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2 mars 2022 3 02 /03 /mars /2022 11:13
"Le Supplément" du 1er Mars

"Rina Ketty, la jolie.

 

 Elle commence à se produire dans les cabarets du quartier, en particulier en 1934 au Lapin Agile, où elle interprète des chansons de Paul Delmet, Gaston Couté, Théodore Botrel, Yvette Guilbert.

 

 En 1936, elle enregistre ses premiers morceaux dont La Madone aux fleurs, Près de Naples la jolie ou encore Si tu reviens, assez rapidement tombés dans l'oubli.

 

 En 1938, elle accède à la notoriété avec la reprise de succès italiens : Rien que mon cœur, qui obtient le Grand Prix du disque, Prière à la Madone.

 

Puis vient la consécration avec la chanson Sombreros et Mantilles dont la musique est l'œuvre de l'accordéoniste Jean Vaissade, qu'elle épouse la même année.

 

Je revois les grands sombreros
Et les mantilles,
J'entends les airs de fandangos
Et séguedilles,
Que chantent les señoritas
Si brunes,
Quand luit, sur la plaza,
La lune

 

 En 1938, elle interprète le fameux J'attendrai, inspirée du chœur à bouche fermée de Madame Butterfly, de Puccini. Publiée en 78 tours Pathé, la chanson connaît un énorme succès et sera plus tard une des chansons emblématiques du début de la Seconde Guerre mondiale.

 

J'attendrai

Le jour et la nuit

J'attendrai, toujours

Ton retour

 

 Pour le moment, l'accent turinois qu'elle cultive fait merveille à la radio, mais aussi à l'ABC, à L'Européen, à Bobino.

 

 En juin 1939, Rina Ketty fait une incursion dans le classique avec Mon cœur soupire, adaptation du Voi che sapete, extrait des Noces de Figaro de Mozart.

 

Mon coeur soupire la nuit, le jour

Tant il désire tout votre amour

Fleur précieuse, capricieuse

Dont il rêve toujours.

 

La même année, elle enregistre une version de Plaisir d’amour.

 

Plaisir d'amour ne dure qu'un instant

Chagrin d'amour dure toute la vie

 

 En 1940, elle divorce de Jean Vaissade. Compte tenu de son origine italienne, elle se fait prudemment oublier pendant le conflit, se produisant uniquement en Suisse.

 

À la Libération, après une rentrée à l'Alhambra en 1945 et cinq mois de tournée en France, elle ne parvient pas à retrouver son rang de vedette d’avant-guerre.

 

Souvent décrite comme une « chanteuse exotique et sentimentale », elle est en effet supplantée dans le genre par Gloria Lasso, elle-même évincée ensuite par Dalida.

 

Son répertoire compte pourtant de nouvelles chansons, comme Sérénade argentine, La Samba tarentelle, La Roulotte des gitans.

 

Remariée avec Jo Harman, Rina Ketty devient restauratrice à Cannes. En mars 1996, elle effectue une dernière apparition sur scène.

 

Elle meurt le 23 décembre 1996 à l’hôpital des Broussailles de Cannes et elle est inhumée dans le cimetière Abadie annexe de cette même ville.

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Published by Régis IGLESIAS - dans L'Almanach
28 février 2022 1 28 /02 /février /2022 19:18
"Le Supplément" du 28 Février

"Il était une fois Odette Laure ...

Je suis née un mercredi, jour de Mercure. Au moment de mon premier cri, le soleil passait dans le signe des Poissons en posant ses rayons sur l’ascendant Balance.

 

J'étais née sous un signe d’eau et en bon Poissons, je serais donc doué de fantaisie, gourmande, dépensière, fidèle. Loin de m’équilibrer, la « balance » indécise, velléitaire, aura la haute main sur ma nature émotive qu’une bonté naïve rendra vulnérable et crédule.

 

Mon père ? A dix-neuf ans, Henri découvre Paris. Il use sa jeunesse à parcourir la ville en tout sens pour placer dans les cafés les bières de la Comète. Une fois l’an, il s’offre une place au poulailler de l’Opéra-Comique, y faisant provision des airs qu’il chantera toute sa vie en se rasant, le matin… La Dame blanche, La chanson des blés d’Or

 Henri se maria, fit quatre enfants, et divorça.

 

 Un peu plus tard, dans un bureau de tabac, il remarque la jolie Marie qui vend des cigarettes et des ninas à la pièce, des mèches d’amadou, du papier Job, des paquets de  « gris que l’on roule entre ses doigts », des carottes de tabac à chiquer… Ils ne se quitteront plus.

 

 Il fallait beaucoup de courage et d’amour à Marie pour épouser un divorcé et par là même renoncer à passer par l’église et pour accepter dans la corbeille de mariage quatre rejetons dont le père assumait seul la charge.

 Ils parvinrent à s’acheter le Café des Arts.

 

 Dans les bastringues, les souteneurs se cherchaient des magnes et puis le calme revenu, on en ressuait une au son de l’accordéon à la manière de Max Dearly et de Mistinguett qui venait de créer la valse chaloupée au Casino de Paris.

 

 La crapuleuse affaire de Casque d’Or avait lancé la vogue des ces lieux interlopes qui attiraient les gens de la haute, venus y faire la noce. Les messieurs emballaient les filles de petite vertu. Les femmes du monde se frottaient en dansant contre la poitrine à Mimile, Gégène ou Bras de fer, frissonnaient de plaisir et gloussaient de peur dans les bras des marlous.

 J’empruntais plus tard au répertoire d’Yvette Guilbert la chanson Ah quel plaisir quand on vous aime comme ça !

 

 Le Café des Arts aurai pu mal tourner si un beau soir le robuste Henri n’avait flanqué deux mâcherons à la porte en en prenant un par le falzar, l’autre par la piquette, et en les envoyant dinguer dans le caniveau.

 

 Cette mémorable bagarre conféra au café et à son patron une réputation sans tâche et lui conquit une clientèle d’habitués, de braves gens du quartier : Mimile l’épousseteur, Rémy la tomate, Gégène la ficelle, Robert le boiteux, Dédé la meringue, Jojo l’arc en ciel et Clément poitrine d’acier.

 

 Tous honnêtes ouvriers de Belleville qui se mêlaient aux grecs, aux Polonais, aux Arméniens, aux Juifs, aux Ritals, tous orfèvres dans leur métier - potiers, graveurs, ferronniers, tisserands, tailleurs, bottiers, sculpteurs.

 Ces artisans poètes aimaient les femmes, leur métier, le vin, le quartier, les copains.

 

 Me voici sous la table de la cuisine  dans un panier d’osier. Ma mère est aux fourneaux. Ses jambes vont et viennent devant moi. De temps à autre, Maman m’extirpe de ma couche et me donne le sein, et puis, et puis, vite, au boulot ! "Bien moelleuse l’omelette de Monsieur Berillon ! "- J’ai une saucisse-purée qui va bien. "- Une tête de veau qui marche, une… J’enlève !

