"L'interview.
"Over blog : Vous n'avez pas l'impression d'en faire un peu trop ?
- Ah, dit l'auteur.
- Comment voulez-vous qu'on s'y retrouve nous, on est complètement perdu dans ce foutoir. Et puis ca part dans tous les sens...
- Ah, re-redit l'auteur.
- Poésie, sport, publicité, communication... Vous passez du coq à l'ane !
- Oh, dit l'auteur pour changer.
- Et vous parlez d'amour, décidemment vous ne manquez pas de toupé.
- Si je fais un blog, il faut qu'il soit à mon image, et donc ce n'est pas possible qu'il ne soit pas charnel, c'est comme si on faisait un bouquin sur Hitler et qu'il ne déclare pas la seconde guerre mondiale.
- Vous parlez même de politique, est-ce que vous savez qu'il y en a qui se sont retrouvés en taule pour moins que ça ?
- Je l'ignorais, dit l'auteur visiblement touché.
- Vous êtes un blogueur véreux !
- Je suis quoi moi ? dit l'auteur ébranlé.
- Une crapule de la pure espèce.
- De la pire.
- Pardon ?
- Vous avez dit de la pure, il faut dire de la pire. C'est plus français.
- Mauvaise fois en plus. Revenons à nos moutons, épurons un peu avant que le lecteur pête un plomb, on commence par l'horoscope, c'est n'importe quoi l'horoscope...
- L'avenir, on a pas à le prévoir mais à le permettre...
- La météo c'est toujours la même, halte au sketch !
- La météo c'est comme l'amour, il ne faut pas trop compter dessus...
- Encore vos citations et vos phrases toutes faites...
- (sur un ton énervé) La citation est pour moi un hommage à ce qui a été écrit et merveilleusement dit. Je ne vois pas pourquoi on s'en priverait. Les citations, ça élargit, ça élève, ça empêche de s'engluer. C'est comme s'il y avait une menace énorme d'inertie, de bétise, de vulgarité. La formule parfaite permet d'en sortir. Elle a le mérite de fédérer, d'exalter.
- Excusez-moi mais j'ai l'impression d'avoir déja entendu ca quelque part...
- C'est pas faux, c'est Lucchini qui l'a dit.
- Vous voulez dire que même quand vous parlez d'une citation, vous citez quelqu'un, c'est énorme ! Bon, on recadre, le Top 50, ce n'est quand même pas une réussite...
- (sur un ton encore plus énervé, limite agressif)) Que des tubes !
- La rubrique la belle histoire, c'est une belle mascarade...
- Plus les histoires sont belles plus les gens n'y croient pas... Ma grand mère aimait raconter de belles histoires en préparant le petit déjeuner tout en sifflotant l'hymne du 14eme regiment des chasseurs à cheval du corps d'armée commandé par le général Grant durant la guerre de Sécession.
- Soit, mais la rubrique "coach du jour" est imbuvable.
- C'est une opinion qui peut se défendre. Pour info, le prochain coach du jour sera Adolfo Serpentini.
- Qui est Adolfo Serpentini ?
- Le quincaillier de Chatenay-Malabry, champion cycliste des hauts de Seine, section amateurs.
- On n'est pas sorti du marasme. Franchement, les danses du monde, c'est du n'importe quoi...
- Rappelez-vous les paroles de Jean Jacques: "Quand tu danses y songes-tu?"
- Pareil pour les questions réponses, à part peut etre la dernière...
- Vous parlez de l'expression Faire une P. ?
- J'imagine que ce n'est pas une Pizza... Et les outils de coach ?
- Que du lourd !
- Ne noyez pas le poisson, savez-vous que...
- Et la rubrique coaching est énorme !
- Faut le dire vite, une question qui me brûle les lèvres, il me semble détecter une faille, une faiblesse dans l'épaule, qu'est ce que vous cachez ? Parlez-nous de vos peurs, de vos défauts.
- Je suis incapable d'acheter de papier toilette, du coup j'en pique à droite, à gauche.
- Je le savais. Il faut creuser là, il doit y avoir quelque chose dessous. Laissez-moi vous poser une question toute personnelle : ne vous est-il jamais arrivé de vous trouver dans un lieu d'aisances et de vous apercevoir - après, donc trop tard - qu'il n'y a plus de papier ?
- (l'auteur avalat sa salive et fit un effort de mémoire) Une fois, reconnut-il honnêtement, au mariage de ma cousine.
- Qu'avez-vous fait ?
L'auteur fronça les sourcils. Il eut conscience que, derrèere lui, ses collègues s'étaient rapprochés.
- J'ai fait l'inventaire de mes poches.
Impitoyable le journaliste posa l'ultime banderille :
- Qu'y avez-vous trouvé ?
- Ma carte grise, des tickets de métro et trois pièces de dix francs.
- Vous ont-ils été utiles en la circonstance ?
Effondré, l'auteur baissa la tête, accablé par le souvenir.
- Non.
- Ne cherchez pas plus loin, c'est ça, depuis inconsciemment ça bloque. Changeons de sujet, il n'y a pas de rubrique culinaire, vous n'aimez pas la cuisine ?
- La rubrique cuisine du monde sera bientot disponible avec notamment un poulet au maïs 'flambé a l'Atlanta' avec garniture de patates douces. Et une recette louisianaise d'avant la guerre de Secession (l'auteur eut un geste pour se lécher les doigts mais se reprit).
- Intéressant. Bon c'est pas que je m'emmerde mais j'ai d'autres chats à fouetter, merci de nous avoir reçu. Un dernier mot peut-être ?
- (L'auteur met ses mains derrière le dos et repousse des cailloux du pied) Comme vous êtes là, dit-il, et que ma Mamie apprécie votre journal, alors je...
Silence.
"Je me suis dit que..."
Silence.
"Je peux lui faire un petit coucou ?.."