"Une photo, là, sous vos yeux.
Sous l'objectif, Fernandel et Raimu, deux monstres du cinéma français. Si le photographe n'avait pas centré l'obectif sur eux, on aurait vu ma Mamie - à la droite de Raimu - na ratant pas une miette d'une conversation qu'elle m'a restitué de mémoire, extrait :
- Mon petit Fernand tu n'as pas bonne mine, tu es pâle, tu as les yeux battus. C'est encore la petite du bois de Boulogne qui t'empêche de dormir ? Tu n'as qu'à la marier s'il n'y a que ça qui te turlupine.
- Arrête Jules de remuer le couteau dans la plaie. Et d'une, je ne l'ai vu qu'une fois et de deux, elle est déjà marié. Avec un marin en plus.
- Ca, je sais que c'est pas facile. Je sais aussi que c'est dans la marine qu'il y a le plus de cocu. Il y a eu des caresses ?
- Des caresses oui, il y en a eu. Mais, je n'ai pas pu emmener le petit au cirque. Elle avait ses coquelicots... Et c'est pas facile de mettre le pape dans Rome quand la ville est à feu et à sang.
- Fernand, tu ne connais pas assez les femmes et moi mon petit, je vais te les expliquer. Les femmes, c'est fier et c'est délicat. Si elle t'a dit que son chat avait le nez cassé, c'est parce qu'elle cherchait une occasion pour engager la conversation. Le mieux c'est alors de l'inviter au restaurant.
- C'est ce que j'ai fait Jules.
- Vous êtes allé dîner chez Andolphi ?
- Non, on est allé chez Chartier. Je pensais qu'elle prendrait le plat du jour mitonné par la mère Guy mais comme elle est fine et délicate, elle a pris un pied de cochon grillé. Et pendant qu'elle mangeait le sien, je lui fit du pied avec le mien.
- C'est bizarre ça. Et tu ne t'en ai pas calé les badigoinces ?
- J'ai pris un homard sauce tomates et une sorte de plat aux nouilles. Suivi d'une gibelotte, d'une poire et des gaufrettes. Je m'en suis mis plein le fusil ! Sans oublier les pastis pour me dégraisser le toboggan. C'est bien simple, si elle avait bu tout ce que j'ai bu, elle aurait pissé jusqu'à Noël !
- Et bien, tu es un gaillard redoutable toi. Elle n'a rien bu la petite ?
- Une demi-douzaine de mandarin-citron. Pas assez pour me faire une sucette mais assez pour avoir les mirettes qui crient braguette. Après un regard qui en dit long, elle murmura : "Quand tu voudras."
- Ouh mais c'est que ça devient croustillant tout ça. Et tu as voulus petit saligot ?
- Je l'ai emmené dans un hôtel tout près de là. Une chambre ordinaire. Pleine de poussière.
- Tu t'es lavé les mains au moins ?
- Bien vite, le lavabo avait une fuite...
- Sacré Fernand va... Et L'armoire ?
- Elle était toute bancale...
- Mon petit Fernand, tu devais être rouge comme un gratte-cul. Et le fauteuil ?
- Rempli de puces...
- Sacré Fernand, quand on fera danser les couillons, tu ne seras pas dans l'orchestre. Les draps étaient propres au moins ?
- Des draps de toiles molles qui me chatouillaient les guiboles...
- Mais c'est que ça ne me plaît pas beaucoup tout ça. Au moins, est-ce que c'était un jolie petit lot ?
- Maigre comme une clavette.
- Fernand, il te faut une femme aux hanches larges, aux beaux gros tétés. Au moins est-ce qu'elle avait une espèce de charme ?
- Bien roulée la gonzesse, quand je l'ai vu les roberts à l'air, j'ai failli perdre pied. Et toi Jules, qu'est-ce que tu as fait hier soir ?
- J'ai passé la nuit avec Marcelle. Marcelle c'est bien simple, dans le quartier, on la surnomme : Marcelle les rotoplots tellement ses nénés font l'unanimité. Même Jeannot le mécano a dit qu'il n'avait jamais vu d'aussi bons amortisseurs. C'est bien simple, Marcelle, elle a des nibards... Comac !