"Une jeunesse castraise au temps des yéyés.
"Liberté, Egalité, Fraternité", se conjuguait au temps des yé-yé en "Jeunesse, Insouciance, Gaieté".
Le transistor était le symbole à lui tout seul de la liberté nouvelle qui s’offrait à tous : pas de fil électrique, pas de fil à la patte.
Très vite l’émission Salut les copains fut suivie d’un magazine du même nom. Sa réussite fut fulgurante. Son attrait était irrésistible. Dès les premières pages, il y avait le hit-parade du mois, suivi des paroles d’une quinzaine de chansons à découper et à coller dans son cahier de chansons.
Sans oublier les interviews et surtout des posters de double-page en couleurs de nos idoles. Nous les détachions pour les épingler dans la chambre.
La publicité était pour banania, Persavon, le stylo Bic, Clearasil pour assécher les boutons, la méthode Assimil pour chanter en Anglais sans accent, Roja-Net pour la mise en pli, le costume Tergal, les Jean’s Levi’s Strauss, les rasoirs électriques Philips, les montres Kelton, les réveils Jaz, les tennis Palladium, les chaussures André, le transistor Radiola et bien sûr les tourne-disques Teppaz. La cigarette n’y fit son entrée que trois ans plus tard avec Peter Stuyvesant et HB "la cigarette à bout filtre la plus vendue en Europe" selon la pub.
Si l »on rajoute les cuisine Formica, le cosy, une unique chaîne de télé en noir et blanc, l’horloge escargot, le carré blanc, les minijupes Courrèges, les surbooms, les baignades à la rivière, les pétoires Mobymatic, les jeans à pattes d’éléphant, les boots à talonnettes et bouts pointus, les badges, on a tout l »univers des yé-yé.
Le contexte des sixties est celui de la sortie de la guerre. Finie la guerre d’Algérie, finie toutes les guerres, place à peace and love, aux hippies, aux chemises à fleurs, les amplis devaient cracher, pas les armes. Les adultes ne voulaient voir que du bonheur et les jeunes voulaient s’amuser éperdument.
Le contexte musical était à la création, il suscita des vocations. Des groupes musicaux se formaient et répétaient dans les caves et les garages. Chacun avait son groupe préféré et clamait qu’il était le meilleur.
Aussi, pour s’étalonner, ils couraient les concours d’orchestres.
Depuis quelques jours, la fièvre était apparue durant les récréés et elle montait chaque jour un peu plus à l’approche du grand soir. A chaque orchestre correspondait un mode musical étroitement relié à un statut social, et chacun se rangeait sous la bannière qui lui convenait. Ainsi, derrière les Mods, se trouvaient les snobs etc derrière les Rangers poussaient les Rockers tendance Hell’s angels. En rentrant dans la salle, chaque groupes e fans s’appropria un espace et avec les autres groupes il y avait des regards qui ne trompaient pas.
Firt heureusement chaque bande s’est contenue à soutenir son orchestre préféré en gesticulant, sautant et criant encore plus fort que les autres.
En avril 1964, la gloire de Claude François était en pleine acmé. Depuis ses deux premiers succès Belles, belles, belles et Vénus en blue jeans en 62, il n’a sorti que des tubes, parfois jusqu’à quatre sur le même 45 tours. Les 45 tours de l’époque avaient quatre chansons etc es pochettes glacées. On les achetait autant pour les chansons que pour la superbe photo sur la pochette glacée.
Le second disque de Cloclo fut un tube total. Ses quatre chansons furent toutes un succès : Dis-lui, Marche tout droit, Langage d’amour et Moi je voudrais bien me marier.
La suite fut du même acabit avec Si tu veux être heureux, Des bises de moi pour toi et Pauvre petite fille riche, une chanson qui a bercé l’été 63. Elle narre une histoire d’amour sur une plage avec en bruit de fond le sac et le ressac de la mer. Même succès pour le quatrième 45 tours avec Si j’avais un marteau, Je veux rester seul avec toi etEn rêvant à Noël.
Le cinquième ? Quatre méga succès : Maman chérie, Laisse-moi tenir ma main, Petite mèche de cheveux et Chaque jour c’est la même chose.
C’était carrément le délire chez les fans.
Cette tournée de Claude avait pour vedette américaine un enfant d’une dizaine d’années : le Petit Prince qui chantait Jamais une rose.