 

 Le décor de mon enfance

On entre au Café des Arts par la grande porte à des battants, celles des jeunes mariés quand il y a noce, ou par la porte du restaurant.

 

 Après la salle de billard, la salle des banquets où Jojo-la-Boulange donnait ses leçons de tango. J’y reviendrai parce qu’on revient toujours au tango.

 

 Le comptoir était à droite, parsemé d’oeufs durs et de salières.

 

 On appelait les employés des Z’Arts : « Les filles ». Parmi elles, Bibi, une naïve qui ne manquait pas d’esprit. Quand les mauvais plaisants, désireux de la mettre en boîte, lui accrochaient des poissons d’avril dans le dos, queue de cochon, croupion de poulet, elle répliquait du tac au tac :

 

- Ceux qui m’parlent dans l’dos, c’est mon cul qui leur répond.

 

 Julot, le caviste au front bas, atteint de malaises imaginaires qu’il allait chercher au fond des tonneaux, l’épousa. "Tout ce que je veux, Madame Dhommée, c’est une p’tite poule comme votre Odette. S’il y a un bon Dieu, y m’la donnera.

 

 Il la lui donna, et une gentille enfant combla d’amour ce soeur simple, attaché à briquer tout ce qui brille, le dessus du comptoir, le perco, les robinets à bière, les siphons bleus d’eau de Seltz 

 

 Elle se sentait responsable de la transparence des verres, les mirait en me répétant les noms. Et je répétais : ballons, tulipes, coupes, flûtes, bocks, verres à liqueur, à porto, à Pernod, à vermouth, avec une préférence pour les fonds de « vin qui pique », le champagne, dont je raffole encore.

 

 Maman avait un trône : la caisse. Perchée sur une haute caisse, elle surveillait la salle en lançant ses « bonjour », « au revoir et merci », « au plaisir ».

 

 Elle garde, dans ma mémoire, le visage rougi par le feu et les cheveux collés aux tempes par la sueur qu’elle essuie de temps autre contre le haut de l’épaule.

 

 Arrivant la petite poire recouverte d’une résille du vaporisateur en verre taillé façon cristal, elle chantait un air à la mode :

 

A toutes les femmes je fais battre le coeur, pouet, pouet

Avec un petit coup de mon vaporisateur, pouet, pouet

J’suis l’béguin, j’suis l’béguin de Mamzelle Germain, pouet, pouet

 

Les gouttelettes odorantes et fraîches me glissaient dans le cou et nos rires achevaient cette toilette des grands jours.

 

Elle m’achetait souvent une sucette à la menthe pour me « donner bon goût », elle m’offrait un ballon rouge que je laissais échapper à l’intention d’une petite soeur imaginaire qui habitait les nuages… dans une chanson serinée par les chanteurs des rues :

 

Ne me gronde pas petite mère chérie

Je l’ai fait exprès

J’ai choisi le plus beau

Regarde il s’en va

Vers ma soeur chérie

Qu’est au ciel là-haut…

 

Il y avait aussi Mama, ma nounou qui me donnait des baisers pour attendre le passage du marchand de sable. Elle m’accompagnera bien plus tard aux concours amateurs du Poste Parisien et du radio-crochet dont l’animateur était Saint-Granier.

 

Il ne me reste rien de Mama que ce que je viens d’en dire pour essayer de la rendre vivante.

 

Je me souviens de mon docteur qui disait :

- N’oublie jamais, ma petite caille, ce qui rend la peau plus douce, ce sont les carrrresses.

Et il riait sous sa barbe.

 

- Au jus là-d’dans

Le rideau de fer du Café des Arts vient de se lever. Ma nourrice est les première à rappliquer, les mains couvertes de pommade Cadum contre l’eczéma des lessives.

L’arôme du café envahissait doucement l’espace, mâle à celui des croissants chauds nichés dans des corbeilles d’osier.

 

Les bols, les pots de café chaud et de lait, la soucoupe de beurre, de saindoux, lia terrine de rillettes… Maman traçait une croix sur le pain de la pointe de son couteau, avant de le couper.

Au milieu de mon monde, j’étais la plus heureuse. 

- Je vais le boire, moi, ce café au lait, ça ne me bouchera pas le derrière, disait en entrant Julot le caviste au grand dam de Maman.

 

Je me souviens qu’une seule personne consultait le Bottin, et pas l’ordinaire svp, le mondain : la Mère Mayard.

 

On la voyait parfois le dos collé au poulailler, dans le jardin, pisser tout debout au grand dommage de ses charentaises.

Son mari était unijambiste, il fréquentait assidument le Picolo, rendez-vous des chiffonniers de la Porte de Montreuil accolé, ô ironie, au château d’eau.

 

On y consommait sans retenue le pousse-au-crime, le gros-qui-tâche, le pinard, quoi. Quand le père Mayard avait fait le plein, il disparaissait des jours entiers, assommé quelque part par sa biture. 

 

Pendant ses absences, la Mère Mayard promettait :

 

- Moi j’vous l’dit, si jamais y’r’vient, faut pas qu’i’m’touche; Ni avec c’lui-là, ni avec un aut’, ou alors faudrait qu’il l’ait en or !

 

Nénette, une gentille fille, l’ainée des Mayard revint un soir plus tôt que d’habitude de son travail. Elle trouva le maçon dans le lit de sa mère. Elle se précipita aux Z’Arts faire le récit de sa déconvenue. C’est alors qu’un plaisantin lui lança sur le ton de l’évidence :

 

- Faut pas t’plaindre, ma Nénette, ça prouve qu’il l’a en or !

Les ZArts furent secoués d’un rire homérique. On but à la santé de ceux qui l’avaient en or et Nénette en tira plus d’orgueil que de honte.

 

 

Le plus prolo des quatre, Monsieur Robert était chausseur. A quoi pouvait bien penser le fabricant de talons de chaussures pour dames (« pied mignon, pied fripon » quand il décorait les bottines des élégantes ?

 

 Les petits yeux de Monsieur Serte, dit Gras du bise, se perdaient dans la broussaille d’énormes sourcils. "- C’est que moi, je me suis fait tout seul, répétait-il. "- Et bien, tu t’es raté, lui balançait Julot.

 

Le troisième ostrogoth s’appelait Hubert Toisnon. Un coureur de jupons renommé, quand il manquait à l’appel des trois autres, c’est qu’il était « allé faire la noce ».

 

Il possédait un répertoire inépuisable d’histoires extraordinaires auxquelles je n’entendais qu’une évidence : le monde ne se limitait pas au village de Belleville. Et pour s’en aller le visiter, je ne voyais que sa voiture…

 

- Quelle bagnole !

 

 Le quatrième mousquetaire, Monsieur Malaury, avait été refoulé par l’invasion allemande. Il racontait inlassablement sa guerre. Il ponctuait toutes ses phrases par un « pour une fois savez-vous ». A la cinquième tournée, il re-racontait la bataille de la Marne, à la sixième il pleurait de vrais larmes sur ses camarades tombés au champ d’honneur. 

