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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 10:40

Paiva-copie-1.jpg"Une photo, là, sous vos yeux.

 

 Une photo de la marquise de Païva, peut-être - sûrement même - la courtisane la plus connue du second empire. De loin.

 Pourquoi ? Comment ? Quel a été son destin ?

Voilà les questions que j'ai posé à ma Mamie pour en savoir plus. Ses réponses ont été sans concession. Extraits :

 Mais d’abord - avant de rentrer dans le vif du sujet -, une constatation d’ordre général. rarement les prostituées sordides des bas quartiers deviennent, sans secours extérieur, les élégantes soupeuses des restaurants lancés. Beaucoup ne le désirent pas. D’autres, plus ambitieuses, ne parviendraient jamais à "s’élever" sans l’ogresse.

 Et c’est un bien déroutant personnage l'ogresse.

 Une femme sans âge qui, reconnaissant en telle biche, en telle lorette quelque beauté, jette les yeux sur elle. Il s’agit de lui insuffler d’abord de l’ambition, si elle en a déjà. Il faut la décrasser, lui donner le goût de la toilette.

 L’ogresse procurera tout : bagues, bijoux, robes et châles, montres et colliers. Tout cela elle le louera. Tel est le secret, le bénéfice de l’opération.

 Le lancement d’une lorette, sa promotion éventuelle au rang de lionne, c’est une spéculation qui devra lui rapporter cent fois sa valeur. Tout se loue, jusqu’à des billets de banque nécessaires pour prouver que l’on a pas besoin d’argent ! C’est ainsi qu’à débuté, dans la carrière, la plus fameuse des courtisanes du second Empire Thérèse Lachman, marquise de Païva.

 Ma Mamie raconte la suite :

"Elle laissait entendre qu’elle était fille d’un grand-duc. A la vérité, elle était née aux confins de la Russie polonaise, d’une famille juive très misérable. Très tôt, on la maria à un petit tailleur de Moscou. Elle s’enfuit, laissant à son mari un enfant trop encombrant. Ses ambitions allaient bien au-delà.

 Etait-elle belle ? Elle s’en persuadait et parvenait à en convaincre les hommes. Surtout, elle était bien roulé, un corps  vraiment splendide. Le visage l’était moins : un nez épaté, de gros yeux, une bouche brutale aux lèvres épaisses".

Mais les yeux "brillaient d’une flamme conquérante". 

Elle accourut à Paris. Après quelques aventures obscures, elle apparut soudain au grand jour - grâce au compositeur Herz qui lui donnait des leçons de piano - dans les milieux artistiques. On l’admira.

Elle se vit lancée. Las ! En 1848, Herz, ruiné, l’abandonnait. 

Elle tomba malade dans la foulée.

 Un jour, elle le suppliait de venir la voir. Il pénétra dans une chambre dénudée, trouva une femme à demi-morte. Il s’assit à côté d’elle. Elle lui dit :

 - "Tu vois où j’en suis... Il se peut que j’en revienne pas... Alors tout est dit... Mais si j’en reviens, je ne suis pas femme à gagner ma vie avec de la confection, et je veux avoir un jour, à deux pas d’ici, tu entends bien, le plus bel hôtel de Paris. Rappelle-toi ça."

 Thérèse se rétablit. Alors intervint l’"ogresse". En l'occurrence, une marchande de modes, nommé Camille. D’un regard, celle-ci avait jaugé la nouvelle lorette et ses ambitions. Sans hésitation, elle lui fournit un "arsenal de toilettes pour son grand coup".

Elle réussit son grand coup.

 Dans son lit passa entre autres le duc de Guiche, plus tard, le duc de Gramont, l’un des amants de Marie Duplessis, la dame aux camélias... Une véritable consécration pour Thérèse Lachman.

 Une chose l’agaçait : son nom. Il ne convenait pas au genre de vie qu’elle s’était choisi. Elle aurait pu adopter un pseudo. Ainsi Emma Cruch était-elle devenu Cora Pearl.

