"20 février _ 20 mars
Élément : l'eau. Planète : Neptune.
Qualités : compassion, sensibilité, profondeur.
Défauts : masochisme, mysticisme, incohérence.
Un quant-à-soi farouche
Le Poissons est imperméable au monde. Sa capacité de faire chambre à part est remarquable.
De son vivant, le Poissons nage dans les eaux profondes qui le dissimulent aux importuns ; une fois mort, pourquoi ne chercherait-il pas à préserver son quant-à-soi ?
Extase
Même quand il n'en pratique aucune, le Poissons n'est jamais tout à fait sans religion. Je ne parle pas ici des dogmes, des rites, des cérémonies, des pompes, de tous les signes extérieurs du culte, mais de l'élan de l'âme qui permet d'accéder à la transcendance.
Sans débattre ici la thèse défendue par Ophélie Winter (née un 20 février), selon laquelle l'être humain n'est heureux qu'en Dieu (cf sa chanson Dieu m'a donné la foi), disons que le Poissons n'a nul besoin de l'être suprême pour connaître les saintes effusions mystiques.
Regardez les grands moments d'exaltation de quelques Poissons célèbres : les ferveurs de Victor Hugo, les visions de Gorbatchev, les sermons de Ralph Nader, les extases d'Arlette Laguillet, les démissions de Chevènement.
Ce sont les manifestations d'une croyance qu'aucune objection n'ébranle, d'une volonté arrivée à sa plus grande puissance, d'une illumination identique à celle que Dieu accorde à ceux qu'il a élus.
La dupe de ses propres illusions
Le Poissons idéalise tout ce qu'il touche. Il cherche à ouvrir la porte d'un monde qui se refuse à lui, à emprunter la troisième voie, celle qui mène sinon au ciel, du moins à son anti-chambre.
Aussi se trompe-t-il plus souvent qu'à son tour, menant sa vie comme on écrit un roman, trompé par les personnages qu'il s'invente, abusé par les mirages qu'il promène dans ses paysages chimériques. La réalité dément sa mythologie, mais ce songe-creux tient bon.
J'ai connu un Poissons qui avait épousé une femme acariâtre, hargneuse, une infernale mégère dont la méchanceté jalouse ne prenait pas un seul jour de repos. Je ne l'ai jamais entendu appeler sa moitié autrement que "ma princesse", "mon bijou", "ma colombe", et chaque fois le petit mot doux faisait son effet.
Non sur l'horrible furie dont la dureté était inentamable, mais sur le Poissons lui-même, dont le cauchemar se dissipait pendant quelques secondes, comme s'il avait réussi à se persuader que c'était Juliette ou Cendrillon qu'il allait prendre dans ses bras. Ingéniosité du Poissons, puissance de la rêverie, miracle du signifiant !
Un signe masochiste
Comme on pressait le pape Pie XII, qui était né un 2 mars, de dénoncer les camps nazis, il posa la main sur son coeur et soupira : "L'extermination des Juifs me fait horriblement souffrir, mais je préfère endurer ma peine en silence que de la rendre publique."
Le Poissons est ainsi : il sait souffrir avec élégance. Delà à croire qu'il affectionne la douleur, il n'y a qu'un pas que nous pouvons franchir allègrement.
Dans son Historia Romana, Paterculus note un détail intéressant sur la crucifixation de 6000 esclaves par Pompée au terme de la révolte de Spartacus. Alors que la quasi-totalité des suppliciés souffraient comme les martyrs qu'ils étaient, 92% de ceux qui ne se plaignaient pas étaient nés entre le 19 février et le 20 mars. "Les Poissons affrontaient la mort avec une indifférence qui forçait l'admiration de leurs bourreaux, écrit Paterculus, comme s'ils prenaient un malin plaisir à agoniser le sourire aux lèvres."
Bien des siècles plus tard, Sacher-Masoch écrira à sa femme Wanda : "Après avoir été le symbole du Christ dans l'art chrétien primitif, le Poissons doit devenir l'emblème de la perversion qui portera un jour mon nom."
Grâce au Poissons, le masochisme était officiellement né.
La tentation des paradis artificiels
Le Poissons a du mal à résister à la tentation.
Pour gagner le paradis, les êtres humains patientent en général jusqu'à la mort. Le Poissons, lui, compte sur les stupéfiants et les boissons fermentées pour y arriver de son vivant.
Mais étant modérément convaincu de son choix, quand il n'a ni vin, ni haschisch, ni aucun de ces puissants opiums baudelairiens qui "au coeur du pauvre comme du riche, pour les blessures qui ne se cicatriseront jamais et pour les angoisses qui induisent l'esprit en rébellion, apportent un baume adoucissant", il se contente de regarder la télévision.
On reproche au Poissons d'être indécis, fuyant, insaisissable.
Il est surtout intuitif, et son intuition lui dit de ne pas se compliquer la vie en précipitant certains choix.
C'est ainsi qu'en amour, il n'y a pas de signe plus conservateur que lui : il prend tout et ne jette rien.
Vous avez épousé un Poissons ? Sachez que sans desserrer les liens solides qui l'unissent à vous, il peut fort bien entamer une ou plusieurs autres liaisons, tant il ressent en lui le besoin d'aimer.