 

Quand défilait la fanfare du régiment devant le café, quelle fête !

 

Les musiciens vous embarquaient de ces Marche lorraine, de ces Sidi-Brahim, de ces Sambre et Meuse, à faire un patriote de l’anarchiste le plus endurci.

 

 Au derniers accents de quelque Madelon, le défilé se refermait comme un livre d’images et disparaissait au loin, jusqu’à ne plus être, bientôt, qu’un point bleu nimbé de soleil et d’une musique lointaine, déjà, comme le souvenir.

 

 A chaque salle du Café son style.

 A la salle du comptoir les grosses blagues, les nouvelles du jour, les petits blancs secs et les cafés arrosés, les disputes passionnées entre piliers de bistrot qui refont le monde devant les soucoupes empilées au fur et à mesure des : « Patron, remettez-nous ça ».

 

  La salle de restaurant devenait salle de jeu jusqu’à l’heure de l’apéro autour de parties de jacquet, de zanzi, de dames, de dominos, de belote, de manille ou d’écarté. Cartes à jouer, damiers, sous-mains, encriers et journaux fixés dans leur hampe de bois étaient rassemblés au fond de la salle, à côté d’une cabine téléphonique capitonnée, s’il vous plait.

 

 - Je coupe, atout, ratatout, et dix de der !

 

 Les « belles «  y passaient des après-midi entières, feuilletant Le Rire ou La vie parisienne, L’illustration et les romans-feuilletons, les irremplaçables Travaux des dames et des demoiselles. Tandis que leurs « hommes » disputaient des parties prolongées, elle faisaient des « patiences », se tiraient les cartes, tout en dégustant force vermouth-cassis et porto-maison…

 

 Et le bal qui se donnait au Z’Arts valait le jus, quand Margot langue d’amour y guinchait !

 

 - C’est une belle plante, disait Maman.

 

 Bonne comme le pain, elle pouvait rivaliser de force avec un homme et porter des caisses de bière à bout de bras.

Un soir, elle amorça un cancan et d’un coup de pied au ciel, découvrit le haut de ses cuisses musclées, sanglées de jarretières roses :

 

- Ces gigots-là, mes enfants, s’exclama Gégène, si c’était à moi. Avec des petites pommes de terre autour, je ne donnerai pas ma part au roi.

 

Il fallait la comprendre notre Margot quand elle riait un peu trop fort ou quand elle dansait à perdre haleine avec Jojo la boulange : son homme avait perdu sa virilité. Jojo aussi noms Gueule d’amour était plutôt bien de sa personne, blondinet, distingué, et si bon danseur qu’il s’était proclamé « naître du Tango » et le dimanche, avec la Margot, ils se livraient à des démonstrations renversantes.

 

J’étais une petite fille lorsque Carlos Gardel, le Nino toulousain chantait en lamento l’amour déçu, la mère abandonnée, l’ami trahi.

 

 Et quand vient me troubler la nostalgie des disparus que j’ai aimés, il m’arrive de fredonner…

 Adios muchachos, compañeros, de mi vida.

 

  Je me souviens aussi des silences du Chinois Un pas bavard, un silencieux. Jamais il ne nous aurait chanté « Nuit de Chine ».

 - Pas cher… Pas cher…

 

 De table en table, il vendait sa camelote, laissant derrière lui des senteurs orientales.

 - Je serais le voleur, tu serais le gendarme !, criait Raymond.

 

Notre jardin était aussi extraordinaire que celui de Trenet. Dans le même temps, Gaby Morlay passait son brevet de pilote :

 

« Je voudrais voir votre z’oiseau

Votre z’oiseau quand il plane…

 

Plus loin la pharmacie de Monsieur Corriez qui jouissait d’une considération égale à celle du mdecin, mais cet adepte du vermifuge Lune était détesté de mon frère qui l’appelait le « vieux chnoque ».

 

Dans la boutique, des réclames vantaient les bienfaits du sirop Idiataïque pour la toux, de l’eau de Valls jaillit de montagnes ensoleillées… Les pastilles Valda, d’un vert brutal, le diable de Cappiello crachant des flammes grâce à l’ouate thermogène garantissaient des hivers sans rhume. Moderne énigme byzantine, Bébé Cadum gardait dans son sourire le secret du bonheur : fille ou garçon ? …

 

Quel garçon n’en pinçait pas pour Nini la blanchisseuse ? Elle avait une façon de marcher aguicheuse et quand elle se sentait observée elle tortillait duc. Plus d’un matou rêveait de lui compter fleurette.

Le matin, la rue s’animait lorsque la bonne odeur du pain frais de M Berthelot chatouillait les narines.

 

Pour les grandes occasions, fêtees, mariages, et bals populaires, Papa annonçait qu’il allait « donner toute la sauce » ou « la gomme » au choix. Et pour le 14 juillet, les devantures, les fenêtres déployaient leurs oriflammes.

 

La foule débridait envahissait la rue. On oubliait les misères de la guerre. IL en manquait plus d’un à l’appel. Pour les rescapés, la Belle Epoque jetait ses derniers feux. Le 14 juillet au café des Arts, j’vous dis que ça…

 

 Ca déborde sur les trottoirs, sur la chaussée, devant les porches des maisons… C’est un amoncellement de canettes, de baquet de bois remplis de glace pilée arrosée de gros sel et recouverts de sac de toile humide. Belleville et Ménilmontant se métamorphosaient en dancings géants. IL y a bal dans ma rue, chantera un jour Piaf. Sous les guirlandes de papier et les lampions, nuit et jour, tout le quartier dansait Mazurkas, polkas, valses et javas invitaient les coeurs et les corps.

 

 « Paris chahutait au gaz », a dit Jules Laforgue…

Sur une estrade en planches au milieu de la chaussée, les musiciens dominaient la foule Sous les Ponts de Paris, Tout le long de la Tamise, Je cherche après Titine, L’hirondelle du faubourg, Elle est toujours derrière… Quelquefois, pour changer, de vieilles chansons étaient reprises en coeur, ou des couplets militaires, ou encore des romances soutenues par l’accordéon mélancolique…

 

C’est au son de l’accordéon

Que Nenette a connu Léon

ET que j’ai rencontré Fernande…

Et bien souvent je me demande

Si c’tait vraiment pour Fernande

Et non pas pour l’accordéon

Que mon coeur battait pour de bon…

 

Les hourras sucraient aux bravos. Quand faut rigoler, faut rigoler…

 

- Une chanson ! Une chanson ! Une chanson !

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Published by Régis IGLESIAS - dans L'Almanach
26 février 2022 6 26 /02 /février /2022 17:38
"Le Supplément" du 26 Février

"Le grand Fernandel.

 

Le 7 décembre 1928, Fernandel fait ses débuts parisiens à Bobino. Grâce au succès de cette prestation, il signe dès le lendemain un contrat de dix-neuf semaines pour le circuit des cinémas Pathé de Paris.

