"L'autre jour, je fais le pari avec l'ambassadeur du Japon en Suède d'être incapable de traverser l'Atlantique à la nage. Ce charmant monsieur a relevé le défi. Alors c'est parti !
1er février. 0 heure, 6 minutes. Je suis à Calais et entre dans l'eau tout doucement. "Agla ! Agla ! Agla-gla ! Mon Dieu qu'elle est froide !"
2 février. Je nage.
5 février. Depuis trois jours, je nage en force et commence à perdre pied. Je m'en aperçois parce que l'eau effleure mes trous de nez.
6 février. J'ai la certitude d'avoir réellement perdu pied, car ma nuque est mouillée.
8 avril. Je nage depuis deux mois et j'ai j'ai déjà parcouru 812 kilomètres. C'est à ce moment que je décide d'enlever mes chaussures car elles commencent à prendre l'eau.
12 avril. Tandis que je nage, le philosophe que je suis se dit ceci : "Heureusement que je sais nager !"
15 avril. Commençant à me fatiguer, je choisis de faire la planche. A cet instant, je vois un poisson-scie qui me regarde goulûment. Alors j'ai brandi mon couteau et il s'est enfui. Ah non, j'aime trop la vie pour me faire scier !
13 mai. Je continue de faire mes 6 noeuds à l'heure, ce qui donne que nageant depuis 1527 heures, je me trouve en possession de 9 162 noeuds dont je ne sais quoi foutre !
45 mai. Les femmes commencent à me manquer terriblement.
52 mai. Le manque de femmes me devient insupportable, au point que je me surprends en train de hurler : "J'veux une femme bon Dieu ! J'veux une femme ! Même une sirène !" Mon voeu est exaucé, car dans la minute suivante, je me suis fait une raie en plein milieu.
82 mai. Je suis très heureux ! J'ai la certitude d'avoir retrouvé toutes mes facultés mentales.
1er juin. Je me pèse. 17 kilos. Je considère avoir trop maigri.
3 juin. Je me repèse. 8 kilos 202 grammes. Je commence à m'inquiéter ! Encore six kilos de moins, et ma mère va se retrouver enceinte.
6 juin. Enfin ! J'aperçois la statue de la Liberté dans le port de New-York. Il ne me reste plus que deux kilomètres à nager. Hélas pour l'ambassadeur du Japon en Suède, un grand coup de pompe m'envahit subitement ! En catastrophe, je décide de retourner à Calais".