"Marlene and John...
Tous les billets avaient été vendus pour la soirée, mais personne n'entrait dans le théâtre. C'était la première de Marlene à Berlin après la guerre et tout le monde avait peur des attentats, ou de possibles représailles en raison du passé de Marlene. C'est alors que le maire de Berlin est arrivé, en limousine. Il est entré dans le théâtre et s'est installé au premier rang pour assister au concert. Voyant cela, le public a repris confiance et peu à peu la salle s'est remplie de spectateurs.
Dans la loge de Marlene, il y avait une énorme gerbe de roses rouges, avec un petit mot : "Ma chère Marlene, j'espère que tu es fière de la protection américaine. Je pense à toi. Commence par chanter Falling in Love Again et le public oubliera tout, tout de suite. Je t'embrasse tendrement, John." Le mot et les roses émanaient des Kennedy, avec qui Marlene avait eu une brève liaison. Elle m'a raconté qu'un soir, il l'avait reçue à la Maison-Blanche dans le bureau ovale. Il l'avait prise dans ses bras et lui avait dit : "Écoute, tu as été la maîtresse de mon père autrefois. Il n'y a pas de raison que tu ne sois pas la mienne aussi."
Et Marlene avait poursuivi son récit : "Je me suis laissée faire comme une gourde. Mais j'aimais son visage. Il était très beau." Puis elle a pris le temps de réfléchir au conseil qu'il lui donnait, à savoir commencer le récital par la chanson de L'ange bleu, celle qui l'avait rendu si célèbre.
Marlene est entrée en scène sur la musique de Falling in Love Again et à la fin de la chanson, toute la salle s'est levée et l'a applaudie à tout rompre, en l'assourdissant de bravos. Ils avaient oublié qu'elle avait combattu dans le camps adverse, qu'elle avait été décorée par le général habillée en soldat français. Le récital a été un triomphe ! Ensuite, à table, elle nous a confié : "On ne change pas une Berlinoise. Je suis partie à cause d'Hitler, mais je savais bien qu'un jour je reviendrais."
Rideau.