"Faudra-t-il un jour ériger une statue à Joseph Opinel ?
Ce savoyard n'a-t-il pas sauvé de situations difficiles quantité de bricoleurs français ? N'a-t-il pas donné à de nombreuses générations le même et agréable souvenir d'enfance : la tranche d'un saucisson que l'on coupe, un bout de bois que l'on sculte, des champignons que l'on ramasse ?
Son couteau qui a bombé la poche de millions de Français a pourtant failli ne jamais voir le jour...
Printemps 1890. Joseph Opinel travaille chez son père qui est taillandier et fabrique des outils comme des haches, des serpettes et autres engins contondants. Dans un coin de l'atelier, Joseph s'acharne à imaginer un couteau simple et robuste qui rendrait service à ses amis. Mais il doit lutter contre la réprobation de son père, qui voit d'un mauvais oeil ce travail ne faisant guère avancer les commandes en cours...
Comme tout bon montagnard qui se respecte, Joseph s'entête et persiste ! Bien lui en prend... Il va donner naissance à un couteau et une entreprise qui deviendront un élément capital de notre culture industrielle du XXe siècle.
Joseph va innover en mettant au point un couteau fermant. Il a d'abord déterminé la forme générale de ce canif, avec une bonne prise en main, solide et commode à mettre en poche... Puis un bâti sur lequel coulisse une petite scie circulaire qui ôte une fine lamelle de bois au manche.Ce couteau à la conception originale séduit immédiatement les paysans et les ouvriers des villages environnants. L'atelier est submergé de demandes et le père se voit donc obligé d'embaucher...
La réputation des lames de la famille Opinel va vite dépasser les limites de la vallée savoyarde. Des marchands ambulants font connaître ce couteau révolutionnaire dans la France entière. Joseph va même obtenir la médaille d'or à l'exposition internationale de Turin.
L'homme se sent pousser des ailes, il déménage dans le village de Cognin et s'installe dans une ancienne tannerie, équipée d'une chute d'eau qui lui sert à refroidir les lames de couteaux pendant le meulage. Pour éviter les contrefaçons, il dépose sa marque, en choisissant pour emblème "la Main Couronnée". Une main aux trois doigts levés, annulaire et auriculaire repliés, l'emblème de Saint-Jean-de-Maurienne.
Quant à la couronne, elle est là pour rappeler que la Savoie fut un duché. Ce cachet est toujours imprimé sur le manche et estampillé dans l'acier de la lame des opinels.
En 1939, à la veille de la guerre, la famille Opinel fête les 20 millions de couteaux vendus ! Le canif pliant existe en treize formats, du minuscule n°1 pour curer la pipe au n°13 pour découper les quartiers de boeuf ! Les n°7 et n°8, aux tailles intermédiaires, sont néanmoins les plus fourrés dans les poches des Français.
Opinel innove ensuite avec une virole double sécurité, un système qui permet de bloquer la lame en position ouverte ou fermée. il sera alors bien rare le petit quincaillier de l'hexagone à ne pas avoir son présentoir d'Opinels. Opinel sera ensuite référence parmi les cent plus beaux objets du monde par le Victoria et Albert Museum de Londres.
Depuis sa création, "ce modeste canif savoyard" s'est vendu à plus de 200 millions d'exemplaires.
Ma Mamie m'a dit qu'en tout et pour tout, une cinquantaine d'opérations sont nécessaires à la fabrication d'un Opinel.
Un vrai travail d'orfèvre...
Collection "Les choses de Mamie"
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