"Aujourd’hui, nous sommes le 4 Avril et nous fêtons la saint « Isidore ».
Présentation : Isidore sait placer son orgueil assez haut pour être susceptible d’abnégation et de dévouement à toute épreuve.
Le dicton du jour : « A la saint Isidore, si le soleil dore, le blé sera haut et chenu, mais le pommier sera nu …
La recette du jour : « Tiens, voilà une entrecôte persillée, tu te mettras ça sous la dent et tu m’en diras deux mots. »
Le quai des brumes
La blague du jour : « A l’hôpital : - Monsieur, j’ai deux nouvelles à vous annoncer, une bonne et une mauvaise. D’abord, la mauvaise : j’ai du vous amputer des deux jambes ; la bonne : votre voisin du lit vous achète vos chaussures …
Courrier : Sachez que Mamie a reçu le 4 avril 1936 une carte postale où on lisait au dos : « A quoi cela sert-il d’avoir des souvenirs si on a personne a qui les raconter ? A quoi bon vivre si on ne le fait pour personne ? »
La comptine du jour : « En passant par la Lorraine,
Avec mes sabots,
En passant par la Lorraine,
Avec mes sabots,
Rencontrai trois capitaines,
Avec mes sabots,
Dondaine, oh ! Oh ! Oh !
Avec mes sabots.
Souvenirs du grenier : « C'est Pâques, et à défaut d'oeuf à 3500 F on se rabat sur la tablette en chocolat à 225 F.
La réclame du jour : « Perrier, c’est fou …
1915 : le romancier et jeune soldat allemand Hans Leip écrit, à Berlin, le poème Lied eines jungen Wachtpostens, qui sera mis en musique sous le titre de Lili Marleen …
Carnet rose.
1914. Naissance de Marguerite Duras.
« Il reste toujours quelque chose de l'enfance, toujours...
1923. Georges Coulonges pousse son premier cri.
Il se souvient : "Nous étions en 1942. "Plus un pas en arrière !" avait proclamé le maréchal Staline.
Une affiche proposait l'échange d'un litre de vin contre deux cents grammes de cuivre : on attirait le Français réputé ivrogne avec du vin comme les rats avec du fromage.
Comme pour mes héros médiévaux, j'avais l'obsession des noms propres : Eisenhower, Montgomery, Clark répondaient à Paulus, Keitel, Brauchitsch ou Guderian. En France, on ne parlait que d'amiraux, Auchan, Platon, Abrial, Decoux, Esteva, Michelier tandis que la Flotte se sabordait à Toulon.
De sottes affiches témoignaient de la duperie de la Relève des prisonniers : "Ils donnent leur sang. Donnez votre travail.", ou "Je suis heureuse. Mon mari travaille en Allemagne."
C'est à ce moment-là que je l'ai rencontré. La première fois, elle me parla de photographies et de son oncle. Il tenait un rôle de Bel-Ami comme dans ce film allemand que je ne voulais pas voir. Elle me dit :
- Je ne suis pas une guerrière. Seulement une traductrice. Le nom est Nachrichtenhelferinnen. Comme ce serait trop difficile à prononcer, vous dites "souris grises".
J'aurais préféré une autre couleur, "souris verte" par exemple. Vous savez : Une souris verte qui courait dans l'herbe...
- ... Je l'attrape par la queue...
- ... Je la montre à ces messieurs..."
Plus tard, allongé dans mon lit, j'entrepris d'écouter la B.B.C.
A force de caresser le bouton de l'appareil et de tendre l'oreille. au contraire des grincements haineux de Jean-Harold Paquis sur Radio-Paris, j'appris l'ouverture de négociations entre de Gaulle et Giraud, puis après les curieux messages personnels, j'entendis la Voix des Belges libres qui se terminait par cette phrase : "Allez, les Belges, au revoir et courage, on les aura, les boches !"
J'allai à la fenêtre. Sur le trottoir d'en face, une fillette sautait à la corde. J'en étais là quand je vis celle que je ne voulais pas attendre. Elle sourit à la fillette, lui parla, lui caressa la tête et traversa la rue. je compris que je n'aurai pas le courage de faire le mort. Je me répétai alors qu'elle n'était pas allemande, qu'elle ne pouvait pas être une allemande. J'étais près de la porte avant même qu'elle eut sonné.
Je l'entend encore : "Je sais : personne ne nous regarde. C'est pourquoi il y avait des panneaux d'indication en allemand partout dans les grandes artères. Nous appelons Paris Die Stade orne Blick, la ville sans regard.
Pour les Allemands, c'était champagne, cognac, femmes dénudées, strass et faux luxe, plaisirs frelatés. Pour eux, Paris était une récompense. Il existait un slogan : Jeder einmal in Paris, "Chacun une fois à Paris".
Puis elle murmura : "Marc..." et je dis : "Maria..."
Je n'avais jamais connu un tel émoi ; je ne devais jamais le retrouver auprès d'autres femmes. Le temps cessa d'exister.
La suite ? Elle voulait connaître Paris par mes yeux, librement, comme si elle n'était pas une Allemande. Parc cette parole, par cette allusion à la liberté, j'eus cette pensée que les occupants étaient plus prisonniers que nous.
Je reçus les commentaires de Mme Olympe : Ah ! jeunesse.. Tu as bien raison, va !
Comme dit la chanson, "Il faut cueillir le printemps !" Vingt ans c'est la belle âge..."
Aujourd'hui, chaque quartier me porte confidence d'un souvenir. Je revois encore Maria qui fit danser ses doigts en signe d'au-revoir. Elle esquissa ce sourire éclatant qui me faisait fondre.
