"Carmaux.
La ville de Jaurès. Champion de France de rugby en 1951. Mamie est passée à Carmaux. Enfin ! Un juste retour aux sources en quelque sorte. Et une bonne idée. L'intention était louable : mettre le feu (au sens figuré) à la résidence. Seulement voilà, à la maison de retraite de Carmaux, il y a M. Pécheux...
Qui est M. Pécheux ?
M. Pécheux a tiré six ans à Fleury-Mérogis. Peu de gens le savent, on connaît pourtant la vitesse avec laquelle se propagent les médisances. Surtout à Carmaux. Pécheux n’est pourtant pas un voleur, ni un meurtrier, il est un incendiaire.
Il a commencé très jeune. En primaire déjà, à l'école Jean Moulin, il a tenté à quatorze reprises de foutre le feu à son école. Il n’aimait pas sa maîtresse et avait jugé les pupitres hautement combustibles. Il n’eut pas de chance car les flammes s’éteignirent d’elles-mêmes, ce qui arrive lorsqu’on manque de matériau de propagation.
Une leçon dont il devait se souvenir par la suite. Il réussit tout de même à enflammer une armoire et une partie de l’estrade, ce qui occasionna douze jours de vacances. Ces jours bénis à vagabonder dans les rues au lieu de s’acharner à apprendre des conneries l’incitèrent à penser que le feu avait du bon et pouvait lui être, dans le futur, d’un grand secours.
Il tomba alors amoureux d’une conductrice d’autobus. Presque chaque soir, il demandait à celle qu’il considérait comme sa fiancée, d’aller se promener avec lui le lendemain, mais la réponse était toujours négative, toujours ces foutus horaires.
Il décida alors d’entrer en action et mit le feu au dépôt de la RATP desservant les machines des lignes 80 et 95. La présence de carburant le servit et dix-sept véhicules furent détruits et Pécheux put, le lendemain, aller se balader le long des berges du Vior avec sa copine en chômage technique pour quatre mois. Ce fut une période de bonheur intense.
Cette dernière terminée, Emilienne - c’était le nom de la conductrice - trompa Pécheux avec Antonin Pion, propriétaire d’une librairie-papeterie place Gambetta.
Il n’est pas très utile d’en dire plus.
Il aurait suffi d’une allumette, et Pécheux avait briqué et bidon d’essence. La librairie-papeterie brûla en trois quarts d’heure. Manque de pot, Pion n’était pas là le jour de l’incendie, et il épousa Emilienne le trimestre suivant, ruiné mais toujours amoureux.
Pécheux eut alors recours aux grands moyens, il décida de brûler la mairie de Blaye-les-Mines où la cérémonie devait avoir lieu. Il ne parvint qu’à brûler l’écharpe du maire et les registres de mariages et de naissances du village de 1912 à nos jours.
Ce fut ce jour-là qu’il se fit attraper et eut la douleur de constater que, à l’instant où Pion passait la bague au doigt d’Emilienne, un inspecteur de la PJ lui passait les menottes aux poignets. Sa peine effectuée, il s’installa à la maison de retraite de Carmaux où il mène une vie rangée et apparemment anodine. A la fin du spectacle, il s'est fendu d'un commentaire laconique : "C'était le feu !
Tout était dit.