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1 mai 2014 4 01 /05 /mai /2014 18:00

vacances"Vive les vacances.

 

 "Septembre 1936 : premiers congés payés. Pour la première fois de ma vie, je voyais ma mère détendue, souriante, disponible. En congé chez un oncle à la campagne, j'ai pu me promener longuement avec elle. Enfin, on allait pouvoir vivre un peu mieux !"

 

 Cette époque, c'est aussi l'époque où les bals musettes que fréquentent les voyous mais aussi les jeunes ouvriers et ouvrièrent font fureur.

 Des danses comme la valse française ou la valse musette et la java où les partenaires se côtoient de très près (la main de l'homme posée sur le postérieur de sa partenaire pour la java) attirent les jeunes filles des classes populaires comme des bourgeoises qui viennent s'encanailler.

 Francis Carco a même écrit sur les bals organisés le plus souvent dans les arrières salles de boutiques à vin en 34 : "L'odeur de la friture, du vin blanc se mêlait à celle des apéritifs et au relent des femmes en sueur, qui, sans vergogne, s'essuyaient le visage, les paumes, les aisselles apès avoir dansé".

 

 La mode change. La jupe et les cheveux rallongent. La poitrine est à nouveau à l'honneur après avoir été cachée. La femme s'émancipe et manifeste.

 Une preuve ? Celles qui font la dinette à midi (à l'origine de leur nom) se mobilisent aussi pour leurs droits.

 Lulu, bambrocheuse dans le textile et Huguette ouvrière en cartonnerie dans le Nord racontent :

"Des vraies bourriques, ces patrons se croyaient tout permis. C'était la bagne pour cinq sous de l'heure comme apprentie. On allait en espadrilles, sans manteau, comme des esclaves. pas le droit de parler, de chanter, de se déplacer, d'aller au Wc. Les pancartes ont valsé en 36".

 Sur un long mur de briques, dans la banlieue parisienne, de lourdes mains avaient tracé au pinceau, en grosses lettres : Tenir !

 Petite parenthèse : C'est dans les années 30 que se popularise la fameuse "méthode Ogino", du nom d'un gynécologue japonais qui a déterminé la période d'ovulation pendant laquelle l'abstinence est recommandée pour éviter la procréation. Et bien que d'une efficacité contestable - les bébés Ogino" sont légions -, cette méthode offre une meilleure responsabilisation.

 

 La suite ? les ouvriers occupent les usines. Derrière les vitres, rapporte un passant, on aperçoit des employés qui jouent aux cartes, se promènent, lisent ou tendent le poing. Des quêteurs tendent, décorés d'une cocarde rouge, une tirelire aux passants.

 Au Printemps, cent artistes donnent un concert. A la Samaritaine, des grilles de fer sont placées apr précaution devant les vitrines". Les galeries Lafayette organisent un spectacle de Gala pour lequel personne n'a à acquiter un droit d'entrée. Une banderole y proclame : "Ces jours de sacrifices prépareront des années de bonheur".

 Des artistes comme Tino Rossi ou Mistinguett viennent chanter pour les grévistes. Si la lutte est déterminée, elle est aussi joyeuse. Outre les galas, on danse dans les locaux des entreprises occupées.

 Jean-Louis Barrault va dire des poèmes d'Eluard devant les vendeuses grévistes des grands magasins parisiens.

 De son côté, Agnès Capri, qui dispose de son propre cabaret, crée les premières chansons du tandem Prévert-Kosma. C'est elle que l'on voit, poussant une complainte, traverser lentement le film de Carné-Prévert, Drôle de drame.

 Jean Wiener fera connaître au grand public Marianne Oswald qui deviendra vite, comme Agnès Capri, "la chanteuse Front populaire".

 On vit, on espère, on remue, à l'affût de toutes choses : on écoute Pills et Tabet chanter avec entrain "Prends la route, mon p'tit gars" ; on écoute Charpini et Brancato. Le public raffole de ces numéros de duettistes et ainsi débuteront Charles et Johnny.

 Au foyer trône le poste de TSF. Il diffuse, à travers Radio-Paris tour Eiffel, Paris Ptt ou le Poste parisien, d'amples programmes avec concerts, théâtre, lectures littéraires, chronique gastronomique, informations, conseils aux agriculteurs, émissions enfantines et matchs sportifs.

 

 Oui, l'on va vivre, chanter, aimer... "Ma blonde, entends-tu dans la ville..." Ce n'est pas une illusion : comme un printemps se couvre de fleurs, la France va se couvrir de fêtes. Et entrer dans un été. Le plus beau qu'elle ait connu depuis bien longtemps.

