme sujet de rédaction : "Racontez la libération de Paris". Aussitôt, les filles de la classe s'appliquent à décrire avec leurs mots ce qu'elles ont vu : les chars allemands qui battent en retraite dans la capitales, les drapeaux aux fenêtres.

 D'abord, elles décrivent leur peur : "Les rues étaie,t fermées par des barrages, des sacs de sable, des arbres et des pavés arrachés au sol. Il y avait des hommes, des femmes, des jeunes filles, des jeunes gesn et même des enfants tous pleins de courage de défendre la France", note Nelly très impressionnée.

 25 août 1944. Quand le cri est lancé : C'est terminé !" l'explosion de joie est immense. Le départ de l'occupant donne partout le signal de la fête.

 On accroche aux balcons, aux arbres, aux portières des voitures, des drapeaux tricolores et les couleurs des alliés.

 Nadine, elle, ne cache pas "la joie de savoir que nous allons retrouver notre liberté... enfin nous voilà heurreux de ne plus voir les Allemands".

 Les hommes de l'US Army sont des héros. "Tout le monde voulait les fêter, les remercier, on était tous émus", remarque Anne-Marie.

 Par grappes entières, ils s'accrochent aux jeeps et grimpent sur les amrchepieds des camions pour quémander du savon, du chocolat, du chewing-gum. Les enfants admirent ces grands gaillards hilares sortant d'un char Sherman ou d'un camion Dodge.

 Pour la première fois, certains voient des noirs !

Pour nombre de gamins, émerveillés par le Coca-Cola et les Donuts, l'exploit est de manger à sa fin, se régaler de bonbons ou de chocolat, c'est un avant-goût du paradis.

 

 La fin ? Au Salon de l'auto de 1946 de 1946, Renault remporte un énorme succès avec sa 4 CV quatre portes.

 A partir de 1954, Pierre Mendès France oblige tous les écoliers à boire un verre de lait pour lutter contre la malnutrition et le rachitisme, et le vaccin contre la polio devient obligatoire, tout comme le BCG.

 

 Rideau.

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Livre d'or

Première affiche

 

  "MA MAMIE M'A DIT"  

Spectacle nostalgique 

 

"On nous avait promis la magie, promesse tenue : un spectacle plein de féérie de souvenirs où chacun se retrouvait. Une belle énergie. Les résidents ont adoré. Merci." Marie ("La Clairière de Luci" - Bordeaux)
 
"Formidable ! Nous sommes tous remontés dans le temps, nous avons vingt ans, on a ri, on a presque pleuré et surtout on a chanté. Merci." Cathy (Arles)
 
"Un véritable petit chef d'oeuvre" ; "La légion d'honneur pour la créativité" "Un véritable artiste" ; "Après-midi formidable" ; "Absolument parfait" ; "Une rétrospective originale" ; "Un très bon moment d'évasion". Propos recueillis à la résidence Emera d'Angoulême  
 
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux... C'était magnifique. Nous avons revu toute notre jeunesse et notre enfance. Et c'est beau de redevenir jeune dans l'ambiance d'autrefois." Aimée et Janine
 
"Les chansons, les réclames et les anecdotes ont transporté les résidents dans leur enfance. Une après-midi de nostalgie mais aussi de chansons et de rires. Merci encore pour ce magnifique spectacle." Sandrine
 
"Spectacle complet, tellement agréable et thérapeutique pour nos personnes âgées, encore félicitations !" Docteur Souque
 
"Un choix extraordinaire de chansons, des moments magiques, des photos magnifiques, vous nous avez mis de la joie dans le coeur. Et retrouver sa jeunesse avec tous ces souvenirs, ça fait plaisir et j'espère que vous reviendrez nous voir." Mme Lorenzi (Juan-Les-Pins)
 
"Pour ma fête, par un pur hasard je me suis retrouvé dans un club de personnes âgées où j'ai pu assister à votre spectacle sur le passé. Cela m'a rappelé mes grands-parents et mes parents et c'était vraiment un moment magique." Josette, La Roque d'Antheron
 
"Bravo bravo bravo Regis, c'est le meilleur spectacle que j'ai vu depuis que je fais le métier d'animatrice." Bénédicte La Salette-Montval (Marseille)
 
"Je n'imaginais pas lorsque je vous ai accordé un rendez-vous que vous enchanteriez pendant 1 h 1/4 les personnes âgées d'une telle façon. Merci pour votre prestation qui a fait revivre les moments publicitaires, évènementiels et musicaux de leurs vies." Michelle, CCAS de Toulouse
 