 

En 1931 Jean Renoir lui offre un rôle plus important aux côtés de Michel Simon dans On purge bébé.

 

Ensuite, il « croise » Jean Gabin dans le film Cœur de lilas avant d’être pour la première fois la vedette d'un film, Le Rosier de madame Husson.

 

Les triomphes se multiplient avec Un de la légion et François Ier, Josette, mais aussi et surtout avec Angèle, Regain, Le Schpountz, La Fille du puisatier, et plus tard Topaze de Marcel Pagnol.

 

« Bien mal acquis ne profite jamais…

L’argent ne fait pas le bonheur …

 

Les succès cinématographiques n'empêchent pas Fernandel de continuer une carrière de chanteur. Certaines chansons deviennent des succès comme Ignace …

 

… Lorsque je suis né

Mes parents étonnés

Firent tout d'abord un drôle de nez …

 

… Simplet ...

 

... On m'appelle Simplet

L'Innocent du village

Doux comme un agnelet

Je mène la vie d'un sage …

 

Ou Félicie aussi …

 

... C'est dans un coin du bois d'Boulogne

Que j'ai rencontré Félicie

Elle arrivait de la Bourgogne

Et moi j'arrivai en Taxi

Je trouvai vite une occasion

D'engager la conversation  …

 

En 1939, à la suite de la déclaration de guerre à l'Allemagne, il est mobilisé pendant la « drôle de guerre », à Marseille, dans le 15e escadron du Train, caserne d'Aurelles.

 

 Il est cantonné dans la cour de son unité après avoir provoqué une émeute lors de son premier tour de garde, puis démobilisé à la suite de la signature de l'armistice. Il a, entre-temps, enregistré Francine (1939), chanson très engagée contre la propagande allemande.

 

« Faut pas, faut pas, Francine

Ecouter les racontars

Des badauds par trop bavards

Faut pas, faut pas, Francine

Te laisser embobiner par les bobards …

 

Dans les années 1950, il retrouve le succès avec des films comme L'Auberge rouge, Ali Baba et les Quarante voleurs ainsi que La Vache et le Prisonnier.

 

Puis, ce sera la série des Don Camillo : Le Petit Monde de don Camillo, Le Retour de don Camillo, La Grande Bagarre de don Camillo, Don Camillo Monseigneur, Don Camillo en Russie et enfin Don Camillo et les Contestataires.

 

On l’écoute religieusement : « D'abord, la surprise. La surprise du personnage qu'on ne connaissait pas. La surprise de parler à Jésus. Ça fait un drôle de partenaire vous savez. J'en ai eu dans ma vie mais, je dois dire que celui là, je lève ma barrette ».

Adieu l’artiste.

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Published by Régis IGLESIAS - dans L'Almanach
24 février 2022 4 24 /02 /février /2022 11:03
"Le Supplément" du 24 Février

"Le French-troubadour Jean Sablon.

"D'après Lamartine, une vie réussie, c'est des rêves de jeunesse réalisés à l'âge mûr. Je ne sais pas si j'ai réussi ma vie, il faudrait être sot pour le croire, mais j'ai eu la chance de réaliser beaucoup de mes rêves.

 

Mon premier souvenir est d'arpenter les trottoirs dans la splendide auto rouge à pédales et à lanternes que m'avait offerte ma marraine. J'étais ravi d'effrayer les rares passants par mes manoeuvres et mes coups de trompe intempestifs !

 

 Et c'est pourtant un souvenir triste qui me revient chaque fois que j'évoque la rue de Beauté. j'y ai découvert ce qu'était la souffrance et la mort - celle de notre petit chat Friquet.  C'était mon ami le plus fidèle et un merveilleux compagnon de jeux.

 

 Il me suffit d'évoquer ma marraine et maman prêtes à partir à une soirée pour retrouver l'extase dans laquelle me plongeaient les effluves de leurs parfums, le frou-frou de leurs robes de taffetas ou de moire, la douceur de leurs gants parfumés montant jusqu'aux coudes, et le poug d'aigrettes ou le paradisier dont les plumes me chatouillaient la joue lorsqu'elles se penchaient une dernière fois pour m'embrasser.

 

 Le soir, ma soeur me lisait mon livre préféré, La soeur de Gribouille, et au récit de tant de malheurs, je fondais en larmes. Une autre histoire que je trouvais aussi belle que triste, c'était l'opéra Mignon. Cette fille qui avait été par des gitans et ce père inconsolable qui la recherchait inlassablement... Je jouais d'un doigt au piano et lisais ces paroles que je trouvais si belles : "Légères hirondelles, oiseaux bénis de Dieu."

 

 Mes frères me faisait chanter Mon coeur soupire de Mozart, mais ils s'amusaient aussi à m'apprendre les chansons de Fragson, qui était la grande vedette de l'époque. Il chantait alors le fameux Reviens (une chanson très populaire à l'époque) ou Ah ! c'qu'on s'aimait tous les deux, La petite dame du métro et d'autres. Nous étions en 1911.

La lecture de Paul et Virginie et de L'île au trésor de Stevenson ne faisait que m'ancrer dans l'envie d'imiter Robinson Crusoé. En attendant, j'accompagnais au piano ma soeur sur l'air de Cours-la-Reine, de Manon, qu'elle chantait majestueuse, une triangle de rideau à la mer !

 Je me souviens aussi d'une opérette, Troublez-moi, qui venait de faire fureur. Je me souviens de Elle n'est pas si mal que ça..., une chanson que j'adorais. Sans oublier deux disques d'accordéon qui me suivaient partout : Reine de musette et Perles de cristal. Et Rhapsody in Blue de Paul Whiteman...

 

 Alors que je débutais dans le métier et que j'avais la trouille, Harry Baur me donna un avertissement que je ne devais jamais oublier : "Ne t'en fais pas. Dis-toi bien que quoi que tu fasses, tu n'obtiendras pas l'unanimité. Il y aura toujours des gens qui t'aimeront, et d'autres pas ! Inutile de te faire du mauvais sang. Viens plutôt prendre un verre avec moi, je t'invite !"

 

Beaucoup d'artistes connus passaient dans le cabaret. Gaby Montbreuse, follement drôle, Georgius, Réda Caire, Jane Stick, Clément Doucet, Johnny Mc Lean, Dora Soevaqui chantait Tu sais les mots câlins et tendres... et déjà, Yvonne Georges, et tant d'autres.

Je me souviens de la Miss quand elle descendait le fameux escalier.

 Il ne fallait pas avoir le vertige.

 

 Alors dans une débauche de lumières, de couleurs, de plumes, de bijoux, accompagnée d'une fanfare de trompettes et autres cuivres, elle descendait... puis tout s'arrêtait. Elle faisait trois pas sur l'avant-scène, souriait au public - avec ce sourire qui avait un attrait irrésistible - et fascinait véritablement la salle. A ce moment-là, déjà, "elle les avait" comme nous disions dans le métier.

