"Salut les copains, de Gilbert Jouin. Morceaux choisis :
Lundi 19 octobre 1959. 17 h 06. Nous sommes sur Europe n°1, 1647 mètres, grandes ondes... Les dernières notes de l'indicatif, Rat Race viennent de s'éteindre, quand Daniel Filipacchi ouvre son micro.
C'est parti. Salut les copains vient de naître.
Le général de Gaulle est alors au pouvoir. Federico Bahamontes a remporté le Tour de France et le XV de France a gagné le tournoi des Cinq nations. La télévision vient de lancer Cinq colonnes à la Une. Sidney Bechet, Boris Vian et Billie Holiday nous ont quittés. Gérard Philippe disparaitra en novembre.
Au cinéma, c'est l'avènement de la Nouvelle Vague. François Truffaut fait les Quatre Cents Coups. Le magazine Pilote paraît, révolutionnant l'univers de la BD jusque-là occupé par Spirou et Tintin.
Daniel Filipacchi voit le jour à Paris en janvier 1928. Il va passer une grande partie de son enfance au Cinéma. Grâce à un ami de sa mère, il découvre la radio avec Radio Cité. Après avoir travaillé à Samedi Soir, Radar et Noir et Blanc, il entre à Paris Match en 48.
On l'écoute : "Je n'ai jamais été client de la "bonne" chanson française. cependant j'essayais de faire accepter par les auditeurs les quelques chanteurs que j'appréciais, Aznavour, Brassens, Brel. Et aussi Bécaud qui était le parrain de l'émission.
Mais les auditeurs n'étaient pas clients. Si de nombreuses lettres réclamaient une chanson, on se chargeait de la mettre en bonne place. Pour Johnny, les lettres arrivaient par paquet de dix kilos !"
Un mot de Josette-Sainte-Marie : "Le seul artiste avec lequel il y a eu une amitié dès le début, ça a été Claude François. Il était très attachant. On ne pouvait pas lui être indifférent... J'ai beaucoup aimé Sylvie à ses tout débuts. pour moi, c'était encore une gamine."
Elle ajoute : "Dans les années 70, tous les grands artistes de l'époque étaient chez WEA : les Stones, Michel Berger, France Gall, Michel Jonasz.
Michel Poulin travaillait Jazz Magazine. Il a aussi fait le grand saut. Du coup, au lieu d'écrire des papiers sur Miles Davis, j'ai écrit sur Claude Nougaro et Brenda Lee.
Il y avait les intros, "Le Gros Plan", l'invité du jour, "Le chouchou" (il y a eu Danyel Gérard avec "Je" et Les sunlights avec "Le déserteur"), "Le Musée", "Le coin du spécialiste", les jeux... C'est de là aussi qu'est né le principe du Hit-Parade. Daniel a également eu l'idée absolument folle d'inventer un personnage quid détestait Johnny Hallyday. Il s'appelait Billy Gluboh. Ca déchainait les passions...
Il y a eu aussi "Le Bide-Parade". La première victime a été Mireille Mathieu. On ne l'a fait que trois jours car c'était tout de même assez violent. Daniel refusait de programmer certains artistes comme Mireille Mathieu justement mais aussi Enrico Macias et Salvatore Adamo. Le problème, c'est que ce dernier marchait très bien et on nous le réclamait. Alors pour nous dédouaner, on a eu l'idée de créer "La séquence belge". Ensuite, il est devenu un artiste à part entière de l'émission.
Michel Brillié lui s'est incrusté. Ce grand fan d'Elvis presley n'a pas quinze ans quand il découvre l'émission. Il en devient un auditeur assidu. Avant de s'imposer dans l'émission. Problème : il y a déjà un Michel à l'antenne en la personne de Michel Poulain, Brillé hérite du pseudo de "Bernard" pour éviter toute confusion. La suite ? Il a interviewé grâce à son bon niveau en Anglais : James Brown, les Beatles, les Rolling Stones, les Animals, Jimi Hendrix...
Claude Cheisson enchaîne : "J'ai vécu de grands moments. Les gens que l'on faisait venir comme les Who ou les Aphrodites's Child étaient inconnus alors. Tous sont passés par là. Le grand moment pour moi a été les Beatles. Le standard a été bloqué par les appels. Filipacchi avait du nez. Il arrivait au dernier moment parce qu'il avait ses bureaux à deux pas aux Champs-Elysées. Un jour, il a annoncé une nouveauté en étant sûr qu'elle allait plaire aux auditeurs : c'était La Passionnata de Guy Marchand. Je n'y croyais pas une seconde. Ca n'avait rien à voir avec la programmation habituelle. En revanche, là où il a manqué de flair, c'est avec Adamo. Il considérait qu'il n'avait pas le profil Salut les copains. Mais un jour à Megève, un jeune lui a dit : "Moi j'aime bien Adamo mais vous ne le passez jamais." Et il a demandé à l'écouter. Bien sûr, on avait pas de disque d'Adamo sous la main. Quelqu'un s'est précipité dans une boutique et à ramené Tombe la neige, que l'on entendait partout sauf sur SLC, à partir de là, Adamo a été programmé régulièrement...
Pareil pour Enrico Macias.
Daniel n'a jamais voulu diffuser une seule de ses chansons. Il n'en démordait pas. Pourtant au début de Salut les copains, on passait du Brassens et du Bécaud.