"Un super voyage dans le temps pour le plus grand plaisir des résidents. Merci à Régis pour cette magie et à bientôt." Brigitte (Lunel)
 
"Enfin un retour à notre "époque". Quel bonheur, que de souvenirs, quelle belle époque ou l'amitié était de mise. Merci pour cette très belle après-midi, on s'est régalé avec ce très très beau spectacle". Danielle (Mirandol)
 
"Super - divinement bien -  tout le monde était enchanté même que M. Benaben a dit : "Vous nous avez donné l'envie de revivre notre vie"." Sylvie (Sainte Barthe)
 
"Un grand merci pour ce bon moment et je crois, je suis sûre, qu'il a été partagé par mon mari." Mme Delbreil
 
"Une féérie de l'instant." Christian
 
"Beaucoup d'émotion dans ce spectacle plein de chaleur et d'humanité." Sylvie
 
"Une soirée inoubliable. Continuez à nous émerveiller et faites un long chemin." Claude
 
"Le meilleur spectacle que j'ai jamais vu. De loin." Tonton Kiko
 
"C'est bien simple, je n'ai plus de Rimmel !" Claudine (seconde femme de Tonton Kiko)
 
"A ma grande surprise, j'ai versé ma larme. Tu as atteint mon coeur. Bravo pour ces sentiments, ces émotions fortes, j'ai eu des frissons par moment." Ta couse Céline
 
"Redge, encore un bon moment passé en ta présence. On était venu plus pour toi que pour le spectacle, mais quelle agréable surprise ! On est fier de toi, continues d'oser, de vivre !" Pascale
 
"J'avais froid, un peu hagard, l'humeur moribonde et puis voilà, il y a toi avec toute ta générosité, l'intérêt, l'affection que tu as toujours su apporter aux autres, à moi aussi et Dieu sait si tu m'as rendu la vie belle depuis qu'on se connaît comme tu as su le faire une fois de plus." Jérôme
 
"Ce spectacle est nul à chier et je pèse mes mots." Gérard
 
memoria.viva@live.fr

Ma Mamie m'a dit...

Madka Regis 3-copie-1

 

COLLECTION "COMEDIE"

Mamie est sur Tweeter

Mamie n'a jamais été Zlatanée !

Mamie doit travailler plus pour gagner plus

Mamie, tu l'aimes ou tu la quittes

"Casse-toi pauvre Régis !"

Papi a été pris pour un Rom

Mamie est sur Facebook

Papi est sur Meetic

Il y a quelqu'un dans le ventre de Mamie

Mamie n'a pas la grippe A

La petite maison close dans la prairie

 

COLLECTION "THRILLER"

Landru a invité Mamie à la campagne...

Sacco et Vanzetti

Mamie a rendez-vous chez le docteur Petiot

La Gestapo française

Hiroshima

 

COLLECTION "SAGA"

Les Windsor

Mamie et les cigares du pharaon

Champollion, l'homme qui fit parler l'Egypte

Mamie à Tombouctou

 

COLLECTION "LES CHOSES DE MAMIE"

Mamie boit dans un verre Duralex

Le cadeau Bonux

Le bol de chocolat chaud

Super Cocotte

Mamie ne mange que des cachous Lajaunie

 

COLLECTION "COUP DE COEUR"

Mamie la gauloise

Mamie roule en DS

Mamie ne rate jamais un apéro

Mamie et le trésor de Rackham le Rouge

 

COLLECTION "DECOUVERTE"

Mamie va au bal

La fête de la Rosière

Mamie au music-hall

Mamie au Salon de l'auto

 

COLLECTION "SUR LA ROUTE DE MAMIE"

Quand Papi rencontre Mamie

Un Papi et une Mamie

Mamie fait de la résistance

Mamie au cimetière

24 heures dans la vie de Mamie

 

COLLECTION "MAMIE EXPLORE LE TEMPS"

Jaurès

Mamie embarque sur le Potemkine

Mamie et les poilus

Auschwitz

 

COLLECTION "FRISSONS"

Le regard de Guynemer

Mr et Mme Blériot

Lindbergh décroche la timbale

Nobile prend des risques

 

COLLECTION "MAMIE EN BALLADE"

Mamie chez les Bretons

Mamie voulait revoir sa Normandie !

La fouace Normande

La campagne, ça vous gagne...

Mamie à la salle des fêtes

Launaguet

La semaine bleue

Le monastère

 

COLLECTION "MAMIE AU TEMPS DES COURTISANES"

Lola Montès

Les lorettes

Mme M.

Napoléon III

Plonplon

La marquise de Païva

Mme de Pompadour

Générique de fin