"Retiens ta vie.
Les premiers Konzentrationslager apparurent en Allemagne au lendemain de la prise du pouvoir par les nazis.
Les première victimes furent des Allemands : opposants politiques, inadaptés sociaux et même malades mentaux. L'intention des nazis était d'isoler ces éléments "dangereux" ou "dégénérés" et, par la contrainte, de les "rééduquer".
Avant la guerre, la propagande nazi ne cachait pas l'existence des camps et n'hésitait pas à les présenter comme des modèles.
Force est d'ailleurs de reconnaître que les nazis n'ont pas inventé ce type de camps, dont le régime soviétique, dès les années 20, a peuplé la Sibérie.
Les détenus étaient distingués selon leur origine par un triangle de couleur cousu sur la poitrine : rouge pour les prisonniers politiques, vert pour les droits communs, rose pour les "asociaux".
Après le début de la guerre, des lettres précisaient la nationalité des détenus, et les résistants étaient souvent affublés de la sinistre mention NN (Nacht und Nebel, nuit et brouillard), qui les promettait au régime le plus dur.
Mais c'est surtout la décision de l'extermination des Juifs qui transforma les camps en usines de la mort industrielle.
Après avoir songé à déporter des millions de Juifs d'Europe de l'Est vers Madagascar et les avoir entassés dans de gigantesques ghettos, les nazis entreprirent de les exterminer.
On bâtit alors de grandes chambres à gaz (camouflées en douches pour ne pas provoquer de mouvements de panique parmi les condamnés) et d'énormes fours crématoires destinés à brûler les cadavres.
En 1944, le camp d'Auschwitz envoyait à la mort plus de 5 000 personnes par jour. A l'arrivée des trains, les SS distinguaient les aptes au travail (qui étaient promis à la mort lente par épuisement), des inaptes, envoyés immédiatement à la chambre à gaz.
Ma Mamie m'a dit que sur les murs, il y a encore les griffes des personnes qui ont été déclaré inaptes.
Elle m'a dit aussi que parmi celles et ceux qui étaient déclarés aptes, deux phrases étaient sur toutes les lèvres. La première était celle qu'on disait à quelqu'un qui n'allait pas bien : Retiens ta vie.
La deuxième était celle que disait la personne qui n'allait pas bien justement et qui savait qu'elle ne pourrait pas la retenir plus longtemps.
Elle disait alors : N'oublies pas d'en parler.
Collection "Mamie explore le temps"
Lee Harvey Oswald - Stavisky ou la corruption - Sarajevo ou la fatalité - Jeanne d'Arc - Seul pour tuer Hitler - Leclerc - Sacco et Vanzetti - La nuit des longs couteaux - Jaurès - Landru - Adolf Eichmann - Nobile - Mr et Mme Blériot - Les Rosenberg - Mamie embarque sur le Potemkine - L'horreur à Courrières - Lindbergh - Mamie au pays des Soviets - Jean Moulin face à son destin - Mamie est dos au mur - L'assassinat du chancelier Dolfuss - L'honneur de Mme Caillaux - Mamie au pays des pieds noirs - La Gestapo française - Auschwitz