 

 Son premier tableau après l'entracte était toujours un sketch dramatique... très mélo. Il arrivait toujours une catastrophe, genre pont qui saute, tremblement de terre, accident... dont elle sortait toujours indemne, et pour terminer, une chanson mélancolique, style J'en ai marre, Garde-moi ou En douce.

 

 Pour En douce, la scène se passait près du canal Saint-Martin et je me souviens que Miss tombait dans le canal et en ressortait trempée, chaque soir.

 

 En 1931, j'ai rencontré Mireille qui me chanta Vingt et vingt, Quand on est au volant et Couchés dans le foin. J'étais emballé. C'était exquis, plein de malice, de tendresse légère et, musicalement, dans le style anglo-américain que j'aimais tant.

 

Je me souviens aussi de Mimi et de Pills et Tabet, un mariage artistique conçu par la Miss. Dans la revue du Casino Paris qui brille. Avant l'entrée de la Miss, ils chantaient Je t'ai donné mon coeur. Je les accompagnais au piano. Alors Miss faisait son entrée, traversait la scène, venait s'asseoir sur le piano et nous chantions You're Driving me Crazy.

 

 Ce fut ensuite la série de disques Un mois de vacances. Nous enregistrâmes tous les quatre La partie de Bridge. Pills et Tabet Le vieux château, Mireille créa Les trois gendarmes et moi-même Le petit chemin.

 

La suite ? Des chansons moderniser de Fragson comme Je sais que vous êtes joli. Et d'autres chansons comme Rendez-vous sous la pluie, Miss Otis regrets, Depuis que je suis à Paris, etc.

 

 Je n'oublie pas Un seul couvert, please James qui est toujours chanté et enregistré, de même que Ces petites choses qui a eu des suites bien des années plus tard avec Thanks for the memory ou Que reste-t-il de nos amours... qui sont dans la lignée.

 

Je refusais dans la foulée une chanson que je n'aimais pas du tout, At a parfume Counter on the Rue de la Paix. Finalement, elle fut chanté par d'autres, et cette chanson fut un tel succès - on l'entendait partout - que je me pris moi-même à la fredonner sous ma douche !

 

 Un jour que je répétais avec un orchestre assez médiocre, j'eux l'idée de leur donner l'orchestration du Pont d'Avignon, en swing... Je ne sais pas ce qui se passa, mais ils devinrent meilleurs. Et le soir, à ma grande surprise, Le Pont d'Avignon fut un triomphe ! Pareil pour J'attendrai que j'ai chanté toute ma vie et qui est attachée à moi au même titre que Vous qui passez sans me voir... Comme le Fiacre d'Yvette Guibert que je chantais en m'accompagnant au piano et en imitant le claquement des sabots avec ma langue.

 

 J'ai la mémoire envahit de chansons. Le petit vin blanc, Parlez-moi d'amour, L'air d'accordéon, Cheveux au vent, Vous qui passez sans me voir, Ma mie (All of a sudden my heart Sings), La vie en rose (You're too dangerous chérie, Symphonie, Imaginez, Couchés dans le foin et La Madelon.

 Et Clopin-Clopant !

 

Je chantais alors La bouillabaisse, une recette musicale que Fernandel enregistrera plus tard et Pas bon travailler que je chantais avec l'accent créole. Je baillais pendant la chanson et terminais en m'endormant. Yves Montand vint me féliciter et m'avoua qu'il trouvait que c'était la meilleure de toutes. Elle fit école, car l'année suivante sortait Et Bailler et dormir et Planter café.

 

La suite ? Des voyages dans le monde entier, de belles rencontres, des émissions de radio, de télévision, des disques, voilà ce que fut mon existence de troubadour-saltinbanque.

 

 Et j'ai trouvé beaucoup de joie au jeu de la vie. Aussi, je n'éprouve aucune nostalgie des années passées.

 

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Published by Régis IGLESIAS - dans L'Almanach
21 février 2022 1 21 /02 /février /2022 10:19
"Le Supplément" du 21 Février

"Marie Dubas, La reine du récital.

  En 1932, à Bruxelles, puis à Paris au Théâtre des Champs-Elisées, est inaugurée une nouvelle formule de spectacle telle qu'on la connaît encore aujourd'hui : le récital, avec 35 chansons pendant deux heures.

C'est à Maris Dubas qu'en revient le mérite. Et sans micro s'il vous plaît, insiste-t-elle.

Elle joue, chante, danse, déclame, amuse ou apitoie.

 Si l'on a retenu d'elle ses refrains réalistes, elle fut d'abord formée à l'art dramatique avant de se lancer dans la revue, aux côtés de Maurice Chevalier et de Mistinguett, et aussi dans l'opérette, le folklore, la chanson pour enfants et même la mélodie classique.

 Parmi ses succès, l'hilarant Pedro sur des claquements de castagnettes ou encore Le doux Caboulot, Le Tango Stupéfiant, Lise, Marguerite et Quand Charlotte prie Notre-Dame. Exilée dans la guerre en raison de ses origines juives, la Dubas fera son grand retour à Paris en 1945, avant de faire ses adieux à la scène en 58.

 Elle meurt en 1972 à l'âge de 78 ans.

 Mais sait-on seulement que c'est Marie Dubas qui créa, avant une certaine Edith Piaf, qu'on ne présente plus, Le Fanion de la Légion et le légendaire Mon légionnaire qui sentait bon le sable chaud.

 Ma Mamie l'ignorait.

 Pour la petite histoire, Raymond Asso, auteur de la célèbre chanson, est alors le secrétaire de Maris Dubas en même temps que l'amant et le pygmalion de la toute débutante Edith.

 Mais contrairement à la rumeur, Asso ne se sera pas inspiré du récit d'un ancien amour de Piaf mais plus sûrement de la liaison de Marie Dubas avec un lieutenant en poste au Maroc, qu'elle épousera d'ailleurs. Et avec Mon légionnaire en poche, c'est un drôle d'oiseau, au sombre plumage, qui commence à voleter très haut dans le ciel de la chanson... Piaf.

On l'écoute religieusement une dernière fois : "Ce qui domine ma nature c'est la fantaisie, l'humour, la gaieté  et sans être immodeste, l'esprit."

 Rideau.

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Published by Régis IGLESIAS - dans L'Almanach
19 février 2022 6 19 /02 /février /2022 18:21
"Le Supplément" du 19 Février

"Le fou chantant.

 

C'est le 18 mai 1913, à 15 heures, que ce bébé de dix livres a poussé son premier cri. Un ré mineur, dit la légende. On le prénomme Louis-Charles-Augustin-Georges, en hommage à son oncle et à ses grands-pères. Sa mère choisit de l'appeler plus simplement Charles qui sonne mieux à l'oreille.

 

Il faut écouter "la belle complainte", la plus belle chanson évoquant son enfance. Quand il ne s'amuse pas avec ses jouets, il joue avec les mots.

