"Les souvenirs de Gilles Jacob. Florilège :
Je me souviens de "Souriez, vous êtes filmés !"
Je me souviens de : "Des pâtes, des pâtes, oui mais des Panzani."
Je me souviens de : "Ah ! Vous avez souri, ne dites pas non, vous avez souri !"
Je me souviens de la mer Mé-Mé-Mé-diterranée, ohé, ohé...
Je me souviens de : " Y a pas marqué la Poste !"
Je me souviens de "22 v'là les flics"
Je me souviens d'Yvonne de Carlo qui aurait été la plus belle fille de monde si Rita Hayworth...
Je me souviens de l'eau de Botot, du Synthol, du bleu de méthylène, des inhalations à l'eucalyptus, de la Boldoflorine, je me souviens du mercurochrome, de la Spasmosédine, du Schoum, de l'Hepatoum, de l'huile Goménolée, des petites pilules Carter...
Je me souviens de la Jouvence de l'Abbé Soury.
Je me souviens que ma grand-mère serrait fort entre ses genoux le moulin à café qui devait broyer les grains et dont la manivelle souvent renâclait.
Je me souviens que Claude Laydu était plus connu pour Bonne nuit, les petits, que pour son rôle dans Le journal d'un curé de campagne.
Je me souviens de Ton thé t'a-t-il ôté ta toux ?
Je me souviens que des paysans m'avaient dit : "Et ta soeur, elle bat le beurre ?"
Moi qui venait de la ville, je répondais : "Est-ce que je te demande si ta grand-mère fait du vélo ?"
Je me souviens du chanteur Pierre Dudan et d'un de ses grands succès :
On prend l'café au lait au lit,
Avec des gâteaux, et des croissants chauds,
On prend l'café, au lait au lit,
C'que ça peut être bon, nom de nom !
Je me souviens de : "Reviens Léon, j'ai les mêmes à la maison."
Je me souviens d'être allé écouter Montand à l'Empire, av de Wagram. Il chantait
Dans les plaines du Far West, quand vient la nuit,
Les cow-boys près du bivouac sont réunis.
Je me souviens de :
Un jeune homme venait de se pendre
Dans la forêt de Saint-Germain
Pour une jeune fille au cour tendre,
Qui avait refusé sa main...
Je me souviens que si j'avais voulu que ma mère s'inquiète moins de ce qui aurait pu nous arriver, je ne serai jamais sorti de la maison.
Je me souviens que, le jour de l'assassinat de JF Kennedy, les Américains pleuraient dans la rue.
Je me souviens de :
Encore un carreau de cassé,
V'là le vitrier qui passe...
Encore un carreau de cassé,
V'là le vitrier passé.
Je me souviens des deux tours du World Trade Center.
Je me souviens de : "Avec Sabena, vous y seriez déjà !"
Je me souviens de : "T'occupe pas du chapeau de la gamine !"
Je me souviens de : "File dans ta chambre !"
Je me souviens d'un soir d'hiver où ma mère me confie à une de ses amies. On mange pendant que mes parents sont au théâtre puis Ida s'allonge sur mon lit. Tu ne trouves pas qu'il fait chaud ? Puis elle caresse la joue et me dit : "Tu as la peau douce comme une fille."J'étais bien trop occupé à ne rien laisser paraître de mon trouble pour lui répondre.
Je me souviens de :
"Mon père m'a donné un mari,
Mon Dieu, quel homme, quel petit homme !
Mon père m'a donné un mari,
Mon Dieu, quel homme, qu'il est petit !
Je me souviens de "Perrier, c'est fou !"
Je me souviens du Grand Echiquier, je me souviens de La Piste aux étoiles. Je me souviens de La Séquence du spectateur et des Dossiers de l'écran.
Je me souviens de :
Papa, maman, belle-maman, bébé,
Tous ont de belles chaussures,
Papa, maman, belle-maman, bébé,
Tous vont se chausser chez André-é-é !
Je me souviens de Lady Di et du tunnel du pont de l'Alma.