Long Chris jouait sur la gamme western. C’était un thème porteur à l’époque car les films de cow-boys avec gary Cooper, Kirk Douglas, Henri Fonda, Robert Mitchum et Grégory Peck faisaient le bonheur des dimanche après-midi de nos quinze ans. Long Chris écrira pour Johnny de nombreux succès dont La génération perdue et Je suis né dans la rue.
Pour Johnny, c’est la période voyou avec des titres cultes. Les mauvais garçons, Le pénitencier, O Carole, Les monts près du ciel, Quand revient la nuit sont depuis longtemps des standards bien établis en haut des hit-parades. Depuis son retour du service militaire, il se relance avec deux à trois succès par disque : Ne joue pas ce jeu-là, Le diable me pardonne, Je l’aime, Jusqu’à minuit, Cheveux longs et idées courtes, Les coups, Noir c’est noir, La génération perdue, Je veux te graver dans ma vie, La fille à qui je pense, Hey Joe et La petite fille de l’hiver.
Johnny, c’est clair, il ne fallait pas le chercher. N’avait-il pas cassé la figure et dans la foulée le nez à plusieurs individus qui avaient voulu s’ y frotter ?
C’était tout le sens des coups. Cela plaisait aux justiciers du quartier qui y ajoutait le côté tendresse avec Quand revient la nuit et Tu ne me verras pas pleurer. Que c’était touchant de voir les gros bras chanter des chansons douces le soir sur le perron du centre commercial. Ca donnait à ces soirées un côté veillée texane.
Il y avait aussi Antoine. Les élucubrations, les contre-élucubrations, sans oublier les chansons engagées comme L guerre, Autoroute européenne n°4, Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez moi, Pourquoi ces canons ou La loi de 1920…
Les deux étaient inconciliables depuis qu’Antoine avait chanté dans les élucubrations :
"Le monde devrait changer tout le temps,
Ce serait bien plus amusant.
On verrait des avions dans les couloirs du métro,
Et Johnny Hallyday en cage à Medrano."
La réponse de Johnny fut cinglante dans "Cheveux longs et idées courtes", la guerre était alors ouverte entre les deux hommes mais aussi entre leurs fans.
Et c’était encore plus inconciliable quand Antoine a rétorqué, persisté et signé dans ses Contre élucubrations :
"Je dis ce que je pense
Et je vis comme je veux.
Je meys Johnny en cage
Je n’aime pas Edith Mathieu."
En concert à Castres, Johnny rentra, tout de noir vêtu, guitare rouge en bandoulière et enchaîna coup sur coup Noir c’est noir, Les guitares jouent, Je veux te graver dans ma vie et puis, et puis… tout ce qui rend fou pour oublier la suite… jusqu’à La fille à qui je pense au cours de laquelle, une bouteille de Johnny Walker à la main, il déclamait : « Et malgré l’amour que tu me donnes, tu n’en feras jamais assez, car c’est l’alcool lui qui me donne les plus beaux rêves que je fais. Et dans ces moments-là, la fille à qui je pense est plus belle que toi ! »
Dans sa détresse il jetait du whisky sur l’assistance. Puis au plus profond de son désarroi il s’écroula à genoux sur scène, déplorant e tout son être : « Personne ne m’aime ». « Siiiii » lui répondaient les filles en écho.
On a vu, entre autres scènes cocasses, une mère empêcher sa fille de s’approcher de la scène, la poursuivre quand elle lui échappait, la ceinturer et essayer de la ramener vers l’arrière en tirant sur son gilet. La pauvre femme était toute en sueurs.
Puis soudain, avec mai 68, tout pris une tournure radicale. Fini les chahuts d’étudiants bon enfant, finis les monômes sympathiques, finies les blagues faites à la police, fini l’humour sur la voie publique. On ne rigolait plus avec la bonhomie qui sied aux chahuteurs.
Sans rien changer, nous étions devenu pour les autorités des manifestants. mais quelle mouche folle piqua les Français en ce printemps 68 pour leur faire perdre tout discernement ?
Aujourd’hui ces chahuts sympathiques me manquent, tout comme me manquent les odeurs, les farces et les chansons paillardes de ce temps-là.
La première voiture
La 2CV était alors la voiture des étudiants et des ménagères. Et comme nous en avions plus ou moins une, les retours de bal donnaient lieu à des courses de 2CV. Ce n’était pas la rapidité qui comptait car la puissance de la voiture était fort limitée malgré ses quatre vitesses. La première servait juste à lancer le véhicule sur quelques mètres dans un ronflement d’enfer. La seconde était réservée aux côtes. La troisième était la vitesse de croisière à 70 km/h. Et passer la quatrième relevait de l’exploit. Alors atteindre les 90, c’était l’ivresse.