 

Un matin, dans la cour de récréation, il assure à ses camarades qu'il est capable de traiter de "sale veau" un professeur de français à l'embonpoint proéminent qui fait l'unanimité contre lui. On lui rit au nez.

 

 Il relève le défi, prend les paris. Quelques jours plus tard, l'enseignant rondouillard lui remet un devoir de composition française, annoté d'un zéro. Charles fait mine de baisser la tête, mais ne laisse pas passer l'occasion. Il lance, l'air de rien, mais d'une voix suffisament forte pour être entendu par tous :

- Vous avez raison, ça l'vaut !

 

La phrase déclenche l'hilarité générale, dont le professeur ne saisira jamais le sens. A Charles, les billes de ses copains.

La suite ? Des années difficiles en pension, sa mère ayant décidé de vivre le destin qu'elle s'est choisi. il attendra le jour où il sera grand et pourra enfin vivre son enfance. Il ne s'en privera pas, fidèle à un principe qui est en permanence dans un coin de sa mémoire : "Quand on a rêvé sa vie, il faut vivre son rêve.

 

La rencontre avec Johnny Hess marque un tournant décisif. Marcel Bleustein-Blanchet les a engagés sur Radio-Cité pour vanter les mérites de "Brunswick, le fourreur qui fait fureur", ou pour affirmer qu'un meuble Lévitan est garanti pour longtemps". Ils animent aussi sur le Poste  Parisien "Le quart d'heure des enfants terribles", un programme offert par les Filatures de la Redoute à Roubaix.

 

Y a d'la joie ? On l'a déjà lu, Maurice Chevalier n'était pas emballé mais Mistinguett l'a convaincu en lui disant que s'il n'en voulait pas, elle serait preneuse. Il se dit alors intéressé mais émet un doute sur le premier couplet, qu'il trouve "trop foufou" :

 

Le garçon boucher, qui va sur ses quinze ans,

Est fou d'amour fou fou pour une femme agent

Et la femme agent, qui va sur ses cent ans,

Est folle de bonheur pour cet amour d'enfant...

 

Trenet convient que cela pourrait déconcerter son public. Le soir même il écrit :

 

Le gris boulanger bat la pâte à plein bras,

Il fait du bon pain,

Du pain si fin que j'ai faim, on voit le facteur qui s'envole là-bas

Comme un ange bleu

Portant ses lettres au bon Dieu...

 

 La chanson sera sur toutes les lèvres et sa carrière est en marche mais sous quel nom ? Parmi les pseudonymes, il hésite entre Charles Torrent et Charles Rivière. Il s'imagine assez bien en élément de la nature.  Raoul Breton balaie cet argument d'un geste. Il n'a pas besoin d'user de cet artifice pour toucher les coeurs.

 

Il accepte toutefois l'idée que le surnom Fou chantant" soit associé à son patronyme. Cette expression est sortie de l'imagination d'Edmond Bory, directeur du Mélody, cabaret au sous-sol du Grand Hôtel de Marseille. Pendant son service militaire, Charles a obtenu des gradés l'autorisation de s'y produire.

 

Un soir, il découvre dans le hall une affiche sur laquelle il est écrit : "A 22 heures, Charles, le Fou chantant." Bory lui avoue avoir pris cette initiative pour attirer le public. Annoncez votre prénom, ce n'est pas suffisant. Il a cherché et trouvé une formule qui, à ses yeux comme à ses oreilles, correspond parfaitement au personnage qui monte sur scène : un grand jeune homme vêtu d'une veste rouge, les cheveux tondus à ras et un monocle à l'oeil droit.

 

 Jusqu'à la fin de l'année 42, Charles reste à Paris, où il enregistre régulièrement des chansons. L'une d'entre elles, "Douce France", devient presque aussitôt un refrain sifflé et fredonné par une population qui vit dans l'espoir de la libération du cher pays de leur enfance. Suivra la route enchantée, Je chante, Romance de Paris, Frederica, Poule zazoue, Débit de l'eau, débit de lait, Papa pique et maman coud, La mer...

 

La petite histoire de la Mer : Un jour de juillet 42, dans un train qui le conduit de Sète à Montpellier, Charles observe attentivement le paysage. Il semble rêvasser. En passant devant l'étang de Thau, il baisse la vitre du compartiment parce qu'il a trop chaud, et commence à fredonner des paroles que le paysage lui inspire.

 

 Elles ont jailli de son esprit en moins de quatre minutes, en souvenir d'un poème qu'il avait écrit adolescent. Léo Chauliac, le pianiste qui l'accompagne, note la ligne mélodique sur le premier morceau de papier qui lui tombe sous la main : des feuilles arrachées d'un rouleau de toilettes voisines !

 

 Plus tard, il sera aussi à l'origine d'un slogan pour les parfums Bourjois qui fait aujourd'hui parti de notre langage quotidien : "Avec un J comme Joie." Il transformera aussi les paroles de La mer pour fredonner L'amer, L'amer Picon, c'est bon" et sur l'air du "Jardin extraordinaire" : "Il suffit pour ça de Wizard dans la maison"...

 

 Et les amours dans tout ça ? Son premier amour s'appelle Jessica. un après-midi de pluie, il ne verra que ses yeux et conservera un "charmant souvenir de ce premier amour d'enfance".  

 

Deux ans plus tard à Berlin, il fait la connaissance d'Eva. Elle a quinze ans comme lui et se trouve placée à sa gauche à l'école des Arts décoratifs. Parfois la cuisse gauche de Charles se colle à sa cuisse droite. Elle ne proteste pas, au contraire, et se contente de remonter un peu sa robe avant de l'emmener dans sa chambre pour de douces caresses et de baisers tendres...

 

 C'était le temps des souvenirs.

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Published by Régis IGLESIAS - dans L'Almanach
18 février 2022 5 18 /02 /février /2022 12:55
"Le Supplément" du 18 Février

"L'inventeur de Coca Cola n'est ni un magnat de la finance ni un chimiste prix nobel, mais un petit pharmacien d'Atlanta.
John Pemberton travailla 17 ans dans son arrière boutique à sa découverte. C'est l'intrusion des sodas- en 1880 qui aiguillonne le chercheur, avec acharnement, il s'attaque à la boisson "originale, désaltérante et commerciale".

Après plusieurs milliers d'essais infructueux, le "docteur"- c'est son surnom-à l'idée de consulter ses archives. Il exhume un vieux mélange alcoolisé de vin et d'extrait de nois de cola, venu du sénégal et connu seulement en france : le french wine cola. Il goûte et reste ébloui. Il tient son arôme.
Le goût est enfin inoubliable.