Je me souviens d'avoir joué au jeu des sept familles, au nain jaune, au jacquet, à la bataille, au mistigri, à la belote, au bridge, à la carpette, au gin rami, au 421...
Je me souviens d'un mot qui, entre nous, revenait tout le temps : "T'as pas intérêt !"
Je me souviens de "Loup y es-tu ?"
Je me souviens de : "Pouce ! Je joue plus..."
Je me souviens que Maurice Clavel avait quitté brusquement un plateau de télévision en s'écriant : "Messieurs les censeurs, bonsoir !"
Je me souviens de l'huile de foie de morue, de la Vitascorbine, des cocktails de sels minéraux, du Ginseng, des capsules d'Oméga 3, je me souviens des Rockstar Energy Drinks;
Je me souviens de : "Atout, ratatout et dix de der !"
Je me souviens du refrain de Mon ami la rose :
Pourtant j'étais très belle
Oui j'étais très belle
Des fleurs de ton jardin.
Je me souviens de Myriam Szabo sur les affiches de "J'enlève le haut". j'ai oublié comment s'en sortait le publicitaire pour "J'enlève le bas" quelques semaines plus tard.
Je me souviens qu'en 64 la présentatrice du JT Noëlle Noblecourt, a été virée pour avoir montré ses genoux à l'antenne.
Un peu plus tard, quand mes parents revinrent, Ida avait laissé un message pour ma mère. Sur la lettre étaient tracés deux mots d'une grande écriture alanguie : mission accomplie.
Je me souviens de : "Qu'est-ce que t'as foutu pendant tout c'temps-là ?"
Je me souviens du temps où quand on disait : "Bonjour, ça va ?", on répondait : "On fait aller."
Je me souviens de Chapeau melon et bottes de cuir.
Je me souviens qu'il fallait moins de deux minutes à Sylvana Mangano pour qu'un homme tombe amoureux d'elle.
Je me souviens de Julio Iglesias et de Paolo Conte : "Chips, chips, du-du-du-du..."
Je me souviens de : "Votre argent m'intéresse."
Je me souviens du fin mot de l'histoire.
Je me souviens de Boby Lapointe :
El-le s'appelait Françoi-se,
Mais on l'appelait Framboi-se,
Une idée de l'adjudant,
Qu'en avait très peu pourtant,
Des idées...
Ah ! la la quelle avanie...
Avanie et Framboi-se
Sont les mamelles du destin.
Je me souviens de Françoise Dorléac.
Je me souviens du temps où, chez le coiffeur, on vous accueillait par ces mots : "C'est pour les cheveux ou pour la barbe ?"
Je me souviens de :
Je suis tombé par terre,
C'est la faute à Voltaire,
Le nez dans le ruisseau,
C'est la faute à Rousseau...
Je me souviens du temps où on disait les Ritals, les Rosbifs, les Ruskofs, les Amerloque, les Fridolins, les Polaks, les Japs, les Espingouins. Je me souviens qu'on disait "Parigot, tête de veau."
Je me souviens que le jour où Gainsbourg avait brûlé avec son briquet un billet de 500 francs à l'émission Sept sur sept, j'étais justement allé chercher de l'argent à la banque.
Je me souviens de "Vous payez comment ?"
Je me souviens que Barbara s'appelait Monique Andrée Serf. Dans Camille redouble, Yolande Moreau et Michel Vuillermoz chantent, de Barbara, Une petite cantate - Si, mi, la, ré, sol, do, fa - et nous sommes en larmes.
Je me souviens que le slogan de Bibendum était autrefois : "Le pneu Michelin boit l'obstacle."
Je me souviens des dimanches à la campagne. "Chéri, il faut y aller si tu veux éviter les bouchons."
Je me souviens qu'ils avaient des costards cintrés achetés chez Renoma et des Weston aux pieds. Dutronc chantait :
J'ai pas peur des petits minets
Qui mangent leur ronron au Drugstore.
Je me souviens de : "Mais ça c'était avant."
Je me souviens que je trépignais quand ma mère me demandait de ranger mes affaires : je ne me rendais pas compte que c'était le bon temps.
Coupez, merci, c'est tout pour aujourd'hui."