La première voiture de sa vie, c’est le bonheur absolu et un accessoire de la drague. Mais, certains soirs, c’était plutôt la fureur de partager ensemble des moments intenses dans la clémence d’une nuit d’été. Il faut bien que le corps exulte chantait Brel.
Le 421
Pour agrémenter nos parties de 421, Béru agit mis au point une règle diabolique et, ô combien dévastatrice. La voici : le premier joueur qui fait 421 commande la boisson de son choix, le deuxième qui fait 421 paie la commande et le troisième la boit. Vous voyez la suite.
Une partie commençait par un demi, un Ricard, un fond de culotte, un Martini, mais l’entrain stimulait l’imagination. Alors il se commandait tout ce qu’il pouvait y avoir à consommer dans un bistrot. En deux heures de jeu, le même individu pouvait avoir bu dans l’ordre un Ricard tomate, un lait menthe, une feuille morte, un Viandox, un Picon bière et un Kir. Il finissait avec des nausées pas possibles est e précipitait en planche vers la sortie pour balancer une de ces fusées que seuls ces jeux savent procurer.
Au fait, savez-vous ce qu’est un « fond de culotte » ? C’est une Suze cassis. Car un fond de culotte ne s’use qu’assis.
Le 21 juillet 1969 à quatre heures du matin, Neil Amstrong posait le premier son pied sur la lune en prononçant cette phrase historique : « C’est un petit pas pour l’homme, mais un pas de géant pour l’humanité. »
Nouq étions au Palmarium où nous attendions l’alunissage de la fusée Apollo vers 23 heures. Finalement ce fut bien plus tard et je suis rentré heureux, seul au monde en fredonnant le coeur léger Siffler sur la colline de Joe Dassin.
L’été 67 se finissait, j’avais rangé mes vacances dans ma maison de campagne de Camarès. Tandis que le professeur Barnard réunissait au Cap al première greffe de coeur, le Che était lâchement assassiné par la CIA en Bolivie. La chanson battait au rythme de l’amour avec J’aime les fille de Dutronc, All you need is love des Beatles, Ame câline de Polnareff, et surtout les deux grs tubes de l’été A whiter stade of pale, un slow envoûtant de Procol harum et Amour d’été un slow torride de Johnny.
Pendant que Pascal Danel mettait un terme à une carrière de deux tubes : Les neiges du Kilimandjaro et La plage aux romantiques, Dutronc mettait des Cactus dans son slip après s’en être pris aux Play-Boys « ces petits minets qui mangent leur ronron au drugstore… crac boum hue, les filles en tombent à mes genoux ». Et Nino Ferrer bâtissait la sienne sur des pantalonnades dont les refrains furent des succès accrocheurs : Le téléfon et Les cornichons.
En cette fin d’année 67, le génie de Gainsbourg fut d’associer les deux fantasmes du moment pour crever l’écran de télé lors du réveillon de la Saint-Sylvestre. C’était la Harley Davidson et Brigitte Bardot (« Quand je sens en chemin les trépidations de ma machine ; Il me monte des désirs dans le creux de mes reins ».
Politiquement, alors que les chars soviétiques amenaient l’hiver communiste sur le printemps de Prague, le printemps de Prague faisait fleurir des barricades dans les rues. Dans ce contexte, l’arrivée des Shadocks, le 1er mai à 20 h 30 sur la deuxième chaîne noir et blanc, passa tout à fait inaperçue.
Cette révolution naquit là où on ne l’attendait pas : la Sorbonne. La colère, née le 22 mars sur le campus de Nanterre, parti du refus du libre accès des garçons aux bâtiments des filles dans les cités U. Elle enfla en avril, quand le recteur d’université renvoya le très libertaire Dany le rouge.
Le 6 mai éclosent les premières barricades. Les affrontements sont violents. Ils se soldent par 600 étudiants et plus de 300 policiers blessés. La suite ? La « nuit des barricades » : 300 voitures renversées ou brûlées, une centaine de vitrines de magasins brisées et 1000 blessés de part et d’autre. Alors que l’ORTF ne parle que des incidents, Serge Juli journaliste à Radio Luxembourg relate les émeutes, haut perché sur le toit de la DS de fonction.
Alors que nous démarrions à peine le bachotage, tous les lycées se mirent en grève. Les ateliers et les usines emboîtèrent le pas. Les piquets de grève bloquèrent les entreprises. Les unes après les autres, toutes s’arrêtèrent.