Tous ceux qui ont aimé longuement, ardemment, et, après une longue attente, reçu l'offrande d'un corps comprendront ce que je ressentis : l'éblouissement, une vague d'effroi devant la féminité, une ferveur, mille sentiments et sensations mêlés qui m'enflammèrent et me modérèrent tour à tour en m'inspirant désir et délicatesse.
Des riens m'apparurent : écorces d'orange, fleurs séchées, billes de verre, soldat de plomb, collier d'attaches-trombones.
Toute ma chambre sembla s'éveiller.
Pour ouvrir les portes de la félicité, j'avais mon sésame : je ne cessais, comme je le ferais durant des années, de répéter le prénom de Maria.
Maria. Sa voix au téléphone, son pas dans l'escalier, le froissement de sa robe, son rire, sa danse dans mes bras, son visage, sa bouche, sa peau... Notre amour était devenu aveugle de l'éblouissement provoqué par sa propre lumière.
"Venez , mon petit Marc. Après le repas, nous écouterons de la musique.
Dans le brouhaha, les bruits de verres et de bouteilles, des exclamations fusaient, des "Vive Charles !", des bribes d'Internationale, de Jeune Garde, de Drapeau rouge, mêlés à la Marche Lorraine ou à celle des Bat' d'Af', sans oublier des chansons de salle de garde.
"Je viens de l'apprendre par la T.S.F. Messieurs...
Les petits gars, si vous ne le savez pas, j'ai une nouvelle à vous annoncer... Paris est libre ! Oui, Paris s'est libéré tout seul, tout seul, je vous le dis !"
Ce fut une clameur, des cris de joie, des applaudissements, des embrassades, des danses. Le messager fut porté en triomphe jusqu'au bar où un verre lui fut servi. Le pianiste d'occasion joua La Marseillaise. Le silence fut total.
Ensuite, on entonna : Il est sur la terre africaine, une, deux, un régiment dont les soldats, dont les soldats... Je revis les défilés allemands sur l'avenue de Versailles : Heidi, Heido, Heida...
Je chantais moi aussi ou je faisais semblent. J'entendais d'autres voix, d'autres couplets : Une souris verte qui courait dans l'herbe... Tous tes enfants qui t'aiment et vénèrent tes ans... Nous sommes les enfants de Lénine par la faucille et le marteau... Heidi, heido, Heida, ah ah ah ah...
L'étendard sanglant est levé.
Oh ! Maria.
Elle chanta : "Mais le plus bonheur n'est plus un rêve."
Et ce fut tout.
1925. Serge Dassault est enfin parmi nous.
"Il faut encadrer le droit de grève ...
1958. Bernard Campan entre en jeu.
"Se souvenir des belles choses ...
Cinéma.
1945. Sortie dans les salles du film Le dictateur.
Pour info : En Allemagne, Adolf Hitler fait interdire le film, mais s’en serait procuré une copie qu’il se serait fait projeter en privé à deux reprises. Quand il apprend la nouvelle, Chaplin dit qu'il donnerait n'importe quoi pour savoir ce qu'en a pensé Hitler.
1958. Les girls avec Gene Kelly sort à son tour.
"Où est la vérité ?
1958. Montparnasse 19 avec Gérard Philippe, Anouk Aimée et Lili Palmer fait un tabac.
Un film qui commence par ces mots : « Aujourd'hui, tous les musées du monde et les grands collectionneurs se disputent les œuvres de Modgliani; chacune de ses toiles vaut des dizaines de millions. Hier, de son vivant, en 1919, personne ne voulait de sa peinture. "Modi", incompris, désemparé, doutait de lui-même... »
1990. Tatie Danielle est à l'affiche du Lido de Carmaux.
« Elle est gentille ma fille, hein ?
- "Oui… Mais qu'est-ce qu'elle est laide ! »
1960 : Le film Ben-Hur rafle onze Oscars à Hollywood.
2007. "Le prix à payer" fait son petit bonhomme de chemin.
"Pas de cul, pas de fric."
Faits divers.
1906 : 24 jours après la catastrophe de Courrières, découverte d'Auguste Berton, quatorzième et dernier mineur survivant.
Télévision.
1967. C’est la première diffusion de Chapeau melon et bottes de cuir sur la deuxième chaîne de l’ORTF.
Carnet blanc.
« Fernandel épouse Henriette-Félicie Mense, la soeur de son ami, le parolier Jean Manse.
Vive les mariés !
Le saviez-vous ? C'est la mère d'Henriette qui serait à l'origine de son pseudonyme « Fernandel ». Le jeune Fernand est si empressé auprès de sa fille, qu'un jour le voyant arriver dans la rue depuis sa fenêtre, elle dit fort : « Tiens, voilà le Fernand d'elle ! » ; la phrase fait mouche. Elle est alors adoptée par le comédien pour en faire son nom de scène.
A noter que les journaux à sensation, friands de scandales autour des célébrités, n'en ont jamais trouvé aucun dans la vie privée de Fernandel. À tel point que l'un d'entre eux titre un jour, dans un geste d’autodérision : « La femme cachée de Fernandel », ladite femme étant la sienne que jamais il ne mettait en avant.
Carnet noir.
Le 4 avril 1968, Martin Luther King est assassiné à Memphis.
« Je fais un rêve …
Le mot de la fin est une fois n’est pas coutume de Mamie :
« Le jour où j’ai perdu la mémoire m’a laissé un mauvais souvenir …
Bonne journée à tous, * **
* « L’Almanach de Matka » (version audio) est disponible sur simple demande en MP contre un cadeau ou un gâteau …
** Demain nous fêterons les « Irène ».
Ah !