 Celui qui nourrit toujours des rêves et des émotions.

"Debout, ma blonde, chantons au vent."

 

  Mamie enfin : "La joie est au rendez-vous. Une joie pure. Une joie qui est partout : on danse, on joue de l'accordéon ; on dispute d'interminables parties de belote ou l'on accueille des représentations théâtrales, des spectacles de variétés. Et le travail, c'est pour quand ?"

 Le travail, à nouveau ?

 On pense au mot si drôle de Jacques Roumain : "Si le travail était une bonne chose, il y a longtemps que les riches l'auraient accaparé."

 Seulement voilà, le pays tout entier s'est mis à remuer intensément. Il est entré dans la fête. Cette bougeotte va le précipiter vers les gares et les trains de congés payés, vers les plages, vers les montagnes.

 Les employés des grands magasins pourront arriver au travail sans chapeau, le tutoiement entre collègues ne sera plus interdit et les vendeuses ne seront pas contraintes de rester debout la journée entière. Des riens ? Ce sont des riens

 Allez donc le dire à ceux et celles qui commencent à savoir que c'est en accumulant des riens, justement, que l'on bâtit un vrai bonheur.

 Et voilà qu'une magie saisonnière, la magie du soleil, des marées, des falaises, des rochers luisants de coquillages passe à d'autres. Ou aller ?

 

 C'est alors la ruée vers les gares, les longues files d'attente aux guichets, la valise sur l'épaule, bobonne à un bras, la amrmaille dans les jambes et tous ces visages hilares aux portières. Partir ! Partir ! Partir ! 

 Qui a dit que partir c'est mourir un peu : là c'est vivre beaucoup.

 L'affluence est telle, et dépasse à ce point les prévisions, qu'il faut ressortir des dépots, dare-dare, de vieux wagons cahotants et qui datent de la mobilisation d'août 1914Mais si on est mobilisé cette fois, ce n'est pas pour aller riquer sa peau quelque part, c'est pour s'y sentir merveilleusement bien, dans cette peau, pour la voir bronzer.

 La suite ? Des ouvrières qui ne sont pas non plus de la toute première jeunesse s'extasient sans fin devant les vagues en répétant à qui mieux mieux, comme dans une blague de chansonnier, qu'ils n'avaient encore jamais vu la mer.

 Et les autres arrivent de partout. Avec les mêmes bagages rebondis sous leurs sangles.

Avec ces mômes qui piaillent, ces ménagères qui préparent le pique-nique sur des torchons à rayures entre des chateaux de sable, ces copains qui viennent saucissonner, tous ces types qui entrent dans l'eau comme dans un espace conquis alors qu'ils n'ont même pas de salles de bain chez eux. les locaux crient : ils vont souiller nos plages ces salopards !

 

 Tout comme il y a le bal du dimanche, il y a le cinema du samedi soir. 

 Trembler de fièvre et d'héroïsme sous le soleil du Sahara, naviguer en pleine mer dans le brouillard et les tempêtes, traverser une jungle à pied ou se perdre d'amour au fond d'un salon pour Edwige Feuillère, tels sont quelques-uns des moments exceptionneles que dispense cette énergie insaisissable lancée sur des rayons vers l'écran lumineux, au dessus des têtes.

 Les appliques se sont éteintes progressivement, la musique d'ambiance a cessé, l'obscurité enfin et soudain le regard rencontre une autre vie.

 La poésie des heures inconnues.

Et Pagnol avec son champ d'oliviers, un coin du Vieux-Port, la musqiue des cigales et l'accent des joueurs de boules, le chapeau de paille sur le front, le pastis, la carafe d'eau fraîche, la blague aux lèvres et la larme à l'oeil, les ombres tutélaires de Mistral ou de Daudet sont ses meilleurs atouts. 

 

 Et le public se rend aux rendez-vous qui lui fixent Raimu, Charpin, Andrex, Delmont, et la tendre Orane Demazis.

 Combien d'adolescents boutonneux n'auront-ils pas soupiré pour la fraîche jeunesse et la grâce boudeuse de la si jolie Danielle Darrieux ; combien n'auront-ils pas été tourmentés par la sensualité gourmande de Ginette Leclerc, les mines aguichantes de Viviane Romance, la fausse ingénuité de Simone Simon...

 Combien n'auront-ils pas voulu capter, une seconde, rien qu'une seconde, la tendre fierté d'Annabella, l'ondoyante plastique de Mila Parely et pourquoi pas les fadeurs sophistiquées d'une Mireille Balin aux battements de cils irréprochables.