Le 22 mai, la France comptait huit millions de grévistes. Il n’y a plus d’essence, le pays est bloqué, l’armée remplace les éboueurs.
Alors qu’un salaire mensuel décent était de 500 francs, des patrons du textile et du cuir découvrent honteusement que nombre de leurs ouvriers ne touchaient que 200 francs.
La France était en transes, elle bouillonnait, se rassemblait en des comités ouvriers, défilait en formulant des revendications : « Il est interdit d’interdire », « Soyez réalistes, demandez l’impossible ».
Il se gueulait tout et son contraire, l’essentiel était de gueuler.
Une poignée de féministes décréta que les femmes, aussi, avaient le droit d’avoir une vie sexuelle. On se demande avec qui couchaient les hommes jusque-là ?
Le slogan du MLF qui évoquait le mieux l’absence totaled e considération pour la femme, et inégalé à mon goût à ce jour est : « Il y a plus inconnu que le soldat inconnu, c’est la femme du soldat inconnu ».
Les idoles s’appelaient Donovan, Jimmy Hendrix, Joan Baez et Bob Dylan. Leur slogan était « Make love, not war ».
Les gauchistes étaient guevaristes, ils soutenaient la résistance de Ho Chi Minh à l’impérialisme américain. Ils encensaient Mao qui enfumait le monde avec son opium idéologique appelé Révolution culturelle et ils ne s’interrogeaient pas sur la répression des despotes du kremlin dont le communisme n’était plus qu’un mot vide de sens.
Et nous, que faisions-nous ? On passait de Lenine à Lennon et de Staline à Stallone. Mais hormis les compte-rendu des évènements de la veille à Paris et à Toulouse, effectué en début de matinée, il ne se passait rien de la journée. Très vite l’ennui nous gagna.
De nuits d’émeutes en occupations d’usines, et d’occupations d’amphis en groupes de revendications, il s’en suivit pour les ouvriers des salaires revalorisés et des conditions de travail améliorées. tout se solda par les Accords de Grenelle avec rattrapage du retard salarial et la mise en place de l’échelle mobile des salaires.
La suite ? On nous fit passer le bac à la va-vite. les vacances sont sacrées dans l’enseignement. j’ai passé toutes mes épreuves le même jour. Nous avons eu l’oral à l’écrit et l’oral à l’amoral. En clair, nous avons passé toutes les épreuves oralement.
Les évènements n’empêchèrent pas le show bizz de faire la course au tube de l’été. Comme d‘habitude de Cloclo connut la renommée mondiale sous le titre My way. La magnifique Il est cinq heures, Paris s’éveille de Dutronc resta longtemps en tête des hit-parade avec le Dock of thé bay d’Otis Redding.
Après Nights in white satin, un slow des plus torrides des Moodies blues, Léo Ferré enchaîna avec C’est extra, un vrai slow de dragueurs, Johnny, quant à lui, se convertit à la mode hippie en adaptant San Francisco de Scott Mac Kenzie.
Au cinéma, le western se faisait spaghetti avec Sergio Leone : Et pour quelques dollars de plus, Pour une poignée de dollars, Le bon, la brute et le truand et Il était une fois dans l’ouest.
Alors que Joan Baez réhabilitait les innocents Sacco et Vendetti, le duo infernal Gainsbourg-BB ressuscitait le coupole de bandits Bonnie and Clyde et créaient la mode du béret pour les filles et celle des chaussures à bouts pointus pour les mecs.
69, année érotique pour Gainsbourg et année héroïque pour Henri Turcat qui réalisa le vol inaugural du Concorde dans le ciel toulousain. De Gaulle profita du « non » à son référendum sur la régionalisation pour quitter la scène politique un an avant sa mort. Joe dessin était bien le soeur a voir un intérêt dans les embouteillages sur Les Champs Elysées, une gentille bluette qui changeait de l’érotisme torride ambiant porté par Que je t’aime de Johnny et Je t’aime moi non plus de Gainsbourg.
Mai 68, en décoinçant la société française, fut un grand tournant, mais la libération des moeurs n’était pas effective. C’est la comédie Hair, sortie en mai 69, qui mit le feu aux poudres. Hair, c’est l’histoire d’un jeune homme contraint d’aller au Vietnam qui rencontre une bande de hippies. Les corps se libèrent. La mode aussi, Courrège et Paco Rabanne raccourcissent les jupes, à notre grand plaisir. Marcel Zanini radicalisa la chanson d’amour avec Tu veux ou tu veux pas. Vous vous souvenez « C’est comme ci ou comme ça. Ou tu veux ou tu veux pas !"