Le pharmacien est comblé, son rafraîchissement est aussi un médicament. Les propriétés toniques et antivralgiques de la noix de cola font merveille. Et Pemberton au nom de l'hygiène exclut l'alcool de sa composition. La mise au point exige six années. Et un soir enfin, il remplace la sempiternelle orangeade de son drugstore par sa mixture.
Dernier pied de nez du
destin, elle ne devra sa carrière qu'à la sagacité de son premier client. La boisson était prévue à l'eau plate, mais le vendeur de garde de cette nuit ne le sait pas. Il sert le concentré avec de l'eau gazeuse. L'habitué lorsqu'on lui donnera le lendemain l'authentique Coca se mettra à vociférer : "Et les bulles ? Ou sont les bulles ? Votre truc sans bulle est imbuvable !"

Pemberton n'oubliera pas la leçon. Le coca sera à tout jamais gazeux. Il allait devenir le champagne quotidien de l'Amérique et de France, un juste retour aux sources...

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Published by Régis IGLESIAS - dans L'Almanach
16 février 2022 3 16 /02 /février /2022 12:22
La photo du jour

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Published by Régis IGLESIAS - dans Livre d'or
16 février 2022 3 16 /02 /février /2022 12:14
"Le Supplément" du 16 Février

"Notre ami Jean Nohain. Un livre d'Yvonne Germain.

 

 Comme tout un chacun, vous êtes monté un jour dans un grenier, avide de percer les souvenirs du temps passé, d'y retrouverun jupon jauni au fond d'une malle qui parle au coeur... et qui permet à votre imagination de s'envoler... de rêver.

 

 Au milieu de ce bric-à-brac poussiéreux, il vous semble voir évoluer votre grand-mère, un bon sourire au coin des lèvres.

 Si cela a été pour vous... vous avez de la chance.

 Née en plein coeur de Paris, je n'ai jamais eu de grenier.

 

Pourtant, ce matin je cherchais une chanson, et en ouvrant les grands tiroirs dans lesquels je range ma musique, je me suis mise à penser...

 J'ai feuilleté ces anciennes chansons, relisant le nom des vedettes qui les avaient créées, celui des auteurs, des compositeurs auxquels nous devons La chanson des blés d'or (que mon père chantait) ou Le passeur du printemps ...

 

 Au milieu de ces disques, mon regard se fixe sur une chanson de Jean Nohain, parce que dans le coin, à gauche, est notée une petite phrase de ma main... Pourquoi ?

 Tout simplement parce que je ne voulais pas l'oublier.

 

"Quand je serai sur mon petit coin

de nuage, toi, ma fidèle petite

Yvonne, je sais que tu parleras encore de moi."

 

 Jean Nohain prononça ces mots un matin de l'automne 1980. J'étais au volant de ma voiture et nous roulions sur l'autoroute du Nord. Venait-il d'avoir le pressentiment, en regardant défiler le long ruban de la route, que celui de sa vie ne tarderait plus à s'arrêter... ?

 

 Ouvrons notre fenêtre sur ce Paris d'antan et regardons-le vivre... Comme tout est haut en couleur ! Une chose saute aux yeux, un chapeau, deux chapeaux, une foule de chapeaux... 

 

 Ceux des élégantes sont surmontés d'aigrettes qui ondulent dans l'air. Plus bas, frottant le sol, les jupes laissent apercevoir un petit bout de cheville et de dentelles lorsqu'elles se retroussent pour monter un trottoir ou grimper dans un fiacre.

 

 Les messieurs ? Comment une jeune femme de l'époque n'aurait-elle pas été captivée par leyr belle moustache frisée, leur redingote et leur gibus ! L'ensemble précédé d'une canne à pommeau d'argent qui frappe plus ostensiblement le pavé sur le passage des midinettes, lorsqu'elles fredonnent "Frou-Frou", tandis que le bruissement de leurs dessous en souligne les paroles.

 

 Oui, ce 31 décembre 1899, Paris rayonne d'allégresse. 

Tout de même, quelle chance d'être là pour vivre ces instants d'exception, pour tourner cette grande page d'histoire. L'heure tourne, les messieurs sortent leur montre de leur gousset tandis que la France compte à l'unisson :

 

"Minuit moins cinq... moins quatre... moins trois... moins deux, minuit moins une... Minuit ! L'année 1899 est morte. Vive 1900 ! Bonne année !

 

 Comme ce nombre sonne bien ! 1900 ! Il éclate de soleil, de renouveau, comme un printemps trop précose. Sans nul doute le XXème siècle sera pour notre pays un siècle de joie et de paix...

 S'ils avaient su... nos chers grands-parents...

Mais laissons la foule sabler le champagne, et grimpons la rue des Martyrs, voulez-vous ? Tout en haut habite un couple "bien de chez nous".

 

 Et c'est au 41 de cette rue éclatante de vie, de poésie populaire si bien manifestée par les cris des petits métiers qui la font vibrer :

 

"Vitrier... vitrier..."

"Du mouron pour les p'tits oiseaux..."

 

au milieu du jargon imagé des marchandes des quatre saisons, de la gouaille des petits parisiens, que le 16 février 1900, un petit garçon voit le jour et reçoit le prénom de Jean-Marie.

 

 Ses souvenirs les plus précoces ?

D'abord les chanteurs des rues. Lorsque l'un d'entre eux venait sous la fenêtre, sa maman l'ouvrait toute grande et le tenait debout sur le rebord. Elle attrappait alors son porte-monnaie pour en retirer quelques sous qu'elle enveloppait dans un bout de journal et il le lançait dans la rue de toutes ses forces en se cramponnant à la barre d'appui.

 

 Parfois le papier s'ouvrait en tombant et les pièces de monnaie s'éparpillaient sur la chaussée. Alors pour aider le chanteur à les retrouver, Jaboune pointait son index en criant :

- Là, monsieur, à droite, et là... plus loin."

 

 Il sentait sa maman heureuse de sa joie. Oui, le mouvement des rues de Paris en ce temps-là était étonnant.

 

 La marche des benjamins

Dans l'imagination de Jaboune, cette marche brûle déjà toutes les étapes.Depuis le temps qu'il mijotait cette idée, il crée le premier vrai journal vrai journal pour les jeunes.

 

 Un journal comme celui de papa avec : un éditorial, des articles, des rubriques illustrées et des jeux.

Une chanson naît avec le club. Il l'écrit bien évidemment. Et tous les écoliers de France d'entonner à tue-tête :

 

"Les benjamins, les benjamins,

Suivent toujours le droit chemin

Les benjamins, les benjamins,

Sont gais, joyeux, contents, pleins d'entrain

Les benjamins, les benjamins,

rendent service à leur prochain

Les benjamins, les benjamins,

Ont tous le coeur sur la main."

 

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Published by Régis IGLESIAS - dans L'Almanach
16 février 2022 3 16 /02 /février /2022 11:16
La photo du jour

"Top départ d’une journée qui s’annonce riche en émotions.