 Et Gabin, le brave gars sympathique du Jour se lève qui sera victime d'une fripouille, le mécanicien de La bête humaine qui adore et caresse comme une femme ; il est le typographe de Gueule d'amour qui ne pourra surmonter ni sa nostalgie ni ses malchances ; il est le peintre en bâtiment chômeur de la Belle Equipe qui, ayant gagné à la loterie nationale avec ses copains, construit, toujours en leur compagnie la guinguette "Chez nous", parce que "ça dit bien ce que ça veut dire".

 Un chef d'oeuvre.

Sans oublier Pépé-le-Moko, Quai des brumes, Hôtel du Nord, Fric Frac, La Grande Illusion, la Règle du jeu, La Marseillaise...

 

 Et tous ces noms qui s'étalent en gros caractères sur les affiches : Arletty, Yvonne Printemps, Marguerite Moreno, Georgius, Tino Rossi, Reda Caire, Maurice Chevalier, Lucienne Boyer, Michel Simon, Damia, Fernandel, Victor Boucher, Sacha Guitry, Marianne Oswald...

 

 La un du petit Parisien, les concours hippiques, des courses à chantilly, des crimes passionnels devant des cours d'assises, des causeries à Radio Ptt, valse de Vienne à Radio-Paris, et tous les lecteurs des publicités savent à quoi s'en tenir sur les lithinés du Dr Dustin ou l'Exquis déjeuner Phoscao.

 Le traintrain.

 

 La fin ? Les millions d'hommes et de femmes qui furent les acteurs de ce Front populaire. Et voilà pourquoi il fit jaillir du sol de France tant de fêtes.

 La fête du peuple présent.

Et ce n'est pas un hasard si l'effet 36 continue d'exercer une réelle attraction sur ceux qui le vécurent, comme sur ceux qui l'imaginent. 

 Le contrat que tant de Français passèrent avec le Front populaire n'est pas exclusivement un acte politique : c'est un long rendez-vous d'amour.

Rideau.

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Published by Régis IGLESIAS - dans Les souvenirs de ...

Livre d'or

Première affiche

 

  "MA MAMIE M'A DIT"  

Spectacle nostalgique 

 

"On nous avait promis la magie, promesse tenue : un spectacle plein de féérie de souvenirs où chacun se retrouvait. Une belle énergie. Les résidents ont adoré. Merci." Marie ("La Clairière de Luci" - Bordeaux)
 
"Formidable ! Nous sommes tous remontés dans le temps, nous avons vingt ans, on a ri, on a presque pleuré et surtout on a chanté. Merci." Cathy (Arles)
 
"Un véritable petit chef d'oeuvre" ; "La légion d'honneur pour la créativité" "Un véritable artiste" ; "Après-midi formidable" ; "Absolument parfait" ; "Une rétrospective originale" ; "Un très bon moment d'évasion". Propos recueillis à la résidence Emera d'Angoulême  
 
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux... C'était magnifique. Nous avons revu toute notre jeunesse et notre enfance. Et c'est beau de redevenir jeune dans l'ambiance d'autrefois." Aimée et Janine
 
"Les chansons, les réclames et les anecdotes ont transporté les résidents dans leur enfance. Une après-midi de nostalgie mais aussi de chansons et de rires. Merci encore pour ce magnifique spectacle." Sandrine
 
"Spectacle complet, tellement agréable et thérapeutique pour nos personnes âgées, encore félicitations !" Docteur Souque
 
"Un choix extraordinaire de chansons, des moments magiques, des photos magnifiques, vous nous avez mis de la joie dans le coeur. Et retrouver sa jeunesse avec tous ces souvenirs, ça fait plaisir et j'espère que vous reviendrez nous voir." Mme Lorenzi (Juan-Les-Pins)
 
"Pour ma fête, par un pur hasard je me suis retrouvé dans un club de personnes âgées où j'ai pu assister à votre spectacle sur le passé. Cela m'a rappelé mes grands-parents et mes parents et c'était vraiment un moment magique." Josette, La Roque d'Antheron
 
"Bravo bravo bravo Regis, c'est le meilleur spectacle que j'ai vu depuis que je fais le métier d'animatrice." Bénédicte La Salette-Montval (Marseille)
 
"Je n'imaginais pas lorsque je vous ai accordé un rendez-vous que vous enchanteriez pendant 1 h 1/4 les personnes âgées d'une telle façon. Merci pour votre prestation qui a fait revivre les moments publicitaires, évènementiels et musicaux de leurs vies." Michelle, CCAS de Toulouse
 