1970, les années Peace and Love s’estompent, on va moins à Katmandou. Johnny, cheveux longs et barbe hirsute fait scandale en chantant "Jésus, Jésus Christ est un hippie. Il a des cheveux longs, il fume de la marie-jeanne avec un regard bleu qui plane".
Polnareff, avec son look androgyne, ressent le besoin de faire taire les critiques en clamant Je suis un homme.
1970 c’est aussi la séparations Beatles, les décès de Bourvil, jean Giono, Jimy hendrix, Luis Mariano et le Général de Gaulle.
Le journal hara Kiri, avec Reiser, Choron et Coluche, entre autres, est interdit. En effet, le 1er novembre, un incendie dans une boîte de nuit de l’Isère fait plus de 200 morts. Huit jours après, meurt Charles de Gaulle, Hara Kiri titre « bal tragique à Colombey, un mort ». Interdit. L’hebdo reparaîtra sous le nom de Charlie hebdo.
Autre tournant, le cinéma sort pour le grand public le seul film de sang et de cul qui fait rire M.A.S.H. Ce film obtiendra la Palme d’or à Cannes.
En 72, Michel Polnareff croit nécessaire d’en rajouter en montrant ses fesses en quatre mètres par trois. Le duo Poiret - Serrault fait courir tout Paris au théâtre voir La cage aux folles qu’ils joueront plus de mille fois.
Toujours en 72 sort un film qui fait scandale en France : Le dernier tango à Paris. les samedis, des charters espagnols atterrissent à Perpignan pour voir des scènes très crues entre Marie Scneider et Mardon Bran…, pardon Marlon Brando, dans le rôle vedette du "beurrier".
En 74 sort les Valseuses et Pierre Perret se met au goût du jour avec sa gentille chanson éducative Le Zizi. C’est l’année où sort le premier film érotique avec alibi Emmanuelle. On vante la beauté des photos, la chanson éponyme de Bachelet, l’érotisme chic et soft. rien que des prétextes pour se déculpabiliser d’aller le voir. aussi, sans aucun jeu de mot, les queues s’allongent devant le cinéma Palace.
L’érotisme envahit tout. ce n’est plus au ciné que l’on va voir Bardot mais à la mairie, en Marianne à peine vêtue. idem pour la pub, plus une voiture ou une tronçonneuse ne se vend sans la fille à côté.
deux phrases qui caractérisent la période, passeront inaperçues. L’une este e Godard qui fait dire à Belmondo dans Pierrot le fou : "On rentre dans la génération du cul ». Et l’autre est de Ionesco qui dit : « Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux."
Après Histoire d’<o, ce sera Flossie qui, en 75, fera salle comble et salira les fauteuils. s’en suivra Deep Throat, Gorge profonde en français, le titre est assez évocateur pour ne pas raconter le contenu.
La chanson rentra dans le mouvement. C’est Michel Sardou avec je vais t’aimer comme personne n’a osé t’aimer (remplacez le verbe aimer par baiser et vous ne l’entendrez plus pareil). Suivent les Charlots avec Sois érotique : « la Marie depuis qu’elle est montée à Paris, elle veut qu’on l’appelle Emmanuelle, c’est une question de sexe appelle ».
Même l’inoffensive Annie Cordy s’y met avec La bonne du curé qui clame « ça me chatouille, ça me gratouille, ça me donne des idées ». sans oublier Il était une fois « Je l’ai rêvé si fort que les draps s’en souviennent. »
Le sexe et le sang faisant public, Spielberg opta pour le deuxième. Il sortit en 75 Les dents de la mer. Le succès fut tel qu’il ne tarda pas à sortir la suite.
Seule la télé restait sage, même si Le petit Rapporteur de Jacques Martin avec Collaro, Prevost et Desproges secoua les convenances d’un Giscardisme ringard avant d’être usé.
Les pub raient restés sages. En 77 on en était encore à la mère Denis et son célèbre "Ca, c’est bien vrai ça". C’est l’émission Le Collaro Show, pourtant bon enfant, qui affolera les indices d’écoute avec sa playmette du mois.
Pour les amateurs : Les souvenirs de Charles Sénégas (1) ; Les souvenirs de Charles Sénégas (2); Les souvenirs de Charles Sénégas (3) ; Les souvenirs de Charles Sénégas (5) ; Les souvenirs de Charles Sénégas (6)