 Thérèse n’était pas femme à se contenter de ces subterfuges. Un Portugais, à demi ruiné, le marquis Ajauro de Païva lui faisait la cour. Elle se refusa à lui. Puis, comme il s’avouait "dévoré d’une passion ardente", elle lui proposa, comme une grâce, de l’épouser.

 Fou de joie, il accepta.

 Le lendemain du mariage, s’il faut en croire ma Mamie, la nouvelle marquise de Païva tint à peu près ce langage à son amoureux satisfait :

"Vous avez voulu coucher avec moi et vous y êtes parvenu en faisant de moi votre femme. Vous m’avez donné votre nom, je me suis acquittée cette nuit. J’ai agi en honnête femme, je voulais une position, je la tiens, mais vous, monsieur de Païva, vous n’avez pour femme qu’une putain, vous ne pouvez la présenter nulle part, vous ne pouvez recevoir personne : il est donc nécessaire de nous séparer, retournez au Portugal, moi je demeure ici avec votre nom et je demeure putain."

 Il y eut séparation de corps et de biens. Plus tard, définitivement ruiné par les femmes et par les chevaux, Païva se fit sauter la cervelle.

 Thérèse, restée Mme de Païva, augmenta naturellement ses tarifs.

 Dans sa chambre, elle avait fait placer - quel symbole ! - deux coffres-forts, l’un pour l’argent, l’autre au pied du lit pour les bijoux.

 Certaines de ses aventures ne se déroulèrent pas sans étrangeté. Ainsi en fut-il avec l’un de ses soupirants que, par caprice, elle laissait depuis des semaines sur son désir.

Un matin, elle lui dit :

"Vous voulez absolument coucher avec moi, vous y tenez, c’est votre idée fixe, il faut donc en finir avec votre idée fixe, il faut donc en finir pour vivre en paix avec vous. Que pouvez-vous m’offrir ? Je veux vous faire acheter la faveur que vous sollicitez. Avez-vous dix-mille francs ?"

 Le "solliciteur" ouvrit des yeux étonnés ; il répondit négativement. La Païva sourit, de ce sourire cruel qui, entre les lèvres épaisses, laissait voir ses dents parfaites, acérées.

"Vous avez bien répondu, dit-elle, car si vous aviez avoué posséder dix mille francs, je vous en demandais vingt mill. Puisque vous n’avez pas dix mille francs, apportez-les moi, nous les brûlerons, et je serai à vous aussi longtemps que durera ce feu de dix mille francs."

Le jeune homme salua et dit :

"A demain, marquise."

 Le lendemain, quand ce soupirant trop empressé pénétra dans son boudoir, la Païva lui décrocha l’un de ces regards d’ironie qui eussent glacé un homme moins aveuglé.

Lui ne pensait qu’au but - très précis - de sa visite.

 Il sortit de son portefeuille les billets et sans mot dire les tendit à la femme. Douze billets ! Deux de plus qu’il n’avait été prévu : le sacrifice était plus complet, mais ces deux billets de mille francs représentaient quelques précieuses secondes...

 La Païva prit les billets, les disposa en cercle sur le guéridon de marbre. Ainsi placés, ils ne pouvaient brûler que les uns après les autres. Elle mit le feu au premier. Puis allongée sur le divan, elle attendit.

 Il n’était pas question de préliminaires. le jeune homme vola dans les bras de la courtisane et profita de sa bonne fortune, "en homme qui connaît le prix du temps".

 Quand il se releva, la Païva, goguenarde, le regardait.

 Sur le guéridon, un petit tas de cendres demeurait, seul témoin de ces épanchements contre la montre. Tranquillement, le jeune homme se réajustait.

"Alors s’enquit, moqueuse, l’ex-Thérèse Lachmann.

 - Alors ? Ma pauvre enfant, je me suis foutu de toi. les billets avaient été si admirablement photographiés par mon ami Aguado que tu y a été trompée."

"A ces mots, dit ma Mamie, la Païva bondit comme une panthère vers l’impudent. La courtisane bafouée aurait voulu poignarder, étrangler l’insolent, mais il y a des cours d’assises.