Jean-Bernard Hebey qu'on ne présente plus en rajoute une couche : "Celui que je trouvais le plus étonnant après Johnny, c'était Eddy Mitchell. J'adorais Dactylo Rock. J'étais aussi très admiratif de Françoise Hardy, la "grande excellente". Je l'ai emmené à l'île de Wight voir Bob Dylan... J'aimais bien et je connaissais bien Dutronc, de même que Polnareff qui est venu vivre chez moi quelque temps... Plus tard, je suis devenu très pote avec Julien Clerc. Quant à Claude François, je n'aimais pas son répertoire mais je lui reconnaissais des qualités. Et puis, à cette époque, je vivais avec son attachée de presse. Si bien qu'on se voyait souvent.
Quant à Hubert - L'homme aux yeux verts -, il était très copain avec les Beatles et avec Johnny. sans oublier Carlos et Long Chris.
Enfin, Andréa Bureau parle de ses chouchous : "Sylvie Vartan était une amie ; elle l'est toujours restée. j'aimais également Joe Dassin. Cloclo ? Je l'adorais vraiment.
Revenons à Filipacchi qui lance le premier journal SLC : Pour établir le lien avec le journal, une seule adresse : Daniel - Boîte postale 150 - Paris 8ème.
La rumeur dit même qu'une enveloppe serait parvenue à Daniel Filipacchi, chez Europe n°1 avec uniquement ce libellé : Daniel, Paris.
Ce sont finalement 183927 exemplaires qui seront vendus.
Du jamais vu.
Et le record sera détenu par le numéro de décembre 1963 avec 1049237 exemplaires.
Olé.
Le chouchou ? De face, il présente une bonne bouille toute ronde et un nez épaté, il sourit en permanence et, surtout, on ne voit pas ses yeux. Il a lancé la carrière de Clo-Clo qui a été chouchou deux semaines d'affilée avec Belles ! Belles ! Belles ! ...
Dutronc ? Il était compositeur maison pour les disques Vogue. Jusqu'à ce jour de 1966 où la voix témoin qu'il a posée sur une maquette est jugée meilleure que celle de l'artiste à qui la chanson est destinée. Elle s'appelle Et moi, et moi, et moi.... Il se souvient : "Je ne me souviens plus grand chose sur les années Salut les copains, que j'appelais d'ailleurs, comme beaucoup, "Ca pue les colins !" C'était une autre époque.
Annie Philippe ? Elle a été plusieurs fois "chouchou" avec "Pas de taxi" et "J'ai tant de peine". Mais son plus gros succès est Ticket de quai vendu à 1,2 millions d'exemplaires.
Richard Anthony ? Il a surgi à 20 ans en 58 avec les adaptations de You are my destiny (Tu m'étais destinée) de Paul Anka et Peggy Sue de Buddy Holly qui sont considérées comme les premiers tubes de l'ère yé-yé. Il va accumuler les succès et les records de vente : Et j'entends siffler le train, Aranjuez mon amour...
On l'appelait le Tino Rossi du twist.
Sheila ? Avec son deuxième disque, L'école est finie, elle s'installe pendant quatre mois en tête des ventes.
France Gall ? Le jour de ses 16 ans, elle s'entend pour la première fois à la radio avec Ne sois pas si bête, une chanson qui va la propulser au Hit-Parade de SLC.
Les pirates ? Ils débarquent en septembre 1961 avec Oublie Larry puis Danny. Puis le Comité du Lait qui avait besoin de promouvoir cette boisson auprès des collégiens a mis un budget conséquent pour qu'ils interprètent Je bois du lait.
En 61, SLC diffuse Ma petite amie est vache. C'est le premier 45 tours des Chats sauvages, dont le chanteur Dick Rivers n'a que quinze ans. La suite ? Baby John fera un carton.
Les tubes d'Eddy ? Avec les chaussettes noires : Tu parles trop, Be Bop a Lula, Daniela, Dactylo Rock, Eddie soit bon. Puis : Toujours un coin qui me rappelle, Si tu n'étais pas mon frère, J'avais deux amis, S'il n'en reste qu'un, Alice.
Hervé Vilard ? Il cartonne avec Capri, c'est fini en 65, une chanson qu'il a écrit à 19 ans. Il refusait les adaptations. Un marginal qui aimait Barbara, Gréco, Nougaro et Mouloudji. Il a été numéro 1 au Hit-Parade pour Mourir ou vivre et Fais-la rire. Son avis ? Quelles sont les chansons qui restent aujourd'hui ? Ce sont La plus belle pour aller danser, Retiens la nuit, Aline... Ce ne sont pas les adpatations.
Franck Alamo. Une idole des yé-yé. Il a été de nombreuses fois chouchou avec Da doo ron ron, Ma Biche, Allo Maillot 38-37, File file file ou Le chef de la bande. Détail : il a participé avec les Surfs et Sheila à ce qui a été appelé "La tournée du siècle".
info : en 65, il recvait 2000 lettres par jour.
Hugues Aufray est un cas à part. Mais Santiano, sortie en 61, a été spontanément adoptée par les jeunes.
Polnareff ? Son premier titre, La poupée qui fait non, fait un carton. Il enchaîne dans la foulée avec Love me please love me, L'amour avec toi, Sous quelle étoile suis-je né ? Ame caline, Tous les bateaux, tous les oiseaux, Je suis un homme, On ira tous au paradis, Le bal des Lazes, Dans la maison vide...
La suite prochainement.