Nom de code de la mission : « Champomy, Champomy, Champomy …

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Published by Régis IGLESIAS - dans Livre d'or

Livre d'or

Première affiche

 

  "MA MAMIE M'A DIT"  

Spectacle nostalgique 

 

"On nous avait promis la magie, promesse tenue : un spectacle plein de féérie de souvenirs où chacun se retrouvait. Une belle énergie. Les résidents ont adoré. Merci." Marie ("La Clairière de Luci" - Bordeaux)
 
"Formidable ! Nous sommes tous remontés dans le temps, nous avons vingt ans, on a ri, on a presque pleuré et surtout on a chanté. Merci." Cathy (Arles)
 
"Un véritable petit chef d'oeuvre" ; "La légion d'honneur pour la créativité" "Un véritable artiste" ; "Après-midi formidable" ; "Absolument parfait" ; "Une rétrospective originale" ; "Un très bon moment d'évasion". Propos recueillis à la résidence Emera d'Angoulême  
 
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux... C'était magnifique. Nous avons revu toute notre jeunesse et notre enfance. Et c'est beau de redevenir jeune dans l'ambiance d'autrefois." Aimée et Janine
 
"Les chansons, les réclames et les anecdotes ont transporté les résidents dans leur enfance. Une après-midi de nostalgie mais aussi de chansons et de rires. Merci encore pour ce magnifique spectacle." Sandrine
 
"Spectacle complet, tellement agréable et thérapeutique pour nos personnes âgées, encore félicitations !" Docteur Souque
 
"Un choix extraordinaire de chansons, des moments magiques, des photos magnifiques, vous nous avez mis de la joie dans le coeur. Et retrouver sa jeunesse avec tous ces souvenirs, ça fait plaisir et j'espère que vous reviendrez nous voir." Mme Lorenzi (Juan-Les-Pins)
 
"Pour ma fête, par un pur hasard je me suis retrouvé dans un club de personnes âgées où j'ai pu assister à votre spectacle sur le passé. Cela m'a rappelé mes grands-parents et mes parents et c'était vraiment un moment magique." Josette, La Roque d'Antheron
 
"Bravo bravo bravo Regis, c'est le meilleur spectacle que j'ai vu depuis que je fais le métier d'animatrice." Bénédicte La Salette-Montval (Marseille)
 
"Je n'imaginais pas lorsque je vous ai accordé un rendez-vous que vous enchanteriez pendant 1 h 1/4 les personnes âgées d'une telle façon. Merci pour votre prestation qui a fait revivre les moments publicitaires, évènementiels et musicaux de leurs vies." Michelle, CCAS de Toulouse
 
"Un super voyage dans le temps pour le plus grand plaisir des résidents. Merci à Régis pour cette magie et à bientôt." Brigitte (Lunel)
 
"Enfin un retour à notre "époque". Quel bonheur, que de souvenirs, quelle belle époque ou l'amitié était de mise. Merci pour cette très belle après-midi, on s'est régalé avec ce très très beau spectacle". Danielle (Mirandol)
 
"Super - divinement bien -  tout le monde était enchanté même que M. Benaben a dit : "Vous nous avez donné l'envie de revivre notre vie"." Sylvie (Sainte Barthe)
 
"Un grand merci pour ce bon moment et je crois, je suis sûre, qu'il a été partagé par mon mari." Mme Delbreil
 
"Une féérie de l'instant." Christian
 
"Beaucoup d'émotion dans ce spectacle plein de chaleur et d'humanité." Sylvie
 
"Une soirée inoubliable. Continuez à nous émerveiller et faites un long chemin." Claude
 
"Le meilleur spectacle que j'ai jamais vu. De loin." Tonton Kiko
 
"C'est bien simple, je n'ai plus de Rimmel !" Claudine (seconde femme de Tonton Kiko)
 
"A ma grande surprise, j'ai versé ma larme. Tu as atteint mon coeur. Bravo pour ces sentiments, ces émotions fortes, j'ai eu des frissons par moment." Ta couse Céline
 
"Redge, encore un bon moment passé en ta présence. On était venu plus pour toi que pour le spectacle, mais quelle agréable surprise ! On est fier de toi, continues d'oser, de vivre !" Pascale
 
"J'avais froid, un peu hagard, l'humeur moribonde et puis voilà, il y a toi avec toute ta générosité, l'intérêt, l'affection que tu as toujours su apporter aux autres, à moi aussi et Dieu sait si tu m'as rendu la vie belle depuis qu'on se connaît comme tu as su le faire une fois de plus." Jérôme
 
"Ce spectacle est nul à chier et je pèse mes mots." Gérard
 
memoria.viva@live.fr

Ma Mamie m'a dit...

Madka Regis 3-copie-1

 

COLLECTION "COMEDIE"

Mamie est sur Tweeter

Mamie n'a jamais été Zlatanée !

Mamie doit travailler plus pour gagner plus

Mamie, tu l'aimes ou tu la quittes

"Casse-toi pauvre Régis !"

Papi a été pris pour un Rom

Mamie est sur Facebook

Papi est sur Meetic

Il y a quelqu'un dans le ventre de Mamie

Mamie n'a pas la grippe A

La petite maison close dans la prairie

 

COLLECTION "THRILLER"

Landru a invité Mamie à la campagne...

Sacco et Vanzetti

Mamie a rendez-vous chez le docteur Petiot

La Gestapo française

Hiroshima

 

COLLECTION "SAGA"

Les Windsor

Mamie et les cigares du pharaon

Champollion, l'homme qui fit parler l'Egypte

Mamie à Tombouctou

 

COLLECTION "LES CHOSES DE MAMIE"

Mamie boit dans un verre Duralex

Le cadeau Bonux

Le bol de chocolat chaud

Super Cocotte

Mamie ne mange que des cachous Lajaunie

 

COLLECTION "COUP DE COEUR"

Mamie la gauloise

Mamie roule en DS

Mamie ne rate jamais un apéro

Mamie et le trésor de Rackham le Rouge

 

COLLECTION "DECOUVERTE"

Mamie va au bal

La fête de la Rosière

Mamie au music-hall

Mamie au Salon de l'auto

 

COLLECTION "SUR LA ROUTE DE MAMIE"

Quand Papi rencontre Mamie

Un Papi et une Mamie

Mamie fait de la résistance

Mamie au cimetière

24 heures dans la vie de Mamie

 

COLLECTION "MAMIE EXPLORE LE TEMPS"

Jaurès

Mamie embarque sur le Potemkine

Mamie et les poilus

Auschwitz

 

COLLECTION "FRISSONS"

Le regard de Guynemer

Mr et Mme Blériot

Lindbergh décroche la timbale

Nobile prend des risques

 

COLLECTION "MAMIE EN BALLADE"

Mamie chez les Bretons

Mamie voulait revoir sa Normandie !

La fouace Normande

La campagne, ça vous gagne...

Mamie à la salle des fêtes

Launaguet

La semaine bleue

Le monastère

 

COLLECTION "MAMIE AU TEMPS DES COURTISANES"

Lola Montès

Les lorettes

Mme M.

Napoléon III

Plonplon

La marquise de Païva

Mme de Pompadour

Générique de fin