"Il y a 50 ans naissait à Mar del Plata un garçon doux et tranquille prénommé Guillermo. Pour son 6 ème anniversaire, son père lui offrit une raquette. 7 ans plus tard, à Miami, ce jeune garçon timide gagnait contre Connors à l'Orange Bowl, le championnat du monde des espoirs et épreuve référence après les petits as de Tarbes... Le temps était venu de choisir entre l'esprit et le corps, les études et le tennis. Guillermo refusa le choix. Il se mit à écrire des poèmes et continua de jouer mais avec une régularité fataliste il perdait tous les grands tournois.
La résignation qu'il mettait à accueillir la défaite lui fit une réputation de condamné à la seconde place. A 25 ans, le gentil argentin rencontra le méchant roumain, un colosse à la moustache conquérante, à l'oeil rusé et au verbe violent, Ion Tariac. Le roumain proposa à l'argentin d'être son mentor. L'argentin accepta. Guillermo devint Vilas
Tiriac mit alors sur pied un programme implacable : 10 heures de sommeil, pas d'alcool, pas de tabac, pas de sorties, pas de poésie. Rien que le tennis. Bref, plus d'autre envie que celle de vaincre.
Un an plus tard, Vilas gagnait la bagatelle de 768 000 $ avec un bilan éloquent : 12 défaites pour 129 victoires...
Voilà pour la préparation, mais l'action me direz-vous, on écoute Boris Becker qui l'a cottoyé plus tard :
"Contre tim Mayotte, j'ai joué sur un court annexe. Foule et vacarme. Je me tords tout à coup le pied. Ma cheville me fait mal. J'hésite. Dois-je abandonner ? Ou risquer une blessure plus grave ? Je m'approche du filet pour tendre la main à Mayotte. Mais ou est-il donc ? Encore à dix mètres de moi. Une poignée de mains entre nous deux aurait suffi pour mettre fin au match. Vainqueur : Mayotte. cela aurait été certes un succès de parvenir jusqu'en quart de finale, mais je ne serais jamais devenu le plus jeune champion de Wimbledon de tous les temps.
Ion Tiriac m'a raconté plus tard, comment il avait secoué Gunter Bosch : "Bouge-toi ! Dis quelque chose ! Qu'il demande trois minutes d'arrêt de jeu et un médecin !" Bosch m'interpelle d'une voix douce : "Boris"... alors qu'il y a 5000 personnes autour ! Tiriac bondit et hurle : "Boris !!! Trois minutes, trois !!" Je me détourne du filet et demande un médecin. Je continue à jouer ensuite et gagne le match puis le tournoi !"
Ion Tiriac, coach du jour !