 Elle se contenta des coups de poignard que la langue peut porter ; elle les prodigua, elle accabla de termes de mépris le satisfait qui n’était plus amoureux et qui partit en époussetant ses genoux."

Il paraît peu probable qu’elle ait pris pour devise celle que Paris lui attribuait ironiquement : "Qui paye y va."

Mais elle la méritait. 

 Sa chance ultime, ce fut la rencontre du comte, futur prince de Donnersmarck. Ce Silésien, l’un des hommes les plus riches d’Europe, propriétaire de mines de zinc d’une valeur incalculable, la vit et l’aima.

 Donnersmarck ne vit rien : de cette prostituée, plus âgée que lui de plusieurs années, il tomba amoureux, sans retenue, follement. Elle joua le jeu éternel, se fit désirer, résista. Il prit au sérieux ce qui n’était qu’une tactique. Il quitta Paris.

 Elle en demeura stupéfaite, dépitée. Perdre le comte de Donnersmarck : c’était trop fort ! Renoncer ? Elle, la Païva ? Elle partit pour Berlin où commença son entreprise de séduction, où elle mit toute sa ruse, qui était profonde, et tous ses moyens qui étaient grands. Elle usa de ces flatteries légères qui enchantent l’âme, de ces rebuffades apparentes qui ne blessent pas l’amour propre. Il s’impatientait, piaffait, mais toujours revenait. Il pria, supplia tant qu’un soir elle se donna.

 Parce qu’il n’y avait dans la vie de Mme de païva qu’un seul dieu : l’argent. Sa nouvelle liaison allait lui permettre de rendre à cette idole le culte le plus étendu et le mieux avoué.

 Elle acheta sur le champ un terrain aux Champs-Elysées.

Les petits journaux annonçaient l’état des travaux. Un jour, Aurélien Scholl s’en revenait des Champs-Elysées. On lui demanda s’il était passé devant l’hôtel en construction de Mme de Païva.

"Où en sont les travaux ?

- Ça va, répondit Scholl. Le principal est fait. On a posé le trottoir."

 

Cet hôtel deviendra le temple de l’amour vénal. Raffinement extraordinaire : l’escalier avec ses marches, sa rampe, ses balustres et son revêtement mural, tout était taillé dans l’onyx.

"Je veux avoir un jour, à deux pas d’ici, tu entends bien, le plus bel hôtel de Paris. Rappelle-toi ça..."

Thérèse Lachmann avait tenu parole.

 

 La fin ? Lefuel lui constuisit un palais à Neudeck. Elle n’en jouit - le mot est mal choisi - pas longtemps. elle avait abandonné Paris très malade. Son exil n’était pas fait pour la remettre. Elle s’alita. Précisément, Donnersmarck venait d’être créé prince.

 Ainsi, Thérèse Lachmann connut-elle cette consécration suprême : mourir princesse.

 

Le temps des courtisanes : Anna Deslions Esther Guimond ; Mme M. ; Napoléon III Plonplon ; La marquise de Païva ; Adèle Courtois ; Cora Pearl ; Mme de Pompadour ; Lola Montès ; La contesse du Barry ; M. de Persigny ; Rosalie Léon ; La reine Hortense 

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Published by Régis IGLESIAS - dans Une photo - là - sous vos yeux

Livre d'or

Première affiche

 

  "MA MAMIE M'A DIT"  

Spectacle nostalgique 

 

"On nous avait promis la magie, promesse tenue : un spectacle plein de féérie de souvenirs où chacun se retrouvait. Une belle énergie. Les résidents ont adoré. Merci." Marie ("La Clairière de Luci" - Bordeaux)
 
"Formidable ! Nous sommes tous remontés dans le temps, nous avons vingt ans, on a ri, on a presque pleuré et surtout on a chanté. Merci." Cathy (Arles)
 