"Un super voyage dans le temps pour le plus grand plaisir des résidents. Merci à Régis pour cette magie et à bientôt." Brigitte (Lunel)
 
"Enfin un retour à notre "époque". Quel bonheur, que de souvenirs, quelle belle époque ou l'amitié était de mise. Merci pour cette très belle après-midi, on s'est régalé avec ce très très beau spectacle". Danielle (Mirandol)
 
"Super - divinement bien -  tout le monde était enchanté même que M. Benaben a dit : "Vous nous avez donné l'envie de revivre notre vie"." Sylvie (Sainte Barthe)
 
"Un grand merci pour ce bon moment et je crois, je suis sûre, qu'il a été partagé par mon mari." Mme Delbreil
 
"Une féérie de l'instant." Christian
 
"Beaucoup d'émotion dans ce spectacle plein de chaleur et d'humanité." Sylvie
 
"Une soirée inoubliable. Continuez à nous émerveiller et faites un long chemin." Claude
 
"Le meilleur spectacle que j'ai jamais vu. De loin." Tonton Kiko
 
"C'est bien simple, je n'ai plus de Rimmel !" Claudine (seconde femme de Tonton Kiko)
 
"A ma grande surprise, j'ai versé ma larme. Tu as atteint mon coeur. Bravo pour ces sentiments, ces émotions fortes, j'ai eu des frissons par moment." Ta couse Céline
 
"Redge, encore un bon moment passé en ta présence. On était venu plus pour toi que pour le spectacle, mais quelle agréable surprise ! On est fier de toi, continues d'oser, de vivre !" Pascale
 
"J'avais froid, un peu hagard, l'humeur moribonde et puis voilà, il y a toi avec toute ta générosité, l'intérêt, l'affection que tu as toujours su apporter aux autres, à moi aussi et Dieu sait si tu m'as rendu la vie belle depuis qu'on se connaît comme tu as su le faire une fois de plus." Jérôme
 
"Ce spectacle est nul à chier et je pèse mes mots." Gérard
 
memoria.viva@live.fr

Ma Mamie m'a dit...

Madka Regis 3-copie-1

 

COLLECTION "COMEDIE"

Mamie est sur Tweeter

Mamie n'a jamais été Zlatanée !

Mamie doit travailler plus pour gagner plus

Mamie, tu l'aimes ou tu la quittes

"Casse-toi pauvre Régis !"

Papi a été pris pour un Rom

Mamie est sur Facebook

Papi est sur Meetic

Il y a quelqu'un dans le ventre de Mamie

Mamie n'a pas la grippe A

La petite maison close dans la prairie

 

COLLECTION "THRILLER"

Landru a invité Mamie à la campagne...

Sacco et Vanzetti

Mamie a rendez-vous chez le docteur Petiot

La Gestapo française

Hiroshima

 

COLLECTION "SAGA"

Les Windsor

Mamie et les cigares du pharaon

Champollion, l'homme qui fit parler l'Egypte

Mamie à Tombouctou

 

COLLECTION "LES CHOSES DE MAMIE"

Mamie boit dans un verre Duralex

Le cadeau Bonux

Le bol de chocolat chaud

Super Cocotte

Mamie ne mange que des cachous Lajaunie

 

COLLECTION "COUP DE COEUR"

Mamie la gauloise

Mamie roule en DS

Mamie ne rate jamais un apéro

Mamie et le trésor de Rackham le Rouge

 

COLLECTION "DECOUVERTE"

Mamie va au bal

La fête de la Rosière

Mamie au music-hall

Mamie au Salon de l'auto

 

COLLECTION "SUR LA ROUTE DE MAMIE"

Quand Papi rencontre Mamie

Un Papi et une Mamie

Mamie fait de la résistance

Mamie au cimetière

24 heures dans la vie de Mamie

 

COLLECTION "MAMIE EXPLORE LE TEMPS"

Jaurès

Mamie embarque sur le Potemkine

Mamie et les poilus

Auschwitz

 

COLLECTION "FRISSONS"

Le regard de Guynemer

Mr et Mme Blériot

Lindbergh décroche la timbale

Nobile prend des risques

 

COLLECTION "MAMIE EN BALLADE"

Mamie chez les Bretons

Mamie voulait revoir sa Normandie !

La fouace Normande

La campagne, ça vous gagne...

Mamie à la salle des fêtes

Launaguet

La semaine bleue

Le monastère

 

COLLECTION "MAMIE AU TEMPS DES COURTISANES"

Lola Montès

Les lorettes

Mme M.

Napoléon III

Plonplon

La marquise de Païva

Mme de Pompadour

Générique de fin