En réalité, ce qui le guide dans l'existence, c'est son désir de satisfaire tout le monde, de ne blesser personne. Adorer d'une main ce qu'il trompe de l'autre ne lui demande aucun effort. Le jour venu, vous cotiserez à l'amicale de ses anciens amours, vous n'en serez jamais exclu, et comprendrez très vite que la vie sentimentale du Poissons ressemble à un mille-feuille, où chaque être aimé vient coexister avec tous les autres, dans un empilement de passions qui s'émiettent, sans jamais être balayées.
Un amoureux exigeant
Tous les signes du zodiaque génèrent des mal-entendus. Le Poissons ne fait pas exception à la règle. De ceux qui sont nés sous ce signe, on entend parfois que leur sensualité est torride, que la sexualité les obsède. Certains vont jusqu'à prononcer les mots sulfureux de "nymphomanie" et de "satyriasis".
Quelle sottise !
Le Poissons a simplement besoin qu'on l'aime, qu'on lui prouve, qu'on lui dise encore et encore. Ni plus, ni moins.
Ne pouvant vivre seul, il cherche un compagnon, une compagne, quoi de plus naturel ? Alors c'est vrai, certains font le guet, l'oreille inquiète, observant les allées et venues des passants, puis, quand ils ont trouvé leur proie, tentent de la ferrer. C'est vrai aussi qu'ils peuvent sauter sur tout ce qui bouge. De là à repérer une exagération pathologique des désirs sexuels chez le Poissons ! Non, je ne le pense vraiment pas.
Tout au plus peut-on parler chez les natifs de ce signe d'une légère tendance à importuner la terre entière, jusqu'à obtenir de n'importe laquelle de ses créatures vivantes, jeune ou vieille, disponible ou non, qu'elle cède par lassitude à des avances aussi pressantes qu'inciviles et aussi déplacées qu'odieuses.
Le goût du sacrifice
Le Poissons a le coeur sur la main.
Indulgent, généreux, serviable, il ne s'apitoie pas sur son sort, il ne bassine pas ses semblables de ses jérémiades.
Dans la confidence, il s'arrête toujours en chemin comme s'il craignait de détourner l'attention de ses auditeurs de sujets autrement plus important que sa petite personne.
Si Médecins du monde, Aides, l'Unicef, la Croix-Rouge et toutes les associations caritatives et humanitaires adressent en priorité leurs mailings aux Poissons c'est parce que les natifs de ce signe s'effacent devant la misère du monde pour s'y dévouer. Ce qu'il veut le Poissons, c'est servir, offrir le meilleur de lui-même.
Pensez que pour le seul plaisir du public, Noureïev sacrifié sa santé à la danse, Ruquier sa jeunesse à l'humour et Mougeotte son intelligence à TF1.
A fleur de peau
Le Poissons ressent ce que les autres se contentent d'imaginer. Il nage dans un océan de sensations. C'est un être si sensible, si émotif, que le moindre évènement le touche, que la moindre sollicitation le mobilise.
Il lui faut des plaisirs tranquilles, des musiques douces - il n'est jamais aussi apaisé qu'à la campagne, dans la paix du soir, quand les hirondelles viennent jouer sur l'eau des fontaines et que les volubilis se recroquevillent pour bientôt s'endormir.
Un compliment ? Il rougit. Une contrariété ? Il est blème. Une remontrance ? Il vacille. Une critique ? Le coeur serré par une main invisible, il est au bord de la convulsion.
Le désordre des sentiments
Le Poissons est un être décousu, au coeur pur mais à l'esprit enténébré.
Cela se remarque à sa façon de parler, le plus souvent incohérente. ses propos quand il défend une thèse rivalisent de confusion.
On observe chez les Esquimaux un étrange comportement, le piblokto, caractérisé par une confusion spectaculaire qui peut aller jusqu'au bain de neige, la dénudation et l'imitation du cri des animaux. Cette crise parfaitement identifiée par l'ethnopsychiatrie, dure une heure ou deux. Chez le Poissons, le désordre de l'iéation et des entiments dure des années.
Mimétisme du poissons
Impressionnable Poissons ! Influençable Poissons ! Crédule aussi, au point de se laisser exploiter sans rechigner.
Le trait le plus singulier de sa nature réceptive est son mimétisme. En un clin d'oeil, comme dans le Zelig de Woody Allen, il devient banquier à Londres, mafioso à Moscou, danseur à Buenos-Aires, psychanaliste à New-York et kangourou à Sydney.
Et chaque fois le Poissons de s'exclamer : "Tel qu'en moi-même enfin l'éternité me change !"
Et maintenant ?
Lisez en priorité les articles écrits sur les quatre autres signes : votre signe inverse - ses points forts sont vos points faibles et ses points faibles sont vos points forts ; votre signe opposé, c'est à dire celui qui fait face au vôtre sur l'axe du zodiaque et dont le symbolisme lui est complémentaire; et enfin vos deux signes affinitaires, dont la sympathie et la complicité vous seront précieuses.
Poissons
Signe inverse : le Bélier
Signe opposé : la Vierge
Signes affinitaires : le Cancer et le Scorpion