"Un véritable petit chef d'oeuvre" ; "La légion d'honneur pour la créativité" "Un véritable artiste" ; "Après-midi formidable" ; "Absolument parfait" ; "Une rétrospective originale" ; "Un très bon moment d'évasion". Propos recueillis à la résidence Emera d'Angoulême  
 
"Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux... C'était magnifique. Nous avons revu toute notre jeunesse et notre enfance. Et c'est beau de redevenir jeune dans l'ambiance d'autrefois." Aimée et Janine
 
"Les chansons, les réclames et les anecdotes ont transporté les résidents dans leur enfance. Une après-midi de nostalgie mais aussi de chansons et de rires. Merci encore pour ce magnifique spectacle." Sandrine
 
"Spectacle complet, tellement agréable et thérapeutique pour nos personnes âgées, encore félicitations !" Docteur Souque
 
"Un choix extraordinaire de chansons, des moments magiques, des photos magnifiques, vous nous avez mis de la joie dans le coeur. Et retrouver sa jeunesse avec tous ces souvenirs, ça fait plaisir et j'espère que vous reviendrez nous voir." Mme Lorenzi (Juan-Les-Pins)
 
"Pour ma fête, par un pur hasard je me suis retrouvé dans un club de personnes âgées où j'ai pu assister à votre spectacle sur le passé. Cela m'a rappelé mes grands-parents et mes parents et c'était vraiment un moment magique." Josette, La Roque d'Antheron
 
"Bravo bravo bravo Regis, c'est le meilleur spectacle que j'ai vu depuis que je fais le métier d'animatrice." Bénédicte La Salette-Montval (Marseille)
 
"Je n'imaginais pas lorsque je vous ai accordé un rendez-vous que vous enchanteriez pendant 1 h 1/4 les personnes âgées d'une telle façon. Merci pour votre prestation qui a fait revivre les moments publicitaires, évènementiels et musicaux de leurs vies." Michelle, CCAS de Toulouse
 
"Un super voyage dans le temps pour le plus grand plaisir des résidents. Merci à Régis pour cette magie et à bientôt." Brigitte (Lunel)
 
"Enfin un retour à notre "époque". Quel bonheur, que de souvenirs, quelle belle époque ou l'amitié était de mise. Merci pour cette très belle après-midi, on s'est régalé avec ce très très beau spectacle". Danielle (Mirandol)
 
"Super - divinement bien -  tout le monde était enchanté même que M. Benaben a dit : "Vous nous avez donné l'envie de revivre notre vie"." Sylvie (Sainte Barthe)
 
"Un grand merci pour ce bon moment et je crois, je suis sûre, qu'il a été partagé par mon mari." Mme Delbreil
 
"Une féérie de l'instant." Christian
 
"Beaucoup d'émotion dans ce spectacle plein de chaleur et d'humanité." Sylvie
 
"Une soirée inoubliable. Continuez à nous émerveiller et faites un long chemin." Claude
 
"Le meilleur spectacle que j'ai jamais vu. De loin." Tonton Kiko
 
"C'est bien simple, je n'ai plus de Rimmel !" Claudine (seconde femme de Tonton Kiko)
 
"A ma grande surprise, j'ai versé ma larme. Tu as atteint mon coeur. Bravo pour ces sentiments, ces émotions fortes, j'ai eu des frissons par moment." Ta couse Céline
 
"Redge, encore un bon moment passé en ta présence. On était venu plus pour toi que pour le spectacle, mais quelle agréable surprise ! On est fier de toi, continues d'oser, de vivre !" Pascale
 
"J'avais froid, un peu hagard, l'humeur moribonde et puis voilà, il y a toi avec toute ta générosité, l'intérêt, l'affection que tu as toujours su apporter aux autres, à moi aussi et Dieu sait si tu m'as rendu la vie belle depuis qu'on se connaît comme tu as su le faire une fois de plus." Jérôme
 
"Ce spectacle est nul à chier et je pèse mes mots." Gérard
 
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COLLECTION "MAMIE AU TEMPS DES COURTISANES"

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Les lorettes

Mme M.

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Plonplon

La marquise de Païva

Mme de Pompadour

Générique de fin